mardi 22 novembre 2011

QUELQUES IMPRESSIONS DE LA CONSTITUANTE LE JOUR D'INVESTITURE DE SES ELUS

J'assiste en directe à la cérémonie inaugurale de la constituante transmise par la télévision nationale tunisienne. 
Une excellente idée, d'avoir invité à cette séance historique trois personnalités qui ont participé à la rédaction de la première constitution de 1959 : Ahmed MESTIRI, Ahmed Ben Salah et Mustapha FILALI le plus jeune constituant d'alors. Mais aussi Yadh Ben ACHOUR, président de la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution (Hiror), Kamel JENDOUBI, président de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie), Abdelfattah AMOR, président de la Commission nationale d’investigation sur les faits de corruption et de malversation (Cnicm) et Taoufik BOUDERBALA, président de la Commission nationale d’établissement des faits sur les abus et les violations enregistrés lors de la révolution (Cnefav).
Une cérémonie digne, jusqu'à ce qu'un incident éclate. Le président Tahar HMILA, doyen d'âge, dans son discours de bienvenue, s'est autorisé des digressions partisanes et moralisatrices (avec moult citations coraniques et de hadiths), ce qu'un jeune parlementaire a contesté en lui rappelant que son discours n'est pas l'ordre du jour de la séance inaugurale. 
A l'origine de l'incident, une revue remise à la disposition de chaque parlementaire dans l'intention de dénigrer le chef d'El Aridha, Hechmi HAMDI. Revue qui n'a pas sa place dans un tel lieu. 
Qui est derrière cette manigance ? Le président de la séance inaugurale et doyen de l'assemblée, a promis l'éclaircissement de cette affaire, pour en punir l'instigateur.
L'incident a été clos par l'opposition qui a entonné la strophe de l'hymne national due à Aboul Kacem CHEBBI; très vite repris en chœur par toute l'assemblée.
Tahar HMILA, a su avec beaucoup de sagesse et parfois avec humour, calmer les esprits à chaque incident. Allant jusqu'à répéter aux nouveaux élus que "c'est çà la démocratie, faite de contestations, d'incidents ... mais qu'ils n'oublient pas de rester courtois et de respecter le lieu symbole de la République; mais aussi de respecter la mémoire de ceux qui ont sacrifié leur vie pour qu'ils puissent accéder en ce jour à ce lieu".
Ce qui attire l'attention, c'est la présence féminine nombreuse dans cette assemblée. Cela fait plaisir. Mais ce qui me désole c'est que dans leur majorité elles sont "foulardées", donc appartenant au parti d'Ennahdha. Ce parti les utilise-t-il comme alibi ? Sauront-elles défendre les acquis de la tunisienne ? Ou seront-elles pires que Souad Ben Abderrahim, l'autre alibi de modernité du parti Ennahdha, puisqu’en "cheveux", mais au discours antiféministe dangereux pour les tunisiennes !
Ce qui lui a valu, d'ailleurs d'avoir été chahutée et bousculée à son arrivée au palais du Bardo; par la foule venue manifester sa joie pour ce premier pas vers la démocratie, mais aussi contester les dérapages de certains partis. Finalement elle n'a pu accéder au parlement que grâce à un cordon de policiers.
Et dire que ces "foulardées" ont été à l'école de BOURGUIBA et qu'elles ont bénéficié du statut qu'il a accordé aux femmes. Seront-elles les "fossoyeuses" de ce statut ? Couperont-elles la branche sur laquelle elles sont assises ?
Au moment de voter pour la présidence du parlement, un opposant a contesté la procédure qui consistait à plébisciter Mustafa Ben JAAFAR déjà désigné par les trois partis de la coalition. 
Tahar HMILA a demandé donc s'il y a d'autres postulants. Il y eu deux de plus dont Maya JRIBI. 
Celle-ci avant de passer au vote a demandé que chacun des candidats dise un mot pour justifier sa candidature. Des trois, elle a été la meilleure : un discours sincère et non "langue de bois" comme celui de ses concurrents. 
Mais les jeux étant faits avant même cette réunion inaugurale, ce sera Mustafa Ben JAAFAR qui sera élu président de l'assemblée.
Maya JRIBI, fair-play ira le féliciter avec beaucoup de classe. 

Je regrette beaucoup que ce poste ne lui revienne pas. Cela aurait été un beau symbole pour le Tunisie mais aussi pour le monde dit arabo musulman.
Rachid Barnat

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1 commentaire:

  1. J'ai également assisté à cette cérémonie et je dois dire qu'elle m'a donné confiance pour l'avenir. Une grande maturité s'est exprimé même lors des incidents. Je crois que cette Assemblée va faire un excellent travail et qu'elle entrera ainsi dans l'histoire. Cela ne doit pas empêcher la société civile de rester très vigilante, car c'est cela la démocratie.En tous cas jusqu'à présent c'est un sans faute.

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