lundi 13 février 2012

HISTOIRE D’UN REVEUR

C'est l'histoire d’un idéaliste, complexé de l'Histoire et nostalgique d’une époque qu’il n’a pas connue, celle de l’âge d’or de la civilisation arabo-musulmane. Séduit par deux réformateurs, l’un fasciné par l'Occident mais néanmoins prudent, l’autre carrément hostile à cet Occident colonisateur; mais les deux désireux de sortir le monde dit « arabo-musulman » de sa léthargie. 

Il en tire une thèse lors de son séjour au Caire à l’université d’El Azhar, qu’il souhaite mettre en pratique à l’échelle de son pays, voir de tous les pays arabo-musulmans, en rêvant d’accomplir le projet de ces réformateurs. Il se verrait bien Le Réformateur du monde dit « arabo-musulman ».

Sa chance, est d'avoir rencontré un très riche sponsor prêt à l’aider pour mettre en route son expérimentation à l’échelle d’un pays, comme d’un laboratoire, prenant son peuple pour des souris sur lesquelles il pourrait expérimenter sa thèse.

Sauf que totalement dominé par sa lubie, l’apprenti sorcier ne semble pas réaliser qu’il est lui-même manipulé par son sponsor, qui va se servir de sa folie à d’autres desseins, plus terre à terre ceux-là; puisque le sponsor a d’autres objectifs à atteindre.

La chance du sponsor, est d’avoir affaire à un rêveur qui l’aidera dans ses plans machiavéliques, à moins qu'il ne soit qu'un vulgaire mercenaire offrant ses services au riche sponsor.

De qui et de quoi s’agit-il ? 

- L’étudiant apprenti-sorcier : Rached Ghannouchi

- Ses maîtres à penser, sont les réformateurs :

° Rifa'a Tahtawi* qui s’opposait à Napoléon tout en étant fasciné par la civilisation européenne; et dont le souci premier, est d’en tirer pour l’Égypte les éléments d’une modernisation compatible avec l’islam
Il voulait simplifier la langue arabe, pour en faire un moyen de transmission, d'un nouveau message au plus grand nombre. 
Afin que s’accomplisse la renaissance de l’identité musulmane, il proposait le développement de l’instruction et l’instauration de la démocratie. 
Il inspirera les réformateurs de la fin du siècle.

° Hassan el Banna** qui, pour lutter contre la colonisation anglaise, va instrumentaliser la religion comme moyen de lutte politique par l'adoption du wahhabisme tout en s'inspirant du nazisme de Hitler, pour lequel il avait de l'admiration.  

- Titre de sa thèse : « Ennahdha », nom du groupe des réformateurs de la renaissance intellectuelle musulmane, qui veut dire "le réveil, le renouveau, le sursaut", inspirée par Rifa'a Tahtawi et reprise par d’autres depuis ; pour devenir un mouvement politique qui instrumentalise à la fois la religion et l’identité arabo-musulmane à des fins moins avouables.
Les partis politiques vont vider de son sens ce vocable désignant une noble action; puisque les homme d'Ennahdha, visent une régression généralisée des peuples pour mieux les soumettre au chef (roi, émir, calife…) par l’endoctrinement au wahhabisme, seul système politique qui réussit la performance de soumettre au chef les croyants, en les soumettant à dieu !
Tout le génie du wahhabisme est dans cette performance : assujettir les peuples au chef en les abrutissants de recommandations de ce qui est "halal" (licite) et de ce qui est "haram" (illicite).
D’ailleurs, l’Arabie est le seul pays au monde dont le peuple et la terre sont propriétés privées du roi et de sa tribu Ibn Saoud : le pays ne s’appelle-t-il pas l’Arabie saoudite ? N’appelle-t-on pas ce peuple les saoudiens ?

- Son sponsor : l'émir du Qatar propriétaire d’un minuscule pays pas plus grand que la Corse bien que riche en hydrocarbures et dont la population est convertie au wahhabisme. Le soucis de l’émir est de se faire une place parmi les grands de ce monde ; car coincé entre deux puissants voisins dont il se méfie de leur désir d’hégémonie : l’Iran et l’Arabie saoudite !

- Stage en entreprise : Soudan, dont il fera l’éloge du régime politique qui applique la chariâa dans toute sa rigueur. Il en obtiendra même le passeport et la nationalité soudanaise. Il y épousera aussi une soudanaise, soeur de Hassan al-Tourabi, chef de file des Frères musulmans soudanais.. 
Ce n'est que depuis le 14 janvier 2011, qu'il dit prendre model sur la Turquie d’Erdogan, plus modéré que le soudanais Omar El Bachir. D’ailleurs Erdogan lui-même lui recommande la laïcité, secret de la réussite de son islamisme « modéré », lui rappelle-t-il.
Est-ce une stratégie pour ne pas effaroucher les souris tunisiennes ?

- Son laboratoire d’expérimentation : la Tunisie

- Ses souris de laboratoire : les tunisiens.

- Son jury de thèse : les cheikhs wahhabites qatari et saoudiens avec à leur tête Youssef Qaradaoui, mais aussi le recteur d’el Azhar puisque c’est là qu'il a découvert et fréquenté les Frères Musulmans.

- Dans ses conclusions, il rejette tout apport occidental et plus particulièrement en matière de lois et de droit de l’homme, puisqu’il préconise l’instauration de la chariâa et ne veut s’inspirer que des penseurs arabo-musulmans ! Les solutions étant dans "le coran et la chariâa" comme le proclame le slogan des "Frères musulmans" dont il fait partie !

Il rejette le Code Civil que Napoléon a diffusé en Europe mais aussi au Moyen Orient et en Afrique; et grâce auquel des peuples se sont libérés, émancipés et développés : fin du servage en Allemagne, en Russie … fin de l’esclavage dans bien d’autres régions …

Il n'a pas tenu compte de la prise de position de ses maîtres à penser Rifa'a Tahtawi et Hassan el Banna dans son contexte historique d'alors. Comme si pour Ghannouchi l'Histoire n'avançait pas. Car faut-il le rappeler, si Tahtawi était fasciné par l'Occident et son développement industriel et économique, il souhaitait une révolution similaire pour l'Egypte mais adaptée à l'islam; el Banna quant à lui, va rejeter tout ce qui s'apparente à l'Occident, dont il ne "voyait" que le coté négatif, oppresseur ... puisqu'il vivait la colonisation anglaise dans son pays jusqu'à s'inspirer du nazisme, lui qui admirait Hitler !

Mais l’étudiant Ghannouchi persiste à appliquer les conclusions de ses prédécesseurs, vieilles de plus d’un siècle, à un peuple dont l’histoire ne s’est pas arrêtée à cette époque, qui a fait du chemin depuis, qui s'est libéré de la colonisation et qui a pu avancer sur la voie du progrès…


Et rien ne trouve grâce aux yeux de l’apprenti sorcier : il veut tout déconstruire pour reconstruire la société rêvée des Califats ! Repartir de la page blanche avec une nouvelle constitution faite par et pour les Frères musulmans.


Sauf que son rejet de l'Occident ne fait pas un programme pour gouverner un pays ... ni le slogan " le coran, c'est la solution ", non plus ! 



Les tunisiens laisseront-ils ce professeur tournesol faire ? Et défaire tout ce qu’ils ont construit patiemment depuis leur indépendance, pour retomber dans un nouveau type de colonisation, religieux celui-là ?

Abjureront-ils leur malékisme ancestral pour se soumettre au wahhabisme conquérant auquel notre apprenti sorcier livre le pays en laissant venir y prêcher les prédicateurs vedettes des chaines privées de TV de l’émir du Qatar et de son rival le roi d’Arabie ?

Rachid Barnat

PS : Attention aux rêveurs : ils peuvent être dangereux !

- Au Soudan, Omar Al Bachir conseillé par le Frère Musulman Hassan al-Tourabi qui fascinait Ghannouchi, va instaurer la chariâa au Soudan. Ainsi il a pu expérimenter l'islamisme à l’échelle de tout un pays; avec le résultat que l'on sait : scission du Soudan en 2 pays !
La Somalie est sur la bonne voie, prenant exemple sur le Soudan.

- Ghannouchi rêverait-il de faire de même en Tunisie ?
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* Rifa'a quitte son village natal de Tahta en 1817 pour suivre les cours de l'université al-Azhar au Caire. En 1826, il est nommé imâm de la première mission scolaire égyptienne envoyée en France par Méhémet Ali. Son expérience de la société française, après un séjour de cinq ans à Paris avant 1831, lui a inspiré une réflexion sur l’évolution de la civilisation musulmane et de sa rencontre avec la modernité occidentale. Chargé de l’instruction dans le programme de réformes de Mohamed-Ali, il a publié un ouvrage sur le devenir de la civilisation islamique en 1834 (Takhlîç al-ibrîz fî talkhîç Bârîs, trad. fr. L'Or de Paris, 1988), qui lance le débat qui sera repris par les réformateurs de la renaissance intellectuelle musulmane, la Nahda.
Il s'agit d'un récit de voyage (rihla) dans lequel il décrit la vie en France - mœurs, institutions et lois, organisation – le regard est celui d’un personnage fasciné par la civilisation européenne, et dont le souci premier est d’en tirer pour l’Égypte les éléments d’une modernisation compatible avec l’islam. Le style est limpide, et révèle une claire tendance à l’assouplissement de la syntaxe. Tahtawi veut simplifier la langue, pour transmettre un nouveau message au plus grand nombre. Afin que s’accomplisse la renaissance de l’identité musulmane, il proposait le développement de l’instruction et l’instauration de la démocratie. Il inspirera les réformateurs de la fin du siècle.
Mais le khédive Abbas Ier, opposé aux modernisateurs, éloigne Rifa'a al-Tahtawi au Soudan de 1848 à 1854. Le khédive Saïd le fait revenir et le nomme miralaï (général de brigade). Rifa'a transforme l'École militaire de la Citadelle qu'il dirige dès lors en université militaire. Une nouvelle fois écarté de ses responsabilités à l'École militaire en 1861, il devient directeur du département des traductions de 1863 à sa mort en 1873.

** Hassan al-Bannâ fonde l’association des Frères musulmans (djam'iyyat al-ikhwân al-muslimîn) en 1928 (Dhû l-Qa'da 1347). Il est convaincu que le seul moyen de libérer son pays de la colonisation culturelle britannique passe par l'émergence de ce qu'il appelle un islam social. Il s'engage à lutter contre l'emprise laïque occidentale et contre l'imitation aveugle du modèle européen.
Il prêche dans des lieux populaires, comme les cafés, le retour à la pratique religieuse et l’observance de la loi islamique. Ce souci de rencontrer les gens directement reste comme un trait caractéristique de l'action des Frères musulmans.
La formation des militants passe par la lecture et commentaire du Coran, étude du hadîth, du fiqh, de l'histoire musulmane, de la vie du prophète de l'islam, Mohammad. Ces enseignements sont accompagnés d'une formation pratique de communication. Soixante personnes suivent cette préparation la première année.
En octobre 1932, le siège des Frères musulmans est transféré au Caire où Banna venait d'être muté.
En avril 1933, la branche féminine des "Sœurs Musulmanes" est créée.
Hassan el-Banna devient quelqu'un de très populaire, il fonde des écoles, des associations de charité, des dispensaires, des bibliothèques, et des entreprises. En 1948 la confrérie compte 2 millions de membres, la monarchie égyptienne s'en inquiéta.

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Mohamed Abdou le réformateur, élève de Jamel Al Afghani, serait selon Ghannouchi l'Aristote des intellectuels fondateurs de la pensée islamique. 
Il a intégré la franc maçonnerie par curiosité : il a découvert qu'elle favorisait la colonisation ! Dés lors son but est d'organiser  la réforme de l'intérieur qui aiderait à l’évacuation des colons et à la fin de la colonisation.
Ce qui n'est absolument pas le cas de l'imposteur Ghannouchi !











3 commentaires:

  1. Jubilatoire mais attention aux rêveurs!

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  2. Il faudrait une Agence de Notation pour les apprentis sorciers!

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  3. Ghannouchi en bon manipulateur de l'opinion publique à plusieurs reprises sur des chaînes complaisantes (Al Hiwar TV et Aljazeerza...) essaie de se donner de beaux rôles :
    - après avoir travesti la réalité à propos de la révolution quand il a tenté par des explications tirées par les cheveux de nous convaincre que lui et ses hommes étaient à l'origine de notre révolution et qu'ils ont participé depuis le début aux révoltes....
    - le voilà qu'il se compare au père spirituel et fondateur de la pensée islamique "moderne" !

    L'imposteur !!!

    Cherche-t-il à se légitimer par ces subterfuges grotesques ?
    Personne n'est dupe de l'opportunisme politique et intellectuel de ce professeur des lycées !!

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