mardi 17 juillet 2012

Nos chers amis les Qataris


Ce matin-là, François Hollande a rendez-vous avec l'un des hommes les plus riches du monde. Hamad ben Jassem al-Thani est arrivé la veille à bord de son Airbus A330 personnel. "HBJ", comme on l'appelle, est à la tête du puissant fonds souverain qatari qui, depuis dix ans, rachète la France par morceaux. Le petit émirat a dépensé des milliards pour entrer dans le capital de nos fleurons industriels : Lagardère, Veolia, Vinci, mais aussi Total, LVMH, France Télécom. Propriétaire des plus beaux joyaux immobiliers de la capitale, il vient d'acquérir pour 400 millions d'euros l'immeuble Virgin des Champs-Élysées. La monarchie du Golfe s'est aussi offert la prestigieuse course hippique de l'Arc de triomphe et, récemment, le club de football du PSG.
Homme d'affaires mais aussi Premier ministre du Qatar, HBJ est comme chez lui à Paris. C'est d'ailleurs en "territoire qatari", au Royal Monceau, propriété de l'émirat, qu'il a passé la nuit. Une infidélité à son hôtel particulier favori de la rue Saint-Dominique. Ce petit palais du XVIIIe siècle, racheté à l'État pour la moitié de sa valeur fin 2006, a vu défiler la plupart des grands patrons français et nombre d'hommes politiques. François Hollande, lui, n'a jamais eu l'occasion d'admirer les plafonds classés de la magnifique demeure actuellement en travaux. Ses deux seules rencontres avec l'homme fort du Qatar se sont déroulées rue de Solferino, au siège du PS, lorsqu'il était premier secrétaire du parti, puis dans un discret hôtel parisien durant la primaire. "Entre le président normal et le Berlusconi du désert, qui mène de front sa carrière de diplomate et d'homme d'affaires, le courant a du mal à passer", s'amuse un observateur privilégié des relations franco-qataries.
À l'Élysée, le 7 juin, HBJ a dû se contenter d'une audience express de quarante-cinq minutes, calée entre deux rendez-vous avec Hervé Morin et Cécile Duflot. Une douche froide pour ce Premier ministre habitué aux effusions d'un Nicolas Sarkozy, grand ami du Qatar. Avec François Hollande, on est loin des débuts enthousiastes du précédent quinquennat. À l'époque, l'émir avait été le premier chef d'État arabe reçu au Château. Un mois et demi plus tard, on le retrouvait à la tribune présidentielle pour le défilé du 14 Juillet. Des marques d'attention qui avaient fait jaser dans les capitales arabes. Désormais, c'est en France que cette proximité fait grincer des dents. L'omniprésence des Qataris, dans notre économie comme notre diplomatie, inquiète. Sous Sarkozy, les relations entre les deux pays se sont enchevêtrées de manière inextricable. Pour le meilleur ou pour le pire ? Enquête sur une drôle d'histoire d'amour et d'argent.

Lune de miel

"Il y a quarante ans, pour les Français, le Qatar était juste un tas de sable avec un peu de pétrole, se souvient un diplomate. L'émirat, qui venait d'arracher son indépendance aux Britanniques, se cherchait un protecteur. Giscard a sauté sur l'occasion et en a profité pour équiper leur armée de pied en cap." La lune de miel s'est poursuivie avec Mitterrand, même si au départ les Qataris - plutôt conservateurs - craignaient l'arrivée de la gauche. "Lors de leur première rencontre, ils ont bloqué sur le costume bon marché du nouveau président, mais ont fini par s'y habituer", raconte un témoin de l'époque. Tous les étés, l'émir passe prendre le thé à l'Élysée avant de rejoindre la Côte d'Azur. Jusqu'en 1995, où il est débarqué par son fils, le prince héritier ! Jacques Chirac, qui s'était lié d'amitié avec le vieux cheikh, traîne des pieds pour reconnaître le nouveau souverain. Un retard à l'allumage qui vaudra à la France d'être mise à l'index des grands contrats durant presque une décennie.
HBJ, qui a 36 ans à l'époque, fait partie des conjurés. Ministre des Affaires étrangères du père, il a fait allégeance au fils, Hamad ben Khalifa al-Thani, que tout le monde surnomme " HBK ". Sa mission : avertir en sous-main les chancelleries qu'une révolution de palais se prépare. Il faut s'assurer que le puissant voisin saoudien - qui considère le Qatar comme une de ses dépendances - ne saisira pas ce prétexte pour envahir la péninsule. Ben Jassem va négocier discrètement le soutien du lobby juif américain contre un premier pas vers la reconnaissance d'Israël. Le jour J, Bill Clinton appelle le roi d'Arabie saoudite avec un message clair pour lui dire que les États-Unis approuvent le changement. Le nouvel émir a trouvé son âme damnée. Il sait qu'il peut compter sur le machiavélique HBJ pour orchestrer sa diplomatie secrète.

"Soft power"

Le tandem HBJ-HBK a de grandes ambitions pour le petit émirat. La manne gazière doit permettre au Qatar de peser sur la scène internationale. Le micro-État souffre du syndrome de Lilliput. Sur 2 millions d'habitants, on compte moins de 200 000 nationaux. "Ils vivent dans l'angoisse de disparaître. Cette crainte dicte toute leur stratégie, analyse un diplomate. Avec son armée de 15 000 hommes, le Qatar ne résisterait pas à un éternuement de ses deux puissants voisins. Pour sa survie, il a misé sur le soft power, autrement dit l'influence économique et médiatique plutôt que militaire." En lançant Al-Jazeera, le CNN arabe, en rachetant les clubs et de grands événements sportifs, en décrochant l'organisation de la Coupe du monde de football, le Qatar cherche à se façonner l'image d'une monarchie éclairée. Un plan réfléchi de longue date par l'émir.
Sous son air indolent accentué par une imposante corpulence, le souverain dissimule un caractère trempé. C'est lui qui, dès son arrivée au pouvoir, a décidé d'exploiter l'or bleu de North Field, le plus grand gisement de gaz naturel au monde. Pour extraire et transporter ce trésor enfoui au large, Hamad ben Khalifa a investi des sommes colossales. "Un risque que son père n'avait pas osé prendre et qui a valu au Qatar une période de vaches maigres", commente un expatrié de la première heure. En 2000, lorsque le prix du baril s'est effondré, l'émirat n'arrivait plus à boucler ses fins de mois. Le pays le plus riche du monde a été sauvé de la banqueroute par Total, qui a accepté de lui faire une avance. Depuis, les cours sont remontés, et le Qatar, devenu 2e producteur mondial de gaz, s'est offert 4 % du pétrolier français. Une goutte d'eau dans l'océan de ses participations. Gorgé de devises par son industrie gazière, le Qatar rachète le monde.
La scène se passe en avril à Doha, dans le hall de l'immense centre des congrès qui accueille pour trois jours le World Investment Forum. Questionné sur son pays, un businessman qatari en keffieh et dishdasha blanche, attaché-case à la main, explique : "Pour nous, tout va bien. On a racheté la moitié de l'Italie et maintenant on rachète la moitié de l'Espagne. Mais moi, ce que je préférerais, c'est qu'on rachète le Barça." Un souhait qui pourrait bientôt être exaucé. Le petit émirat a déjà obtenu, moyennant 30 millions d'euros, le droit d'apposer le nom de la Qatar Fondation sur les maillots du mythique club catalan.

Compte à rebours

Pourquoi une telle frénésie dépensière ? Les Qataris vivent dans l'angoisse de la fin de l'or bleu. D'ici une cinquantaine d'années, le fantastique gisement de North Field sera à sec. "Ce compte à rebours influence leur politique d'investissement, commente un banquier spécialiste des fonds souverains. Le Qatar n'est pas, comme ses voisins, une éponge à pétrole. Il n'a connu l'opulence qu'après en avoir sué pour récupérer son gaz au fond de la mer." Les anciens pêcheurs de perles, qui se rêvent aujourd'hui en Singapour du Golfe, veulent perdurer dans le monde post-pétrole. "Dès 2030, les revenus de nos placements étrangers vont dépasser notre rente gazière et pétrolière", assure un haut fonctionnaire qatari. L'objectif fait sourire les investisseurs, notamment ceux de la City, qui ont en tête certains bouillons financiers comme l'OPA ratée de Doha sur la chaîne de supermarchés Sainsbury.
"Contrairement à ce qu'ils affirment, la rentabilité n'est pas leur obsession. Leurs investissements s'inscrivent dans la stratégie de soft power voulue par l'émir", décrypte un expert de la péninsule Arabique. Pas étonnant que l'on retrouve HBJ, l'homme qui tire les ficelles de la diplomatie, aux manettes de la Qatar Investment Authority, une tirelire de 100 milliards de dollars créée en 2003. Le pactole investi en France représente près de 10 %. "L'argent leur sert à nouer des liens avec les élites. Quand ils achètent le PSG ou le Prix de l'Arc de triomphe, ils s'offrent aussi un accès privilégié au Tout-Paris, friand des invitations en loge", observe un habitué de ces rendez-vous mondains.
Pour harponner les Français qui comptent, HBJ s'appuie sur l'ambassadeur du Qatar, son homme lige à Paris. Ce dimanche midi, le très urbain Mohamed al-Kuwari, qui a longtemps été directeur de cabinet du Premier ministre, accueille lui-même le millier d'invités qui se presse au palais d'Iéna. Pour fêter ses quarante ans d'indépendance, le Qatar a annexé un palais de la République. Le siège du Conseil économique, social et environnemental, la troisième assemblée de France, a été privatisé pour l'occasion. On y croise, coupe de champagne à la main, plusieurs ministres de Sarkozy comme David DouilletJeannette BougrabThierry MarianiMaurice Leroy, mais aussi Jean Tiberi. La plupart sont des habitués du 1 rue de Tilsitt, la nouvelle ambassade. Le splendide hôtel particulier de la place de l'Étoile voit défiler les people, qui, pour certains, ne repartent pas les mains vides. Prix Richesses dans la diversité ou prix Doha capitale culturelle arabe, toutes les occasions sont bonnes pour "récompenser" les amis du Qatar. Des dizaines de personnalités, à l'instar des anciens ministresRenaud Donnedieu de Vabres et Jack Lang ou de l'ancien président du CSA Dominique Baudis, se sont vu distinguer avec, pour certains, un chèque de 10 000 euros. C'est aussi le cas de Yamina Benguigui, qui vient de faire son entrée au gouvernement. Pour mener à bien sa mission de grand chambellan des relations publiques, l'ambassadeur du Qatar dispose d'une voiture diplomatique équipée d'un gyrophare.
On ne compte plus les politiques qui ont fait le déplacement à Doha, devenue sous Sarkozy une destination à la mode. "Beaucoup voyagent gratuitement sur Qatar Airways, la compagnie nationale dont le président n'est autre que HBJ", persifle un parlementaire français. Parmi les habitués du Paris-Doha, Dominique de Villepin. L'ancien Premier ministre fréquente assidûment le Qatar depuis qu'il a dirigé le Quai d'Orsay. Sa particule et son élégance naturelle ont tout de suite séduit l'émir et son épouse, la cheikha Mozah. Une amitié généreuse qui ne s'est jamais démentie. Aujourd'hui avocat d'affaires, Villepin a pour client le Qatar Luxury Group, fonds d'investissement personnel de la femme de l'émir. C'est avec cette cassette que la cheikha a pris le contrôle du célèbre maroquinier Le Tanneur implanté en Corrèze, fief de François Hollande. Un pied de nez à son ennemi HBJ, le favori de la sarkozie. Cette relation particulière avec le couple royal, Villepin la défend jalousement. Témoin, cet incident : en 2008, lors d'un dîner de gala en marge d'une conférence, Dominique de Villepin quitte la table avec fracas lorsqu'il découvre que Ségolène Royal, candidate défaite à la présidentielle, occupe la place d'honneur. L'élue de Poitou-Charentes est assise à côté du Premier ministre qatari alors que lui doit se contenter du vice-Premier ministre chargé du pétrole...

Passions

Il y a cinq ans, la plupart des Français étaient incapables de situer le Qatar sur une carte. Aujourd'hui, il suffit de prononcer le nom du micro-État pour déchaîner les passions. Le Qatar aura été l'invité surprise et tape-à-l'oeil du quinquennat écoulé. C'est lorsqu'il est ministre de l'Intérieur que Sarkozy rencontre pour la première fois les Qataris. En décembre 2005, il est à Doha, officiellement pour parler de Milipol, le grand Salon international des forces de police, que le Qatar doit accueillir l'année suivante. Toute "la firme" - comme on appelle sa garde rapprochée - est du voyage : Laurent Solly,Pierre CharonFranck Louvrier et Michel Gaudin. Son directeur de cabinet à Beauvau, Claude Guéant, a oeuvré en coulisse pour ouvrir les portes du palais à son poulain, déjà en course pour la présidentielle. L'éminence grise de Sarkozy, qui a récupéré une partie des réseaux Pasqua, s'affaire pour trouver des soutiens hors de France. Cette fois, c'est un homme d'affaires israélien formé à Sandhurst, comme le prince héritier Tamim, qui a joué l'entremetteur. "Le Moyen-Orient était alors la chasse gardée de l'Élysée. L'année d'avant, Sarkozy avait dû sur ordre de Chirac annuler un voyage en Arabie saoudite au cours duquel il devait signer un énorme contrat de sécurisation des frontières", rappelle un connaisseur de la région.
Sitôt Sarkozy élu, le Qatar fait une entrée fracassante sur la scène politique française. Quinze jours après l'investiture du nouveau chef de l'État, l'émir signe à l'Élysée un contrat de 16 milliards de dollars portant sur l'achat promis de 80 Airbus. Puis vient l'affaire des infirmières bulgares sorties des geôles de Kadhafi contre une caution de 350 millions d'euros payée par le Qatar. Au dernier moment, le guide libyen a fait monter les enchères. Pour trouver l'argent, Nicolas Sarkozy a tout de suite pensé à son nouvel ami. Et l'émir a chargé son Premier ministre de régler le problème. "C'est moi en personne qui ai négocié, se souvient l'ambassadeur, appelé en pleine nuit par HBJ. Je suis arrivé à Tripoli le 24 juillet à 5 heures du matin. À 6 heures, j'étais dans le bureau du Premier ministre libyen pour signer le chèque. Deux heures plus tard, les infirmières étaient libérées." Dans les chancelleries européennes, il se murmure que le Qatar n'aurait jamais revu sa caution...
C'est le début d'une relation décomplexée entre Ben Jassem et Sarkozy. Même génération, même côté bling-bling : les deux hommes étaient faits pour s'entendre. "Le richissime Ben Jassem, qui possède un yacht de 119 mètres et l'immeuble le plus cher de Londres, a très vite compris qu'il pouvait être le Hariri de Sarkozy", glisse un initié. Une allusion à peine voilée aux intérêts cachés qui unissaient l'ancien Premier ministre libanais et Jacques Chirac. Lorsqu'il est à l'Élysée, Sarkozy voit tous les mois son ami HBJ. Au menu des discussions, les emplettes de la Qatar Investment Authority en France. Le Château se met en quatre pour satisfaire la fringale d'achats de l'émirat. La convention fiscale qui lie les deux pays est toilettée pour exonérer d'impôt sur les plus-values tous les investissements immobiliers réalisés par les Qataris dans l'Hexagone. Dans le même temps, on les laisse entrer sans sourciller dans le capital d'entreprises aussi stratégiques que le pétrolier Total, le géant de l'eau et des déchets Veolia, ou Lagardère, acteur incontournable des médias et de l'aéronautique. Il s'en faut de peu pour que l'émirat mette aussi la main sur les mines d'uranium d'Areva.
Pour les Qataris, Sarkozy a été un allié précieux sur la scène internationale. En les associant à la politique étrangère de la France au Moyen-Orient - on se souvient de l'irruption du Qatar lors de la libération du soldat franco-israélien Gilad Shalit -, en les enrôlant dans la guerre de Libye, il les a fait exister comme puissance diplomatique. Est-ce en retour pour faire plaisir à Sarkozy que le prince héritier a remis en selle le PSG, club de foot fétiche du président ? Difficile à dire, car Tamim, qui a vécu à Paris, est un fervent supporter du PSG. C'est également le prince héritier, élevé au rang de grand officier de la Légion d'honneur par Sarkozy, qui a récupéré à la barbe de Canal + une partie des droits de retransmission des matchs de foot. Un coup dur pour la chaîne cryptée, dont l'humour grinçant tapait sur les nerfs de l'ancien chef de l'État. Le Qatar a enlevé une autre épine du pied de Nicolas Sarkozy. Quand la France s'est retrouvée en 2011 avec des millions de vaccins antigrippe A dont on ne savait que faire, il a signé sans hésiter un chèque pour 300 000 doses. Pendant cinq ans, la drôle de relation entre la France et le Qatar a nourri la machine à rumeurs. Jusqu'à toucher l'une des plus proches ministres de Nicolas Sarkozy. À l'époque où elle était garde des Sceaux, Rachida Datienchaînait jusqu'à trois allers-retours Paris-Doha par mois. Il n'en fallut pas plus pour que certains désignent le procureur général du Qatar comme le père de son enfant. Malgré les démentis, la rumeur ne s'est jamais éteinte. Peut-être parce que Rachida Dati avait récupéré comme conseiller Place Vendôme l'ambassadeur en poste au Qatar et que sa soeur, elle, travaillait auprès du haut magistrat qatari.

Victime collatérale

Finalement, qu'aura rapporté à la France sa soudaine passion pour le Qatar ? "On leur a fait la courte échelle sur la scène diplomatique. Mais, en retour, à l'exception des Airbus, les Qataris ne nous ont quasi rien acheté, déplore un industriel. Pire, en fondant nos intérêts avec ceux du Qatar, frère ennemi de l'Arabie saoudite, on s'est fermé les portes du plus gros coffre-fort de la région." La France est aujourd'hui la victime collatérale de la politique ambiguë dont l'émirat a fait sa marque de fabrique. Après avoir donné aux printemps arabes un porte-voix avec sa chaîne Al-Jazeera, le Qatar est aujourd'hui soupçonné de soutenir un islam radical pour placer ses pions en Tunisie, en Libye et aujourd'hui en Syrie.
Désormais, tout ce qui vient de Doha est suspect. Même en France, on leur prête des arrière-pensées. Quand on annonce que l'émir investit 50 millions d'euros dans un fonds pour les banlieues, le voilà aussitôt accusé par Marine Le Pen de "financer le fondamentalisme". "Les élus locaux sont venus nous voir en râlant : pourquoi le Qatar, qui investit des milliards dans les fleurons du CAC 40, n'aide pas les petits ? On a dit oui pour un fonds d'investissement destiné à toutes les PME, pas spécifiquement aux banlieues", explique l'ambassadeur, trop poli pour raconter la suite. Les hommes politiques de gauche ont accouru... tout en reprochant à Sarkozy de sous-traiter au Qatar la politique de la ville. Que fera François Hollande de cet ami encombrant mais bien doté qu'il a trouvé dans la corbeille de l'Élysée ? Pour son premier voyage officiel, aux États-Unis, le président français a apporté en cadeau à Michelle Obama un sac Le Tanneur. À Doha, on veut y voir un bon présage...
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Le patrimoine immobilier du Qatar à Paris

- L'hôtel Lambert
(ci-dessus) sur l'île Saint-Louis, propriété du frère de l'émir, qu'il a acheté en 2007 à la famille Rothschild pour environ 60 millions d'euros.
- L'hôtel Kinski, rue Saint-Dominique. Il appartient au Premier ministre HBJ. Acheté à l'Etat français en 2006 28 millions d'euros, la moitié du prix estimé.
- L'hôtel Landolfo-Carcano, place de l'Etoile. Une des propriétés les plus chères de Paris, achetée par le Qatar pour y installer son ambassade.
- L'immeuble Virgin, sur les Champs-Elysées, acheté 400 millions d'euros à Groupama.

2e pays

le plus riche du monde selon le PIB par habitant (le Qatar est derrière le Luxembourg).

102 700 dollars

dollars PIB par habitant.

100 milliards de dollars

c'est la tirelire du Qatar pour investir dans le monde via son fonds souverain (voir ci-dessous).

L'argent du Qatar dans le monde

Via la Qatar Investment Authority (QIA), fonds souverain créé en 2003, le Qatar dispose d'une force de frappe de plus de 100 milliards de dollars. Ses investissements sont répartis à part égales entre l'Europe, l'Asie et l'Amérique du Nord.
Etats-Unis
- Miramax Films
- General Motors
- Tiffany - Co
Allemagne
- Porsche
- Volkswagen
Espagne
- Club de foot de Malaga  Iberdrola
Suisse
- Credit Suisse
Grande-Bretagne
- Terrain du village olympique londonien
- Harrods
- Intéressé par le circuit automobile de Silverstone
- Shell
- Cadbury Schweppes
- Supermarchés Sainsbury
- London Stock Exchange
- Banque Barclays
Monaco
- Société des bains de mer

Les emplettes du Qatar en France

- Lagardère
Entrée : 2003
Participation : 12,83 % en 2012
- Suez Environnement
Entrée : 2008
Participation : 0,98 % en 2010
- Cegelec
Entrée : 2008
Sortie : 2009 sous forme d'une
participation dans Vinci pour 1,2 milliard
- Vinci
Entrée : 2009
Participation : 5,6 %
- Veolia
Entrée : 2010
Participation : 5 %
- Le Tanneur
Entrée : 2011
Participation : 85 %
- LVMH
Entrée : 2011
Participation : 1,03 %
- Total
Entrée : 2011
Participation : 4 %
- Vivendi
Entrée : 2011
Participation : 1,53 %
- France Télécom
Entrée : 2012
Participation : 1 %.

A l'assaut de Canal +

Avec le coup d'envoi de l'EuroFoot, Al Jazeera Sport, via sa déclinaison française BeIN Sport, se lance à l'assaut des abonnés de Canal +. Une simple bataille commerciale ? Pas vraiment. Nasser al-Khelaïfi, l'émissaire sportif du prince héritier Tamim al-Thani, commence à mesurer la difficulté politique de l'aventure et s'en inquiète. C'est qu'en foulant les plates-bandes de la chaîne cryptée sur le terrain des droits sportifs, l'opulent émirat réveille la vigilance du cinéma français, le meilleur protecteur de Canal + depuis sa naissance. Un lobby culturel qui fonctionne comme une machine politique, connectée depuis toujours au sommet de l'Etat.
Nasser al-Khelaïfi cherche donc à se concilier le monde fermé du septième art. Après tout, s'il faut financer des films tricolores pour se faire accepter, pourquoi pas ? François Hollande a lui-même indiqué que ce nouveau contributeur du cinéma serait le bienvenu si d'aventure le chéquier de Canal + n'y suffisait plus. Al-Khelaïfi consulte, se renseigne... " Le cinéma ? Mauvaise idée ! lui répondent certains de ses conseillers.Les producteurs français te prendront 200 millions d'euros et continueront à te casser du sucre sur le dos. "
Autre solution : trouver un terrain d'entente avec Canal +. Bertrand Méheut et Rodolphe Belmer, les deux têtes du groupe français, sont très demandeurs. Sur le long terme, ils savent qu'ils ne pourront lutter face à cet adversaire aux poches si profondes. Lors du Festival de Cannes, des contacts discrets s'établissent via des émissaires. Méheut, et au-dessus de lui, Jean-René Fourtou, le président du conseil de surveillance de Vivendi, piaffent de signer l'armistice. Mais Nasser al-Khelaïfi pose des conditions dilatoires et inadmissibles pour Canal +... " C'est un jeu de dupes. Nasser prend ses ordres auprès du prince Tamim, qui n'a aucune intention de pactiser ", confirme une source en contact avec la famille régnante à Doha.
Et, pendant ce temps, BeIN Sport amasse les droits sportifs. L'escarcelle des événements sportifs est déjà bien remplie, avec plus de 400 millions d'euros. Chez Free, BeIN Sport, commercialisée à 11 euros par mois, aurait déjà conquis plusieurs dizaines de milliers d'abonnés...
L'objectif n'est pas économique, mais diplomatique. En 2022, quand le Qatar organisera la Coupe du monde de football, il faudra que le prince Tamim ait accédé, de manière irréversible, à un trône qui fasse de l'émirat la première puissance mondiale du sport. La France n'est qu'une étape. " Je ne vois qu'un seul point faible : le danger d'un excès d'arrogance ", conclut l'un des conseillers du futur souverain.

Les maîtres du jeu des relations avec la France

Le tout-puissant.
Le cheikh Hamad ben Khalifa al-Thani, " HBK ", émir du Qatar.
L'influente.
Son altesse la cheikha Mozah, première dame du Qatar.
Le Talleyrand.
Hamad ben Jassem al-Thani, " HBJ ", Premier ministre du Qatar.
Le rival.
Tamim ben Hamad al-Thani, le prince héritier.
Le communicant.
Mohamed al-Kuwari, ambassadeur du Qatar à Paris.

1 commentaire:

  1. Devant la boulimie qatari à laquelle l'Occident a du mal à résister, les tunisiens sauront-ils mieux lui résister ? Il faut dire que l'émir habilement se fit remettre les clefs de tout ce qu'il convoite en corrompant ceux qui sont prêt à pactiser avec le diable, pardon avec lui, pour détenir ne serait-ce qu'une parcelle de pouvoir. Ce qui est le cas de Ghannouchi !

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