samedi 25 juin 2016

UE : il faut réinventer le rêve

Après le Brexit (British exit) de la Grande Bretagne, des voix s'élèvent pour dénoncer la technocratie qui va finir par avoir raison de l'UE.
R.B
Afficher l'image d'origine

" Et maintenant, si on tentait de s'atteler à nouveau à la construction d'une Europe de la paix, certes, mais aussi des valeurs et des peuples ? 

1. Certes, c'est la Grande Bretagne qui vient de décider de quitter l'Union par 52% des voix. Cependant, imaginons qu'un tel scrutin eut été organisé dans les 27 autres états membres ; dans combien d'entre eux le résultat serait-il similaire ? Plusieurs, c'est sûr, ce qui témoigne qu'on ne peut continuer à mener l'Europe sans les peuples, parfois contre eux, comme cela est le cas depuis bientôt deux décennies.

2. Michel Rocard a raison : il faut remettre l'ouvrage de la construction européenne sur les rails, cela était sans doute difficile avec nos amis anglais, le ferons nous après leur départ ? Sinon, ce pourrait être en effet la fin programmée de l'Union.

3. J'ai toujours pensé juste l'analyse de Charles de Gaulle sur l'adhésion de la Grande Bretagne : c'est là un grand pays, habité par de grands peuples. Notre reconnaissance de leur héroïsme de 1940 est éternelle et doit le rester. Pour autant, cette grande nation est en effet celle du commerce et du grand large, des relations privilégiées avec les États-Unis, du libre échange. Son appétence première pour l'Union était liée à l'ouverture d'un vaste marché, dans ses traditions, pas à l'attirance pour la construction d'une ensemble politique et des valeurs contraignant.

4. Cette sensibilité constante de la Grande-Bretagne à un élargissement déréglementé d'un espace d'échange commercial l'emportant sur toute autre considération a rencontré, bien entendu, la sympathie d'autres grandes nations marchandes, les Pays-Bas, et même, pour partie de son histoire, l'Allemagne. C'est la raison pour laquelle l'adhésion de la Grande Bretagne à l'Union marque une inflexion des principes des pères fondateurs vers la pratique d'un élargissement de plus en plus large et sans critère strict du périmètre de l'Union, l'instauration en son sein d'une compétition sociale et fiscale, l'adoption d'un traité constitutionnelle qui établit comme règles celles de l'économie libérale néoclassique (celui rejeté en 2005 par les Français), etc.

5. C'est cette nouvelle donne, assénée à toute force, en faisant revoter les peuples jusqu'à ce qu'ils consentent, ou bien en contournant leur volonté comme ce fut le cas avec le traité de Lisbonne pour les Français, qui a de plus en plus été vécu comme une logique "sans les peuples", parfois contre eux.

6. Le fondement idéologique des traités européens et les intérêts de l'Allemagne ont conduit à privilégier jusqu'à Mario Draghi une politique strictement monétariste de la Banque centrale européenne dans l'obsession d'un évitement de l'inflation, ce qui a abouti à une tension récessionniste en Europe - et son cortège d'austérité pour les peuples - plus prolongée qu'ailleurs dans la monde.

Le départ des Britanniques, j'en fais le pari, ne leur sera pas à terme, après les inévitable turbulences du moment, préjudiciable. Débarrassée des dernières contraintes de la solidarité européenne; le Royaume-Unis sera bien vite un compétiteur redoutable pour les autres pays, en particulier ceux restés dans l'Union. 

Il importe par conséquent en effet de faire face à la nouvelle donne, elle peut-être un défi salutaire dans une authentique situation de quitte ou double.

                                        ******

Jean Diharsce
 
Dire juste à tous ceux qui nous ont mené là mon infinie tristesse, ma lassitude extrême. Qu'avez-vous fait de nos rêves, qu'avez-vous fait de l'idéal ?

Je suis un militant de l'univers. Et la mondialisation était une belle idée. Vous l'avez réduite aux transferts des capitaux, à l'alignement par le bas de toutes les valeurs et aux révoltes des peuples avec un caractère dramatiquement inquiétant, celui du fanatisme religieux. 
Votre monde aujourd'hui flotte quelque part entre l'Afrique et l'Europe, en milliers de cadavres.

Je suis, en tant que militant de l'univers, partisan de l'Europe. Cette belle idée issue de siècles de guerres intestines. Quoi de mieux que d'abattre les frontières et rapprocher les peuples pour vivre enfin en paix ? Vous en avez fait une super structure technocratique contraignante, normative par le bas, impuissante à chaque fois que la générosité devrait en être l'apanage. 
Votre Europe aujourd'hui tourne le dos aux peuples qui le lui rendent bien et ne rêvent plus que de frontières et de barbelés.

Je suis au nom de tout cela, et depuis toujours quelle qu'en soit la forme, un militant du socialisme. Celui qui parlait de l'émancipation, de l'internationalisme et de l'égalité. Et ce socialisme s'est réduit aujourd'hui à une alternative du tout venant de la gestion d'un système économique, politique et social, qui nie ses valeurs fondatrices. Votre socialisme aujourd'hui c'est celui du 49-3, de la déchéance de nationalité et du refus de l'urgence écologique et sociale.

Et voilà aujourd'hui où nous en sommes. Cette trahison des idéaux fabuleux et justes, issus du siècle des lumières conduit à une désespérance générale et les peuples, ici, ailleurs ou autre part, écoutent et tendent les bras à tous les populismes et à tous les tenants d'un ordre nouveau dont l'histoire nous a appris les tragiques conséquences.

Ce ne sont pas les peuples qui sont en cause. Ce sont ceux qui les ont conduits là, dans cette désespérance sociale où le non à tout n'est que la conséquence de l'abandon du rêve.

Tristesse et lassitude. Et bien sûr, bien sûr ... chercher aujourd'hui les autres voies menant au réveil et à l'espérance. On ne se refait pas. 
On reste acteur. Mais ailleurs, autrement. Pour juste éviter le pire et réinventer le rêve.


4 commentaires:

  1. David Frapet :

    BREXIT : Voici vingt ans que l'Union Européenne ne produit que des normes et aucun projet politique.

    Où est le grand plan européen de relance économique contre le chômage ?

    Les eurocrates bruxellois et leurs laquais du Parlement européen sur-rémunérés et n' acquittant aucun impôt citoyen du fait de la fiction juridique de leur supranationalité, se sont intéressés à la taille des hameçons et à la pasteurisation des fromages, mais ont ignoré les peuples et leurs légitimes aspirations à voir prises en compte leurs spécificités culturelles nationales.

    Les britanniques ont donc été avant-gardistes dans leur choix.
    Ils ont voté et non veau-té !

    RépondreSupprimer
  2. Achraf Frikha :

    Brexit : Depuis l'annonce du Brexit (British exit) de la grande Bretagne, j'ai remarqué que la majorité des tunisiens sont consternés par ce référendum, moi je me réjouis de ce résultat qui montre que le capitalisme, la finance et le libéralisme ne sont pas l'horizon indépassable pour un monde meilleur.

    RépondreSupprimer
  3. QUAND DES JOURNALISTES DEVIENNENT PORTE PAROLE DES GOUVERNANTS ...

    Alain Attal:

    Chapeau à nos amis rosbifs !
    Et melon avec ça !

    Les tommies viennent une nouvelle fois de sauver l'Europe des barbares !

    Nous rêvions d'une Europe, et nous avons eu "Bruxelles" !

    Cette superstructure bureaucratique grise et opaque qui bouffe les peuples d'Europe.

    Nous rêvions d'un paradis, mais c'est Orwell qui s'avançait !

    Encore une fois, nos média nous ont enfumés ....
    Encore une fois, sur demande du politique.
    Et encore une fois, il nous mènent dans le mur.

    Moi aussi, j'ai décidé d'arrêter de me faire croire que cette Europe là, était la garantie de la paix sur le continent des massacres de masses de 1870, de 14, 39, et de l'inquisition bien avant ...

    Bien entendu, De Gaulle et Adenauer danseraient comme des cabris sur le cadavre de cette Europe des lobbies, des Happy fews et des étudiants Erasmo-idolâtres !

    Arrêtons de voir le démon, dans tout ce qui contredit nos journalistes, grands groupes ou cadres mondialisés qui profitent de ces villages monde.

    De FNiser ou de diaboliser tout ce qui ne pense pas correct !

    Du Portugal, en Italie, en Hongrie, Espagne, Tchéquie, en Autriche, en Grèce, aux Pays-bas, et maintenant en GB, les peuples d'Europe qui souffrent ont dit qu'ils en avaient plein le cul !

    Plein le cul que d'obscurs fonctionnaires manipulés par de grands groupes financiers, soutenus par la City, Obama, Hollande, Merkel, les pétromonarchies, le Cac et le Dax, et tout ce qui compte de de politiques achetés dans le monde, décident d'environ 90% des lois qui régissent notre vie.

    Sans le moindre contrôle démocratique des peuples.

    Et plein le cul à cet Euro qui a égorgé le pouvoir d'achat du continent.

    Les peuples français et hollandais, ont dit "non" à la constitution européenne par REFERENDUM.

    Et on leur a répondu :"on s'en branle !".

    La Grèce a été honteusement dépecée, l'Espagne laminée, le chômage de masse progresse, la croissance est la plus faible de toutes celles des grandes zones mondiales économiques, et des hordes d'immigrés, viennent faire baisser les coûts salariaux des ouvriers européens.

    Et tout cela dans le cadre d'une vaste alliance entre l'extrême gauche et la haute finance.

    Les anglais, peuple fier, et immensément intelligent, ne se sont jamais trompés.

    Ils nous montrent ici encore la voie.

    L'Europe oui, mais Bruxelles, non !

    Il est temps que les peuples se réapproprient leurs destins...

    God save the Queen...

    https://www.youtube.com/watch?v=tN9EC3Gy6Nk

    RépondreSupprimer
  4. Gilles Casanova :

    VIVA BREXIT !

    1. Depuis son adhésion à la Communauté européenne, le gouvernement britannique n’a eu de cesse que de bloquer tout progrès vers autre chose qu’un grand marché néo-libéral, vassal des États-Unis d’Amérique.

    2. C’est notamment dans son intervention que l’on peut trouver la cause de nombreux retards ou occasions perdues dans la constitution de l’Union européenne.

    3. Margaret Thatcher a aggravé les choses en bloquant littéralement et pour des décennies toute progression du budget européen.

    4. À chaque progrès ou tentative de l’Union, le gouvernement britannique s’est prononcé contre ou s’est fait exempter, comme pour la charte sociale, ou la libre circulation, par exemple.

    5. Ce que le gouvernement de David Cameron avait négocié en échange du « Remain » aurait bloqué le fonctionnement et les capacités pour l’Union européenne de progresser ou de se réformer pour très longtemps.

    6. Tout cela en faisant une politique intérieure totalement hostile aux catégories populaires, et en développant à outrance la précarité (contrat 0 heures) et les « travailleurs pauvres ».

    7. Le vote des électeurs britanniques pour quitter ce processus destructeur de l’avenir est aussi un vote contre cette politique, contre David Cameron qui l’incarne.

    8. C’est pourquoi si on est de gauche, et si on est attaché au progrès de la construction européenne, on doit dire haut et fort que ce vote est un progrès, et pas, à la Pavlov, pleurer comme les éditorialistes qui se sont déjà si souvent trompés sur tout !

    Il fallait que je le dise, notamment à mes amis inutilement tristes si je les lis bien …

    RépondreSupprimer