lundi 26 août 2019

UNE DÉCISION INOPPORTUNE !

GHANNOUCHI S'EST MIS LE DOIGT DANS L’ŒIL 
EN VOULANT ÉCARTER UN RIVAL DE LA COURSE POUR CARTHAGE !
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L’arrestation de Nabil Karoui à la veille des élections présidentielles, est un très mauvais coup porté au pays ; et à plusieurs points de vue.

D’abord il est absolument évident, et cela apparaît clairement dans les commentaires et dans les discussions sur le réseau et dans la vie, que l’on ne pourra pas enlever l’idée que cette arrestation est un « coup politique » pour empêcher ce candidat alors surtout qu’une tentative avait déjà été faite pour tenter de l’éliminer par les fameux amendements voulus par le Gouvernement et soutenus par les islamistes et que le défunt président Béji Caid Essebsi a refusé de parapher.

Cette seule idée est évidement désastreuse pour l’idée même de démocratie ; alors qu’elle est déjà balbutiante et fragile

En réalité on aura beaucoup de mal à savoir qui est derrière ce coup : Youssef Chahed comme certains le disent, ou Ghannouchi le machiavélique qui cherche à faire d'une pierre deux coup en éliminant deux concurrents dans la course à la présidence Nabil Karoui et Youssef Chahed auquel il fait porter le chapeau de son arrestation 

Toutes les spéculations sur ce point sont vouées à l’échec mais elle montre une chose : à savoir que les Tunisiens pensent que ce genre de manipulations sont possibles de la part de ces acteurs de la vie politique ; ce qui en dit très long sur leur conception du combat démocratique et sur la confiance qu’ils accordent à leurs dirigeants !

Mais cette affaire porte également un coup tragique à l’Institution judiciaire qui n’en n’avait, hélas, pas besoin. Elle accrédite l’idée que la Justice est aux ordres du pouvoir et qu’elle n’a donc aucune indépendance ; et qu’elle est politiquement orientée, certains disent aux mains des islamistes ! Tout cela est désastreux.

Sur ce point si l’on peut bien admettre, dans les principes, l’idée que Karoui avait des casseroles et que la Justice est indépendante et qu’elle a donc agi dans son temps et avec ses méthodes contre quelqu’un visé depuis des mois par des plaintes, elle a tout de même commis, dans ce cas, une faute lourde car elle a fourni tous les éléments pour le discrédit qui est jeté tant sur la démocratie, le pouvoir que sur elle-même.

Certains pour tenter de sauver et le pouvoir et la Justice, ont évoqué des affaires survenues en France au moment des élections. Si certains ont évoqué l’affaire Strauss Kahn oubliant seulement que ce n’est pas la Justice française mais américaine qui a agi ; d’autres ont évoqué l’affaire Fillon oubliant que la Justice n’a fait qu’ouvrir une enquête, toujours en cours et n’a en rien empêché François Fillon par l’emprisonnement. 

Si dans le cas de Fillon la justice s'est aussitôt saisie de l'affaire et dans le mois, Fillon était mis en examen; dans le cas de Nabil Karoui, ses dossiers traînent depuis des années chez les juges et comme par hasard ils ont été réactivés pour lui nuire dans sa course présidentielle. Ce qui dénote une anomalie grave de la Justice tunisienne, qui n'a toujours pas fait sa révolution pour s'émanciper du pouvoir en place ! 

En France, dans ses exemples, c’est la presse et sa liberté qui a été à l’origine de ces affaires. D’ailleurs il existe une règle tacite qu’en période électorale, la Justice levait le pied et n’interférait pas.

Car si faute politique il y a, elle incombe à l'ISIE ou mieux encore à ceux qui l'ont mandatée (les constituants !), de ne pas avoir prévu dans leurs règles, l'exclusion de tous scrutins nationaux, toute personne mise en examen devant la justice ! 

En définitive, nul ne sait à qui va profiter cette décision inopportune mais, une chose est sûre, elle nuit grandement à la démocratie, à l’Institution Judiciaire et, donc, au pays.

Rachid Barnat

samedi 24 août 2019

PRÉSIDENTIELLES 2019 : QUI CHOISIR ?

Article publié dans : Kapitalis

" On peut tromper une partie du peuple tout le temps 
et tout le peuple une partie du temps,
mais on ne peut pas tromper tout le peuple tout le temps ."
Abraham Lincoln

Les dates et les candidats aux élections Présidentielles et législatives sont maintenant connues et l’échéance est pour très vite. Chacun en est conscient, c'est une échéance capitale pour l’avenir du pays.

Or chacun est bien obligé de constater que les hommes politiques tunisiens ne sont ni sérieux ni patriotes et le nombre des candidatures a de quoi faire rire si cela n’était pas, en même temps très préoccupant. Certains ont écrit qu’ils préféraient des centaines de candidatures à une candidature unique. C’est une phrase sans fondement, une facilité, un mot sans réflexion. Car cette multitude de candidature quantitative s'est faite au détriment du qualitatif. Heureusement que d'une centaine de candidature l'ISIE (Instance supérieure indépendante pour les élections) n'a retenu que 26 candidats. 

La plupart des candidats n’ont aucun programme, aucune ligne politique et pense que leurs petites personnes a de l’importance. Or une élection de ce type, c’est d’abord l’occasion pour un pays de choisir entre de réelles options différentes, entre des lignes de force et ensuite de s’unir pour réaliser un projet utile pour le pays.

Bien malins ceux qui pourraient nous dire aujourd’hui quels sont les projets des uns et des autres à part l’obtention du poste !

Encore que fort curieusement tous ou presque nous disent aujourd’hui qu’ils demandent un changement de Constitution et un changement du régime électoral ! Comme c’est curieux ! Ils ne l’ont jamais fait avant. Ils se rallient donc au projet d’Abir Moussi ? 
Qui peut les croire ?

Cependant et malgré la tentation forte que l’on en a, après ces candidatures ridicules, l’abstention serait mortelle pour l’avenir car ce sera la porte ouverte en grand à ceux qui ont un projet et une organisation, à savoir les Frères musulmans d'Ennahdha.

Il faut donc voter et voter en masse.

I - Donner une leçon magistrale aux politiques incompétents.

En ce qui concerne le choix à faire, les Tunisiens dégoûtés des hommes politiques incompétents et sans patriotisme, devraient leur donner une éclatante leçon. Comment ? Il n’y a pas trente-six solutions. Il faut qu’ils réussissent à s’unir en une forte majorité sur un nom et sur un parti.

Ce nom et ce parti, ils ne doivent évidemment pas le choisir au hasard ou le jouer à la roulette ! Ils doivent procéder en posant les bases de ce qu’ils veulent essentiellement et procéder ensuite par élimination.

Ce que veut le peuple Tunisien essentiellement c’est sans conteste : un pouvoir fort, qui ait un projet sérieux pour sortir le pays de la crise que chacun mesure et dans tous les domaines : l’économie, le social, la sécurité, l’éducation.

Les Tunisiens ont maintenant compris dans leur grande majorité que la régression du pays évident pour tous, vient de la Constitution et du régime électoral qui rend le pouvoir totalement impuissant en l’émiettant entre tous les partis.

Ils savent aussi que cette régression date de l’arrivée des Frères musulmans et de leur entrisme dans tous les rouages de la société. Ils sont conscients que les partis islamistes instrumentalisent honteusement la religion pour leur profit personnel. Ils savent aussi qu’ils ont ruiné le pays avec l’exigence anormale de leur indemnisation (Ce que les Etudes du FMI ont clairement montré) qu’ils ont incité des jeunes a partir sur les champs de bataille islamistes, qu’ils ont divisé le peuple avec la religion et qu’ils sont à l’origine de cette Constitution et de ce régime électoral qui ruine le pays.

II - Écarter les islamistes et leurs « complices »

Le choix paraît donc plus simple qu’on le pense.

-  Veut-on continuer grosso modo, comme les années qui viennent de s’écouler depuis le 14.01.2011 ; et alors le choix est très ouvert car tous les politiques peu ou prou, veulent maintenir le système actuel, c’est-à-dire l’émiettement du pouvoir ; et tous sont prêts, si cela leur est nécessaire pour être majoritaire, à s’allier avec les islamistes. 
Il y a même des projets plus graves encore et certains, pour obtenir la Présidence de la République, sont prêts à accepter que les islamistes aient l’Assemblée Nationale et le Gouvernement. Ce qui serait la plus grande des catastrophes. 
Tous ceux-là nous disent que les islamistes sont incontournables et qu’il faut faire avec, ce qui est la pire erreur politique.

Dans ce camp du statu quo, on retrouve pratiquement tous les candidats de Youssef Chahed à Mohsen Marzouk, en passant par Nabil Karoui et même Abdelkrim Zbidi qui a très bien accepté sans jamais dire un mot, la politique dite du consensus imposée par Ghannouchi à Béji Caïd Essebsi

Pour tout dire, cet engouement soudain sur la toile pour Abdelkarim Zbidi paraît même un  peu inquiétant. On ne sait rien de lui. Il n’a jamais exprimé ses idées politiques et même s’il a bien géré l’armée, ce n’est pas un titre suffisant pour qu’il soit un bon Président. Il est même probable qu'il partage avec son mentor Béji Caïd Essebsli le consensus avec les Frères musulmans, ennemis de la République !

Il est donc indispensable que les candidats sérieux et notamment le Dr Zbidi disent clairement, sans ambiguïtés, s’ils s’allieront aux islamistes pour garder le pouvoir ou s'ils resteront dans l’opposition s’ils n’ont pas la majorité. Il faut aussi qu’ils disent, et c’est essentiel, s’ils veulent enfin modifier cette Constitution et ce régime électoral désastreux.

Après ces éclaircissements, les Tunisiens auront l’embarras du choix car tous se valent et tous feront la même politique ou plutôt n’auront aucun projet politique sérieux. Et ils laisseront la place aux islamistes comme l'ont fait avant eux Mustapha Ben Jaafar, Moncef Mohamed Marzougui et Béji Caïd Essebsi ! 

Tous ceux-là, ne proposent qu’aujourd’hui, sans jamais avoir rien dit avant, de modifier la Constitution et le régime électoral qui sont la cause du désastre actuel mais qu’ils considéraient il y a peu, comme les meilleurs ! De qui se moquent-ils ? 
Bien sûr il y en a de meilleurs sur le plan humain mais ce n’est pas le problème car ils ne veulent pas changer les choses et les mécanismes dont on a vu où ils ont mené le pays. 

-  Si, par contre, les Tunisiens veulent le changement, faire en sorte que le pouvoir reprenne de sa vigueur et mette un réel projet en marche, alors il leur faut choisir ceux qui veulent clairement un changement de Constitution et de régime électoral et qui disent clairement qu’ils sont pour une Tunisie qui ne s’allie pas avec les obscurantistes.

III - Faire de sorte que la Constitution et le régime électoral désastreux changent.

Sur ce point, il n’y a pas d’autre choix possible que celui d’Abir Moussi et du PDL car ils sont les SEULS à faire le bon diagnostic et à avoir un projet de changement. Et, ce, depuis longtemps pas à la veille des élections. Sont-ils parfaits ? Bien sûr que non. Mais ceux des Tunisiens qui voudront donner une leçon aux politiques incompétents, souvent corrompus, sans conviction réelle, opportunistes et prêts à tout, sans aucun sens de l’intérêt du pays ; alors ils n’auront pas le choix : ils doivent s'unir sur le nom d’Abir Moussi et du PDL ; et là, leur message sera très fort.

On peut ne pas aimer cette dame pour des raisons personnelles mais elle est la seule à vouloir lutter démocratiquement contre les islamistes. Cela seul devrait faire la différence et conduire chacun à s'unir derrière elle.

Elle a raison de se présenter aux Présidentielles, ce qu’elle n’aurait pas fait si les législatives s’étaient déroulées avant. Se déroulant après, elle ne pouvait pas laisser la place vide et laisser s’installer à Carthage quelqu’un qui aurait fait alliance avec les islamistes et aurait ainsi créé une dynamique contre laquelle elle aurait eu du mal à agir lors des législatives.

Enfin on entend dire : « Comment Abir Moussi pourra-t-elle reformer la Constitution et la loi électorale ? » Cela est vrai. Mais ne faut-il rien tenter parce que ce sera difficile ? 
Or beaucoup de personnes disent bien aujourd’hui que ces textes sont mauvais et on peut penser que si elle a une belle majorité, d’autres se joindront à elle par opportunisme, parce que le succès va au succès. 
Quant à l’accusation d’avoir été RCD, elle est absurde au plus haut point; puisque cela n’empêche pas les même de soutenir M. Zbidi qui a été Ministre de Ben, Ali ce qui est autrement plus grave !

Les Tunisiens sérieusement désireux d'un réel changement, doivent envoyer en nombre ce message. 

Il faut surtout ne pas éparpiller les voix, pour que Abdel Fattah Mourou cet homme dont on connaît les discours et les fréquentations choquantes comme celle d'avec Wajdi Ghanim, ne soit même pas au deuxième tour. 

Les tunisiens ont la possibilité en s'unissant sur un nom, d’envoyer ce message fort.

Maintenant à chacun de réfléchir, de voir quelles sont ses priorités et d’agir en conséquence pour le bien du pays en étant patriote et en ne laissant pas de petites raisons mesquines souvent trahissant un sentimentalisme mal placé, lui dicter son choix.

Rachid Barnat


***


Elections tunisiennes : Abir Moussi ultime chance pour sauver le pays

Les Tunisiens sont appelés à choisir leur futur président. Vingt-six candidats se disputent la présidence d’une République qui n’est plus celle de son fondateur, Habib Bourguiba, ni de son successeur Zine Al-Abidine Ben Ali. Parmi ces 26 postulants à la fonction suprême, une seule femme : l’avocate et présidente du Parti destourien libre, Abir Moussi. Outre son appartenance au genre féminin auquel je suis sensible en tant que femme tunisienne, pourquoi cette candidate se démarque-t-elle et se distingue-t-elle de tous les autres ?


Malgré le nombre pléthorique de candidats (26), parmi lesquels des délinquants, des criminels, des imposteurs et surtout des traitres, l’événement est politiquement et symboliquement important : pour la seconde fois dans l’histoire récente de la Tunisie, des élections démocratiques sont organisées pour désigner au suffrage universel direct le président, ou la présidente de la République. Pour la première fois aussi, les candidats se sont mesurés lors de débats télévisés. Une telle avancée démocratique, indéniable, aurait pu se produire à l’époque de Ben Ali et certainement pas avant – de 1956 à 1987, les Tunisiens n’étant pas socialement, psychologiquement et culturellement préparés à la démocratie- mais ceci est une autre histoire.

Ce qui nous importe aujourd’hui, c’est l’histoire immédiate. Commençons par les deux candidats dont on nous dit qu’ils sont les favoris : Youssef Chahed, actuel chef du gouvernement, même s’il semble avoir délégué ses attributs à Kamel Morjane, et Abdelkrim Zbidi, ancien ministre de l’ère Ben Ali et ministre de la Défense de 2011 à 2017. Le premier est un jeune agronome qui ne s’est jamais distingué par ses compétences ni intéressé à la politique avant 2011 et qui doit tout à Béji Caïd Essebsi avant de le trahir quelques mois avant son décès. Son bilan économique et social suffirait très largement pour le disqualifier. Le second est un médecin, propulsé ministre de la Défense à une époque où la Tunisie n’avait plus d’hommes pour la défendre, pas seulement du terrorisme islamiste mais aussi des ingérences étrangères, notamment celle du Qatar, des Etats-Unis, de la France, de la Grande Bretagne, de l’Allemagne, de l’Algérie…Le seul fait de constater, lors de la campagne électorale, que M.Zbidi s’affiche fièrement avec le renégat suprême Rachid Ammar, le général qui aurait dit non à Ben Ali et oui à Hillary Clinton, montre les liens et la complicité entre les deux hommes.  
  
A priori tout semble opposer Youssef Chahed et Abdelkrim Zbidi. Excepté un point de convergence : ils sont tous les deux des candidats supplétifs et interchangeables des Frères musulmans locaux, à savoir Ennahdha. Il ne s’agit pas là d’une supposition ou d’une déduction hâtive mais d’un fait fondé sur des informations crédibles notamment de notre réseau secret au sein du ministère de l’Intérieur.

En plus de leurs nombreux candidats supplétifs dont nous citerons les noms plus bas, les Frères musulmans ont deux prétendants officiels à la magistrature suprême : Hamadi Jebali, alias Tafjirat (double attentats de Sousse et Monastir en août 1987) et esclave de John McCain ; Abdelfattah Mourou, démagogue chevronné et avocassier véreux qui a fait fortune après le coup d’Etat de janvier 2011 et qui confessait à l’intégriste égyptien Wajdi Ghanim sa stratégie d’islamisation de la Tunisie par le contrôle et l’endoctrinement graduel des enfants et des adolescents tunisiens.
      
Passons maintenant rapidement en revue certains autres candidats qui ne pèseront pas lourd. Et d’abord Moncef Marzouki, l’homme du Qatar qui a livré le Libyen Baghdadi à ses tortionnaires islamistes et qui a encouragé la jeunesse tunisienne d’aller faire le djihad en Syrie. Il se présente pour ne pas se faire oublier et, surtout, ne pas se faire condamner pour Haute Trahison dans le cas où un gouvernement patriotique émergerait des élections.

Hamma Hammami, le gauchiste devenu milliardaire grâce à Chafik Jarraya (actuellement en prison) et Kamel Eltaïef (encore très influent). Il sait que ses chances sont minimes mais il se présente pour rester visible et non guère audible au sein des médias. C’est important pour le business de son épouse, l’affairiste du droit de l’hommisme, Radhia Nasraoui.

Nabil Karoui, ancien serviteur bien docile d’Abdelwahab Abdallah (le Raspoutine de Ben Ali), associé de Tarek Ben Ammar dans Nesma TV, devenu après le coup d’Etat de janvier 2011 l’un des conseillers de l’ombre de Rached Ghannouchi, son second papa après Ben Ali ! Certes, Youssef Chahed l’a foutu en prison pour torpiller sa candidature mais les charges retenues contre lui ne sont pas arbitraires : corruption, fraude fiscale, fuite d’argent à l’étranger…

Son alter ego est Slim Riahi, l’homme qui a fait main basse sur la fortune des enfants de Kadhafi et qui s’en est servi pour devenir un « homme politique » incontournable au sein de l’Assemblée dite nationale qui n’est qu’une pépinière de malfrats, de corrompus, de vendus à l’étranger et d’islamo-terroristes bien évidemment. Depuis près d’une année, il a trouvé refuge en France, pays des droits de l’homme…et des affaires juteuses ! Il vient de se désister au profit d’Abdelkrim Zbidi. En échange, dans le cas où celui-ci sera élu, ses affaires judiciaires disparaîtront comme par enchantement. Promesse de Kamel Eltaïef !

Le très souriant Mehdi Jomaa, l’adolescent attardé et daéchien Seifeddine Maklouf, l’islamiste light Hatem Boulabiar, l’embourgeoisé Mohamed Abbou, l’automate Kaïs Saied, l’honorable correspondant du SIS britannique Hachemi Hamdi, sont tous des candidats supplétifs des Frères musulmans et plus exactement du chef de la secte, Rached Ghannouchi. Un seul nom parmi ces candidats mineurs mérite le respect, pour son intégrité et sa sincérité, Saïd Aïdi.

Seule candidate à s’opposer réellement aux Frères musulmans, l’avocate téméraire Abir Moussi. Authentique bourguibiste, son grand fait d’arme reste sa résistance héroïque à l’anarchie de janvier 2011, à « la horde », comme disait à la même époque son maître à penser, le philosophe Mezri Haddad. De sources fiables, c’est lui qui la conseillerait sur les questions de politique étrangère et de géopolitique. Elle partage également avec lui sa détestation de l’islam politique, sa fidélité pour Bourguiba, son adversité à l’égard du Qatar, sa volonté de rétablir les relations avec la Syrie, son soutient au régime égyptien et son enthousiasme pour Vladimir Poutine.

C’est en cela que la présidente du Parti destourien libre (PDL), qu’elle préside depuis 2016, se distingue et se démarque de l’ensemble des autres candidats à la magistrature suprême. Elle est aussi l’une des rares à porter un projet politique, social, économique, sécuritaire et stratégique global et cohérent que ses adversaires résument caricaturalement en un retour à l’ancien régime. Dans les faits, outre ses convictions démocratiques et les réformes économiques et sociales qu’elle entend mettre en œuvre, le seul « recul »  qu’Abir Moussi veut opérer est le retour à la Souveraineté absolue de la Tunisie. Pour les politiciens et les pseudo journalistes charriés par et dans la boue de la « révolution de la Brouette », c’est évidemment un sacrilège, un « retour à la dictature » ! Facteurs aggravants aux yeux des mercenaires devenus politiciens ou journalistes, la souverainiste Abir Moussi est déterminée à interdire les partis qui instrumentalisent la religion à des fins politiques, autrement dit la secte des Frères musulmans, et à réviser la constitution de Noah Feldman !!!

Y parviendra-t-elle ? Nous le saurons dans les heures qui viennent. Et nous découvrirons par la même occasion le degré de maturité des Tunisiens pour la démocratie !!!




lundi 12 août 2019

DERRIÈRE CHAQUE GRAND HOMME, UNE FEMME : SA MÈRE !


Pour honorer la mémoire des femmes qui ont poussé leurs enfants dans leurs études, étant souvent elles-mêmes illettrées, en contribuant à leur manière à la lutte contre l’obscurantisme qui a favorisé le colonisation; outre ma mère à laquelle je rends hommage ici pour m'avoir toujours encouragé à étudier, je vais rapporter ici une anecdote révélatrice du rôle joué par la mère de mon ami Hammouda, qui en faisait partie. 

Elle avait mis à la disposition de son fils, une pièce dans sa grande maison dans la " Mdina el arbi " de Tunis pour réviser ses cours. A la fin des cours au Collège Sadiki, Hammouda m’emmenait avec lui pour faire nos devoirs dans cette pièce, où elle nous faisait servir un petit goûter. 

Cette femme veillait à ce que ses fils et filles étudient sérieusement. Elle vivait presque seule avec ses enfants, le mari exploitant agricole, étant souvent retenu à la ferme. 

Elle tenait à vérifier par elle-même que ses enfants avaient fait leurs devoirs et appris leurs 
leçons et autres récitations par cœur. 

Elle les prenait un à un et leur faisait réciter leurs devoirs. Si le récitant hésitait ou oubliait un mot, elle le renvoyait reprendre son texte pour l'apprendre par cœur. Celui ou celle qui butait sur un mot ou une phrase, avait beau supplier qu'elle l’aide en lui soufflant le mot … rien à faire, elle le gronde et le renvoie reprendre son texte jusqu’à ce que sa récitation par cœur se fasse sans hésitation !

Ce n’est qu’avec l’âge, devenus un peu plus grands, que les enfants ont découvert le subterfuge de leur mère et pourquoi tant de sévérité de sa part pour refuser de leur souffler le moindre mot : elle était illettrée et ne savait ni lire ni écrire ! 

L'année du bac probatoire j'ai été ajourné. Je n’oublierais jamais combien elle m’a consolé et surtout encouragé pour que je révise durant l’été, m’assurant que je l’obtiendrai pour m’avoir vu réviser régulièrement chez elle, avec assiduité au côté de son fils. 

Ces femmes souvent illettrées, ont été derrière les hommes et les femmes qui ont bâti la Tunisie moderne. Comme on dit : derrière chaque grand homme, il y a une femme ... en l’occurrence sa mère ! 

On peut énumérer tant et tant de noms de grands hommes qu'a connus la Tunisie et qui ont contribué à libérer le pays et à construire la Tunisie moderne, qui doivent beaucoup à leurs mères, dont Habib Bourguiba qui, reconnaissant pour toutes les femmes qui l'ont élevé parcequ'il était orphelin, a tenu à leur rendre hommage en leur accordant des droits uniques dans le monde dit "arabo-musulman", en promulguant le Code du Statut Personnel (CSP).

Ce Code fut son premier acte politique majeure pour rendre leur dignité aux tunisiennes qui ont formé et qui formeront les bâtisseurs de la nouvelle République. 

Par ce Statut, Bourguiba a libéré les femmes en leur accordant des droits que l'Islam ne leur accordait pas !

Bravo à toutes ces femmes, qui ont permis l'émancipation de leurs filles pour donner à la Tunisie la génération de "hrayers tounes", ces femmes libres et fières de se considérer filles de Bourguiba !
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13 Août 1956, Signature du Code du Statut personnel

Et dire que certaines femmes d’aujourd’hui, bien que instruites et cultivées dans les écoles de Bourguiba, admettent le retour à la case de départ de leurs arrière-grand-mères en retirant leurs enfants de l’école de la République pour les confier aux écoles coraniques des islamistes ... 

Elles se laissent séduire par Ghannouchi et ses Frères musulmans jusqu'à se convertir au wahhabisme et admettre le nouveau colonialisme politico-religieux qu'il sous-tend; puisque Ghannouchi veut remettre la souveraineté de la Tunisie entre les mains de ses amis turcs & qataris; Erdogan se voyant déjà en Calife, héritier de l'Empire Ottoman !

Et voilà comment des femmes incultes ont poussé leurs enfants à s'instruire et à découvrir tous les savoirs et d'autres bien qu'instruites et souvent diplômées d'université, poussent leurs enfants vers l'obscurantisme et les écoles coraniques où le seul livre qui leur est proposé est le coran qu'ils doivent ânonner jusqu'à finir par le réciter par cœur. Tant pis s'ils n'en saisissent pas l'esprit; puisque le meddeb, lui-même n'en connait pas grand chose ! 

Comment expliquer une telle aberration, que des femmes instruites contrairement à leurs aïeules, orientent leurs enfants vers l'instruction religieuse au dépens de l'instruction générale ? 
En réalité c'est qu'elles ont été depuis des années la cible de propagande idéologique venue des pays du Golfe et d'Arabie et qu'elles ont succombé à cette propagande entretenue sur e terrain par les islamistes depuis le 14 janvier 2011. 

C'est à l'Etat civil que revient le rôle de protéger cette jeunesse en revalorisant l'instruction publique qui doit devenir une priorité nationale de premier plan en contrôlant les écoles coraniques, comme les mosquées; propices à la diffusion du wahhabisme, ce cancer du siècle.

Rachid Barnat

samedi 10 août 2019

SERAIT-IL UN SAINT, Abdelkrim ZBIDI N'EST PAS UN HOMME POLITIQUE CRÉDIBLE !

Article publié dans : Kapitalis
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L'oiseau rare de Ghannouchi en bonne compagnie.
(Samir Dilou, Abdelkrim Zbidi, Rafik Bouchlaka)

Depuis que le calendrier des élections législatives et présidentielles a été chamboulé suite au décès du président de la République, les réseaux sont pris de fébrilité soudaine et portent aux nues un homme quasiment inconnu !
Les médias qui ne sont pas en reste, relayent cette fébrilité et les journalistes encensent l'heureux élu du cœur de bon nombre de tunisiens pour remplacer feu Béji Caïd Essebsi.

Le critère avancé et rabâché par tous les laudateurs de cet homme providentiel que certains comparent déjà à Mehdi al-mountadher (le guide attendu !), étant l’honnêteté que les tunisiens cherchent désespérément en leurs hommes politiques depuis le fumeux "printemps arabe" qui n'a fait que développer la corruption, l'opportunisme, le clientélisme et le népotisme; révélant  l'absence totale de patriotisme chez une majorité d'entre eux.

Comme exemple, une vidéo circule sur Facebook pour dire combien Abdelkrim Zbidi est un parfait honnête-homme, intègre; qui se distingue de tous les autres par son refus de profiter des avantages que lui confère sa fonction (appartement et villa de fonction, voiture de fonction et bons d'essence, salaire ...). Peut-être a-t-il toutes ces qualités, mais cela ne fait pas de lui pour autant, un vrai politique capable de sortir la Tunisie de l'ornière où elle se trouve.

Il faut rappeler qu'il a fait partie de tous les gouvernements de la troïka (de 2011 à 2014) et ceux d’après, que dominaient les Frères musulmans, sans jamais rien dire de leurs exactions. Il était déjà ministre de la Défense dans le gouvernement du Frère musulman Hammadi Jebali quand le leader de la gauche Chokri Belaid a été assassiné. La moindre des choses aurait été de démissionner. Rester dans le gouvernement, sans dire quoique ce soit, équivaut sinon à le cautionner, du moins à se laver les mains du crime commis ! Il n'a strictement pas fait avancer ce dossier que son mentor Béji Caïd Essebsi avait promis d'ouvrir; ni celui de la cellule secrète d'Ennahdha, alors qu'il était à un poste stratégique en tant que chargé de la défense du territoire et de sa sécurité.

Sous la Troïka, il a servi sous l'autorité du président par intérim Moncef Marzougui et a participé en raison de son poste, à la livraison à la Libye de l'ex premier ministre Al-Baghdadi Al-Mahmoudi, dans des conditions plus que choquantes. Est-ce vraiment un comportement digne ? En réalité il est assez évident, qu'il accepte tout et se tait comme un simple exécutant. Ce n'est pas cela la dignité au sens politique.

Par ailleurs, il est plus qu'étonnant (pour ne pas dire préoccupant), de voir comment cet homme quasiment inconnu, qui n'a jamais rien dit de mémorable et qui ne dispose même pas d'un parti, se trouve propulsé du jour au lendemain au-devant de la scène, par des moyens puissants venus d'on ne sait où et financés par on ne sait qui.

Certains surfent sur l'émotion parce qu’il était un des derniers responsables du gouvernement à avoir été reçu par feu Béji Caïd Essebsi; et que ce dernier semble l'avoir désigné pour lui succéder selon ses plus audacieux thuriféraires, qui ont tiré hâtivement cette conclusion pour l'avoir vu ému de ce que lui disait son mentor quelques heures avant de mourir.

En réalité, il est l'homme de "ceux" qui, en Tunisie et ailleurs, veulent le maintien des Frères musulmans dans le jeu politique, et qui l'ont mis en avant en tant que "oiseau rare que cherchait Ghannouchi" pour remplacer Youssef Chahed ,dont "ils" ne veulent plus.

Les Tunisiens dont le souci premier est d'éliminer du jeu politique ce virus islamiste, ne doivent pas tomber dans le piège grossier qui leur est tendu. Et ne pas céder au sentimentalisme primaire, pour choisir la personne qui veut dégager les islamistes; source de tous leurs malheurs, depuis le 14 janvier 2011 !

Indéniablement, Abdelkerim Zbidi poursuivra la politique de son mentor Béji Caïd Essebsi : il acceptera le consensus avec les ennemis de la République et n'ouvrira aucun des dossiers qui fâchent Ghannouchi ! C'est en cela qu'il est son oiseau rare !!
D'ailleurs, ces dossiers, M. Zbidi n'en a jamais pipé mot; et on peut parier qu'il n'en parlera jamais car il restera ce qu'il a toujours été, un serviteur zélé des islamistes.

Quand on pense que Béji Caïd Essebsi, pourtant politique très chevronné, n'a rien pu faire contre Ghannouchi ; qui peut croire que ce technocrate sans charisme, sans autorité et sans expérience politique réelle, pourra le faire et surtout voudra le faire, lui qui a déjà déclaré lors de sa candidature qu'il se plaçait à égale distance de TOUS les partis ? Ce qui rassure avant tout Ennahdha. D'ailleurs, que savent ses laudateurs de ses idées et de son projet pour la Tunisie ? Rien !

L'élire, c'est accepter qu'il soit la nouvelle marionnette de Ghannouchi, comme le furent avant lui Mustapha Ben Jaafar, Moncef Marzougui, Béji Caïd Essebsi, Mehdi Jomaa et Youssef Chahed ! Combien d'expériences de ce genre faudra-t-il aux Tunisiens, pour enfin comprendre l'emprise des Frères musulmans sur le pays et leur machiavélisme ?

En conclusion, le choix des Tunisiens est maintenant simple, contrairement à ce que le foisonnement des candidatures (une centaine !) pourrait faire penser :

- Ils veulent la continuation du consensus avec les islamistes. 
Et là, ils ont l’embarras du choix au point qu'ils pourraient choisir directement les Frères musulmans au lieu de faire mine de choisir des progressistes dont la première action est de se coucher devant les islamistes.
- Ou bien, ils veulent changer radicalement.
Et ils choisiront Abir Moussi et son parti qui veut mettre un terme à cette comédie de "démocratie islamiste" que joue Ghannouchi parceque des forces étrangères veulent le maintenir au pouvoir coûte que coûte, sous la menace du terrorisme ou par le consensus, pour donner l'illusion d'une démocratie ... qui n'est en réalité qu'une démocratie au rabais ; puisqu'elle rend le pouvoir totalement impuissant, ce que malheureusement les résultats de huit années de gestion islamiste, démontrent amplement !


Quant à ceux qui rejettent Abir Moussi pour son "passé" d'RCD-istes et s'emballent pour Zbidi, faut-il leur rappeler que Abdelkrim Zbidi fut ministre de Ben Ali et de Ghannouchi ?

Rachid Barnat



mercredi 7 août 2019

Quand les Frères musulmans jouent aux progressistes ...



A l'approche des échéances électorales, les Frères musulmans tentent chaque fois de redorer leur image ... en jouant aux " progressistes" !
Ils mettent souvent en avant Abdel Fattah Mourou qui ne trompe plus les tunisiens avec ses pitreries de " baldi " (citadin) ! D'ailleurs les tunisiens le surnomment le caméléon.

Quant à Lotfi Zitoun, il nous joue le nostalgique des traditions tunisiennes et de la " tunisianité ", alors que depuis le 14 janvier 2011 les Frères musulmans n'ont cessé de critiquer les tunisiens dans leur mode de vie et leur culture, pour leur fourguer le wahhabisme et le model sociétal qui va avec sous prétexte de leur faire recouvrer leur identité "arabo-musulmane", qu'ils auraient perdue ! Mais cela ne trompe plus personne !

Encore Lotfi Zitoun qui plaide pour une Cour Constitutionnelle, qui plaide la cause des homosexuels et qui est pour la dépénalisation des consommateurs de drogues ...
Et comme par hasard il n'en parle qu'à l'approche des élections mais plus du tout après ; alors qu'il est membre du bureau politique d'Ennahdha et longtemps il a été la tête pensante de Ghannouchi !

Idem pour les femmes "en cheveux", que les Frères musulmans exhibent durant leurs campagnes électorales et qui vont se rhabiller et remettent leurs voiles aussitôt les élections terminées ... comme ce fut le cas de la mairesse de Tunis, Souad Abderrahim !

Idem pour les homosexuels, idem pour les juifs ... qui deviennent fréquentables durant la campagne électorale, mais après les élections retrouvent leur statut de paria, pour être humiliés et poursuivis en justice ...

En somme, des Frères musulmans plus progressistes que les progressistes, tu meurs ! 
Mais qui peut encore les croire ?

Comment voulez-vous qu'il en soit autrement, alors que le projet des Frères musulmans n'a guère changé depuis Sayid Qutb ! La preuve, Ghannouchi a beau s'habiller en costume cravate et prétendre que son parti n'instrumentalise plus la religion pour devenir un parti civil ... les faits sont là : chassez le naturel, il revient au galop ! Il est constamment trahi par sa base et ses cadres qui sont toujours sur le logiciel Frères musulmans !

Alors méfiance, il ne faut pas prendre les vessies pour des lanternes et les Frères musulmans pour des modernistes progressistes ! Leurs beaux discours " progressistes " et leurs postures modernistes, font partie de leur " taqyia", dont il faut se méfier.

Le bel argument de Lotfi Zitoun : « J’ai vécu en Grande-Bretagne et le mensonge est le pire des crimes que l’on peut commettre. Mes enfants ont été élevés dans le respect de la vérité » ; ne dupe pas d'avantage les tunisiens qui doivent le mettre sur le compte de la " taqyia " des Frères musulmans d'autant qu'ils sont habitués à ses gros mensonges et à sa langue de bois !!

R.B

« L’islam politique divise plus qu’il ne rassemble », estime Lotfi Zitoun

De tous les purs et durs nahdhaoui, Lotfi Zitoun est le personnage le plus controversé. Ce diplômé des Sciences politiques, qui défend les droits des homosexuels, plaide pour la mise en place d’un cadre légal pour une consommation contrôlée du cannabis et appelle à séparer le politique du religieux, suscite le doute et la suspicion des Tunisiens progressistes et le gourou des islamistes invétérés.

A la question de savoir s’il n’est pas en train de jouer le rôle du « bon flic » pour flouer et séduire le Tunisien lambda, Zitoun s’indigne : « J’ai vécu en Grande-Bretagne et le mensonge est le pire des crimes que l’on peut commettre. Mes enfants ont été élevés dans le respect de la vérité ».
Entretien en trois actes.

Amel BelHaj Ali : Lorsque nous citons le nom de Lotfi Zitoun devant des observateurs avisés de la scène politique tunisienne, on nous dit souvent que vous représentez l’image éclatante d’Ennahdha, tolérante et démocratique. Vous avez été pendant des années le directeur de cabinet de Rached Ghannouchi et le détenteur de ses secrets mais pas sa boite noire qui, elle, serait de fait Saïd Ferjani. Qu’en dites-vous ?

Lotfi Zitoun : Cette idée que l’on se fait de nous peut se justifier par les longues discussions que j’ai toujours eues avec M. Ghannouchi. J’ai vécu longtemps en Grande-Bretagne, je lis beaucoup -lire est ma nourriture quotidienne. Ma bibliothèque est âgée de 25 ans et j’adore converser de mes lectures avec d’autres personnes venant d’horizons divers, dans un cadre collégial ou en tête-à-tête.
La Grande-Bretagne a donné refuge à tous les opposants non seulement des pays arabo-musulmans mais du monde entier, qu’il s’agisse de nationalistes, d’islamistes, ou encore de la gauche toutes tendances confondues.
Tout au long des dix dernières années, nous n’avons pas arrêté de débattre de l’avenir de l’islam politique, et le malheur est que lorsque nous sommes rentrés dans notre pays, nous sommes restés au même niveau de discussions. L’islam politique a prouvé qu’il ne peut se libérer de sa dimension violente. C’est ce qui a été confirmé par l’expérience de son exercice ces dernières années dans de nombreux pays arabes. Et en particulier ceux traversés par les révolutions du printemps.
Ceci prouve sa faillite idéologique, car il est devenu une partie du problème dans la région arabe et il n’a pas offert de solution. La plupart des pays arabes ont connu des crises aiguës illustrées par des affrontements violents entre l’État et le peuple.
En fait, cette violence a sonné le glas du Printemps arabe. Un printemps qui a modifié la nature même de l’État et a imposé le changement de ses substances politiques et idéologiques.

Je me souviens qu’en 2011, j’ai écrit, à la demande d’Ennahdha, un texte sur notre vision de l’avenir pour dire que nous ne nous présenterons pas en tant que mouvement aux élections mais que nous serons représentés autant que nous le pouvons au sein de plusieurs partis. Parallèlement, Ennahdha devait devenir un mouvement social de prêche opérant au sein de la société civile par des actions sociales.
Aujourd’hui avons-nous besoin d’un mouvement contestataire ? Ennahdha fait partie de l’histoire du pays eu égard à ses luttes et ses sacrifices, une fois que nous avons changé de régime, que nous évoluons vers une démocratie et que les libertés sont garanties, à quoi bon garder sa dimension hautement politique ?
Avec la nouvelle Constitution et la constitutionnalisation de la liberté de conscience, de quel droit un mouvement ou un parti se donne-t-il le droit de discuter des choix idéologiques, religieux ou du mode de vie de ses compatriotes ?
Le régime contre lequel nous nous sommes révoltés est tombé. Quelle est donc notre raison d’être ? Nous-mêmes, nous faisons partie du passé. En 2010, notre parti avait atteint ses 40 années d’existence. Nos choix économiques sont libéraux et ce qui nous a unis tous à Ennahdha n’a jamais été politique mais idéologique. Notre affiliation s’est faite sur la base de convictions purement idéologiques dans un pays où les libertés étaient manquantes.
Mais nous n’avons jamais discuté d’un modèle sociétal ou mis en place une vision et un projet socioéconomique pour notre pays. Toutes les démocraties sont construites sur la base de choix sociétaux, de gouvernance et de modèle économique et politique. Ce n’est pas notre cas.

Amel BelHaj Ali : A vous entendre, on ne peut croire que vous êtes tous d’accord dans le parti Ennahdha autour d’un modèle sociétal et encore moins sur la séparation du religieux du politique ?

Lotfi Zitoun : Effectivement, nous ne sommes pas d’accord sur le modèle de société, car dans le mouvement, il y a une partie conservatrice qui rejette même l’ouverture d’un débat sur la question. Quand je suis rentré en Tunisie, j’ai vu que nous devions communiquer avec notre peuple pour s’entendre sur les fondamentaux. Je suis allé à la rencontre de gens, je les ai écoutés, j’ai la chance d’avoir grandi à Bab Mnara et j’ai le contact facile et cela m’a permis de savoir ce que veut le peuple et ce qu’il attend des acteurs politiques.
Rached Ghannouchi qui vivait en exil comme d’autres adeptes du parti outre ceux emprisonnés ou libérés après des années d’incarcération, ont chacun eu un parcours particulier. Il aurait dû unifier les rangs surtout après le développement d’un courant salafiste extrémiste chez les jeunes qui se nourrissaient des chaînes satellitaires.
Il est malheureusement resté ancré dans l’année 1996, et c’est la raison de l’éloignement politique et intellectuel entre nous.
Pour revenir à votre première question : non, je ne suis pas la voix de Rached Ghannouchi, et à maintes reprises, j’ai exprimé des positions contraires aux siennes, le fait que j’ai été son conseiller politique ne veut pas dire que je colle à ses idées. Je reste intellectuellement et politiquement indépendant.

Amel BelHaj Ali : Vous n’avez jamais occupé un poste dans la sphère organisationnelle, vous opérez ailleurs.

Lotfi Zitoun : Vous l’avez dit, ma relation avec M. Ghannouchi ne relève pas de l’organisationnel. Après la révolution, je me suis comporté et agit en tant qu’indépendant, je me suis tenu à l’écart pendant une année sans aucune mission, mais le président du mouvement tenait à ce que je sois présent dans toutes les sphères organisationnelles et m’a nommé en tant que conseiller politique.
Toutefois, l’année dernière, il y a eu un différend politique à propos du consensus que j’ai toujours considéré comme une nécessité pour assurer la transition démocratique dans notre pays. La Tunisie a besoin de l’existence d’un équilibre entre les forces politiques sur place car l’hégémonie idéologique qui a approfondi les clivages entre nous autres Tunisiens est devenue dangereuse pour le pays. L’idéologie doit se traduire par un projet sociétal et un programme de travail, mais, sous la tyrannie, elle risque de devenir une arme de guerre dont certains peuvent user contre l’Etat.
C’est feu Béji Caïd Essebsi qui a été à l’origine du consensus. Au début, le parti Ennahdha était hésitant mais ses dirigeants ont compris qu’ils seraient les plus menacés s’ils n’acceptaient pas d’évoluer dans ce cadre. Et c’est grâce au consensus que les institutions de l’Etat ont continué à fonctionner, que les lois bloquées ont été votées et que la nouvelle Constitution a vu le jour.
C’est ce consensus qui a également permis l’organisation des élections municipales ; toutefois, pour nous, il a été réduit à un choix tactique et non un outil qui garantit la stabilité gouvernementale. Et conséquence : il n’y a pas eu de stabilité. Je n’ai pas apprécié et encore moins approuvé, tout comme j’ai désapprouvé qu’il n’y ait pas une séparation entre la religion et le parti.
La religion ne peut être utilisée comme une arme politique à partir du moment où la deuxième République s’est portée garante de la liberté de culte, et les menaces d’une oppression sur la base de la religion ont été définitivement éliminées.
En fait, il s’agit là d’une question fondamentale en rapport avec l’Etat et sa civilité. J’aime la religion mais je n’en suis pas le dépositaire car elle appartient à tous mes compatriotes. Elle fait partie de notre héritage et de notre identité.
Cette position a refroidi ma relation avec M. Ghannouchi, qui ne pouvait plus supporter cette liberté de pensée, alors j’ai décidé, pour ma part, de prendre de la distance car je ne pouvais supporter le choix de politiques que je réprouvais.
J’ai donc envoyé à M. Ghannouchi une lettre où j’énumérais les raisons de ma démission du poste de conseiller politique.

Amel BelHaj Ali : Justement, vous n’avez jamais parlé avec exactitude des raisons de votre démission, vos réponses ont toujours été empreintes d’ambiguïté lorsque l’on vous posait la question.

Lotfi Zitoun : Les raisons sont nombreuses. Certaines d’ordre personnel qui n’appartiennent qu’à moi, et d’autres relatives au fonctionnement du parti Ennahdha. Mais le point de rupture a été le “jeudi noir“ (25 juillet 2019, ndlr) et les événements qui ont succédé à l’hospitalisation de feu Béji Caïd Essebsi. J’en voulais à tous ceux qui ont bloqué les élections de la Cour constitutionnelle. Pendant 5 ans, je n’arrêtais pas de dire et redire que la seule institution garante du sauvetage du pays, d’une Constitution qui a institutionnalisé pour que des forces sur place n’arrêtent pas de se livrer des guerres aux dépens des intérêts de la Tunisie empêchant toute stabilité et tout progrès, c’est cette cour.
Le système politique est fragile, hybride et incapable de permettre une gestion saine de la Tunisie. Notre seul recours était la Cour constitutionnelle qui pouvait gérer tous les différends, de vérifier la conformité des lois, d’assurer un Etat de droit.
Je vous cite juste un point : Il y a un article de loi qui stipule que “le président de la République est le chef des forces armées“. Si nous devons prendre cet article à la lettre, nous dirons que les forces armées ne se limitent pas aux soldats mais concernent au même titre tous les agents de l’Etat qui portent des armes (la police, la douane et ainsi de suite). Il y a de nombreux textes de loi dans la Constitution qui ne peuvent être appliqués à cause de leur ambiguïté. La Cour constitutionnelle a pour rôle de les interpréter et de combler les lacunes.

Amel BelHaj Ali : Cela n’a pas empêché le succès du passage du pouvoir après la mort du président Essebsi.

Lotfi Zitoun : C’est une chance pour nous. Mais il n’y a aucun organe de l’Etat pour constater la vacance du pouvoir. En Tunisie, on a toujours respecté la forme, même à l’ère de la dictature, la transition entre Bourguiba et Ben Ali fut une transition constitutionnelle, une transition médicale. Comment pouvons-nous, nous qui avons prétendu avoir fait une révolution, violé aussi honteusement, aussi ignoblement la Constitution ? Qu’Ennahdha y soit, c’est inacceptable et inadmissible ! C’est ce qui explique ma démission.

Amel BelHaj Ali : Pensez-vous que la popularité du parti Ennahdha en a pris un coup ? Comment évaluez-vous votre place aujourd’hui sur la scène politique tunisienne ?

Lotfi Zitoun : Nous occupons toujours la première place, mais un vrai politicien ne voit pas les choses ainsi. Nous parlons là de l’avenir d’un pays, d’un modèle sociétal et d’une vision qui tient la route pour nous permettre d’assurer le bien-être de nos concitoyens et d’un projet d’avenir. Tout cela ne pourra pas se réaliser lorsqu’un parti est ancré dans l’idéologie. Les partis, les vrais, planifient sur 30 et 50 ans. Le parti travailliste britannique a 100 ans. Je veux vivre dans mon pays et le servir, mais voyez ce qu’il en est du parti Ennahdha : nous sommes passés de 1,5 million en 2011 à 500 000 en 2017 aux élections municipales.
Ils ne comprennent pas qu’à mesure que nous avançons dans la démocratie, la dimension idéologique recule. Les gens se rendent de plus en plus compte que ce ne sont pas en lesquels ils ont mis toute leur confiance et qui ont peur de Dieu n’ont pas résolu leurs problèmes et n’ont pas amélioré leur quotidien.
L’idéologie ne peut pas être un programme pour édifier un pays. A Gafsa ou à Kasserine à 45° température, cette idéologie ne peut pas équiper les foyers de climatiseurs ou de ventilateurs, elle ne peut pas résoudre les problèmes de bébés qui meurent dans les hôpitaux, ce qui n’est même pas arrivé du temps de la dictature
Les partis travailliste et conservateur en Grande-Bretagne ont des socles idéologiques mais ne travaillent pas sur cette base. Ils proposent des programmes socioéconomiques.
Ces partis donnent des solutions aux problèmes économiques et sociaux, ils travaillent sur les projets d’investissement, la lutte contre le chômage et l’ouverture du pouvoir d’achat et du niveau de vie.
Nous ne pouvons pas utiliser la religion et des années de répression pour justifier une mainmise sur la politique dans notre pays. La religion et le discours religieux ne doivent pas être au cœur des batailles politiques car ils relèvent de la sphère personnelle et privée. Le débat religieux doit avoir lieux entre érudits, chercheurs et penseurs sinon il se transforme en un instrument de division de la société.
En Europe, il y a eu des guerres religieuses sanglantes pour établir un État civil et laïc, mais dans nos sociétés, nous n’avons pas vécu de telles guerres, les mosquées sont ouvertes et personne n’est empêché d’entrer ou de pratiquer ses rites. A partir du moment où l’Etat devient le garant de la justice et de l’équité, la religion ne peut être que personnelle.
La religion appartient à tous et un jour viendra où l’on demandera à Ennahdha : qui vous a autorisé à parler au nom de la religion, et de quel droit vous la monopolisez ?
La toute puissance idéologique dans notre pays, qu’il s’agisse de partis de gauche ou de droite, est dangereuse. Pour que le processus démocratique réussisse, il faut que la bataille électorale se passe entre projets économiques et sociaux, mais que l’on dise “si je sors du pouvoir je serai“ jugé, c’est en fait le meilleur moyen de mettre fin à l’expérience démocratique.
Par ailleurs, il faut impérativement séparer la religion de l’exercice du pouvoir.