mercredi 30 décembre 2020

La chariâa, Coran des islamistes !

Depuis les premiers exégètes du Coran, des théologiens/juristes ont édicté des lois et des règles en s'appuyant sur le Coran mais aussi sur les "hadiths" (paroles du Messager Mohammad) et sur la "sira nabaouya" (conduites et attitudes adoptées par le Messager Mohammad dans des circonstances particulières), pour adapter l'islam à leur époque et aux différents peuples islamisés. 

Ce qui est en soi louable pour permettre aux musulmans de pratiquer cette religion en conformité avec l'esprit du Coran. 

Seulement voilà, le problème est que les sourates du Coran lui même n'ont été rassemblées et consignées dans un livre que longtemps après la mort du Messager Mohammad. Quand aux hadiths et à la "sira nabawya", leur collecte s'est faite durant les 2 premiers siècles de l'islam ! 

Tout ce travail étant fait sur la base de l'oralité et longtemps après la mort du Messager, les historiens eux-mêmes ne sont pas d'accord sur de nombreux éléments de ces trois "sources" de l'islam, qu'ils jugent apocryphes ! 

Ce qui laisse penser que les hommes se sont souvent immiscés à dessein dans leur collecte, voire les avaient "complétés" pour des raisons politiques; d'autant que les "hadiths", certains en auraient dénombrés une centaine d'authentiques, alors que d'autres en auraient "découverts" plus de six milles; la référence pour les sunnites, étant le recueil "Sahih, el Boukhari" (Les hadiths authentiques, selon Boukhari) qui en dénombre 2 602 !  

L'ensemble des lois édictées par les théologiens, souvent sous "contrôle", sinon à la demande du pouvoir central, constituent la "chariâa", corpus juridique exégétique. En 14 siècles il n'a cessé de grossir, cumulant toutes les lois et "fatoua" jurisprudentielles, édictées par les imams/califes successifs, au service du pouvoir central ... 

Les islamistes ne tiennent compte que de la chariâa établie par les 4 premiers "califes" de l'islam, qualifiés de "er-rachidouns" (sages, bien guidés); et qui sont les compagnons du Messager Mouhammad : Aboubakr, Omar, Othman et Ali cousin et gendre du Messager Mouhammad. Ils la sacralisent au point de la mettre au-dessus du Coran lui-même, décrétant close l'exégèse avec le IVe Calife. 

Ce qui est une hérésie selon Mohamed Talbide placer la parole des hommes au-dessus de celle d'Allah et de la sacraliser; d'autant que le Coran invite le croyant à l' "ijtihad" (effort intellectuel). D'ailleurs le Pr Talbi proclamait que la chariaa ne l'oblige pas et que la seule source de l'islam, est le Coran

D'où le combat que menait Habib Bourguiba contre les Frères musulmans et le wahhabisme qu'ils véhiculent, considérant que 14 siècles le séparent d'eux !

R.B

Jacqueline Chabbi 

La charia, histoire et fantasmes

Agité comme un chiffon rouge dans les débats français sur le « séparatisme » et le rapport des musulmans aux lois de la République, le mot « charia » n’apparaît pourtant qu’une seule fois dans le Coran. L’historienne et anthropologue Jacqueline Chabbi fait le point.

Peu de mots provoquent en France des réactions aussi virulentes que celui de « charia ». Certains disent craindre de se voir « imposer la charia » par des « musulmans conquérants » dans un avenir proche. La charia aujourd’hui, c’est donc un peu le chiffon rouge, générateur de fantasme collectif. Ce mot épouvantail ne manque pas de se trouver automatiquement associé avec ceux d’islam et de Coran. Certes, on ne saurait nier que charia soit un mot arabe et qu’il soit lié à l’islam. Mais, contrairement à l’opinion commune, y compris musulmane, pour le Coran c’est une toute autre histoire et cela, les non-musulmans comme les musulmans eux-mêmes n’en ont en général aucune idée.

Du point de vue de l’islam, que le mot soit présent dans les discours de l’islam contemporain, et notamment dans les salafismes, est un fait indéniable. En revanche, qu’il soit fondateur de législation dans la temporalité longue de l’islam est une autre affaire. Concernant d’abord le texte du Coran, alors que l’on pourrait croire que le mot y est central, on a de quoi être déçu. On ne trouve rien qui ressemble à la charia invoquée aujourd’hui comme recouvrant une soi-disant loi islamique que les musulmans seraient tenus d’appliquer à la lettre car relevant d’une injonction divine. Si une telle législation devait exister dans le Coran, en tout état de cause, elle ne se nomme pas charia.

Une « législation » coranique spécifique ?

Le mot charî’â(t) en transcription de l’arabe est utilisé une fois et une seule dans le Coran (sourate LXV, verset 18). Le radical de ce mot désigne le fait de « s’engager » dans quelque chose ou de « commencer » quelque chose. C’est également le sens du mot de même racine, chir’â(t), présent lui aussi une seule fois (sourate V, verset 48). Ces deux termes s’inscrivent donc dans le registre coranique très bien représenté de ce qu’on peut appeler les mots de piste. Au regard de l’anthropologie historique, cela renvoie évidemment au milieu naturel de l’Arabie aride, dans lequel il fallait toujours réussir à rester sur la bonne piste, puisque s’égarer conduisait à la mort. Le mot charî’â(t) présente en plus cette particularité qu’il est lié à la piste qui conduit un troupeau – des chameaux dans le milieu d’origine – à un point d’eau affleurant, ce qui évite un puisage long et épuisant.

Alors charia ou pas, peut-on parler d’une législation réputée d’essence divine et innovante qui serait celle du Coran ? Un croyant musulman répondra sans doute par l’affirmative. Au contraire, un historien ne pourra répondre que par la négative. La « législation » qui transparaît en divers passages du Coran ne peut être que celle déjà existante dans sa société d’émergence, celle des tribus de l’Arabie et de son temps, le VIIe siècle. Par rapport aux règles qui régissaient cette société soumise à des contraintes vitales écrasantes, le Coran n’invente rien, il ne fait que confirmer l’existant, notamment quand il y est dérogé. Ainsi doit-il condamner, à son grand embarras, le meurtre intervenu pendant un mois considéré sacré, un temps durant lequel toute action violente était traditionnellement proscrite (sourate II, verset 217).

Ce n’est d’ailleurs pas par hasard que la plupart des aspects législatifs du Coran soient à situer en période dite médinoise. Muhammad est alors engagé dans un jeu politique pour faire triompher sa cause. Il doit réguler la conduite de ses partisans, notamment les jeunes bédouins indociles, dans l’opulente oasis de Médine où il a été accueilli. Il ne faudrait surtout pas qu’il y soit pris en défaut au risque de l’expulsion, ikhrâ’j, comme celle dont il est menacé dans la sourate LXIII, verset 8. Un tel passage montre à l’évidence que, dans la réalité de l’histoire, Muhammad n’a pas été le chef incontesté de la umma musulmane que beaucoup fantasment aujourd’hui. Il a dû, jusqu’au bout, composer avec les puissants chefs de clan de l’oasis médinoise.

La « charia des prophètes » : une influence juive et chrétienne

C’est totalement en dehors de ce contexte premier que le terme charia va apparaître, non comme un code législatif mais comme la « voie des prophètes ». On est alors dans un tout autre environnement, celui de la société impériale abbaside qui, à partir du IXe siècle, a commencé à intégrer les populations des terres extérieures à l’Arabie, soit religieusement quand elles le souhaitaient, soit simplement culturellement. C’est dans le cadre de cette intégration sociétale que des représentants éminents du judaïsme et du christianisme ont été amenés à traduire en arabe leurs propres textes sacrés, notamment à partir du Xe siècle. On a ainsi la surprise de découvrir que le grand rabbin Saadia Gaon (892 – 942) traduit en arabe la Bible hébraïque. D’origine égyptienne, il finit sa vie dans l’Iraq abbasside, au cœur des grandes écoles du judaïsme babylonien. Or, dans son tafsîr (exégèse) qui comprend donc sa traduction, il utilise le terme charî’â(t) pour désigner indifféremment soit la Torah soit la « loi de Yahve » qu’il traduit comme étant la charia d’Allah, charî’ât Allâh, qui est transmise à Moïse selon le passage d’Exode 13, 9. C’est également le cas, un peu plus tard, du théologien et médecin chrétien jacobite, Ibn Zur’a (943 – 1008), cette fois pour désigner la « loi du Messie »charî’ât al-Masîh.

C’est semble-t-il à leur exemple que, peu après, le terme va désigner la « loi des prophètes »charî’ât al-rusul, chez les grands théologiens musulmans, à partir de la fin du Xe et au XIe siècle, comme chez al-Ghazâlî (1058 – 1111). On considère alors qu’aucune époque ne peut se passer de la charia d’un prophète, le dernier et le plus éminent d’entre eux étant évidemment Muhammad. Les juristes de même période ne seront pas en reste mais préféreront au terme charî’â(t) d’autres dérivés de la même racine pour définir des « règles (à suivre) » et qui concernent à la fois le rituel religieux et les différents aspects de la vie socialeDans les énormes recueils constitués à partir du XIe siècle, ils s’appuieront largement sur la tradition jurisprudentielle de leur école juridique de rattachement (officiellement au nombre de quatre dans le sunnisme), tout en affichant leur fidélité au Coran et au hadîth (la tradition des paroles attribuées à Muhammad) dont les recueils se constituent eux aussi entre le milieu du IXe et le Xe siècles. Mais on peut dire en définitive que, durant les âges classiques de l’islam, rien de tout cela ne ressemble de près ou de loin à un code légal unifié qui aurait le nom de charia.

La modernité s’invente un passé

C’est avec l’époque moderne, qui bouleverse les équilibres politiques ancestraux dans le monde musulman (la colonisation ou le déclin des derniers empires en place, des Moghols de l’Inde dès la fin du XVIIIe siècle aux Ottomans à partir du milieu du XIXe siècle), que l’idée d’un retour à un passé idéal va surgir. On se persuade alors que l’on pourrait sortir du déclin et retrouver la gloire passée en restaurant la vie sociale et religieuse censée avoir été celle de la période initiale, celle du prophète et de ses pieux « compagnons », al-sahâba (terme ignoré du Coran). Cela s’inscrit évidemment dans une vision totalement fantasmatique : « Notre idéal, c’est Allâh. Notre leader, c’est le Prophète. Notre constitution, c’est le Coran », proclament les Frères musulmans égyptiens en 1928. Le slogan « l’islam c’est la solution » fait encore partie des arguments électoraux en Egypte en 2012. C’est également en invoquant ce même slogan qu’ont eu lieu au Soudan des manifestations contre des réformes législatives jugées « anti-islam », lors d’un vendredi dit de la colère, le 20 juillet 2020. Des amendements prévoyaient d’abolir la peine de mort pour apostasie, de criminaliser l’excision et d’autoriser les non-musulmans à importer, vendre et consommer de l’alcool. Ces dispositions législatives ont été condamnées par les protestataires comme « contraires à la charia ».

Cette focalisation sur « la charia » perçue comme une loi divine salutaire est bien sûr également présente dans l’idéologie wahhabite telle qu’elle s’est développée durant la seconde partie du XVIIIe siècle, d’abord en tant que secte autonome et rejetée par le sultanat ottoman. En effet, la constitution ottomane, mise en place en 1876 dans ce qui était encore à l’époque le principal pouvoir musulman, faisait certes de l’islam une religion d’état mais ne faisait référence ni au Coran ni à la charia. C’est à la suite de la chute de cet empire et de l’abolition en 1924 par Kemal Atatürk de la structure du califat (qui n’était d’ailleurs plus que symbolique depuis de longs siècles), que l’idéologie de la charia censée avoir été appliquée dès l’origine a commencé à prendre de l’ampleur. Elle s’est inscrite tout naturellement dans la doctrine du salafisme qui prône un retour à un passé considéré comme nimbé de toutes les perfections, celui de la supposée communauté musulmane initiale, autrement dit la umma du Prophète.

On est là évidemment face à un passé totalement mythifié, comme on peut le comprendre à travers l’itinéraire improbable de la notion de charia. Il n’en reste pas moins que l’idéologie portée par le salafisme est d’autant plus efficace que le monde musulman souffre d’un terrible déficit, celui qui le rend ignorant et, pourrait-on dire, orphelin de sa propre histoire. Mais on ne combat pas une idéologie par une autre idéologie. C’est le dilemme auquel nous sommes aujourd’hui confrontés. Les proclamations de laïcité qui nous posent en donneurs de leçon ne pourront remédier à la situation actuelle. Elles sont totalement inaudibles face à une idéologie ancrée dans ses certitudes, largement diffusée par les canaux numériques internationaux, et martelée par les présumés « savants » installés en Arabie saoudite ou dans les pays du Golfe. Ils ne font que débiter un discours idéologique bardé de références hétéroclites et décontextualisées. C’est donc à un travail de fond et d’éducation qu’il faut s’atteler partout où c’est possible, c’est-à-dire ici et maintenant. Il est urgent de faire prévaloir le réel et sa complexité pour rendre à l’islam son humanité comme culture et comme civilisation et non pas seulement comme religion. C’est en ayant une vision lucide de son passé que l’on peut devenir responsable de son présent et procéder à une actualisation raisonnée des valeurs qui nous ont été léguées.

*Historienne et agrégée d’arabe, Jacqueline Chabbi est professeure honoraire des universités. Elle a renouvelé l’approche des origines de l’islam par l’anthropologie historique. Elle est l’auteure des essais « le Seigneur des tribus » (CNRS, 2013), « le Coran décrypté » (Le Cerf, 2014) et « les Trois Piliers de l’islam » (Seuil, 2016). Dernier ouvrage paru : « On a perdu Adam. La création dans le Coran » (Seuil, 2019). Le 24 septembre dernier, elle a publié un livre de dialogue avec Thomas Römer : « Dieu de la Bible, Dieu du Coran », aux éditions du Seuil.

 

mardi 29 décembre 2020

Islamisme : Macron est au pied du mur

Emmanuel Macron, veut-il ou non réellement en finir avec le wahhabisme et les Frères musulmans qui empoisonnent la France, en prenant en otage l'islam de France et les Français de confession musulmane, sur ordre des pétromonarques ! Aura-t-il le courage de dire NIET à l'ingérence des pétromonarques dans l'islam de France ? Maintenant la gauche ne peut plus confondre islam et islamisme, pour nous chauffer les oreilles avec l'islamophobie, cette arme dont usent et abusent les Frères musulmans pour faire taire leurs opposants !

Il y a bien un problème majeur posé aujourd’hui dans la société française par un extrémisme politico-religieux qui vise à saper les principes et valeurs qui la fondent et qui trouve des relais complaisants.


Ceux qui se réclamant de la gauche et sont prompts à dénoncer toute critique de l’islamisme comme la manifestation d’un « racisme » anti-musulman, seraient bien avisés de s’intéresser à la crise que connaît actuellement le CFCM.


Emmanuel Macron, au lendemain de l’assassinat du professeur Samuel Paty, avait demandé au Conseil français du culte musulman de rédiger une « charte des valeurs » réaffirmant son attachement aux principes essentiels de la République et posant les fondations d’un conseil des imans de France affranchi des influences étrangères. Toutes ses composantes avaient consenti à la démarche, apparemment bien conscientes du tort immense causé à tous ceux qui cultuellement ou culturellement se rattachent à l’islam, par les agissements de terroristes se réclamant de cette religion.


En cette fin d’année, le constat est accablant : échec sur toute la ligne, comme l’a confirmé ce lundi le retrait du projet de Chems-Eddine Hafiz, le recteur de la mosquée de Paris. Cette figure éminente d’un islam éclairé, a ainsi exprimé sa colère face à l’obstruction des tenants d’un intégrisme religieux inspiré du wahabisme, du salafisme, des Frères musulmans et autres doctrines téléguidées d’ailleurs, notamment la Turquie.


En cause un projet de texte rédigé par le président du CFCM, Mohammed Moussaoui, traçant une ligne de démarcation nette entre l’islam et l’islamisme, entre la foi religieuse et le projet politique, entre la pratique pacifique d’une religion et la stratégie militante visant à faire prévaloir pour une communauté des lois et comportements séparés du reste de la population.


L’auteur du projet soulignait l’attachement des musulmans à la République, la laïcité, et formulait la dénonciation explicite de la misogynie, de l’homophobie, mais aussi s’inscrivait en faux contre la propagande présentant la France comme « un État raciste. » Tous les tenants de l’islamisme se sont ligués pour dénoncer ce que Marwan Muhammad, le leader de l’ex-CCIF, ce « collectif contre l’islamophobie en France » dissout par le gouvernement, qualifiait de « charte de la honte. »


Aux yeux des islamistes, les passages de la synthèse réfutant la notion de « crime d’apostasie » ou proscrivant l’intervention par des autorités religieuses dans les méthodes pédagogiques de l’école publique, ont été considérés par les intégristes comme une insoutenable « aliénation ». Ainsi, désormais, l’on ne pourra plus faire comme si le distinguo entre islam et islamisme serait une invention des « laïcards. »


Il y a bien un problème majeur posé aujourd’hui dans la société française par un extrémisme politico-religieux qui vise à saper les principes et valeurs qui la fondent et qui trouve des relais complaisants à gauche notamment à la Ligue des droits de l’Homme, EELV ou certaines franges de LFI, mais aussi à droite quand il s’agit de composer pour conforter des fiefs municipaux.


 

samedi 26 décembre 2020

LES OISEAUX RARES DE GHANNOUCHI


Rached Ghannouchi

Il y a encore des Tunisiens qui croient aux "oiseaux rares" de Ghannouchi !

Après Moncef Marzougui, alias Tartour, qui doit à Ghannouchi le "coup de pouce" électoral pour l'introniser à Carthage; et dont certains ont espéré qu'il soit un contrepoids aux islamistes; mais qui ne fera rien et sera balayé lui et son parti le CPR, par les élections de 2014.

Après Moustapha Ben Jaafar, alias Groggy du perchoir, alibi démocratique de Ghannouchi, dont certains espéraient qu'il soit un frein au projet islamiste, mais qui va avaler toutes les couleuvres islamistes; pour finir par disparaître aux élections de 2014, lui et son parti Ettakatol.

Après Habib Essid, dont tout le monde louait l'intégrité et l'efficacité; et dont certains espéraient un redressement du pays après toutes les catastrophes provoquées par les gouvernements d'une troïka dominée par Ennahdha; mais qui n'a rien pu faire contre Ghannouchi qui a fini par le remplacer par un autre "oiseau rare".

Après Mehdi Jomaa, dont tout le monde saluait la compétence, étant lui-même haut cadre chez Total; et dont certains espéraient qu'il renflouera les caisses de l'Etat vidées par les Frères musulmans; mais qui n'a rien pu faire, d'autant que Ghannouchi n'a cessé de lui mettre des bâtons dans les roues, pour finir par le dégager.

Après Béji Caid Essebsi, qui jurait tous ses dieux qu'il ne s'alliera jamais à Ghannouchi et qui a trahi Bourguiba dont il disait être l'élève mais aussi ses électeurs; et dont beaucoup espéraient qu'il sera leur rempart contre les Frères musulmans; mais qui n'a rien pu faire, et son parti a connu le même sort que celui de ses prédécesseurs qui se sont alliés à Ghannouchi.

Après Youssef Chahed, dont tout le monde louait la jeunesse, le dynamisme et les déclarations tonitruantes de lutter contre la corruption; et dont certains espéraient une guerre contre une corruption qui s'est démocratisée avec la fumeuse révolution et qui commence à gangrener le pays; mais très vite il sera récupéré par Ghannouchi qui lui fait du pied pour le rallier à Ennahdha et tuer par la même Nidaa Tounes, en créant son propre parti Tahya Tounes ! Avec le résultat que l'on sait : l'homme a disparu des radars et son parti s'est réduit à une peau de chagrin.

Après Abdelkrim Zbibi, illustre inconnu, qui passera sous les projecteurs lors des funérailles de Béji Caid Essebsi, présenté comme son héritier spirituel et homme providentiel, soutenu par Ghannouchi, loué pour son honnêteté et son intégrité; et dont certains espéraient la réalisation des promesse de son mentor; mais qui n'a pas fait long feu lors de la course présidentielle de 2019 !

Après Nabil Karoui qui a voulu défier Ghannouchi et se présenter aux élections de 2019, jurant tous ses dieux qu'il ne s'alliera jamais à Ennahdha; mais aussitôt les résultats électoraux proclamés, il a rallié Ghannouchi lui assurant le perchoir du Bardo et une majorité au parlement.
Tout récemment, il est retourné à la case prison pour corruption et dépassement de frais de campagne électorale ! Qui derrière cette nouvelle arrestation ? Encore Ghannouchi ? On se le demande.

Après Lyés Fakh Fakh qui a déjà servi dans le gouvernement de Ali Larayedh quand son parti Ettakatol faisait parti de la troïka au pouvoir, et bien que son parti soit mort pour s'être allié à Ghannouchi, ce dernier le choisit pour former le nouveau gouvernement. Mais ni lui ni son gouvernement n'ont fait long feu !

L'actuel chef du gouvernement Hichem Mechichi a soulevé beaucoup d'espoirs quand le président Kais Saied lui a proposé de former un nouveau gouvernement. L'homme était loué pour ses compétences de haut fonctionnaire, son sens de l'Etat, son intégrité. Mais malheureusement pour lui, il ne peut rien faire sans l'aval des Frères musulmans ni de celui des enfants de Ghannouchi !

Or, aux dernières nouvelles Ghannouchi est devenu centriste !
Les Tunisiens se rappellent que dans un premier temps Ghannouchi avait renié son appartenance aux Frères musulmans, dans l'espoir de les tromper.
Puis il a dit qu'il avait quitté l'organisation des Frères musulmans, depuis qu'elle a été classée organisation terroriste par bon nombre de pays; et que désormais son parti Ennahdha est un parti civil, délaissant la religion aux religieux.
Après, il a joué la carté du démocrate moderniste; et pour preuve il a troqué sa "jebba" contre un costume-cravate.
Et voilà que maintenant il se dit centriste pour regrouper dans sa nouvelle coalition les centristes, excluant ainsi les extrémistes/terroristes ... dont le PDL (Parti Destourien Libre) !
Cela ferait sourire si l'UGTT (Union Générale des Travailleurs Tunisiens) ne jouait pas à nouveau le jeu de Ghannouchi, pour lui organiser le "dialogue national" auquel il appelle les partis du "centre", après avoir vendu aux Tunisiens le fumeux " consensus/tawafouq " !

Après l'arnaque au "consensus", voici l'arnaque au "dialogue national" que propose Ghannouchi pour rester au pouvoir, en tirant les ficelles à ses "oiseaux rares"; leur imposant la politique des Frères musulmans tout en faisant porter la responsabilité de son échec et de son impopularité, aux partis dont ils sont issus !

Machiavélique Ghannouchi ! Et quelle traitrise de la part de l'UGTT.

Et depuis que l'homme d'affaire Nabil Karoui est en prison, Ghannouchi fait les yeux doux à un autre homme d'affaire qui fait à nouveau fantasmer beaucoup de tunisiens, voyant en lui le sauveur de la Tunisie : Fadhel Abdelkafi ! Certains même vous disent naïvement, qu'il faut lui donner sa chance, peut-être qu'il fera mieux que ses prédécesseurs ! Jusqu'à quand poursuivront-ils cet " apprentissage au dépens des Tunisiens " (t'allem lah'jama, fi rous li'tama / se faire la main sur les orphelins, pour devenir coiffeur). En 10 ans tous les progressistes approchés par Ghannouchi n'ont rien pu faire contre lui : et ils ont fini par mourir "politiquement" ! Abdelkéfi connaitra le même sort que ses prédécesseurs, s'il s'avisait à collaborer avec le diable.

Incorrigibles Tunisiens ! Toujours aussi naïfs pour n'avoir pas encore compris au bout de 10 ans de pouvoir islamiste, la stratégie du Frère musulman Ghannouchi : appâter ses adversaires, pour mieux les tuer !

On comprend mieux la position de Abir Moussi qui veut en finir avec l'islam politique en interdisant les partis qui instrumentalisent la religion; et qui refuse aussi de collaborer avec de tels "oiseaux rares" que déniche régulièrement Ghannouchi parmi les "démocrates, progressistes", qui ont perdu toute crédibilité et dont il n'y a rien à espérer pour restaurer l'Etat que détruisent méthodiquement les Frères musulmans !
Rachid Barnat

PS : Sans oublier un autre oiseau que Ghannouchi a plumé totalement : Hamma Hammami !
Hamma Hammami croit faire de la politique alors qu'il n'est qu'un romantique, novice en politique, quand par solidarité avec ses anciens codétenus islamistes, les avait suivis dans leur revendication lors de la manif " Casbah II " pour une constituante et une nouvelle constitution; ignorant lui le communiste athée, qu'elle sera forcément islamiste, inspirée de la chariaa ... si ce n'est toute la chariâa !
Et le plus grotesque dans l'amateurisme de Hamma Hammami; c'est que de peur que Ghannouchi lui siphonne son électorat, quand il dit de lui qu'il est un " kafer " (mécréant); Hammami n'a rien trouvé de mieux pour le démentir, que de faire le pèlerinage à la Mecque ... ce qui est un comble pour un communiste et preuve d'absence de conviction !!

Hamma Hammami critiquant les sympathisants et les électeurs de Abir Moussi, les compare à la femme qui aurait divorcé d'un mari qui la battait pour en épouser un autre. Quand elle découvre que le nouveau mari la viole, elle a demandé à revenir au premier mari !
Voilà l'état d'esprit du misogyne qui voulait devenir président des Tunisiens ! çà trahit le progressiste qu'il prétend être et qui a choisi délibérément de soutenir Ghannouchi et ses Frères musulmans.

mercredi 23 décembre 2020

LE PDL LANCE LA REVOLUTION DES LUMIERES

Article paru dans : Kapitalis

" Celui qui a le contrôle du passé a le contrôle du futur.
Celui qui a le contrôle du présent a le contrôle du passé "
George Orwell

17 décembre 2010 - 17 décembre 2020 : voilà 10 ans que débutaient à Sidi Bouzid avec l'auto-immolation par le feu de Mohamed Bouazizi, les événements qui vont déclencher la fumeuse révolution du jasmin avec le "dégagisme" de Zineddine Ben Ali dans le cadre du " printemps arabe " fomenté par le Qatar avec le soutien des EU et de l'UE, pour installer Ghannouchi au pouvoir, pour lui succéder !

Et depuis le départ de Ben Ali un certain 14 janvier 2011, une multitude de révolutionnaires et de résistants de la 25 éme heure ont surgi d'en ne sait où; jusqu'à s'autoproclamer protecteurs de la révolution en créant la fameuse LPR (Ligue de la protection de la révolution) milice au service du Frère musulman Ghannouchi pour terroriser les Tunisiens !

En 10 ans de "révolution", les Tunisiens sont dans un désenchantement total et une désillusion de voir tous leurs espoirs trahis par les "révolutionnaires islamistes" qui ont chevauché leur "révolution" en ruinant le pays.

Une seule personne a fait le bon diagnostic du mal qui ronge le pays et a eu le courage de désigner le responsable pour combattre les Frères musulmans par la loi, c'est Abir Moussi !

Devant les autoproclamés révolutionnaires, qui se gargarisent du mot révolution à l'envi, alors que leur projet est de plus en plus clair pour un retour à l'obscurantisme avec restauration de la chariâa, elle a décidé avec les membres de son parti le PDL (Parti Destourien Libre) de lancer une véritable révolution baptisée "révolution des lumières", pour éclairer les Tunisiens sur les véritables causes de leurs malheurs depuis 2011 !

Les Tunisiens commencent à se rendre compte de la supercherie de Ghannouchi; et le PDL avec à sa tête Abir Moussi, s'attelle à dénoncer quotidiennement cette supercherie et à expliquer le funeste projet des Frères musulmans et celui de leurs sponsors Qatar & Turquie, pour la Tunisie !

D'où la décision du PDL d'analyser et d'expliquer quasi quotidiennement aux Tunisiens la stratégie mise en place par Ghannouchi, pour détruire la République et ses institutions et diffuser le wahhabisme et l'obscurantisme qu'il véhicule !

Ainsi le 19 décembre, le PDL a lancé depuis Monastir la "Révolution des Lumières" pour contrer l'obscurantisme des "révolutionnaires" islamistes; et plus précisément sur l'esplanade du mausolée de Habib Bourguiba qui fut l'incarnation en Tunisie, du siècle des Lumières ... tout un symbole !

En quoi consiste cette révolution ? Elle se donne pour but, d'éclairer les tunisiens sur :

- La stratégie d'Ennahdha où tout le monde sous-traite en vu du même projet : Ghannouchi étant le pion de Qaradaoui; qui lui, est au service de son maître l'émir du Qatar; les deux sous-traitant avec des associations dites caritatives et des partis dits islamistes; à la tête desquels Ghannouchi place ses hommes pour brouiller les pistes et donner l'illusion que tout se fait indépendamment les uns et des autres; et que Ghannouchi n'est coupable ni responsable de rien !

- Le rôle de l'organisation des Frères musulmans dans le terrorisme en Tunisie et à l'étranger.
Terrorisme que légalise Qaradaoui par des fatouas précises, que le PDL rappelle sans cesse aux Tunisiens, et associe désormais le nom de Ghannouchi à celui de Qaradaoui pour bien marquer les esprits des Tunisiens que Ghannouchi n'est qu'un exécutant des ordres de son "guide", auquel il fait allégeance, pour un agenda étranger !

- La couverture politique du terrorisme par l'Etat tunisien de plus en plus évidente; puisque l'ADP (Assemblée du peuple), tous les présidents de la République, comme tous les chefs des gouvernements successifs depuis 2011, refusent d'y toucher.
Et depuis que Abir Moussi a mis le doigt sur la cause des problèmes, l'Etat devient complice des terroristes quand toutes motions du PDL pour dénoncer le terrorisme et pour interdire les associations "caritatives" qui l'organisent et l'alimentent, restent lettres mortes; et que l'Etat refuse de contrôler les financements de ces associations et de ces partis islamistes ...

- Le rôle des partis prétendument progressistes, qui ne sont que des idiots utiles à Ghannouchi, corrompus pour une bonne partie d'entre eux, pour soutenir son terrorisme et taire ses exactions et ses abus des lois et des règles internes de l'ADP, depuis qu'il se considère président de tous les Tunisiens !

- Les idéologies au service de Ghannouchi, pour que les Tunisiens sachent enfin qui est qui et qui fait quoi : pan-islamisme, pan-arabisme, communisme ... Abir Moussi ayant le mérite de clarifier la scène politique tunisienne pour distinguer les patriotes des autres qui bradent la souveraineté de la Tunisie, voire qui cherchent à la ramener au statut de colonisée !

- Le consensus/tawafouq, la conciliation nationale/tasamouh, le vivre ensemble/taâyouch ... toutes ces ruses dont se sert Ghannouchi chaque fois qu'il est dans une difficulté ou impasse politique, pour rester au pouvoir malgré les échecs de son parti à gérer le pays, comme le pensent les Tunisiens; et qui ne sont en réalité que des réussites de la politique des Frères musulmans dont le projet est la destruction de la République et de ses institutions !
Dont la nouvelle ruse soutenue par l'UGTT (Union générale de travail tunisien), appelant au " dialogue national/ta'ha'our watani " toutes les forces centristes à l'exclusion des extrémistes. Ce qui veut dire que Ghannouchi se considère désormais "centriste" et cherche par ce stratagème machiavélique à exclure le PDL qu'il range avec ses enfants d' "Iitilaf el Karama" dont il prétend se séparer, traitant ces deux partis de terroristes !
Façon pour lui de marginaliser le PDL, en confirmant qu'il reste le maître du jeu !

Comble de l'hypocrisie à laquelle l'UGTT donne à nouveau son aval, comme si cette centrale syndicale historique n'avait pas tiré de leçon du foireux "consensus" qu'elle avait soutenu et organisé, et qui paralyse le pays; puisqu'elle continue de croire que les Frères musulmans sont incontournables et indispensables à la vie politique du pays, alors que tout le monde sait qu'ils sont derrière tous les échecs et toutes les crises que vivent les Tunisiens.

C'est pourquoi le PDL, véritable et unique parti d'opposition aux islamistes, informe quotidiennement les Tunisiens via ses vidéos dont l'audience augmente régulièrement, mais aussi des médias qui invitent Abir Moussi dont la popularité augmente de jour en jour, pour leur expliquer preuve à l'appui, les manœuvres diaboliques de Ghannouchi et celles de ses sbires; pour dénoncer sans relâche Ghannouchi et son guide spirituel Qaradaoui qui ont semé le chaos en Tunisie et mis à genoux les Tunisiens !
Bon vent à la Révolution des Lumières !

Vivement la Troisième République !

Rachid Barnat  

Adhésion à la campagne de "révolution des Lumières" :
https://www.pdl-tunisie.com/page/%D8%A7%D9%84%D8%A7%D9%86%D8%AE%D8%B1%D8%A7%D8%B7-%D9%81%D9%8A-%D8%AB%D9%88%D8%B1%D8%A9-%D8%A7%D9%84%D8%AA%D9%86%D9%88%D9%8A%D8%B1/?fbclid=IwAR3PhfFI3__avQzIkKvrzOFkpAcUwxFw_mHCMy-pKHz3S12W7ydrlc9iSe8

vendredi 18 décembre 2020

La laïcité devenue synonyme d'athéisme chez les extrémistes religieux

La laïcité n'est pas athéisme, comme veulent le faire croire les extrémistes religieux de tous bords, islamistes compris ! Et c'est une rabbine qui le rappelle. 

R.B


Delphine Horvilleur *

La laïcité est devenue synonyme d’athéisme. Mais ça ne l’a jamais été.

Marion Galy-Ramounot - Madame Figaro : Dans une tribune publiée sur votre site Tenou'a, vous défendez, au nom de la liberté d’expression, l’idée de «penser contre soi». Qu’est-ce que ça veut dire ?

Delphine Horvilleur : Ce post est né après que j'ai publié une caricature de Charlie Hebdo pour réagir à l'assassinat de Samuel Paty. Il s'agit d'une vieille couverture sur laquelle on voit les trois religions (catholique, musulmane et juive, NDLR) inscrites sur du papier toilette déroulé, et titrée «Aux chiottes toutes les religions !». J’ai volontairement choisi cette caricature où il était question d’une critique des trois religions, parce que je crois qu’on est dans un moment où les leaders religieux doivent être capables d’incarner une auto-critique. Et j’ai été très étonnée de voir que beaucoup de gens l’ont pris au premier degré. Quand certains, athées convaincus, m'ont dit «vous avez enfin compris, les religions sont toutes à jeter», d’autres ont été choqués que, en tant que rabbin, j’attaque les religions. Ce qui m'a le plus troublée, c'est de m'apercevoir que beaucoup pensent qu’on est ce que l'on poste ; c'est de voir que beaucoup ne sont pas capables de faire preuve de deuxième degré à un moment où on devrait tous publier ces caricatures, pas pour dire qu’on est d’accord avec leur message littéral, ni d’ailleurs nécessairement avec leur message caché, mais pour dire à quel point on luttera, et on luttera jusqu’au bout, pour qu’elles aient le droit d’exister sur la place publique, et pour qu’elles continuent de raconter quelque chose de notre société et de notre histoire.

Marion Galy-Ramounot : Dans votre post, vous affirmez qu'«une société libre passe par la distance critique et par l'autodérision». Cette autodérision et cette prise de distance dont vous parlez, qu'en a-t-on fait ?

Delphine Horvilleur : Le propre des moments de crise est qu'on les vit comme des citadelles assiégées, sur un mode de défiance. On devient suspicieux à l’égard de tous ceux qui expriment des critiques, jusqu'à devenir nous-mêmes incapables d’autocritique. On voit bien ce qu’il s’est passé vis-à-vis de l’humour ces dernières années. On fait partie d’une génération où l'on pouvait regarder, ados, des sketches qu’on ne pourrait plus voir aujourd'hui. Pas parce qu’on a moins d’humour mais parce qu’on a pris conscience que dans un contexte de crise et de tension identitaires, on peut continuer à rire de tout, mais plus avec tout le monde. Et cela a un impact sur notre capacité de mise à distance des événements.

Marion Galy-Ramounot : C'est-à-dire ?

Delphine Horvilleur : Désormais, on hésite à rire, on ne sait plus de quoi on peut rire, qui va se vexer, qui va être offensé, offusqué. Caroline Fourest est très juste quand elle parle de cette génération offensée, on vit dans un monde dans lequel les gens ne tendent plus l’oreille qu’à l’offense qu’on leur impose, pas à la contradiction. Alors qu’il n’y a rien qui nous fasse plus grandir que d'être contredit, que de penser contre soi. C'est là où le symbole de l’assassinat d’un enseignant de la République est si fort et bouleversant pour tant d’entre nous. On sait au fond de nous que c’est ce que l’école nous promettait qu’elle allait nous apprendre : penser contre nous-même. On arrive enfant avec un bagage, culturel, identitaire, religieux, et l'école nous aide à l’interroger.

Marion Galy-Ramounot : Il faudrait donc réapprivoiser, ou réaffirmer, cet esprit critique...

Delphine Horvilleur : Il faut surtout s’assurer de ne pas y renoncer, et ce dans tous les domaines de nos vies. C'est très difficile à enseigner. À l'école, cela passe avant tout par l'histoire, cette matière qu'enseignait justement Samuel Paty. Rien ne nous apprend mieux la théologie que l’histoire ; on ne peut tout simplement pas comprendre sa religion si on ne comprend pas par quoi et par qui elle a été influencée, et pourquoi elle est le produit des temps et des espaces qu’elle a traversés. Quand on sera capables de raconter nos histoires religieuses à travers les influences qu’elles ont subies, on aura un outil formidable pour lutter contre le fondamentalisme religieux. Parce que ce qui colle à la peau de tous les fondamentalistes quels qu’ils soient, c’est qu’ils sont tous allergiques à l’histoire. Ils sont tous chronophobes, détestent tous l’idée que leur religion a pu évoluer, qu’elle a pu être influencée par d’autres, parce que cela va à l'encontre de leur obsession pour la pureté, la pureté des corps, la pureté des femmes, la pureté des pratiques, la pureté de leur histoire. Si vous commencez à leur expliquer à quel point leur religion est emprunte d’influences extérieures et conditionnée par un contexte, alors vous avez avec vous un outil extrêmement puissant de destruction de leur discours.

Marion Galy-Ramounot : Il y a eu les tueries de Toulouse et Montauban en mars 2012, l'attentat de Charlie Hebdo en janvier 2015, celui du Bataclan en novembre, puis celui du 14 juillet 2016 à Nice, l'assassinat du père Hamel... Et aujourd'hui celui de Samuel Paty. Comme à chaque fois, on assiste à un sursaut d'humanisme. Et aujourd'hui, peut-être, à un tournant dans la prise de conscience ?

Delphine Horvilleur : J’adorerais pouvoir vous dire oui. Le danger, c’est qu’il y ait une retombée d’émotions. La date de la rentrée scolaire, le 2 novembre prochain, est très critique pour notre société. Parce qu’un peu de temps aura passé, l’émotion sera retombée, et là on verra vraiment ce que l'on fait. Mettre tout sous le tapis et regarder ailleurs peut paraître impensable, et pourtant on sait qu’on l’a déjà fait en plein d’occasions. D'autant qu'on va être rattrapés par d’autres actualités, la question du reconfinement ou pas, le couvre-feu, la psychologie des enfants, la contamination des familles… Il va y avoir d’autres urgences et la vraie question, c’est comment on va être capable de s’astreindre à une forme de discipline d’enseignement qui se joue à l’école, certes, mais aussi dans la façon dont les parents vont parler à leurs enfants le jour de la rentrée, dans la manière qu’on aura tous de ne faire qu'un, et d'admettre qu’il y a des valeurs sur lesquelles on ne transigera pas.

Marion Galy-Ramounot : Que faire de cette colère qui traverse la France depuis vendredi ?

Delphine Horvilleur : La colère, c’est comme la peur. La peur peut susciter ou au contraire inhiber l'action. La colère, c’est pareil, elle peut vous enfermer un peu plus sur vous-même, avec un ressentiment qui débouchera toujours sur de la haine ; ou alors elle peut vous mener à l’action. Il faut que chacun d’entre nous, dans son domaine des possibles, se pose la question de quelle alliance il crée, de ce qu’il décide de faire ou de ne plus faire.

Marion Galy-Ramounot : Que penser des réseaux sociaux, cet endroit où l'on est finalement au summum de la liberté d'expression, mais «où la haine s'étale aussi sans filtre» comme le dit Leïla Slimani ?

Delphine Horvilleur : Sans aucun doute, les réseaux sociaux ont joué un rôle majeur dans l'appauvrissement de la pensée, en nous invitant continuellement à simplifier nos messages, en ne tolérant plus quoi que ce soit qui serait implicite, en nous permettant de constituer des communautés autour de nous, des gens qui pensent comme nous, qui votent comme nous, qui lisent les mêmes livres, qui ont les mêmes références culturelles... En réalité, on a anéanti, ou on est en phase d’anéantissement, du débat possible entre nos cultures. L'autre problème, c'est que les jeunes s'informent sur les réseaux sociaux. Ils croient que quand c'est sur une chaîne YouTube c'est vrai. Un point crucial à travailler avec l'école, c'est de les faire se questionner sur leurs sources d'information. À une époque, on disait «d’où tu parles, toi ?» Et en fait, le «d’où tu parles», il est génial, parce que c’est exactement la question qu’il faut poser aux jeunes aujourd’hui : d'où tu parles ? D’où détiens-tu l’information qui te permet de dire ce que tu dis ?

Marion Galy-Ramounot : Comment expliquer que la jeunesse, si libre au XXIe siècle, puisse tomber dans le panneau du fondamentalisme religieux ?

Delphine Horvilleur : Refuser la complexité du monde, c’est toujours tentant. Il y a quelque chose de radical dans la simplification du débat, et la radicalité a toujours tenté la jeunesse, et c’est normal. Il y a d'ailleurs une responsabilité très forte des modèles de la jeunesse, les animateurs de télévision, les youtubeurs, les influenceurs, les sportifs… Qui n'apportent pas la subtilité, la complexité, l'humour fin, et, je le redis, l'esprit critique, dont les jeunes ont besoin. Il y a une expression qu’on a beaucoup entendue dans la jeunesse ces dernières années : «tu me manques de respect». C’est intéressant de réfléchir à ça. Qu’est-ce que c’est que de respecter quelqu’un ? C’est savoir le contredire, le plus souvent. Protéger à tout prix quelqu’un d’une autocritique, c’est, au contraire, lui manquer de respect. C’est considérer qu’il est trop infantile, ou sous-développé, pour être capable de faire face à un questionnement, à une interrogation de ses repères.

Marion Galy-Ramounot : À travers votre discours, on comprend aussi qu'il y a cet enjeu de croire en la laïcité tout en étant croyant (religieusement)...

Delphine Horvilleur : Beaucoup de gens ont l’impression qu’on est laïque ou religieux, qu’on est croyant ou pas croyant. C’est comme s’il fallait choisir entre la science et la religion, c’est absurde. Pour moi, la laïcité et l’attachement à une religion cohabitent parfaitement. Je reconnais à la laïcité la bénédiction de me permettre de vivre la religion telle que je la vis. Je me sens profondément attachée à la laïcité parce que pour moi, elle est un cadre qui permet qu’aucune conviction, aucune croyance et aucun dogme ne sature l’espace dans lequel je vis. La laïcité est une garantie d’oxygénation permanente parce qu’il y a toujours un espace autour de moi qui reste vide de ma croyance ou de celle de mon voisin. Pour beaucoup, et on en revient à l'appauvrissement de la pensée et du vocabulaire, la laïcité est devenue synonyme d’athéisme. Mais ça ne l’a jamais été.

Marion Galy-Ramounot : Depuis l'attentat, on entend çà et là des gens dire : les hommages c'est bien, maintenant, il faut du courage. «Ça ne peut plus se passer dans le pacifisme», dit Elisabeth Badinter. Quel est votre sentiment sur ce point ?

Delphine Horvilleur : Il n’est pas question aujourd'hui d’être pacifiste, ou de baisser les bras, ou de trouver un compromis avec des assassins. Il y a un combat à mener, et comme dans tous les combats, y compris dans les combats militaires, il faut penser les alliances. Il n'y aurait rien de pire que de se tromper d’ennemi, et de commencer à se déchirer entre gens qui sont d’accord sur le fond, mais peut-être pas nécessairement sur la forme que doit prendre ce combat. Aujourd’hui, l’enjeu est là, il est dans comment on fait pour trouver des alliances qui soient salutaires, tout en étant conscient, lucide, que oui, nous sommes en guerre.

 * Elle est à la fois l’une des rares femmes rabbins de France, une ardente défenseure de la laïcité et une intellectuelle engagée dans le dialogue avec le monde musulman.