jeudi 30 janvier 2020

Macron ferait-il de l'électoralisme comme ses prédécesseurs en surfant sur le communautarisme ?

Face à l'islamisme, les ministres de la République En Marche se coucheraient-ils eux aussi devant les Frères musulmans ?
Déjà face aux sionistes, Emmanuel Macron semble les caresser dans le sens du poil; quand il assimile à l'antisémitisme toute critique du gouvernement sioniste de Netanyahu.
Et voilà qu'il semble caresser aussi dans le sens du poil les islamistes ; puisque ses ministres admettent le délit de blasphème pour ceux qui critiquent l'islam et tombent pieds joints dans le piège des Frères musulmans qui veulent instaurer le délit de blasphème !
Il est en plein dans le piège des islamistes et des sionistes.

Or il faut appeler un chat, un chat ! Quand les sionistes pratiquent la politique expansionniste en instrumentalisant la religion pour justifier le "grand Israël", en colonisant des territoires attribués aux palestiniens, il faut les dénoncer et ne pas tomber dans leur piège en assimilant l'antisionisme à l'antisémitisme ! 
De même, quand les islamistes refusent toutes critiques parcequ'ils instrumentalisent la religion pour faire de la politique, il ne faut pas tomber dans leur piège de l'islamophobie, qui leur sert de paravent !
D'ailleurs les deux jouent les amalgames et la confusion des genres pour s'abriter derrière l'antisémitisme pour les uns et derrière l'islamophobie pour les autres.
Il ne faut tomber ni dans le piège des islamistes ni dans celui des sionistes, et continuer à dénoncer l'hypocrisie des deux, quand ils se servent de la religion pour justifier leur politique !
R.B
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« Non, Madame Belloubet, injurier l’islam n’est pas une atteinte à la liberté de conscience ! »

FIGAROVOX. Paul Sugy - « L’insulte à la religion, c’est évidemment une atteinte à la liberté de conscience, c’est grave » a déclaré ce matin la Garde des Sceaux sur Europe 1 à propos de l’affaire Mila, précisant bien sûr que les menaces dont cette adolescente a fait l’objet sont inacceptables. Ces propos vous font réagir…

Richard MALKA.- Parce qu’ils sont tout simplement gravissimes ! Ils participent à la mise en danger de Mila, une jeune fille qui a vu sa scolarité et sa vie sociale brisées après le harcèlement et les menaces dont elle a fait l’objet. 

Et Nicole Belloubet a fait montre ce matin à la radio de son inculture juridique, ce qui est extrêmement inquiétant ! 

On aimerait qu’elle lise davantage les fiches que lui préparent ses conseillers, et pas la propagande de la Ligue islamique mondiale qui milite partout en Europe pour l’interdiction du blasphème. Car c’est la terminologie exacte de cette organisation prosélyte, qui a plusieurs fois déposé des demandes en ce sens auprès de l’ONU : empêcher les injures envers l’islam au nom de la liberté de conscience.

On entrave la liberté de conscience en privant quelqu’un de la liberté de croire. Pas en injuriant sa religion.


Ce que dit la ministre de la Justice est parfaitement inepte. Toute la jurisprudence française en la matière dément ses propos. En 2007, la Cour de cassation a rejeté le pourvoi de l’AGRIF à la suite de la publication par Libération d’un dessin représentant le Christ nu avec un préservatif sur le sexe. Le juge n’a pas reconnu l’existence d’une injure envers un groupe de personne en raison de leur religion. Idem lors du procès des caricatures de Mohamed publiées par le journal Charlie Hebdo. Et ainsi de suite. 


Jamais un seul juge français n’a reconnu que des propos, même vulgaires, même injurieux, envers une religion ou des symboles religieux pouvaient constituer une « atteinte à la liberté de conscience ». Jamais !

Et que Nicole Belloubet l’affirme au micro d’une émission de radio est irresponsable. Il faut qu’elle présente des excuses. Ou alors, je la mets au défi de trouver une quelconque décision de justice qui corrobore ses propos !


FIGAROVOX.- La « liberté de conscience » est l’un des principes fondamentaux reconnus par les lois de la République, et elle garantit notamment la liberté de religion. Pourquoi ce terme est-il inapproprié en l’espèce ?


Richard MALKA.- Mais tout simplement parce que Mila n’a empêché personne de croire en l’islam ! La liberté de conscience, c’est de croire dans ce que l’on veut. On y fait entrave en privant quelqu’un de cette liberté. Pas en injuriant sa religion. 


C’est au contraire la liberté de conscience de Mila qui est ici en jeu, car elle a le droit de penser ce qu’elle veut de l’islam, et de le dire, même sur les réseaux sociaux. C’est ça le droit français. Et prétendre le contraire, lorsqu’on est ministre de la Justice, c’est comme un ministre de l’Économie qui ne saurait pas compter.

FIGAROVOX.- Cette erreur est-elle selon vous symptomatique d’une méconnaissance grandissante des principes de la laïcité en France ?


Richard MALKA.- Bien sûr que la laïcité est de moins en moins bien connue et comprise. Ses termes juridiques échappent à beaucoup de nos concitoyens. On peut le déplorer, mais c’est hors sujet ici : on parle ce matin de la Garde des Sceaux ! Elle n’a pas le droit, elle, de se tromper à ce sujet. C’est trop grave.


Richard Malka est avocat au barreau de Paris. Spécialiste du droit à la liberté d’expression, il défend notamment le journal Charlie Hebdo.

mardi 28 janvier 2020

L'Algérie & la France malades de l'islamisme

Bien que la guerre d'Algérie soit finie, la France et l'Algérie n'ont pas fini leur guerre commune contre l'islamisme.
Faute de mieux alors que le harak n'a pas pu faire émerger un fédérateur des réclamations des manifestants, à l'instar des Gilets Jaunes en France; Abdel Majid Tebboune saura-t-il s'émanciper de l'armée maintenant que le général Gaid Salah qui l'a intronisé est mort ? Saura-t-il s'émanciper des vieux routards du FLN qui a totalement échoué à tous les niveaux ? Et saura-t-il s'émanciper des Frères musulmans ? Frères musulmans qui sévissaient cachés; et ce depuis Abdel Hamid ben Badis en passant par Abdel Aziz Bouteflika !
C'est tout ce qu'on peut espérer pour l'Algérie dont le sort est lié à celui de la Tunisie où les Frères musulmans sont en  train de détruire méthodiquement les rouages de la République et diffusent leur poison wahhabi dans la société.
R.B
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« Pourquoi la guerre d’Algérie n’est pas finie »

Pour l’historien Pierre Vermeren, spécialiste du Maghreb, « la France semble ne s’être jamais remise de la guerre d’Algérie ». Un constat partagé par l‘écrivain algérien Boualem Sansal, témoin à la fois de la guerre d’indépendance et de la guerre civile.
Par Alexandre Devecchio
LE FIGARO MAGAZINE. - Huit mois après le « printemps algérien », où en est l’Algérie ? Le processus électoral en cours est-il démocratique et transparent ? Pourquoi les Algériens sont-ils divisés ? Cela va-t-il, malgré tout, dans le bon sens ?

Boualem SANSAL - L’Algérie vit dans le drame depuis son indépendance, lorsque le colonel Boumediene, chef de l’armée des frontières, s’est emparé du pouvoir et a placé son homme, Ben Bella, à la présidence de la République et son secrétaire particulier, Bouteflika, à la tête du puissant ministère des Affaires étrangères. La Constitution de l’Algérie venait de s’écrire là pour toujours.
A mon avis, les Algériens ne sont pas si divisés, il est difficile de l’être dans une dictature qui sanctionne durement tout écart. En 1988, des foules fanatisées par des prédicateurs saoudiens et égyptiens qui préparaient la révolution islamique mondiale, ont occupé la rue, persuadées d’avoir trouvé l’arme absolue pour abattre le régime : l’islamisme. Mauvaise pioche, la chose nous a explosé à la gueule, et in fine a renforcé la junte qui à nouveau s’est posée en sauveur de la patrie. Elle a même réussi à convaincre les gentils Européens qu’ils avaient besoin d’elle pour les protéger du terrorisme et continuer à vivre dans l’insouciance.
En 2019, les Algériens réoccupent la rue, mais de belle manière cette fois, ils n’invoquent ni Allah ni ses saints, leurs armes sont l’ibtissem (sourire) et la silmiyya (non-violence). Le chef de l’armée, Ahmed Gaïd-Salah (dit AGS), un homme ambitieux, brutal et corrompu, voit la chance de sa vie, à 79 ans passés, et profite du dégagisme ambiant pour se débarrasser de Bouteflika et son clan et se poser en sauveur de la patrie. Enivré par son succès, il convoque la justice et jette en prison ceux qui lui déplaisent et tous ceux qui pourraient un jour rêver de lui disputer le pouvoir. Le peuple n’est pas dupe, les tueurs s’entre-tuent, c’est bon à prendre. On en est là. L’autre problème est l’économie qui est à l’agonie, mais c’est là une autre histoire qui pourrait bien être la plus dramatique de toutes.
Le 12 décembre, AGS aura son président de la République. C’est Tebboune [Abdelmadjid Tebboune, éphémère Premier ministre de Bouteflika, ndlr], son vieux complice. Le Hirak continuera mais le cœur y sera-t-il AGS sortira-t-il les blindés ? Entrerons-nous dans une nouvelle guerre civile ?

Pierre VERMEREN - Ce qui s’est déroulé depuis bientôt un an en Algérie a rassuré les Algériens sur l’état moral de leur société, et sur leur capacité à dire non, avec détermination et pacifisme, à un blocage politique devenu surréaliste depuis des années. Mais le pacifisme montre ses limites face à un régime militaire qui a peur de l’inconnu et de sa propre société, et qui est bien décidé à passer en force au nom de la « démocratie ». Les Algériens ont tellement entendu de promesses qu’ils sont las. Il est évident qu’en cas de choc économique violent, on entrerait dans l’inconnu.

Boualem SANSAL.- L’islamiste nouveau est dans le management stratégique, la corruption d’affaires et la prise d’otage scientifique.
LE FIGARO MAGAZINE : Qui tient aujourd’hui le pays : l’armée, les islamistes, un mélange des deux ?

Boualem SANSAL.- Ce n’est pas l’armée, c’est AGS : il tient l’armée d’une main et l’Algérie de l’autre. Les islamistes observent de loin en faisant des calculs. Ils ont évolué, le djihad à la bombe artisanale ne les intéresse plus, ils ont adopté l’islamisme à la française, à la turque, à la tunisienne. Costume et cravate obligatoires, c’est bac + 5 à l’entrée, ils font du business, de l’entrisme au plus haut niveau, du noyautage, de l’agit-prop, de la sape, occupent le terrain aux bons endroits, saturent les réseaux sociaux, mobilisent femmes et enfants, ferraillent dans les tribunaux, haranguent dans les amphis universitaires, organisent colloque sur colloque, préparent les cités à l’autodéfense, achètent des maires et des députés… L’islamiste nouveau est dans le management stratégique, la corruption d’affaires et la prise d’otage scientifique.

Pierre VERMEREN - Au lendemain de la guerre civile, le président Bouteflika, qui s’est fait élire en 1999 sur un programme de « réconciliation nationale » (sorte de « paix des braves »), a pris acte de la puissance sociale des islamistes. Il les a amnistiés en échange de leurs armes, leur accordant des licences, des emplois et des agréments divers. Entre le partage de la rente en interne et l’argent du Golfe, certains islamistes ont accumulé des fortunes, devenant des notables à attaché-case. N’oublions pas que leurs maîtres salafistes au Moyen-Orient, grâce à la rente pétrolière versée par l’Occident et l’Asie, volent en jet et plastronnent à Londres ou dans les grands magasins parisiens en dress code islamique et marques de luxe. Les grottes et les grandes barbes, c’est dépassé. De fait, sous la direction de l’armée, faute de réforme éducative et culturelle profonde, la salafisation de la société s’est poursuivi à bon train : à l’armée le pouvoir, aux islamistes l’idéologie. Entre les deux, le peuple algérien cherche une troisième voie.

LE FIGARO MAGAZINE : En 1991, le processus électoral avait conduit à la victoire des islamistes puis débouché sur la guerre civile. Un tel scénario est-il complètement à exclure aujourd’hui ?

Boualem SANSAL - Il ne faut jamais rien exclure. Ceux qui en Algérie et en France sous-estimaient l’emprise islamiste sur la société se mordent les doigts aujourd’hui, les voilà comme les autres pris en otage, ligotés, muselés. L’islamisme, il faut le considérer dans sa dimension planétaire, historique et stratégique, pas seulement le vendredi devant la mosquée de son quartier !

Pierre VERMEREN - C’est exactement la même chose en France aujourd’hui. On regarde à Paris l’islamisme comme la résultante de la crise des banlieues ou un biais sociologique. Or, c’est la pièce d’un puzzle mondialisé, dont les donneurs d’ordres sont au Moyen-Orient. Aucune élection dans le monde arabe ne se déroule sans le transfert de valises (ou de containers) de billets de banque en provenance du Golfe. C’est très différent du début des années 1990, et c’est pire. On parle toute la journée de mondialisation, et quand on devrait réfléchir à la mondialisation de l’islam et de sa composante salafiste, on devient aveugle. Or, le Maghreb comme l’Europe occidentale, qui pourraient fonctionner en bonne intelligence et coprospérité dans un monde idéal, sont dans la ligne de mire des fondamentalistes du Moyen-Orient et d’Asie centrale. Je pense que les Algériens n’ont aucune envie de renouer avec une guerre civile trop bien connue. Mais pas question pour les ennemis de la démocratie libérale de laisser le Maghreb devenir une terre démocratique proche de l’Europe. Donc oui, il faut redouter les ingérences hostiles et leurs effets potentiels.
A l’époque, quelles avaient été les conséquences pour la France ?

Pierre VERMEREN - Dans les années 1990, on estime que la France a accueilli 500.000 immigrés et réfugiés algériens supplémentaires. A la fin de la guerre, il n’y avait plus qu’un professeur de français agréé en Algérie, le sale boulot avait été mené jusqu’au bout. Charles Pasqua a laissé s’installer en France des milliers de cadres algériens (médecins, journalistes universitaires, fonctionnaires…) qui ont fait leur place en France. Puis il a fallu former - notamment en coopération - une nouvelle génération de cadres. Mais les conséquences pour la France vont bien au-delà de ce mouvement de population. D’abord, c’est le développement de l’islamisme dans les banlieues de l’islam, dont les autorités françaises ont mis vingt ans à comprendre les dangers. Ensuite, la guerre civile algérienne relance la guerre civile franco-française que de Gaulle avait enterrée à coups d’amnistie et d’amnésie. Comme les islamistes perdent cette guerre, leurs amis français - qui sont nombreux, souvent par haine du régime algérien - ont promu le fameux « qui tue qui ? », accusant l’armée algérienne des pires exactions, voire d’avoir manipulé de bout en bout cette guerre. En retour, pour effacer l’humiliation de la guerre civile et répondre à ces agressions, les autorités algériennes, Bouteflika en tête, vont relancer, et surtout inventer, toute une dialectique pour criminaliser la France coloniale, délibérément associée au nazisme (chambres à gaz, génocide, fours crématoires, crime contre l’humanité, etc.). Le résultat : affaire Aussaresses [général et parachutiste de l’armée française ayant reconnu avoir recouru à la torture en Algérie, ndlr], Le Pen 2002, émeutes de banlieues en 2005, violences antisémites, hystérie collective de 2007, naissance des Indigènes de la République, etc. La facture est lourde.

Boualem SANSAL - Émigration, terrorisme, islamisation des banlieues, trafics en tout genre. C’était un début, la France n’a pas fini d’en voir. Nos islamistes, nos généraux, nos caciques du FLN, nos kleptomanes, sont tous ici. La France les a accueillis, naturalisés et leur a reconnu le droit de la juger pour haute trahison, racisme et islamophobie. Pourquoi n’en useraient-ils pas ? Ça donne à manger.

LE FIGARO MAGAZINE : Quelles seraient les conséquences aujourd’hui d’une éventuelle déstabilisation de l’Algérie ?

Boualem SANSAL - Le pouvoir n’a jamais cessé de massacrer les Algériens avec, toujours, les mêmes conséquences pour la France : des clandestins et des réfugiés en plus, de l’islamisme en prime, des problèmes nouveaux dans les banlieues. A mon avis, la situation va empirer, AGS n’est pas homme à reculer, il ira jusqu’au bout de son ambition et de sa folie.

Pierre VERMEREN - Je ne sais pas. Il y a d’une part la situation au Maghreb, qui est d’une manière ou d’une autre rivée à l’Algérie. Rappelons, que la Tunisie, la Libye et le Sahel sont voisins de ce pays, et que les Marocains ont les yeux braqués sur Alger. Et de l’autre, la situation intérieure française et européenne. La montée des votes nationalistes et identitaires dans toute l’Europe occidentale, suite à la grande crise migratoire de 2015-2016, et l’afflux de réfugiés et de faux réfugiés qui se poursuit, donnent à penser que la réédition des années 1990 n’est pas possible, sauf à créer un danger mortel pour la construction européenne, déjà malmenée par le Brexit. Les enjeux ne sont donc pas à prendre à la légère.

Si l’Europe était moins évanescente, elle taperait du poing sur la table en exigeant que l’Algérie satisfasse son peuple...
LE FIGARO MAGAZINE : Le risque de submersion migratoire évoqué est-il un fantasme ? Qu’en est-il du risque terroriste ?

Boualem SANSAL - Si le Hirak échoue, en conséquence d’une répression féroce qui se dessine déjà, nous allons tous débarquer en France, 42 millions environ. On ne joue pas à se faire peur mais tout dans la démarche d’AGS et de sa issaba (gang) pousse dans ce sens.

Pierre VERMEREN - Un n’en finira jamais de payer la facture de l’économie pétrolière ! les hydrocarbures sont partout une malédiction car on se bat à mort pour capter la rente pétrolière. Et comme l’Occident accueille ensuite les pétrodollars, il ne fait rien, depuis vingt-cinq ans, pour passer à l’après-pétrole. Donc, il nous faut endurer cette situation et ses risques. Je refuse de penser au retour du chaos en Algérie, et à une vague hors de contrôle. Mais si l’Europe était moins évanescente, elle taperait du poing sur la table en exigeant que l’Algérie satisfasse son peuple, en échange d’une aide massive à sa mutation économique. Il faudrait aller de l’avant au lieu d’attendre le chaos.

LE FIGARO MAGAZINE : Pierre Vermeren, dans votre livre, vous écrivez cette phrase terrible : « la guerre d’Algérie n’est pas finie ». Qu’entendez-vous par-là ? Boualem Sansal, partagez-vous ce constat ?

Pierre VERMEREN - C’est bien sûr une formule. Mais la guerre d’Algérie a aussi été une tragique guerre civile, en France comme en Algérie. Résultat, les deux nations sont hantées par cette histoire. On a vu l’Algérie plonger dans les années 1990 sur des thématiques et avec un vocable des années 1950. En France, on s’en tient à une confrontation verbale mais de plus en plus rude - j’excepte là l’instrumentalisation de la guerre d’Algérie par les islamistes et leurs amis. Qui monte aujourd’hui aux extrêmes en France, dans les débats publics et politiques ? Faut-il donner les noms, à gauche et à droite, très à gauche et très à droite, de toutes les personnalités qui portent dans leur cœur les cicatrices algériennes ?

Boualem SANSAL - Oui et je vais plus loin, je dis qu’il faut refaire les négociations d’Évian. Cet accord nous a maintenus dans une guerre perpétuelle, dans le ressentiment et les règlements de comptes jamais apurés. Nous devons en sortir et construire quelque chose de sain qui répare, qui arrange, qui projette dans l’avenir.

LE FIGARO MAGAZINE : En 2012, Nicolas Sarkozy, sous l’influence de Patrick Buisson, a hésité à dénoncer les accords d’Évian et notamment de revenir sur le titre de séjour spécifique que peuvent obtenir les Algériens. De quoi s’agit-il ? Cela a-t-il de réelles conséquences ? Lesquelles ?

Boualem SANSAL - Ce sont là détails administratifs. Si le Hirak réussit, l’Algérie réalisera son indépendance nationale et les problèmes nés des accords d’Évian et des conventions conclues par les deux gouvernements sur le dos des peuples, se résoudront d’eux-mêmes. La France offrirait gratuitement visas et cartes de séjour que les Algériens ne les prendraient pas, ils seraient trop occupés à reconstruire leur pays retrouvé.

Pierre VERMEREN - Les accords d’Évian ont été torpillés par Boumediene, et les règlements migratoires ont été révisés dix fois. Que l’Algérie soit traitée comme un pays normal, c’est là chose évidente. Mais il faudrait que nous considérions les pays d’Afrique du Nord, et j’y associe les pays arabes du Moyen-Orient, comme des pays normaux : or, sous la Ve République, l’Élysée, la Défense et l’Intérieur ont dans ce domaine la prééminence sur le Quai d’Orsay et Matignon. C’est le domaine réservé. Quand c’était de Gaulle, ça allait. Depuis, il y a de la perte en ligne.

LE FIGARO MAGAZINE : Plus largement, Pierre Vermeren, vous dénoncez l’ingérence de l’Algérie, mais pas seulement, dans l’islam de France. Là encore quelles sont les conséquences et comment éviter cette dérive ? Boualem Sansal, la construction d’un islam de France indépendant vous semble-t-elle possible ?

Pierre VERMEREN - Les Français ont attendu trente ans (voire plus) pour réaliser que l’immigration musulmane installée en France allait y rester. De 1962 à 1992, la France a délégué l’islam en France à l’Algérie. Quand la guerre civile a frappé, l’Algérie déstabilisée a laissé de facto une place au Maroc. Puis les islamistes se sont engouffrés dans la brèche, en attendant les Turcs d’Erdogan. Aujourd’hui, « l’islam consulaire » domine, d’autant qu’il surfe sur la vague jihado-salafiste pour justifier sa présence. En face, ils ont affaire à une classe politique très largement dépassée - faute de formation de base. Il faudrait, en dix ans, sanctuariser l’islam de France. Ce ne sera pas simple. Mais un impôt religieux librement consenti - à l’allemande - pourrait faciliter les choses : « Vous êtes croyants et vous voulez un lieu de culte desservi par des Français ? Vous payez une contribution diligentée par l’État laïc garant. » Songez au fait que le PIB de la diaspora maghrébine en Europe équivaut au PIB du Maghreb. Donc les aides extérieures sont superfétatoires.

Boualem SANSAL - Ça n’existe pas, l’islam de France, indépendant, laïc et quoi encore. Il y a l’islam, point. Il va où il veut, l’univers lui appartient par décret divin. Non, franchement, entre ordres d’Alger, conseils de Rabat, directives de Bruxelles, suggestions de Berlin, menaces d’Ankara, souhaits de Riyad et de Doha, on se demande de quoi « s’occupe à s’occuper » le gouvernement français comme disait Mme Rachida Dati. Si les rapports de technocrates réglaient les problèmes, on en commanderait cent par jour. Il faut réfléchir un peu quand même : juifs, chrétiens et musulmans ont mis des siècles pour organiser leurs religions et on voudrait qu’un rapport administratif de 100 pages, truffé de y’a qu’à, faut qu’on, organise l’islam de France, et en rupture s’il vous plaît avec l’Islam d’Allah, de Mahomet, des Lieux Saints et du monde musulman qui compte 1,8 milliard de fidèles peu disposés à accepter de voir des mécréants tripatouiller leur religion. Ecrire des rapports officiels pareils est d’une inconscience et d’une prétention folles.


Lire : Déni français, de Pierre Vermeren, Albin Michel, 288 p., 19.90 €.

lundi 27 janvier 2020

Awedt einy - عودت عيني


كلمات : احمد رامى
ألحان : رياض السنباطى
إنتاج : 1957


عودت عيني على رؤياك وقلبي سلم لك أمري
أشوف هنا عنيا في نظرتك ليا
والقي نعيم قلبي يوم ما التقيك جنبي

وان مر يوم من غير رؤياك ما ينحسبش من عمري

قربك نعيم الروح والعين ونظرتك سحر والهام
وبسمتك فرحة قلبين عايشين على الأمل البسام
ان غبت يوم عني أفضل انا وظني
يقربك مني ويبعدك عني
واحتار في أمري معاه ومعاك

وان مر يوم من غير رؤياك مينحسبش من عمري

لو كنت خدت على بعادك كنت أقدر اصبر واستنى
واسهر على ضي ميعادك لما الزمان يجمع بينا
أبات على نجواك واصبح على ذكراك
واسرح وفكري معاك لكن غالبني الشوق في هواك

وإن مر يوم من غير رؤياك ما ينحسبش من عمري

زرعت في ظل ودادي غصن الأمل وانت رويته
وكل شئ في الدنيا دي وافق هواه انا حبيته
ومهما شفت جمال وزار خيالي خيال
انت اللي شاغل البال وانت اللي قلبي روحي معاك

وإن مر يوم من غير رؤياك ما ينحسبش من عمري

ويوم ما تسعدني بقربك الاقي كل الناس احباب
ويفيض على نور حبك اقول مفيش في الحب عذاب
الحب كله نعيم لا فيه عذول بيلوم ولا فيه حبيب محروم
يا ريت يدوم للقلب صفاك واقضي طول العمر معاك

ده ان مر يوم من غير رؤياك ما ينحسبش من عمري



Awedt einy *

Tu m’as habituée à te voir
Et mon cœur t’abandonne mon sort
Je vois mon bonheur dans ton regard
Et mon cœur retrouve sa quiétude
Le jour où je te retrouve à mes côtés

Car chaque jour qui passe sans te voir
Ne peut m’être décompté de ma vie

Ta présence nourrit l'âme et les yeux
Ton regard les charme et les inspire
Ton sourire traduit le bonheur de deux cœurs
Qui vivent dans l’espoir d’un avenir radieux
Il suffit que tu t'absentes un jour
Pour que je retourne à mes doutes
Qui me rapprochent de toi comme ils m’en éloignent
Et je deviens perplexe entre mes doutes et toi

Car chaque jour qui passe sans te voir
Ne peut m’être décompté de ma vie

Si je ne m’inquiétais pas de tes absences
Je pourrais patienter et t’attendre
Je veille à la lueur d’un rendez-vous
Jusqu’à nos retrouvailles
Je dors en t’invoquant
Je me réveille avec ton souvenir
Je me disperse mais ne pense qu’à toi
De t’avoir aimé, ton amour me tue

Car chaque jour qui passe sans te voir
Ne peut m’être décompté de ma vie

Tu as semé à l'ombre de ma quiétude
Le rameau de l'espoir que tu as arrosé
Et tout ce qu’en ce monde te grée,
Je l’ai aimé
Quoi que j’aie vu de beau
Quoi que je puisse imaginer
Nul autre que toi n'occupe mon cœur et mon esprit

Car chaque jour qui passe sans te voir
Ne peut m’être décompté de ma vie

Le jour où tu me gratifies de ta présence
Le monde devient aimable
Débordant de ton amour
Je me dis qu’en amour il ne peut y avoir de souffrance
L'amour n'est que félicité
Il ne peut y avoir de jaloux pour vous sermonner
Comme il ne peut y avoir d’amoureux malheureux
Pourvu que dure en ton cœur la paix
Que je puisse passer la vie à tes côtés

Car chaque jour qui passe sans te voir
Ne peut m’être décompté de ma vie


Poème : Ahmed Rami
Composition : Riadh Sambati
Production : 1957

* Traduit par Rachid Barnat

vendredi 24 janvier 2020

Rudolf Noureev, génie de la danse classique

Eté 1978, j'étais sur le bac entre Ajim et Jerba où je me rendais pour une semaine de vacance. Lors de ces traversées, j'avais l'habitude de m'installer à l'étage regarder s'approcher l'île, quand tout à coup je vois arriver Rudolph Noureev, sa large casquette enfoncée jusqu'aux oreilles, venir s'accouder au bastingage, admirer lui aussi l'île où il se rendait pour des vacances au calme et au soleil. Il était seul et ravi de communiquer sa joie de découvrir Jerba. Spontanément, il a bien voulu discuter avec moi en français dans un accent slave. Etant d'origine jerbienne, je lui ai parlé de cette île, de sa culture et de sa particularité. Il était simple, ouvert et curieux d'en apprendre sur la Tunisie. J'ai gardé un bon souvenir de cette rencontre impromptue mais brève avec un animal doué de génie, comme le décrit  Françoise Sagan, ce seigneur de la danse comme le qualifient ses collègues de l'Opéra de Paris. 
R.B
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Suivant sa volonté, Rudolf Noureev fut inhumé au Cimetière russe de Sainte-Geneviève des Bois en région parisienne. La cérémonie se déroula le 12 janvier 1993. 
Le lundi 6 mai 1996, le caveau de Rudolf Noureev fut inauguré dans le cimetière russe de Sainte-Genevière-des-Bois. C’est Ezio Frigerio, décorateur qui a souvent collaboré avec Noureev, qui en a assuré la conception et la réalisation. Entièrement revêtu de mosaïque, ce tombeau se présente sous la forme d’un kilim recouvrant les malles de l’errance. Il est aussi un rappel de l’Orient d’où Noureev était originaire et rappelle son goût du voyage.
C’est Ezio Frigerio lui-même qui, dans une lettre émouvante, raconte cette expérience : 
« Après avoir suivi de très près le destin glorieux de Rudolf Noureev, on m’a confié la tâche d’en imaginer le tombeau : un mandat qui m’enthousiasmait et qui en même temps me meurtrissait. Il m’était en effet extrêmement difficile de l’imaginer immobile pour toujours. N’importe quel symbole de fin, de fermeture, me semblait à éviter, me paraissait même répugnant. J’ai donc décidé que si le légendaire nomade s’en était allé, et pour toujours, il fallait que son ultime départ ne soit pas marqué dans le temps par une pierre tombale mais par quelque chose lié à ses expériences vécues sur terre. J’ai ainsi eu l’idée d’un grand tapis multicolore qui recouvre le scandale du cercueil avec toutes les suggestions de l’art oriental*, tellement proches de l’esprit et de la nature profonde du grand ami disparu. »
Sur le bac en allant vers Jerba

* Référence certainement au ballet La Bayadére, qui marqua le destin de Rudolph Noureev puisque c'est avec ce ballet qu'il connu le succès en tant que danseur d'abord en URSS, puis à Londres et en fin à Paris. Devenu son ballet fétiche, il le mis en scène à l'Opéra de Paris en tant que directeur artistique de cette illustre maison.

Chacun de nous doit tirer la leçon d'Auschwitz

Dommage que la commémoration de la libération du camp d'Auschwitz par les russes soit célébrée en Israël gouvernés par les sionistes sous la houlette de Netanyahu qui comme il fallait s'y attendre instrumentalisera la Shoah pour justifier sa politique sioniste dans la région ! Et le pire est que certains dirigeants se sont crus obligés de lui apporter de l'eau à son moulin comme Macron qui affirme que toutes critiques de l'Etat d’Israël est assimilable à de l'antisémitismeMacron tente-t-il de séduire l'électorat juif de France ? Autrement, comment expliquer sa déclaration à Netanyahu que toute critique de l'Etat d’Israël sera désormais assimilée à de l'antisémitisme !
Une aubaine pour les Frères musulmans, qui eux aussi réfuteront toute critique de l'islamisme en s'abritant derrière l'islamophobie ! 
Macron ferait-il du communautarisme sans le savoir ?
R.B
Robert Badinter

Robert Badinter se souvient de sa première visite dans le camp nazi. 

À l'occasion de la commémoration du 75e anniversaire de la libération du camp d'Auschwitz, Robert Badinter raconte à franceinfo sa première visite du camp nazi où une partie de sa famille a été décimée. 

"Personne n'y allait, c'était désert", se souvient Robert Badinter. En 1956, seuls les fantômes des juifs exterminés hantent encore le camp d'Auschwitz. Ce camp d'extermination où sont morts plus d'1,1 million de personnes sous le régime d'Adolf Hitler. Emmanuel Macron a été invité par Israël, avec une quarantaine de dirigeants mondiaux, pour marquer jeudi 23 novembre le 75e anniversaire de la libération du camp nazi.  
Robert Badinter a perdu son oncle. Sa grand-mère paternelle, elle, s'éteint dans le wagon de déportation qui l'emmenait vers le camp de la mort. Onze ans après la libération du camp par les Soviétiques, il décide alors de se rendre là où une partie de sa famille a été décimée. Un souvenir indélébile encore aujourd'hui à 91 ans.

Première visite du camp d'Auschwitz à 28 ans

C’est un conservateur, professeur d'histoire polonaise, qui accueille un jour de printemps celui qui n’a pas encore été ministre de la Justice. Il a 28 ans et visite le camp de la mort pour la première fois. "Curieusement, il y avait entre les marches qui descendaient vers la chambre à gaz, trois petites fleurs, raconte Robert Badinter. J'ai regardé ça, j'ai cueilli une des fleurs et je l'ai envoyé à ma mère et j'y ai ajouté : 'Pour moi, c'est le symbole que la vie l'emporte toujours sur la mort'".

La "douleur de l'absent"

La vie ne peut cependant anesthésier la douleur. "Ça met très, très longtemps, le processus de cicatrisation, explique Robert Badinter. Il y a toujours des moments où ça revient, comme certains membres dont on est amputés. Bizarrement, certains jours, vous avez mal là où il n'y a plus rien. C'est exactement ça : la disparition, vous la refusez." L'ancien ministre de la Justice continue : "Souvent, cette époque revient avec la folle espérance qu’ils sont revenus. Vous vous réveillez à ce moment-là, mais ils ne sont pas revenus. C'est pour ça que la douleur spécifique de l'absent est enracinée, elle fait partie de votre être."
Et son être, Robert Badinter l'a voué tout entier avec passion à combattre l'injustice. "La lutte contre le fanatisme, les préjugés et l'ignorance crasseuse, énumère l’ancien ministre de la Justice. Il faut combattre et affronter, ne pas fuir. Chacun de nous doit tirer la leçon d'Auschwitz".

Combattre ce qui est le fanatisme et le racisme car on a beau montrer le crime, ajoute-t-il, cela ne suffit pas.