« Si seulement en 1940 le peuple allemand avait eu le courage du peuple égyptien en destituant un homme « démocratiquement élu », cela nous aurait évité des millions de morts et la Shoah. Mais cet argument, l’Occident ne l’entend sûrement pas. Il ne veut pas l’entendre » .
Alaa Al Aswany, auteur de « immeuble Yacoubian ».
Une majorité d’Egyptiens ne peut comprendre la position de l’Administration
américaine, qui se range du côté des forces de l’oppression et assiste à la
transformation du pays en un état en faillite sous la direction des Frères
musulmans. Cette position s’oppose aux intérêts américains. L’Egypte ne peut
simplement pas se permettre de devenir une autre Somalie ou un autre
Afghanistan, sous le contrôle de Talibans égyptiens.
Les Egyptiens sont perplexes. Ils ne comprennent pas les efforts de
l’Administration Obama pour ramener les Frères musulmans au pouvoir.
Afin de donner un sens à la politique de l’Administration Obama, Amr Adeeb,
un éminent analyste politique égyptien, soutient l’idée selon laquelle les USA
aident les Frères musulmans à reprendre le pouvoir afin de transformer l’Egypte
en un aimant qui attirerait les combattants jihadistes. Le but, selon Adeeb,
est de faire de l’Egypte une autre Syrie ou un autre Afghanistan et ainsi
discréditer l’islamisme en tant que mouvement politique viable.
Aux yeux des Occidentaux, cela peut paraître comme une théorie
conspirationniste étrange, mais pour les Egyptiens, elle permet d’expliquer la
raison pour laquelle le gouvernement américain soutient une organisation qui a
ouvertement déclaré le jihad contre l’Occident, s’est engagée dans des menaces
de guerre contre Israël et l’Ethiopie, a démoli plus de 80 églises historiques
en quelques jours, incendié des hôpitaux, et assassiné des Chrétiens dans les
rues. Les Frères musulmans n’ont aucun respect pour l’Etat de droit, mais, dit
l’Administration Obama, c’est l’Armée égyptienne, qui a destitué les Frères
musulmans, qui menace la démocratie.
La réalité est différente.
Les « ikhwan » (appellation arabe pour Frères musulmans) ont
adopté des méthodes très peu démocratiques lors des élections qui les
conduisirent au pouvoir en juin 2012.
- Morsi a menti sur son expérience professionnelle à la NASA.
- Sa promesse de consacrer 200 milliard de dollars à la renaissance de
l’Egypte était du vent. Une fois élu, il déclara que ce n’était « qu’une
idée ».
- Il acheta le vote des plus pauvres en leur distribuant de l’huile, du
sucre, des médicaments.
- Le jour des élections, sous la menace de représailles, les sbires des
Frères musulmans empêchèrent des milliers de Chrétiens coptes de voter.
- En outre, de nombreux électeurs se plaignirent de recevoir des bulletins
de vote déjà cochés en faveur de Morsi.
Démocratiquement élu le Morsi ???
Les Egyptiens étaient prêts à ignorer ces irrégularités dans l’espoir que
Morsi apporterait de l’ordre et de la stabilité à leur pays. Ils espéraient
qu’il respecterait ses promesses de construire une Egypte moderne, de créer des
emplois, de mettre sur pied un gouvernement de coalition et une constitution.
Ils croyaient en sa promesse de consacrer 200 milliards de dollars à la
réparation des infrastructures qui faisait partie du projet islamique de
« Renaissance ».
Au lieu de cela, Morsi travailla au démantèlement systématique des
institutions d’un pays vieux de 7000 ans. Il incita ses amis à parler
publiquement sur les chaînes de télévision nationales contre l’Ethiopie, dans
le but de la déstabiliser, et dans la lutte pour l’utilisation de l’eau du Haut-Nil.
Le gouvernement des Frères musulmans menaça de déclarer la guerre à l’Ethiopie
à propos de la construction du grand barrage de la Renaissance éthiopienne sur
le Nil bleu, actuellement en cours.
Morsi déclara également de manière très directe qu’il était en train de
recréer un califat islamique. Il pardonna et libéra des islamistes radicaux, y
compris les assassins de Sadate, et leur permit de créer un parti islamique, ce
qui est contraire à la constitution, qui interdit les partis religieux. Quand
Morsi s’adressait à un auditoire, les islamistes radicaux étaient assis à la
première rangée, il démontrait par là que ces gens constituaient sa base
politique.
Afin de renforcer le soutien de cette base radicale, Morsi libéra les
membres de Gamaa-al-Islamiyya, groupe fondé par le cheikh aveugle, Omar Abdel
Rahman, qui participa à la première attaque du World Trade Center. Ce groupé,
classé comme terroriste par les USA, fut responsable du massacre de 60
touristes à Louxor en 1997. Cela n’empêcha pas Morsi de nommer l’un de ses
membres Gouverneur de Louxor, passant outre l’objection des résidents, dont la
survie dépend du tourisme. Cela ne le gêna pas non plus de nommer au poste de
Ministre de la Culture un autre membre de cette organisation terroriste. Avec
ces décisions, Morsi asséna le coup de grâce à l’industrie du tourisme en
Egypte.
Et si les gens n’ont pas envie de venir en Egypte, comment pourraient-ils
investir ?
Les Frères musulmans, apparemment, ne voulaient plus de touristes
occidentaux en Egypte, même s’ils représentent une importante source de
devises. Il semblerait que le Cheikh Hazem Salah Abu Ismail, un islamiste
ultra-conservateur et membre de la confrérie, avait demandé à Morsi de ne plus
permettre aux touristes occidentaux de venir en Egypte et de les remplacer par
des touristes des pays musulmans. Ainsi, les purs musulmans n’auraient pas été
souillés par les impurs occidentaux. (Hélas, ils ne rappellent pas les
« purs » musulmans d’Occident en terre d’islam).
La vie sous Morsi devenait de plus en plus dure. Pour de nombreux Égyptiens le manque de nourriture, d’eau, d’électricité, de médicaments,
constituait la norme quotidienne. En réponse aux doléances, Morsi apparaissait
à la TV et demandait au peuple encore un peu de temps, de patience, 10 ou 15
ans …
Au fur et à mesure que Morsi conduisait son pays vers un fossé
civilisationnel, certains commencèrent à se rebeller. Un mouvement
d’opposition, appelé « Tamarud » (rébellion) mobilisa 30 millions de
personnes. Ils occupèrent les rues d’Egypte et demandèrent le renversement de
Morsi et de son gouvernement d’islamistes radicaux.
Leur but, des plus légitimes, était d’enlever les commandes du pays des
mains de ce groupe de fous fanatiques qui allait apporter la famine à l’Egypte
et faire revenir le pays à l’âge des ténèbres.
Afin d’éviter la guerre civile, l’armée égyptienne destitua Morsi et nomma
un gouvernement provisoire avec l’aide de l’Université d’Al-Azhar, l’autorité
islamique la plus respectée de l’islam sunnite, du parti El Nour (un groupe
ultra-conservateur), de l’Eglise copte, et d’un certain nombre de partis
laïques.
Comme c’était à prévoir, les Frères musulmans ripostèrent par les menaces
et les violences, en ciblant particulièrement les plus faibles : les
Chrétiens coptes, que personne ne protège et que la « communauté
internationale » ignore et méprise.
Des membres de la confrérie tuèrent une petite fille chrétienne copte dans
la rue, alors qu’elle sortait de l’église pour rentrer à son domicile. Ils
décapitèrent un commerçant chrétien et abattirent un prêtre dans le Sinaï. ils
exhibèrent trois religieuses nues dans les rues, comme des trophées de guerre.
Ils incendièrent les commerces chrétiens, des églises, notamment d’anciennes
églises de la haute Egypte. Leur but était de terroriser les Chrétiens et
effacer tout signe du passé chrétien en Egypte (exactement comme les
Palestiniens – avec l’aide active des européens de l’UNESCO – avec le passé
historique du peuple Juif sur sa terre ancestrale). C’est une obsession :
anéantir toute trace de l’histoire des peuples non musulmans. Vous verrez, ils
le feront aussi en Europe, en France.
Détruire l’espoir d’un avenir meilleur pour le pays ne leur suffisait pas.
Les islamistes massacrèrent également des officiers, des soldats, et des
policiers. Mohamet Beltagy, un politicien appartenant aux Frères musulmans,
déclara lors d’une interview télévisée que la violence cesserait quand Morsi
sera à nouveau président de l’Egypte.
De nombreux Égyptiens aimeraient comprendre pourquoi l’Occident et les USA
insistent pour soutenir Morsi au nom de la démocratie. Ce fut le même genre de
démocratie, via une élection démocratique, qui amena Hitler au pouvoir en
Allemagne et le Hamas à Gaza. L’élection ne représente qu’une petite partie du
processus démocratique.
Si le Hamas est sur la liste noire des organisations terroristes en
Occident, pourquoi n’est-ce pas le cas des Frères musulmans, leurs donneurs
d’ordres, s’interrogent les Égyptiens ?
Au Moyen-Orient, seules une économie forte, l’armée et la police sont les
garants de la stabilité. L’Egypte fut le premier pays arabe à choisir la voie
de la paix avec Israël. L’Egypte est le centre nerveux du monde
arabo-islamique. Les USA ont tout intérêt à avoir une Egypte stable, moderne et
prospère. L’Egypte ne peut devenir une autre Somalie ou un autre Afghanistan
contrôlée par ses propres Talibans.
Pourquoi l’Occident et les USA ne veulent-ils pas le comprendre ?
Pourquoi manifestent-ils leur soutien aux Frères musulmans ? Pourquoi
l’Occident et les USA veulent-ils s’ingérer dans les affaires intérieures d’un
pays souverain, contre la volonté de son peuple qui a compris son erreur de
choix démocratique et a pris son destin en main pour le corriger ?