vendredi 29 janvier 2016

Les socialistes : pourfendeurs de la laïcité en France

Les socialistes encouragent l'islamisme en Tunisie et l'aident à s'installer en France. Pour ne pas fâcher leurs amis pétromonarques, clients de la France et exportateur d'or noir mais aussi de wahhabisme, ils vont jusqu'à brader les règles du vivre ensemble, pour permettre au wahhabisme de prendre place dans le berceau même de la laïcité. Pourtant, les Tunisiens laïcs ont repris espoir lors de l'élection de François Hollande, persuadés que les socialistes seront à leur coté pour les soutenir dans leur combat contre les Frères musulmans ! Hélas non. C'est tout le contraire qui s'est produit. Les socialistes français ont poussé le cynisme jusqu'à leur vanter l'islamisme modéré des Frères musulmans, qu'ils disent démocrates ! 
On va voir si les Français apprécieront l'islamisme des "Frères". Car s'il est bon pour les Tunisiens, il doit l'être aussi pour eux. A moins d'un sursaut national contre ce cancer et contre les responsables politiques qui le laissent ronger la société française. 
R.B  

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Mohamed Sifaoui : 

Pourquoi Jean-Louis Bianco doit partir

FIGAROVOX/ENTRETIEN - Cent cinquante universitaires et chercheurs ont apporté leur soutien au controversé président de l'Observatoire de la laïcité. Pour Mohamed Sifaoui, maintenir Jean-Louis Bianco à son poste n'est pas acceptable.

Alexandre Devecchio - Alors qu'il est contesté par Manuel Valls, dans une missive au président de la République, 150 universitaires et chercheurs apportent leur soutien à Jean-Louis Bianco et Nicolas Cadène à la tête de l'Observatoire de la laïcité. Partagez-vous ce point de vue ? Et Pourquoi ?

Mohamed Sifaoui - D'abord, je vous remercie de me donner l'occasion d'exprimer mon point de vue au sujet de cette polémique. Ensuite, il est quand même cocasse de voir un homme de gauche défendre aujourd'hui la laïcité à travers un journal de droite. Même si je n'ignore pas que la plupart de vos lecteurs sont attachés à cette valeur essentielle, il reste que traditionnellement et historiquement, c'est une idée qui est défendue par les médias de gauche qui, pour certains, préfèrent de nos jours offrir des tribunes et une plus grande surface médiatique aux ennemis de la laïcité et aux islamistes. Cette attitude illustre, à elle seule, à quel point la gauche française est devenue faible, bête et incapable de défendre et d'incarner ce qu'elle est censée représenter. Dans cette faillite morale et politique de toute la gauche, sur des questions aussi essentielles que la laïcité, seul le courant de pensée qui se reconnaît dans le discours de Manuel Valls, arrive à tirer son épingle du jeu.

Pour répondre à votre question, je dirais que nous sommes en démocratie et chacun est libre de soutenir qui il veut et ce qu'il veut. Ce qu'il y a de formidable dans un espace démocratique, c'est que même les idées les plus dangereuses pour elles-mêmes ont le droit à l'expression. Je pense que le débat ne doit pas être situé au niveau du nombre de personnes ni de leur qualité ou de leur statut social qui apportent leur soutien à telle ou à telle démarche, car je rappelle que ce qui est reproché à Jean-Louis Bianco et à son collaborateur ne relève pas du simple conflit de personnes.

Le problème doit être résumé ainsi: voilà un homme, M. Bianco, qui, depuis son installation à la tête de cet observatoire, choisit d'être d'abord dans un total déni expliquant qu'il n'y avait aucun problème avec la laïcité alors que depuis plusieurs années, nous avons dans ce pays des pressions contre la mixité homme/femme, des groupes intégristes qui occupent l'espace public pour y accomplir la prière ou pour essayer d'imposer le voile islamiste et en faire un standard féminin musulman, alors que le débat n'est même pas tranché dans le monde musulman, d'un point de vue théologique. Ce déni les pousse à ne pas voir que des groupes islamistes tentent de fragiliser le cadre laïque. La seconde bizarrerie, c'est que Jean-Louis Bianco et son collaborateur ont passé plus de temps à critiquer et à fustiger les défenseurs de la laïcité que les vrais ennemis de cette valeur. Ils sont allés jusqu'à s'approprier cette novlangue imposée insidieusement par les islamistes qui tentent de faire passer des laïcs pour des racistes. C'est dire, cette facilité qu'ils ont à fustiger Elisabeth Badinter, une grande dame, féministe et républicaine, et à se montrer docile avec Tariq Ramadan, un intégriste notoire chantre de la pensée des frères musulmans. Pour enfin, signer un texte, a priori anodin, mais ô combien dangereux, qui, dès le 14 novembre, dédouanait totalement l'islamisme, voire même l'État islamique.

Il suffit de le relire pour s'apercevoir qu'à aucun moment le terrorisme n'est qualifié, comme s'il n'y avait aucune idéologie derrière cette violence. Et cela n'est pas un fait anodin, mais très grave. C'est la raison pour laquelle je demande le limogeage ou la démission de Jean-Louis Bianco: le président de l'observatoire de la laïcité a signé un texte qui dédouane l'islamisme et qui réduit le terrorisme du 13 novembre en un simple fait divers, une simple criminalité. Ce qui étaye ce que j'avance c'est cette phrase: «…ce crime dont seuls les auteurs sont coupables…». Non ! Derrière ce crime il y a une organisation terroriste qui s'appelle Daesh, une idéologie qui s'appelle le salafisme, une pensée qui s'appelle l'islamisme et en définitive, ce crime est l'illustration de ce que notre regretté Abdelwaheb Meddeb appelait «la maladie de l'islam». Ne pas désigner le totalitarisme qui a coûté la vie à 150 personnes durant l'année 2015, ce n'est rien d'autre qu'une nouvelle forme de négationnisme.
Pour finir, ce texte a été signé aux côté certes de quelques personnes respectables, mais trop naïves, avec des associations islamistes comme le CCIF ou des militants proches des Frères musulmans.

Alexandre Devecchio - Quel est le bilan de Jean-Louis Bianco à la tête de cette institution?

Mohamed Sifaoui - Le bilan? Quel bilan? Je vais le résumer en une phrase: la laïcité n'a jamais été autant fragilisée. Et les islamistes n'ont jamais autant été légitimés.

Alexandre Devecchio - L'observatoire de la laïcité est placé sous la responsabilité de Manuel Valls. Pourquoi ce dernier n'agit-il pas au-delà des déclarations d'intention?

Mohamed Sifaoui - Manuel Valls est, je le sais, très sensible à ces sujets depuis très longtemps. Mais je sais qu'au dessus de lui, il y a un Président de la République qui tente toujours de faire dans l'art de la synthèse et d'entretenir une certaine ambigüité. J'espère qu'il va mesurer les ravages que cette énième affaire est en train de causer. Pour l'instant, Bianco compte sur sa proximité avec Ségolène Royal pour s'imposer. S'il reste à son, poste, c'est que nous sommes chez la gauche des copains et des coquins, mais j'ai bon espoir de voir le Président se rendre compte de la nocivité, pour la laïcité, de Jean-Louis Bianco à la tête d'une institution censée «observer» la laïcité.

Alexandre Devecchio - Le président de la ligue de l'enseignement, Jean-Michel Lecomte, soutient également Jean-Louis Bianco à travers une tribune intitulée: «Non, la laïcité ne peut pas être islamophobe». Une manière de répondre à Elisabeth Badinter qui a récemment déclaré: «Il ne faut pas avoir peur de se faire traiter d'islamophobe.» Que pensez-vous du concept d'islamophobie ?

Mohamed Sifaoui - Je le répète depuis plusieurs années le concept d'islamophobie entretenu par les milieux islamistes et leurs alliés, vise à anesthésier le débat démocratique et à atrophier la réflexion. Ce chantage à l'islamophobie vise à interdire le blasphème, à bâillonner ceux qui voudraient fustiger les intégristes, et à empêcher de défendre les grands principes de la République. Car au nom du relativisme culturel, on a voulu introduire l'idée qu'il serait malvenu de réclamer une égalité de traitement pour l'ensemble des citoyens en faisant fi de leur croyance ou de leur non croyance. Ceux-là même qui critiquent l'Église catholique vont vous qualifier, y compris si vous êtes vous-même de culture ou de confession musulmane, «d'islamophobe» si vous critiquez le dogme islamique et même si vous critiquez le fanatisme qui s'exprime au nom de l'islam. C'est cette logique faite de bêtise, d'hypocrisie et d'ignorance qui a permis à l'extrême-droite de s'approprier ce débat en faisant croire qu'elle était la seule à défendre la «laïcité». Je vous dis que cette gauche là est ringarde et c'est elle qui remplit les rangs du Front national et à certains égards les rangs des islamistes.

Dans cette affaire, je soutiens totalement Elisabeth Badinter qui a toujours été dans les grands combats. Généralement, quand les lâches et les munichois regardent ailleurs, elle monte au front.

Alexandre Devecchio - Ce débat révèle-t-il deux conceptions de la laïcité?

Mohamed Sifaoui - Il y a eu historiquement deux conceptions de la laïcité. Mais là, ce n'est pas de cela qu'il s'agit. Car si l'ancien débat opposait les «bouffeurs de curés» et les laïcs, celui-ci est différent car il oppose les alliés des islamistes et les laïcs.

Alexandre Devecchio - Peut-on dire qu'il existe deux conceptions de la laïcité: une ouverte et une fermée?

Mohamed Sifaoui - Lorsqu'on veut vider la laïcité de sa substance, on lui rajoute un adjectif. C'est ce qu'avait tenté de faire Nicolas Sarkozy notamment. Je pense qu'au-delà de la laïcité, il convient, alors que nous sommes en guerre contre les terroristes islamistes, de répondre à quelques questions. C'est ce que j'ai fait tout en apportant les réponses qui me permettent, chaque jour, de me regarder dans une glace, même si les risques que je prends - et j'en suis conscient - sont énormes.

D'abord. Qui sommes-nous ? Ou qui voulons-nous être ? Une société démocratique, antiraciste, laïque, ouverte, croyant en l'altérité, défendant ses valeurs essentielles et les principes qui constituent son âme, consacrant la liberté, l'égalité et la fraternité dans le cadre de l'état de droit.

Ensuite. Qui est l'ennemi ? En l'espèce tous les tenants de la haine, de l'homophobie, du racisme et de l'antisémitisme et singulièrement ceux qui sont abreuvés des pensées totalitaires, en premier lieu l'islamisme, qu'il soit d'inspiration wahhabite ou issu de la pensée des Frères musulmans, sans oublier les tenants de l'extrême-droite, même si ceux-ci s'attaquent aux valeurs universelles sans tuer les gens à coups de kalachnikov.

Enfin comment devons-nous agir ? Fermement, toujours dans le cadre de l'état de droit, pour préserver ce que nous partageons en commun et pour éloigner tous ceux qui mettent en danger l'équilibre qui nous permet d'évoluer dans une société, qui n'est plus malheureusement apaisée, mais qui doit le redevenir. Et pour assurer cette paix civile, les religions doivent demeurer chez elles et les fanatismes religieux doivent être combattus sans relâche.

Comprenez une chose: les islamistes veulent fragiliser les valeurs fondamentales de ce pays. Nous devons les en empêcher coûte que coûte et éloigner tous ceux qui, par bêtise ou par ignorance, par calcul ou par cynisme, leur facilitent les choses. Il est tout de même grave de constater que la laïcité est fragilisée de l'intérieur au moment ou Daesh, dans sa dernière publication, s'attaque justement à la laïcité.

François Hollande dit que nous sommes en guerre contre le terrorisme islamiste. Il a raison de le dire. Mais aux côtés de qui compte-t-il mener cette guerre idéologique contre l'islamisme ? Aux côté de Bianco et de Cambadélis ? Bon courage…



jeudi 28 janvier 2016

L'islamisme, ce n'est pas que le terrorisme ...


L'ambition totalitaire de l'islamisme jihadiste est-elle vraiment nouvelle comme le laisse entendre l'intitulé de votre conférence ?

Non. Ce qui est nouveau, c'est son implantation dans les sociétés et dans le discours politique. Il y a une sorte de normalisation de ce phénomène et de son installation dans le paysage. Il y a une quarantaine d'années, y compris dans le monde "arabo-musulman", ce discours était à la marge. C'était plutôt le discours nationaliste porté par la pensée nassérienne et par l'Egypte, qui dominait. Et ce n'est qu'à partir de la fin des années 70 que la pensée islamiste s'est imposée, d'abord dans le paysage "arabo-musulman" puis progressivement, par le jeu des interpénétrations, des mouvements de populations et de l'explosion des canaux de communication, en Europe. On a connu plusieurs phases mais tout cela a commencé au lendemain de la révolution iranienne, certes chiite, mais qui a donné une nouvelle impulsion à la pensée islamiste de manière générale.

Sur quels arguments s'est construite cette pensée ?

D'abord autour de la notion de l'ennemi occidental représenté notamment par les Etats-Unis, puis elle a glissé sur le conflit israëlo-palestinien pour l'utiliser comme abcès de fixation. Et évidemment, en construisant toute une phraséologie judéophobe et ensuite clairement antisémite qui s'est installée dans la rationalisation d'une haine, laquelle haine trouve, selon ses concepteurs, sa justification dans la politique israélienne.

Mesure-t-on réellement la percée de cette idéologie en France ?

Je fais souvent le parallèle. Il y une quarantaine ou une cinquantaine d'années, un adolescent dans la transgression était plutôt dans une démarche et un discours anti-religieux. Aujourd'hui, pour se montrer dans l'outrance ou dans le rejet d'un système, il rejoint au mieux la bigoterie, au pire l'extrémisme religieux y compris dans des sociétés censées avoir immuniser leurs populations, à travers notamment l'école et la culture, de ces logiques extrémistes et obscurantistes. L'islamisme arrive à séduire y compris des non musulmans, des Européens issus même parfois de familles catholiques conservatrices. Et on a vu certains aller jusqu'à l'action terroriste et l'attentat-suicide.
On n'arrive pas pas encore à comprendre que le problème n'est pas que la manifestation violente de l'islamisme, à travers le terrorisme, mais l'ensemble du corpus qu'il propose comme pensée anti-laïque, anti-républicaine...

Comme expliquez qu'il aura fallu deux vagues d'attentats historiques en 2015 pour que nous mesurions l'ampleur du phénomène en France ?

Beaucoup de personnes ont commencé à y être sensibilisées après les événements de l'an passé, mais j'observe tous les jours que nous ne sommes pas si convaincus que cela de la gravité de la situation. Nous ne sommes pas dans une société totalement mobilisée sous un mot d'ordre commun. J'en donne pour preuve toutes les polémiques qui continuent de la diviser et, plus encore, la Gauche qui est au pouvoir. On n'arrive pas encore à comprendre que le problème n'est pas que la manifestation violente de l'islamisme, à travers le terrorisme, mais l'ensemble du corpus qu'il propose comme pensée anti-laïque, anti-républicaine, anti-féministe, homophobe, misogyne, antisémite et, en somme, anti-moderniste.

Pourquoi ce retard, ce décalage alors ?

D'abord, les terroristes auxquels nous faisons face aujourd'hui et ceux qui ont sévi au courant de l'année 2015 ne sont pas le fait d'une génération spontanée. Ils ont été travaillés discrètement par cette pensée non pas en quelques mois mais durant plusieurs années, et on n'a pas su décrypter sociologiquement les événements. Ensuite, beaucoup d'hommes politiques gèrent l'instant et l'actualité, et n'ont pas eu la vision nécessaire pour se projeter sur une durée assez longue. Enfin, je dirai que la question de l'islamisme aujourd'hui ne doit pas être appréciée à partir du seul terrorisme mais bien à partir de l'ensemble de son spectre. Ce qui implique que l'on comprenne que ce terrorisme sert des idéologies qui souhaitent imposer un projet de société à tout le moins aux musulmans, qu'elles soient d'origine wahhabiste saoudienne ou inspirées par la pensée des Frères Musulmans.

Le danger terroriste ne doit pas occulter les autres manifestations de l'islamisme en somme...

Oui et cela nécessite un effort d'appréciation. Certes, le terrorisme est le segment le plus spectaculaire et le plus dramatique du projet idéologique mais, en définitive, il n'en est pas le plus dangereux pour les sociétés. Ce qui peut faire s'effondrer des sociétés, c'est le clivage qui peut exister entre plusieurs projets qui vont se télescoper, s'affronter et créer les germes d'une guerre civile. En l'occurrence aujourd'hui, ce qui doit interpeller, c'est le nombre de personnes qui applaudissent à l'action terroriste ou lui cherchent des excuses, et en comprendre la signification. Le terrorisme n'est pas un fait nouveau en France, mais le traumatisme est différent parce qu'on a des gens qui se revendiquent du même territoire, de la même citoyenneté, et qui frappent leurs compatriotes.


L'un des problèmes majeurs de ce pays provient de là, de ces ghettos ou les gens sont parfois livrés à des minorités qui exercent sur eux des pressions culturelles, religieuses et carrément physiques.

Quel regard portez-vous sur la réaction et les actions engagées pour enrayer le phénomène ? La réaffirmation des valeurs républicaines semble ne pas toucher une partie de la population ?

Oui car, et c'est courant avec tous les extrémismes, ceux-ci ont réussi à ringardiser quelque-part la République. Et à transformer la question de sa défense, avec la complicité lâche, consciente ou inconsciente de certains élus, en simple incantation. Au delà des paroles, il faut des actions fortes. Et parmi elles, je pense qu'il faut travailler d'abord sur la déghettoïsation. L'un des problèmes majeurs de ce pays provient de là, de ces ghettos ou les gens sont parfois livrés à des minorités qui exercent sur eux des pressions culturelles, religieuses et carrément physiques. Et puis, il faut réenchanter la République, et vraiment raconter une histoire qui soit à la mode. Il est inconcevable que des gens qui promettent des choses extraordinaires à Raqqa puissent séduire des jeunes filles ou garçons et les amener à quitter les domiciles de leurs parents pour rejoindre des tueurs barbares. Ça, c'est inadmissible et c'est un véritable échec de la République.
Propos recueillis par Yves BOITEAU




Daech, l’armée des délinquants et des attardés mentaux

DAECH : Armée de brigands et de racailles recrutés pour le compte de pétromonarques pour avorter les "révolutions" dans les républiques "arabo-musulmanes", mais aussi pour servir leur ami américain et leur projet de redessiner le Moyen Orient.
R.B
Fabien de Chartres

Rapport d’Europol : Daech, l’armée des délinquants et des attardés mentaux
Même si chacun s'en doutait, le récent rapport d'Europol, rendu public par conférence de presse, a clarifié les choses à propos du mode d'action de Deach.
On apprend ainsi que l'état-terroriste peut frapper n'importe où, recrute partout et, fait nouveau (à voir), entraîne ses "commandos" en Europe. Les objectifs de ces pseudo-idéalistes de la "religion" sont désormais les cibles molles, autrement dit les civils. Puisqu'il est compliqué et risqué de s'en prendre aux forces de l'ordre et aux militaires, les martyrs à deux balles préfèrent s'en prendre aux civils. Nos Che Guevara version barbe mal taillée ne sont ni courageux ni téméraires, et ne connaissent qu'un principe : effrayer les femmes et les gosses. 
Las des grands discours des nombreux spécialistes de géopolitiques et dérivés, les français peuvent tirer quelques simples conclusions du topo d'Europol à propos de la nature des troupes djihadistes :
80% de ces individus sont des délinquants multirécidivistes, parfois liés au grand banditisme. Les 20% restants sont des cas psychiatriques cliniques, autrement dit des tarés. Niveau culturel zéro, aucune formation politique ou idéologique, juste de l'embrigadement sectaire pour fabriquer de la chair à canon (ou plutôt à prophète-gourou).
On comprend mieux, du coup, la nature des guerilleros "daechiens", leur violence et leur haine. Abu Bakr et les officiers de Saddam Hussein, têtes pensantes du mouvement, ont vidé les prisons du Proche-orient pour composer leurs troupes. Ils savent qu'on ne fait pas des troupes de choc avec des enfants de chœur et des gens cultivés. Il est difficile de manipuler des êtres humains sur la base de principes datant du moyen-âge et des bas-fonds de l'humanité. Tueries, viols, racisme et pillage sont les adages de Daech, le paradis des voyous de tous les horizons. Quel truand n'a jamais rêvé d'un "état" voué à assouvir ses bas instincts ?
Ainsi la France et ses banlieues "difficiles", où chômage et échec scolaire sont le lot d'une population souvent hostile aux nobles principes de la république, galvanisée depuis vingt ans par le "nique la France", le rap débile et la dénationalisation (logique libérale oblige), est un terrain fertile pour recruter d'influençables pantins prêts à se sacrifier au nom de fables inculquées dans leur petite tête : le principe même du lavage de cerveau.
Et la religion dans tout cela ? Cet Islam qui effraie tant les braves gens ? On voit mal des Abaoud passer leur journée à lire le Coran, d'ailleurs ont-ils lu un livre dans leur vie ? Daech est condamné par tous les pays arabes, des dizaines de fatwas, y compris par le jihad islamique et les iraniens. Les origines de cet aéropage sont floues. Par le passé, les chrétiens ont cohabité avec les musulmans au proche-orient, l'islam, par le califat de Bagdad, a produit une civilisation médiévale raffinée avec ses savants et ses intellectuels. Loin de l'idéal des jihadistes niqueurs...
Europol a donc remis les points sur les i. Ce n'est pas l'EI qui infiltre l'Europe, mes nos racailles, las de brûler des voitures et de pourrir la vie des quartiers, qui ont proposé leurs services. La nuance est de taille dans la chaîne du terrorisme. Surtout, elle démontre le point le plus dérangeant : c'est bien la décrépitude des quartiers populaires, l'absence de politique d'assimilation et la négligence de notre classe dirigeante qui sont responsables de l'embrigadement des assassins. Nous passons des émeutes de banlieues au terrorisme.
A l'heure de la baisse des dépenses publiques et de la rigueur budgétaire, où les intérêts du CAC 40 comptent davantage que ceux du petit peuple, les quartiers pauvres livrés à eux-mêmes peuvent constituer non seulement un vivier de recrutement, mais un champ d'entrainement : caves et terrains de foot, en des endroits où la république a déserté, risquent de devenir des champs de manœuvres militaires.
Ainsi Daech, en partenariat avec les banlieues françaises, a labellisé un concept : celui de l'armée des racailles, déjà entrevu avec les khmers rouges de Pol Pot dans les années 70, époque où le terrorisme occidental (marxisme) ne concernait que des bobos rebelles, mais instruits et cultivés. L'idée de tirer dans la foule ne leur venait pas à l'esprit. Question d'époque, mais aussi de repères et de logique...

Face aux islamistes, l'Occident brade ses valeurs des Lumières

La daechisation des esprits touche aussi les responsables politiques européens ! 
Non seulement on cache ce qui pourrait gêner les marchands du temple, mais aussi on ne pose pas les questions qui les fâcheraient !
Voilà où en est l'Occident qui se prosterne devant l'or noir !!
R.B
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Pour les beaux yeux de l’Iran, l’Occident abdique ses valeurs

En visite à Paris ce 27 janvier, le président iranien Hassan Rohani était en Italie les deux jours précédents. A cette occasion, des statues de nus ont été dissimulées dans les musées du Capitole. Une concession inacceptable, réagit la presse italienne.
Contre le terrorisme, il nous faut apporter “une réponse globale, qui ne soit pas seulement militaire, mais aussi politique, culturelle et civile”. Ainsi parlait Matteo Renzi, au lendemain des attentats de Paris, rappelle le quotidien Il Foglio. Le Premier ministre avait insisté sur le besoin d’une “réponse culturelle” et annoncé avec une apparente sagesse que chaque Italien de 18 ans recevrait un bon de 500 euros pour des activités culturelles.
Ce même Renzi accueillait le président iranien Hassan Rohani, ces 25 et 26 janvier, à l’occasion de sa visite historique en Europe après la signature non moins historique de l’accord sur le nucléaire iranien en juillet dernier. Au programme romain de Rohani, des rencontres avec le pape, le Premier ministre et le président, mais aussi des visites, dont celle des musées du Capitole où, par précaution, les statues de nus ont été recouvertes de caissons de bois.  


“C’est donc ça, notre réponse culturelle ? fulmine Il Foglio. Mettre la burqa à quatre mille ans de tradition occidentale quand arrive un chef d’Etat en vêtement islamique ?” Nous voilà “humiliés chez nous”, renchérit le quotidien romain Il Tempo, qui sanctionne en titre cette “burqa d’Etat”. Même formulation à la une du journal de droite Libero, qui s’interroge : les 17 milliards d’euros de contrats qui seraient en jeu pour les entreprises italiennes “sont-ils un juste prix pour s’agenouiller face à l’islam et accepter la soumission ?”

Mais oui, visiblement, 17 milliards méritent même qu’on évite les questions embarrassantes comme celles-ci : est-il vrai qu’en 2015, 980 condamnations à mort ont été appliquées, soit 3 par jour ? Qu’on pend les homosexuels et les personnes coupables d’adultère ?”

Le poids des symboles

La presse conservatrice n’est pas la seule à s’insurger. Dans son éditorial intitulé“Soumission”, La Stampa s’emporte contre ce comportement “sans dignité” qu’elle juge typiquement italien et qui consiste à “traiter l’invité comme s’il était le patron”. Pour Il Tempo, c’est même faire offense à l’Iran que de dissimuler le patrimoine de la Rome antique, alors que ce pays est lui-même l’héritier de la riche tradition persane – qu’il est loin de renier – et ne doit surtout pas être associé aux barbares de l’organisation Etat islamique. D’ailleurs, reprend La Stampa dans un autre article, “on ne comprend pas très bien si les statues ont été occultées à la demande des Iraniens ou par excès de zèle des Italiens”.
De son côté, le journal de centre gauche La Repubblica se penche sur la question de l’ouverture et du poids des symboles, et interroge :  
Ce que nous faisons volontiers pour un hôte qui vaut 17 milliards, ne devrions-nous pas le faire pour les nouveaux Italiens qui, lorsqu’ils arrivent ici (quand ils y parviennent), n’ont qu’eux-mêmes (et encore…) et retirer par exemple les crucifix des écoles et des tribunaux de notre Etat laïc ?”



dimanche 24 janvier 2016

Lettre ouverte à BCE, par un déçu de Nidaa Tounes



A Monsieur le Président de la République Tunisienne

Monsieur Le Président,
Comme tant de simples citoyens tunisiens, je vous ai suivi, soutenu et me suis engagé dans la voie tracée avec d’autres personnes valeureuses dans l’unique but de sauver la Tunisie d’un enlisement dramatique. 
Pour ma part, j’estime que vous avez été digne à deux reprises. En 2011, en menant à terme les premières élections libres et démocratiques en Tunisie ; puis en 2012, quand vous avez suivi la société civile, dans un sursaut salvateur. De la maturité de cette société civile est né le « groupement » Nidaa Tounes, dont on paie aujourd’hui le prix de son hétérogénéité. C'est le mouvement citoyen spontané arrivé au moment propice qui vous ont fait et non l'inverse.

Comme il est intéressant d’aborder les problèmes complexes avec des idées simples, vous nous avez embarqué dans les élections avec la notion de « vote utile » contre ceux qui portent un projet passéiste pour la Tunisie. Nous y avons cru ! 
Vous nous avez conté une belle histoire, mais il se trouve que Cendrillon s’est transformée en Belphégor !

Vous êtes passé de sauveur à pourfendeur des valeurs de la Nation. Vous êtes passé de protecteur à destructeur de nos espoirs. De la « Haïbet Eddawla » (Prestige de l'Etat) vous en avez fait « Khaïbet Eddawla » (Désolation de l'Etat). Enfin, vous espériez transmettre un flambeau qui ne vous appartient plus, à votre descendant, sans aucune considération pour le respect de la démocratie que vous êtes censé respecter et protéger. 
Même vos prédécesseurs n'ont pas osé…

Telle fût ma déception, aussi grande que le soutien sans faille que je vous ai apporté, comme le million 700 000 tunisiens et surtout tunisiennes ; je peux aisément imaginer la leur.
Non seulement vous étiez en décalage avec le peuple et le moment douloureux que l’on traverse, mais vous êtes, de surcroît, intervenu dans les affaires internes du Parti Nidaa Tounes dans plusieurs allocutions à l’adresse de la Nation. 
Vous vous êtes même permis de vous imposer au pseudo congrès de Sousse ficelé préalablement par vous, dans le dessein de sceller la plus grande traîtrise pour vos électeurs. 
Un véritable suicide électoral ! 

Vous nous avez ramené celui qui devait être, à vie, notre adversaire politique. Je n’en veux pas à ce Monsieur respectable à mes yeux, de défendre un projet auquel il croit et que je ne partage pas. De plus, n’étant pas en accord avec ce qu’il dit, je me battrai jusqu’à la mort pour qu’il puisse continuer à s’exprimer. Mais pas au sein de Nidaa ! Encore moins lors de son congrès, alors qu’il traverse une phase de maturation difficile ! Un non-sens politique !

Vous vous êtes laissé convaincre par un Cheikh malicieux, qui n’aura fait qu’obtenir la déconfiture du parti vainqueur des deux dernières élections. Il voulait se débarrasser de son adversaire le plus sérieux qui l’a déjà battu. Le chef de ce parti n’arrête pas de vous jouer la sérénade avec le baiser du serpent, je n’ose encore croire à votre naïveté. Vous avez fait de « deux lignes parallèles » une convergence qui est improbable. 

Votre persévérance à être « à côté » du vent de l’Histoire, me permet de douter de votre prise de conscience des conséquences d'une alliance contre-nature. La politique est l’art des compromis mais pas de la compromission.

Malgré toute l’estime que je vous porte, et vous le savez, et la considération qui sied à votre fonction, je suis déçu, Monsieur Beji Caïd Essebssi. Je suis très déçu !

De Nidaa, parti gagnant, vous en avez fait un parti non régnant ; à la traîne d'un parti arrivé pourtant en deuxième position. Je n’ai jamais vu cela : un parti gagne les élections et ne gouverne pas. Je n’en ai pas rêvé, vous l’avez fait !

Nous avons voté pour un parti auquel on croyait, qui a réussi à fédérer les tunisiens et tunisiennes qui défendent la Tunisie de demain, démocratique, novatrice et tournée vers la modernité sans renier ses racines. Non seulement, vous n’avez pas réussi à gouverner, mais cette foule de braves gens s’est sentie flouée, et ne se retrouve plus majoritaire au sein de l’Assemblée des Représentants du Peuple.
Au nom de tous les patriotes de Tunisie, et particulièrement les honnêtes gens qui vous ont soutenu naguère, je vous demande, Monsieur le Président, de vous ressaisir. 
Car si vous ne le faites pas, le peuple le fera pour vous.

Caressant le rêve de vous voir enfin nous proposer votre vision pour la Tunisie, je vous prie de croire, Monsieur le Président, en mon profond respect pour votre fonction.

TAHYA TOUNES !

Dr Marouen Boulouedhnine
Simple patriote, Ex-Nidaïste


La laïcité : Enjeu politique pour islamistes

La laïcité est malmenée en France, son berceau, par des responsables politiques par populisme; mais aussi par les Frères musulmans qui disent des laïcs, par populisme aussi, mais par malhonnêteté intellectuelle également, qu'ils sont athées. 
Il est de voir certains la défendre quitte à enfoncer le clou en affirmant que Dieu est laïque !
R.B
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Dieu est laïque

En juin de l’année dernière, Marianne publiait un appel, « Laïcité, il est temps de se ressaisir ! », signé par des personnalités aussi diverses qu’Elisabeth Badinter et Abdennour Bidar, Marcel Gauchet, Patrick Kessel, François Baroin et Jean Glavany… Leur démarche exprimait leur souci de faire vivre la laïcité « sans blesser mais dans la clarté et la fermeté ». Cette clarté commençait — et commence toujours — par débarrasser le terme des qualificatifs dont on l’a encombré. 

Dès le début des années 2000 on a vu, en effet, fleurir les termes de « laïcité ouverte », « laïcité positive » et autres bimbeloteries sémantiques relevant de la culture de l’excuse et reprises complaisamment par une grande partie de la classe politique, vidant le mot de sa substance. 
Aujourd’hui encore, même après les assassinats planifiés des 7, 8 et 9 janvier, certains intellectuels en chambre et des élus mûrs pour des émissions de télé-réalité s’efforcent de nous présenter le mot « laïcité » comme une insupportable agression. 

Il nous semblerait plutôt que la violence se situe du côté de ceux qui refusent de reconnaître les lois de la République mais, dans ces affaires, le bon sens est assez rarement partagé. Quitte à déplaire une nouvelle fois, réaffirmons qu’à Marianne nous défendons la laïcité, rien que la laïcité, toute la laïcité, et que celle-là ne consiste pas à séparer l’homme de la religion mais à séparer le religieux de l’Etat et de ses institutions.

Le paradoxe de cette situation est que la laïcité, loin d’être l’adversaire de la religion, peut être sa meilleure alliée. En remettant le religieux à sa place, elle le pousse à se recentrer, c’est-à-dire à approfondir sa foi et à ne plus se disperser dans des arbitrages sans fin de ce qu’il convient de faire ou de ne pas faire.

Moins une religion intervient dans le temps des hommes, notre pauvre temporalité, plus elle se tourne vers l’infini temps de Dieu. Tous les mystiques, qu’ils soient juifs, chrétiens, musulmans… attestent de cette expérience. Plus la religion quitte le lit de camp du temporel, plus elle se tourne vers le spirituel, qui est sa vocation première. A l’inverse, plus la religion s’abandonne dans le rituel (deux frigos, interdits alimentaires, de vêtements, pas de gélatine de porc dans les médicaments, etc.) et moins elle a de chances de retrouver un jour le chemin du cultuel.

Un laïque sait que la menace provient des religions politiques, pas de la religion. Ceux que nous ne comprenons pas et qui se perdent dans l’identitarisme religieux ne sont pas malades d’un trop-plein de religion mais, au contraire, d’un manque de connaissance. Lorsque l’on approche les sommets de spiritualité de l’islam, comment ne pas être atterré, par contraste, par le néosalafisme, ce chaudron régressif, cette secte politique pour les nuls ? Comment oublier que, partout dans le monde musulman, cette nouvelle forme de totalitarisme commence par effacer, éradiquer, anéantir toute trace de spiritualité ? L’intégrisme est « l’asile de toutes les ignorances », pour paraphraser Spinoza. Il remplace la religion par des slogans dignes de brèves de comptoir, les faits, par l’affect, le sentiment religieux, par le ressentiment sectaire. 

Alors oui, Dieu est laïque parce qu’il est trop parfait pour avoir besoin de tous ces attributs de la puissance que l’on dépose à ses pieds comme s’il s’agissait d’une vulgaire idole carthaginoise au ventre brûlant. Il est laïque car, comme le savent les pères spirituels de toutes les religions, il nous a donné la possibilité de douter, y compris de notre propre doute.



LE CERCLE VICIEUX DE LA CRISE EN TUNISIE

Pour attirer les investisseurs, il faut que la sécurité soit assurée et que l'état de droit soit restauré.
Pour attirer les touristes et relancer l'industrie du tourisme, il faut en finir avec le terrorisme et autres sabotages.
Pour relancer l'économie, il faut restaurer la sécurité et la justice.

En attendant, le chômage augmente, la paupérisations s'intensifie et le mécontentement gronde ... terreau propice aux "Frères", dont ils jouent pour mettre le pays à feu et à sang à la demande.

Or Nidaa Tounes n'a pas su rétablir les deux conditions nécessaires pour relancer l'économie et pour résorber le chômage, que sont la sécurité et la justice !
Comment pourrait-il en être autrement, quand les nidaa-istes n'ont rien trouvé de mieux que de s'allier aux Frères musulmans et de leur confier les ministères de l'Intérieur et celui de la Justice, les deux ministères dont dépendent la sécurité du pays et la justice sociale ?

Les tunisiens ont pu constater le fonctionnement bizarre de ces deux ministères infiltrés par les "Frères" : les arrestations et emprisonnements pour délit de "vie privée non conforme aux coutumes wahhabites" se multiplient et libération de terroristes à peine arrêtés, se généralisent !

Ignorent-ils à ce point que le terrorisme a été introduit, installé et développé en Tunisie par les "Frères", pour servir leur agenda "politique" ?
Sont-ils si naïfs, pour croire un seul instant que les "Frères" vont mettre un terme à la violence et au terrorisme, leur unique culture "politique" ?

En tout cas, BCE naïf ou mauvais stratège, a cru calmer les "Frères" et a cru à tort pouvoir faire confiance à Ghannouchi qui promet tout et son contraire pourvu qu'il reste le maître du jeu politique !
Ce que continue de faire Ghannouchi, conseillé par les meilleurs stratèges américains :
Le pays est à nouveau à feu et à sang, preuve que Ghannouchi se moque bien de BCE qui a cru qu'il mettra fin au cycles de violence sous traitée par ses "enfants" et par son ami Marzougui !

Rachid Barnat

samedi 23 janvier 2016

L'Occident complice des Frères musulmans turcs ?

L'islamisme des Frères musulmans s'installe en Turquie mais aussi en Tunisie par la faute de responsables politiques occidentaux dont l'ignorance passive, le dispute au cynisme délibéré.
R.B
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Jean-François Colosimo

L'alliance de la Turquie avec Daech est objective

Jean-François Colosimo a accordé un entretien-fleuve à FigaroVox au sujet du rôle géopolitique de la Turquie au proche-orient. Il déplore le double-jeu d'Erdoğan et la passivité de l'Europe.

On a appris les bombardements d'un village chrétien de Sharanish au nord de l'Irak, dans le cadre des opérations anti-PKK. Juste après les attentats d'Istanbul, la Turquie avait lancé une campagne de frappes aériennes contre Da'ech en Irak et en Syrie. Quel est son ennemi prioritaire, Da'ech ou les minorités?

Jean-François Colosimo: Une vague de bombes qui revêt valeur d'avertissement pour l'État islamique et de gage pour les États-Unis ne saurait épuiser la question du double jeu d'Ankara dans la nouvelle crise d'Orient. Le fait de se vouloir à la fois le champion de l'Otan et le passeur de Da'ech n'engage pas d'autre ennemi prioritaire que soi-même. La Turquie est en lutte contre la Turquie. Elle combat les spectres des massacres sur lesquels elle s'est édifiée. Que les minorités, chrétiennes ou autres, souffrent au passage, c'est leur sort. Car toute l'histoire moderne du pays se conjugue dans ce mouvement de balancier perpétuel entre adversité du dehors et adversité du dedans. Et au regard duquel les changements de régime ne comptent guère.

Comment s'est opéré le basculement d'une Turquie laïque vers l'intensification de l'emprise de l'islam sur toute la société? Quel est le sort des minorités ethniques et religieuses?

Jean-François Colosimo: Afin de comprendre la Turquie d'aujourd'hui, il faut, comme il est d'habitude en Orient, s'établir sur le temps long. Plusieurs illusions de perspective menacent en effet une claire vision: qu'il y aurait une permanence en quelque sorte éternelle de la Turquie, qu'il y aurait lieu d'opposer la Turquie laïciste de Mustafa Kemal et la Turquie islamiste de Recep Erdoğan, que l'avenir de la Turquie serait nécessairement assuré.
La Turquie contemporaine est incompréhensible sans l'Empire ottoman, lequel est lui-même incompréhensible sans l'Empire byzantin qui l'a précédé: comment passe-t-on, à l'âge moderne, d'une mosaïque multi-ethnique et pluri-religieuse à des ensembles nationaux et étatiques cohérents? Or, la décomposition de l'Empire ottoman, entamé dans les années 1820 avec l'indépendance de la Grèce, n'en finit pas de finir. Depuis la chute du communisme, de Sarajevo à Bagdad, les récents incendies des Balkans et les présents incendies du Levant attestent de sa reprise, de sa poursuite et de son caractère, pour l'heure, inachevé.

Ce processus historique, déjà long de deux siècles, explique à la fois la naissance et l'agonie de la Turquie moderne. Deux événements relevant de la logique de la Terreur encadrent son surgissement: le premier génocide de l'histoire, commis en 1915 par le mouvement progressiste des Jeunes-Turcs, soit 1 600 000 Arméniens d'Asie mineure anéantis ; la première purification ethnique de l'histoire, entérinée par la Société des Nations en 1923, consécutive à la guerre de révolution nationale menée par Mustafa Kemal et se soldant par l'échange des populations d'Asie mineure, soit 1 500 000 Grecs expulsés du terreau traditionnel de l'hellénisme depuis deux mille cinq cents ans. Une dépopulation qui a été aussi bien, il faut le noter, une déchristianisation.
La déconstruction impériale que se proposait d'acter le Traité de Sévre en 1920, en prévoyant entre autres une Grande Arménie et un Grand Kurdistan, laisse la place à la construction de la Grande Turquie, acquise par les armes, qu'endosse le Traité de Versailles en 1923. La Turquie naît ainsi d'un réflexe survivaliste. Elle doit perpétuer sa matrice, continuer à chasser ses ennemis pour exister, sans quoi elle risque de retomber dans la fiction et l'inexistence. L'ennemi extérieur a été battu. Reste à vaincre l'ennemi intérieur. Ou, plutôt, les ennemis, tant ils sont nombreux et tant la fabrique nationaliste ne fonctionne qu'en produisant, à côté du citoyen-modèle, son double démonisé.

Qui ont été les victimes de cette politique?

Jean-François Colosimo: Dès l'instauration de la République par Kemal, la modernisation et l'occidentalisation se traduisent par l'exclusion. C'est vrai des minorités religieuses non-musulmanes, ce qu'il reste de Grecs, Arméniens, Syriaques, Antiochiens, Juifs, Domnehs (ou Judéo-musulmans), Yézidis, etc. C'est vrai des minorités musulmanes hétérodoxes, Soufis, Alévis, Bektâchîs, etc. C'est vrai des minorités ethniques, Kurdes, Lazes, Zazas, etc. 
Toute différence est assimilée à une dissidence potentielle. Toute dissidence est assimilée à un acte d'antipatriotisme. Tout antipatriotisme doit être supprimé à la racine. Tout signe distinct de culte, de culture ou de conviction doit être dissous dans une identité unique, un peuple idéal et un citoyen uniforme.

Cette guerre intérieure, que conduit l'État contre ces peuples réels au nom d'un peuple imaginaire, parcourt le petit siècle d'existence de la Turquie moderne. De 1925 à 1938, elle est dirigée contre les Kurdes à coups de bombes, de gaz et de raids militaires. En 1942, elle prend un tour légal avec la discrimination fiscale des communautés «étrangères», dont les Juifs, et la déportation dans des camps de dix mille réfractaires. De 1945 à 1974, elle s'appuie sur les pogroms populaires, à l'impunité garantie, pour liquider les derniers grands quartiers grecs d'Istanbul et leurs dizaines de milliers d'habitants tandis qu'à partir de 1989, les institutions religieuses arméniennes se trouvent plus que jamais otages d'un chantage à la surenchère négationniste. Avec les putschs de 1960, 1971, 1980, la guerre devient celle de l'armée contre la démocratie. Hors des périodes de juntes, elle est le produit du derin devlet, de «l'État profond», alliance des services secrets, des groupes fascisants et des mafias criminelles qui orchestre répressions sanglantes des manifestations, éliminations physiques des opposants et attentats terroristes frappant les mouvements contestataires: ce qui aboutit par exemple, entre les années 1980 - 2010, à décapiter l'intelligentsia de l'activisme alévi. Mais la guerre classique peut aussi reprendre à tout moment: dite «totale», puis «légale» contre le PKK d'Abdullah Öcalan avec la mise sous état de siège du Sud-Est, le pays kurde, elle présente un bilan de 42 000 morts et 100 000 déplacés à l'intérieur des frontières en vingt ans, de 1984 à 2002.

La prise de pouvoir d'Erdoğan et de l'AKP va permette un retour de l'islam au sein de l'identité turque. Elle acte en fait une convergence sociologique qui a force d'évidence démographique, accrue par la volonté de revanche des milieux traditionnels marginalisés par le kémalisme, des classes laborieuses délaissées par les partis sécularisés, de la paysannerie menacée par la modernisation mais aussi, dans un premier temps, des minorités tentées de rompre la chape de plomb étatique. La réalité va cependant vite reprendre ses droits: le fondamentalisme sunnite devient la religion constitutive de la «turquité» comme, hier, l'intégrisme laïciste. La couleur de l'idéologie change, mais ni la fabrique, ni la méthode, ni le modèle. Les minorités, abusées, trahies, redeviennent les cibles d'une construction artificielle et imposée. Mais entre-temps, à l'intérieur, la société est divisée puisqu'elle compte une avant-garde artistique et intellectuelle constituée. Et à l'extérieur, la stabilité intermittente issue du Traité de Lausanne cède devant les réalités oubliées du Traité de Sèvres.

Quelles sont les ambitions géopolitiques de la Turquie dans la région proche-orientale et caucasienne?

Jean-François Colosimo: Parallèlement à son entreprise d'islamisation de la société, Erdoğan a voulu établir la Turquie comme puissance internationale conduisant une politique autonome d'influence. La Turquie laïciste et militaire de la Guerre froide, intégrée au bloc occidental, n'est plus qu'un fantôme, servant de leurre à une ambition néo-ottomane. La Turquie veut à nouveau dominer le monde musulman proche-oriental. Or les pays arabes du Levant ont précisément fondé leur indépendance sur le rejet du joug des Turcs-ottomans, considérés comme des intrus politiques et des usurpateurs religieux et les anciennes républiques musulmanes d'URSS restent dans l'orbe de Moscou. C'est la limite de l'exercice.

Erdoğan a néanmoins voulu jouer sur tous les tableaux: comme protecteur des entités ex-soviétiques turcophones en Asie centrale et sunnites au Caucase ; comme médiateur de la Palestine et de la Syrie au Machrek ; comme allié des populations islamisées d'Albanie, du Kosovo et de Bosnie en Europe ; et même comme défenseur des Ouïghours musulmans en Chine. Le signe le plus probant de sa rupture avec l'Occident étant de s'être posé en adversaire d'Israël, jusque-là l'allié d'Ankara, à l'occasion de ses sorties verbales à Davos ou des expéditions navales présentées comme humanitaires à destination de Gaza.

Le fil rouge? Que la Turquie, sortie de l'effondrement de l'Empire ottoman, déportée à l'Ouest par une laïcisation jugée contre-nature, redevienne la première puissance du monde musulman et sunnite.

Comment comprendre l'emprise d'Erdogan et de l'AKP, un parti islamo-conservateur, sur un pays qui semblait avoir réalisé une entreprise d'européanisation et de laïcisation depuis un siècle?

Jean-François Colosimo: La pointe fine de la société civile, souvent remarquable, issue des anciens milieux cosmopolites d'Istanbul-Constantinople ou d'Izmir-Smyrne, tournée vers l'Europe non pas comme modèle de technicité mais de culture, reste malheureusement inefficace dans l'ordre politique. De surcroît, maladie fréquente dans les pays musulmans de Méditerranée orientale, l'opposition démocratique est éclatée, les forces progressistes étant divisées, notamment à cause de la question des minorités. Enfin, Erdoğan a su mener une guerre souterraine visant à soumettre les pouvoirs qui pouvaient lui résister: militaire, parlementaire, judiciaire, médiatique, et même religieux. L'erreur et la honte de l'Europe sont d'avoir laissé se développer son emprise tyrannique.

Il faut rappeler l'affaire Ergenekon, du nom d'un réseau supposément composé de militants nationalistes sous la coupe d'officiers militaires et démantelé par le gouvernement islamiste. Entre 2008 et 2010, à la faveur d'une instruction et d'un procès fleuve, trois cents personnes ont été arrêtées, 194 inculpées, et les condamnations aussi nombreuses ont permis de mettre au pas l'armée et de discréditer l'idéologie républicaine. Il faut rappeler les dizaines et dizaines de journalistes virés sur ordre d'en-haut, emprisonnés pour offenses à la patrie, à l'islam, au chef de l'État. Il faut rappeler les poursuites judiciaires contre l'écrivain Orhan Pamuk qui avait osé évoquer le génocide des Arméniens, contre le pianiste Fazil Say qui avait osé se déclarer athée. Mais aussi la restauration du voile dans l'espace public sous prétexte de liberté de conscience, l'hypertaxation du raki et plus généralement de l'alcool sous prétexte de lutte contre l'alcoolisme, la multiplication des mosquées sous prétexte de la moralisation de la jeunesse, etc.

Dans le même temps, le mouvement protestataire né à Istanbul après qu'Erdogan a annoncé sa volonté de détruire le Parc Gezi de Taksim, ce bastion alévi, a récemment enflammé la Turquie. La résistance qui existe est ainsi populaire et parcourue par les survivances minoritaires.

Nous sommes face à un engrenage et une dérive autoritaire qui ne dit pas son nom. Au point que, alors qu'Erdoğan fustige «les nationalismes ethniques et religieux qui menacent la Turquie» (sic), bat le rappel de la pièce de théâtre qu'il avait écrite dans les années 1970 et dans laquelle il dénonçait le complot franc-maçon, juif et communiste, qu'il avance que les musulmans ont découvert l'Amérique avant Christophe Colomb ou que l'hitlérisme a été un facteur de modernisation, qu'il se fait construire un palais de mille pièces à Ankara, c'est son mentor spirituel, l'islamiste Fethullah Gülen, qui dénonce la mainmise et la corruption de l'AKP!

Or, signe des temps, les dernières élections ont vu pour la première fois des Turcs non- kurdes voter pour des candidats kurdes, en l'occurrence ceux du parti HDP mené par Selahattin Dermitaş. Cela montre que la société entend barrer la route à la révision constitutionnelle grâce à laquelle Erdoğan veut s'attribuer les pleins pouvoirs. 

C'est dans ce contexte qu'est survenue l'instrumentalisation des attentats attribués à Da'ech.

Quelle position la Turquie a-t-elle adopté à l'endroit de Da'ech?

Jean-François Colosimo: Le sommet de la politique d'islamisation d'Erdoğan est le soutien implicite de la Turquie à Da'ech, par hostilité au régime d'Assad, aux courants progressistes arabes, et par une alliance objective sur le sunnisme fondamentaliste. La Turquie s'élève enfin contre l'essor de l'identité kurde en Turquie et, de ce point de vue, son alliance avec Da'ech est objective.

C'est l'État turc qui a déverrouillé l'État islamique en lui offrant un hinterland propice au transport des combattants, à l'approvisionnement en armes, au transfert de devises, au commerce du pétrole. C'est la société turque qui souffre de ce rapprochement insensé. 

C'est l'Europe qui s'entête à demeurer aveugle à cette connivence mortifère.

Pour quelle raison cette ambiguïté turque n'est-elle pas dénoncée par les pays qui luttent contre l'État islamique?

Jean-François Colosimo: Parce que l'Europe impotente, sans diplomatie et sans armée a cédé au chantage d'Erdoğan sur l'endiguement supposé des réfugiés. Argent, reconnaissance, soutien, silence: Merkel et Hollande ont tout accordé à Erdoğan. Surtout, l'Union se plie au diktat de la politique ambivalente d'Obama qui privilégie l'axe sunnite, saoudien-qatari-turc, avec pour souci premier de ne pas sombrer l'Arabie saoudite dans le chaos.
Comment une Turquie entrée dans une phase d'islamisation à marche forcée peut-elle encore espérer intégrer une Union européenne laïque? Pour quelle raison l'UE, depuis 1986, continue-t-elle à fournir des fonds structurels à un État dont il est hautement improbable qu'il entre en son sein?

La Turquie, en raison de son héritage byzantin, partagé entre l'Ouest et l'Est, a depuis toujours manifesté une volonté d'association avec l'Occident. Sa tentative d'entrer dans l'UE était liée au fait qu'une Turquie laïciste et moderne voulait être un exemple d'européanisation. Or aujourd'hui s'est opéré un renversement d'alliance vers l'Orient, et de l'occidentalisation à l'islamisation.

L'entrée de la Turquie dans l'UE semblait cependant peu probable et le paraît encore moins aujourd'hui pour plusieurs raisons: 
- géographiquement, l'Europe s'arrête au Bosphore. 
- Historiquement, l'Europe s'est affirmée à Lépante et à Vienne en arrêtant les Ottomans. 
- Politiquement, la Turquie deviendrait le pays à la fois le plus peuplé et le moins avancé, le plus religieux et le moins démocratique de l'Union. 
- Militairement, elle en porterait les frontières sur des zones de guerre. 
- Mais, surtout, culturellement, philosophiquement, l'État turc, non pas les intellectuels turcs, refuse cette épreuve typiquement européenne du retour critique sur soi et sur l'acceptation d'une mémoire partagée quant au passé, à commencer par le génocide des Arméniens. 

Mais l'arrimage de la Turquie à l'Europe, sous la forme de partenariat privilégié, doit demeurer un objectif. Il ne passe pas par une amélioration des cadres politiques ou économiques, mais par une libération des mentalités. Ce que veut empêcher Erdoğan.

L'affrontement russo-turc est-il en passe de se durcir?

Jean-François Colosimo: Erdoğan a osé défier Poutine sans en avoir les moyens et pour complaire aux États-Unis. L'opposition là encore est ancienne, ancrée, pluriséculaire et constitue un invariant de la géopolitique des civilisations. Un des vieux rêves tsaristes était de conquérir l'Empire ottoman afin de restaurer Byzance dont la Russie est issue. En 1915, l'annexion de Constantinople-Istanbul et sa transformation en Tsargrad, nouvelle capitale d'un Empire chrétien d'Orient couvrant des mers froides aux mers chaudes était à l'ordre du jour. 

Ce conflit renaît aujourd'hui: on aura ainsi vu récemment les Turcs réclamer la Crimée, redevenue russe, comme «terre de leurs ancêtres». Ou le parlement turc débattre du retour de Sainte-Sophie, la plus grande basilique du monde jusqu'à la construction de Saint-Pierre de Rome, transformée en musée sous Atatürk, au statut de mosquée qui avait été le sien sous l'Empire ottoman, tandis que les députés de la Douma votaient une motion en faveur de sa réouverture au culte orthodoxe.

Moscou est déjà l'alliée d'Assad: il ne lui resterait qu'à appuyer les Kurdes, en profitant par exemple de leurs puissants relais communs en Israël, pour menacer profondément Ankara et embarrasser durablement Washington. 
Erdoğan a compris trop tardivement que, eu égard à la détermination de Poutine, il avait allumé un incendie.

Comment expliquer l'incohérence de la politique étrangère de la France au Proche-Orient? Le pouvoir a-t-il une compréhension des ressorts profonds qui animent les pays de cette région?

Jean-François Colosimo: Ces considérations historico-religieuses échappent totalement au gouvernement français et à l'Union européenne. La France fait preuve d'un manque de compréhension flagrant des ressorts profonds de ce qui se passe au Proche-Orient. Cette incompréhension n'est jamais qu'un signe de plus de l'erreur politique et morale qu'a été le choix d'abandonner le Liban qu'avait été celui de François Mitterrand. 

François Hollande, encore moins avisé, professe pour des raisons gribouilles de dépendance économique, une politique d'inféodation envers les pays théoriciens et fournisseurs de l'islamisme arabe qu'il était prêt à intituler pompeusement «la politique sunnite de la France» si quelques vieux pontes du Quai d'Orsay doués de mémoire ne l'en avaient pas dissuadé.

La France de François Hollande a substitué à sa traditionnelle politique d'équilibre en Orient une politique hostile à l'Iran et à la Syrie, ignorante des Chiites et indifférente aux chrétiens. Ce n'est pas qu'une faute de Realpolitik, c'est une faute de l'intelligence et du cœur. Ou si l'on préfère, du devoir et de l'honneur.
Quant à la Turquie proprement dite, au sein de cette «politique sunnite» que dirige Washington, c'est Berlin, liée de manière décisive à Ankara par la finance, l'industrie, l'immigration, qui décide pour Paris.

Mais cet aveuglement de la gauche au pouvoir est-il si surprenant? Ce furent les socialistes d'alors, leurs ancêtres en quelque sorte, qui entre 1920 et 1923 encouragèrent les Grecs à reconquérir les rivages du Bosphore et de l'Égée avant de les trahir au profit de Mustafa Kemal, arguant qu'il fallait l'armer car son progressisme avait l'avantage sur le terrain et représentait l'avenir absolu. Et quitte à faire retomber une nouvelle fois Byzance dans l'oubli! 

Quel aveuglement sur la force du théologique en politique… Rien de bien neuf sur le fond, donc. Mais les massacres qui se préparent en Orient creuseront de nouveaux charniers qui, pour l'histoire, changeront cette ignorance passive en cynisme délibéré.

Propos recueillis par Eléonore de Vupillières