Samir
Tlili dit tout haut ce que beaucoup tunisiens
pensent tout bas depuis les désolants spectacles que nous donnent à voir nos
apprentis constituants; et ce depuis leur investiture.
Avions-nous
sérieusement besoin de changer de constitution ?
Celle de 1959 est parfaite : il suffisait de la lifter de tous les rajouts "sur mesure" pour satisfaire les ego de nos deux premiers présidents.
Celle de 1959 est parfaite : il suffisait de la lifter de tous les rajouts "sur mesure" pour satisfaire les ego de nos deux premiers présidents.
Or qui
avait intérêt à changer notre constitution, si ce n'est Ghannouchi qui espérait
la remplacer tout simplement par la chariâa. Ce qu'il n'a pas manqué de
tenter de faire, bien qu'il assurait tous les sceptiques qu'il ne touchera pas
au Code Civil ! C'est ainsi que lors de la révolte de "Casbah II",
les manifestants ont été manipulés par ses hommes pour réclamer et
scander "une nouvelle constitution".
Les hommes politiques
les plus aguerris, dont Béji Caid Essebsi, ne voyaient aucune nécessité d'en
changer ... mais se sont tus devant la "foule" pour se plier à ses
revendications et donc à la "volonté du peuple" !
Ceux-là
mêmes constatent après coup, qu'ils avaient raison. Mais qui pouvaient contrer
la volonté d'un peuple en période révolutionnaire, même s'il a été manipulé ?
Donc on peut à nouveau
se poser légitimement la question si une nouvelle constitution est utile, et
s'il ne faut pas en confier la rédaction à un collège de constitutionnalistes
qui en deux mois au maximum, selon certains spécialistes, nous remettent une constitution
où les garanties contre tout retour possible à la dictature d'un parti ou d'un
président, seraient assurées; puisque c'était la raison première invoquée pour
justifier d'une constituante.
Ce qui est certain, c'est que les constituants ne respectent plus le mandat qui leur a été accordé : la rédaction d'une constitution; puisque 7 mois après leur investiture ils semblent oublier ce pourquoi ils ont été élus, au point de demander une "rallonge" pour la rédaction de la constitution. Ce qui est un comble, pour se moquer ainsi des tunisiens !
Dés lors, sont-ils encore légitimes ? Le gouvernement sorti de leur rang, l'est-il autant ?
Alors que son rôle
premier est d'assurer la sécurité des tunisiens et de leurs biens, il semble
incapable de le faire. Pire, il semble même laisser se développer l'insécurité
dans un but électoraliste puisque les salafistes fauteurs de troubles et de
violences restent toujours impunis !
Rachid
Barnat
Mais puisque "Kasbah 2" en a décidé autrement, en réclamant une nouvelle constitution, autant que celle-ci aille dans le sens d'un "plus" par rapport à l'actuelle de 1959 ! Et soit "révolutionnaire" pour répondre aux désirs des révolutionnaires du 14 janvier 2011 !
Qu’est-ce que les Tunisiens devraient attendre
de la prochaine Constitution ?
Je ne
suis pas constitutionnaliste, mais je sais que la
Tunisie compte
de nombreux universitaires spécialistes de cette question et ils donneront
leurs avis éclairés. Je n’aborderai donc pas les aspects techniques des
mécanismes constitutionnels. Je rappellerai cependant, qu’il y a eu trop
souvent derrière des Constitutions, qui à les lire paraissaient parfaites, des
pratiques qui l’étaient beaucoup moins.
Il faudra
donc avant tout que la
Constitution crée
elle-même des mécanismes destinés à en assurer le respect.
Comme
toute Constitution, celle-ci devra, tout d’abord, rappeler et de manière claire
et nette (ici l’ambiguïté n’est pas de mise) les principes selon lesquels les
Tunisiens veulent être gouvernés et qui ont été le moteur de la révolution.
Il est
clair que les Tunisiens, privés trop longtemps de liberté, veulent que les
libertés fondamentales sur lesquelles ils n’entendent pas revenir, soient
rappelées et assurées dans l’avenir :
- Liberté
d’opinion, liberté d’expression, liberté de l’internet, liberté d’association
et des syndicats, liberté de la presse.
- Ils
veulent, dans leur très grande majorité que soit assurée la liberté des hommes
et des femmes.
- Ils
veulent aussi la liberté politique qui, outre les libertés déjà précisées,
exige la liberté de créer des partis politiques et la liberté d’action de ces
partis, l’organisation régulière d’élections démocratiques pour les organes de
l’Etat et pour les collectivités territoriales.
Quant au
choix du régime politique : parlementaire, présidentiel, semi-présidentiel
… je dirai, dans le fond, qu’il importe peu, sous réserve d’assurer quelques
exigences essentielles.
Il est
tout d’abord nécessaire que la
Constitution permette
l’exercice du pouvoir par une majorité forte et stable. Rien ne serait plus
dommageable que des majorités émiettées source de division, de surenchère et,
en définitive, d’impuissance.
En
contrepartie de cette stabilité nécessaire il faut qu’au bout d’un délai
raisonnable, de nouvelles élections soient organisées de façon à permettre
l’alternance qui est la véritable marque de la démocratie.
Enfin la
démocratie n’est que formelle si la présence et la liberté de contre-pouvoirs
n’existent pas : association, syndicat, société civile sous toutes ses
formes.
Il faut
aussi, et ce n’est pas le moindre, que la
Constitution assure
l’indépendance des Juges du fond, le parquet demeurant hiérarchisé et sous le
contrôle du gouvernement
Enfin le
tout devra être couronné par la création d’une Cour Suprême indépendante
chargée de contrôler la
Constitutionnalité des
lois.
Si ces
quelques principes sont inclus, de manière ou d’une autre, dans la prochaine
Constitution, alors les Tunisiens auront gagné.
La
démocratie non dans les mots mais dans les faits, sera au rendez-vous et
contrairement à certaines idées fausses elle ne sera pas synonyme d’impuissance
et de laisser aller.
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