LA LIBERTÉ EST UNE NOTION LIÉE A L'INDIVIDU !
OR POUR LES ISLAMISTES, LA "OUMMA" (le groupe) PRIME SUR L'INDIVIDU !!
DONC POINT DE LIBERTÉ POSSIBLE AVEC LES ISLAMISTES !!!
OR POUR LES ISLAMISTES, LA "OUMMA" (le groupe) PRIME SUR L'INDIVIDU !!
DONC POINT DE LIBERTÉ POSSIBLE AVEC LES ISLAMISTES !!!
De quelle annonce aura été porteuse l’année 2013 que nous sommes sur le point de quitter ? J’y vois deux saillies l’une à l’autre liées émergeant des flots qui ont déferlé sur les pays d’islam les douze derniers mois. Deux saillies qui ont taillé au plus aigu leur pointe et qui appartiennent à la séquence historique que nos peuples sont en train de vivre depuis plus de trente ans.
L’irruption de la première saillie est due à ce que Hegel appelle
«le travail du négatif» à l’œuvre dans les processus historiques par lesquels
nations et peuples se transforment. Elle a trait à l’islamisme dont l’effet
s’est exacerbé depuis la chute du Shah et l’avènement de Khomeiny en Iran l’an
1979. Il semble que cette séquence est en train de connaître son
épuisement.
Cela est reconnaissable non seulement à travers le rejet des
Frères Musulmans par le peuple et en Egypte et en Tunisie, mais aussi par les
signes avant-coureurs qui laissent supposer la faillite de ce qui a été érigé
en modèle, entendez la Turquie dirigée par les islamistes de l’AKP. Erdogan et
ses disciples ont donné l’illusion que l’islam politique peut être
démocratique, acceptant le pluralisme, se vouant au service d’un Etat laïc. En
plus, ils se sont donnés la réputation d’être incorruptibles.
Or, l’année 2013 a révélé que les islamistes turcs au pouvoir sont
en phase avec l’Etat dont ils ont hérité, du moins dans son double travers
autoritaire et corrompu. Plus encore, pour ce qui concerne les mœurs, ils ont
confirmé et renforcé le conservatisme vers lequel tend leur société, comme, au
reste, toute société de genèse islamique. Lorsque autoritarisme, corruption,
conservatisme structurent le pouvoir, comment voulez-vous que celui-ci favorise
l’émergence de la liberté ?
Et à travers la question de la liberté je tâte l’irruption de la
deuxième saillie en cette année 2013. Une part de la société civile, et surtout
la jeunesse, réclame une liberté plus grande et se trouve confrontée à un
autoritarisme conservateur et corrompu dont le dessein s’avère liberticide.
Cette menace excède l’islamisme. Jusqu’à nouvel ordre, elle
concerne toute forme idéologique par laquelle s’exerce le pouvoir à l’horizon
de la croyance islamique. Simplement l’islamisme est encore plus agissant et
plus nocif comme agent liberticide. Nos Etats croient s’acquitter de leur tâche
en confirmant dans leur conservatisme les sociétés qu’ils gouvernent. Or, des
sujets appartenant à ces sociétés ont goûté à la liberté et ils tiennent à ce
que ses bienfaits irriguent leur quotidien.
Ainsi, du Maroc à la Turquie, de l’Iran à la Tunisie, en passant
par l’Egypte et l’Algérie, la jeunesse revendique avec acuité l’exigence de
liberté. Pour ce faire, dans certains cas, cette jeunesse s’est décidée à
toucher aux tabous d’une manière spectaculaire. Du baiser des adolescents jugés
à Nador à la dénudation de la Tunisienne Amina et de l’Egyptienne Aïda, de
l’appel au pique-nique public à midi en plein ramadan par le Marocain Kacem
Al-Ghazali à la déclaration d’athéisme par les deux Mahdawis Ghazi Béji et
Jabeur Mejri, ces jeunes, enfants de leur siècle, réclament d’instinct la
reconnaissance de l’individu maître de son corps et de sa conscience. Corps et
conscience qui, dans la tradition d’islam, sont plus soumis aux normes de la
communauté qu’affranchis par le libre-choix de l’individu. Et ce sont surtout
les femmes qui, au physique et au moral, souffrent d’une inégalité juridique
que les docteurs ont construites à partir de la dissymétrie que comporte la
référence scripturaire, laquelle discrimine et hiérarchise en recourant au
critère du sexe et du genre. D’où la multiplication des actes provocateurs
émanant de jeunes femmes qui défient la communauté en exhibant la souveraineté
de l’individu déclinée au féminin.
Ces actes prennent l’allure d’une «performance» dans le sens qu’a
acquis le mot dans l’art contemporain. Et ils
s’inscrivent en droite ligne dans l’échappée qui a été tracée au
XIXe siècle
par John Stuart Mill dans son fameux traité "On Liberty". C’est que,
socialement comme politiquement, la majorité doit respecter les opinions et les
actes des minorités. Elle a même le devoir de leur aménager les conditions de
leur épanouissement.
Cela veut dire que la liberté ne peut être contrainte par des
limites destinées à conforter la majorité dans sa tyrannie. Ce n’est pas parce
que la société est dans son écrasante majorité croyante qu’il faille cantonner
aux frontières du sacré la liberté de dire, de chanter, de déclamer, de penser,
de créer. Comme ont tenté de le faire explicitement les islamistes dans leur
reformulation de la loi, notamment en Tunisie. La seule limite à la liberté se
réduit à l’atteinte qui entame l’intégrité de l’individu dans son corps et dans
sa propriété. La puissance publique se doit de me protéger dans ma liberté en
empêchant autrui de commettre un mal qui me soit préjudiciable. C’est du moins
ainsi que la liberté a été pensée dans le contexte historique de l’émergence
démocratique. (Je rappelle que "On Liberty" a été publié en 1859).
Et ce contexte n’est-il pas le nôtre aujourd’hui ? S’il en est
ainsi, telle vision de la liberté reste le préalable à l’avènement de la
démocratie dans nos contrées. Aussi est-ce par cette épreuve que passent nos
sociétés. Pendant l’an 2013, une telle épreuve a été amplifiée par de nouvelles
initiatives enregistrées un peu partout. Ces initiatives, venant des marges,
ont été prises par des activistes, artistes, cinéastes, chanteurs, poètes, voix
libertaires de l’Underground. Elles ont une portée politique et sociétale qui
précipite la mutation anthropologique et des mœurs.
La question que nous posons est simple : comment l’autorité de
l’Etat peut-elle ne pas abuser de son pouvoir en se confrontant à l’individu
libre et aux défis qu’il lance à la communauté ? Cette autorité n’a-t-elle pas
le devoir de défendre la liberté de l’individu même lorsque sa manifestation
choque la communauté en transgressant ses lois et en malmenant ses tabous ? En
tout état de cause, la conception de la loi devra être éclairée par le primat
de la liberté ; elle n’a pas à céder face à la puissance de la coutume.
L’année 2013 a ouvert ses théâtres pour que la quête de liberté
trouve les acteurs qui l’incarnent et les metteurs en scène qui en déploient la
dramaturgie. Un peu partout dans les pays d’islam, de Turquie en Tunisie, les
échos de saines provocations résonnent et défient le mur de surdité qui fige
nos sociétés conservatrices complaisamment gérées par des gouvernements
liberticides et corrompus.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire