Selma Mabrouk
Le lundi 6 janvier, a vu l'égalité en droits et
libertés des citoyens et des citoyennes, le principe de discrimination positive
comme moyen de garantir l'équilibre régional, la protection de l'intégrité
corporelle et celle de la vie privée, la liberté d'expression et l'accès à
l'information, … adoptés par une large majorité. Mais comme il est d'usage dans
notre cher hémicycle, les joies sont de courte durée. La proposition de
l'égalité dans la loi entre citoyens et citoyennes et l'abolition de la peine
de mort n'ont pas eu le même succès.
Le soir, la commission des consensus s'est réunie pour étudier le
reste des articles du chapitre droits et libertés retenus comme points
principaux de divergences. La discussion sur l'article du droit au travail a
révélé de nouveau la grande divergence qui existe entre Ennahdha et
l'opposition sur le rôle de l'état dans la garantie des droits économiques et
sociaux.
L'ambiance a "chauffé" très rapidement car nous nous
sommes trouvés devant une résistance féroce à inclure la notion de droit à un
travail "décent" (dhourouf lai9a) et à une rétribution juste (ajer
3adel) ainsi que celle de l'équité et de l'égalité des chances dans l'accès au
travail. Dans l'optique d'Ennahdha, la seule obligation de l'Etat à inscrire
dans cette constitution serait la protection de la famille (article 7).
Et l'on se demande alors quel genre de protection l'Etat va-t-il
assurer à la famille si celui-ci est désengagé de la protection des droits
économiques et sociaux (santé, éducation, travail, environnement, culture etc.)
des membres de cette même "famille" ???
Dans le contexte des articles du préambule et des principes
généraux déjà adoptés par la majorité qui mettent en doute la civilité de
l'état, le rôle de celui-ci vis-à-vis de la famille, reconnue comme cellule fondamentale
de la société, risque de se "réduire" à une ingérence
"moralisante" des institutions dans la vie familiale. Bien des acquis
de la société tunisienne tel les droits à l'adoption, au divorce, à
l'avortement, la lutte contre la violence conjugale etc, … pourraient être
remis en question.
La séance a d'ailleurs fini en échange d'invectives et
d'accusations dès qu'on a abordé l'article sur les droits des femmes dont on
voulait assurer la protection des acquis de façon claire... Nous re-voilà donc
à la case départ !!
Tant que la civilité de l'Etat n'est pas garantie dans le
préambule, des articles tels que celui de la famille, de la femme ou de
l'enfant pourraient être interprétés uniquement sur la base d'un référentiel
religieux et/ou culturel.
Aucun des droits et libertés essentiels énoncés dans cette
constitution n'aurait alors de sens. Et nous laisserions alors une épée
de Damoclès planer sur la
tête de nos filles !
GHANNOUCHI PERSISTE DANS SON REJET L'ETAT CIVIL !
RépondreSupprimerPourtant rappelons-nous devant la crainte de l'instauration de la chariâa, pour rassurer les tunisiens lors de sa campagne électorale, il assurait et affirmait qu'il conservera à la République son statut Civil et qu'il ne touchera en rien aux acquis des femmes, en conservant le statut de la femme !
Le menteur !
Mais le mensonge est "halal" dés lors qu'il sert les intérêts des "frères musulmans", comme l'a décrété Sayid Qotb celui qui a rigidifié les règles intérieures de cette mafia devenue extrémiste ... dénaturant les objectifs premiers des pères fondateurs de ce mouvement anticolonialistes qui souhaitaient sortir les peuples de leur obscurantisme endémique !!