vendredi 25 avril 2014

Les Frères musulmans devenus persona non grata ?

Pas si sûr ... en tous cas, pas pour les américains !


Obama sous "pression saoudienne" intime l'ordre au Qatar de s'en séparer; alors qu'en réalité en parfaite connivence avec l'émir, ils ne font que déplacer la nuisance des "frères" dans les pays qu'ils ont déstabilisés pour mieux les "reprendre en main" en installant leur chef de guerre en Libye et leur chef spirituel en Tunisie ... et mater le général al Sissi qui leur résiste !
R.B

N’eut été le réveil nationaliste égyptien conduit par le général al-Sissi, le chef d’Al-Qaïda, Ayman al-Zaouahiri, serait aujourd’hui confortablement installé dans une Egypte dirigée par les Frères musulmans, l’organisation dont il faisait partie avant de fonder le Jihad islamique, puis  rejoindre Ben Laden dans sa folie meurtrière. Sa reconversion et recentrage politique, par le biais de Mohamed Morsi et Mohamed al-Zaouahiri, son propre frère, auraient arrangé beaucoup de monde, à commencer par les Etats-Unis d’Amérique. 

Mais ce plan a lamentablement échoué et avec lui, les visées islamo-atlantistes du « printemps arabe » qui a démarré par la déstabilisation de la Tunisie. Cet échec ne signifie pas pour autant qu’il a été définitivement abandonné. Les Frères musulmans, dont l’administration Obama a favorisé l’élection, n’ont pas dit leur dernier mot. Ils se préparent à mener le djihad armé contre les autorités égyptiennes à partir de trois zones frontalières : Gaza, le Soudan et la Libye, trois régions où ils peuvent compter sur leurs frères en secte, massivement présents. Selon Achraf Badr, rédacteur en chef du très sérieux quotidien égyptien Al-Ahram, il y a déjà aux frontières égypto-libyennes 3000 hommes qui se font appeler "armée libre d'Egypte", et qui sont des miliciens Libyens, Maliens, Soudanais, Marocains, Tunisiens et Egyptiens. Toujours selon Al-Ahram, Youssef Qaradaoui a visité ce camp début avril 2014.    

D’où le transfert d’Ayman al-Zaouahiri en Libye et plus exactement à Tobrouk. L’opération s’est déroulée dans le secret le plus total, grâce à une coordination entre le Qatar, les services américains et les vrais détenteurs du pouvoir en Libye, à savoir Abdelhakim Belhadj et ses troupes islamistes. Avec une dizaine de ses lieutenants, le chef d’Al-Qaïda a d’abord été acheminé à Doha, où il a passé un mois, ensuite transféré à Benghazi à bord du jet privé d’un homme d’affaire qatari dont nous n’avons pas pu obtenir le nom. C’est son fidèle disciple Abdelhakim Belhadj qui l’a accueilli à Benghazi pour l’accompagner jusqu’à son nouveau quartier général dans la région de Tobrouk. On signalera au passage qu’Abdelhakim Belhadj sera prochainement nommé ministre de l’Intérieur. Il sera ainsi le deuxième ancien d’Al-Qaïda à occuper un poste ministériel, puisque le portefeuille de la Défense est détenu par un ancien djihadiste en Afghanistan, Khaled Chérif.   

Pour ceux qui ne connaissent pas le parcours de ce sinistre personnage, Ayman al-Zaouahiri est le successeur d’Oussama Ben Laden à la tête d’Al-Qaïda. Très jeune activiste, ce médecin a adhéré à la secte des Frères musulmans en 1966. En 1979, il fonde le Jihad islamique, l’organisation terroriste responsable de l’assassinat de Sadate le 6 octobre 1981. Condamné puis relâché après trois ans de prison, il part au Soudan et rejoint par la suite les djihadistes en Afghanistan pour « saigner l’armée rouge soviétique ». Selon l’imam Sayyed, ancien guide spirituel du Jihad islamique, dans son livre « La honte de l’exonération » (2008), Ayman al-Zaouahiri travaillait pour un service étranger pour monter des opérations contre l’Egypte. Parmi ses crimes, la tentative d’assassinat du Premier ministre égyptien Atef Sidqui (1993) et le massacre de Louxor (62 morts), qui lui a valu la condamnation à mort en 1999. Dans son livre coécrit avec Ben Laden, « Le Front islamique mondial contre les Juifs et les Croisés »(1998), il prône le djihad à l’échelle planétaire et la destruction des régimes arabes. C’est à partir de cette date que le Jihad islamique a officiellement fusionné avec Al-Qaïda. Après la liquidation bien programmée de Ben Laden, Ayman al-Zaouahiri est devenu le No1 d’Al-Qaïda en juin 2011. Pour les Anglo-américains, il fallait bien un nouveau « partenaire » dans cette nouvelle phase du « printemps arabe » ! Dès son intronisation, il intervient à deux reprises par vidéo diffusée sur Al-Jazeera, pour féliciter les Tunisiens de leur « révolution divine ». 

Le rôle d’Al-Qaïda dans la « révolution » dite du jasmin ne s’est pas limité à des prêches « religieux », ceux de Qaradaoui et Zaouahiri, qu’Al-Jazeera passait en boucle. Il s’est également traduit sur le terrain. TS l’a révélé dès 2012, mais c’est le journal tunisien Al-Chourouk qui avait affirmé, le 11 mai 2013, que certains des snipers qui ont tué les manifestants de Tala, Kasserine, Jendouba et Gafsa étaient des terroristes d’Al-Qaïda activés et financés par le Qatar. Al-Chourouk avait écrit, sur la base de sources sécuritaires, que « des vérités choquantes seront bientôt révélées au sujet des groupes d’Al-Qaïda qui étaient à l’origine des nombreux incendies de postes de police et de tribunaux, avant et après le 14 janvier 2011, ainsi que de l’assassinat d’un grand nombre de martyrs de Tala et de Kasserine, grâce à l’aide d’éléments tunisiens de l’intérieur et de pays étrangers. Le but était de créer l’anarchie et de faire tomber l’Etat ». 

Pour ce journal d’investigation généralement bien informé, «Les groupes dont avait parlé l’ancien président Ben Ali, les désignant par « étrangers » et « cagoulés », se sont avérés réels selon les témoignages mêmes des riverains. Pour ces témoins oculaires, ceux qui ont attaqué des postes de polices et des bâtiments de l’Etat dans la nuit, dans plusieurs gouvernorats frontaliers, comme Le Kef, Jendouba, Kasserine, Gafsa, ne sont pas du tout originaires de ces gouvernorats. Pour ceux qui ont vécus ces événements, il s’agit là d’une vérité que nul ne pourra contester ». 

Le transfert d’Ayman al-Zaouahiri en Libye n’est donc qu’un renvoie de l’ascenseur pour services rendus au printemps islamo-atlantiste. Et puis la mission d’Al-Qaïda en terre arabe est loin d’être terminée. Garder sous la main un aussi bon élément de la stratégie anglo-américaine est un impératif catégorique. Al-Zaouahiri est, en effet, appelé à jouer un rôle de premier plan dans la justification d’une présence américaine durable dans toute la région du Maghreb. Avec sa septième colonne, il servira aussi de paravent à l’islamisme « modéré » des Frères musulmans Égyptiens comme Libyens, comme Tunisiens et comme Algériens. 

L’imam occulté des Frères musulmans, Youssef Qaradaoui, ne sera pas géographiquement loin de son ami et compatriote, Ayman al-Zaouahiri. Sur le point de quitter Doha pour Izmir, un fief des Frères musulmans Turcs, il s’installera plus tard en Tunisie, conformément à un accord conclu entre Tamim, Ghannouchi et Marzougui. Mise sous pression par l’Arabie Saoudite, le Bahreïn et les Emirats, l’oligarchie islamo-mafieuse du Qatar s’est trouvée contrainte de se débarrasser du grand mufti de l’OTAN, malgré son dernier hymne à la gloire du « grand frère saoudien », et d’un certain nombre d’autres islamistes arabes qui ont déjà trouvé refuge à Londres, Istanbul, Amman et Tunis. 

Ainsi, toute la famille islamo-terroriste sera réunie entre la Tunisie et la Libye : Ayman al-Zaouahiri, Youssef Qaradaoui, Rached Ghannouchi, Abdelhakim Belhadj, Seifallah Ben Hassine, Mokhtar Belmokhtar… Et cela promet un bel avenir pour les pays dits du « printemps arabe ». A commencer par la Libye elle-même, qui va connaître dans les semaines qui viennent des affrontements sanglants entre les différentes factions islamistes pour le contrôle du pays. Processus qui nous rappelle à bien des égards celui qui a conduit à l'anéantissement de l'Irak.    

mardi 22 avril 2014

Le coup d’Etat de Wikileaks en Tunisie

Et si c'était les américains qui sont derrière les soulèvements des peuples aussi bien en Europe qu'en Afrique du nord et au Moyen Orient ? Transformant la crise mondiale économique du fait des banques américaines ... en crise "politique" dans le monde ... pour "redistribuer" les cartes géopolitiques et économiques figées depuis la deuxième guerre mondiale !! 
R.B


La CIA rabat un Tsunami Méditerranéen de Coups d’Etat : Libye, Egypte, Syrie, Algérie, Jordanie, Italie sont tous ciblés ; Les Etats-Unis et la Grande Bretagne cherchent de nouvelles marionnettes pour affronter l’Iran, la Chine et la Russie ; Les domestiques d’Obama : Cass Sunstein, Samantha Power, Robert Malley et l’International Crisis Group impliqués dans les destabilisations

Washington DC, le 16 janvier 2011 – L’intelligence Américaine vit aujourd’hui une exultation quasi obsessionnelle après le renversement réussi du gouvernement Tunisien du Président Ben Ali ce weekend. Le Département d’Etat et la CIA, à travers des médias qui leur sont loyaux et fidèles, alimentent impitoyablement le tapage médiatique du Coup d’Etat Tunisien des derniers jours en tant que prototype de la deuxième génération des révolutions colorées, coups d’état postmodernes et déstabilisations populaires du pouvoir d’inspiration américaine. Au département d’Etat et à la CIA, des plans fébriles sont en cours d’élaboration pour un véritable Tsunami méditerranéen conçu pour renverser la majorité des gouvernements du Monde Arabe et bien au-delà. Les planificateurs impérialistes imaginent désormais qu’ils sont en mesure de renverser ou d’affaiblir les gouvernements Libyen, Égyptien, Syrien, Jordanien, Algérien, Yéménite et d’autres probablement pendant que les efforts continus de la CIA visant à démettre de ses fonctions le Premier ministre italien Silvio Berlusconi (à cause de son amitié avec Poutine et de son soutien pour le gazoduc South Stream) font de ce plan une tentative de déstabilisation non seulement à l’échelle arabe mais aussi à l’échelle méditerranéenne.
Une révolution contre la faim et non une Révolution du Jasmin
Les planificateurs impérialistes de Washington croient désormais qu’ils ont réussi à rénover leur modèle existant de révolutions colorées ou de coups d’état postmodernes. Cette méthode de liquidation des gouvernements commençait à perdre un peu de son prestige après l’échec de la tentative de révolution ploutocratique des Cèdres au Liban, le retournement de la révolution Orange du FMI et de l’OTAN tant haïe en Ukraine, l’effondrement ignominieux de la Révolution Twitter de Juin 2009 en Iran et le discrédit généralisé de la Révolution des Roses en Géorgie soutenue par les Américains en raison des activités bellicistes et oppressives du fasciste fou Saakashvili. Le consensus impérialiste veut désormais que les événements tunisiens forment le précurseur d’une nouvelle version de coups d’état populaires spécifiquement adaptés à la réalité d’aujourd’hui et plus précisément celle d’une récession économique mondiale, d’une crise de répartition et d’une désintégration de l’économie casino mondialisée.
Les tumultes tunisiens sont décrits dans la presse américaine comme «révolution du jasmin», cependant, il serait beaucoup plus pertinent de les considérer comme une variation de révolution classique contre la faim. L’agitation tunisienne n’était pas principalement liée à la volonté de la classe moyenne de s’exprimer, de voter ou encore de surfer librement sur Internet.
L’agitation a commencé par les déprédations de Wall Street qui ravagent encore aujourd’hui la planète entière : des prix outrageusement élevés de la nourriture et du carburant provoqués par la spéculation sur les produits dérivés, des niveaux élevés de chômage et de sous-emploi, et un désespoir économique général. Le déclenchement a été le suicide tragique d’un vendeur de légumes à Sidi Bouzid qui a été harcelé par la police. Comme Ben Ali se battait pour rester au pouvoir, il a donc reconnu la cause des troubles par son geste ordonnant d’abaisser les prix alimentaires. Le gouvernement jordanien a pour sa part baissé les prix des aliments d’environ 5%.
Assange et Wikileaks, Outils clés de la CIA pour Duper la Jeunesse
La nature économique de l’agitation actuelle pose un réel problème pour les impérialistes de Washington, puisque la ligne du Département d’Etat tend à traduire les droits de l’Homme exclusivement en termes politiques et religieux, jamais comme une question de droits économiques ou sociaux. Le contrôle des prix, les salaires, les allocations de chômage, les prestations sociales, les soins de santé, le logement, les droits syndicaux, la réglementation bancaire, les tarifs protectionnistes et autres outils économiques d’auto-défense nationale n’ont aucune place dans l’énoncé consensuel de Washington. Dans ces circonstances, qu’est ce qui pourrait être fait pour duper le surplus de jeunes de moins de 30 ans qui représentent aujourd’hui la réalité démographique centrale de la plupart des pays arabes ?
Dans ce contexte, les drones prédateurs du cyber espace de la CIA – Julian Assange et Wikileaks – offrent un service indispensable à la cause impérialiste. En Islande, à l’automne 2009, Assange a été appelé par ses bailleurs de fonds à détourner et perturber un mouvement pour la survie économique nationale. Ce mouvement reposait sur un moratoire sur la dette, le rejet de l’ingérence opérée à travers le Fonds Monétaire International et la relance de l’économie productive à travers un programme ambitieux d’infrastructures nationales et l’exportation de moyens de production à haute technologie, en particulier dans le domaine de l’énergie géothermique. Assange a réussi à convaincre de nombreuses personnes en Islande que ces causes n’étaient pas assez radicales et qu’elles devaient plutôt consacrer leurs énergies sur la publication d’une série de documents gouvernementaux américains et autres, soigneusement pré-sélectionnées, qui ciblaient en quelque sorte des personnalités politiques que Londres et Washington avaient intérêt à gêner et affaiblir. En d’autres termes, Assange a été en mesure de duper les militants honnêtes en les faisant travailler pour les financiers impérialistes. Assange n’a aucun programme excepté «Transparency», programme qui constitue le refrain constant de la mafia des droits de l’Homme américaine et britannique car il tente de causer l’effondrement de gouvernements ciblés dans le secteur du développement en particulier.
« Yes we can » ou « Les prix alimentaires sont vraiment trop élevés ! »
La Tunisie constitue probablement le premier cas où Assange et Wikileaks peuvent revendiquer de manière crédible d’avoir fait exploser le coup d’état. La plupart des organes de presse sont d’accord que certains câbles du Département d’Etat faisant partie de la récente fuite de documents de Wikileaks et ayant porté sur les excès sybarites et le style de vie somptueux du clan Ben Ali, ont joué un rôle clé, poussant la petite bourgeoisie tunisienne dans les rues. En partie grâce à Assange, les chaînes de télévision occidentales ont ainsi pu montrer des images de la foule tunisienne brandissant des pancartes où on pouvait lire "Yes We Can !" plutôt que de lire un slogan beaucoup plus réaliste et populiste "Les prix alimentaires sont vraiment trop élevés !"
Ben Ali avait été au pouvoir pendant 23 ans. En Egypte, le président Moubarak est au pouvoir depuis presque 30 ans. Le clan Assad en Syrie est également au pouvoir depuis environ trois décennies. En Libye, le colonel Kadhafi est au pouvoir depuis presque 40 ans. Hafez El-Assad a pu mettre en place une succession monarchique permettant à son fils de prendre le pouvoir quand il est mort il y a 10 ans, et Moubarak et Kadhafi tentent de faire la même chose aujourd’hui. Comme les Etats-Unis ne veulent pas de ces dynasties, la tactique évidente de la CIA est de déployer des actifs tels que Twitter, Google, Facebook, Wikileaks, etc. pour transformer les membres clés de la jeunesse démographiquement en surplus en foules fourmillantes pour faire tomber les régimes gérontocratique.
La CIA veut de nouvelles marionnettes agressives pour affronter l’Iran, la Chine et la Russie
Tous ces pays nécessitent bien entendu de sérieuses réformes politiques et économiques, mais ce que la CIA cherche à faire de la récolte actuelle de déstabilisations n’a absolument rien à voir avec un quelconque changement positif dans les pays concernés. Ceux qui en doutent devraient se rappeler les actions économiques et politiques horribles effectuées par les marionnettes installées dans le sillage des récentes révolutions colorées – des personnes comme Iouchtchenko et Timochenko, agents kleptocrates du FMI-OTAN en Ukraine, Saakachvili le dictateur belliciste mentalement instable en Géorgie, et ainsi de suite. Les forces politiques qui sont assez folles pour accepter l’idée de l’espoir et du changement du Département d’Etat se retrouveront bientôt sous le joug de nouveaux oppresseurs de ce type. Le danger est très grand en Tunisie, car les forces qui ont renversé Ben Ali n’ont ni leader visible ni organisation politique de masse qui pourrait les aider à lutter contre l’ingérence étrangère comme avait réussi à le faire le Hezbollah en anéantissant le coup d’Etat des cèdres au Liban. A Tunis, le champ est grand ouvert pour la CIA lui permettant d’installer un candidat de son choix, de préférence sous le couvert d’«élections». Les vingt-trois ans sous Ben Ali ont malheureusement laissé la Tunisie dans un état beaucoup plus atomisé.
Mais pourquoi cette obsession de Washington de renverser ces gouvernements ? La réponse est exclusivement liée à l’Iran, la Chine et la Russie. En ce qui concerne l’Iran, la politique du Département d’Etat tourne notoirement autour d’une tentative de réunir un front uni de régimes arabes et sunnites bien établis afin de contrer l’Iran chiite et ses différents alliés à travers la région. Les choses allaient plutôt mal comme le montre l’incapacité des Etats-Unis à placer sa marionnette préférée Allaoui en Irak, où Maliki, le pro-iranien, semble susceptible de s’accrocher au pouvoir dans un avenir proche. Les Etats-Unis veulent désespérément une nouvelle génération de démagogues « démocrates » instables plus disposés à mener leur pays contre l’Iran que se sont avérés les régimes immobiles actuels. Il y a aussi la question de la pénétration économique chinoise. Nous pouvons être sûrs que tout nouveau leader installé par les Etats-Unis véhiculera dans son programme une rupture des relations économiques avec la Chine, incluant notamment une rupture des expéditions de pétrole et de matières premières, à l’instar de ce que le chef de la révolution Twitter Mir-Hossein Mousavi avait déclaré préparer pour l’Iran s’il avait pris le pouvoir l’été 2009, avec son mouvement de protestation "Mort à la Russie, Mort à la Chine". En outre, l’hostilité des Etats-Unis contre la Russie n’a pas diminué, malgré les effets apparents de la récente ratification de START II. Si par exemple une révolution colorée devait avoir lieu en Syrie, nous pourrions être sûrs que la présence navale russe au port de Tartous, qui perturbe les planificateurs de l’OTAN, serait terminée très rapidement. Si les nouveaux régimes montrent de l’hostilité contre l’Iran, la Chine et la Russie, nous verrons bientôt que les inquiétudes internes relatives aux droits de l’Homme disparaîtraient très rapidement de l’agenda américain.
Agents clé de déstabilisation du régime Obama
Pour ceux qui sont en train de compter les points, il serait utile de repérer certains des agents de déstabilisation à l’intérieur du régime actuel des États-Unis. Il est évident que la vague actuelle de subversion contre les pays arabes a été lancée par la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton lors de son discours tant vanté la semaine dernière à Doha, au Qatar, quand elle a mis en garde les dirigeants arabes les appelant à procéder à des réformes économiques (conformément aux règles du FMI) et à éradiquer la corruption, ou sinon de se retrouver face à l’exclusion.
Compte tenu du rôle critique d’Assange et de Wikileaks dans la phase actuelle, Cass Sunstein, tsar de la réglementation à la Maison Blanche doit également être compté parmi les top-putschistes. Rappelons que le 24 Février 2007, Sunstein avait écrit l’article intitulé "A Brave New Wikiworld" paru au Washington Post, dans lequel il se réjouissait de déclarer que « Wikileaks.org, fondé par des dissidents en Chine et autres pays, planifiait de diffuser des documents secrets du gouvernement et de les protéger de la censure à l’aide de logiciels codés ». Ce fut en fait le plus gros coup publicitaire pour Assange et le début de Wikileaks dans la presse américaine traditionnelle -, tout cela grâce à Sunstein, aujourd’hui haut responsable de la Maison Blanche. Serait-ce donc insensé de supposer que Sunstein représente le contact et le superviseur de l’opération Wikileaks à la Maison Blanche ?
Chaque arbre de la forêt arabe pourrait tomber
Une autre figure qui mérite d’être mentionnée est Robert Malley, un agent américain bien connu de la « couverture de gauche » qui dirige actuellement le programme pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord à l’International Crisis Group (ICG), une organisation réputée pour fonctionner avec l’argent craché par Georges Soros conformément à des tactiques élaborées par Zbigniew Brzezinski. Malley a été controversée lors de la campagne présidentielle de 2008 en raison de la position anti-israélienne qu’il a feinte pour mieux duper les dirigeants arabes qu’il cible. Malley a déclaré au Washington Post le 16 Janvier 2011 que chaque arbre de la forêt arabe pouvait désormais tomber : « Nous pourrions parcourir la liste des dirigeants arabes contemplant leur reflet dans le miroir en ce moment précis et très peu d’entre eux ne seraient pas sur la liste. ». Nous conseillons aux gouvernements arabes de garder un oeil sur les agents de l’ICG dans leur pays.
Cass Sunstein est désormais marié à Samantha Power, qui travaille actuellement au Conseil National de Sécurité de la Maison Blanche à titre d’assistante spéciale du Président et de Directrice de l’Office des Affaires Multilatérales et des Droits de l’Homme – foyer bureaucratique précis des opérations de déstabilisation comme ce fût le cas pour la Tunisie. Power, tout comme Malley, est un ancien agent de la division « Droits de l’Homme » de l’intelligence américaine, ancienne experte en remplacement légitime d’anciens clients oppresseurs des Etats-Unis par de nouvelles marionnettes, dans un processus sans fin de subversion sans répit. Malley et Power ont été contraints tous les deux à soumettre des démissions pour la bonne règle au cours de la campagne présidentielle d’Obama en 2008 – Malley pour avoir parlé au Hamas, et Power pour une tirade obscène contre Hillary Clinton, qui est aujourd’hui sa rivale bureaucratique.
Recommandations aux Gouvernements, Forces Politiques et Syndicats Arabes
Le monde arabe a besoin d’apprendre quelques leçons fondamentales sur la mécanique de révolutions colorées de la CIA afin de ne pas reproduire l’expérience tragique de la Géorgie, l’Ukraine, et tant d’autres pays. Dans le monde actuel appauvri par la récession économique, un programme de réformes capables de défendre les intérêts nationaux contre les rapaces de la mondialisation financière constitue l’impératif premier.
Par conséquent, les gouvernements arabes doivent expulser immédiatement tous les fonctionnaires du Fonds monétaire international, de la Banque mondiale, et de leurs établissements de crédit sous-jacents. Les pays arabes qui sont actuellement sous le joug des conditions du FMI (notamment l’Egypte et la Jordanie parmi les Arabes, et le Pakistan parmi les États musulmans) doivent unilatéralement et immédiatement se libérer et réaffirmer leur souveraineté nationale. Chaque pays arabe doit unilatéralement et immédiatement déclarer un moratoire sur la dette sous forme d’un gel ouvert de tous les paiements d’intérêts et principal des dettes financières à la manière dont a procédé l’Argentine, en commençant par les sommes dues à la Banque Mondiale et au FMI. Les actifs des multinationales étrangères monopolistiques, et en particulier les compagnies pétrolières, doivent être saisis quand la situation l’exige. Les prix des denrées alimentaires de base et des carburants doivent être soumis à des contrôles avec des pénalités draconiennes en cas de spéculation, y compris la spéculation par le biais de produits dérivés. Des mesures dirigistes telles que les tarifs protectionnistes et les subventions des produits alimentaires peuvent être rapidement introduites.
La production alimentaire doit être encouragée par des primes de production et d’importation, ainsi que par les organisations internationales de troc. Des stocks nationaux de céréales doivent être rapidement constitués. Des contrôles des capitaux et des changes pourraient être nécessaires pour prévenir des attaques spéculatives sur les monnaies nationales par les fonds spéculatifs étrangers qui agissent avec l’arrière-pensée politique de renverser les gouvernements nationaux.
Plus important encore, les banques centrales doivent être nationalisées et reconverties à une politique de crédit à 0% pour l’infrastructure nationale, l’agriculture, le logement et la production de biens physiques, avec des mesures spéciales pour renforcer les exportations. Une fois que ces réformes seront mises en œuvre, il serait peut-être temps d’envisager l’intégration économique du monde arabe comme communauté de développement économique dans laquelle les recettes en devises des États producteurs de pétrole pourraient être utilisées sur la base d’avantages mutuels pour les infrastructures et l’investissement lourd à travers le monde arabe tout entier.
L’alternative est une interminable série de déstabilisations orchestrées par des étrangers, et, très probablement, le chaos fatal.

lundi 21 avril 2014

Le voile, un symbole de 3.000 ans de machisme religieux

Le voile est commun aux trois religions monothéistes. Regard d'un écrivain algérien sur un signe religieux qui, selon lui, est un marqueur de soumission de la femme à l'homme.
R.B


Depuis des années, tout le monde parle du voile, de plus en plus de personnes portent le voile, pas seulement à Bamako ou au Caire, mais aussi à Londres, Paris ou New York.
Symbole religieux ou signe religieux? Que signifie ce carré de tissus qui met la planète en émoi?
Intrigué par autant de questions, j'ai décidé de consacrer quelques semaines de mes vacances à compulser  les livres d'histoire religieuse pour remonter aux racines du signe, pour ne pas dire du mal.
Et là, en remontant au plus loin des traces écrites des civilisations antiques, en fouillant dans les annales des histoires sumériennes, j'ai  découvert avec stupéfaction que le voile découle à l'origine d'une illusion optique.
En effet, une croyance sémitique très ancienne attestée en Mésopotamie, considérait la chevelure  de la femme comme le reflet de la toison pubienne!

«Les prostituées ne seront pas voilées»

Donc, il a fallu très tôt lui couvrir la tête, afin de lui occulter le sexe! Cette croyance était si répandue dans les pays d'Orient, notamment en Mésopotamie, qu'elle a fini par avoir force de loi.
Aussi, le port du voile est-il rendu obligatoire dès le XIIe siècle avant J.-C. par le roi d'Assyrie, Teglat Phalazar Ier:
«Les femmes mariées n'auront pas leur tête découverte. Les prostituées ne seront pas voilées.»
C'était dix-sept siècles avant Mahomet et cela se passait en Assyrie, l'Irak d'aujourd'hui.
Dans la Bible hébraïque, on ne trouve aucune trace de cette coutume, cependant la tradition juive a longtemps considéré qu'une femme devait se couvrir les cheveux en signe de modestie devant les hommes.

Le voile comme instrument de ségrégation pour l'Eglise

Il faudra attendre l'avènement du christianisme pour que le voile devienne une obligation théologique, un préalable à la relation entre la femme et Dieu.
C'est saint Paul qui, le premier, a imposé le voile aux femmes en avançant des arguments strictement religieux. Dans l'épître aux Corinthiens, il écrit:
«Toute femme qui prie ou parle sous l'inspiration de Dieu sans voile sur la tête, commet une faute identique, comme si elle avait la tête rasée. Si donc une femme ne porte pas de voile, qu'elle se tonde; ou plutôt, qu'elle mette un voile, puisque c'est une faute pour une femme d'avoir les cheveux tondus ou rasés.»
Et plus loin:
«L'homme, lui, ne doit pas se voiler la tête: il est l'image et la gloire de Dieu, mais la femme est la gloire de l'homme. Car ce n'est pas l'homme qui a été tiré de la femme, mais la femme de l'homme, et l'homme n'a pas été créé pour la femme, mais la femme pour l'homme. Voilà pourquoi la femme doit porter sur la tête la marque de sa dépendance.»
L'Eglise s'en servira à l'égard des femmes, pour les considérer comme des créatures inférieures par nature et selon le droit.
On voit qu'à l'origine, le voile est utilisé comme un instrument de ségrégation qui fait de la femme un être inférieur, non seulement vis-à-vis de l'homme mais aussi de Dieu.
Il est intéressant de noter que ce passage des Corinthiens est repris aujourd'hui par la plupart des sites islamistes qui font l'apologie du foulard.

Et dans l'islam?

Sept siècles plus tard naît l'islam. Le Coran consacre au voile ces passages:
«Et dis aux croyantes de baisser leurs regards, de garder leur chasteté et de ne montrer de leurs atours que ce qui en paraît et qu'elles rabattent leur étoffe sur leurs poitrines.» Coran (24: 31)
Enfin dans la sourate 33, Al-Ahzab (les Coalisés), au verset 59, il est dit:
«Prophète! Dis à tes épouses, à tes filles, et aux femmes des croyants, de ramener sur elles de grandes étoffes: elles en seront plus vite reconnues et éviteront d'être offensées.» Coran (33 : 59)
Sans vouloir être aussi pointilliste que les orthodoxes, je ferai remarquer que nulle part dans ces sourates, il n'est fait explicitement mention de voile (hijab) recouvrant le visage, cachant les cheveux et encore moins tout le corps.
Dans la première sourate, le Coran appelle simplement les croyantes à recouvrir leurs poitrines. La très sérieuse Encyclopédie de l'Islam (éd. Leyde) apporte cette explication:
«Dans l'Arabie préislamique, une coutume tribale voulait que durant les batailles, les femmes montent en haut des dunes et montrent leurs poitrines à leurs époux guerriers pour exciter leur ardeur au combat et les inciter à revenir vivants afin de profiter de ces charmes.»
Le verset en question aurait été inspiré au Prophète pour instaurer un nouvel ordre moral au sein des tribus. Quant au deuxième verset, il a fait l'objet de maintes lectures et controverses, la plus intéressante étant celle d'un grand imam qui, à l'âge d'or de Bagdad, au IXe siècle, en fit cette originale lecture:
«Le Seigneur n'a recommandé le voile qu'aux femmes du Prophète, toute musulmane qui se voilerait le visage se ferait passer à tort pour la sienne et donc sera passible de 80 coups de fouet.»
Le voile est resté depuis le signe distinctif des riches citadines et demeura inconnu dans les campagnes où les hommes ne songeaient pas à voiler les femmes en raison des travaux qu'ils leur confiaient.

Un avant et après «Révolution iranienne de 1979»

C'est la Révolution iranienne de 1979 qui entraîne la généralisation du voile. Le hijab, innovation sortie tout droit de la tête des tailleurs islamistes, a supplanté dans les pays du Maghreb le haïk traditionnel, un carré de tissu blanc.
Bien sûr, ce sont là les signes d'une société arabo-musulmane en crise, sans projet, sans perspectives, soumise à des régimes totalitaires et qui n'a pour unique espace de respiration, d'utopie, que la religion.
Pierre Bourdieu expliquait que dans l'Algérie coloniale, l'homme colonisé renvoyait sur la femme toute la violence subie de la part du colonisateur. Désormais, l'homme musulman renvoie sur la femme tout le chaos que lui fait subir la crise planétaire.
Dans ces pays sans libertés, l'islamisme fonctionne comme une eschatologie. Il efface toutes les aspérités de la vie pour ne faire miroiter que les plaisirs de «son vaste paradis».

L'islam à l'origine: une religion d'Etat et de conquête

Ici se pose également la question de la place de l'islam chez l'Autre. Contrairement au judaïsme qui s'est forgé dans l'exil, au christianisme qui s'est inventé durant les persécutions, l'islam est venu au monde comme une religion d'Etat et une religion de conquête.
Il n'a pas été souvent minoritaire et la place qu'il a accordée aux autres religions n'a pas été un exemple de tolérance. Et qu'on en finisse également avec cette parité des signes religieux.
A Rome ou à Jérusalem, on ne lapide pas ceux qui ont oublié leur croix ou leur étoile de David, en revanche, de Téhéran à Khartoum, de Kaboul à Casablanca, chaque jour des femmes sont violées, vitriolées, assassinées, fouettées ou licenciées parce qu'elles ne se sont pas couvert le visage et le corps.
Le hijab est l'effacement et l'abolition virtuels de la femme. Tous les écrits fondamentalistes l'affirment, «le voile est obligatoire car il doit cacher la aoura (parties honteuses du corps) de la femme».
C'est-à-dire que tout son corps est perçu comme une partie honteuse. Le hijab joue la fonction que lui a assigné Paul, il y a deux mille ans: signifier à la femme en public qu'elle est un être inférieur, bonne à museler.
Toute fille pubère est donc perçue comme une partie honteuse. Elle est éduquée pour se percevoir, depuis l'âge de 8 ans, comme un objet sexuel potentiel qui doit être dérobé aux yeux de la foule concupiscente.
Derrière chaque voile, il y a trois mille ans de haine envers la femme qui nous regarde.

samedi 19 avril 2014

L'Algérie malade de son systéme

 
José GARÇONancienne journaliste à Libération, et l'une des meilleures spécialistes de l'Algérie en France a répondu aux questions des internautes de L'Express. 

Algérie : "L'enjeu du scrutin, c'est la participation, pas la fraude"

Algérie: "L'enjeu du scrutin, c'est la participation, pas la fraude"
La presse semble se résigner à une reconduction d'Abdelaziz Bouteflika 
pour un quatrième mandat de cinq ans. Reuters/Zohra Bensemra

Ahmed : Pourquoi l'armée a-t-elle un si grand pouvoir décisionnel en Algérie ? En Egypte, l'armée détient un poids qui est dû à son Histoire. Mais en Algérie qu'en est-il ?

José GARÇON : En Algérie aussi, le poids de l'armée et des services de renseignements est lié à l'histoire du pays. C'est l'armée qui a chassé les Français et les "politiques" ont souvent dû se taire pour laisser parler des militaires qui revendiquaient la légitimité du combat révolutionnaire. Toutes les tentatives pour construire un Etat et une économie se sont heurtées à la puissance de l'appareil militaire et des services de sécurité. Ce sont eux qui ont toujours été détenteurs du pouvoir "réel", même si aujourd'hui celui-ci est un peu plus "dilué" et si les différents pôles de pouvoir sont visiblement arrivés au bout de leur capacité à générer des consensus.  
Avant même l'indépendance, le Malg, les "services" de la jeune révolution algérienne étaient déjà touts puissants. Ce sont eux qui ont assassiné en 1957 Abbane Ramdane, l'homme qui avait unifié et politisé la résistance contre le colonialisme mais qui avait aussi osé dénoncer la volonté de puissance des "colonels". Cet assassinat a d'ailleurs marqué le début de l'ascension du pouvoir des militaires et a été tragiquement annonciateur du futur rôle des "services" qui vont devenir la vraie colonne vertébrale du régime. Il ne faut pas oublier que c'est porté par les blindés de "l'armée des frontières" que Ben Bella arrive au pouvoir en 1962. Mais c'est aussi l'armée et le colonel Houari Boumediene qui, en 1965, finiront par renverser le premier président algérien.  

Currieu : l'Algérie est elle réellement indépendante ou juste une idée rêvée des nouvelles générations algériennes ? A quoi va servir un vote en Algérie du moment que le résultat est connu à l'avance ? Pourquoi ils investissent tout cet argent dans des élections sans issue ?




José GARÇON : Beaucoup d'opposants considèrent effectivement que les Algériens ont été dépouillés de leur souveraineté par un pouvoir qui s'est attribué tous les pouvoirs depuis l'indépendance, dispose à sa guise de la rente pétrolière et qui a verrouillé toutes les libertés. Si les autorités algériennes tiennent à ce point à organiser des élections présidentielles - qui n'ont jamais été "ouvertes" - c'est parce qu'elles tiennent par dessus tout à leur image de marque et sont très "légalistes". Mais ce sont toujours elles qui décident du candidat qui sera "avalisé" par un vote.  

Idjahnes : C'est déjà connu, Bouteflika a détourné beaucoup d'argent du budget alors alloué au Ministère des Affaires étrangères quand il était à sa tête : un jugement de la cour des comptes existe, et l'intéressé a commencé à en rembourser une partie. L'information n'étant plus un secret, pourquoi lui a-t-on permis d'accéder à la présidence ?

José GARÇON : Abdelaziz Bouteflika est arrivé au pouvoir en 1999, à la fin de la guerre civile après l'assassinat du président Boudiaf et la démission forcée du président Liamine Zeroual. Les responsables militaires et des services de sécurité avaient alors besoin à la fois d'un homme "de confiance", c'est à dire issu du système, et d'un homme bénéficiant d'un minimum d'aura internationale pour faire oublier ces deux événements et surtout pour "couvrir" une réconciliation nationale qui, en réalité n'a jamais eu lieu.  

Bouba : Oui Bouteflika est sur un fauteuil, comme un ancien président d'un très grand pays, Roosevelt. Comme quoi même en fauteuil, on peut diriger une société, ou un pays, Non ? alors pourquoi ce dénigrement envers un homme, qui aime son pays. Regardez tous les travaux, les projets réalisés en Algérie depuis dix ans...

José GARÇON : Les autorités algériennes ont effectivement fait une comparaison peu pertinente entre Roosevelt et Abdelaziz Bouteflika. Comme le montrent les images (rares) diffusées par la télévision algérienne, Bouteflika est, à l'inverse de son homologue américain, assez diminué pour ne pas s'être adressé aux Algériens depuis deux ans, ne pas tenir de conseil des ministres et n'avoir pas pu mener campagne lui même. En réalité, la désaffection des Algériens à l'égard de cette élection exprime parfaitement leur lassitude et leur désenchantement.  

Andalus : on dit que la société algérienne est laminée, écrasée. En même temps, on parle de 10 000 manifestations par an en moyenne. Comment expliquez-vous cela ?

José GARÇON : Très bonne question ! La société algérienne est effectivement dégoûtée de la classe politique. Le pouvoir a organisé le "vide politique" autour de lui et réussi à corrompre la plupart des partis et des personnalités et à verrouiller tous les espaces de liberté et d'expression. Cela ne signifie en rien que les Algériens acceptent cette situation: ils sont révoltés et expriment leur ras le bol et leur malaise à n'importe quelle occasion (absence de logements sociaux, manque d'eau, d'infrastructures, etc.) Les 10 000 manifestations dont vous parlez sont en réalité des émeutes localisées où les gens expriment leur colère pendant quelques heures ou quelques jours. Ces mini émeutes qui n'épargnent aucune région sont devenues avec le temps une "soupape" de sécurité pour le régime.  

Mourad : Y a-t'il des moyens d'empêcher Bouteflika d'être élu par la fraude ?

José GARÇON : Il faut d'abord s'entendre sur le mot "fraude". Le vrai et l'unique enjeu de ce scrutin, c'est la participation et pas une fraude sur le nom du candidat. En dépit des chiffres officiels, cette participation n'a jamais dépassé 20 à 25% depuis une quinzaine d'années. Tout indique qu'elle sera encore plus faible cette fois-ci. La question n'est donc pas tant de connaître le score de Bouteflika, car ceux qui ont voté aujourd'hui auront pour beaucoup voté pour lui, mais de savoir combien d'Algériens se seront réellement déplacés pour cette élection. Et ça, les chiffres officiels ne le diront probablement pas. 
Quant à savoir si on peut l'empêcher d'être élu, cela n'est hélas par du ressort des Algériens car les successions présidentielles ne se sont jamais jouées par les urnes en Algérie. Elles ont toujours été le résultat d'un "consensus" au sommet de l'Etat qu'on demande ensuite aux Algériens et aux Algériennes d'avaliser par leur vote.  

Nelson : pourquoi le ministre espagnol des Affaires étrangères José Manuel Garcia-Margallo a-t-il rendu visite à Bouteflika un jour avant la fin de la campagne électorale, entrevue servant de tribune politique pour l'unique apparition télévisée du candidat algérien qui n'a fait aucun meeting ?

José GARÇON : Je ne suis pas sûre que cette visite ait été "pensée" par les Espagnols comme un "coup de pouce" à Bouteflika. D'autant que les images qui ont été diffusées à cette occasion, comme lors de la visite de l'Américain John Kerry quelques jours plus tôt, n'ont fait que confirmer que Bouteflika n'était vraiment pas en mesure d'exercer un nouveau mandat. 

Mehdimai : Bouteflika diminué ou Benflis ou un autre choix du pouvoir, si les élections étaient justes sans boycott, y a-t-il une personnalité politique capable d'unir et de remporter les élections ? L'Algérie doit elle prendre l'escalier ou l'ascenseur, vu la complexité du problème et le haut niveau de corruption que les grandes puissances occidentales ne dénoncent pas ?





José GARÇON : C'est vrai que cette parodie d'élections s'est déroulée dans un silence international assourdissant. L'Union Européenne par exemple a préféré faire comme si son refus d'envoyer des "observateurs" dans un scrutin totalement verrouillé était lié avant tout à des problèmes bureaucratiques ... 
Vous demandez par ailleurs quelle personnalité serait susceptible d'initier un réel changement en Algérie... C'est tout le problème de la transition. La vraie difficulté réside dans la quasi impossibilité d'organiser le départ des dirigeants actuels, vieux et corrompus, et de transférer les responsabilités, y compris de l'armée et des "services" de renseignements, à une jeune génération. Le vide politique, résultat de la manière dont le pouvoir a tout fait pour empêcher toute alternative, rend cette transition particulièrement difficile alors qu'elle est indispensable pour assurer la stabilité de l'Algérie. C'est tout le sens des récentes déclarations de l'ancien premier ministre réformateur Mouloud Hamrouche.  

Ali : faut-il avoir peur de nouvelles violences après les élections. Il y déjà des tensions en Kabylie et dans le Mzab.





José GARÇON  : Je crains que ces élections soient effectivement un facteur de violences. La fin de la campagne électorale s'est déroulée dans un climat de tension inédit et nul ne s'explique vraiment la poursuite des affrontements dans le Mzab que les forces de l'ordre n'ont pas vraiment fait grand chose pour empêcher. Les autorités algériennes ont pris un gros risque en imposant au pays un scrutin totalement verrouillé dans une ambiance de ras le bol et de contestation généralisés où tous les clignotants sociaux sont au rouge. Je pense d'ailleurs que le régime a voulu canaliser ce ras le bol sur une seule personne - Bouteflika - pour mieux cacher que le vrai malade de l'Algérie est précisément ce système qui n'est à l'écoute que de lui même.  

Libi : D'accord, il n'est pas très démocratique. Mais il ne vaut pas mieux le maintien du système actuel qu'un chaos comme en Libye ou en Syrie? Au moins, l'Algérie est stable, non ?






José GARÇON : Pourquoi les Algériens seraient-ils condamnés à choisir entre le chaos et l'absence de démocratie et de liberté? Les autorités algériennes ont usé et abusé de la peur de la situation dramatique en Libye et surtout en Syrie pour tétaniser une population qui reste, à juste titre, traumatisée par la guerre civile des années 90 et qui aspire légitimement à la paix et à la stabilité. C'est "Bouteflika ou le chaos", ont elles suggéré sans cesse.  
Le problème, c'est que le pire facteur d'instabilité en Algérie est le maintien du statu quo, d'un chômage qui pousse les jeunes à "brûler" leur vie pour quitter le pays, et qui dilapide la rente pétrolière pour "acheter la paix sociale " et se maintenir coûte que coûte.  

Geronimo : Benflis semble avoir réussi à attirer l'intérêt. Ses meetings étaient bien remplis contrairement à ceux de Bouteflika. Est-ce qu'il peut offrir un avenir meilleur aux Algériens ?

José GARÇON : En 2004 déjà, Ali Benflis a voulu croire qu'il avait des chances de l'emporter notamment parce qu'on lui avait "donné des garanties" en ce sens et parce qu'il était un homme du système. Résultat: il avait été humilié par un score de 6,5% des voix. Il a pensé cette année encore qu'il pouvait rejouer cette partition. Sauf bouleversement majeur au sommet de l'Etat, il risque de subir une fois encore un échec. Si c'est le cas, il aura seulement servi, comme en 2004, à crédibiliser un processus en donnant l'illusion d'une véritable compétition entre Abdelaziz Bouteflika et lui.  

Lafsane : Comment l'Algérie peut-elle sortir d'une léthargie quand, pour voter, il y a déjà de la magouille ?
Ma mère est allée voter en début de semaine au Consulat d'Algérie dans le Nord. Quand elle a demandé à la préposée les démarches pour que nous, ses enfants, lui fassions une procuration pour le deuxième tour, elle lui a répondu "Quel deuxième tour" ? La préposée lui a donc fait 3 cartes d'électeurs pour ces 3 enfants inscrits dans ce consulat, sans que ma mère ne lui présente aucun papier d'identité nous concernant. Et elle a pu voter pour nous ! 
Mon grand-père a reçu une invitation pour voter, ça fait 14 ans qu'il est décédé!!!
Quelle démocratie pourrie de l'intérieur.
Je ne vis pas là-bas, je connais peu le quotidien des Algériens mais ces élections nous en donnent un "bel" aperçu.
Comment redonner espoir à une jeunesse qui ne sait même plus ce que ça veut dire?
J'ai mal à l'Algérie de mon père !


José GARÇON : Que vous répondre ? Vous témoignez parfaitement de la situation surréaliste dans laquelle vivent les Algériennes et les Algériens....  

vendredi 18 avril 2014

Moncef Marzouki a torpillé sa carrière politique ...

Écrivait déjà en décembre 2013 celui qui a dénoncé ZABA et son système !
Ce que les tunisiens ont très vite compris dès sa prise de fonction, pour l'avoir surnommé : TARTOUR !!
R.B
nicolas beau tunisie régente de charthage
Nicolas Beau

Marzouki lâché… et dénoncé par ses principaux conseillers

Après Adnen Mansar, directeur de cabinet de Moncef Marzouki, qui a annoncé lundi 14 avril qu’il quittait la présidence, le propre conseiller politique du président tunisien, Aziz Krichen, devrait annoncer dans les jours qui viennent son départ et multiplier des déclarations fracassantes dans les médias. Certains imaginent déjà une démission forcée de l’hôte du Palais de Carthage qui laisserait la place libre à un président rassembleur et consensuel comme l’ex Premier ministre Beji Caid Essebsi .
Le président provisoire tunisien Marzouki devrait se sentir bien seul au Palais de Carthage dans les jours qui viennent. Ses principaux conseillers sont en train d’annoncer en effet qu’ils quittent le navire. Ainsi Adnene Mansar, directeur de cabinet de Moncef Marzouki, a déclaré, le lundi 14 avril, qu’il quittait la présidence. Le propre conseiller politique du président tunisien, Aziz Krichen, qui a déja quitté le CPR, le parti présidentiel, devrait annoncer dans les jours qui viennent son départ du Palais de Carthage. Dans son entourage, on annonce que son réquisitoire sur le mode de gouvernance de Marzouki devrait être implacable.
Mis ainsi en cause par ses plus proches conseillers, il ne reste guère de véritables soutiens à ce vrai faux président qui ne dispose d’aucun pouvoir constitutionnel, mais se vit comme le patron de la Tunisie. Ce qui n’est évidemment pas le cas.
Les islamistes d’Ennahdha qui ont fait voter en faveur du parti de Marzouki, le CPR, lors du scrutin pour l’élection de l’Assemblée constituante et l’ont fait roi ensuite en le nommant au Plais de Carthage, sont lassés de ses frasques et de ses foucades. La stratégie de rassemblement qu’ils veulent mettre en oeuvre passe désormais par la valorisation d’hommes pondérés et consensuels, comme l’ex Premier ministre Jebali ou le président de la Constituante, Mustapha Ben Jaâfar.
Place nette
Une certitude, la débandade à laquelle on assiste autour du président Marzouki le place désormais sur un siège éjectable On sait par ailleurs qu’il ne fait rien pour favoriser le travail du nouveau gouvernement de technocrates soutenus par les principaux partenaires internationaux de la Tunisie, les Etats Unis, l’Allemagne et la France en tête.
Les liens avérés et financiers de Marzouki avec le Qatar ne plaident pas d’avantage en sa faveur à l’heure où le printemps arabe des Frères Musulmans, d’Egypte à la Libye, a du plomb dans l’aile.
Certains aimeraient naturellement donner à Moncef Marzouki le coup de pouce qui permettrait de l’évincer définitivement du trône, dès maintenant. Dans l’entourage de l’ancien Premier ministre Béji qui a réussi à mener à bien la transition démocratique jusqu’à l’élection de la constituante en octobre 2011, même s’il n’a guère fait bouger les lignes sur le terrain économique et social, certains rêvent à sa nomination, dès maintenant, à la présidence de la Tunisie. Ce qui consoliderait l’attelage qui doit conduire, avec succès espérons-le, à des élections présidentielles et législatives d’ici décembre prochain.  » Cela ferait un tel plaisir à Béji, confie un de ses proches, lui qui a rêvé d’être président ne serait ce que vingt quatre heures ».
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Nicolas Beau : Tunisie, opération de basse police au Palais de Carthage 
Le Palais de Carthage, qui abrite en Tunisie la présidence tunisienne, ne réussit guère à ses hôtes. Après Ben Ali qui a régné grâce à un appareil policier pléthorique, voici son successeur, l’ancien opposant Moncef Marzouki, qui utilise les archives du régime défunt pour régler piteusement quelques comptes.
En trois cent cinquante pages, Moncef Marzouki, le toujours provisoire président tunisien, a torpillé sa carrière politique, pas moins. Le militant démocrate, que les Tunisiens, au lendemain de la révolution, avaient renvoyé de la place de la Kasbah fin janvier 2011, à force de « dégage », a fait publier par la Présidence de la République un ouvrage qui interpelle sur les objectifs qu’il poursuit. « Le livre noir » ou « Le système de propagande sous Ben Ali», qui jette en pâture des noms de journalistes, d’artistes et d’intellectuels en rapport de près ou de loin, avec l’Agence Tunisienne de Communication Extérieure (ATCE), organe de prosélytisme de Ben Ali, est surtout un ouvrage de délation.
Confusion des pouvoirs
Sous prétexte, dans un élan pseudo révolutionnaire, de démasquer les « collaborateurs », Marzouki transgresse l’organisation des pouvoirs ; l’exploitation des données, livrées par les archives, est du ressort de l’Assemblée Nationale Constituante (ANC), dans le cadre d’une loi sur la justice transitionnelle qui, il est vrai, tarde à être adoptée. Dans le bilan qui doit être dressé de la Constituante, ce retard pèse lourd. En effet, la Tunisie se devait d’exercer un devoir de mémoire et de définir les responsabilités en cause dans les exactions du régime de Ben Ali. Au lieu de cela, les gouvernements successifs ont préféré emprisonner une dizaine d’anciens ministres, choisis au hasard, ou pire victimes de contentieux personnels avec les dirigeants d’aujourd’hui.
Dans le pavé, dans la mare, que Moncef Marzouki a tenté de lancer, figurent les noms des journalistes qui complétaient leur fin de mois au Palais de Carthage. « Le livre noir est plus qu’un règlement de comptes ou qu’un acte à but électoraliste. Il s’agit d’une incitation au meurtre des journalistes et hommes de médias » précise Fahem Bougadous, directeur du Centre de Tunis pour la liberté de la presse (CTLP). Moncef Marzouki, souvent critiqué par les médias, a-t-il tenté de rendre la monnaie de leur pièce à des journalistes trop insoumis à son goût ? Toujours est-il qu’il dédie 12 pages à sa propre apologie, ne cite pas certaines figures, pourtant connues comme laudatrices de Ben Ali, mais qui aujourd’hui sont proches de Carthage et du parti de Marzouki, le Congrès pour la République (CPR).
Basse police
Cependant, le livre dépasse simplement le recensement de ces supposées « bakchich », il dévoile des éléments de vie privée et désigne des personnalités des médias, tel que Samy Ghorbal et Ridha Kéfi, qui effectuaient simplement leur travail de journaliste, dans le cadre contraignant d’un régime ultra autoritaire. Moncef Marzouki pratique un détournement de la mémoire nationale, sans prendre aucune précaution d’usage et sans indiquer la méthodologie adoptée ni la qualité de ceux qui ont épluché les dossiers.
Autre illustration de l’esprit de vengeance de Marzouki, l’ancien opposant de Ben Ali, Ahmed Manai, qui fut atrocement torturé, a le droit à un traitement de faveur. Non seulement les calomnies rendues publiques sous Ben Ali sont abondamment citées, mais d’autres encore, inconnues et portant sur une vie privée totalement virtuelle et inventée, sont « révélées » par ce « Livre Noir » censé dénoncer la propagande du pouvoir précédent.
En revanche, Marzouki et Ghannouchi, ainsi que les dirigeants d’En Nadha, ont droit à la publication de fiches très succinctes et nettoyées avec soin de toute accusation diffamatoire. En fait, Ahmed Manai, qui fut un sympathisant des islamsites lors de la constitution de listes indépendantes en 1989, a eu le tort de se montrer critique, depuis trois ans, contre le nouveau pouvoir. Ce qui est impardonnable pour l’ami Marzouki !
La Présidence de la République, sur sa lancée, annonce déjà un second volume. Mais l’effet de vindicte populaire n’a pas eu lieu. La campagne de haine de Marzouki a fait « pschitt », comme aurai dit Jacques Chirac. Le contenu du livre nourrit seulement quelques discussions de salon à Gammarth. En revanche, « La Tunisie des oubliés », aujourd’hui au bord de l’explosion, attend un autre souffle, un autre élan de la classe politique.
Les droits de l’homme à géométrie variable
En permettant la parution de cet ouvrage à un moment où le pays est dans une phase sensible née d’une crise de confiance, Moncef Marzouki remet en cause sa position d’homme d’Etat au dessus de toute esprit. Cette opération de basse police remet également la posture qu’il avait adopté, en raison de son passé d’opposant courageux, en faveur des droits de l’homme, des libertés et de la démocratie. De Marzouki président tunisien intérimaire, il ne restera juste rien !
D’autant plus que ce démocrate à géométrie variable, inféodé au Qatar, un pays privé de toute liberté publique et esclavagiste, n’a pas eu la moindre réaction lorsqu’une justice tunisienne instrumentalisée tomba la semaine dernière sur Slim Bagga, l’ancien patron de « l’Audace », un journal vendu à Paris qui donna des cauchemars à Ben Ali (et qui défendit constamment Marzouki). La semaine dernière, ce journaliste talentueux, indépendant et courageux, emporté il est vrai parfois par des anathèmes et des outrances inutiles, vient d’être condamné à dix huit mois fermes de prison. Une première !
L’instruction fut bâclée et le procès partisan. La plainte émanait d’une diplomate inféodée au régime défunt. Et pourquoi ce silence de Marzouki ? Et bien, Slim Bagga, autrefois à Paris proche de Marzouki, avait dans son journal « l’Audace » pris position contre les initiatives intempestives du président tunisien intérimaire et souligné son absence de hauteur de vues.
Opposant constant du régime de Ben Ali qui rève d’un monde nouveau sans opposants, Moncef Marzouki parasite aujourd’hui gravement la transition démocratique tunisienne. 
Son égo a tué définitivemen chez lui toute intelligence politique