R.B
Par Sofiene Ben Hamida
Depuis quatre mois, le gouvernement Mehdi Jomâa semble
faire du sur place ou du moins avancer à pas de tortue. Il avait pourtant été
mandaté pour accélérer un processus de transition qui était au point mort et
essayer de stopper la dégringolade de l’économie tunisienne. Aujourd’hui, les
sentiments sont mitigés, face à un gouvernement qui s’écarte de la feuille de
route sur la base de laquelle il a été désigné et qui engage le pays sur un
programme, un agenda qui n’est visiblement pas consensuel et que nul ne sait
avec qui il a été concocté.
En fait, il y avait eu une arnaque originelle qui consiste à faire croire qu’il est possible de former un gouvernement de technocrates. En réalité un gouvernement est une structure politique dont les membres sont appelés à prendre, à longueur de journée, des décisions politiques. Le gouvernement actuel peut se targuer de son indépendance vis-à-vis des partis politiques. Seulement sa gestion est politique et il a tout fait pour exiger qu’il dispose d'une marge de manœuvre assez large. Même la feuille de route du quartette qui constituait le contrat et le mandat de ce gouvernement Jomâa n’est plus à l’ordre du jour.
Dans d’autres circonstances, la fuite en avant et sa gestion non concertée des affaires de l’Etat auraient provoqué le tollé général. Mais les partis politiques et les organisations nationales parrainant le dialogue national se sentent un peu piégés et responsables de cette situation qu’ils doivent gérer sans trop renier leur choix. Après quatre mois de gestion du gouvernement Jomâa, il est clair que la priorité des participants au dialogue national était d’évincer la troïka du pouvoir. Dans la précipitation, ils ont été peu vigilants concernant le nouveau gouvernement qui présentait bien avec tous ses "surdiplômés" débarqués fraîchement de l’étranger, quittant des carrières professionnelles prometteuses pour donner un coup de main au pays. Il est vrai que ne plus voir Laârayedh, Harouni, Mekki, Ben Salem, Badi, Maâtar, Ben Hmidane, Fakhfakh et autres était un acquis en soi qui a rendu espoir à une large frange de la population. Il est vrai aussi que ces jeunes diplômés ont aussi leurs ambitions, leurs visions du monde, leurs convictions. Ils sont intelligents, manœuvriers, bon communicateurs et conçoivent la politique autrement ce qui désarçonne et surprend une classe politique vieillissante et sclérosée.
Entre cette classe politicarde, stéréotypée et ces jeunes loups, la bataille était inégale dès le départ, mais il a fallut quatre mois pour s’en rendre compte.
Durant ces quatre mois, l’erreur fatale des partis politiques était de considérer que le gouvernement Jomâa était un gouvernement de technocrates qui se limitera à appliquer la feuille de route. Ils se sont vite consacrés, après l’adoption de la Constitution, à leurs campagnes électorales, à chercher de nouvelles alliances pour les uns et à régler les querelles fratricides pour les autres.
Dans ce climat de relâchement total de la vigilance, le gouvernement s’est trouvé les mains libres pour mettre au point un programme économique et social, son programme, d’une extrême agressivité qui n’a jamais été discuté, concerté ou adopté dans le cadre du dialogue national. La mise en application de ce programme, politique par excellence, puisqu’il répond à une vision politique et idéologique, fait que les franges défavorisées seront privées de la compensation, que les prix vont augmenter ainsi que les factures de l’électricité et du gaz, que le carburant, le pain, les pâtes, comme les tomates il y a quelques mois, seront vendus à des pris exorbitants.
Certains diront que ces mesures ont été prises sous la pression des instances financières internationales. Le plus probable c’est que ces décisions ont été prises par ce gouvernement parce que ses membres ont été formés au sein des multinationales dans un contexte d’économie et d’idéologie libérale de plus en plus agressive et anti-sociale. Ils sont formés dans un esprit d’efficience, de rentabilité, d’efficacité, quitte à laisser derrière eux des œufs cassés et parfois même des vies anéanties et des os broyés.
Le débat économique qui se prépare n’est par conséquent qu’un subterfuge. Ceux qui y assisteront seront amenés à valider les nouvelles orientations économiques décidées unilatéralement par Mehdi Jomâa et son gouvernement et engageront le pays dans un système économique libéral à outrance qui repose sur le désengagement social de l’Etat. Ceux qui le boycotteront auront manqué l’occasion de porter la voix des classes populaires. En cela, ils ne s’opposent pas au système qu’on veut mettre en place. Ils le soutiennent par opposition passive.
En fait, il y avait eu une arnaque originelle qui consiste à faire croire qu’il est possible de former un gouvernement de technocrates. En réalité un gouvernement est une structure politique dont les membres sont appelés à prendre, à longueur de journée, des décisions politiques. Le gouvernement actuel peut se targuer de son indépendance vis-à-vis des partis politiques. Seulement sa gestion est politique et il a tout fait pour exiger qu’il dispose d'une marge de manœuvre assez large. Même la feuille de route du quartette qui constituait le contrat et le mandat de ce gouvernement Jomâa n’est plus à l’ordre du jour.
Dans d’autres circonstances, la fuite en avant et sa gestion non concertée des affaires de l’Etat auraient provoqué le tollé général. Mais les partis politiques et les organisations nationales parrainant le dialogue national se sentent un peu piégés et responsables de cette situation qu’ils doivent gérer sans trop renier leur choix. Après quatre mois de gestion du gouvernement Jomâa, il est clair que la priorité des participants au dialogue national était d’évincer la troïka du pouvoir. Dans la précipitation, ils ont été peu vigilants concernant le nouveau gouvernement qui présentait bien avec tous ses "surdiplômés" débarqués fraîchement de l’étranger, quittant des carrières professionnelles prometteuses pour donner un coup de main au pays. Il est vrai que ne plus voir Laârayedh, Harouni, Mekki, Ben Salem, Badi, Maâtar, Ben Hmidane, Fakhfakh et autres était un acquis en soi qui a rendu espoir à une large frange de la population. Il est vrai aussi que ces jeunes diplômés ont aussi leurs ambitions, leurs visions du monde, leurs convictions. Ils sont intelligents, manœuvriers, bon communicateurs et conçoivent la politique autrement ce qui désarçonne et surprend une classe politique vieillissante et sclérosée.
Entre cette classe politicarde, stéréotypée et ces jeunes loups, la bataille était inégale dès le départ, mais il a fallut quatre mois pour s’en rendre compte.
Durant ces quatre mois, l’erreur fatale des partis politiques était de considérer que le gouvernement Jomâa était un gouvernement de technocrates qui se limitera à appliquer la feuille de route. Ils se sont vite consacrés, après l’adoption de la Constitution, à leurs campagnes électorales, à chercher de nouvelles alliances pour les uns et à régler les querelles fratricides pour les autres.
Dans ce climat de relâchement total de la vigilance, le gouvernement s’est trouvé les mains libres pour mettre au point un programme économique et social, son programme, d’une extrême agressivité qui n’a jamais été discuté, concerté ou adopté dans le cadre du dialogue national. La mise en application de ce programme, politique par excellence, puisqu’il répond à une vision politique et idéologique, fait que les franges défavorisées seront privées de la compensation, que les prix vont augmenter ainsi que les factures de l’électricité et du gaz, que le carburant, le pain, les pâtes, comme les tomates il y a quelques mois, seront vendus à des pris exorbitants.
Certains diront que ces mesures ont été prises sous la pression des instances financières internationales. Le plus probable c’est que ces décisions ont été prises par ce gouvernement parce que ses membres ont été formés au sein des multinationales dans un contexte d’économie et d’idéologie libérale de plus en plus agressive et anti-sociale. Ils sont formés dans un esprit d’efficience, de rentabilité, d’efficacité, quitte à laisser derrière eux des œufs cassés et parfois même des vies anéanties et des os broyés.
Le débat économique qui se prépare n’est par conséquent qu’un subterfuge. Ceux qui y assisteront seront amenés à valider les nouvelles orientations économiques décidées unilatéralement par Mehdi Jomâa et son gouvernement et engageront le pays dans un système économique libéral à outrance qui repose sur le désengagement social de l’Etat. Ceux qui le boycotteront auront manqué l’occasion de porter la voix des classes populaires. En cela, ils ne s’opposent pas au système qu’on veut mettre en place. Ils le soutiennent par opposition passive.
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