Les islamistes de tous poils, rêvent de Califat ! Vieille lune pour laquelle ils sèment le chaos parmi des peuples qui n'en veulent pas ... pour le grand bien d'un Occident qui tire les ficelles de ces dangereux rêveurs, pour redessiner la carte du monde "arabo-musulman" en balkanisant * les pays pour mieux contrôler leur or noir !!
Bientôt ce sera le tour du Moyen-Orient ... en premier l'Irak, qui sera suivie par la Syrie !
Obama réalise-t-il l'autre lubie, celle des sionistes ? :
R.B
Les jihadistes de l'État islamique ont proclamé le califat sur les territoires qu'ils contrôlent de part et d'autre de la frontière entre Syrie et Irak. Julien Loiseau explique l'histoire de cette institution disparue depuis les années 1920 et la fin de l'Empire ottoman.
Par Julien Loiseau
Spécialiste de l'Orient médiéval
S’il n’y avait ses sinistres conséquences – meurtres de masse, chasse aux chrétiens et à toutes les dissidences religieuses – et la menace bien réelle d’une déstabilisation de la région, la proclamation d’un califat universel par les djihadistes de l’État islamique en Irak et au Levant, le 29 juin 2014 (premier jour du mois de ramadan 1435), ressemblerait à une mauvaise farce.
Qui peut penser un instant que les musulmans du monde entier vont prêter allégeance au calife Ibrahim, alias Abu Bakr al-Baghdadi, aventurier dont l’obscure origine lui permet de prétendre sans frais à une prestigieuse généalogie ? L’homme se targue en effet d’appartenir à la tribu de Muhammad (Quraysh) et plus précisément à la descendance du Prophète par son petit-fils Husayn. Être qurayshite constituait au Moyen Age, en droit sunnite, l’un des critères légaux pour prétendre au califat – par opposition à la doctrine chiite selon laquelle la direction de la communauté aurait dû se transmettre en ligne directe, avec le charisme prophétique, aux descendants de Muhammad par son petit-fils Husayn.
Quant à la prétention du nouveau calife de descendre de Husayn, elle n’a pas pour but de rallier les chiites ; elle lui permet de se poser en représentant de la Maison du Prophète (sa famille au sens large), à l’instar de la dynastie des Abbassides qui s’était emparée du califat au milieu du VIIIe siècle avant de fonder une nouvelle capitale, Bagdad …
Tout dans la posture du calife Ibrahim, sauf la Rolex arborée lors de son premier prêche public à Mossoul (si du moins il s’agissait bien de lui…), sent la leçon d’histoire. C’est que les djihadistes de l’EIIL, de même d’ailleurs que les Frères musulmans, n’envisagent pas d’autre forme légitime d’exercice du pouvoir que celle qui aurait présidé aux premiers temps de l’Islam. Leur conception du califat n’est pourtant que le dernier en date d’une longue série d’avatars.
Cette histoire s’est nouée en Syrie et en Irak, il y a treize siècles. La dynastie des Omeyyades (660-750), sous le règne de laquelle s’était formé l’immense Empire islamique (de l’Atlantique à l’Indus), cédait face à une coalition d’adversaires dont émergea la dynastie des Abbassides (750-1258). La première, les Omeyyades, dominait déjà La Mecque et ses réseaux marchands avant l’Islam et s’était opposée à la prédication du Prophète, avant de rallier l’empire naissant et d’en (re)prendre la tête. La seconde, les Abbassides, s’appuya sur les forces d’opposition venues des périphéries de l’Empire et réussit à prendre la tête de cette « révolution » au nom de son appartenance à la Maison du Prophète (Abbas était l’un des oncles paternels de Muhammad), évinçant au passage les descendants de celui-ci en ligne directe et leurs partisans, les chiites.
Omeyyades et Abbassides portaient le titre de calife, forgé à la mort du Prophète en 632 pour désigner son premier successeur. Mais le mot khalifa (lieutenant, successeur) avait pris entre-temps, avec l’expansion de l’Empire, une toute autre signification : le calife n’était plus simplement, comme aux premiers temps de la communauté, le « successeur de l’Envoyé de Dieu » (khalifat rasul Allah) ; il était devenu le « lieutenant de Dieu » (khalifat Allah), l’Ombre de Dieu sur terre. Omeyyades et Abbassides héritaient en cela d’une conception impériale du pouvoir, d’influence plutôt romaine et byzantine pour les premiers, davantage persane et sassanide pour les seconds. Dans les deux cas, elle leur conférait une autorité de droit divin sur les hommes – le calife étant également l’imam de la communauté, celui qui dirige la prière, celui dont découle l’autorité des juges qui mettent en œuvre la Loi révélée, sans pour autant en faire l’équivalent d’un pape ou d’un patriarche. À ce titre, les califes qui s’essayèrent à intervenir dans la définition du dogme se heurtèrent au IXe siècle à une farouche résistance, à l’instar des empereurs byzantins engagés dans la crise de l’iconoclasme. Comme leurs prédécesseurs, les premiers Abbassides dirigeaient en personne la guerre saisonnière contre Byzance, ainsi que le pèlerinage à La Mecque. Ils contribuèrent aussi, tout à leur volonté de noircir la mémoire des Omeyyades, à forger la légende dorée des « califes bien guidés », les quatre premiers successeurs du Prophète distingués par la droiture de leur conduite à la tête de la communauté. La réécriture des origines de l’Islam, accomplie sous les Abbassides, devait léguer à la postérité une conception idéalisée du califat primitif – dont le titulaire était à la fois imam, juge et chef de guerre –, reprise à leur compte par les idéologues contemporains de l’Islam politique.
Si cette définition minimale (et largement mythique) du califat est tout ce qui reste aujourd’hui de cette institution impériale, c’est que les califes abbassides ont vu leur pouvoir contesté puis progressivement vidé de sa substance. Des dynasties rivales leur disputèrent au début du Xe siècle l’autorité universelle sur les musulmans : les Omeyyades (à nouveau) depuis la lointaine Espagne ; les Fatimides (une dynastie chiite), depuis le Maghreb et l’Égypte. Puis des chefs de guerre venus d’Orient imposèrent leur tutelle aux califes de Bagdad. En 1055, le chef de la confédération turque des Seljoukides obtenait du calife la délégation de son pouvoir (sultan), au nom de la défense du sunnisme. Il ne restait plus dès lors aux Abbassides qu’une autorité symbolique, religieuse et légale, sur la communauté universelle des musulmans et un pouvoir de facto réduit à Bagdad et au sud de l’Irak.
La fragmentation de l’Empire islamique en royaumes indépendants se traduisait ainsi dans une dualité nouvelle du pouvoir entre le calife et le sultan, titre bien vite repris par une myriade de souverains désireux d’obtenir une reconnaissance officielle. Certes, d’autres dynasties, comme les Almohades au Maghreb, relevèrent le titre de calife au service d’un projet de réforme religieuse radicale. Mais passé l’an mille, le califat se résuma pour l’essentiel au magistère légal des Abbassides, pourvoyeur de légitimité politique en Islam sunnite.
En 1258, la prise de Bagdad par les Mongols païens et le massacre des Abbassides ne mit pas fin à cette histoire : un rescapé fut accueilli au Caire et restaura le califat sous l’étroit contrôle du sultan mamelouk. Mais le désastre avait porté un coup fatal à l’universalité de l’institution, à telle enseigne qu’au XIVe siècle certains oulémas, les hommes de loi et de religion, revendiquaient pour eux-mêmes l’exercice collectif du califat, entendu au sens restreint d’une autorité légale.
Les mots, cependant, ont la vie dure. Après la prise du Caire par les Ottomans en 1517 et la déportation du dernier Abbasside à Istanbul, la dynastie califale s’éteignit définitivement, ce qui autorisa peut-être les thuriféraires du sultan Soliman le Magnifique (1520-1566) à voir en lui le « calife de son temps ». À partir des années 1640 à la cour ottomane, le cérémonial assimila explicitement le sultan au calife des musulmans, à grand renfort de reliques sacrées comme le Manteau du Prophète qu’avaient porté autrefois les Abbassides. Sultanat et califat, pouvoir de fait et autorité légale, se confondaient à nouveau dans la personne du souverain ottoman, sans rival dans l’Islam sunnite.
Institution fossile, le califat fut une dernière fois revivifié par Abdülhamid II (1876-1909) pour soutenir sa politique panislamiste et tenter de maintenir les provinces arabes dans le giron de l’Empire ottoman, avant d’être aboli en 1924 par la nouvelle République turque.
Coquille vide ou véritable mantra, le califat n’a cessé depuis lors de resurgir dans le discours politique du Proche-Orient arabe.
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