La presse arabe salue l'expérience tunisienne. Les législatives du 26 octobre ont eu lieu sans accrocs et l'alternance est au rendez-vous avec le parti séculier Nidaa Tounès qui serait en tête et le parti islamiste Ennahda en deuxième position.
"Le deuxième scrutin libre qui a eu lieu le 26 octobre en Tunisie [après celui du 23 octobre 2011] confirme la poursuite de la transition politique commencée avec la chute du régime dictatorial de Ben Ali [en janvier 2011], un événement sans précédent qui a été suivi dans la région par des tentatives couronnées de plus ou moins de succès", souligne le site libanais Now.
La Tunisie a échappé à la violence grâce au dynamisme de sa société, largement éduquée, et à la solidité de ses institutions fondées par le père de l'indépendance, Bourguiba [chef de l'Etat de 1957 à 1987, Habib Bourguiba est considéré comme le fondateur de la Tunisie moderne]. Mais aussi grâce au "pragmatisme du parti islamiste Ennahda qui a su éviter la reproduction de l'exemple égyptien".
"Les Tunisiens sont meilleurs que nous"
"Ce petit pays voisin de la Libye est comparable au Liban, voisin de la Syrie", enchaîne le quotidien libanais An-Nahar. Et la guerre civile qui se déroule en Libye a plus d'un point commun avec les combats qui déchirent la Syrie. Mais, alors que le Liban vit dans la crainte d'une "contamination des maladies syriennes", la Tunisie, dont le tissu social est homogène et épargné des dissensions confessionnelles, a su "résister à l'agonie qui a eu raison des autres pays du printemps arabe". Ce que le Liban, "premier pays démocratique dans le monde arabe", n'a pas pu réaliser. "Les Tunisiens sont meilleurs que nous."
Sur le même ton, l'éditorialiste d'El-Watan écrit : "Ironie du sort, vue d’Algérie, la Tunisie paraît aujourd’hui un modèle de transition et d’alternance au pouvoir à suivre, et un laboratoire d’incubation de la démocratie que l’Algérie a cessé d’être depuis des dizaines d’années. Nos voisins ont prouvé que le changement de régime ne signifie pas forcément le chaos comme en Libye, en Egypte et en Syrie. L’exception tunisienne est un cas d’école."
La chute des islamistes
Le quotidien algérien revient sur le recul du parti islamiste Ennahda, "qui ne parviendrait pas à dépasser les 70 élus" alors que son rival séculier Nidaa Tounès (Appel de la Tunisie) "a obtenu autour de 85 sièges", sur un total de 217. Et de souligner : "Les islamistes croyaient prendre le pouvoir pour une longue échéance, le premier examen électoral leur a été fatal." Même son de cloche dans Al-Jazirah, le quotidien saoudien se réjouit de la chute des islamistes "qui n'excellent que dans le mensonge et les promesses vaines".
De son côté, le quotidien libanais As-Safir relève que les relations entre le camp des libéraux et celui des islamistes d'Ennahda ne sont pas encore bien dessinées, et qu'il faudra attendre la présidentielle du 23 novembre pour que cela soit clarifié. En attendant, "la révolution en Tunisie se porte bien, de même que la démocratie. De quoi faire des envieux."
Dans ce concert de louanges, le site Al-Modon se distingue par une analyse pessimiste en s'arrêtant sur "la composition du parti Nidaa Tounès qui repose sur des hommes politiques de la vieille garde" [le dirigeant du parti, Béji Caïd Essebsi, a été Premier ministre de février à décembre 2011, pendant la période de transition au lendemain de la révolution, et ministre à l’époque d’Habib Bourguiba]. Al-Modon estime que sa victoire "est un retour vers l'ancien régime, comme c'est le cas en Egypte et comme cela risque de se produire en Libye, en Syrie ou encore au Yémen". Et de conclure : "Le printemps est terminé. D'une manière ou d'une autre, les peuples arabes ont choisi le repli et la suprématie des armées laissant la voie libre à l'organisation de l'Etat islamique, en attendant une deuxième vague de printemps arabe."
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