Et si finalement, Tartour n'était que le dindon de la farce de Ghannouchi ?
R.B
R.B
Universitaire franco-tunisien à la retraite
Le dimanche 23 novembre, le Parti islamiste Ennahdha a accompli un miracle. La résurrection de Moncef Marzouki. En effet, un mois auparavant, juste après les Elections législatives durant lesquelles le CPR, le parti du Président provisoire s’est effondré et n’a obtenu que de médiocres performances (un peu plus de 2% et 4 élus), personne n’aurait parié un millime sur Monsieur Marzouki et la plupart des analystes lui prédisaient le même naufrage que ses anciens alliés Monsieur Ben Jaafar et son parti Ettakattol.
Or, voilà qu’un mois plus tard, ce président sortant, impopulaire et au plus bas dans les sondages, se refait une santé et obtient à la surprise générale 33,43% des suffrages, ce qui le qualifie au deuxième tour des Elections Présidentielles.
Les analyses pour tenter de comprendre et d’expliquer cet événement étant légion, il serait plus intéressant de se pencher sur ses conséquences et ses prolongements.
En premier lieu, le retour de M. Marzougui au premier plan, nous éclaire sur la scène politique tunisienne et sur les rapports de forces en présence. Ainsi fort de la confirmation des résultats des Législatives, nous pourrons mieux apprécier le poids réel d’Ennahdha puisque les résultats et le classement de Monsieur Marzougui aux Présidentielles et ceux d’Ennahdha aux Législatives sont presque identiques. Et c’est déjà là un motif de satisfaction pour NidaaTounes puisqu’il voit son leadership incontesté.
Le soutien «clandestin» à un candidat malgré les déclarations publiques, montre si besoin est que le parti islamique n’a pas changé, il reste plus que jamais fidèle à sa stratégie et à ses façons de faire et notamment au double discours. Ce double discours révèle d’une part que le parti n’est pas homogène puisqu’il se trouve en son sein des dirigeants qui prêchent et conseillent la neutralité et des militants qui passent outre et votent pour M. Marzougui. Il révèle aussi l’indécision du parti entre le soutien à Marzougui pour exercer une pression sur BCE aujourd’hui et s’il le faut plus tard, et la neutralité afin d’attirer les bonnes grâces de BCE et de le faire pencher vers un gouvernement d'unité nationale.
Les résultats nous éclairent aussi sur la véritable nature de Moncef Marzougui. Le Président-candidat constitue un cas d’école pour quiconque s’intéresse un tant soit peu au changement de l’humain sous l’effet du pouvoir. En effet, quiconque aurait connu ne serait-ce que de loin Monsieur Marzougui, aurait le vertige au vu de son itinéraire et de sa mue. Voilà un homme qui inaugure sa vie politique en militant pour les droits de l’homme et qui semble la clore par l’adhésion aux valeurs d’une extrême droite musulmane. Moncef Marzougui voue au pouvoir un amour tellement immodéré, une passion tellement ravageuse qu’ils lui font adopter tous les moyens pour le conserver : opportunisme, populisme, démagogie, machiavélisme… et tenir tous les discours : celui des supposés gardiens de la révolution mais aussi celui des Islamistes et celui des plus radicaux, les Salafistes…
Ayant fait le plein des voix nahdhaouis, et n’ayant aucune réserve et ne bénéficiant que de reports dérisoires, M. Marzougui n’a aucune chance au deuxième tour d’autant que les citoyens ont été témoins de sa capacité de nuisance à travers ses agitations : la lettre à BCE, l’exigence d’un pugilat télévisuel…
Quant à Nidaa Tounes et son leader BCE, du fait du comportement d’Ennahdha, ils se trouvent libérés de toute velléité d'associer ce parti à un gouvernement «d’unité nationale» d’autant que cette alliance serait à plus d’un titre néfaste :
- Elle susciterait l’Incompréhension des cadres et militants de Nidaa et pourrait même ébranler sa cohésion et entamer son équilibre.
- Elle ferait fuir les forces démocratiques et séculières.
- Elle signerait le retour des islamistes aux affaires pour continuer leur entrisme dans les rouages de l’état, familiariser les Tunisiens à leur présence et surtout islamiser la société tunisienne, leur ultime objectif.
Donc il faut maîtriser la peur de gagner, ne pas trembler et refuser cette alliance inutile car, en 2015, la Tunisie doit, dans tous les cas de figures, inaugurer la nouvelle année par un nouveau Président de la République.
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