vendredi 4 décembre 2015

Et si l'islam portait en lui les germes de Daech ?

C'est du moins ce qu'il ressort de l'histoire de cette religion qui a connu d'autres Daech depuis son avènement.
Il est vrai quand l'islam est policé par les « tribunaux du Bien contre le Mal », il perd tout son humanisme ! Ce qui est le cas depuis l’avènement du wahhabisme.

R.B
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Ce « Daech » qui vit en nous
A l’inverse de ce que l’on pourrait penser, les événements de Paris d’abord, puis du Mali ensuite (l’attentat de Tunis n’avait pas eu encore lieu, NDT), ne sauraient s’effacer dans le temps sans laisser de profondes marques sur nos visages et dans nos esprits.
La peur, l’effroi … toute cette sauvagerie qui accompagne désormais chacun de nos gestes au quotidien. Cela imprimera sa marque à nos langages habituels et impactera nos mots usuels, donnant des langues et des idiomes qui s’écriront dorénavant avec les lettres du doute.
Dans de tels moments, ce serait  une erreur, que dis-je, ce sera une faute, une chose « haram », de nous en tenir encore à nos dictionnaires froids et peu parlants. Nous commettrions un crime en persistant à vouloir ménager ce que nous appelons « l’opinion publique », en empruntant le langage de la justification et du mensonge, quand on ment aux autres et qu’on se ment aussi à soi-même au nom de la tolérance, en vertu des valeurs et pour ce qui reste de tout ce qui peut évoquer le « ijmaâ »  (le consensus).
En de tels instants rien ne peut être plus grand, rien ne saurait être plus beau, plus sacré, plus éternel que la différence, le droit à cette différence. Tant il est vrai qu’une société qui se fonde sur le principe du consensus et sur l’absence des différences est, en toute simplicité, une société qui s’effondrera à la première secousse.
Une société qui forge son identité sur la vérité absolue est une société qui se construit en fait sur le mensonge car une vérité vraie ne diffère pas tant d’un mensonge avéré.
Rien ne peut nous unir plus et mieux que le droit à la vie.
Qu'on vive donc avec nos différends et nos différences, que le doit de vivre soit consacré vertu sacrée, et ainsi nous pourrons gérer notre espace commun et nos valeurs communes; nous pourrons alors glorifier l’humain qui se cache en nous.
Quand nous disons que la sauvagerie, que le terrorisme, que tous les mots et les langues évoquant la tuerie commise au nom d’Allah sont d’abord et avant tout de notre responsabilité, nous ne faisons que commencer à dire et écrire la vérité.
Les interprétations aussi abusives que radicales de la religion – que nous le voulions ou non – ne sont pas un complot américano-impérialo-sioniste. Oh, il est bien possible que ces gens instrumentalisent et tirent profit de cet extrémisme que nous avons nous-mêmes inventé au nom de l’islam, mais ils ne l’ont pas produit.
Quand le radicalisme de l’interprétation, ou l’interprétation radicale, faisait des ravages dans le Bagdad de 447 de l’Hégire (environ 1057 de l’ère chrétienne), et quand les adeptes d’Ibn Hanbal empêchaient les Achaârites de prier avec la communauté, pour la prière du vendredi ou d’un autre jour, cela n’était pas un complot extérieur à l’islam mais une attaque de musulmans contre d’autres musulmans.
Quand Ibn Hatim al-Hanbali avait émis sa fatwa prétendant que « celui qui n’est pas hanbali n’est pas musulman », il ne percevait pas d’émoluments du Congrès américain. Non, il ne faisait, en toute simplicité, que théoriser le radicalisme et autoriser le meurtre.
Et quand Mohamed Ben Youssek al-Hanafi, alors cadi à Damas, affirmait que « si j’en avais le pouvoir, je m’en serais pris aux Chafiîtes », Tel Aviv ne le finançait pas non plus.
Certes, les autres ont une grande responsabilité dans ce qui nous arrive et ont commis des grandes erreurs à notre égard. Certes, les autres ont grandement exploité ce feu qui bouillonnait au sein de nos sociétés et l’ont savamment et constamment entretenu, mais cette violence qui marque nos traits est à l’origine des facettes de notre identité, une identité que nous avons façonnée pour nous-mêmes, par nous-mêmes.
Quand nous disons que le problème aujourd’hui n’est guère dans les adorateurs du sang, dans « Daech » ou même dans « al-Qaïda » en tant que structures, mais bel et bien dans les théories qui leur ont permis d’exister et d’exercer toute leur sauvagerie; quand nous disons cela, et si nous le disons, nous nous posons à nous-mêmes une question fort ancienne dont nous avons encore et toujours, depuis des siècles, reporté l’examen.
Ceux qui se sont accaparé l’islam, qui l’ont scindé en autant de rites et de franges qu’il y a de doctrines qui s’excommunient mutuellement, sont les concepteurs bien anciens de Daech et les tuteurs de sa violence. Ils sont leurs pères tutellaires, à travers le temps et les siècles.
Ceux qui ont excommunié les uns, puis ont tué les autres et enfin ont profané les dépouilles des uns et des autres, sont les premiers terroristes, les précurseurs de la sauvagerie.
Et ceux qui se sont tu face à ces comportements, ceux qui n’ont rien dit quand l’islam a été pris en otage, ceux qui se murent toujours dans leur silence aujourd’hui encore, sont des complices actifs de ces massacres, et non les victimes.
.Aujourd’hui, ce que fait Daech et ses (in)dignes suiveurs, ceux qui lui emboîtent le pas ici et là dans le meurtre et la destruction, n’est pas plus abject que ces abjections commises dans le passé et qui se perpétuent de nos jours dans un silence qui porte et supporte ce grand mensonge du complot extérieur et de l’alliance du monde contre l’islam et les musulmans.
Aujourd’hui, en Arabie Saoudite dont le pétrole soumet tous les dirigeants du monde, qui s’inclinent face à ses princes et qui mettent une cagoule aux principes et aux valeurs démocratiques… 
Aujourd’hui, il se produit une chose effroyable dans ce pays. Un tribunal a décidé d’exécuter le poète et artiste palestinien Ashraf Fayad pour un poème que le tribunal a estimé « mettre en doute l’existence de Dieu ». Ce tribunal s’érige en défenseur et protecteur de Dieu, dont l’un des noms est « al haq », le droit absolu.
Les tribunaux mobiles d’inquisition en Arabie Saoudite, cette chose hideuse que l’on appelle « les tribunaux  du Bien contre le Mal », ont procédé à l’arrestation du Palestinien dans une ville située au sud-ouest du Royaume; puis l’ont accusé de « mettre en doute l’existence de Dieu » et ensuite l’ont déféré devant des juges qui l’ont condamné à la peine capitale, bien que cet homme n’ait cessé de dire et de répéter que l’interprétation qui avait été faite de ses poèmes était erronée.
L’Arabie Saoudite qui a faite sienne cette approche aussi absolutiste que mystérieuse de l’islam qui a pour nom le « wahhabisme » n’accepte aucune autre interprétation d’un texte que celle qui est faite par les inquisiteurs des tribunaux du même nom.
Et avant Ashraf Fayad, il y avait eu un autre homme du nom de Raif Badawi qui avait eu le tort de réclamer la suppression de ces « tribunaux  du Bien contre le Mal », et qui avait été embastillé aussi pour cela, en 2012. On l’avait lourdement chargé, en l’accusant d’atteinte à l’islam sur internet, entre autres graves chefs d’inculpation, dont l’apostasie. Badawi avait été préliminairement condamné à 7 ans de prison et 600 coups de fouet, mais un autre tribunal avait jugé la sentence trop clémente, et il l’avait en conséquence alourdie, pour la porter à 10 ans de prison et 1.000 coups de fouet, appliqués à raison de 50 chaque vendredi…
Des histoires comme celles de ces deux hommes, il en existe des centaines et même des milliers. En Arabie Saoudite, en Iran, au Yémen, en Afghanistan, au Soudan, au Qatar où un autre poète est tourmenté en raison d’une accusation d’atteinte et offense au régime princier.
Dans ces riantes contrées, vous trouverez tant et tant de sentences, de décapitations, de lapidations…
Au Koweït, aujourd’hui, survit un enfant de 8 ans, accusé de harcèlement sexuel contre une enseignante, et pour lequel le procureur a requis 5 années d’emprisonnement. 
Dans cette région du monde, vous apprendrez que quiconque veut exprimer sa différence est incarcéré et jugé pour infanticide. Vous comprendrez alors que le meurtre, la violence, l’abjection, ne sont pas uniquement le fait de Daech ou d’al-Qaïda, vous prendrez la mesure de cette pratique qui a fondé tout l’islam, leur islam, sur la violence.
Vous verrez qu'aujourd’hui, le sacré a pris les traits de la Faucheuse, et vous entreverrez que la différence est devenue un crime dont le seul châtiment est la mort !
La vie, chez nous, sur nos terres et sous nos cieux, ne mérite pas d'être vécue.
Le plus souvent, dans nos contrées, nous affichons une coupable unanimité face à la mort, au meurtre et au silence, et nous ne divergeons que pour le droit à la vie.

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