Sérénade Chafik
Cette
gauche qui s'allie aux islamistes méconnaît la solidarité
J'apprends avec stupéfaction que le maire communiste de Gennevilliers organise une conférence le 7 janvier prochain à Gennevilliers, date anniversaire de l'attaque terroriste contre Charlie Hebdo et l'épicerie casher, avec Marwan Muhammad, un "Ni Charlie Ni Paris", un islamiste qui lutte ouvertement contre la laïcité qu'il considère comme un instrument de domination xénophobe.
Après les attaques meurtrières de Charlie et de l'épicerie casher, après les attaques de Paris, et alors que ces actes terroristes sont perpétrés au nom de la religion, j'ai cru naïvement qu'on allait réaffirmer notre attachement aux valeurs de la laïcité.
Mon désarroi a été immense quand j'ai découvert que la LDH avec qui j'avais mené certains combats s'associe à des initiatives de promotion de l'islam politique en France, adopte le terme islamophobie faisant acte de rupture avec l'universalisme des droits humains.
Certaines personnalités politiques de gauche ont fait le choix de cautionner les islamistes et organisent avec eux des tribunes alors que la lutte pour la laïcité est très risquée pour beaucoup à travers le monde.
Une gauche qui s'allie aux islamistes méconnaît la solidarité
Entre les deux tours des élections régionales, alors que nous étions secoués par les résultats qui mettaient en danger notre démocratie, en Île de France, le collectif Ensemble dont la porte parole Clémentine Autain, seconde sur la liste du candidat PS Claude Bartolonne, relaye l'appel à se rendre à un meeting à Saint-Denis ou sont conviés, les islamistes Tariq Ramadan et l'ex-porte-parole du Collectif contre l'islamophobie en France, Marwan.
Une certaine gauche persiste à collaborer avec frère Tariq alors même qu'il vient de déclarer que toute tentative de réformer l'Islam est vouée à l'échec, que l'Islam est une Unité indivisible (TR arabic du 7 décembre 2015).
Il s'oppose donc aux tentatives progressistes qui tentent de réformer le discours religieux
Dans le même article il n'hésite pas à mettre de l'huile sur le feu comme un émeutier avançant une théorie du complot qui va à l'encontre de la prévention de la radicalisation : "C'est étrange les problèmes surgissent dans les pays qui sont riches en pétrole et en matières premières comme l'Irak, la Libye, l'Afghanistan, le Yémen ou le Niger (...) N'est-ce pas étrange que DAECH apparaisse dans les pays qui ont quelque chose à vendre (...) Comme c'est étrange comment les choses évoluent dans le sens du partage de l'orient stipulé dans les accords Sykes-Picot".
Je me sens en droit de m'interroger sur ces alliances contre nature avec des islamistes qui nous divisent en bons citoyens bien nés et en indigènes. Des orateurs et oratrices qui promeuvent la théorie du complot, une théorie qui auraient pu être risible si elle n'était pas dangereuse.
Les associations et personnalités politiques qui feignent de ne pas voir que les revendications communautaristes remplacent la lutte pour la justice sociale, on ne parle plus de la lutte pour l'égalité hommes femmes...
Or le terme islamophobie, sert surtout de paravent aux associations musulmanes pour mener une offensive à l'interdiction du voile à l'école et les institutions de service public.
On oublie que le voile est un enjeu primordial pour les islamistes. Ce n'est pas un hasard si la première mesure de l'état islamique a été d'obliger les femmes à se voiler. Le voile a toujours été utilisé comme instrument de l'appropriation parl la société du corps des femmes. Il en devient une propriété collective. Le voile est surtout l'instrument de la propagande la plus visible pour affirmer l'islamisation de la cité.
Par le voile, on limite le mouvement des femmes, l'espace qu'elles peuvent occuper et la vision qu'elles peuvent avoir d'elles-mêmes.
On refuse de voir que le voile a une fonction, celle de contrôler des fillettes et les femmes. Il induit dans l'éducation qu'elles ne sont qu'un objet sexuel, qu'elles sont des tentatrices coupables, que leur corps représente le péché et que c'est pour cette raison, il faut le cacher. La fillette n'est plus un enfant, elle est objet du désir masculin.
Depuis des années, certains intellectuels nous imposent l'expression "islamiste modéré", je les accuse de malhonnêteté. Ils savent que le "iste" induit une idéologie, et que l'islam politique a pour finalité la construction de la Oumma musulmane, une Oumma (nation en arabe) qui englobe le monde entier. Ils sont coupables de complicité, un flagrant délit d'atteinte à la laïcité
Aujourd'hui certains orientalistes de gauche publient des analyses dans lesquelles ils utilisent deux mots contraires "salafistes quiétistes", un contre sens : le salafisme modéré. En effet en arabe salafiste veut dire se référer au salafs (les anciens), leur rigorisme ne peut pas rimer avec modération. Le jihad étant le but ultime du salafisme. Ces orientalistes, hissés au rang d'experts ne connaissent décidemment ni l'arabe ni l'Orient.
Militante féministe franco égyptienne, ayant combattu pour la laïcité ici et là-bas, je suis en droit d'interroger ces associations, médias, personnalités politiques et orientalistes sur leur motivation. Est-ce un positionnement politique ou des alliances purement démagogiques, du clientélisme, dans ce dernier cas ils sont alors tombés dans le piège de la xénophobie.
Oui parfaitement la xénophobie, parce que, quand ils optent pour une stratégie clientéliste, ils présupposent que tout citoyen ayant des origines du "Maghreb ou du Machrek" serait forcément musulman d'essence. Ils nous font une injonction de croire. Je refuse leur injonction.
N'y aurait-il pas là quelques restes de pensée coloniale qui considère que les occidentaux/ occidentales seraient les seulEs à avoir le droit à la laïcité, à la liberté tant sexuelle qu'intellectuelle, au droit de choisir ?
En me définissant uniquement par rapport au culte, ils réduisent mon identité.
Mon identité est une construction culturelle et sociale, je me revendique parisienne de Nantes, française d'Égypte, féministe et laïque...
Mon identité multiculturelle est le fruit des valeurs laïques enseignées à l'école communale de la République.
Quand ils s'adressent à moi en tant que musulmane, ils détruisent mon identité et réduisent mon histoire d'immigrée au fait cultuel, ils ont rompu le pacte républicain qui nous lie.
Sérénade Chafik est l'auteure de Répudiation, Michel Lafon 2003
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