Memento. Melenchon, le nouveau héraut de la gauche ...
Didier Daeninckx
À mes amis qui refusent de choisir entre "la peste et le choléra"…
Contrairement à vous, je n’ai pas apporté mon soutien à Jean-Luc Mélenchon.
À cause d’un mot.
En avril 2001, alors ministre délégué à l’enseignement professionnel dans le gouvernement Jospin, il répondait à Vanessa Schneider dans les colonnes de Libération. Evoquant son départ de Tanger où il est né, il a cette formule : « J’ai été déporté en Normandie ». Pas exilé, non : déporté. Le glissement sémantique destiné à se poser en victime, en minorant de fait les souffrances des vrais déportés, m’avait alerté et j’ai, depuis, toujours été attentif à la phraséologie du tribun. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’a jamais été avare de dérapages.
Au moment où Marine Le Pen bannit les journalistes incontrôlables, je pourrais évoquer son curieux rapport à la liberté de la presse qui le pousse à traiter un reporter du Monde de « muse de la CIA » et « d’assassin repenti », ce qui lui vaudra condamnation, ou quand il qualifie les journalistes de France Info, « d’abrutis », de « menteurs », de « tricheurs » avec le même résultat devant les tribunaux.
Je pourrais souligner ses égarements complotistes dont le dernier en date vient de se produire en Guadeloupe, ses clins d’œil appuyés aux antivax, comme quand il refuse de se faire vacciner par « le machin de Pfizer » en claironnant qu’il prendrait peut-être de la chloroquine, précisant « après tout ça ne peut pas faire plus de mal que la maladie », avant de dénoncer la diabolisation dont serait victime le professeur Raoult.
Je pourrais faire remonter au souvenir son soutien aux chefs autoproclamés des gilets jaunes comme Eric Drouet, érigé en mascotte révolutionnaire alors que la web radio du héros du tuning suintait de propos antisémites contre la « mafia sioniste » et les « merdias »…
Je pourrais franchir le channel pour rappeler ses diatribes contre le grand rabbin d’Angleterre responsable à ses yeux de la chute du leader du parti travailliste, Corbyn, et la manière dont il transpose la situation sur les bords de la Seine en disant qu’il ne ferait jamais de « génuflexion devant les ukases arrogantes des communautaristes du CRIF », préférant cautionner une manifestation contre l’islamophobie organisée par le CCIF (aux mains des Frères musulmans), association aujourd’hui dissoute en raison de son combat anti-républicain.
Je pourrais faire remonter la vase de sa xénophobie anti-allemande qui le pousse à utiliser, tant en « on » qu’en « off », le terme méprisant de « Boche » et ses sorties à la Michel Leeb quand il prend l’accent supposé d’outre-Rhin : « che n’ai pas bien kompris qu’est-ce que fou foulez faire sinon fou couper les chéfeux entre fous ».
Je pourrais rappeler ce jour sombre où Jean-Luc Mélenchon a pris la défense d’Éric Zemmour qui affirmait sur les radios que les délinquants étaient tous noirs ou arabes. Devant une Audrey Pulvar ébahie, Mélenchon avait expliqué que son ami d’alors était un « intellectuel brillant » qu’il était maladroit mais qu’on ne pouvait pas le suspecter de racisme ! L’éditorialiste du Figaro sera pourtant lourdement condamné pour incitation à la haine raciale. Ce qui n’empêchera pas Jean-Luc Mélenchon de trinquer avec lui pour son anniversaire dans un haut-lieu de l’aventure napoléonienne au milieu de figurants déguisés en maréchaux d’Empire.
Ad nauseam, je pourrais également relater les épisodes de son amitié intellectuelle avec l’extrême-droitier Patrick Buisson qui l’invitera, intime parmi les intimes, à son épinglage de Légion d’Honneur par Nicolas Sarkozy, à l’Élysée.
Je pourrais encore charger la barque en évoquant les conseils prodigués à l’Insoumis en chef par un sympathique vice-président du Medef pour ses achats d’œuvres d’art …
Toutes ces ambiguïtés ont façonné le fonctionnement du parti mélenchonien, et ce n’est pas un hasard si aujourd’hui 25% des électeurs insoumis vont se reporter sur Marine Le Pen. Ils sont chez eux dans l’un et l’autre camp, ils ont saisi les messages subliminaux que leur envoyait le chef d’orchestre.
Mais le plus important, aujourd’hui, pour moi, c’est son rapport à l’Ukraine, à la guerre, au moment où les civils par milliers sont exterminés par les bombes russes, où le viol est érigé en arme de guerre, ou des enfants meurent de soif, de faim, dans des bunkers. Je me souviens, alors que le port de Marioupol est devenu un cimetière, une fosse commune, des paroles prononcées par Jean-Luc Mélenchon en 2014 quand l’ogre russe digérait la Crimée annexée :
« Les ports de Crimée sont vitaux pour la sécurité de la Russie, il est absolument prévisible que les Russes ne se laisseront pas faire, ils sont en train de prendre des mesures de protection contre un pouvoir putschiste aventurier, dans lequel les néonazis ont une influence tout à fait détestable ».
J’y entends en écho la « voix de son maître » tout comme dans cet extrait du blog du même Jean-Luc Mélenchon, quelques mois plus tard, quand il souhaitait, ni plus ni moins, la disparition de l’Ukraine en tant que nation, dénonçant :
« le caractère pitoyable des bandes armées ukrainiennes qui viennent d’être défaites dans l’est du pays en dépit de la sauvagerie de leurs actions. Tout repose donc à présent sur le sang froid de Vladimir Poutine et des dirigeants russes. Pas de guerre ! La patience, l’écroulement de l’économie ukrainienne, la désagrégation de ce pays qui a tant de mal à en être un, tout vient à point à qui sait attendre ».
Il y a moins d’un mois, quand le pays ployait sous les bombes, il était pour la « non-intervention », refusant la livraison d’armes aux résistants ukrainiens, renvoyant victimes et bourreaux dos à dos.
Tout ça, ce ne sont que des mots, chers amis qui refusez de choisir « entre la peste et le choléra ».
Des mots qui, le 24 avril, vont s’imprimer sur deux bulletins de vote, l’un au nom d’Emmanuel Macron, l’autre au nom de Marine Le Pen.
Deux millions d’électeurs de Jean-Luc Mélenchon rassemblés dans l’ambiguïté vont retourner à l’extrême droite et conforter l’amie de Poutine, la collègue de Zemmour et Buisson, de Mariani.
Un peu plus de deux millions d’électeurs de la France Insoumise, instruits par l’Histoire, vont soutenir un candidat libéral en se retroussant les manches dès le 25 avril au matin pour faire échouer ses réformes sur la retraite ou le RSA, sur l’éducation.
Trois millions se contenteront, comme vous si je vous ai bien compris, de ne pas participer au scrutin. En mathématique électorale, on sait que dans les situations d’urgence une abstention de gauche c’est une demi voix pour l’adversaire.
Salut et fraternité.
Michel Levy :
RépondreSupprimerOn peut aussi ajouter son soutien à la Chine contre le Tibet.
Jean Luc Melenchon, "influenceur" de premier ordre au service de Poutine !
RépondreSupprimerLe voilà le héraut de la nouvelle gauche depuis la mort clinique du PS !
https://www.lexpress.fr/actualite/monde/europe/jean-luc-melenchon-adversaire-acharne-de-l-ukraine-les-verites-de-nathalie-loiseau_2175232.html?utm_medium=Social&utm_source=Facebook&fbclid=IwAR3WVYe56HeOzntN-2bgmVGwxjzFcaOQ_AC7EX-mElLeQ41nDCoRY5we5eA#Echobox=1655445563
LFI & MELENCHON : Repoussoirs pour les électeurs qui refusent le RN/Ex FN !
RépondreSupprimerIl ne leur reste comme choix, que de voter pour les partis qui composent le Nouveau Front Populaire hormis LFI.
Car l'abstention ou le vote blanc profitent automatiquement au RN.
Quelle grave erreur de jugement de la part de Raphaël Glucksmann de s'être mis sous la coupe de Melenchon et de sa bande !
Dommage pour la gauche.