dimanche 2 septembre 2012

Attention, la jeunesse d'Arabie est sur Facebook !


Par Karen Elliott House

Les deux piliers du royaume, la famille royale et l'establishment religieux wahhabite, ont perdu leur crédibilité et de leur légitimé. Les jeunes Saoudiens, défavorisés et frustrés par les injustices, sont de plus en plus nombreux à les critiquer sur les réseaux sociaux.


Dans tout régime autoritaire, l'instabilité paraît impensable, jusqu'à ce que survienne le bouleversement, et cela vaut aujourd'hui pour l'Arabie Saoudite. Mais au moment même où l'influence américaine accuse un recul au Moyen-Orient, Washington pourrait bientôt être confronté aux formidables conséquences de l'instabilité chez l'allié arabe le plus important qu'il lui reste. Si un régime radical en Egypte menacerait directement Israël, mais pas l'Amérique, un régime anti-occidental radical en Arabie Saoudite - qui produit un baril de pétrole sur quatre dans le monde -mettrait incontestablement en péril la position des Etats-Unis en tant que chef de file de l'économie mondiale.
Le pouvoir de la famille royale saoudienne court de nombreux risques, que l'on peut résumer en une phrase : plus le fossé qui sépare gouvernants et gouvernés en termes d'information se comble, plus celui entre des dirigeants âgés et leurs jeunes sujets se creuse de façon catastrophique. L'âge moyen du triumvirat de princes régnants est de 83 ans, alors que 60 % des Saoudiens ont moins de 18 ans. Grâce à la télévision par satellite, à Internet et aux réseaux sociaux, les jeunes sont désormais parfaitement conscients de la corruption des autorités - tout comme ils savent que 40 % des Saoudiens vivent dans la pauvreté et que près de 70 % ne peuvent se payer un logement. Ces Saoudiens vivent des vies dignes du Tiers Monde, ils souffrent d'une éducation lamentable et sont incapables de trouver du travail dans un secteur privé où 90 % des employés sont des étrangers. Grâce aux nouveaux médias, les jeunes peuvent comparer leurs conditions de vie avec celles, plus favorables, des émirats du Golfe et de l'Occident.
Ces dernières semaines, alors que le Caire était secoué par la révolution, les Saoudiens ont été témoins d'un exemple flagrant de l'incompétence de leur gouvernement quand Djeddah, la deuxième plus grande ville du pays, s'est retrouvée inondée par les eaux pluviales et usées pour la seconde fois en quatorze mois. Cela, en dépit des promesses du roi Abdallah qui, après la première catastrophe l'année dernière, s'était engagé à châtier les responsables, Djeddah ne disposant d'aucun réseau de collecte et d'évacuation idoine. Face à la révolution en Egypte et à l'ineptie gouvernementale à Djeddah, les internautes saoudiens n'ont pas caché leur cynisme et leur colère.
Un Saoudien a redessiné le drapeau du pays - deux sabres croisés au-dessus d'un palmier - avec deux balais au-dessus d'une pile de seaux. Même la télévision d'Etat a diffusé des images de Saoudiennes furieuses qui s'en prenaient à un prince à propos des inondations à Djeddah. Le roi Abdallah suscite d'ordinaire le respect de la plupart de ses sujets pour ses modestes efforts en faveur des réformes, et les Saoudiens ont coutume de rejeter la responsabilité des problèmes sur les membres de son entourage. Or, étonnamment, un site Internet (que m'a montré un prince d'humeur maussade) a affiché sa photo accompagnée d'un énorme "X" rouge et de la légende : "Pourquoi leur donnes-tu tous ces pouvoirs alors que ce sont tous des voleurs ?"
La famille royale saoudienne et l'establishment religieux wahhabite auquel elle est étroitement liée sont traditionnellement des sources de stabilité en Arabie Saoudite. Mais ces deux piliers ont commencé à perdre en crédibilité et en légitimité avant même les événements en Egypte. Il est de plus en plus reproché à la hiérarchie religieuse, qui impose une version particulièrement rigoureuse de l'islam, de se prostituer en se servant de la religion pour soutenir tout ce que veut la famille régnante. "Nous sommes des hypocrites qui se trompent les uns les autres, nous nous mentons comme le gouvernement nous l'a appris," m'a déclaré un imam d'une grande dévotion.
Au fil des années, la famille royale - qui compte aujourd'hui près de 7 000 princes - a étendu ses ramifications jusque dans les moindres recoins de la société saoudienne, ce qui lui vaut d'être de moins en moins respectée par ses sujets. En Arabie saoudite, presque toutes les entreprises, tous les ministères clés, toutes les municipalités importantes, sont dirigés par un prince. Autrefois, la famille royale était relativement soudée : les décisions étaient prises par une poignée de grands frères. Mais aujourd'hui, elle est si étendue et si divisée que les différentes branches de la famille mènent des politiques contradictoires.

1 commentaire:

  1. ÉCHEC DU WAHHABISME EN TANT QUE SYSTÈME POLITIQUE au coeur du pays EXPORTATEUR de cette doctrine ?

    Un imam saoudien déclare : " Nous sommes des hypocrites qui se trompent les uns les autres, nous nous mentons comme le gouvernement nous l'a appris "
    En somme les imams se prostituent pour le pouvoir pour lui pondre les "fatouas" que veut le roi !
    Voilà où mène le wahhabisme : à l’hypocrisie totale !

    Vivement que le peuple d'Arabie, dégage lui aussi ce régime corrompu qui s’est approprié toutes les richesse du pays et son peuple.
    Régime basé sur l'alliance entre la tribu d'Ibn Abdelwahhab et la tribu des Ibn Saoud.

    Tôt ou tard ce régime implosera : les jeunes aspirent à autre chose qu'aux archaismes bédouins et religieux faisant de tout un peuple une propriété privé du roi ! Fait unique au monde :
    - Le pays ne s'appelle-t-il pas Arabie Saoudite ?
    - N'appelle-t-on pas ce peuple : les saoudiens ?

    Et dire que Ghannouchi veut livrer la Tunisie à la colonisation par la tribu Ibn Saoud et son frère ennemi l'émir du Qatar.

    http://latroisiemerepubliquetunisienne.blogspot.fr/2012/07/le-wahhabisme-systeme-politique.html

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