samedi 29 décembre 2012

ET MAINTENANT ?

Article publié dans : Kapitalis
et Saudiwave

Après les derniers évènements de Jerba du 22/12/12, après l’action des Ligues dites de "Protection de la Révolution" qui ont perturbé les meetings de nombreux partis politiques de l’opposition, et après avoir empêché celui de « Nida Tounes » d’avoir lieu, que doit-on faire ?
Protester sur Facebook ? Manifester une énième fois ? Et croit-on vraiment que dans ce cas cela sera suffisant ?

Il faut d’abord se poser la question : « Est-ce si grave ? » !

C’est extrêmement grave car cela n’est pas la première fois que ces milices portent atteinte à la liberté d’expression et à la liberté politique.  
Il faut tout de même ne pas oublier qu’elles sont à l’origine de la mort d’un homme lorsqu’elle se sont également opposées à une manifestation organisée par Nida Tounes, et qu’elles n’ont pas hésité à aller attaquer l'UGTT chez elle.
Il s’agit de toute évidence, de milices fascistes qui, même si elles ont été reconnues par le pouvoir, n’ont aucune place dans une démocratie.

Or Ghannouchi ne cache plus sa volonté d’éliminer physiquement ceux de ses opposants qui pourraient lui faire de l’ombre ! Les évènements de Jerba n’avaient pour but que d'assassiner Béji Caid Essebsi le mieux placer pour l’évincer !
Qu’elle est la légitimité de ces groupes violents pour défendre la Révolution ? Qui les mandate ?
De qui prétendent-ils unilatéralement tenir leurs pouvoirs ?
Poser ces questions, c’est mettre en évidence leur illégitimité manifeste.

Or, et c’est là le point le plus grave, le pouvoir en place les accepte. 
Il y a parmi les dirigeants de ces milices fascistes non seulement des nahdhaouis mais aussi des membres du CPR. Ce parti et Moncef Marzouki devraient nous expliquer comment, eux, qui se prétendent défenseur de la démocratie et des droits de l’homme, peuvent-ils accepter ce genre de milice.

Par conséquent pour tous les démocrates, pour tous ceux qui sont soucieux de liberté et de légalité, il n’y a plus aucun doute : l’existence de ces milices est une menace certaine et particulièrement grave contre la démocratie.
Tous les régimes fascistes ont eu de telles milices et on sait ce que cela a donné dans l’histoire : la dictature.
Les organisations non gouvernementales de défense de la démocratie et des libertés ne s’y sont pas trompées et clairement ont condamné ces milices.

La gravité de la situation est donc certaine.

Maintenant que faut-il faire ? Les condamnations, même fortes sur les réseaux sociaux et dans la presse, ne suffiront pas. Hélas, les manifestations de la société civile seront insuffisantes, elles aussi.
Elles doivent avoir lieu, mais cela ne fera pas céder ce pouvoir qui veut instaurer une dictature et ne s'en cache plus.

L’UGTT qui avait l’occasion et les moyens d’exiger la dissolution de ces milices, s’est, pardonnez-moi, couchée devant le pouvoir et l’on cherche encore ce qu’elle aurait obtenu !

Alors il ne reste plus que l’opposition républicaine qui peut encore quelque chose avant qu’il ne soit trop tard. Cette opposition doit s’unir sur l’essentiel, c'est-à-dire le refus de comportements fascisants et adresser au pouvoir un ultimatum clair.

Si dans les quinze jours qui suivent cet ultimatum le pouvoir n’a pas dissous les milices, s’il n’a pas révoqué les ministres de l’Intérieur et de la Justice (c’est vraiment le moins qui puisse être exigé), tous les membres de l’opposition doivent quitter en masse le jour dit, les instances du pouvoir; et notamment l’Assemblée Constituante, en laissant le pouvoir en place …  mais seul et complètement délégitimé.
M. Béji Caïd Essebsi dans son entretien au journal Le Maghreb, vient de dire clairement et fermement que désormais il considère qu’Ennahdha n’a plus de légitimité et que tout dialogue avec ce parti était vain. Il a parfaitement raison.
Un parti qui utilise les méthodes d’Ennahdha avec, notamment, ses milices, n’a plus de légitimité politique.
Enfin quelqu’un de l’opposition ose dire stop à la mascarade « de démocratie » que nous jouent Ghannouchi et ses hommes depuis leur prise du pouvoir !

L’opposition saura-t-elle se réunir et obtenir de tous ses membres une telle décision qui exige, des sacrifices … somme toute pécuniaires ! Quitter les instances du pouvoir si son ultimatum n’est pas suivi d’effet. C’est pourtant la seule façon de sauver le pays.

L’autre solution sera le recours à la force ou, si rien n’est fait, de persister dans une situation larvée très préjudiciable sur tous les plans (économiques et sociaux) au pays.

Rachid Barnat

Nessma TV (2/01/2013) : Bilan de un an de gouvernement Ghannouchi.

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