Au moment où commençait la rédaction de notre future Constitution
j’avais indiqué dans
un article ce qui me paraissait à la fois essentiel et conforme aux réels objectifs de la
révolution.
J’avais
indiqué que les éléments que je mettais en avant devraient constituer une
grille de lecture du projet qui serait finalement adopté.
Je
suis obligé de constater, et cela me paraît très grave, qu’aucun des objectifs
nécessaires ne sont remplis et que plus grave encore, la majorité sous la
houlette du fourbe neveu de Ghannouchi, essayent de tromper les tunisiens en
les prenant pour plus bêtes qu’ils ne sont.
Les trois
objectifs essentiels d’une Constitution d’un pays libre et démocratique ne sont
pas atteints, loin s’en faut :
1°/ Le
premier objectif que je soulignais, et il paraît assez évident à toute personne
de bon sens, est qu’il fallait que la Constitution assure l’existence d’un
pouvoir fort de manière que les réformes dont le pays a
besoin puissent être menées et que la politique choisie puisse réussir.
Je
ne me prononçais pas sur la forme exacte de ce pouvoir (parlementaire ou
présidentiel). Dans le projet il semble que l’on s’orienterait vers un régime
mi présidentielle (Président élu au suffrage universel) mi parlementaire (Le
Président n’a guère de pouvoir). Les spécialistes ont montré que le
texte proposé va, au contraire, créer une grande difficulté de gouvernance et
des conflits entre le Président et le Premier Ministre.
Or
toute ambiguïté dans la répartition des pouvoirs et même toute division du
pouvoir au niveau de l'exécutif sera source, sinon de paralysie du moins de
retard et de difficultés a conduire une politique ferme et rapide dans le
domaine économique, social et éducatif. La Tunisie a-t-elle besoin de ce genre de difficulté ? Est-ce cela que
l’on souhaite ? Une Tunisie, paralysée par des conflits de compétence qui
ne pourra pas mettre en œuvre les réformes nécessaires ?
Je sais
bien que la préoccupation avancée pour diviser les pouvoirs est d’éviter le
retour à un Président dictateur.
C’est un
faux problème pour de nombreuses raisons. La véritable solution pour éviter le
retour à une dictature, est que la Constitution garantisse vraiment les
libertés d’expression, d’association, syndicales, l’indépendance réelle du
pouvoir judiciaire et qu’elle organise de véritables élections libres qui
permettront l’alternance, c'est-à-dire le changement d’un pouvoir qui aura
démérité.
2°/
J’indiquais aussi qu’il fallait un Etat civil et je pensais, assez naïvement,
compte tenu des déclarations d'Ennahdha que cela était acquis. C’était sans
compter sur la duplicité permanente des islamistes qui n’ont aucune parole et
qui tentent par tous les moyens de nous donner une Constitution islamiste. Et
donc contraire aux libertés fondamentales.
Je ne
peux que renvoyer ici aux analyses concordantes et très claires :
- même si, par la
suite il
a paru être plus en retrait;
- à celles d’Abdelwahab
Meddeb;
-
Et à celle limpide de Mohamed Ridha Bouguerra.
Nous
sommes donc clairement devant une menace, sans précédent, contre les libertés
et donc d’une Constitution qui est le contraire de celle que souhaitaient ceux
qui ont renversés ZABA.
3°/
J’avais indiqué également qu’il fallait absolument que le Préambule de la
Constitution se réfère expressément et clairement à la Déclaration universelle
des Droits de l’homme; et là encore naïvement j’avais cru que cela ne poserait
guère de problème, cette déclaration étant faite pour tous les peuples et
Ennahdha ayant déclaré, à plusieurs reprises, qu’elle était pour les Droits de
l’homme ! Grande
naïveté de ma part !
Les
islamistes et leur complices tout en formulant de grandes déclarations
favorable aux droits de l’homme, ont tout fait pour en éliminer la portée.
Ce qui se
conçoit bien s’énonce clairement et il était tout de même simple de dire
clairement si l’on est ou non favorable à la Déclaration universelle des droits
de l’homme. Or dans le Préambule tel qu’il est rédigé, l’on est dans
l’ambiguïté totale ainsi que le met en évidence Amna
Guellali.
Dés
lors, il doit être clair pour tous les tunisiens que le pouvoir actuel veut les
tromper, il biaise, il ruse, il met de l’ambiguïté dans son texte
volontairement pour ensuite faire ce qu’il voudra. Il y a là un danger extrême
! Il faut résister, sans compter sur les prétendus défenseurs des droits de
l’homme : Messieurs Marzouki et Ben Jaâfar qui laissent tout passer,
avalant toutes les couleuvres de celui à qui ils doivent leurs postes, reniant
par la même tous leurs principes !
Telle que
se présente ce que l’on sait du projet de Constitution, on peut dire qu’il ne
répond à aucun des objectifs d’une Constitution moderne, démocratique et
protectrice des libertés.
Si une
telle Constitution passe, on ne pourra que regretter que la Tunisie n’ait pas
saisi cette chance et ce moment; pour garder son rang éminent entre les nations
musulmanes.
Même la Commission de Venise, des associations internationales des droits de l'homme et La Coordination des Associations en Tunisie ont émis des réserves importantes sur des dispositions
ambiguës du projet de Constitution notamment en ce qui concerne la place de la
religion.
Face à
cela il n’y a pas tente six solutions.
Ou bien
nous nous inclinons en espérant que nos craintes sont excessives et que
tout cela n’a pas grande importance et nous nous réveillerons plus tard
malheureux mais impuissants.
Ou bien
nous luttons contre l’adoption d’un tel texte rétrograde et, par notre action,
nous obligeons les partis et l’UGTT et toute la société civile à se soulever
contre cette tentative de restreindre nos libertés. Sinon les tunisiens n'auront d'autres recours que de se rebeller contre
une constitution nahdhaouie et un
pouvoir islamiste qui ne les respectent pas, comme l'ont fait les égyptiens qui, suite
à leur mouvement "tamarrod", ont suspendu celle des "frères
musulmans" et dégager les "Frères" eux-mêmes devenus illégitimes
pour avoir dévoyé leur révolution!
Il en est temps mais il va être très vite trop tard.
Nous en souffrirons mais surtout nous entraînons nos
enfants pour des années et des années, dans la régression et la souffrance.
Rachid
Barnat
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