Table des matières : http://latroisiemerepubliquetunisienne.blogspot.fr/2014/04/tables-des-matieres-de-mon-blog.html ...... Ce nouveau blog est ma contribution à la réussite de la révolution tunisienne. PS : J'utilise la rubrique "commentaires" pour "actualiser" l'article, par des commentaires piochés dans FB, ou par des liens vers d'autres articles pour un autre éclairage ...
mardi 31 décembre 2013
lundi 30 décembre 2013
De la liberté en l'an 2013
LA LIBERTÉ EST UNE NOTION LIÉE A L'INDIVIDU !
OR POUR LES ISLAMISTES, LA "OUMMA" (le groupe) PRIME SUR L'INDIVIDU !!
DONC POINT DE LIBERTÉ POSSIBLE AVEC LES ISLAMISTES !!!
OR POUR LES ISLAMISTES, LA "OUMMA" (le groupe) PRIME SUR L'INDIVIDU !!
DONC POINT DE LIBERTÉ POSSIBLE AVEC LES ISLAMISTES !!!
De quelle annonce aura été porteuse l’année 2013 que nous sommes sur le point de quitter ? J’y vois deux saillies l’une à l’autre liées émergeant des flots qui ont déferlé sur les pays d’islam les douze derniers mois. Deux saillies qui ont taillé au plus aigu leur pointe et qui appartiennent à la séquence historique que nos peuples sont en train de vivre depuis plus de trente ans.
L’irruption de la première saillie est due à ce que Hegel appelle
«le travail du négatif» à l’œuvre dans les processus historiques par lesquels
nations et peuples se transforment. Elle a trait à l’islamisme dont l’effet
s’est exacerbé depuis la chute du Shah et l’avènement de Khomeiny en Iran l’an
1979. Il semble que cette séquence est en train de connaître son
épuisement.
Cela est reconnaissable non seulement à travers le rejet des
Frères Musulmans par le peuple et en Egypte et en Tunisie, mais aussi par les
signes avant-coureurs qui laissent supposer la faillite de ce qui a été érigé
en modèle, entendez la Turquie dirigée par les islamistes de l’AKP. Erdogan et
ses disciples ont donné l’illusion que l’islam politique peut être
démocratique, acceptant le pluralisme, se vouant au service d’un Etat laïc. En
plus, ils se sont donnés la réputation d’être incorruptibles.
Or, l’année 2013 a révélé que les islamistes turcs au pouvoir sont
en phase avec l’Etat dont ils ont hérité, du moins dans son double travers
autoritaire et corrompu. Plus encore, pour ce qui concerne les mœurs, ils ont
confirmé et renforcé le conservatisme vers lequel tend leur société, comme, au
reste, toute société de genèse islamique. Lorsque autoritarisme, corruption,
conservatisme structurent le pouvoir, comment voulez-vous que celui-ci favorise
l’émergence de la liberté ?
Et à travers la question de la liberté je tâte l’irruption de la
deuxième saillie en cette année 2013. Une part de la société civile, et surtout
la jeunesse, réclame une liberté plus grande et se trouve confrontée à un
autoritarisme conservateur et corrompu dont le dessein s’avère liberticide.
Cette menace excède l’islamisme. Jusqu’à nouvel ordre, elle
concerne toute forme idéologique par laquelle s’exerce le pouvoir à l’horizon
de la croyance islamique. Simplement l’islamisme est encore plus agissant et
plus nocif comme agent liberticide. Nos Etats croient s’acquitter de leur tâche
en confirmant dans leur conservatisme les sociétés qu’ils gouvernent. Or, des
sujets appartenant à ces sociétés ont goûté à la liberté et ils tiennent à ce
que ses bienfaits irriguent leur quotidien.
Ainsi, du Maroc à la Turquie, de l’Iran à la Tunisie, en passant
par l’Egypte et l’Algérie, la jeunesse revendique avec acuité l’exigence de
liberté. Pour ce faire, dans certains cas, cette jeunesse s’est décidée à
toucher aux tabous d’une manière spectaculaire. Du baiser des adolescents jugés
à Nador à la dénudation de la Tunisienne Amina et de l’Egyptienne Aïda, de
l’appel au pique-nique public à midi en plein ramadan par le Marocain Kacem
Al-Ghazali à la déclaration d’athéisme par les deux Mahdawis Ghazi Béji et
Jabeur Mejri, ces jeunes, enfants de leur siècle, réclament d’instinct la
reconnaissance de l’individu maître de son corps et de sa conscience. Corps et
conscience qui, dans la tradition d’islam, sont plus soumis aux normes de la
communauté qu’affranchis par le libre-choix de l’individu. Et ce sont surtout
les femmes qui, au physique et au moral, souffrent d’une inégalité juridique
que les docteurs ont construites à partir de la dissymétrie que comporte la
référence scripturaire, laquelle discrimine et hiérarchise en recourant au
critère du sexe et du genre. D’où la multiplication des actes provocateurs
émanant de jeunes femmes qui défient la communauté en exhibant la souveraineté
de l’individu déclinée au féminin.
Ces actes prennent l’allure d’une «performance» dans le sens qu’a
acquis le mot dans l’art contemporain. Et ils
s’inscrivent en droite ligne dans l’échappée qui a été tracée au
XIXe siècle
par John Stuart Mill dans son fameux traité "On Liberty". C’est que,
socialement comme politiquement, la majorité doit respecter les opinions et les
actes des minorités. Elle a même le devoir de leur aménager les conditions de
leur épanouissement.
Cela veut dire que la liberté ne peut être contrainte par des
limites destinées à conforter la majorité dans sa tyrannie. Ce n’est pas parce
que la société est dans son écrasante majorité croyante qu’il faille cantonner
aux frontières du sacré la liberté de dire, de chanter, de déclamer, de penser,
de créer. Comme ont tenté de le faire explicitement les islamistes dans leur
reformulation de la loi, notamment en Tunisie. La seule limite à la liberté se
réduit à l’atteinte qui entame l’intégrité de l’individu dans son corps et dans
sa propriété. La puissance publique se doit de me protéger dans ma liberté en
empêchant autrui de commettre un mal qui me soit préjudiciable. C’est du moins
ainsi que la liberté a été pensée dans le contexte historique de l’émergence
démocratique. (Je rappelle que "On Liberty" a été publié en 1859).
Et ce contexte n’est-il pas le nôtre aujourd’hui ? S’il en est
ainsi, telle vision de la liberté reste le préalable à l’avènement de la
démocratie dans nos contrées. Aussi est-ce par cette épreuve que passent nos
sociétés. Pendant l’an 2013, une telle épreuve a été amplifiée par de nouvelles
initiatives enregistrées un peu partout. Ces initiatives, venant des marges,
ont été prises par des activistes, artistes, cinéastes, chanteurs, poètes, voix
libertaires de l’Underground. Elles ont une portée politique et sociétale qui
précipite la mutation anthropologique et des mœurs.
La question que nous posons est simple : comment l’autorité de
l’Etat peut-elle ne pas abuser de son pouvoir en se confrontant à l’individu
libre et aux défis qu’il lance à la communauté ? Cette autorité n’a-t-elle pas
le devoir de défendre la liberté de l’individu même lorsque sa manifestation
choque la communauté en transgressant ses lois et en malmenant ses tabous ? En
tout état de cause, la conception de la loi devra être éclairée par le primat
de la liberté ; elle n’a pas à céder face à la puissance de la coutume.
L’année 2013 a ouvert ses théâtres pour que la quête de liberté
trouve les acteurs qui l’incarnent et les metteurs en scène qui en déploient la
dramaturgie. Un peu partout dans les pays d’islam, de Turquie en Tunisie, les
échos de saines provocations résonnent et défient le mur de surdité qui fige
nos sociétés conservatrices complaisamment gérées par des gouvernements
liberticides et corrompus.
dimanche 29 décembre 2013
2013, une année pas comme les autres
2013 SE TERMINE COMME ELLE A COMMENCE : Une Tunisie qui s'enfonce dans sa déchéance programmée par le "frère musulman" Ghannouchi !
Nour El Houda Bey
Cette année n'a certainement pas été une année comme les autres, parce qu'en 2013 on en a vu des vertes et des pas mûres!
Décès et assassinats
Bien sûr, on pourrait qualifier 2013 de serial-killer. La treizième année du XXI ème siècle et du troisième millénaire ne s'est pas gênée, elle nous a privé de beaucoup de personnes.
Il y eu tout d'abord la perte de Chokri Belaid, une des plus douloureuse. Chokri Belaid, le martyr de la patrie. Je ne trouve pas les mots pour décrire ce que j'ai ressentie quand j'ai appris la nouvelle. Quelle que soit l'opinion politique qu'on pouvait avoir, on ne peut pas ne pas avoir été secoué par cet assassinat politique; le premier depuis celui de Farhat Hached en Décembre 1952. Et, à chaque fois que j'avais l'impression d'oublier, il me suffisait de faire un tour sur la page du Blog Boukornine pour m'en souvenir, frissonner de chagrin, de douleur, la gorge nouée.
Puis, il y a eu l'assassinat de Mohamed Brahmi, un autre martyr de la patrie, une autre voix de l'opposition que les passionnés de l'obscurité ont fait taire. Cet assassinat a eu lieu, le jour de la fête de la République.
En 2013, on a fini par se demander si on avait encore une République. Ces deux assassinats, nous ont tout de même montré, qu'on avait en Tunisie deux femmes d'exceptions, qui ont mis au monde des enfants d'exceptions: Mesdames, Basma Khalfaoui Belaïd et M'barka Brahmi.
En 2013, les enfants des martyrs nous ont fait comprendre, qu'ils se battront pour les mêmes principes que leurs pères, et que même si nous perdons des batailles face à l'oppression, il ne sera jamais question d'abandonner, de battre en retraite, ou de céder à la terreur.
En 2013, on a perdu Ahmad Foued Najm: l'icône de la poésie arabe engagée et le critique acerbe des régimes politiques.
En 2013, on a perdu Nelson Mandela. Le continent africain ne se noierait-il pas sans Madiba ? La Terre pourra-t-elle se passer de Madiba ? L'Afrique redonnera-t-elle naissance à un autre Mandela ?
Je te prie Afrique de nous en donner un et de le faire naître en Tunisie. On a besoin d'un défenseur des droits de l'Homme.
L'année de la frustration sexuelle
Et, non, ce ne sera pas Marzouki ni Ghanouchi. Aussi abasourdissant que cela puisse paraître, en 2013, Houcine Jaziri, a osé déclarer: "Rached Ghanouchi est notre Mandela"; ajoutant que "le pouvoir est appétissant, c'est comme une nuit de noces, on a toujours envie de la renouveler".
Oui, oui, 2013 fut l'année de toutes les frustrations sexuelles !
2013, c'est l'année d'Amina et des Femens étrangères qui ont manifesté seins nus devant le tribunal de première instance de Tunis.
2013, c'est l'année où un député, le fabuleux Habib Ellouze, a qualifié l'excision de chirurgie esthétique.
2013, c'est l'année de "Sex in the Syrie" plus communément appelé "Djihad Nikah". Et, en fait, je ne sais pas s'il faut blâmer les femmes qui acceptent d'offrir leurs corps à des terroristes, ou réprimander les porteurs du chromosome y ( parce que ce ne sont pas des hommes) qui offrent leurs femmes, leurs filles et leurs sœurs à des jihadistes. Comme il est difficile de savoir lequel des deux est le plus répréhensible, je préfère ne pas m'attarder sur le sujet.
2013, c'est aussi l'année où, après plusieurs décennies à appliquer les dispositions juridiques du Code du Statut Personnel, on s'est remis à parler de polygamie. D'ailleurs pas plus tard que la semaine dernière, Adel Elmi a annoncé la création d'un parti qui prônerait la polygamie et la séparation des sexes. Quand je vous dis que c'est l'année de la frustration sexuelle ...
Politique et économie
Mandela est mort, le pape a démissionné, le régime islamiste égyptien est tombé, Samsung a sorti le Galaxy S4, Apple l'iPhone 5s et 5c, l'iPad mini, l'iPad Air, Rockstar Games le jeu GTA V, Sony la PS 4 et une panoplie de smartphones Xperia, dont ceux qui sont waterproof, la France "combat" le terrorisme au Mali et en Centrafrique et a adopté la loi du mariage homosexuel, tout ça en 2013 .... et en Tunisie, on n'a toujours pas de constitution !
En 2013, il y a eu l'initiative de Hamadi Jbali.
En 2013, Ali laarayedh a été promu : de ministre de l'Intérieur, indubitablement responsable de l'assassinat de Chokri Belaïd, à Premier ministre.
2013, c'est l'année où Adel Emli a menacé de photographier les tunisiens qui ne jeûneront pas. Ingénieux, l'Adel !
2013, c'est l'année "Tamarrod" (rébellion) en Egypte et en Tunisie.
2013, c'est l'année de "Mayden Ettahrir", "Rabiaa Al Adaouia" ainsi que celle du Bardo. Bardo ! Les soirées, les veillées, les slogans, les manifestations, les discours, les ruptures du jeûne ...
C'est aussi en 2013 qu'on a eu deux grèves générales et que le niveau de vie n'a cessé de baisser de manière "exponentielle". Aujourd'hui, le "Kaftaji" est un luxe, et acheter de la viande d'agneau tend à devenir un réel investissement.
En 2013, la valeur du Dinar a dégringolé de manière surréaliste et l'endettement a atteint un seuil inacceptable.
Enfin, quand on dit 2013, il est impossible de ne pas évoquer le "dialogue National". Non, la baliverne nationale. Inutile de revenir sur les interminables péripéties de cette foutaise, qui a duré des mois et des mois. Des semaines, de très longues semaines d'hésitation, de négociations, de suspens. On pensait qu'ils choisiraient entre Jaloul Ayed, Mohamed Ennacer, Ahmed Mestiri, puis, Moustapha Filali ... mais au final "ils éliront" Mehdi Jomâa à la présidence du gouvernement.
Terrorisme
2013, c'est l'année de la banalisation du terrorisme en Tunisie. 2013, c'est l'année où des soldats ont été égorgés, où Khaled Tarrouch a eu le culot de dire que les prétendus terroristes du Mont Chaambine ne sont que des personnes pratiquant le sport de plein air; souffrantes de cholestérolémie; l'année où il y a eu plusieurs explosions, arrestations de "terroristes" relâchés le jour même de leur arrestation; et désamorçage de bombes.
En Tunisie, on combat le terrorisme avec le mensonge, en assurant les arrières de ces infidèles au drapeau national.
C'est l'année où on a dévoilé la liste des assassinats à venir contre, entre-autres, Haythem El Mekki, Naoufel Ouarteni, Wided Bouchamaoui, Ferid Beji, Sofiane Ben Farhat, Lina Ben Mhenni et son frère imaginaire, Faouzi Ben Mhenni.
C'est l'année où, le ministère de l'intérieur a décidé de classer "Ansar Al Chariaa" en tant qu'organisation terroriste. Il faut dire que ce n'était pas trop tôt, on savait depuis leur avènement qu'ils étaient une bande de terroristes.
Liberté d'expression
2013, c'est l'année où on a l'impression que les avocats sont les personnes qui ont le plus travaillé. Entre l'affaire Sami Fehri, l'affaire Slim Riahi et Ettounsseya TV, l'affaire Taher Ben Hassine, l'affaire Weld El XV, l'affaire Klay BBJ, l'affaire Amina FEMEN et bien d'autres, on n'a cessé de voir les avocats assurer la défense d'artistes, de journalistes, hebdomadairement convoqués par la justice, ils n'ont cessé de défendre la liberté d'expression.
Il faut croire qu'en 2013, le parquet s'est focalisé sur le quatrième pouvoir et les artistes, en ignorant le terrorisme. Révoltant, non ?
Sport
On s'est fait disqualifier deux fois d'une même coupe du monde; et ce grâce à la transformation des aigles de Carthage en poules mouillées de Carthage ... en ayant recours aux avocats. C'est en émettant des réserves contre le Cap Vert, puis contre le Cameroun qu'on avait espéré partir au Brésil en Juin 2014. La catastrophe de la CAN, de la CHAN, Slim Riahi à la présidence du Club Africain; puis Moncef Marzouki qui inclut l'Espérance Sportive de Tunis dans son Livre Noir ... no comment. Même, le football, qui avait tendance à distraire le peuple, à le faire rêver un peu, a été un horrible échec cette année.
Culture
2013, c'est bien évidemment l'année où la moitié de la planète a ennuyé l'autre moitié par son addiction à Candy Crush. On est passé d'un jeu où il fallait détruire des cochons à coups d'oiseaux tirant la tronche, à un jeu où il faut associer des bonbons pour cumuler des points.
2013, c'est l'année de Vines. Là encore, une bonne partie des internautes n'ont cessé de partager des vidéos quelques fois pathétiques, ridicules, faussement parodiques, reproduisant, un quotidien qu'on ne peut parodier tant il est caricatural de nature.
2013, c'est l'année "Harim Essoltan" (Le harem du Sultan). Une grande partie du peuple est devenue ad-dicte au feuilleton turc qui retrace la vie de Soliman le Magnifique et de sa "puissante" épouse Roxelane, l'odalisque ukrénienne.
2013, c'est l'année où si les hommes ne nous ont pas agacés avec Emily Ratajkowski dans le clip de Blurred Lines, ils se sont mis à espérer trouver l'amour avec Monica Belluci qui est désormais célibataire.
C'est aussi en 2013, que Sonia Ben Toumia 'député nahdhaouie) nous a montré non seulement, qu'elle maîtrise parfaitement la langue française, mais en plus qu'elle est une très grande poétesse. Entre "le grand péple tinisien", "Ana akrahouka ya alam" et j'en passe, elle nous aura bien fait rire ... ou pleurer.
En 2013, on a vu une démission collective au sein de "Nawaat". Et plusieurs, démissions au sein de Nessma TV dont celles de Hamza Balloumi, Sofiane Ben Farhat, Sofiane Ben Hmida, Zied El Hani et Yassine Redissi, le chroniqueur le plus éphémère de la chaîne à qui on a interdit de parler de la libération de Sami Fehri.
En 2013, Abdelaziz Belkhodja et Tarek Cheikhrouhou ont publié "le 14 Janvier l'enquête", reconnu par l'Institut National de Recherche Historique comme étant un modèle pour tout les historiens. Un livre qui éclaire sur ce qui s'est passé le vendredi 14 Janvier 2011.
Taoufik Ben Brik a publié "Kalb ibn kalb" (chien, fils de chien), un livre en dialecte Tunisien, un conte où Taoufik Ben Brik décrit un Tunis à sa manière, le Tunis de TBB.
Parallèlement à cela, Monsieur le Président, Moncef Marzouki a publié non pas un, mais deux bouquins: "l'invention d'une démocratie" et "le livre noir". Oui, c'est en 2013, que le monde a vu un président écrire des livres, alors que son pays est menacé par le terrorisme.
Un peu plus de culture, en 2013 : il y a eu la nouvelle version de "Klem Ellil" avec "Klem Ellil Zéro Virgule". Une pièce à voir, et à revoir !
En 2013, il y a eu la seizième édition des Journées Théâtrales de Carthage (JTC) avec, comme à l'accoutumé, des problèmes d'organisation.
En 2013, un acteur, Nesreddine Shili, a été emprisonné parce qu'il a lancé un œuf sur le ministre de la culture.
Allez, une bonne nouvelle, la palme d'or de 2013, à Cannes, a été remportée par un Tunisien, Abdellatif Kechiche avec "La vie d'Adèle". Mais en 2013 ce film ne sera pas distribué en Tunisie car il risquerait de déclencher une polémique sans fin.
2013, c'est aussi l'année de Houmani, une chanson réaliste, voire créative, qui a fait qu'on utilise, désormais, fréquemment les expressions : "zebla fi poubéla", "rak mastaaaa", etc.
2013, c'est l'année où Bendirman a écrit la merveilleuse chanson "Ghneya lik" dont le texte a donné les larmes aux yeux de beaucoup de personnes.
C'est l'année, de la chanson "Bouliceya Kleb" (les policiers sont des chiens), de Weld El XV dont le contenu reste un large sujet de débat pas vraiment clos.
C'est l'année de la chanson "Chatha" (danse) de Hassen Doss qui, elle aussi, a fait le buzz par son texte autant que par le clip.
Et, dans tout ce beau monde, on ne peut pas oublier de citer Amel Mathlouthi et sa chanson "Maqatlou Had Chokri" (Personne n'a tué Chokri Belaid) ainsi que la perle musicale "Kattoussi" (mon chat) de Manel Amara.
Bilan
En 2013, la révolution fête son troisième anniversaire avec un lourd bilan humain dû au terrorisme, une situation économique pas vraiment enviable, un profond clivage qui traverse la population, une corruption endémique qui touche toutes les institutions de l'Etat, une situation de la femme tunisienne sans cesse remise en question, un taux de chômage affreux, un pouvoir d'achat vertigineusement bas, et un prisonnier d'opinion qu'on ne doit pas oublier : Jabeur Mejri.
Alors, elle n'est pas superbe cette année 2013 ?
vendredi 27 décembre 2013
Pourquoi la civilisation dite arabo musulmane n'en est pas une ?
S’il y a un pays qui a
véritablement régné en maître sur le monde de -220 jusqu’au 18 ème
siècle et la Révolution industrielle en Angleterre, c’est bien la Chine avec le
niveau de vie le plus élevé de la planète. Premier pays de l’histoire à avoir
introduit le papier monnaie. Ni la Perse, ni Byzance, ni Rome, ni l’Empire
Ottoman contemporains à la Chine ne pouvaient rivaliser avec elle et lui faire
de l’ombre.
Ce petit rappel est destiné à tous les
chantres de la civilisation arabo-musulmane qui prétendent que l’occident lui
est redevable de tout surtout de sa Renaissance alors qu’elle n’était même pas
capable de féconder la civilisation anté-islamique sur ses terres d’Arabie et dont l’expansion
s’était faite sur la destruction de la vie humaine et des cultures des peuples
conquis lors des razzias dont les plus célèbres sont celles des Béni Hilal.
On mythifie toujours ce qui n’existe
pas !
A les entendre dans leurs
délires psychédéliques, elle serait à l’origine de toutes
les découvertes et innovations scientifiques, techniques, médicales, etc ...
voire catalyseur de la démocratie en Occident alors que le mot lui-même n’existait
pas dans la langue arabe où il aurait fait son apparition seulement au début du
XX e siècle. Alors qu'elle n’était qu’une courroie de transmission grâce
aux savants perses et mauresques (jugés comme hérétiques, soit dit en passant)
et grâce aux traductions des prêtres syriaques du savoir philosophique grec;
ignorant au passage Rome, Byzance et l’Egypte !
Elle aurait servi de catalyseur à la
Renaissance, au siècle des Lumières et à la révolution industrielle enclenchée
en Angleterre qui porteraient ainsi le sceau de la civilisation arabo-musulmane
peu connue pourtant pour son génie créatif et industriel, elle qui a raté
toutes les grandes révolutions des sciences et des techniques.
On dit même que sans elle, l’Occident
n’aurait jamais découvert la civilisation grecque et la pensée hellénique dont
la civilisation arabo-musulmane serait la continuatrice, voire la digne
héritière. Une civilisation avec un idéal politique qui la rapprocherait
du monde de la jungle, aux mœurs attentatoires à la dignité humaine, qui voue
une haine dogmatique à la femme, et négatrice de la vie humaine et
des libertés, ne peut être qu’une caricature insultante à la civilisation
grecque.
Personne
ne saurait nier son apport que l’on doit à quelques hommes qui furent
persécutés et réprimés et dont les œuvres furent brûlées et détruites, que
l’Occident avait sorti de l’oubli, ni son rôle de transmetteur ! Mais en aucun
cas novateur.
Mais nul
ne peut ignorer ce qu’elle-même doit à la Grèce grâce la proximité culturelle,
intellectuelle, humaine et religieuse entre la Grèce hellénique et la Syrie que
les arabes de la Péninsule arabique s’acharnent aujourd’hui à faire rayer de la carte, comme naguère leurs aïeux déferlant sauvagement sur
l’Egypte, la Perse et l’Ifriqiya, n'ont laissé derrière eux que ruine et désolation.
N’est-ce
pas curieux que les arabo-musulmans n’ont pas été capables d’assimiler
eux-mêmes le savoir grec, alors qu’ils l’auraient transmis à l’Occident
chrétien ? De quel héritage grec s’agit-il ? Celui de la philosophie
jugée contraire à la pensée islamique et dont l’enseignement est toujours
interdit dans la majorité des pays musulmans ou leur goût prononcé pour
les livres comme ceux de la grande bibliothèque d’Alexandrie que plutôt
que de faire une œuvre salutaire pour l’humanité en les conservant, ont
préféré les réduire en cendres privant l’humanité d’un trésor inestimable ?
A entendre les laudateurs béats de
l’arabo-islamisme, cauchemar des peuples d'hier comme ceux d'aujourd’hui, sans la
civilisation arabo musulmane le monde serait toujours dans l’ère des
ténèbres de laquelle elle n’est bizarrement toujours pas sortie depuis le
IX éme siècle; c'est à dire depuis la main mise de l’Ecole "Achaârite" sur la
théologie musulmane et la défaite des "Muta'zilites", adeptes du libre-arbitre et du rationalisme.
On devrait l'appeler plutôt, et à juste titre, la "civilisation musulmane des populations arabisées", étant elle-même le fruit d’influences extérieures, origine directe de son décollage civilisationnel commencé au VIII éme siècle sous le règne des Abbassides dont la plus connue est la source grecque considérée comme la deuxième source de la pensée musulmane fruit des travaux de traduction, d’enrichissement et de vulgarisation menés par les traducteurs syriens arabisants appartenant à l’Eglise Syriaque, subventionnés par des mécènes éclairés ainsi que par les Califes Abbassides.
Le
célèbre Haroun al Rachid édifia la bibliothèque "khizanat al
hikma" destinée au recueil des savoirs helléniques.
Sans les Syriaques, notamment ceux de l’Ecole de théologie
d’Edesse, de Bassorah connue sous le nom de l'Ecole des Perses,
jamais la civilisation naissante n’aurait pu accéder à la science
médicale, à la théologie d’inspiration aristotélicienne ni à la pensée philosophique dont
les principales figures de proue furent Avicenne et Averroés dont les
théories sur le rationalisme de la pensée étaient farouchement
combattues et condamnées pour hérésie par l’orthodoxie musulmane qui dénie à
l’homme toute faculté de raisonner et de penser par lui-même, seul Allah ayant
le pouvoir de le faire.
Est-ce
un hasard si le processus du déclin de la
"civilisation musulmane arabisante" coïncide avec la disparition
d’Averroès ( 1126 - 1198 ), grand commentateur d’Aristote, qui voulait
concilier la philosophie spéculative, celle de la raison, avec la loi
divine ? Cet épisode de controverse théologique entre les partisans de
l’orthodoxie musulmane pure et dure et ceux qui voudraient appréhender la
théologie musulmane avec les outils de la rationalité philosophique et
moderniste, n’est pas dénuée d'intérêt pour ceux qui voudraient comprendre
l’incapacité de l’islam à se projeter dans l’avenir et son immobilisme
intellectuel.
Paradoxalement, l’homme qui a irrigué réellement l’Occident de
son savoir façonné par l’hellénisme aristotélicien, n’était pas exempt de tout
reproche quant à ses idées qui étaient loin d’être empreintes d’un esprit aussi
ouvert et universaliste, comme on se plait à le décrire. En tant que
juriste, il était un farouche partisan de la censure et du "jihad",
la guerre sainte contre les chrétiens, qu’il prêchait à la grande mosquée de
Cordoue. Malgré son engagement idéologique qui n’avait pas de quoi heurter les
dogmes de l’islam, n’ayant jamais nié la suprématie du Coran sur la raison;
ceci ne lui avait pas évité l’interdiction de ses doctrines, la destruction
de ses livres, ni sa condamnation en 1195 et son bannissement par le Calife
Al-Mansur à Lucène, lieu d’exil des juifs, qui était pour lui une humiliation
incommensurable.
Il n’était certainement pas assez orthodoxe aux yeux des
représentants de l’orthodoxie sunnite, sinon il aurait fini crucifié s'il s'en était trop écarté. Il n’en
demeure pas moins que son apport pluridisciplinaire est aussi immense que varié
: la rhétorique, la médecine, les mathématiques, l’astronomie, la philosophie,
la physique et le monde animal.
Ceux-là
mêmes qui vantent les mérites de l’apogée de la
"civilisation musulmane arabisante" et qui font de sa
renaissance un véritable dogme religieux, sont les mêmes qui avaient
diabolisé et appelé à la mort d’Avicenne (980-1037),
d'Averroès, d'al-Farabî (872-950),
de Sohravardi (1155-1191)
et tant d’autres qui s’étaient, malgré l’obscurantisme dogmatique et la face
sombre de certains d’entre eux, illustrés dans leur rôle de contributeur au
savoir occidental médiéval .... bien qu'ayant tous la particularité de ne pas être
natifs d’Arabie ! Les plus brillants parmi eux étaient perses et chiites.
Ce qui
démontre combien ce qu’on appelle abusivement "civilisation
arabo-musulmane" du seul fait de la langue arabe, était redevable au
background civilisationnel grec.
Si la
Perse n’était pas islamisée, est-ce que la civilisation arabo-musulmane aurait
existé ? Puisque les arabes avaient détruit une partie de ses monuments et
jetés dans l’eau ses livres ?
Ne sont-ils pas les dignes héritiers de ceux qui avaient réduit
en cendres toute la partie méridionale de l’Ifriqiya au XI éme siècle et
avaient incendié en 642 la plus grande Bibliothèque de l’Antiquité fondée au II éme siècle avant J.C. qui portait l’empreinte d’Aristote après avoir vandalisé et
mis à feu et à sang la ville d’Alexandrie pour la purifier du paganisme ? Ou
plutôt pour tuer le savoir et l’intelligence, comme tout conquérant
impérialiste, totalitaire et raciste qu’ils sont.
Savaient-ils que 700 000 livres rares étaient partis en fumée à
cause d’Amr ibn al As sur Ordre du 2 éme Calife de l’islam,
Omar ibn al Khattab, beau-père et compagnon du prophète ?
Et comme le relate judicieusement
ibn Khaldoun (1332-1406) dans Prolégomènes, 3 éme édition pp.89, 90 et
125 : « Que sont devenues les sciences des Perses dont les écrits, à l’époque
de la conquête, furent anéantis par ordre d’Omar ? Où sont les sciences des Chaldéens,
des Assyriens, des habitants de Babylone ? […] Où sont les sciences qui, plus
anciennement, ont régné chez les Coptes ? Il est une seule nation, celle des
Grecs, dont nous possédons exclusivement les productions scientifiques, et cela
grâce aux soins que prit El-Ma'moun de faire traduire ces ouvrages.
[…] Les musulmans, lors de la conquête de la Perse, trouvèrent
dans ce pays, une quantité innombrable de livres et de recueils scientifiques
et [leur général] Saad ibn Abi Oueccas demanda par écrit au
Calife Omar ibn al-Khattab s’il lui serait permis de les distribuer
aux vrais croyants avec le reste du butin. Omar lui répondit en ces termes :
"Jette-les à l’eau ! S’ils renferment ce qui peut guider vers la vérité,
nous tenons de Dieu ce qui nous y guide encore mieux ; s’ils renferment des
tromperies, nous en serons débarrassés, grâce à Dieu !". En conséquence de
cet ordre, on jeta les livres à l’eau et dans le feu, et dès lors les sciences
des Perses disparurent. »
Une civilisation qui ne reconnait que le Coran comme seule
source de savoir et de connaissance universel pour tous les hommes et qui
exhorte ses fidèles à détruire la mémoire des peuples conquis au nom de la
suprématie de son enseignement sur tous les autres, est-elle véritablement une
civilisation alors; que ses attributs majeurs semblent être l’inertie, le refus
du progrès, la barbarie et la sauvagerie ?
Une civilisation où prédomine le religieux aux dépens du civil,
a-t-elle les caractéristiques d’une civilisation digne de ce nom ? Comment
peut-elle se prévaloir de l’héritage grec tout en niant aux hommes le droit à
la citoyenneté ?
Difficile dans ce contexte de croire que l’islam, qui veut figer
les hommes dans le marbre de l’ignorance et le rejet dogmatique du changement,
réponde à la définition de Victor Riqueti de Mirabeau, le père de Honoré Gabriel de Mirabeau que "la religion est le premier ressort de la civilisation".
Une civilisation qui nie les principes d’évolution humaine et
qui prône comme seul changement le retour aux sources, jetant l’opprobre sur
les apports extérieurs; n’en est pas une .
Son âge d’or ressemblerait plus à l’âge d’or ... du monde des
ténèbres !
jeudi 26 décembre 2013
Islamisme : Comment l’Occident creuse sa tombe
Essayiste algérien et
journaliste,
ex professeur de
philosophie à l’Université d’Alger.
Après avoir
publié, voici un an, un petit livre remarquable et remarqué, « L’islamisme,
vrai visage de l’islam », Hamid Zanaz a publié un nouveau livre, qui est
le recueil d’une série d’entretiens réalisés avec divers spécialistes de
l’islam en Europe.
Le titre
est très explicite, très exact, et, hélas, très pertinent dans l’ère où nous
sommes présentement : « Islamisme. Comment l’Occident creuse sa
tombe ».
Dans une
introduction concise et claire, Hamid Zanaz dresse un certain nombre de
constats que chacun devrait dresser, mais que, face à l’intimidation
médiatique, nul ou presque, désormais, n’ose mettre par écrit, ni même énoncer,
de peur de subir anathèmes et exclusions.
Oui, note-t-il, les lieux de culte musulmans se
multiplient en Europe et en France, et,
Non, le discours qui s’y tient n’est pas toujours très
compatible avec la démocratie, les droits de l’être humain, la moindre laïcité
ou la moindre tolérance.
Oui, les grands médias se taisent et se courbent dans
la direction indiquée, les dirigeants politiques aussi, et même l’Église
catholique, qui adopte peu à peu la position du dhimmi, mécréant en terre
d’islam.
Et non, ce n’est pas du tout raciste de critiquer
l’islam et de dire sa dangerosité.
Oui, le discours « antiraciste » devient une
arme au service d’autres causes que la lutte contre le racisme.
Et non, l’assimilation ne se fait pas.
Dans les
pays où des sondages de ce genre peuvent être réalisés, il apparaît clairement
que le nombre de musulmans qui se considèrent davantage membres du pays
d’Europe dont ils sont citoyens que membres de la oumma (communauté des
croyants) est faible.
Le nombre
de musulmans qui se considèrent essentiellement comme membres de la
oumma, représente une majorité écrasante.
Il s’opère,
qui plus est, un retour des jeunes gens vers l’islam, qu’on ne peut que
constater quotidiennement, outre les mosquées, par la prolifération des voiles
et des barbes accompagnées de tenues salafistes.
Hamid Zanaz
voit dans ce retour une « bombe à retardement… qui éclatera au visage de…
ceux qui ont abandonné des quartiers entiers aux radicaux
islamiques ».
Il souligne
le décalage profond entre des opinions publiques, très majoritairement
inquiètes de ce qui se passe, et l’aveuglement imposé qui fait peser une chape
de plomb.
Les entretiens
qui suivent l’introduction sont autant de témoignages qui, parfois, glacent le
sang. Ceux-ci portent, précisément, sur la réislamisation des banlieues, sur
l’oppression que subissent chaque jour davantage les femmes et les jeunes
filles soumises à la loi islamique, sur la violence qui monte en Europe, sur la
liberté de parole et l’accès à la connaissance, qui reculent.
Pour ceux
qui penseraient que les entretiens penchent à droite, et à droite seulement, je
dirai qu’Hamid Zanaz me semble être un homme de gauche, attaché à des valeurs
qui lui paraissent très menacées. On trouve d’ailleurs parmi les gens avec qui
il s’entretient des gens de toutes couleurs politiques et qui sont, simplement,
lucides.
Les titres
des entretiens sont sans ambiguïté : « La détestation de nos sociétés par
les islamistes va jusqu’au crime », « Il faut une surveillance accrue
des mosquées en Occident », « Les problèmes juridiques posés par la
progression de l’islam »…
Les propos
tenus par les personnes avec qui les entretiens ont été réalisés sont, eux
aussi, sans ambiguïté. Les personnes en question sont parfois nées musulmanes,
comme c’est le cas d’Hamid Zanaz lui-même – ce qui rend leurs propos d’autant
plus courageux. Je citerai, entre autres, Djemila Benhabib, Mohamed Moksidi,
écrivain d’origine marocaine réfugié en Suisse, Sami Aldeeb Abu-Salieh, qui vit
en Suisse, lui aussi, et Wafa Sultan, Américaine d’origine syrienne. D’autres
personnes n’ont jamais été musulmanes, et mènent un travail opiniâtre de
vigilance, tels Aldo Michel Mungo en Belgique. Dois-je l’ajouter ? C’est un
livre indispensable.
dimanche 22 décembre 2013
vendredi 20 décembre 2013
Jumelage des mosquées ou jumelage des écoles et des universités ?
Quand l'abrutissement des élèves est érigé en programme d'enseignement islamiste par les frères musulmans !
« La pensée ne doit
jamais se soumettre ni à un dogme, ni à un parti, ni à une idée
préconçue, ni quoi que ce soit, si ce n’est aux faits eux-mêmes, parce
que, pour elle, se soumettre, ce serait cesser d’être. »
Pensée du mathématicien Henri Poincaré (1854-
1912) inscrite au fronton de l’Université Libre de Bruxelles (ULB).
Un projet de loi inscrit sur les tablettes de l’ANC se propose de donner à
la mosquée de nouvelles missions et des prérogatives fort étendues couvrant
pratiquement tous les domaines de la vie en société. Outre l’obligation faite à
tout projet de construction de prévoir une mosquée (article 7), celle-ci, en
vertu de l’article 18 de ce projet, a un rôle à jouer dans « la vie de la
société » et des fonctions spirituelles, éducatives, scientifiques, culturelles
et sociales à remplir. Le lieu de culte doit aussi assurer des cours de
rattrapage pour les deux sexes, proposer des cours d’alphabétisation ainsi que
des leçons de morale et d’éducation religieuse pour le public (art. 20). Il doit
aussi assurer des cours de formation religieuse, remplir le rôle dévolu à la
police des mœurs saoudienne (« ordonner ce qui convient et interdire ce qui est
à blâmer »), veiller à l’application de la charia dans tous les domaines de la
vie, lutter contre « les maux sociaux, préserver l’unité religieuse de la
nation et la protéger du mal de la différence et du désaccord ». L’article 23
confie même à la mosquée la formation sanitaire, la publicité des mariages et
la circoncision. Elle doit aussi réserver des activités spécifiques aux femmes.
Enfin l’article 28 permet le jumelage entre mosquées - même avec celles de
l’étranger - afin «d’unifier leur façon d’affronter les déviations religieuses,
culturelles et sociales.»
Le centre de la vie sociale - de la vie tout court - devient donc la
mosquée. Tout tourne autour d’elle comme les astres tournent autour du soleil.
Elle devient l’alpha et l’oméga de la vie en société. En un mot comme en cent,
la mosquée cristallise de fait tous les attributs de l’Etat.
Adieu au caractère civil de la société? Adieu au modèle traditionnel de
notre société tunisienne équilibrée ?
Une école pour tous, la réussite pour
chacun
Retient particulièrement notre attention ici le rôle
éducatif de la mosquée : cours de rattrapage, éducation sanitaire,
alphabétisation face à ce qui se passe aujourd’hui dans nos écoles et nos
facultés. Il s’agit de savoir si c’est ainsi, par la mosquée, que nous allons
surmonter les handicaps actuels et rejoindre les Etats émergents comme l’Inde,
le Brésil ou la Chine - dont la sonde « Lapin de jade » s’est posée sur la lune
le 14 décembre 2013 ? Assurer notre sécurité alimentaire ? Produire nos
médicaments ? Diminuer notre dépendance vis-à-vis des importations? Protéger
notre environnement et procurer de l’eau potable à tous les Tunisiens ?
Dénicher des emplois pour les diplômés chômeurs ? Former des citoyens
responsables et engagés pour la Tunisie et le bien commun ?
Ce n’est pas la mosquée qui permettra d’atteindre ces buts dont nous
avons un si pressant besoin. Pour notre dignité d’abord et pour notre
indépendance nationale ensuite.
Intéressant un total de 65 pays, la dernière enquête PISA (Program for
International Student Assessment ou Programme international pour l’évaluation
des acquis des élèves de 15 ans), faite par l’OCDE (Organisation pour la
coopération et le développement économiques qui compte 34 membres occidentaux
dont le Japon plus le Chili et Israël) portant sur l’année 2012 nous
donne une réponse catégorique : NON !
Avec ou sans mosquée, aucun pays musulman ne figure, malheureusement -
s’agissant des performances des élèves de 15 ans en mathématiques, en
compréhension de l’écrit et en sciences - parmi les meilleurs.
Pourquoi ce test international standardisé ? Parce
que, répondent les enquêteurs, aujourd’hui, tout adulte, quelle que soit sa
profession, « a besoin d’un certain niveau de compétence en mathématiques -
ainsi qu’en compréhension de l’écrit et en sciences pour s’épanouir… et
participer pleinement à la vie de la société… [tout citoyen ] constructif,
engagé et réfléchi [doit pouvoir] poser des jugements et prendre des décisions
en toute connaissance de cause. »
Dans certains pays, les conclusions de l’enquête PISA ont donné lieu à un
questionnement du gouvernement au Parlement, comme en France et ailleurs la
presse en a copieusement traité comme aux Etats Unis où le New York Times s’est
étonné du mauvais classement des Américains en mathématiques et de leurs
piètres performances en compréhension de l’écrit et en sciences dans plusieurs
articles. L’éditorialiste du quotidien newyorkais (07 décembre 2013) déplore
que « des millions d’étudiants américains délaissent les math, la science et
l’engineering tout en achetant smartphones et tablettes sans vouloir pourtant
acquérir les connaissances qui permettent de produire ces appareils
».
En Tunisie, notre gouvernement, l’ANC, notre
Président, ont apparemment des préoccupations plus urgentes et les bien
mauvais résultats de nos jeunes les laissent de marbre … trop occupés peut être
par le retour des " habous " (fondations) ou la question des"
jawaris" (esclaves sexuelles) et des quatre épouses (voir l’article de M.
Gmati, la Presse de Tunisie du 08 décembre 2013) ou la condamnation de jeunes
rappeurs. Du reste, ont-ils eu connaissance de l’enquête PISA ? Car nul écho de
Son Excellence Moncef Ben Salem, mathématicien de son état, ni de Son
Excellence le docteur en sociologie Labiadh, le ministre de l’éducation.
Pourtant, en dix ans d’existence, ce Programme International de l’OCDE pour le
suivi des élèves (PISA) est devenu « la référence mondiale dans le domaine de
l’évaluation de la qualité, de l’équité et de l’efficience des systèmes
d’éducation » écrit Angel Gurría, Secrétaire Général de l’OCDE. L’enquête
montre que « parmi les pays qui ont participé à toutes les évaluations PISA
depuis 2003, la performance en mathématiques a augmenté de plus de 25 points
par an au Brésil, en Italie, au Mexique, en Pologne, au Portugal, en Tunisie et
en Turquie. » Cette constatation positive concernant notre pays doit cependant
être tempérée : notre score en mathématiques n’est que de 388 alors que celui
de la Chine - sur la plus haute marche du podium - est de 613 et que la
moyenne, pour les pays de l’OCDE, se situe à 494. Nous avons encore donc du
chemin à faire malgré nos lycées-pilotes et la ribambelle de cours particuliers
payants - qui saignent le budget des familles et contribuent au mal-être
ambiant - que nous infligeons à nos jeunes. Tout aussi déprimant : l’enquête
PISA révèle qu’en mathématiques 67,7% de nos élèves sont classés comme « peu
performants » et qu’un très chétif pourcentage de 0,8% de jeunes Tunisiens se
hissent au niveau « très performant » alors que la Chine en compte 55,4%,
la Suisse 21,4% et Israël 9,4%.
Quelle mosquée, quel kouttab, quel miracle pourrait nous permettre de
rejoindre par exemple la Corée (score de 554) ou le minuscule Lichtenstein
(score de 535) ? Seuls la Jordanie, la Colombie, le Qatar, l’Indonésie et le
Pérou font plus mal que nous. Et ce n’est certainement pas l’augmentation de
29% du budget de 23 milliards du Ministère des Affaires religieuses de M.
Khademi (Le Maghreb du 30 novembre 2013) qui contribuera à faire de nos jeunes
de bons élèves en mathématiques, en compréhension de l‘écrit et en sciences
!
Pour ce qui est de « la compréhension de l’écrit », notre score PISA pour
2012 est de 404 alors que celui de la Chine est de 570 et celui
des pays de l’OCDE est de 496. C’est là une bien grave lacune de nos élèves de
15 ans, incapables de comprendre ce qu’ils lisent ! Avec un tel score, il sera
très difficile de comprendre Ibn Taymiyya ou Mohamed Ibn Abdelwahab dans nos
mosquées. Pour ne rien dire de Karl Marx ou de Jules Verne !
En culture scientifique, si la Chine arrache un score
de 580, la petite Slovénie 514, le Vietnam 506 et la France 499, l’enquête PISA
nous gratifie d’un score de 398. Les Jordaniens et les Colombiens avec des
scores de 409 et 399 respectivement font un peu mieux que nous.
Ces piètres résultats devraient nous conduire à mettre à l’ordre du jour
les programmes, les manuels, la formation des maîtres – notamment en
mathématiques - et faire en sorte que, très tôt, vers 4-6 ans, nos enfants
soient familiarisés avec les chiffres, les rapports entre eux et le fait qu’un
nombre représente une quantité. Notre but est clair si nous voulons une
Tunisie qui s’inscrive dans son temps et vise à rattraper ses retards: Une
école pour tous, la réussite pour chacun. Ce qui est bien loin, on l’admettra,
des intentions de ceux qui menacent les institutrices d’une école de Midoun
(Jerba) coupables à leurs yeux de ne pas couvrir leurs cheveux ! « L’éducation
est une arme puissante pour faire évoluer les mentalités et transcender les
différences.» disait Nelson Mandela !
Bien sûr et pour conclure sur l’enquête PISA, il faut
relativiser certaines hautes performances car, écrit l’étudiante Isabelle Feng
dans Le Monde (13 décembre 2013, p. 21) : « Le nouvel homme fort de la Chine, Xi
Jinping, avait envoyé sa fille unique faire des études à l’université Harvard
aux Etats Unis, un pays encore moins bien classé par Pisa et même devancé par
la France ! La rumeur a circulé parmi les internautes chinois que, malgré les
appels de ses parents, Melle Xi refuse de retourner étudier dans une université
en Chine.»
A l’Université, rien ne va plus !
Rien ne va plus à l’Université et la motion des
Présidents d’Université le dit nettement : refus des décisions démagogiques et
électoralistes du ministre de tutelle. Ils déplorent en outre la centralisation
à outrance et le manque d’intérêt des autorités pour les travaux des
commissions consultatives nationales travaillant sur la réforme de
l’Université. Soulignant la situation fort délicate que traverse notre pays,
ces responsables universitaires demandent au ministre de s’entourer des avis
des professionnels et de cesser de faire la pluie et le beau temps à partir de
son bureau, entouré de son seul staff.
Mais, le gouvernement, tel un prestidigitateur sortant des lapins de son
chapeau, nous a annoncé la création de nouvelles facultés de médecine, de
chirurgie dentaire, de pharmacie… De l’avis de tous les spécialistes, il s’agit
là d’une décision inappropriée, populiste et de basse politique… qui a provoqué
moult manifestations et colère à Gabès, à Sidi Bouzid et à Gafsa aiguisant
ainsi les revendications purement régionalistes. Pourtant, il n’y a pas si
longtemps, un membre de l’actuelle équipe gouvernementale, le Pr d’orthopédie
Khalil Zaouia, déclarait « le chômage des médecins, quel gâchis » (Attariq al
Jadid, 18-24avril 2009, p. 2). Comprenne qui pourra… d’autant qu’outre le
Dr Khalil Zaouia, ni le Dr Moncef Marzouki ni le Dr Mustapha Ben Jaâfar n’ont
consenti à éclairer le pays sur cette affaire.
D’autre part, le 4 décembre, les enseignants se sont mis à nouveau en grève
dans les institutions universitaires tunisiennes face à la politique de
gribouille menée par M. Moncef Ben Salem (appuyée par ses collègues de
l’agriculture et de la santé) et le fait que son ministère ne tient pas ses
engagements vis-à-vis des enseignants. Iskander Hachicha, un responsable
syndical, affirme : « Les décisions autocratiques, sans concertation avec
les enseignants, nous poussent à la grève.» (Le Maghreb, 01 décembre 2013, p.
9). Son Excellence Ben Salem ne semble pas avoir assimilé les leçons de la
Révolution qui l’a pourtant installé sur ce fauteuil ministériel
puisqu’il continue à se comporter comme ses prédécesseurs du temps de Ben Ali
(Cf Hassine Boujara, Le Maghreb, 4 décembre 2013, p. 11). Très révélateur à cet
égard est le traitement (« punition » affirme l’intéressé) réservé à un
brillant enseignant qui a eu le tort - aux yeux de l’actuel ministre et son
staff - de faire partie du cabinet de M. Ahmed Brahim (Cf Attariq al Jadid, 30
novembre- 6 décembre 2013, p. 13).
Est-ce ainsi que l’on fera avancer la recherche et l’enseignement supérieur
dans ce pays ? Avec des grèves à répétition ? A coup de vendetta et de chasse
aux sorcières ? Comme au bon vieux temps où sans carte du RCD rien
n’était possible ?
Ailleurs, l’enseignement supérieur et la recherche scientifique mobilisent
au sommet même de l’Etat. C’est ainsi que la prestigieuse revue scientifique
Nature - qui paraît tous les jeudis depuis 1868 - nous apprend, dans sa
livraison du 19 septembre 2013 (page 293-294), que l’Union Européenne alloue
d’importantes sommes aux chercheurs israéliens et leur donne libre accès aux
laboratoires des pays membres et à leur communauté scientifique dans le cadre de
son programme Horizon 2020. Ce dernier est doté de 80 milliards d’euros et
durera sept ans à partir de 2014. Depuis 1996, Israël est
associé aux programmes de recherche de l’Union Européenne - bien que ne faisant
évidemment pas partie de l’Union - énorme privilège dont jouissent seulement la
Suisse et la Norvège. Ayant placé 34 millions d’euros pour faire partie du très
sélect club de la recherche européenne, Israël en a récolté 634 millions pour
ses programmes de recherche et près de 1600 chercheurs israéliens en sciences
fondamentales ont profité de cette manne européenne. Seule la Suisse en a eu
plus. Or, cette année, il y a eu un grain de sable dans la machine. Les
ministres des Affaires Européens ont décidé que « tous les accords entre l’Etat
d’Israël et l’Union Européenne doivent sans équivoque et explicitement indiquer
qu’ils sont inapplicables aux territoires occupés par Israël en 1967. » Ainsi,
la société de cosmétiques Ahava, installée sur les bords de la Mer Morte en
Cisjordanie à Mitzpe Shalem, ne devrait pas bénéficier de crédits de recherche
européens. Fureur du gouvernement Netanyahou qui, le 14 juillet dernier, a
accusé l’UE de le pousser à renoncer à sa souveraineté sur ces territoires et
qu’en conséquence, il ne signera pas le programme Horizon 2020. Mais les
chercheurs israéliens sont montés au créneau car, affirme Benny Geiger,
biologiste à l’Institut Weizmann des Sciences à Rehovot, il s’agit là « d’un
coup très rude, à bien des égards ». Ruth Arnon, Présidente de l’Académie des
Sciences et des Humanités de Jérusalem, se fendit d’une lettre au Premier
Ministre. Résultat : une semaine avant la date limite et avec quelques
entourloupes diplomatiques, les Israéliens ont dû signer début décembre. Le
Prix Nobel de chimie israélien Dan Shechtman a dû baisser pavillon : « Dans les
conditions actuelles, cela vaut la peine de signer cet accord. A l’avenir, nous
essaierons d’avoir des conditions plus en conformité avec la position du
gouvernement israélien… Nous faisons partie de la communauté [scientifique]
européenne et nous avons des relations avec tous les scientifiques des pays
européens. De plus, il y a un aspect économique. Israël investit un milliard
d’euros et reçoit un milliard et demi [en bourses de recherche, équipement,
voyages d’étude, échanges..]. N’importe quel homme d’affaires auquel on
offrirait ce marché sauterait immédiatement dessus.»
Aucun jumelage de mosquée ne nous permettra d’atteindre le club des
scientifiques de haut vol. Le travail et le sérieux de nos scientifiques et le
jumelage avec d’autres institutions scolaires et universitaires en sont
capables, si le gouvernement et les forces vives de la Nation y mettent le
prix, en sentent la nécessite et en réalisent l’importance.