Tous les grands événements de l’histoire ou presque se
sont déroulés sur les bords ensoleillés de la Méditerranée. C’est aussi sur ses
rives que se sont épanouies toutes les civilisations antiques, bercées par le
murmure de ses flots bleus.
Cependant, pas un seul de ces bords méditerranéens n’a été le
théâtre de drames aussi poignants et aussi nombreux, ni le témoins de luttes
aussi gigantesques, surtout par leurs conséquences, que le fut la Tunisie.
Par sa position géographique, la Tunisie entretenait des relations
commerciales avec les pays riverains tels que la France, l’Italie, Malte,
l’Egypte, la Grèce et la Crète.
La Tunisie est peut-être le seul pays au monde à avoir donné deux
fois son nom à un continent, avec des résultats surprenants :
- Au temps d’Homère, la Tunisie fut Libye. Ce nom qui couvrait au
départ tout le continent africain ne désigne plus aujourd’hui que l’actuelle
Libye;
- Ifriqia, ancien nom de la Tunisie, deviendra par contre le nom
de tout le continent.
Là se jouèrent plusieurs fois, les destinées du monde. Là, fut
résolue, depuis de long siècles au moins, la question de savoir si le monde
serait aryen ou s’il serait sémite.
Les légendes antiques semblent d’abord indiquer plusieurs courants
de migrations aryennes dans la Berbérie actuelle, la Tunisie. Ainsi, la légende
de l’Atlantide de Platon conserve le souvenir d’une émigration, qui partie des
côtes de l’Océan, se serait étendue jusqu’à l’Egypte. Celle des Amazones
Libyennes de Diodore semble raconter un fait analogue, en lui donnant le
caractère marqué d’une gynécocratie singulière dont on retrouve les traces
jusqu’en Asie mineure. La fable des compagnons d’Hercule, venue de la Perse et
de l’Arménie par l’Espagne semble également être le récit merveilleux d’une
invasion aryenne plus récente que celle des Atlantes et faite par l’Occident.
Les courses d’Ulysse au pays des Lotophages (Iles de Kerkennah et de Djerba) ne
font, sans doute, que de transparentes allusions à d’anciennes migrations
venues de l’Hellade dans ces régions.
Si de la légende nous passons à l’histoire, Hérodote, il est vrai,
ne nous parle, concernant le nord de l’Ethiopie, que des Libyens et de
nombreuses tribus libyennes. Mais Salluste, qui avait consulté les sources
historiques de Carthage, avait connaissances des temps primitifs antérieurs à
l’arrivée des tribus aryennes et à l’établissement des colonies phéniciennes.
Dans toute l’étendue de l’Afrique septentrionale, il n’y avait alors, selon lui
que trois races, inégalement réparties sur une triple zone : des Chamites
ou peuples de Phut, derrière eux des Gétules, et derrière des Gétules, les
Nègres. Les colons Chananéens donnèrent naissance à la race Lybio-Phénicienne.
Au milieu des multiples peuplades dont les invasions ont
successivement recouvert le sol de la Berbérie, se trouve précisément, en
premier lieu, le type Néanderthaloîde, assimilable aux Gétules de Salluste ou
mieux, aux Mélano-Gétules ou Garamantes d’Hérodote, race de transition entre la
race blanche et la race noire. Les traces de cette race, scientifiquement
considérée comme autochtone, se rencontrent surtout dans le Jérid et la
Kroumirie.
Des échantillons de type Cro-Magnon, le plus ancien après celui
des Gétules, auraient été désignés sous le nom d’Ibères desquels subsistent les
Berbères proprement dits, ces Iabaren ou Ibarbarem, que les Touaregs et autres
tribus du désert comptent parmi leurs aîeux. Ce type fut encore renforcé en
Tunisie par des immigrations de Shardanes et de Sakalash, ancêtres des Sardes
et des Siciliens, qui paraissent avoir importé dans le pays de l’industrie
mégalithique. Le type de Cro-Magnon se retrouve aujourd’hui à Tunis et à Gabès,
ainsi que dans les vallées de la basse Medjerda et de Séliana.
Puis vient le type Ligure, ou Celto- Slave. Cette race des Ligures,
ou libyens, ou encore Libous- considérée comme autochtone par Salluste, a des
représentants au Sud de Sousse. Ils constituent à l’état presque pur, l majeure
partie de la population du golfe de Gabès et atteignent leur densité maximale
dans l’île de Djerba.
Vient enfin le type blanc importé en Tunisie par ces peuples que
les égyptiens appelaient Tama’hou (hommes du Nord) et Ta’hennou (hommes au
teint clair). Ces blonds, comme aujourd’hui encore les clans écossais,
faisaient précéder le nom de leur tribus des préfixes « Mac » ou
« Mas » ou « Mis » qui signifient « Fils de ». On
les retrouve, entre autres en Kroumirie. D’autres blonds viennent des Andalous
et des Livournaises.
Bref, l’antique Berbérie fut, sans aucun doute, originairement
peuplée par deux courants, l’un remonta du centre de l’Afrique vers le nord,
l’autre descendit, au contraire, du sud de l’Europe, des rivages extrêmes de
l’Italie, de l’Ibérie et des Gaules vers le même nord de cette contrée toujours
enchanteresse qui attira des attira des pères comme elle attire aujourd’hui des
fils.
De nombreuses tribus Africaines, n’étant ni sémitiques, ni arabes,
sont actuellement désignées par le nom uniforme de Berbères.
Selon El Mokhtar Bey, les différentes invasions de la Tunisie
apportent à une population d’origine afro-berbère un enrichissement par les
phéniciens Carthage, 3000ans) les Romains, les Byzantins, les Vandales, les
Arabes, les Andalous, les Hilaliens, les Turcs, les Français, les Italiens, les
Grecs et autres. De cette bonne vieille Tunisie, les Musulmans, les Chrétiens,
et les Juifs faisaient bon ménage.
La population allogène - ou d’origine étrangère -, constituait des
groupes sociaux relativement fermés. Les Turcs et les Levantins étaient
concentrés sur une ligne Tunis-Hammemet-Zaghouan-Testour-Béja et dans les
forteresses de villes de garnison, telles que Bizerte, Béja, La Goulette,
Sousse, Monastir, Mahdia, Sfax, Gabès, Gafsa et Jerba.
Les Andalous, dits Morisques, arrivèrent en plusieurs vagues entre
le XII et le XVII siècles, et s’installèrent principalement dans la vallée de
la Medjerda (Testour, Ras Jebel, Ghar el Mellah et Qal’at el Andalous).
Agriculteurs, architectes, armateurs, négociants, artisans, magistrats et
enseignants, les Morisques marquent la Tunisie d’une forte empreinte.
Après la prise de Jérusalem par Titus Flavius en l’an 70, au temps
du roi Solomon, les Juifs accostèrent déjà en Tunisie. D’autres juifs sont des
Berbéres judaisés ou des immigrés Espagnols fuyants les foudres d’Isabelle la
Catholique. Restait enfin la population étrangère dont les Juifs Livournais, appelés
« Gourny ».
Etant Musulmans, les Mghrébins, tout comme les Sénégalais, les
Nigériens et les Maliens, furent rapidement assimilés dans le pays.
1 / La Tunisie Antique (1100av.J-C. 647 AP. J.C.)
Terre numide, la Tunisie a été colonisée par les Phéniciens qui
fondèrent Utique (1100 av.J.C).
Celle-ci se rend autonome de Tyr et contrôle un empire en
Méditerranée occidentale (IVs av.J.C).
Après une longue lutte contre les Grecs d’Occident, elle affronte
Rome au cours des trois guerres dites puniques (264/146 av.J.C).Carthage est
vaincue et détruite en 146 av.J.C.
Transformée en Provincia Africa, son territoire
s’étend aux dépens du royaume numide de Massinissa et ce, malgré la résistance
de Jugurtha (118/ 105 av.J.C). De culture punique, la Tunisie devient Latine et
bientôt chrétienne (Tertullien, St Cyprien, St Augustin). Fortement
urbanisée et mise en valeur, elle compte parmi les
provinces les plus prospères de l’empire Romain jusqu’au IVs après J.C.
Une crise sociale et religieuse (Le donatisme) affaiblit l’Afrique
romaine et explique son occupation par les Vandales (439). La
reconquête Byzantine (534/647) ne parvient pas à rétablir la sécurité
dans le pays (mutineries, ambitions de gouverneurs, crises religieuses,
insurrections berbères,…)
2/ La Tunisie Plurielle (648-1573)
L’invasion arabe commence en 647 et Kairouan, la ville sera fondée
en 670, par Okba Ibn Nefâa, quarante ans avant une nouvelle chute de Carthage.
Les Aghlabides instaurent leur dynastie autour de Kairouan pendant plus d’un
siècle (800 - 909). Cette apogée de la civilisation islamique est suivie de la
dynastie des Fatimides qui aura pour capitale la ville de Mahdia.
En l’an 1050, la Tunisie fut brutalement envahie par une horde de
200 000 Hilaliens venue de la Haute Egypte. Ces arabes voulaient éliminer
la dynastie Berbère. Un siècle plus tard, les nomades de Sicile veulent
conquérir le Tunisie qui connaîtra finalement le règne de la dynastie des
Hafsides entre 1228 et 1574.
Entre temps, Charles d’Anjou, roi de Sicile, part en guerre contre
les Hafsides.
Deux années plus tard, 1270, meurt sur la colline de Carthage, au
retour de sa huitième Croisade, Saint Louis, Roi de France.
3/ La Tunisie Ottomane (1574-1705)
En 1573, Don Juan d’Autriche prend Tunis et, un an plus tard,
c’est déjà la conquête Turque.
Les Janissaires (du Turc "yeni tcheri" ou nouvelle
milice : il s’agit de Chrétiens convertis à l'Islam) installent en Tunisie
en 1590 un Dey bien Turc, secondé par un Bey. Les Deys gouverneront jusqu’en
1630 et seront relayés par les Beys qui fonderont la dynastie Husseinite qui,
elle, s’étendra de 1905 à 1957.
Conquise de haute lutte par Sinan Pacha contre les Espagnols en
1574, l’Ifrikiya devient une province ottomane (Sandjak) gouvernée par un pacha
nommé par Istanbul et assisté par un conseil d’officiers : le Divan
A la faveur d’une révolte de la milice Turque, le Pacha est écarté
au profit de l’un des days élus par le divan. Trois Deys de grande valeur se
succèdent à la tête de l’état : Othman Dey (1598/1610, Youssef Dey
(1610/1637) et Osta Mourad (1637/1640). Chargés d’administrer les provinces
(impôts, sécurité intérieure et des frontières), les Beys parviennent à
supplanter les Deys et à fonder la dynastie Mouradite (1631/ 1702).
Après le règne brillant de Hamouda Pacha Bey (1631/ 1659),
l’absence de règle de succession déclenche des conflits avec les Deys: et le
divan favorise les querelles dynastiques (Mourad II, Mohamed Bey, Ali Bey,
Romadhane Bey). En 1702, Mourad III tombe victime d’un complot militaire
organisé par Ibrahim Chérif qui met fin à la dynastie en en exécutant les
membres de la famille Mouradine.
4/ Hussein Bey Ben Ali (1705/1735) fondateur de la dynastie
Husseinite
Hussein Ben Ali est né au Kef en 1675, d’un père d’origine
crétoise commandant de garnison du Kef, et d’une mère de la tribu Charen.
Lui-même se marie à une femme de cette tribu, Fatma Othmana, arrière petite
fille d’Othman Dey, et une captive génoise qui lui donnera quatre fils.
Opposé à une restauration de l’oligarchie militaire, Hussein Ben
Ali participe cependant à l’insurrection de Ben Choukr qui le nomme Lieutenant
général (Kahia). Rejoignant le camp des vainqueurs après la défaite du
rebelle, il devient Agha des spahis turcs sous Ramadhane Bey gouverneur de
Gabès, puis trésorier du palais sous Mourad III.
Proclamé Bey le 12 Juillet 1705, Hussein Ben Ali met en place un
état à volonté autonomiste contrôlé par son entourage familial. Sur le plan
économique, il impose un dirigisme en matière agricole et un monopole sur le
commerce extérieur. N’ayant pas de descendant mâle, il fait accorder par
Istanbul le titre de Pacha à son neveu Ali.
Les principaux vizirs
- Mustapha Khaznadar (1837/1873) est un mamlouk grec qui a encouragé
la politique des réformes inspirées par le consul, mais sa répression fiscale
fut à l’origine de la révolte d’Ali Ben Ghedhahem
- Khéréddine (1873/1877) fut l’auteur d’un ouvrage
fondateur du réformisme politique dans le monde musulman intitulé Réformes
nécessaires aux Etats Musulmans, réformes qu’il s’employa à mettre en œuvre.
5/ Indépendance
La France restera en Tunisie de 1881 à 1956 dans le cadre d’un
protectorat.
Habib Bourguiba, né le 3 Août à Monastir sera l’artisan de
l’indépendance et le premier président de la république.
Il sera relayé du 7 Novembre 1987 par Zine El Abidine Ben Ali, né
le 3 Septembre 1936 à Hammam-Sousse.
ZABA sera dégagé le 14 janvier 2011 à la faveur d'une révolution,
première en son genre !
TUNIS DE 1889, 1920 ...
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