L’actualité de Habib Bourguiba n’est pas « le
retour » de l'absent.
Le Bourguibisme est une « composante » de la société tunisienne, à
l'origine de l’avènement du tunisien en tant qu'individu et du peuple tunisien
en tant que nation. Il ne faut pas le confondre avec la nostalgie de certains
"Destouriens" ou "Tajammouiines-RCD-istes", réduite au
souvenir du parti unique et au monopole du pouvoir et ses privilèges.
Habib Bourguiba :
" Il ne faut pas oublier qu'il y a encore l'ignorance, les haines, les passions
qui, inévitablement, faussent le jugement, d'où la confusion.
Pour un niveau général valable, un bagage intellectuel est nécessaire ".
Bourguiba est parmi les rares leaders « arabes »
sorti du lot pour échapper à l’insulte de l’histoire exprimée avec mépris et racisme par Ernest Renan dans
son discours d’ouverture du cours des langues au collège de France, en 1862
:
« l’Orient, surtout l’Orient sémitique, n’a
jamais connu de milieu entre la complète anarchie des Arabes nomades et le
despotisme sanguinaire de leurs dirigeants, incapables de réaliser un projet de
société nouvelle autre que la fatalité où l’islam est le dédain de la science,
la suppression de la société civile; rétrécissant le cerveau humain, le fermant
à toute idée délicate, à tout sentiment fin, à toute recherches rationnelle,
pour le mettre en face d’une éternelle tautologie : Dieu est Dieu ».
Bourguiba n’était pas le seul leader qui avait
fait l’expérience de bâtir un état-nation post-colonial, tel Nasser ou les Ben
Bella-Boumediene, mais il était le seul qui était habité par une conviction
philosophique de l’histoire qui transcende le politique pour donner un sens à
une œuvre qui produira objectivement un devenir, tel une odyssée de l’histoire
au sens hégélien : une incarnation de « l’Esprit du peuple ».
Bourguiba a réfléchi sur l’histoire de la
Tunisie, ne se limitant pas à son admiration pour le Calife OMAR, mais
redonnant à l’Afrique du Nord une continuité remontant à Hannibal et Jugurtha
qui ouvrent des horizons et légitiment des espoirs au milieu du désordre arabe;
capable d’enjamber le chaos du destin « arabo-musulman ».
Les critiques les plus acerbes contre l’œuvre de
Hegel et des plus déstructurant comme celles de Theodor Adorno, reconnaissent
au moins à Hegel le mérite d’avoir donné un contenu à sa philosophie.
Bourguiba, aussi, a fait sa propre lecture de l’histoire de la Tunisie qui a
produit un sens et un discours structurant et modulant la coexistence des
composantes du peuple tunisien, qui concerne non seulement les institutions
politiques, mais jusqu’au mode des relations des hommes.
Certes, la politique de Bourguiba se présentait
comme celle qui a façonné la société tunisienne mais le but de Bourguiba était
de créer une dynamique pour former le nouveau citoyen à mesure que son œuvre
progresse, par la généralisation de l’éducation, de la santé et surtout par la
libération de la femme, pivot du progrès qu'il escomptait pour la Tunisie
nouvelle.
Ce qui a permis à Bourguiba d'affirmer : « J’ai
construit quelque chose de solide » !
Le combat pour la liberté, le
"dégagement" de la Troïka, jusqu’ici, lui ont donné raison : puisque
les tunisiennes étaient toujours présentes et combatives pour préserver leurs
acquis comme ceux de la Tunisie toute entière !
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