Je me suis amusé à écrire ce que je dirai à la place d'Emmanuel Macron, dans le contexte d'aujourd'hui. Voilà donc ce que je dirai si j’étais, ce qu’à Dieu ne plaise, à la place de Macron.
" On me dit et l’on crie en grand nombre dans le pays, que la reforme des retraites que je propose n’est pas justifiée, qu’elle est injuste. Que mon action et celle de ma majorité sont antidémocratiques et que je méprise le peuple, l’Assemblée Nationale et les syndicats.
Je voudrai donc répondre à ces critiques qui ont été reprises maintenant par les citoyens, les uns avec sincérité et calme; les autres avec mauvaise foi et violence verbale et même, quelques fois, hélas, physique.
Reprenons ces critiques.
Ma méthode serait donc antidémocratique et méprisante.
Ces affirmations sont tout simplement fausses. Dans notre pays il y a, jusqu’à ce que démocratiquement on les reforme, des Institutions et une Constitution. Tout cela s’impose au premier chef, au Président de la République mais également, dans un pays civilisé, à tous les citoyens et à tous les élus.
Qu’arriverait-il dans ce pays si notre Constitution était bafouée et n’était pas appliquée ? C’est cela qui serait antidémocratique et le début soit de la dictature soit de l’anarchie.
Or, j’ai dans toute cette affaire respectée la Constitution et les droits qu’elle donne. Les articles controversés et notamment l’article 49-3 est dans la Constitution. Il est fait pour éviter le blocage dans une Assemblée divisée; ce qui est manifestement le cas aujourd’hui.
Une telle division de la majorité avec des partis qui ne s’entendent sur rien, qui n’ont aucun projet, qui sont incapables de proposer une alternative, doit-elle permettre que le pays soit paralysé ? Les français veulent-ils vraiment avoir à faire à un pouvoir incapable de gouverner ?
Je ne crois pas que ce soit le cas; et si c’était le cas, le déclin de la France et donc des Français, serait au rendez-vous.
Par conséquent, je le dis avec force en respectant la Constitution, je n’ai pas attenté le moins du monde à la démocratie.
Je vais aller plus loin. Je considère que je n’ai pas trompé les Français. Cette réforme était très clairement indiquée dans mon programme. Je n’ai pas caché mes intentions, ce qui n’a pas toujours été le cas dans le passé. Les électeurs m’ont désigné aux termes d’élections parfaitement régulières en connaissance de cause.
On me dit que je n’ai pas été élu pour cette raison et que la raison principale est la volonté des Français de faire échec au Rassemblement National. Cela est vrai sauf que, même dans cette volonté d’écarter le RN, les français savaient quel était mon projet sur les retraites; et pesant le tout, ils m’ont tout de même élu.
Alors il est trop facile de venir maintenant dire : Vous aviez un programme, vous l’avez dit clairement et nous avons voté pour autre chose.
Mes propositions et ma position n’étaient pas à la carte; et c’est avec mauvaise foi et précisément par un mépris des règles de la démocratie représentative, que l’on prétend que je n’étais pas mandaté pour faire ce que je fais.
Vous m’avez élu certes pour vous opposer au RN mais vous voudriez en plus que je fasse maintenant la politique des Insoumis ou du RN. Cela n’est pas envisageable et si, vous estimez que vous vous êtes trompés en me désignant, vous ferez d’autres choix aux prochaines élections.
On me dit aussi que j’ai violenté les syndicats et l’Assemblée.
C’est un très mauvais procès. Avec les syndicats nous avons eu de nombreuses discussions jusqu’au jour où il est clairement apparu que tous mettaient à la discussion un préalable absolu : à savoir la suppression de la mesure d’âge que j’avais proposée dans mon programme.
Dés lors comment peut-on encore discuter avec des syndicats qui vous disent qu’ils ne bougeront jamais sur cette question ? Devais-je plier devant ce diktat et renoncer à cette partie de mon programme ? Drôle de conception du dialogue social !
Quant à l’Assemblée, un certain nombre me reprochent de ne pas avoir permis le débat !
C’est une vaste plaisanterie ! Il y a avait sur une question et un projet déjà connus depuis plusieurs années, 177 heures de débat prévues, c’est-à-dire des jours et des jours qui permettaient d’évoquer tous les problèmes et de donner son point de vue et de faire des contre-propositions. Il n’est pas sérieux de prétendre le contraire.
Or à quoi a-t-on assisté ? La Nupes s’est comportée, je le dis ici clairement, de manière choquante avec des cris, des vociférations et une obstruction jamais vue. Si l’Assemblée n’a pas pu examiner le texte ce n’est pas la faute de la majorité mais bien et clairement de cette obstruction choquante.
Alors s’il n’y a pas eu débat, les français doivent s’en prendre non à moi et à ma majorité mais à ceux qui ont rendu le débat impossible car ils privilégiaient la rue. Or dans notre pays comme dans tous pays démocratiques, ce n’est pas la rue, la foule, les émeutes qui font la politique d’un pays.
J’en termine sur le fond. On me dit que cette réforme est inutile, injuste et brutale.
Je suis bien conscient (qui ne le serait pas) que demander aux personnes de travailler deux ans de plus est difficile et que personne ne peut en être heureux. Ce serait assez méprisant de penser que je ne sais pas cela alors que toutes les précédentes réformes ont suscité de grandes manifestations et de la colère.
Il aurait été beaucoup plus facile et commode pour moi de ne rien faire, de laisser à d’autres le soin de régler la question. Est-ce la conception que l’on peut se faire d’un chef d’Etat ? Bien sûr que non. Il doit, dans certains cas prendre des décisions impopulaires et c’est même à cela que l’on reconnaît un homme d’Etat.
Alors, oui; face à une nécessité absolue, j’ai pris ma responsabilité.
Nécessité absolue car le déficit est déjà là et il ne fera que s’aggraver compte tenu du fait, indiscutable du vieillissement de la population, de l’espérance de vie qui fait que si l’on veut maintenir un régime de répartition avec moins de cotisants pour plus de retraités, il faut travailler un peu plus longtemps.
Tous les pays l’ont fait en Europe avec parfois des âges de départ à 67 ans. Ces pays l’ont-ils fait pour le plaisir de nuire à leurs peuples ?
Sommes-nous différents et avons-nous d’autres ressources ?
Alors certains nous disent : oui, des pays ont repoussé l’âge de départ à la retraite mais ils ont aussi pris d’autres mesures en taxant certains citoyens !
Belle argumentation en vérité !
Cela fait une belle jambe aux Espagnols de savoir que l’on a taxé davantage, alors même qu’ils doivent continuer à travailler jusqu’à 67 ans !
Ce n’est pas sérieux car taxer davantage, c’est à la fois dépasser les limites raisonnables de l’impôt déjà très élevé en France; et cela signifie, diminuer les moyens d’action du gouvernement dans tant d’autres domaines nécessaires; ou aggraver la dette publique déjà à un niveau inacceptable.
Je souhaite donc que tous les Français réfléchissent en dehors de la passion du moment à toutes ces réalités et ils verront que, malheureusement, il me fallait affronter ce problème. C’était mon devoir et je n’ai jamais caché mon projet que je juge nécessaire pour le pays."
Jean-Pierre Ryf :
RépondreSupprimerBelle et convaincante analyse de la position des Républicains qui touchent le fond et seront probablement définitivement balayés aux prochaines élections.
Ce n'est plus un parti de gouvernement responsable.
https://www.telos-eu.com/fr/politique-francaise-et-internationale/le-cynisme-des-republicains.html?fbclid=IwAR13vUg59E9QDMRWhiUWZJ_Kr932FHMXRjUR9Jj6NIVMrXdCH2PubdK0XHg
LE 49-3, L'ARTICLE TANT DECRIE PAR LA FI ...
RépondreSupprimerJean-Pierre Ryf :
Face à une assemblée divisée, l'article 49-3 figurant dans la Constitution, est un moyen de sortir du blocage.
C'est un mécanisme tout à fait démocratique puisque les oppositions peuvent, si elles le veulent, censurer le gouvernement.
Où est donc le déni de démocratie ?
Par contre, c'est l'attitude des oppositions qui pose problème !
Y-a-t-il un projet alternatif ?
Y-a-t-il un attelage possible entre les Nupes, LR, et certains centristes ?
Seraient-ils à eux tous, capables de gouverner et de proposer une alternative ? Bien sûr que non !
Ils sont capables de s'opposer mais en aucune manière de bâtir.
L'article 49-3 pourrait par contre être modifié, pour le rapprocher du système de la Constitution Allemande : à savoir que ceux qui veulent censurer, doivent en même temps proposer une alternative au pouvoir !
Et que je sache l'Allemagne n'est pas une dictature.
Elle aurait, même plus que nous, le sens du dialogue et du compromis.
Mais allez donc chercher du compromis avec les excités de la Nupes !
Entretien d'Emmanuel Macron sur TF1 et France 2
RépondreSupprimerPremière intervention à la télévision du Président de la République depuis le début du conflit des retraites alors que le climat s'est encore tendu depuis le 49.3 à l'Assemblée Nationale.
https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-13-14/le-13-14-du-mercredi-22-mars-2023-4776982?fbclid=IwAR3j_fUUzk3DYA46cogbOQVzE9FS4sDHnwO0EccPFZSSVL7omRmnJhKSHIw