Article paru dans : Kapitalis
Raja Farhat rend hommage à Habib Bourguiba en le faisant revivre parmi nous, en nous replongeant dans l'esprit du grand homme.
L’Association "Tun Art Day", a produit au théâtre Gymnase
Marie Bell à Paris, la pièce "Le Zaim Bourguiba" de Raja Farhat.
J’ai assisté à ce spectacle dimanche soir avec de nombreux spectateurs conquis, comme moi, par la performance de l’acteur pendant près de deux heures.
D'ailleurs il a fait le choix de se détourner des "arabes" ne croyant nullement à la pseudo fratrie des peuples "arabes" dont se gargarisent leurs chefs.
Par sa parfaite connaissance de l'histoire, il savait que la Tunisie a vocation à faire partie du monde occidental du fait de sa position géographique dans le bassin méditerranéen et de son histoire commune avec les pays riverains de mare nostrum !
Réapparaissant, Bourguiba s'explique et nous donne sa version des choses :
- Il s'étonne qu'une partie de la jeunesse tunisienne à laquelle il a tout consacré pour l'instruire et la cultiver, se soit laissée séduire par le communisme dont les ravages se comptent par millions (30 millions en URSS et 40 millions en Chine suite au plan "bond en avant" de Mao) !
J’ai assisté à ce spectacle dimanche soir avec de nombreux spectateurs conquis, comme moi, par la performance de l’acteur pendant près de deux heures.
Nous sommes à Monastir. Bourguiba déposé par Ben Ali,
après le coup d’Etat médical de novembre 1987, est retenu prisonnier dans la maison du gouverneur à Monastir pas loin du Palais de Skanes. Il se livre à un long monologue avec une femme médecin chargée de
s’occuper de sa santé déclinante.
L’acteur réussit une belle performance car nous voyons Bourguiba
avec sa façon de marcher saccadée, due à la fois à l'âge et à la maladie, avec sa
gestuelle, le mouvement de ses bras et de ses mains, son ton parfois ironique; et nous reconnaissons sa voix.
Les tunisiens qui l'ont connu, reconnaissent sans peine leur Président et les
jeunes découvrent le grand homme qu'a perdu la Tunisie.
Il nous raconte appuyé sur le bras de son médecin, sa vie ... et c’est passionnant.
Cela commence par un bel hommage à sa mère et surtout à sa grand
mère qui l'avait élevé étant le dernier d'une nombreuse fratrie. "Le
paradis est au pied des mères", cette citation du prophète Mohamed lui
rappelle l'importance de la femme dans l'islam et lui fait prendre conscience
de l'immense injustice faite aux femmes; ce qui lui inspirera CSP (code du statut personnel) pour donner leurs droits aux femmes.
Son enfance, sa jeunesse étudiante et notamment son
séjour étudiant à Paris où il fera la connaissance de sa première femme Mathilde qui a voulu être enterrée dans le
mausolée de Monastir où il a commencé à militer politiquement, avec très vite
un projet de redonner au pays sa souveraineté, se démarquant ainsi de l’ancien parti Destour qui se contentait dans ses réunions autour d’un thé au pignon de petites réformettes.
Et là il nous précise, ce qui sera sa marque, que s’il
combat la France coloniale, il admire cependant, les valeurs de la France des Lumières : "Liberté, Egalité,
Fraternité", qui lui ont été apprises par Pierrot son instituteur de Monastir,
devenu son ami et qui l’avait aidé en le recommandant à Mathilde pour ses études à Paris.
La France des communards a envoyé comme instituteurs,
nous dit-il, dans ses colonies les « agités, les révoltés » qui étaient des
gens merveilleux, porteurs des vrais valeurs de la France. C’est la plus grave
erreur des colonisateurs mais c'était une chance pour les Tunisiens !
Nous écoutons le récit de ses combats, de ses
emprisonnements, de ses condamnations; avec des moments jubilatoires comme ses
réponses à un Procureur qui lui signifiait les charges retenues contre lui.
Il évoque aussi avec passion le refus qu’il opposa de
s’allier aux puissances de l’axe, alors que beaucoup de tunisiens étaient prêts
à le faire. " La victoire sera du côté des alliés, prenez le bon
chemin pour l’avenir ", leur disait-il.
Le voilà ensuite Président évoquant le travail de Tahahr Haddad
sur le Coran et la place des femmes, les cheikhs de la Zitouna pour
qui toute innovation est hérésie. Il rappellera avec délectation comment
Ahmed Mestiri chargé de rédiger le statut de la femme, se heurtera aux
religieux de la Zitouna qui ne voulaient rien lâcher.
Ces oulémas à qui il montrait que le Coran interdit la
polygamie et à qui il demandait de lui proposer un texte, ils lui proposèrent
un texte alambiqué. Mon peuple veut des textes clairs, leur
dira-t-il, qu’il puisse comprendre. Puisque le Coran incite à la
monogamie, l'homme étant par nature incapable d'équité entre plusieurs
épouses, il faut en conclure que "La polygamie est interdite"
point c'est tout ! La salle s’esclaffe !
Ce que les spectateurs applaudissent, c'est le talent de l'acteur, mais aussi le génie de l'homme politique.
Ce que les spectateurs applaudissent, c'est le talent de l'acteur, mais aussi le génie de l'homme politique.
De belles choses aussi sur l’enseignement et l'éducation des enfants. C'était une
de ses réussites majeures. Sur sa politique étrangère où il se révéla
visionnaire et réaliste, rejetant les vielles lunes du pan-arabisme et du pan-islamisme
avec une position en pointe sur le problème palestinien, instrumentalisé
honteusement à ses yeux par les pays arabes et qui, aujourd’hui encore fait
regretter aux palestiniens de ne l'avoir pas écouté.
D'ailleurs il a fait le choix de se détourner des "arabes" ne croyant nullement à la pseudo fratrie des peuples "arabes" dont se gargarisent leurs chefs.
Par sa parfaite connaissance de l'histoire, il savait que la Tunisie a vocation à faire partie du monde occidental du fait de sa position géographique dans le bassin méditerranéen et de son histoire commune avec les pays riverains de mare nostrum !
A un moment, le vieil homme fatigué se retire et la
femme médecin qui joue le rôle du Dr Saïda Doggui le médecin de fin vie de Bourguiba, reste seule en scène et nous livre dans un monologue la face
cachée et un peu plus sombre de Bourguiba, ses atteintes aux libertés,
l’absence de réelle démocratie …
Réapparaissant, Bourguiba s'explique et nous donne sa version des choses :
- Il s'étonne qu'une partie de la jeunesse tunisienne à laquelle il a tout consacré pour l'instruire et la cultiver, se soit laissée séduire par le communisme dont les ravages se comptent par millions (30 millions en URSS et 40 millions en Chine suite au plan "bond en avant" de Mao) !
- Quant à la démocratie,
il rappelle que s'il avait demandé aux Tunisiens leur avis sur le statut de la
femme ... ils auraient voté contre à plus de 90 % ! Voulant dire par là, que
les Tunisiens d'alors, à peine sortis du colonialisme, n'étaient pas mûrs encore pour la démocratie ... il fallait assurer d'abord leur éducation et les
instruire pour qu'ils deviennent des citoyens responsables, dans la jeune République qu'il construisait.
Au total une performance remarquable, un spectacle où l’on ne
s’ennuie pas un instant; et qui nous éclaire sur la vie et l’œuvre de ce véritable
chef d’Etat. Il y avait beaucoup de jeunes Tunisiens dans la salle et
bon nombres de Français.
Ce spectacle vaut mieux pour eux que toutes les conférences et les colloques d’historiens. Un tel spectacle devrait être diffusé à la télévision car il éduque sans ennuyer et constitue une belle leçon de politique, au sens noble du terme.
Ce spectacle vaut mieux pour eux que toutes les conférences et les colloques d’historiens. Un tel spectacle devrait être diffusé à la télévision car il éduque sans ennuyer et constitue une belle leçon de politique, au sens noble du terme.
On se dit en sortant de ce spectacle, que la Tunisie a
eu de la chance d’avoir Bourguiba et qu’elle aurait besoin aujourd’hui, dans la
crise qu’elle traverse, d’un homme qui, comme lui, ait une vision claire et positive
de son avenir.
Mille bravos à Raja Farhat pour sa belle performance. Il a fait
preuve d'une grande intelligence pour avoir dépassé les griefs qui
l'opposaient lui et son père Sahbi Farhat, à Bourguiba; lui reconnaissant au
final, un "bilan" positif.
Rachid Barnat
*****
UNE RÉVOLUTION SANS DOCTRINE, N'EST PAS UNE RÉVOLUTION.
Celle du 14 janvier 2011 a servi juste pour Ghannouchi l'opposant à Bourguiba, pour prendre sa revanche !
Dommage que les médias télévisuels ne lui consacrent pas une émission hebdomadaire, où il rappellera, avec sa faconde captivante, l'histoire de la Tunisie; utile par les temps qui courent pour inculquer aux jeunes leur histoire nationale mais aussi pour la rappeler aux vieux qui l'auraient oubliée pour aller se fourvoyer chez les obscurantistes pour certains d'entre eux !
R.B
La
rencontre avec Raja Farhat est passionnante, les récits qu’il nous fait à
chaque occasion nous transportent. Difficile de l’interrompre ou de couper le
fil de ses idées, car son don de narrateur est magique et le sens du détail est
si subtil.
De Bourguiba, la pièce de théâtre qui l’habite ces dernières années, à Bourguiba, l’homme et la saga de l’indépendance de la Tunisie, il y a tant d’enseignements à tirer.
Mohamed Raja Farhat, qui nous a accueillis chez lui, partage avec nous sa vision du politique, sa lecture de l’Histoire et ses coups de gueule. Entretien.
De Bourguiba, la pièce de théâtre qui l’habite ces dernières années, à Bourguiba, l’homme et la saga de l’indépendance de la Tunisie, il y a tant d’enseignements à tirer.
Mohamed Raja Farhat, qui nous a accueillis chez lui, partage avec nous sa vision du politique, sa lecture de l’Histoire et ses coups de gueule. Entretien.
L’histoire
avec le projet Bourguiba ne date pas d’aujourd’hui…
J’avais
déposé un scénario Bourguiba au ministère de la Culture du temps de Ben Ali, le
ministre de la culture de l’époque avait annoté le scénario ainsi «la
vigilance», ce qui voulait dire que le projet était refusé. Mais il continuait
à me travailler. D’ailleurs, je n’étais pas le seul à réagir au quart de tour
dès que l’on évoque l’œuvre et la vie de Bourguiba. Bourguiba, c’est un siècle,
et je suis parti de ce constat : Bourguiba, c’est le 20e siècle tunisien. Il
est né avec le siècle et mort avec lui. Et plus que tout autre personnage de
notre histoire, il a marqué ce siècle.
En tant
qu’artiste passionné d’histoire et surtout de détail, quelle lecture
faites-vous de ce personnage d’exception ?
J’étais
élevé dans le culte de Abdellaziz Thaâlbi, le fondateur du vieux Destour, puis
dans le culte des grands cheikhs de la Zitouna, Tahar Achour et Fadhel Ben
Achour, et puis, naturellement les grands personnages sociaux comme Mohamed Ali
Hammi auquel j’ai consacré une pièce au sein de la troupe de Gafsa que j’ai
interprété avec 20 kilos de moins.
Mais avant de parler de Bourguiba, j’ai envie de raconter Hammi, un des personnages qui ont balisé l’œuvre de Bourguiba. Hammi nous revenait de Berlin avec des idées absolument révolutionnaires, il apportait des réformes considérables en plus de sa défense de la classe ouvrière, il a disparu de la scène politique en 1926 après sa condamnation au bannissement et il est mort en chauffeur de taxi entre Jeddah et la Mecque.
Et lorsque nous avons joué la pièce sur Mohamed Ali Hammi au théâtre du palais de Carthage, Bourguiba se retournait vers ses ministres en leur disant: «Ces jeunes ont compris Bourguiba», ces jeunes ont compris l’importance de Mohamed Ali Hammi.
Mais avant de parler de Bourguiba, j’ai envie de raconter Hammi, un des personnages qui ont balisé l’œuvre de Bourguiba. Hammi nous revenait de Berlin avec des idées absolument révolutionnaires, il apportait des réformes considérables en plus de sa défense de la classe ouvrière, il a disparu de la scène politique en 1926 après sa condamnation au bannissement et il est mort en chauffeur de taxi entre Jeddah et la Mecque.
Et lorsque nous avons joué la pièce sur Mohamed Ali Hammi au théâtre du palais de Carthage, Bourguiba se retournait vers ses ministres en leur disant: «Ces jeunes ont compris Bourguiba», ces jeunes ont compris l’importance de Mohamed Ali Hammi.
La saga de
l’indépendance n’est pas une œuvre exclusivement bourguibienne ?
Cette saga
m’a beaucoup intéressée parce que les idiots qui parlent de Bourguiba
aujourd’hui n’ont pas idée de ce que cette élite intellectuelle a subi pour la
libération de la Tunisie.
Bourguiba
avait une ligne politique réaliste et pensait qu’il ne fallait pas rompre avec
la société traditionnelle : «J’ai besoin du sefsari, j’ai besoin des cheikhs de
la Zitouna, j’ai besoin de l’Islam pour ma campagne de libération de la
Tunisie», semblait-il dire.
Il va changer vers la réforme quand il sera arrêté et déporté avec ses camarades à Borj Lebœuf, horrible prison militaire du sud tunisien. Bourguiba, Tahar Sfar, Bahri Guigua et Mahmoud Matri ont passé deux années insupportables. Tahar Sfar qui était asthmatique cherchait l’air pur du Sahara sous la porte métallique, Bahri Guigua a dû subir l’épreuve du Sac de pierres qu’il devait porter sur le dos dans le désert, pourchassé par les gardes coloniaux.
Il va changer vers la réforme quand il sera arrêté et déporté avec ses camarades à Borj Lebœuf, horrible prison militaire du sud tunisien. Bourguiba, Tahar Sfar, Bahri Guigua et Mahmoud Matri ont passé deux années insupportables. Tahar Sfar qui était asthmatique cherchait l’air pur du Sahara sous la porte métallique, Bahri Guigua a dû subir l’épreuve du Sac de pierres qu’il devait porter sur le dos dans le désert, pourchassé par les gardes coloniaux.
Les
événements sanglants d’avril 1938, des dizaines de Tunisiens morts dans les
rues de Tunis mitraillés par les forces coloniales pour avoir demandé un
parlement tunisien, l’enseignement de l’arabe, l’égalité des salaires. En ces
temps-là, qui avait ces idées-là sauf cette élite avant-gardiste ? Il y a de
quoi impressionner. Mais il y eut le massacre des étudiants zeitouniens et sadikiens dans
les rues de Tunis conduits par Ali Balhouane qui était le président de la
jeunesse tunisienne. L’autorité coloniale décide d’arrêter tout le monde et de
les mettre dans les sous-sols de la prison de la kasbah. Bourguiba y est resté
des mois. Voilà le traitement infligé par la France à l’élite intellectuelle de
la Tunisie.
Puis vint la 2e Guerre Mondiale avec l’épisode Moncef Bey durant lequel la Tunisie est devenue en peu de temps le théâtre d’affrontements intempestifs ; et alors que les Tunisiens applaudissaient les Allemands (l’ennemi de mon ennemi est mon ami), Bourguiba, en grand visionnaire, n’a jamais perdu la foi en le monde libre et les principes de démocratie et de justice.
Puis vint la 2e Guerre Mondiale avec l’épisode Moncef Bey durant lequel la Tunisie est devenue en peu de temps le théâtre d’affrontements intempestifs ; et alors que les Tunisiens applaudissaient les Allemands (l’ennemi de mon ennemi est mon ami), Bourguiba, en grand visionnaire, n’a jamais perdu la foi en le monde libre et les principes de démocratie et de justice.
Trop de
détails qui donnent un éclairage sur de grands chapitres de l’Histoire
contemporaine tunisienne, comment faites-vous ?
Je me noie
dans tous les détails parce qu’ils sont passionnants et parce que c’est une
histoire qui n’est pas connue. C’est pour cela que les gens sont venus voir la
pièce de Bourguiba qui raconte tout cela dans les moindres détails de la
libération de la Tunisie. Toutes les zones d’ombre qui étaient maintenues en
place naturellement servent le fantasme des anti-Bourguibistes qui ne savent
rien de cette histoire. Ils n’étaient pas là quand la Tunisie manquait d’hommes
pour affronter la France, quand la Tunisie était fusillée, emprisonnée,
résistante quand les militants nationalistes étaient emmenés à Sijoumi, capturés
par la gendarmerie française condamnés à mort et criant face aux gardes qui
allaient les fusiller «Vive la Tunisie. Vive Bourguiba». Il y avait une foi
tunisienne nationale avec une force incroyable malgré la pauvreté et la misère
mais qui tenait bon avec des gens comme Bourguiba.
Donc, c’est
le théâtre qui sert de piqûre de rappel à une classe politique que vous jugez
inculte ?
Ce sont des
événements que les gens ignorent, que les excités font semblant d’ignorer parce
qu’ils ne lisent pas, ne s’informent pas, ne se documentent pas, ne savent pas
ce qui fait l’âme de ce pays.
Quels sont
pour vous les moments les plus cruciaux ?
Deux
événements populaires ont secoué la Tunisie. D’abord, les funérailles de Moncef
Bey conduites par Farhat Hached et la centrale syndicale qui était la seule
force capable de conduire le bey adoré à sa dernière demeure sans incidents
majeurs.
Ensuite,
après la défaite française à Dien Bien Phu et l’annonce de Mendès France
concernant l’autodétermination tunisienne, la Tunisie a vécu le retour
triomphal de Bourguiba le 1er Juin 1955, il y avait 500.000 Tunisiens à La
Goulette sur une population ne dépassant pas 3 millions.
Je tiens à
rappeler que le jour de la signature du traité de l’indépendance, et toute la
délégation y compris Tahar Ben Ammar qui a écrit une lettre reprise et publiée par
Béchir Ben Yahmed dans «Jeune Afrique» disant : «au combattant suprême, Habib
Bourguiba, inspirateur et ingénieur architecte de cet accord de l’indépendance,
la délégation tunisienne vous rend hommage». Voilà la vérité historique, et non
pas les bavardages de café, ça c’est les faits et les documents … c’est
l’Histoire.
Si vous
venez à résumer Bourguiba en une phrase ?
Chokri
Belaid a résumé l’œuvre de Bourguiba dans une interview et il disait que Bourguiba
avait le sens du temps en politique. Il a réalisé toutes ces réformes en
l’espace de quelques mois en 1956. Il tunisifie la police, crée l’armée en
juin, en juillet il a unifié la justice, liquidé les Habous et puis en août ce
fut le Code du statut personnel, il n’avait pas de temps à perdre. Et c’est
ainsi que la Tunisie fit la plus grande révolution sociale du monde
arabo-islamique.
Voilà des étapes essentielles de la construction de la Tunisie moderne et indépendante, pas le bavardage des ignares qui profitent des micros tendus de certains plateaux pour dire des insanités. Et c’est ainsi que se termine le premier volet de la saga de Bourguiba, le second c’est Bourguiba chef d’Etat avec des erreurs, des insuffisances, en poursuivant une marche triomphale vers la pleine souveraineté de la Tunisie.
Voilà des étapes essentielles de la construction de la Tunisie moderne et indépendante, pas le bavardage des ignares qui profitent des micros tendus de certains plateaux pour dire des insanités. Et c’est ainsi que se termine le premier volet de la saga de Bourguiba, le second c’est Bourguiba chef d’Etat avec des erreurs, des insuffisances, en poursuivant une marche triomphale vers la pleine souveraineté de la Tunisie.
Et de nos
jours, voyez-vous venir une réelle révolution culturelle ?
Non, c’est
une reculade, le départ de Ben Ali est une très bonne chose, un chef qui a
déserté son poste, mais c’était une révolution sans doctrine, sans idéologie,
sans plan politique. Et qu’est-ce qu’elle a permis, la révolution ? Le retour
de Ghannouchi après 20 d’exil en Angleterre et le retour de ces figures
islamistes qui n’ont rien compris à l’Histoire de la Tunisie, qui n’ont rien
compris à l’évolution du peuple tunisien, ils n’ont pas pu venir à bout de la
machine du savoir bourguibienne et messaidienne. Ce dernier qui a créé la
république des écoles « une école sur chaque colline» et des gens comme lui, je
cite Chedly Klibi, Hédi Nouira, Ben Salah et j’oublie certains qui furent la
charpente pour fonder l’Etat tunisien.
Mais votre
constat est bien amer…
Absolument
pas, quand je vois des Tunisiens aujourd’hui l’air patibulaire et triste disant
que la Tunisie va mal, je m’insurge. Vous savez que la Tunisie a été effacée de
la carte en 1969 par les inondations, mais tout a été reconstruit, tout a été
remis en marche avec le gouvernement Nouira et en l’espace de 3 ans, la
croissance était à deux chiffres grâce à des gens comme Mansour Moalla, Sadok
Ben Jemaa, Azouz Lasram et à toute l’équipe qui a conduit l’économie
tunisienne.
Qu’en est-il
de l’avenir, à votre avis?
Notre
génération a vécu la révolution culturelle de Mao Tsé-toung qui consistait,
avant tout, à brûler les bibliothèques. Quand j’écoute la jeunesse du président
Kais Saïed, je me rappelle la jeunesse de Mao Tsé-toung qui ne savait rien et
qui ne voulait rien savoir et qui brûlait les livres. A cette jeunesse je dis
«Vous n’êtes une jeunesse valable pour la Tunisie que si les clés du savoir,
des sciences, du droit, des mathématiques seront à votre portée».
Mais la
jeunesse est désespérée et le taux de chômage ne cesse de grimper.
Aujourd’hui
nous manquons de bras pour la cueillette des olives et pourtant nous avons des
centaines de milliers de jeunes chômeurs.
La Tunisie
est un pays riche par sa jeunesse magnifique, il suffit que les politiques
arrêtent de mentir et d’éloigner les Tunisiens de leur véritable chemin.
Rappelons
que la Sicile voisine était à notre niveau actuel de développement il y a 30
ans. Il faut défier le sort, les contraintes, faire verdir le Sahara comme le
font les gens de Nefta ou de Gabès…il y a toujours des opportunités, il n’y a
pas de pays condamné à la pauvreté ad vitam aeternam. Au lieu de vendre du vent
aux Tunisiens, présentez des idées, des projets…quand je vois la saga de nos
enfants dans les universités européennes et américaines, et l’on se demande
pourquoi ils ne reviennent pas … la réponse est claire, c’est parce que les
démagogues sont là, les menteurs et les incompétents sont là.
Une révolution qui ne parle pas le langage de la vérité est condamnée, la nôtre est condamnée actuellement parce qu’elle ne dit pas la vérité.
Une révolution qui ne parle pas le langage de la vérité est condamnée, la nôtre est condamnée actuellement parce qu’elle ne dit pas la vérité.
Est-ce que
la culture a encore son mot à dire ?
La Tunisie
n’a pas d’avenir sans culture, les compétences ne manquent pas dans les
différents secteurs. La culture pour moi n’est pas seulement nos grandes
institutions comme la Rachidia que je vénère, ce n’est pas le théâtre national
qui devrait retrouver une nouvelle jeunesse, ce qui compte, ce sont les petits
théâtres, les expériences nouvelles et inédites, les écoles de danse et de
musiques inconnues du bataillon, ce sont les écrivains, les poètes, les
peintres dans leurs ateliers et qui fleurissent dans les expositions
internationales.
Et tout cela
échappe à l’organisation administrative et verticale du ministère de la Culture
qui ne s’est pas encore débarrassé de sa structure administrative soviétique.
Aujourd’hui, il est important de concevoir un nouveau département de la culture qui s’apparente plus à une société nationale de création d’intelligence, de projection sur les nouvelles technologies de la culture.
Aujourd’hui, il est important de concevoir un nouveau département de la culture qui s’apparente plus à une société nationale de création d’intelligence, de projection sur les nouvelles technologies de la culture.
UN ARTISTE NOURRI PAR L'HISTOIRE DE SON PAYS ... nous raconte avec beaucoup de dignité et de lucidité, le drame de sa famille : sur Alhiwar Ettounsi !
RépondreSupprimerRaja Farhat : Magnifique témoignage sur l'époque trouble fratricide qu'avaient connu les bâtisseurs de la Tunisie moderne de Bourguiba.
Il réfute l'exploitation de cette douloureuse période par certains populistes pro- Marzougui, en leur disant : " Nos morts ne sont pas à vendre " !
Il rappelle que le monde arabe pratiquait dans ces années là, l'élimination physique de tout opposant !
Ce qui malheureusement perdure encore de nos jours : Chokri Belaid et Mohamed Brahmi, pour ne citer que ces deux-là, illustrent bien la "conception" par les partis au pouvoir de la place qu'ils accordent à l'opposition !
Chose que la Tunisie doit dépasser pour rejoindre les pays modernes et les démocraties dans le monde.
Raja a donné à voir la grandeur de l'homme et l'intelligence de l'artiste engagé qui juge les hommes dans leurs époques et les événements dans leurs contextes et non à l'aulne des pratiques de notre époque !
D'ailleurs, dans son spectacle il rend un sincère hommage à Bouguiba !
Ce qu'on appelle l'honnêteté intellectuelle !!
Chapeau l'artiste !
https://www.facebook.com/video.php?v=387034168141415&pnref=story
LE DISCOURS DU PALMARIUM !
RépondreSupprimerRaja Farhat reprend le discours de Habib Bourguiba tenu au Palmarium lors duquel il donne une leçon magistrale à Kaddafi sur l'art et la manière de diriger les peuples !
Une leçon qui reste d'actualité, et que rappelle Raja Farhat à l'intention des pan islamistes et des pan arabistes toujours attachés à leurs lubies destructrices l'u ne et l'autre, de la nation tunisienne.
Bravo Raja pour ce rappel où l'artiste disparaît derrière la voix et l'intonation de Bourguiba, pour nous faire revivre le grand homme.
https://www.facebook.com/CapFm.PageOfficielle/videos/vb.206053632808927/1086975461383402/?type=2&theater
Le discours par Bourguiba :
https://www.youtube.com/watch?v=ewlxtWy8rlI
ET DIRE QU'IL Y A DES IDIOTES QUI MANIFESTENT POUR REFUSER LEURS DROITS A L’ÉGALITÉ !
RépondreSupprimerBourguiba :
" J'imposerai le droit des femmes par la force du Droit.
" Je ne fais pas confiance à la démocratie chez un peuple convaincu par la supériorité des hommes au nom de leur religion ! "
Il mettra fin :
- aux mariages forcés,
- aux mariages des mineures,
- à la polygamie,
- à la répudiation honteuse et scandaleuse pour les femmes,
Il a émancipé la femme, l'a soustraite à l'arbitraire des homme et l'a libérée de leur joug !!
C'était le 13 août 1956 par la promulgation du Code du Statut Personnel, qui devint synonyme de la libération des femmes et par la même, le 13 août devint la journée de la femme !
Il a accordé le droit aux femmes de disposer de leur corps, de leurs grossesses,
Ainsi la Tunisie fut et reste l'unique pays du monde "arabo-musulman" à avoir accordé des droits aux femmes et à avoir instaurer le planning familial, autorisant la contraception l'avortement !
https://fr.wikipedia.org/wiki/Code_du_statut_personnel_(Tunisie)
BOURGUIBA, L'HOMME POLITIQUE VISIONNAIRE !
RépondreSupprimerPour sortir de la colonisation anglaise ou française, certains leaders "arabo-musulmans" ont choisi de rallier les forces de l'Axe, persuadés que l'ennemi de leur ennemi, sera leur ami.
Ainsi le palestinien Mohammed Amin al-Husseini, Grand Mufti d'al Qods; tout comme comme Reza Shah d’Iran, se sont rapprochés de Hitler pour se débarrasser du colonisateur anglais !
Beaucoup de tunisiens lors de la 2éme guerre mondiale, ont cru le moment venu pour se débarrasser de la colonisation française, et appelaient à rejoindre Hitler !
Bourguiba s'est opposé à cet appel en expliquant que le régime nazi sera pire encore pour la Tunisie !
Il a choisi de poursuivre son combat pour la libération de la Tunisie, en luttant contre une France qu'il connait bien et dont il s'est nourri de sa culture et appréciait ses Lumières.
Et l’Histoire a donné raison à Bourguiba ... et tort aux autres !!
Et c'est là où on voit les grands hommes avec une grande culture, connaissant bien l'histoire !!!
IL Y A DICTATEUR, ET DICTATEUR ...
RépondreSupprimerDans leur lutte pour leur indépendance, tous les leaders nationalistes ont été sans exception des dictateurs. Certains ont été des dictateurs éclairés pour sortir leur peuple de la léthargie où les maintenaient la religion et ses obscurantistes; pour en faire des citoyens libres et responsables ... comme le furent Habib Bourguiba et son ami Sédar Senghor !
Radhia HADDAD, rappelle ce qu'était "siésit el marahel", la politique des étapes .de Bourguiba ...
RépondreSupprimerhttps://www.facebook.com/337872413703587/videos/855185204978338
Moufida Bourguiba
RépondreSupprimerMoufida Bourguiba (arabe : مفيدة بورقيبة), née Mathilde Clémence Lorain le 24 janvier 1890 à Saint-Maur-des-Fossés (France) et morte le 15 novembre 1976 à Monastir, est la première épouse du président tunisien Habib Bourguiba et la Première dame de ce pays de 1957 à 1961.
Veuve d'un soldat français, le caporal Victor Jean Lefras tué le 4 septembre 1916 à Chilly (Somme), elle fait la connaissance en 1925 du jeune Bourguiba qu'elle loge alors qu'il étudie le droit à Paris. Elle lui donne son unique fils, Habib Bourguiba Jr., qui naît en avril 1927 et l'épouse en août de la même année.
Une fois rentrée en Tunisie, et malgré la répression des autorités coloniales, elle fait parvenir aux militants les instructions que lui adresse son mari éloigné à La Galite, leur fournit une assistance financière et un lieu de réunion.
Elle est membre de l'Union musulmane des femmes de Tunisie (UMFT), fondée par Bchira Ben Mrad.
Après l'indépendance, elle adopte la nationalité tunisienne, se convertit à l'islam à la demande de son fils, le 25 octobre 1958, et adopte le prénom de Moufida. Son mari la décore du grand cordon de l'Ordre de l'indépendance et de l'Ordre du mérite. Elle lui répond alors : « Tout ce que j'ai fait, je l'ai fait pour toi et pour ton pays ».
Le couple divorce le 21 juillet 1961 en pleine crise de Bizerte. À sa mort, sa dépouille est exposée au siège du Parti socialiste destourien où un hommage lui est rendu de la part des responsables politiques et de milliers de citoyens. Elle est ensuite inhumée dans le mausolée que Bourguiba s'est fait construire à Monastir.
MOUFIDA BOURGUIBA
RépondreSupprimerhttps://www.lezenith.tn/2021/02/26/moufida-bourguiba/?fbclid=IwAR23NuluKbxcNPgGFj24pF9Pu0TNGWCIbw391zsgVxJVWGzY_zp4VWg6IVo