jeudi 29 septembre 2016

LE "HAJJ" *, OU QUAND LES Ibn SAOUD FONT LEUR "COM"

Article paru dans : 
Pèlerinage à la Mecque.

Certains nouveaux " haj " (titre de celui qui vient d'accomplir le pèlerinage à la Mecque, obligation assortie d'une dispense pour ceux qui n'en auraient pas les moyens ; soit dit en passant), aiment raconter leur " hajj " (leur pèlerinage) et faire partager leurs émotions autour d'eux.

Ce qui revient souvent dans la narration du fameux pèlerinage, c'est l'éblouissement des " haj " devant tant de gigantisme dans les lieux saints de l'islam et la richesse étalée dans les bâtiments qui les abritent ainsi que dans les accessoires mis à la disposition des pèlerins, pour 
plus de confort comme les parasols géants automatiques, les brumisateurs, l'air conditionné .... 

Savent-ils seulement que cela s'est fait au détriment de bon nombre de lieux archéologiques et néanmoins sacrés pour les musulmans, que sont les maisons des compagnons du prophète et ceux de ses épouses dont celle de Aïcha vénérée par les sunnites (mais haie par les chiites pour avoir écarté Ali & Fatima de la succession de Mohamed pour gouverner les musulmans
), et qui ont été rasées pour laisser place à des hôtels de luxe et à des centres commerciaux, expression de la mégalomanie des Ibn Saoud.

La Kaaba à la Mecque en 1860

Connaissent-ils le deal qui liait la tribu des Ibn Saoud à celle de Mohamed Abdel Wahhab père du wahhabisme, cette " nouvelle obédience " rejetée par le Bey de Tunis; et qui consiste dans la répartition des pouvoirs entre les deux tribus : le temporel aux Ibn Saoud et le spirituel aux Abdel Wahhab, l'un soutenant l'autre ? Savent-ils que ce deal a été rompu par les Ibn Saoud depuis que le monarque saoudien a cumulé les deux pouvoirs ?

Savent-ils que les Ibn Saoud tentent de se donner une légitimité en tant que Gardiens des Lieux Saints, grâce aux pétrodollars qu'ils dépensent sans compter pour faire oublier qu'ils sont usurpateurs de cette fonction traditionnellement dévolue aux qoraïchites, plus exactement à la tribu du prophète Mohammad ?

Certains ont relevé que les imams appelant aux prières, associent systématiquement le nom des Ibn Saoud à celui d'Allah et à celui de Mohamed, auxquels répondent par amen, des millions de pèlerins, faisant ainsi allégeance aux Ibn Saoud à leur insu ! 

Une " com " gratuite pour des Ibn Saoud qui préparent l'étape d’après. En effet après s'être attribués le titre honorifique de " Khadimo'l Haramaiyn " (Serviteur des deux lieux saints de l'islam, que sont la Mecque et Médine) en se les appropriant; ils aspirent au titre d' " Emir el mou'minin ", Commandeur des Croyants; titre que leur disputent l'émir du Qatar et ses protégés Frères musulmans ... puisque Erdogan même ne cache plus son désir de restaurer le Califat et de briguer le titre de Calife lui aussi; le dernier Calife étant Abdülmejid II, le cousin de Mehmed VI, dernier sultan déchu de l'Empire Ottoman !

Le plus étonnant, c'est d'entendre dire ces " haj ", que leur foi s'est affermie devant tant de richesses étalées : marbres, stucs, bois noble, or, argent ... comme s'ils avaient besoin d'un
veau d'or !

Oublieux pour la plupart que dans le malékisme ancestral des Tunisiens, l'ostentation en tout est interdite ; et que la foi comme le reste, se vivent entre soi et Allah, dans la discrétion : nul besoin de pratiques religieuses ostentatoires, tapageuses, ni d'étalage de richesses, ni de poudre aux yeux comme le font les Ibn Saoud qui en mettent plein les yeux aux pèlerins venus du monde entier, transformant les lieux saints en un gigantesque parc d'attraction 
à l'américaine, à la gloire des Ibn Saoud, certains disent même que c'est Las Vegas d'Arabie ! 

Ce faisant, les Ibn Saoud renouent avec l'époque antéislamique " al jahiliya " (ère de l'ignorance, du paganisme et du polythéisme), tant décriée par le wahhabisme en transformant ce lieu saint et de recueillement, en une gigantesque foire où le business est roi, faisant d'eux les marchands du Temple des temps modernes.

Savent-ils ces pèlerins que les Ibn Saoud dont le wahhabisme condamne à l'enfer les occidentaux pour " mécréance ", ont fait appel à des ingénieurs, des concepteurs, des architectes, des fabricants et des entreprises de bâtiments, tous occidentaux, pour réaliser ce nouveau parc d'attraction ? Eux, ne sachant rien faire, sinon gérer (mal) leur agent; puisque l'Arabie ne produit et n'exporte rien que l'or noir du sous-sol, propriété exclusive des Ibn Saoud !

Savent-ils aussi qu'ils ont érigé ces gigantesques bâtiments à la gloire de la tribu des Ibn Saoud, ceux-là mêmes qui détruisent au nom du wahhabisme les
statues des Bouddhas et les mausolées tunisiens, érigés à la mémoire des soufis, hommes et femmes, réputés pour leur érudition, leur sagesse et leur humanisme ?

Et savent-ils que leur argent pour effectuer le pèlerinage, pour lequel certains économisent durant toute leur vie, s'ils ne s'endettaient parfois à vie, vient enrichir un peu plus les Ibn Saoud, qui financent le terrorisme dans le monde et sèment le chaos dans les Républiques " arabes " et plus particulièrement celles du " Printemps arabe " pour mettre en échec des révolutions qui pourraient donner des idées à leur peuple, pour renverser leur pétromonarque ?


On estime entre 6 et 7 milliards de dollars " l'obole " que versent les 2,5 millions de pèlerins aux Ibn Saoud, à chaque saison de pèlerinage !

Savent-ils pourquoi les Ibn Saoud interdisent-ils la Mecque durant la saison du pèlerinage à leurs autochtones ? Sous prétexte de ne pas gêner la circulation des pèlerins lors de l'exécution de mawesek el hajj " (les rituelles obligatoires du pèlerin), ils cherchent à réduire le contact entre les pèlerins venus du monde entier avec les autochtones, de peur qu'ils ne leur donnent des " idées politiques " qui remettraient en cause la légitimité des Ibn Saoud, comme ce fut le cas lors de l'attaque de 1979 qui ne fut résolue que grâce au secours de VGE !

D'ailleurs, c'est depuis que les Ibn Saoud " expédient vers l'étranger " les " étudiants les plus rigoristes sortis de leurs universités religieuses " pour répandre le wahhabisme dans le monde et pour éviter le courroux des plus " excités de ces imams " contre le monarque et sa famille ! 
Et les occasions ne manqueront pas : soutenus par les EU qui pensent contrer " le péril rouge/communisme ", les Américains misent sur " le péril vert/islamisme " qu'ils croient naïvement restera cantonné aux " pays musulmans " uniquement; et qui encouragent les Ibn Saoud à répandre le wahhabisme ... comme lors de la guerre d'Afghanistan au Pakistan et en Afghanistan; et après la chute du mur de Berlin dans les pays de l'ex bloc soviétique !

Et c'est depuis que les Ibn Saoud ont établi aussi des quotas pour les candidats au pèlerinage; restreignant leur nombre pour les pays dont ils se méfient, comme l'Iran pays de la première révolution islamiste qui chercherait à
chasser les Ibn Saoud des lieux saints de l'islam, dont la gestion reviendrait selon les chiites, aux descendants de Mohamed et de sa famille : Fatima & Ali, chiisme oblige !
Ou de la Tunisie, pays du fumeux " printemps arabe ", ourdi par l'émir du Qatar, frère ennemi des Ibn Saoud ...

Certains Tunisiens s'inscrivent sur les listes et attendent parfois plus de 10 ans que leurs noms sortent sur la liste des heureux élus, " victimes " des quotas imposés par les Ibn Saoud à la Tunisie " révolutionnaire " dont ils craignent la " contagion " pour leurs sujets !

Voilà le paradoxe de millions de pèlerins, quand ils ignorent l'histoire de leur religion : ils sont à la merci de celui qui veut s'ériger chef des musulmans en diffusant sa conception de l'islam, pour répudier leur obédience traditionnelle et adopter celle de celui qui répand la sienne à coup de pétrodollars ! 

Le pire, c'est que de retour chez eux, ces pèlerins participent à la propagation du wahhabisme ; puisque auréolés de leur titre de " haj ", ils vont faire du prosélytisme pour ce qu'on leur a appris lors du pèlerinage des " bonnes pratiques " du " vrai islam ", le reste n'étant que " bid'âa " et hérésie selon les wahhabites ! 

Or ce faisant, ils acceptent le nouveau colonialisme politico-religieux du wahhabisme qui a servi à disloquer l'empire ottoman en une multitude de pays, de suite colonisés par les empires coloniaux franco-anglais qui avaient instrumentalisé le wahhabisme, dont se servent les Frères musulmans pour reconstituer l'empire perdu; puisque cette doctrine/obédience a prouvé son efficacité pour dominer les peuples qu'elle soumet aux puissances du moment.

Il faut croire que la foi et les traditions se vendent et s’achètent par les plus offrants ! Traduisant un manque de foi sincère de la part des personnes prêtes à devenir " saudo-wahhabite ", pour recouvrer une prétendue identité " arabo-musulmane " qu'ils auraient perdue, comme le leur serinent les Frères musulmans et autres prédicateurs islamistes pour les convertir au wahhabisme et au model sociétal qui va avec ! 


Ainsi, insidieusement le wahhabisme est en train de remplacer le malékisme et le soufisme ancestraux des Tunisiens ... profitant de leur ignorance et de leur manque de culture !

Rachid Barnat






mercredi 28 septembre 2016

ISLAM et ISLAMISME & SOUFISME et WAHHABISME ...

L'islamisme c'est l'instrumentalisation de l'islam pour faire de la politique !

Thierry Tuot (conseiller d'État) : " L'islamisme, c'est la revendication publique de comportements sociaux présentés comme des exigences divines et faisant irruption dans le champ public et politique ".
Certains croient à l’existence d'un islamisme "modéré" !
Il ne peut exister d'islamisme modéré; puisque tous les partis islamistes des néo-salafistes actuels, ont pour doctrine le wahhabisme.
Par contre l'islam comprend de nombreuses obédiences (ou écoles théologiques) selon les interprétations du coran que font les imams, (maîtres de ces écoles).
L'obédience la plus "cool", est le Soufisme, très répandu en Afrique du Nord et en Afrique sub-saharienne, tout comme dans les Balkans.
Le but de cette obédience est de permettre à l'homme de "rencontrer" dieu et de le reconnaître en l'appréciant à travers sa création.
Pour cela l'homme doit jouir de tous ses sens, car à travers la musique, le chant, la danse, la poésie, l'amour, la
nature ... l'homme rend grâce à dieu en jouissant de tout ce qui est beau !
Mais la pire des obédiences en islam, est celle de l'imam Mohamed Abdelwahhab, fondateur du Wahhabisme.
Le but de cette obédience est de ne point distraire l'homme de son dieu par le chant, la musique, la danse, la poésie, l'amour (puisque la femme est réduite à un simple objet sexuel, reproductif) ....
Tout ce qui peut distraire de dieu sur terre est "haram" (interdit, illicite), avec la promesse que tout redevient "halal" (licite) .... mais dans l’au-delà !
Ce qui explique que tant de frustrations finissent par inciter certains à souhaiter la mort pour jouir au plus vite au
paradis de tout ce qui leur est interdit ici bas.
Mais pour cela il y a une condition : il faut que le kamikaze meurt en jihadiste et avoir tué autant qu'il peut de mécréants ... pour mériter les 72 houris et se soûler jusqu'à plus soif dans les rivières de vins ..... promis au paradis !!
D'où la guerre des wahhabites contre le soufisme et contre le maraboutisme.
Maraboutisme qui n'est autre qu'un hommage aux intellectuels soufis qui, par leur érudition, leur sagesse et leurs œuvres littéraires, leurs poésie, leurs chants ... ont célébré Dieu avec amour jusqu'à fusionner avec lui lors de leurs méditations.
D'où le culte que certains peuvent développer pour ces sages soufis qu'ils vénèrent tels des saints, ayant pu atteindre l'extase et entraperçu Dieu, pour leur servir d'intercesseur auprès de Lui.
Rachid Barnat


Ibn Taymiyya, l'ancêtre de Daech

Ibn Taymyya, père spirituel de Mohamed Abdelwahhab, fondateur du wahhabisme : deux extrémistes à l'esprit étriqué, obtus pour ne pas dire dérangé !

D’ailleurs le père de Mohamed Abdel wahhab, imam lui aussi, était en colère contre son fils, qu'il a obligé de taire sa doctrine qu'il jugeait hérétique; et que celui-ci ne reprendra qu'aprés la mort de son père !
R.B
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(extrait)

Qui était Ibn Taymiyya ? 

Un théologien du XIIIe siècle, né à Harran en Turquie en 1263 et mort à Damas en 1328 en prison.

Pour aller vite, c’est lui qui a inspiré au XVIIIe siècle Mohamed Ibn Abdelawahab, celui qui a fait de l’islam une lecture littérale, étriquée, anachronique et dure. 

Depuis, le wahhabisme est appliqué en Arabie Saoudite, au Qatar et inspire aussi les idées des Frères musulmans. C’est l’application de la charia sans réflexion, sans discussion comme si nous étions encore au VIIe siècle ou pire à l’époque de la Jahilya, avant l’arrivée de l’islam.

Ibn Taymiyya s’était opposé aux philosophes rationalistes qui prônaient une lecture intelligente, métaphorique et symbolique du Coran et des Hadiths. 



Il a rejeté Al Ghazali et Ibn Arabi qu’il considérait comme mécréants. Il a été contre les Mu'tazilahs, contre Al Farabi, contre Ibn Sab’in et contre Ibn Sīnā (Avicenne). 



Il incitait les croyants au jihad et méprisait la mort. 

Son intolérance n’avait d’égale que sa soif de violence. 

Tout cela rappelle des choses horribles. N’est-ce pas le discours de Daech ? :
L’incitation au jihad non pas dans le sens de l’effort sur soi, mais bien dans le sens du combat et celui de la guerre.




mardi 27 septembre 2016

Il ne saurait y avoir de féminisme d’Orient ou d’Occident

Il faut en finir avec les complexes du colonisé, tarte à la crème de tous les complexés de l'Histoires. Le féminisme, tout comme les Droits de l'Homme, est universel. 
R.B
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Je me méfie de ceux qui se méfient de l’Occident, parce qu’ils ne cessent d’être dans la défensive et manquent de souveraineté d’esprit.
C’est le dernier «procès en colonisation» à la mode. Il s’attaque à «la colonisation du féminisme», de même qu’on s’attaquait hier à la colonisation des esprits, des langues ou des modes de vie. Le féminisme, dans sa conception classique et de par son origine occidentale, serait empreint de racisme et d’islamophobie ; au mieux, d’autocentrisme et de maternalisme. Il serait pensé par des femmes blanches pour des femmes blanches, bourgeoises de surcroît. Il faut donc s’en méfier. Changer de grille de lecture. Ancrer la thématique de l’émancipation des femmes dans la diversité des cultures et l’ouvrir à d’autres conceptions du féminin. Je ne fais pas partie d’un cercle «homologué et approuvé occidental», mais ces propos me font dresser les cheveux sur la tête - non voilée bien évidemment. Comment ne pas voir dans ce procès appelant au rejet du «féminisme blanc» un relais, conscient ou non, du «féminisme vert» qui se propage en terre d’islam comme en Europe. Autrement dit, derrière les arguments de «diversité», de «globalisation» ou de «tradition culturelle spécifique» ici avancés, l’on assiste au retour d’un patriarcat d’autant plus insidieux que ses porte-parole sont des femmes et d’autant plus dangereux qu’il conforte l’attitude d’une idéologie nostalgique du passé et pour lequel l’Occident demeure le responsable de tous les malheurs du monde.
Vous me direz, c’est normal qu’il y ait une remise en question d’un féminisme «taille unique». Et cela s’explique plus dans le contexte arabo-musulman affecté par les offensives occidentales, le conflit israélo-palestinien, les désenchantements nationaux, l’émergence des Frères et d’autres défaites. Des femmes ont alors défendu l’idée d’un «féminisme islamique» lequel avait pour but de démontrer que ce ne sont pas seulement les dynamiques inspirées de l’Occident qui mènent le processus de rupture avec la société arabe traditionnelle et qui, il faut le reconnaître, eurent l’avantage d’ouvrir, en partie, les portes de l’exégèse féminine et de servir de passeport pour un certain accès à l’espace public.
Toutefois, l’idée que les islamistes auxquels il faudra ajouter les nouveaux défenseurs du relativisme culturel se définissent comme féministes relève de l’imposture. Le recours même au mot «féministe» est une aberration si l’on définit le féminisme comme un combat universel et sans concession contre la domination masculine. Et parce que le féminisme ne saurait privilégier la différence des femmes à l’universalité de leurs droits. Reconsidérer leur statut du point de vue de la tradition revient à le soumettre à la loi patriarcale. 
Par ailleurs, en quoi ce «féminisme» fait-il avancer la cause des femmes alors même qu’il l’emprisonne dans des combats d’avant-garde tels que le voile, la non-mixité ou la complémentarité ? Est-ce apporter «la contradiction qui enrichit» que de vouloir réintroduire le référent religieux sous le nom d’approche «transculturelle» ? Peut-on être féministe et défendre une quelconque prescription de contrainte sur le corps féminin, fût-elle revendiquée par l’intéressée ? Personne n’oblige les femmes à être les mêmes, mais aucun féminisme réel ne peut faire l’impasse sur l’intégrité de leur corps ni accepter de revenir sur leurs acquis sous prétexte d’une hiérarchisation des luttes. Nul ne doit s’immiscer dans la croyance des femmes, mais nul ne doit aliéner leur liberté à des doctrines immuables, ni occulter la question de leur émancipation sous des avancées de façade.
Qu’on arrête donc de nous dire que le voile ne stigmatise pas le corps féminin ou qu’il ne le désigne pas comme attentatoire à l’ordre de la cité. Qu’on cesse de prétendre que la défense des femmes doit s’attaquer à leur domination économique et sociale et fermer les yeux sur les signes où résident les plus insidieuses présences de cette même domination. Feindre qu’il n’y aurait d’autre issue pour les réfractaires au modèle féministe classique, et plus précisément pour les musulmanes pratiquantes de France, que de retourner «chez elles», insinue que l’islam se réduit à ses apparences extérieures aux dépens de sa spiritualité et qu’il serait incapable de faire siennes les valeurs universelles, fussent-elles inspirées par l’Occident.
Je ne crois pas que l’espace de tradition et de religion soit un espace de liberté. Je me refuse à parler de «nouvelle invention de la modernité» pour une approche qui, au fond, considère la modernité comme un mal occidental. Je crois entendre le timbre moralisant qui assimile la liberté de l’individu féminin à une dissolution des mœurs. 
Et je pose la question : que serait un «féminisme décolonisé» si ce n’est un féminisme délesté de la plupart des acquis engrangés ? De quel droit décider que certaines lois, comme l’interdiction du voile en France, sont «antimusulmanes», alors même que des millions de musulmanes se battent dans le monde contre le voile. Pourquoi la défense du voile devrait-elle être mise sur le même plan que la lutte contre le viol ou les violences conjugales ? Qui, de celle qui se bat contre la radicalisation et celle qui s’occupe de guerroyer pour le hidjab, est plus utile pour la société ? Comment accuser de «matérialisme» un féminisme qui s’échine depuis des décennies à faire des femmes des êtres affranchies de toute tutelle ? Le matérialisme ne consiste-t-il pas, plutôt, à flatter la différence et à victimiser l’Autre ? A générer un islamo-féminisme qui est en passe de jeter la discorde entre les femmes ? Les dénonciateurs du «féminisme colonisé» ne rêvent-ils pas, somme toute, d’un «féminisme indigène» et ne renouent-ils pas avec l’orientalisme d’antan ?
Je veux bien que l’identité soit mobile et mutante mais encore faut-il que cette mutation ne rogne pas sur les acquis des femmes. Si le particularisme peut être gros d’universel, je m’en méfie quand il est invoqué au sujet des femmes car, souvent, il taille dans leurs libertés. Je tranche pour le féminisme classique. Et réfute le terme «colonisateur» pour un féminisme qui a initié le plus grand combat de tous les temps au profit des femmes sans verser une seule goutte de sang. J’appelle à la vigilance contre ces nouvelles théories plaidant pour une «dimension postmoderne du religieux» qui serait «source de réenchantement» et «nouvelle chance pour le féminisme» ! Je me méfie de ceux qui se méfient de l’Occident, parce qu’ils ne cessent d’être dans la défensive et manquent de souveraineté d’esprit.
Je me dois donc d’appeler les Occidentales pourfendeuses du féminisme de leurs grands-mères à ne pas succomber au «sanglot de l’homme blanc». De même que j’appelle les musulmanes dont je suis à sortir de la mentalité d’ex-colonisée typiquement masculine et à réussir un processus d’altérité jusque-là inédit. 
Nous pouvons partager sans honte certains modèles occidentaux, non pas par allégeance à l’Occident, mais dès lors que ces modèles se placent au-dessus de toutes les traditions et plaident pour la Justice et le Droit. En vérité, il ne saurait y avoir de féminisme d’Orient ou d’Occident. Ni de féminisme qui opposerait le Nord au Sud. Ou vanterait une tradition qui se refuserait à parfaire le cycle de notre émancipation. Il ne peut y voir qu’un féminisme : celui qui s’achève dans une raison des femmes.

Le Choc des civilisations

Vous avez dit choc des civilisations ? Qui à l'origine du chaos du monde dit "arabo-musulman" ?
Si Bush fils a déclaré la guerre à l'Irak pour le punir des attaques du 11 septembre 2001 commis par les saoudiens contre son pays, faisant porter le chapeau à Saddam Hussein, pour pouvoir mettre la main sur l'or noir irakien ... Sarko, lui, a déclaré la guerre à la Libye, juste pour éliminer un témoin gênant de ses turpitudes ...
Dans les deux cas, le résultat est le même : l'un et l'autre ont semé le chaos dans ces deux pays;
- le premier faisant profiter son pays du chaos qu'il a créé de toute pièce ;
- le second a semé le chaos juste pour assouvir sa vengeance d'un Muammar Kaddafi qui l'avait ridiculisé lors de son invitation officielle à Paris ... faisant de la Libye un nouveau foyer pour terroristes et pays de transit d'immigrants vers l'Europe !
Voilà ce qui arrive quand des abrutis se prennent pour des hommes politiques !
Si l'Orient est à feu et à sang à cause d'eux; l'Occident, et plus particulièrement l'Europe, commence à en subir les conséquences :
- afflux massif de réfugiés fuyant l'enfer que ces deux abrutis ont crée de toute pièce chez eux, et
- terrorisme et le wahhabisme qui le fonde, qui se répandent comme une traînée de poudre, en Occident aussi !!
Les Ibn Saoud confirmeraient-ils à leur manière la thèse du choc des civilisations ?
R.B


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Samuel Huntington

Samuel Huntington avait fait sensation, en 1993, quand, dans la revue «Foreign Affairs», il avait prédit un conflit entre civilisations là où, jusqu'à la chute du mur de Berlin, s'affrontaient les idéologies. L'an dernier, ce professeur américain de Harvard, ancien membre du Conseil national de sécurité de la Maison Blanche à l'époque de Jimmy Carter, a développé sa thèse controversée dans un livre intitulé «le Choc des civilisations», désormais accessible en français. Sa thèse centrale: «Dans ce monde nouveau, les conflits les plus étendus, les plus importants, et les plus dangereux, n'auront pas lieu entre classes sociales, entre riches et pauvres, entre groupes définis selon des critères économiques, mais entre peuples appartenant à différentes entités culturelles.» En particulier entre l'Occident et la montée en puissance des civilisations musulmane et confucéenne qui, estime-t-il, «s'efforcent d'étendre leur puissance militaire et économique pour résister à l'Occident et trouver un équilibre avec lui». Cette thèse a provoqué un vif débat dont «Libération» donne aujourd'hui les éléments, avec une interview de Samuel Huntington, et la réponse d'un expert français, Pierre Hassner, directeur au Ceri, fondation des sciences politiques.
Vous affirmez que la notion de civilisation peut nous aider à mieux appréhender la géopolitique à l'aube du troisième millénaire. Pourquoi aujourd'hui et pas hier?
La fin de la Seconde Guerre mondiale fut suivie par la Guerre froide. C'est-à-dire par une compétition opposant deux systèmes économiques et politiques plutôt que deux civilisations. Mais cet état de choses ne pouvait pas durer éternellement. Il paraît clair maintenant que le facteur culturel sera décisif au cours du prochain siècle. Pour la première fois de l'Histoire, nous vivons dans un monde multipolaire où les principales puissances appartiennent à des civilisations différentes. C'est cela qui a tout changé.
Certains pays ont tenté de passer d'un modèle de civilisation à un autre. Est-ce possible?
La Turquie est le meilleur exemple de ce phénomène. Kemal Atatürk voulait transformer son pays en suivant le modèle occidental. Il a créé un nouvel Etat laïque à partir de la vieille nation turque. Ses successeurs, jusqu'à aujourd'hui, ont poursuivi le même objectif. Mais la situation a changé. L'Etat laïque fait à présent l'objet d'un rejet de la part du parti dominant en Turquie. Du coup, la Turquie ne sait plus sur quel pied danser: fait-elle partie de l'Occident, de l'Europe, ou est-ce un pays moyen-oriental, le cœur d'une nouvelle civilisation turque qui s'étendrait jusqu'en Asie centrale?
Où se placent des pays qui, comme la Grèce, se trouvent sur la ligne de partage de ce que vous appelez les «civilisations en conflit»?
La Grèce est un pays orthodoxe. Comme son voisin turc, la Grèce doit sa présence au sein de l'Otan à la Guerre froide. Ensuite, le pays a adhéré à la Communauté européenne. Ce n'est pas pour autant un pays occidental. La preuve, c'est que la Grèce, à la différence des autres pays occidentaux, s'est mise ouvertement dans le camp des Serbes pendant les conflits de l'ex-Yougoslavie. Athènes a travaillé la main dans la main avec Moscou pour aider Belgrade à détourner les sanctions économiques. Les dirigeants grecs parlent d'une «entente orthodoxe» liant Athènes à la Serbie ainsi qu'à la Bulgarie. La coopération avec la Russie se renforce en même temps, comme le prouve l'accord entre Athènes, Moscou et Chypre sur la vente de missiles russes au gouvernement chypriote. La Grèce se comporte comme un pays orthodoxe.
La civilisation se définit donc par rapport à la religion?
La religion n'est pas le seul élément dans l'équation, loin de là, mais elle est certainement d'une grande importance.
L'essor de l'intégrisme religieux est-il la conséquence directe du conflit de civilisations?
L'intégrisme religieux résulte avant tout du processus de modernisation qui affecte le monde. Des mouvements intégristes existent aujourd'hui au sein de pratiquement toutes les principales religions. Les gens qui rejoignent ces mouvements sont ceux qui ont quitté leur village natal dans l'espoir de trouver du travail dans les villes, qui se sont déracinés et qui doivent s'adapter à un milieu urbain. Ils deviennent des intégristes, qu'ils soient protestants, hindous ou musulmans. L'essor de l'intégrisme est générateur de problèmes et de conflits. Les résoudre, sera l'un des principaux défis que les Etats du monde devront relever.
La civilisation occidentale croit en l'universalité de ses valeurs. Cette attitude a-t-elle généré l'intégrisme islamique?
Il ne fait pas de doute que le retour de l'islam est une réaction à la modernisation sociale et économique. Mais c'est aussi un rejet sans appel de la culture occidentale. Les islamistes ont peur de se faire étouffer par la culture occidentale. C'est pour cette raison qu'ils sont prêts à se moderniser sans pour autant s'occidentaliser.
Le conflit entre l'Occident et l'Islam constitue à vos yeux le conflit le plus important de notre époque.
Essayez de trouver quelque part dans le monde un conflit important qui n'oppose pas une société islamique à une société non islamique. La frontière du monde musulman, du Maroc à l'Indonésie, est une ligne de front continue. Les Bosniaques musulmans contre les Serbes orthodoxes et les Croates catholiques, la Grèce contre la Turquie, les Arméniens contre les Azéris, les Russes contre les Tchétchènes et les musulmans d'Asie centrale, l'Inde contre le Pakistan. Sans compter les conflits entre musulmans et catholiques aux Philippines et en Indonésie, entre les Juifs et les Arabes au Moyen-Orient et la guerre sanglante entre chrétiens et musulmans au Soudan.
Votre théorie des civilisations n'est-elle pas une façon de justifier l'hégémonie américaine.
C'est absurde. J'insiste au contraire sur le fait que la puissance de l'Occident diminue par rapport à celle des autres civilisations. L'Occident ne peut pas et ne devrait pas tenter d'imposer son système à d'autres sociétés par la force ou la coercition. Nous allons vers un monde à civilisations multiples; il n'y aura donc plus de puissance dominante. Certains pays seront plus forts que d'autres. L'Occident, même s'il perd de sa puissance, va évidemment rester la civilisation dominante au cours des décennies à venir. Et les Etats-Unis resteront sans aucun doute le pays le plus puissant pendant cette période. Mais ce sera malgré tout un monde pluraliste, et l'Occident ne pourra plus imposer sa volonté.
Que doit faire l'Occident?
L'Occident doit agir pour protéger ses propres intérêts, ses institutions, ses valeurs. Il devrait tenter d'atteindre un degré d'unité plus important que par le passé. Dans l'hypothèse où des conflits latents entre l'Occident et la Chine ou l'Islam éclateraient, il faudrait tenter de conserver des relations de coopération avec des pays comme la Russie, le Japon et l'Inde. Ces trois pays constituent un groupe de «civilisations balançoires» qui, avec les pays d'Amérique latine, ont tout à fait leur place dans la civilisation occidentale.
Recueilli par Hector Feliciano et Dijana Sulic Traduit de l'anglais par Dan Throsby @ World Media Network/Libération 

lundi 26 septembre 2016

L'islamisme est beaucoup plus pernicieux qu'on ne le croit

Elisabeth Schemla sait de quoi elle parle, elle qui a vu les ravages de l'islamisme en Algérie ! L'Algérie qu'elle a visitée à la sortie des années noires et qu'elle décrit si bien dans son journal de voyage " Mon journal d'Algérie : novembre 1999 - 2000 ", montre beaucoup de similitude sur le plan politique et social avec la Tunisie dont les dirigeants reproduisent les mêmes erreurs que les Algériens, quand le pouvoir en place a cru bon de pactiser avec le FIS la branche algérienne des Frères musulmans ! Ce qu'ont fait Bouteflika et Béji Caïd Essebsi.
R.B  


Rapport El Karoui : la frontière entre islam et islamisme est plus poreuse qu'on ne le disait

Il est affligeant de constater ce que la plupart des médias ont principalement retenu du rapport de l'Institut Montaigne intitulé «Un islam français est possible», disponible en ligne et dont le JDD vient de publier des éléments. Un: les musulmans ne seraient pas 5 ou 6 millions comme le prétend le ministère de l'Intérieur, toujours suspect, mais entre 3 et 4 millions. Deux: la majorité des musulmans, 46%, sont «soit totalement sécularisés, soit en train d'achever leur intégration». Ah le soulagement, dans les rangs médiatiques! D'accord, plus d'un quart des musulmans, 28%, beaucoup de jeunes, sont des radicaux en rupture totale de la République, adeptes du niqab, de la burka, de la polygamie, mais inutile de s'y arrêter trop longtemps. Quant à l'analyse de l'ensemble des propositions du rapport pour structurer enfin correctement un islam français, trop ennuyeux, pas assez vendeur pour en parler! Bref, pour qui aurait cru discerner un problème avec l'islam et s'intéresserait à sa résolution, la preuve estampillée par un sérieux think tank serait apportée qu'il n'y en a pas, ou presque pas.

Pourtant, ce volumineux document dresse un passionnant état des lieux de la France musulmane. Elle est entre-deux, et c'est autour d'elle que tout va se jouer. L'auteur, Hakim El Karoui - signataire de l'appel des 41 fin juillet, «Nous, Français et musulmans, sommes prêts à assumer nos responsabilités», en a bien sûr sa propre interprétation. Mais au-delà, on y trouve la reconnaissance quasi scientifique, calme - et constructive, avec un plan d'action - de ce que quelques-uns s'évertuent depuis si longtemps à analyser, à dire, à proposer, prêchant dans le désert, vilipendés, accusés de toutes les tares idéologiques. Le travail rigoureux dirigé par El Karoui, qui s'appuie sur un complexe sondage IFOP, met en effet en lumière une histoire subtilement à l'œuvre. Très dérangeante pour la société française, ardue à maîtriser: la réislamisation des musulmans et l'islamisation des non-musulmans.

Pour faire comprendre ce qu'est la réislamisation, il y faut une définition de l'islamisme. La plus exacte est celle que donne l'un de ses très fervents supporters, le conseiller d'État Thierry Tuot, l'un des trois magistrats choisis pour trancher cet été dans l'affaire du maillot intégral, ce que l'on s'est bien gardé de nous avouer. L'islamisme, écrit-il, est «la revendication publique de comportements sociaux présentés comme des exigences divines et faisant irruption dans le champ public et politique». À l'aune de cette définition, le rapport Al Karoui fait apparaître que l'islamisme s'étend inexorablement. La comparaison avec les sondages et enquêtes parus au fil des années, facilement consultables sur Internet, en témoigne. D'abord, sur les 1029 personnes représentatives sondées pour l'Institut Montaigne, 155 seulement, soit 15 %, quoiqu'ayant au moins un parent musulman, s'affirment sécularisées. Ensuite, la majorité silencieuse elle-même, les 46% du panel, n'est pas homogène. Une bonne partie des musulmans qui la composent par exemple, tout en appréciant la laïcité pour la liberté qu'elle autorise et en reconnaissant la prévalence des lois de la République, sont néanmoins favorables à l'expression religieuse sur le lieu de travail.

Prenons maintenant l'un des marqueurs principaux de la vie musulmane, il est alimentaire: le halal. 70% des sondés déclarent acheter toujours de la viande halal, 22% parfois, 6% jamais. Quelle qu'en soit la raison, du respect de la tradition à la volonté de «licite» et de «pureté» en passant par le repère identitaire, la consommation de halal fait donc la quasi-unanimité. Mais elle la fait aussi dans le désir de débordement sur le champ public et laïc: 80% de ces musulmans pensent que les enfants devraient pouvoir manger halal dans les cantines scolaires, une bonne partie le revendique même clairement.
Autre marqueur, vestimentaire celui-ci, le hidjab, le foulard. Une autre affaire. Il est plus clivant parce que les musulmans et les musulmanes savent, eux, quelle conception des rapports hommes-femmes il recouvre, ce qu'il implique, ce qu'il signifie par rapport à nos lois. Malgré tout, il suscite l'adhésion de 65% de cette population, de religion ou de culture musulmane. Là encore, difficulté pour la laïcité, 60% de celle-ci souhaite que les filles puissent porter le hidjab dans les établissements scolaires.
Travail, école: on voit bien à travers cette étude que l'espace privé est très majoritairement considéré par les musulmans comme devant s'élargir aux sanctuaires de l'espace public. La vitalité de leur religion, l'ardeur de leur pratique cultuelle pousse certainement les musulmans dans cette direction. Aujourd'hui, 40% d'entre eux fréquentent une mosquée, une fois ou plusieurs fois par semaine, une petite minorité chaque jour. Et la moitié des 60% qui se rendent exclusivement pour les fêtes dans un lieu de culte, ou jamais, pratiquent pourtant les cinq prières quotidiennes, chez eux. Le rapport Al Karoui y note «le développement d'une religiosité importante mais relativement indépendante des institutions, des lieux de culte et des structures musulmanes, tout en aspirant à une piété forte et à la reconnaissance de pratiques religieuses ayant trait à l'organisation de la vie collective au quotidien.»
Face à la réislamisation des musulmans, l'islamisation des non-musulmans. Les convertis, hommes et femmes français bien sûr, représentent 7,5% des sondés. Le rapport juge que ces «entrées» sont plus que contre-balancées par les «sorties» ( les sécularisés ou en voie de sécularisation), ce qui de fait les neutraliserait. C'est sans doute l'un des rares points contestables de cette étude. Il l'est parce qu'il faut comparer l'ampleur des conversions aujourd'hui à ce qu'elle était il y a quinze ans. Tout simplement négligeable alors. De plus, la séduction exercée par l'islam va s'amplifiant auprès des générations nouvelles, celles qui vont prendre la relève. La population convertie est jeune, très jeune, radicale, très radicale, mêlant religion vague, haine de la laïcité, de la France et des autres Français, violence politique, besoin d'héroïsme, inculture et, vis-à-vis des femmes, une inacceptable barbarie. On retrouve ces convertis dans le bloc des 28% de radicaux dangereux qui imposent progressivement dans banlieues et quartiers leur loi selon la charia, et sont curieusement appelés ici «autoritaires». Leur rôle, leur poids, leur influence sera d'autant plus déterminante que si l'ensemble des musulmans se caractérise par une pauvreté répandue, des difficultés sociales, un très fort chômage et l'absence trop souvent de compétences professionnelles, c'est encore plus vrai des jeunes, convertis ou pas, qui s'inscrivent dans cette mouvance. Hakim El Karoui trouve une excellente formule pour les résumer: «l'islamisation de la radicalité et la radicalité de l'islamisation.» Toute la question est de savoir, sur fond de lente mais certaine glissade de la majorité des musulmans vers l'islamisme, si l'autorité politique va enfin se décider à agir vite et bien pour structurer un islam français. En tout cas, elle a avec ce rapport de l'Institut Montaigne absolument toutes les données pour s'atteler réellement à la tâche. Mais par-delà les effets de manche et de voix, le veut-elle vraiment?
* Journaliste et écrivain, Elisabeth Schemla a été grand reporter, rédactrice en chef du Nouvel Observateur et directrice-adjointe de la rédaction de L'Express. Elle est aujourd'hui conseillère municipale de Trouville. Elle a notamment publié Islam, l'épreuve française