« Si tu fais serment de procéder à une action et que tu te rends compte, plus tard, qu'une autre action est meilleure, alors tu devras renier ton serment et faire ce qui est mieux » (37 - hadith rapporté par Sahih al-Bukhari).
Ce qu'applique régulièrement Ghannouchi au grand étonnement des tunisiens qui le trouvent culotté avec ses volte-faces incessantes et de le voir renier ce qu'il a dit la veille ... alors qu'il ne fait qu'appliquer la taqiyya telle que prescrite aux Frères musulmans par leur guide spirituel Qaradaoui !
R.B
L'islam
doit apparaître aux non-musulmans comme une religion bien paradoxale. D'un
côté, on ne cesse de la présenter comme la religion de la paix et, de l'autre,
ses membres sont responsables de la majorité des actes terroristes dans le
monde. Les apologistes de l'islam soulignent que cette foi se fonde sur une
grande exigence éthique. Les autres constatent qu'il s'agit d'une religion
légaliste. La dualité des critères de vérité et de fausseté dans l'islam révèle
une nature paradoxale : car si le Coran est contre les croyants qui trompent
d'autres croyants (en vertu du fait que « Allah ne guide pas celui qui est
outrancier et menteur » (1), la tromperie aux dépens des non-musulmans,
généralement appelée, en arabe, taqiyya, reçoit également
l'approbation coranique et fait partie des actes légalement permis aux
musulmans.
La
tromperie musulmane peut être considérée comme un moyen, qui manque, certes, de
noblesse, au service de la fin glorieuse que constitue l'hégémonie islamique de
la chariaa, considérée comme favorable aux musulmans et aux non-musulmans. En
ce sens, il s'agit d'un mensonge altruiste, ce qui est autorisé.
L'imam Mahmoud
al-Masri a récemment donné en exemple une histoire où un musulman raconte un
mensonge à un Juif pour le forcer à la conversion, et dont il parle comme d'une
« magnifique tromperie ».
La taqiyya a
deux utilisations principales
La plus connue consiste à masquer ses
convictions religieuses par crainte de persécutions. Il s'agit là de pratiques
historiques de la taqiyya au sein de la communauté chiite,
dans tous les cas où leurs rivaux sunnites étaient plus nombreux et
constituaient une menace.
Inversement, les sunnites, loin d'être persécutés,
ont toujours pratiqué quand c'était possible une forme de taqiyya au
service du jihad contre les incroyants, faisant de la taqiyya une
pratique non plus seulement de dissimulation, mais de tromperie active. En
fait, le mensonge, qui a, dans l'islam, un fondement doctrinal, est souvent
présenté comme égal, et parfois supérieur, aux autres vertus guerrières que
sont le courage, la détermination, ou le sacrifice.
On pourra
se demander comment il se fait que les musulmans soient à la fois exhortés à la
sincérité et encouragés à la tromperie, et que cette dernière soit non
seulement dominante mais bénéficie aussi de l'approbation divine.
Qu'est-ce
au juste que la taqiyya ? Comment les théologiens, ainsi que ceux
qui en font usage, la justifient-ils ? Comment s'inscrit-elle dans l'éthique
islamique, notamment dans son rapport avec les non-musulmans ? Et, plus
précisément, quelles sont les implications de la taqiyya pour
toutes les relations entre musulmans et non-musulmans ?
La doctrine de la Taqiyya
Selon la
charia, c'est-à-dire l'ensemble des règles qui définissent le comportement d'un
musulman dans toutes les circonstances de la vie, la tromperie est non
seulement permise dans certaines circonstances mais peut être considérée comme
obligatoire.
Contrairement à la tradition chrétienne primitive, les musulmans
contraints de choisir entre reniement de l'islam et persécution avaient la
permission de mentir et de feindre l'apostasie. D'autres juristes ont décrété
que les musulmans étaient obligés de mentir afin de se préserver (2), en se
fondant sur les versets coraniques qui interdisent aux musulmans de concourir à
leur propre mort (3).
Telle est
la définition classique de la taqiyya. Construit sur un mot arabe
connotant la crainte, le terme de taqiyya passe (notamment
auprès des chercheurs occidentaux) pour une stratégie à laquelle on peut avoir
recours en cas de persécution religieuse, ainsi que les groupes minoritaires
chiites l'ont fait quand ils vivaient au sein de majorité sunnites hostiles
(4). La taqiyya a ainsi permis fréquemment aux chiites de
masquer leur appartenance religieuse face aux sunnites, non seulement en
remisant leurs convictions religieuses à la clandestinité, mais en priant et en
se comportant comme des sunnites.
Cependant,
l'un des rares ouvrages consacrés à ce sujet, At-Taqiyya fi'l-Islam («
De la dissimulation dans l'islam ») dit clairement que la taqiyya ne
se limite pas à la dissimulation par crainte de persécutions. Son auteur, Sami
Mukaram, ancien professeur d'études islamiques à l’université américaine de
Beyrouth, qui a écrit environ vingt-cinq ouvrages sur l'islam, démontre
clairement la variété des applications de la taqiyya :
« La taqiyya est
d'une importance fondamentale dans l'islam. Pratiquement toutes les factions
islamiques la reconnaissent et la pratiquent (…) On peut même dire que la
pratique de la taqiyya fait partie de la norme de l'islam, et
que les rares factions qui ne la pratiquent pas sont justement en dehors de la
norme musulmane. La taqiyya est dominante dans la politique
islamique, en particulier durant la période moderne » (5).
La taqiyya n'est
donc pas, comme on le suppose souvent, un phénomène exclusivement chiite. Bien
sûr, en tant que minorité dispersée au sein de communautés sunnites ennemies,
les chiites ont historiquement plus de raisons de pratiquer la dissimulation.
Inversement, l'islam sunnite ayant rapidement dominé de vastes empires, de
l'Espagne à la Chine, ses membres ne devaient rien à personne et n'eurent pas à
faire allégeance à d'autres, ni à se cacher face à des incroyants infidèles
(l'Espagne et le Portugal de la Reconquista sont les rares exceptions où les
sunnites ont dissimulé leur identité religieuse (6)).
Ironiquement, les
sunnites qui vivent en Occident se trouvent désormais dans la situation qui
était celle des chiites, puisqu'ils vivent comme une minorité encerclée par ses
ennemis traditionnels, les chrétiens infidèles. Ces derniers, à la différence
des chrétiens de la Reconquista, se comportent rarement en adéquation avec
cette inimitié historique, et la reconnaissent encore moins. En fait, les
sunnites se retrouvent dans les circonstances générales qui ont fait de
la taqiyya un élément important du chiisme mais sans risquer
la menace physique qui en avait été initialement la source.
Les formulations de la taqiyya
Le verset
3-28 du Coran est souvent considéré comme le premier qui admet la tromperie
envers les non-musulmans :
« Que les
croyants ne prennent pas pour alliés des infidèles au lieu de croyants.
Quiconque le fait contredit la religion d'Allah, à moins que vous ne cherchiez
à vous protéger d'eux » (7).
Muhammad
ibn Jarir at-Tabari (mort en 923), auteur d'un commentaire du Coran, qui fait
autorité, explique ainsi le verset 3-28 :
« Si vous
[les musulmans] êtes sous l'autorité de non-musulmans et craignez pour
vous-mêmes, conduisez-vous avec une apparence de loyauté envers eux, par la
parole, tout en conservant votre hostilité à leur égard par devers vous (…)
[sachez que] Allah a interdit aux croyants de se montrer amicaux ou intimes avec
les infidèles, sauf si les infidèles les dominent. Dans ce cas précis, qu'ils
se comportent amicalement avec eux tout en préservant leur religion » (8).
Toujours à
propos de ce verset du Coran, Ibn Kathir (mort en 1373), qui est une autre
grande autorité coranique, écrit :
« Quel que
soit le lieu ou le moment, quiconque craint des tourments [venant de
non-musulmans] peut se protéger en donnant le change ».
Il en veut
pour preuve une citation d'Abu Darda, proche compagnon de Mahomed, enjoignant
d'« arborer un large sourire face à certaines personnes tandis que notre cœur
les maudit ».
Un autre compagnon, connu sous le nom d'Al-Hasan, a dit que « la
pratique de la taqiyya est acceptable jusqu'au jour du
jugement » (c'est-à-dire jusqu'à la fin des temps) (9).
D'autres
savants importants, comme Abu 'Abdullah al-Qurtubi (1214-73) et Muhyi 'd-Din
ibn al-Arabi (1165-1240), ont étendu la taqiyya jusqu'à
l'appliquer à de nombreuses actions. En d'autres termes, les musulmans peuvent
se conduire comme des infidèles ou même pire, par exemple en se prosternant et
en adorant des idoles et des croix, en portant de faux témoignages, ou même en
montrant les faiblesses d'autres musulmans à l'ennemi infidèle - tout est
permis sauf tuer un autre musulman :
« la taqiyya,
même si elle est pratiquée sans contrainte, ne mène pas à un statut d'infidèle,
même si elle peut mener à des péchés méritant le feu de l'enfer » (10).
La tromperie dans les exploits guerriers de Mahomet
Mahomed qui constitue [pour le musulman] l'exemple de l'être humain parfait, dont la
conduite doit être imitée dans les moindres détails avait une conception
pragmatique du mensonge. Il est notamment bien connu qu'il permettait de mentir
dans trois situations :
- pour réconcilier entre deux parties, ou plus, qui sont
en conflit,
- pour calmer sa femme, et
- à la guerre (11).
Selon un manuel de droit
arabe consacré au jihad tel qu'il est défini par les quatre écoles du droit
islamique, « les
ulémas [savants] considèrent que la tromperie en temps de guerre est légitime
(…) la tromperie est une forme de l'art de la guerre » (12).
De plus,
selon Mukaram, cette tromperie est classée comme taqiyya : « la taqiyya servant
à duper l'ennemi, est permise » (13).
Plusieurs
ulémas estiment que la tromperie fait partie intégrante de l'art de la guerre.
Ibn al-'Arabi déclare, par exemple : « dans les
hadiths [citations et actions de Mahomed], le mensonge en temps de guerre est
bien attesté. En fait, le mensonge est davantage souligné que l'obligation de
courage ».
Ibn al-Munir
(mort en 1333) écrit : « La guerre
est tromperie, la guerre la plus parfaite qu'un saint guerrier puisse faire, est
une guerre de tromperie et non de confrontation, car la confrontation comporte
des risques, tandis que l'on peut obtenir la victoire par traîtrise et sans
risque pour soi ».
Quant à Ibn
Hajar (mort en 1448), il conseille aux musulmans d'adopter « une
attitude très prudente dans la guerre, tout en se lamentant [publiquement] et
en portant le deuil de manière à tromper les infidèles » (14).
Cette
conception musulmane de la guerre comme tromperie renvoie à la bataille du
Fossé (627), qui opposa Mahomed et ses disciples à plusieurs tribus non
musulmanes, connues sous le nom de Al-Ahzab. Parmi ces derniers, Na'im ibn
Mas'ud se rendit dans le camp musulman et se convertit à l'islam. Quand Mahomed s'aperçut que les Ahzab n'étaient pas au courant de la conversion de Mas'ud, il
lui conseilla de retourner auprès d'eux et de les décider à lever le siège.
C'est à cette occasion que Mahomed est censé avoir émis l'adage célèbre, « car
la guerre est tromperie ». Mas'ud retourna auprès des Ahzab sans qu'ils sachent
qu'il avait changé de camp et, de son côté, il donna des informations fausses à
ses anciens amis et alliés. Il s'efforça également de générer des querelles
entre les différentes tribus jusqu'à ce que, pleines de méfiance les unes
envers les autres, elles finissent par se séparer et lever le siège, sauvant
ainsi les musulmans de la destruction dans cette période encore embryonnaire
[de l'islam] (15).
Plus
récemment, des complices de l'attentat du 11-Septembre, tel Khalid Sheikh
Muhammad, ont invoqué, dans leur défense, comme raison de leur rôle dans la
conspiration, l'argument du prophète selon lequel « la guerre est tromperie ».
On trouve
une autre expression encore plus puissante de la légitimité qu'il y a à tromper
des infidèles, dans l'anecdote suivante. Un poète, Ka'b ibn Ashraf, avait
offensé Mahomed, lequel s'était exclamé « Qui tuera cet homme qui a blessé
Allah et son prophète ? ».
Un jeune musulman nommé Muhammad ibn Maslama s'était
porté volontaire, à condition que pour s'approcher de Ka'b afin de
l'assassiner, il ait la permission de lui mentir. Mahomed lui donna son accord.
Ibn Maslama alla voir Ka'b et commença à dire du mal de l'islam et de Mahomed.
Il continua ainsi jusqu'à ce que ses paroles soient assez convaincantes pour
que Ka'b se fie à lui. Ibn Maslama ne tarda pas alors à se présenter avec un
autre musulman et à tuer Ka'b qui ne se méfiait plus (16).
Mahomed a
pris d'autres positions qui font de la tromperie une action positive, comme
lorsqu'il dit : « Allah m'a
commandé de parler de façon équivoque parmi les peuples, au même titre qu'il
m'a commandé d'édicter des obligations [religieuses] » ; ou encore : « J'ai été
envoyé dans des conditions impénétrables », et « celui qui
vit dans la dissimulation meurt en martyr » (17).
Bref, les
premières sources historiques de l'islam attestent clairement de l'importance
suprême de la taqiyya comme d'une forme islamique de guerre.
De plus, les premiers musulmans sont souvent décrits comme capables de se
sortir de situations difficiles grâce au mensonge, notamment en reniant ou en
insultant l'islam et Mahomed avec l'approbation de ce dernier - son seul
critère étant que leurs intentions (niya) soient pures (18).
Au cours
des guerres contre les chrétiens, à chaque fois que les chrétiens avaient le
pouvoir, la pratique de la taqiyya devint même plus totale.
Ainsi que l'affirme Mukaram :
« la taqiyya était
utilisée comme un moyen, pour les musulmans, de repousser le danger, en
particulier aux moments critiques où leurs frontières étaient l'objet de guerre
avec les Byzantins, et, plus tard, l'objet des raids [croisades] des Francs et
des autres » (19).
La taqiyya dans la révélation coranique
Le Coran
lui-même apporte d'autres témoignages concernant la taqiyya.
Puisque Allah est censé être la source de ces versets révélés, il est considéré
comme étant Lui-même implicitement le perpétrateur absolu du mensonge, ce qui
n'a rien de surprenant puisqu'il est décrit dans le Coran comme étant le
meilleur makar, c'est-à-dire fourbe, trompeur (par exemple : 3-54,
8-30, 10-21).
Alors que
les autres Écritures saintes contiennent des contradictions, le Coran est le seul
texte à propos duquel les commentateurs ont développé une doctrine pour rendre
compte des changements visibles d'une injonction à une autre.
Un lecteur
attentif ne peut manquer de remarquer les versets contradictoires du Coran,
notamment la façon dont les versets de paix et de tolérance se retrouvent
quasiment côte à côte avec des versets de violence et d'intolérance.
Les ulémas
furent embarrassés, au départ, pour décider à partir de quels versets codifier
l'ordre social de la chariaa : celui qui affirme que la religion ne peut
exercer de coercition (2-256), ou celui qui ordonne aux croyants de combattre
tous les non-musulmans jusqu'à leur conversion, ou au moins leur soumission à
l'islam (8-39, 9-5, 9-29) ?
Pour résoudre ce dilemme, les commentateurs ont
développé la doctrine de l'abrogation, qui, en gros, stipule, quand il y a
contradiction, que les versets révélés à Mahomed tardivement prennent le pas
sur ceux formulés au début de sa vie.
C'est ainsi que, pour déterminer quel
verset abroge quel autre, une science théologique consacrée à la chronologie
des versets du Coran a été créée (on l'appelle an-Nasikh wa'l Mansukh -
ce qui abroge et ce qui est abrogé).
Mais
pourquoi y aurait-il une contradiction ? La réponse classique est que, dans les
premières années de l'islam, Mahomed et sa communauté étant largement
inférieurs en nombre aux infidèles avec lesquels ils étaient en concurrence et
qui vivaient avec eux à la Mecque, un message de coexistence pacifique était de
rigueur.
Cependant, après l'exil des musulmans à Médine, en 622, et le
développement de leur force guerrière, les versets les incitant à l'offensive
leur furent progressivement « révélés », c'est-à-dire en principe envoyés par
Allah, à mesure que la puissance des musulmans augmentait.
Dans les textes
juridiques, ces versets sont classés en différentes catégories :
- passivité face
à l'agression ;
- permission de répliquer face à des agresseurs ;
- commandement
incitant à combattre les agresseurs ;
- commandement incitant à combattre tous
les non-musulmans qu'ils aient été initialement agresseurs ou pas (20).
Le
développement de la puissance musulmane est la seule variable fournie pour
expliquer ces changements graduels de politique.
D'autres
érudits renforcent cette conception en soulignant que sur une période de 22
ans, le Coran a été révélé petit à petit et a d'abord privilégié des versets ne
réclamant pas d'action et restant de nature spirituelle avant de passer ensuite
à des prescriptions et des injonctions réclamant de diffuser la foi par le jihad et la conquête, et ce de manière à ne pas rebuter les premiers convertis
musulmans face aux devoirs qui sont ceux de l'islam, et éviter qu'ils ne soient
découragés par les obligations importantes qui n'apparaîtront que dans les
versets plus tardifs (21). Ces versets, tel celui qui dit : « Il vous est
prescrit de combattre, même si cette prescription, vous l'avez en horreur »
(22), auraient été déplacés à un moment où la guerre n'était pas pensable.
Quelles que
soient les interprétations de l'abrogation dans le Coran, l'opinion commune sur
la question des versets concernant la guerre et la paix est que, quand les
musulmans sont en position de faiblesse, ou minoritaires, ils doivent prêcher
et être fidèles à l'éthique des versets mecquois (paix et tolérance) ; alors
que, lorsqu'ils sont en position de force, ils doivent passer à l'offensive sur
la base des commandements figurant dans les versets de Médine (guerre et
conquête).
Les avatars de l'histoire islamique témoignent de cette dichotomie
et se reflètent dans le proverbe communément admis parmi les musulmans et qui
se fonde sur un hadith, selon lequel le jihad doit être réalisé :
- par la main
(par la force), ou sinon,
- par la langue (par le prêche), et si cela n'est pas
possible,
- par le cœur ou par les intentions secrètes de chacun (23).
La guerre est éternelle
Que l'islam
légitime la tromperie dans le cadre de la guerre n'a, bien sûr, rien
d'étonnant. Après tout, comme l'a formulé un auteur élizabéthain, John Lyly, «
tout est bon, en amour comme à la guerre » (24).
D'autres philosophes ou
stratèges non musulmans, comme Sun Tzu, Machiavel et Thomas Hobbes, ont
justifié la tromperie dans la guerre. Tromper l'ennemi dans le cadre de la
guerre relève du bon sens.
La différence cruciale avec l'islam, c'est que la
guerre contre l'infidèle est considérée comme permanente, et dure, selon le
Coran, jusqu'à ce que « cesse tout chaos et que toutes les religions
appartiennent à Allah » (25).
Dans son article sur le jihad de l'Encyclopaedia
of Islam, Emile Tyan remarque :
« Le devoir
de jihad existe aussi longtemps que la domination universelle de l'islam n'a
pas été atteinte. La paix avec les nations non musulmanes n'est donc que
provisoire, et seul le hasard des circonstances peut la justifier de manière
provisoire » (26).
De plus, et
pour en revenir à la doctrine de l'abrogation, des érudits musulmans comme Ibn
Salama (mort en 1020) s'accordent pour dire que le verset 9-5 du Coran, connu
sous le nom de ayat as-sayf, ou verset du sabre, abroge environ 124
des versets mecquois plus pacifistes, car cela inclut « tous les versets
coraniques qui prêchent autre chose qu'une offensive totale contre les
non-croyants » (27).
En fait, les quatre écoles de la jurisprudence sunnite
sont d'accord pour dire que « le jihad
consiste à faire la guerre aux infidèles qui, après qu'on leur ait enjoint
d'embrasser l'islam, ou au moins de payer une jizya (impôt) et de vivre
soumis, ont refusé de le faire » (28).
Le
caractère obligatoire du jihad est clairement exprimé par la vision du monde
dichotomique qui oppose le « royaume de l'islam » au « royaume de la guerre ».
Le premier s'appelle, dar al-Islam, ou « règne de la soumission »,
et représente le monde où domine la chariaa. Le second, dar al-Harb,
ou règne de la guerre, représente le monde non-islamique. Le combat se perpétue
jusqu'à ce que le règne de l'islam engloutisse le monde non-islamique. Cet état
de fait est celui qui existe encore aujourd'hui.
Le très célèbre historien et
philosophe musulman, Ibn Khaldun, (mort en 1406) formule clairement cette
opposition : « Dans la
communauté musulmane, le jihad est un devoir religieux en raison de
l'universalisme de la mission musulmane et de l'obligation de convertir tout le
monde à l'islam par la persuasion ou par la force. Les autres groupes religieux
n'avaient pas une mission universelle et le jihad n'était pas un devoir
religieux pour eux, excepté pour des raisons défensives. Mais l'islam est
obligé de conquérir le pouvoir contre les autres nations » (29).
Enfin,
indépendamment de tous les faits avérés, il est bon de noter - à moins qu'on
puisse encore trouver déraisonnable qu'une foi ayant un milliard d'adeptes
oblige à déclencher en son nom des guerres sans raison - que l'expansionnisme jihadiste est considéré comme un acte altruiste, un peu à la manière de
l'idéologie du « fardeau de l'homme blanc » au XIXe siècle.
Selon cette
logique, que le monde vive en démocratie, sous le socialisme, le communisme ou
tout autre système de gouvernance, il vit inévitablement enchaîné dans le
péché, car le bien suprême de l'humanité réside dans l'accord avec la loi
d'Allah. Dans ce contexte, la tromperie musulmane peut être considérée comme un
moyen, légèrement inférieur en noblesse, dans un but glorieux : l'hégémonie
islamique du règne de la chariaa, en tant qu'elle est bonne pour tous,
musulmans comme non-musulmans.
Cette
conception n'a en fait rien de neuf. Peu après la mort de Mahomed, en 634, avec
la déferlante de guerriers du jihad, venue de la péninsule arabique, un
commandant perse, qui ne devait pas tarder à succomber à l'invasion, demanda
aux musulmans ce qu'ils désiraient. La réponse, mémorable, fut la suivante :
« Allah
nous a envoyés ici afin que nous puissions libérer ceux qui le désirent de la
servitude de leurs maîtres terrestres et en faire les serviteurs d'Allah, afin
de transformer leur misère en richesse et les libérer de la tyrannie et du
chaos des [fausses] religions et leur apporter la justice de l'islam. Il nous a
envoyés pour apporter sa religion à toutes ses créatures et leur lancer un
appel pour qu'ils rejoignent l'islam. Tous ceux qui accepteront cet appel
seront saufs et nous les laisserons en paix. Mais quiconque refuse cet appel
sera combattu jusqu'à ce que nous accomplissions la promesse d'Allah » (30).
Mille
quatre-cent ans plus tard, en mars 2009, le juriste saoudien, Basem Alem, se
fit l'écho de cette conception : « En tant
que membre de la vraie religion, j'ai davantage de droit à envahir les autres
afin d'imposer un certain mode de vie [la chariaa], dont l'histoire a démontré
qu'il était le meilleur et le plus juste parmi toutes les civilisations. Tel
est le véritable sens du jihad offensif. Quand nous nous engageons dans le jihad, ce n'est pas pour convertir les gens à l'islam, mais pour les libérer
du sombre esclavage dans lequel ils vivent » (31).
Et il va
sans dire que la taqiyya au service d'un tel altruisme est
permise. Par exemple, très récemment, après avoir raconté une histoire où un
musulman force un Juif à se convertir à l'islam en lui disant que s'il
renonçait à l'islam, les musulmans le tueraient pour apostasie, l'imam Mahmoud
al-Masri a parlé d'une « magnifique tromperie » (32). Après tout, d'un point de
vue islamique, c'est le Juif qui a été le bénéficiaire de cette tromperie
puisqu'elle l'a fait entrer dans l'islam.
Trèves et traités
La nature
perpétuelle du jihad est soulignée par le fait, soutenu par les juristes, que
10 ans est la durée maximale de paix pour les musulmans avec les infidèles. Une
fois que le traité a expiré, la situation doit être réévaluée. Ils s'appuient
sur le traité de paix d'Hudaybiya ratifié en 628 par Mahomed et ses ennemis
Quraysh à la Mecque.
L'exemple de Mahomed qui brisa ce traité au bout de deux
ans (en prétextant une infraction des Quraysh) montre que la seule fonction
d'une trève est de permettre aux musulmans s'ils sont affaiblis de gagner du
temps et de se regrouper avant une nouvelle offensive (33) :
« Par leur
nature même, les traités doivent avoir une durée temporaire, car, dans la
théorie juridique musulmane, les relations normales entre territoires musulmans
et non-musulmans ne sont pas pacifiques mais guerrières » (34).
En se
fondant sur ce point, « les fuqaha [juristes]
sont d'accord pour considérer une trève illimitée comme illégitime, si les
musulmans sont en position assez forte pour repartir en guerre contre les
non-musulmans » (35).
Bien que la
chariaa demande aux musulmans d'honorer les traités, il existe donc une sortie
possible qui est propice aux abus : si les musulmans pensent, même sans preuves
solides, que leurs ennemis vont rompre le traité, ils peuvent le briser les
premiers. De plus, certaines écoles de droit islamique, comme celle des
Hanafites, affirment que les responsables musulmans peuvent abroger les traités
tout simplement si cela semble être à l'avantage de l'islam (36). Cela n'est
pas sans rappeler le hadith canonique suivant :
« Si tu
fais serment de procéder à une action et que tu te rends compte, plus tard, qu'une
autre action est meilleure, alors tu devras renier ton serment et faire ce qui
est mieux » (37).
Et qu'y
a-t-il de mieux et de plus altruiste que de rendre la parole d'Allah dominante
en déclenchant à nouveau le jihad dès que possible ? Traditionnellement, les
dirigeants musulmans lançaient un jihad au moins une fois par an. Ce rite est
particulièrement remarquable chez les sultans ottomans, qui passaient la moitié
de leur vie sur le champ de bataille (38). Le devoir de jihad était tellement
important, que les sultans n'avaient pas le droit d'effectuer le pèlerinage à
la Mecque - qui est pourtant un devoir individuel pour chaque musulman. C'est
leur prise en main du jihad qui a permis à ce rite collectif de perdurer,
autrement, il serait tombé en désuétude (39).
Pour
résumer, le prérequis pour la paix ou la réconciliation, est que les musulmans
aient l'avantage. C'est ce que démontre un texte sunnite qui fait
autorité, Umdat as-Salik, écrit par un érudit égyptien du XIVe
siècle, Ahmad Ibn Naqib al-Misri : « On doit
trouver un bénéfice [maslaha] à la trève, autre que le seul status
quo, car [il est écrit dans le coran] :
" Ne
soyez pas pusillanimes en offrant la paix à l'ennemi quand vous êtes les plus
forts ! " [Coran, 47-35] » (41).
On
rappellera un épisode plus récent, et qui est d'une importance majeure pour les
dirigeants occidentaux qui recommandent la coopération avec les islamistes.
Yasser Arafat venait de négocier un traité de paix qui avait été vivement
critiqué comme concédant trop de choses à Israël. Il s'adressa alors à une
assemblée musulmane dans une mosquée de Johannesburg, et se justifia en ces
termes :
« Je considère
cet accord au même titre que l'accord signé par notre prophète Mahomed et les Beni Quraysh de la Mecque » (42). En d'autres termes, comme Mahomed, Arafat
n'avait donné sa parole que pour la renier une fois que la situation le
permettrait, c'est-à-dire quand les Palestiniens seraient à nouveau en position
de passer à l'offensive et de reprendre la route de Jérusalem. Dans d'autres
contextes, Hudaybiya a fait figure de mot-clé pour les islamistes radicaux. Le
Moro Islamic Liberation Front avait trois camps d'entraînement au sein du
complexe d'Abu Bakar dans les Philippines et l'un d'eux s'appelait Camp
Hudaybiya (43).
L'hostilité sous les traits de la récrimination
Dans les
discours à destination des opinions publiques européennes ou américaines, les
islamistes soutiennent que le terrorisme qu'ils exercent contre l'Occident
n'est que la réciprocité de décennies d'oppression occidentale ou israélienne.
Mais dans les écrits qui s'adressent aux autres musulmans, cet esprit
vindicatif n'est pas présenté comme la réaction à une provocation militaire ou
politique, mais comme le produit d'une obligation religieuse.
Par
exemple, quand il s'adresse au public occidental, Ousama ben Laden dresse la
liste des récriminations qui justifient sa guerre contre l'Occident, depuis
l'oppression des Palestiniens jusqu'à l'exploitation de la femme par
l'Occident, ou même le fait que les Etats-Unis n'ont pas signé le protocole de
Kyoto, ce qui constitue des arguments audibles pour l'opinion occidentale.
Jamais il ne justifie les attaques d'Al-Qaïda contre les cibles occidentales
par le simple fait que les nations non musulmanes sont par définition des
entités infidèles qui doivent être soumises.
En fait, il va jusqu'à faire
précéder ses messages à destination de l'Occident de phrases comme « la
réciprocité fait partie de la justice », ou « paix à tous ceux qui suivent une
voie droite » (43), même si ce que le public occidental comprend par là est
sans rapport avec ce qu'il met derrière les mots « paix », « justice » ou « droiture
».
C'est quand
Ben Laden s'adresse aux autres musulmans que la vérité ressort. Quand un groupe
de musulmans de premier plan avait écrit au peuple américain, peu de temps
après les attentats du 11-Septembre, pour affirmer que l'islam cherche à
coexister pacifiquement (44), Ben Laden avait pris la plume pour les remettre à
leur place :
« En ce qui
concerne les relations entre musulmans et infidèles, elles sont résumées par ce
mot du Très-Haut : 'Nous vous renions, et désormais l'inimitié et la haine nous
séparent jusqu'à ce que vous croyiez en Allah seul » [Coran 60-4]. Il y a donc
une inimitié dont la preuve est l'hostilité farouche ancrée dans nos cœurs. Et
cette hostilité farouche, c'est-à-dire cette guerre, ne cessera que si
l'infidèle se soumet à l'autorité de l'islam ou qu'il est interdit de faire
couler son sang [c'est-à-dire s'il est dhimmi, ou minorité
protégée], ou si les musulmans sont, à un moment donné, dans une situation de
faiblesse qui les empêche d'agir. Mais si la haine s'éteint de nos cœurs, il
s'agit alors d'une très grande apostasie ! (…) Telle est la base et le
fondement des relations entre l'infidèle et le musulman. Guerre, animosité,
haine, infligées par le musulman à l'infidèle, tel est le fondement de notre
religion. Et nous considérons que nous faisons ainsi un acte de justice et de
bonté à leur égard » (45).
Les quatre
écoles classiques de jurisprudence islamique soutiennent cette conception du
monde, faite d'hostilité, en parlant des infidèles en termes similaires. Quand
Ben Laden s'adresse à l'Occident en parlant de paix et de justice, ce sont des
exemples typiques de taqiyya. Non seulement il s'est engagé dans un jihad physique, mais aussi dans une guerre de propagande, ou, en d'autres
termes, une guerre de tromperie. S'il parvient à convaincre l'Occident que le
conflit actuel est entièrement dû à l'Occident, il pourra gagner à sa cause une
plus grande sympathie. Parallèlement, il sait que si les Américains se
rendaient compte que rien hormis leur totale soumission ne peut ramener la
paix, sa campagne de propagande serait rapidement compromise. D'où ce besoin
constant de masquer ses objectifs et de mettre en avant des récriminations,
car, comme le dit le prophète de Ben Laden, « la guerre est tromperie ».
Implications
La taqiyya pose
un ensemble de problèmes éthiques. Quiconque croit véritablement que Allah
justifie, et même, par l'exemple de son prophète, encourage la tromperie,
n'aura aucun scrupule éthique à mentir.
Prenons le cas d'Ali Muhammad (Frère musulman), le
premier « formateur » de Ben Laden et longtemps agent d'Al-Qaïda. Égyptien, il
a d'abord fait partie du Jihad Islamique et a servi dans le renseignement
militaire de l'armée égyptienne. Après 1984, il a travaillé un temps avec la CIA
en Allemagne. Quoique considéré comme peu fiable, il a réussi à aller en
Californie, où il s'est enrôlé dans l'armée américaine. Il est vraisemblable
qu'il a continué à travailler, à un titre ou un autre, pour la CIA. Il a
ensuite entraîné des jihadistes aux Etats-Unis et en Afghanistan et est
responsable de plusieurs opérations terroristes en Afrique. Les gens qui le
connaissaient avaient pour lui « de la
crainte et du respect pour son incroyable assurance, l'impossibilité qu'il
avait d'être intimidé, la détermination absolue qu'il avait de détruire les ennemis
de l'islam, et sa foi zélée dans les credos du militantisme islamique
fondamentaliste » (46).
De fait,
cette phrase résume tout : car une croyance zélée aux fondements de l'islam,
qui légitime la tromperie pour faire triompher la parole d'Allah, aura sans nul
doute un impact considérable sur la capacité à développer cette « incroyable
assurance » pour mentir (47).
Pourtant, la
plupart des Occidentaux continuent de croire que les mœurs, les lois et les
contraintes éthiques musulmanes sont à peu près identiques à celles de la
tradition judéo-chrétienne. Avec naïveté ou arrogance, les grands avocats du
multiculturalisme projettent leur propre conception du monde sur les islamistes
et pensent qu'une poignée de main et un sourire autour d'une tasse de café,
assortis de nombreuses concessions suffiront pour démanteler la puissance de la
parole de Dieu et des siècles de tradition immuable.
Les faits sont têtus : le
bien et le mal dans l'islam ont peu à voir avec les critères universels et
restent fonction des enseignements propres à l'islam, dont la majeure partie
est en opposition totale avec les normes occidentales.
Il faut
donc admettre, en contradiction avec des croyances savantes depuis longtemps
établies, que, chez les musulmans, la doctrine de la taqiyya va
bien plus loin que la seule dissimulation religieuse afin de préserver son
existence et concerne le fait de tromper l'ennemi infidèle de manière plus
large. La taqiyya étant une seconde nature du chiisme, ce
phénomène devrait apporter un contexte éloquent au zèle chiite iranien pour se
procurer la puissance nucléaire, tout en insistant sur ses objectifs
pacifistes.
La taqiyya ne
concerne pas seulement les affaires internationales. Walid Phares, de la
National Defense University, s'est déjà plaint de voir des islamistes
américains actifs sur le sol américain, et ce sans la moindre entrave, grâce à
leur utilisation de la taqiyya :
« Est-ce
que notre gouvernement est au courant de cette doctrine et, ce qui est encore
plus important, est-ce que les autorités font quelque chose pour que notre
système de défense s'adapte à cette menace dormante et invisible qui se
développe en notre propre sein ? » (48).
A la
lumière du massacre de Fort Hood, quand Nidal Malik Hasan - musulman américain
qui montrait de nombreux signes d'islamisme, qui n'ont pas été pris au sérieux
- a tué treize de ses collègues, il faut bien malheureusement répondre par la
négative.
Le problème
est donc le suivant. La loi islamique divise sans aucune ambiguïté le monde en
deux parties perpétuellement en guerre - le monde islamique et le monde non
islamique - et il considère que la volonté divine est de voir le premier
vaincre le second. Si la guerre contre l'infidèle est un état perpétuel, si la
guerre est dissimulation et que la fin justifie les moyens, un certain nombre
de musulmans concluront naturellement qu'ils ont le droit -d'origine divine - de mentir, tant que c'est utile, selon eux, pour aider l'islam « jusqu'à ce que
le chaos cesse et que toutes les religions appartiennent à Allah » (49).
De plus,
une telle dissimulation sera considérée comme le moyen d'une fin altruiste. Les
ouvertures au dialogue et à la paix ou même à des trèves temporaires doivent
être envisagées en fonction de cette doctrine, ce qui n'est pas sans rappeler
les observations pratiques faites par le philosophe James Lorimer, il y a plus
d'un siècle :
« Tant que
l'islam continue d'exister, la réconciliation de ses partisans, même avec les
Juifs et les chrétiens, et plus encore avec le reste de l'humanité, restera un
problème insoluble » (50).
On peut
conclure que face à l'opposition naturelle entre guerre et paix, qui existe
dans le cadre occidental, il est plus approprié de parler d'une opposition
entre guerre et dissimulation dans le cadre islamiste. Car, selon le point de
vue islamiste, les périodes de paix, qui n'ont lieu que quand l'islam est plus
faible que ses rivaux infidèles, sont des périodes de paix simulée et de
dissimulation, bref de taqiyya.
* Raymond Ibrahim
Notes
(1) Coran
40:28.
(2) Fakhr ad-Din ar-Razi, At-Tafsir al-Kabir (Beirut: Dar
al-Kutub al-'Ilmiya, 2000), vol. 10, p. 98.
(3) Coran 2:195, 4:29.
(4) Paul E. Walker, The Oxford Encyclopedia of Islam in the Modern
World, John Esposito, ed. (New York: Oxford University Press, 2001), vol.
4, s.v. "Taqiyah," pp. 186-7; Ibn Babuyah, A Shi'ite Creed,
A. A. A. Fyzee, trans. (London: n. p., 1942), pp. 110-2; Etan Kohlberg,
"Some Imami-Shi'i Views on Taqiyya," Journal of
the American Oriental Society, 95 (1975): 395-402.
(5) Sami Mukaram, At-Taqiyya fi 'l-Islam (London:
Mu'assisat at-Turath ad-Druzi, 2004), p. 7.
(6) Devin Stewart, "Islam in Spain after the Reconquista",
Emory University, p. 2, accès au site, le 27 nov. 2009.
(7) Voir aussi Coran 2:173, 2:185, 4:29, 16:106, 22:78, 40:28, versets cités
par les juristes musulmans comme légitimant la taqiyya.
(8) Abu Ja'far Muhammad at-Tabari, Jami' al-Bayan 'an ta'wil
ayi'l-Coran al-Ma'ruf: Tafsir at-Tabari (Beirut: Dar Ihya' at-Turath
al-'Arabi, 2001), vol. 3, p. 267.
(9) 'Imad ad-Din Isma'il Ibn Kathir, Tafsir al-Coran al-Karim (Beirut:
Dar al-Kutub al-'Ilmiya, 2001), vol. 1, p. 350.
(10) Mukaram, At-Taqiyya fi 'l-Islam, pp. 30-7.
(11) Imam Muslim, "Kitab al-Birr wa's-Salat, Bab Tahrim al-Kidhb wa Bayan
al-Mubih Minhu," Sahih Muslim, rev. ed., Abdul Hamid Siddiqi,
trad. (New Delhi: Kitab Bhavan, 2000).
(12) Ahmad Mahmud Karima, Al-Jihad fi'l Islam: Dirasa Fiqhiya Muqarina (Cairo:
Al-Azhar, 2003), p. 304.
(13) Mukaram, At-Taqiyya fi 'l-Islam, p. 32.
(14) Raymond Ibrahim, The Al Qaeda Reader (New York:
Doubleday, 2007), pp. 142-3.
(15) Mukaram, At-Taqiyya fi 'l-Islam, pp. 32-3.
(16) Ibn Ishaq, The Life of Muhammad (Karachi: Oxford
University Press, 1997), pp. 367-8.
(17) Shihab ad-Din Muhammad al-Alusi al-Baghdadi, Ruh al-Ma'ani fi
Tafsir al-Coran al-'Azim wa' l-Saba' al-Mithani (Beirut: Dar al-Kutub
al-'Ilmiya, 2001), vol. 2, p. 118.
(18) Mukaram, At-Taqiyya fi 'l-Islam, pp. 11-2.
(19) Ibid., pp. 41-2.
(20) Ibn Qayyim, Tafsir, in Abd al-'Aziz bin Nasir al-Jalil, At-Tarbiya
al-Jihadiya fi Daw' al-Kitab wa 's-Sunna (Riyahd: n. p., 2003), pp.
36-43.
(21) Mukaram, At-Taqiyya fi 'l-Islam, p. 20.
(22) Coran 2: 216.
(23) Yahya bin Sharaf ad-Din an-Nawawi, An-Nawawi's Forty Hadiths, p. 16, accès au
site, le 1er août, 2009.
(24) John Lyly, Euphues: The Anatomy of Wit (London, 1578), p.
236.
(25) Coran 8:39.
(26) Emile Tyan, The Encyclopedia of Islam (Leiden: Brill,
1960), vol. 2, s.v. "Djihad", pp. 538-40.
(27) David Bukay, "Peace or Jihad? Abrogation in Islam", Middle
East Quarterly, Fall 2007, pp. 3-11, f.n. 58; David S. Powers, "The
Exegetical Genre nasikh al-Coran wa-mansukhuhu", in Approaches
to the History of the Interpretation of the Coran, Andrew Rippin, ed.
(Oxford: Clarendon Press, 1988), pp. 130-1.
(28) Jalil, At-Tarbiya al-Jihadiya fi Daw' al-Kitab wa ' s-Sunna,
p. 7.
(29) Ibn Khaldun, The Muqadimmah. An Introduction to History, Franz
Rosenthal, trad. (New York: Pantheon, 1958), vol. 1, p. 473.
(30) Hugh Kennedy, The Great Arab Conquests (Philadelphia: Da
Capo, 2007), p. 112.
(31) "Saudi Legal Expert Basem Alem: We Have the Right to Wage Offensive
Jihad to Impose Our Way of Life", TV Monitor, clip 2108, Middle East Media Research Institute,
trad., mar. 26, 2009.
(32) "Egyptian Cleric Mahmoud Al-Masri Recommends Tricking Jews into
Becoming Muslims," TV Monitor, clip 2268,
Middle East Media Research Institute, trans., Aug. 10, 2009.
(33) Denis MacEoin, "Tactical Hudna and Islamist Intolerance", Middle
East Quarterly, Summer 2008, pp. 39-48.
(34) Majid Khadduri, War and Peace in the Law of Islam (Baltimore:
The Johns Hopkins Press, 1955), p. 220.
(35) Ahmad Mahmud Karima, Al-Jihad fi'l Islam: Dirasa Fiqhiya Muqarina,
p. 461.
(36) Ibid., p. 469.
(37) Muhammad al-Bukhari, "Judgements (Ahkaam)" Sahih
al-Bukhari, book 89, M. Muhsin Khan, trad., accès au site, le 22
juillet 2009.
(38) Michael Bonner, Jihad in Islamic History: Doctrines and Practice (Princeton:
Woodstock Publishers, 2006), p. 148.
(39) Ahmed Akgündüz, "Why Did the Ottoman Sultans Not Make Hajj (Pilgrimage)?"
accès au site, le 9 nov. 2009.
(40) Ahmad Ibn Naqib al-Misri, Reliance of the Traveller: A Classic
Manual of Islamic Sacred Law (Beltsville: Amana Publications, 1994),
p. 605.
(41) Daniel Pipes, "Lessons from the Prophet Muhammad's Diplomacy", Middle
East Quarterly, Sept. 1999, pp. 65-72.
(42) Arabinda Acharya, "Training in Terror", IDSS
Commentaries, Institute of Defence and Strategic Studies, Nanyang
Technological University, Singapore, May 2, 2003.
(43) "Does hypocrite have a past tense?",
for clip of Osama bin Laden, accès au site, le 1er août, 2009.
(44) Ibrahim b. Muhammad al-Shahwan, et al., "Correspondence with Saudis: How We Can Coexist",
AmericanValues.org, connection du 28 juillet 2009.
(45) Ibrahim, The Al Qaeda Reader, p. 43.
(46) Steven Emerson, "Osama bin Laden's Special Operations Man", Journal
of Counterterrorism and Security International, Sept. 1, 1998.
(47) Pour une liste des infiltrés dans les organisations américaines, voir
Daniel Pipes, "Islamists Penetrate Western Security",
Mar. 9, 2008.
(48) Walid Phares, "North Carolina: Meet Taqiyya Jihad",
International Analyst Network, July 30, 2009.
(49) Coran 8:39.
(50) James Lorimer, The Institutes of the Law of Nations: A Treatise of
the Jural Relations of Separate Political Communities (Clark, N.J.:
The Lawbook Exchange, Ltd., 2005), p. 124.