La
politique étrangère tunisienne est visiblement dictée par l'émir du Qatar qui instrumentalise la révolution tunisienne dans son intérêt :
-
Faut-il rappeler que Rafik Abdessalam, gendre de Ghannouchi, travaillait à
Aljazeera TV, salarié de l'émir ? Il semble que c'est l'émir qui l'ait
voulu au poste des affaires étrangères.
Il a
suffit qu'il le suggère à Ghannouchi pour que celui-ci l'impose à son
premier ministre Hammadi Jebali. Ghannouchi ne doit-il pas tout à l'émir
qui le finance, finance son parti et finance ses compagnes
électorales ? Faut-il rappeler qu'il a mis à son service sa TV personnelle
Aljazeera pour faire sa propagande ?
-
L'émir a suggéré le renvoi de l’ambassadeur de Syrie.
Le
président Marzouki l’a fait;
-
L'émir a suggéré l'organisation d'une réunion des amis de la Syrie.
Le gouvernement Jebali l’a organisée;
-
L'émir a suggéré l'impunité de Bachar el Assad et son renvoi en exil en
Russie.
Le
président Marzouki l'a demandé. Bien que très vite il se soit fait remonter les
bretelles par les russes pour son audace et son
ingérence dans leurs affaires. La
Tunisie pense-t-elle qu'elle va faire plier les russes ?
- Devant la réaction des russes, l'émir suggère que la Tunisie recueille le tyran syrien;
Le président Marzouki déclare qu'il est prêt à le recevoir !
- Et pour finir, l'émir suggère à l'opposition syrienne de se regrouper, et le président Marzouki le leur dira; comme si c'était son rôle, lui qui est à la tête d'un état où l'opposition est aussi mal organisée et pléthorique. Donc mal placé pour donner des leçons aux autres !
Amateurisme d'un président provisoire !
Tout
cela montre bien, hélas, l'hégémonie du Qatar sur la Tunisie.
En
contrôlant la Tunisie , l'émir veut
récupérer la révolution des tunisiens pour la faire avorter, ce à quoi il œuvre
depuis le début de la révolte des tunisiens. Il y parvient grâce à l’allégeance
de Ghannouchi qui lui doit tout.
C'est
exactement ce que fait aussi fait le roi Ibn Saoud pour le Yémen.
Après
avoir étouffé dans l'œuf la révolte des Bahreinites par l'envoi de ses chars,
le roi a bien fini lui aussi par faire avorter la révolution des
yéménites.
Puisqu'il
maintient chez lui Ali Saleh à qui l'impunité est acquise, et impose le vice
président pour lui succéder.
Au final,
les yéménites conservent tout ce contre quoi ils se sont révoltés : le système
Saleh et ses hommes. Le roi leur demande d’ « élire démocratiquement »,
son bras droit. Ce qu’ils feront « à plus de 90 % » ! Exactement ce
que voulait le roi Ibn Saoud depuis le début de la révolte au Yémen. Pourquoi ?
Tout simplement parce que de véritables démocraties dans ces pays en
révolte sont une menace pour l'existence même de ces régimes
autoritaires d'un autre temps.
Ils
veulent par la force et grâce à leurs milliards, éviter la contagion chez eux !
De
qui se moque-t-on de nous présenter ces monarques comme « protecteurs
de révolution démocratique » ?
Ce
n'est donc pas tant le fond des positions de la Tunisie que je conteste
mais le fait qu'elle soit manipulée par le Qatar et se fasse son porte
parole.
Par
ailleurs il faut être clair, cette ingérence du Qatar doit cesser sur la vie
politique intérieure de la
Tunisie aussi.
Les
Tunisiens n'accepteront jamais, eux qui se sont battus pour leur indépendance
et qui ont chassé un tyran, de se voir dicter un mode de vie et une façon
« d'être musulman » d'importation qui n'est pas la leur et qui heurte
leur identité tunisienne.
Si le
pouvoir ne comprend pas cette exigence absolue de son peuple, il n'ira pas loin
: les tunisiens le dégageront comme ils ont dégagé Ben Ali !
Tout récemment encore, le bruit court que le général Rachid Ammar serait mis à la retraite de l'armée et serait nommé ambassadeur auprès de l'émir du Qatar.
N'y aurait-il pas là comme une machination machiavélique de la part de l'émir du Qatar pour écarter un homme aimé des tunisien pour son esprit républicain parce qu’il a refusé de tirer sur le peuple ? Non seulement il l'écarterait du pouvoir mais le tiendrait sous son contrôle chez lui au Qatar. Laissant ainsi le champ libre à Ghannouchi pour le remplacer par un autre qui lui obéira sans se poser de question pour imposer son idéologie islamiste par les armes à un peuple qu'il sent la lui refuser !
J'espère que le général refusera cet éloignement car il a tout à y perdre et notamment son image auprès des Tunisiens pour gagner un éloignement doré auprès du Qatar.
Voilà
donc comment ces pétromonarchies veulent tenter d'étouffer toute velléité de
changement, parmi les peuples qui aspirent à la démocratie.
Il
n'y a que des islamistes naïfs ou dominés par leur ambition personnelle pour
croire que ces monarques autoritaires veulent aider des républiques et les voir
progresser ! Alors que tout ce qu'ils veulent c'est étouffer tout désir de
démocratie et toutes révoltes qui pourraient devenir contagieuse pour leur
propres peuples qui risqueraient à leurs tour de les dégager !
-
puisque Ben Ali est l'hôte du roi Ibn Saoud, prétendu défenseur de l’Islam mais
recueille des voleurs et des assassins ;
- son
gendre Sakher el Matri est l'hôte de l'émir du Qatar, autre prétendu défenseur
de l’Islam !
Qui
peut croire que ces monarques œuvrent pour le bien d’une "oumma
arabomusulmane" que fantasment les rêveurs ? Toutes leurs actions ne
visent que la défense de leurs propres intérêts !!
Intolérable
ingérence.
Le
danger pour la Tunisie
est, malheureusement, d'avoir trois utopistes apprentis sorciers à la tête de
l'état, prêts à sacrifier son indépendance et son identité tunisienne sur
l'autel du panarabisme pour les uns ou du panislamisme pour les autres. Comme
s'ils n'ont pas retenu les leçons de l'Histoire qui a montré l'impasse des ces deux
utopies, puisque :
-
Moncef Marzouki pense pouvoir réaliser le rêve de Nasser : le panarabisme, en
relançant le projet du Grand Maghreb en panne depuis plus de 20 ans. Il veut résoudre la question du Sahara occidental. Il veut intervenir pour aider les palestiniens à résoudre leur problème qui dure depuis plus de 60 ans. Il vient
de recevoir le gendre de Gamel Abdel Nasser : tout un symbole de la
part d'un nostalgique du nassérisme !
-
Hammadi Jebali rêve de réaliser le panislamisme, pour installer son guide
spirituel Ghannouchi, Calife du VI éme Califat comme il l’a claironné au
lendemain des élections !
-
Rached Ghannouchi ne cache plus son ambition de Califat et sa volonté de
soumettre les tunisiens au wahhabisme d'Arabie, qu'un bey husseinide sage avait
rejeté en son temps (vers 1803) en répondant à l'Imam Abdelwahhab, qu'il n'avait
rien à apprendre aux tunisiens, après que les imams de l'université Ezzitouna
l'aient mis en garde contre la dangerosité de cette doctrine obscurantiste
et belliqueuse, inadaptée pour le peuple tunisien.
Est-ce
que les tunisiens laisseront ces rêveurs sacrifier leur révolution, leur
indépendance et leurs acquis pour préserver le trônes de ces monarques ?
Ne voient-ils
pas que pendant ce temps, pendant que l'on s'occupe de
ces chimères géostratégiques, que le pays va à vau-l'eau
?
Tout
cela donne à l'étranger une image déplorable qui va nuire, de toute
évidence, au tourisme et aux investissements et entraîne une division de la
société alors que le pays devrait s'unir pour faire face aux
difficultés; plutôt que de s'occuper de savoir comment on doit être
musulman alors qu'on l'est depuis des siècles !
Aux
tunisiens de reprendre leur destin en main et de défendre bec et ongle les
objectifs de leur révolution qui sont : LIBERTÉ, DIGNITÉ et TRAVAIL.
Ils
n’ont jamais douté de leur foi ni de leur identité et n’ont aucune intention de
changer leur obédience malékite par la wahhabite et d’accepter
le model sociétal "arabomusulman" d'Arabie ou du Golfe et
tout les accoutrements qui vont avec, comme le leur propose Ennahdha !
Les
tunisiens sont fières de leur "tunisianité" et n'ont pas de leçon à
recevoir de qui que ce soit sur leur foi et la manière de la
pratiquer.
Les tunisiens veulent-ils
vraiment servir de faire valoir au Qatar pour lui permettre d'exister ?
Rachid
Barnat
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