lundi 30 décembre 2013

De la liberté en l'an 2013

LA LIBERTÉ EST UNE NOTION LIÉE A L'INDIVIDU !
OR POUR LES ISLAMISTES, LA "OUMMA" (le groupe) PRIME SUR L'INDIVIDU !!
DONC POINT DE LIBERTÉ POSSIBLE AVEC LES ISLAMISTES !!!


De quelle annonce aura été porteuse l’année 2013 que nous sommes sur le point de quitter ? J’y vois deux saillies l’une à l’autre liées émergeant des flots qui ont déferlé sur les pays d’islam les douze derniers mois. Deux saillies qui ont taillé au plus aigu leur pointe et qui appartiennent à la séquence historique que nos peuples sont en train de vivre depuis plus de trente ans. 

L’irruption de la première saillie est due à ce que Hegel appelle «le travail du négatif» à l’œuvre dans les processus historiques par lesquels nations et peuples se transforment. Elle a trait à l’islamisme dont l’effet s’est exacerbé depuis la chute du Shah et l’avènement de Khomeiny en Iran l’an 1979. Il semble que cette séquence est en train de connaître son épuisement. 

Cela est reconnaissable non seulement à travers le rejet des Frères Musulmans par le peuple et en Egypte et en Tunisie, mais aussi par les signes avant-coureurs qui laissent supposer la faillite de ce qui a été érigé en modèle, entendez la Turquie dirigée par les islamistes de l’AKP. Erdogan et ses disciples ont donné l’illusion que l’islam politique peut être démocratique, acceptant le pluralisme, se vouant au service d’un Etat laïc. En plus, ils se sont donnés la réputation d’être incorruptibles. 

Or, l’année 2013 a révélé que les islamistes turcs au pouvoir sont en phase avec l’Etat dont ils ont hérité, du moins dans son double travers autoritaire et corrompu. Plus encore, pour ce qui concerne les mœurs, ils ont confirmé et renforcé le conservatisme vers lequel tend leur société, comme, au reste, toute société de genèse islamique. Lorsque autoritarisme, corruption, conservatisme structurent le pouvoir, comment voulez-vous que celui-ci favorise l’émergence de la liberté ?

Et à travers la question de la liberté je tâte l’irruption de la deuxième saillie en cette année 2013. Une part de la société civile, et surtout la jeunesse, réclame une liberté plus grande et se trouve confrontée à un autoritarisme conservateur et corrompu dont le dessein s’avère liberticide.

Cette menace excède l’islamisme. Jusqu’à nouvel ordre, elle concerne toute forme idéologique par laquelle s’exerce le pouvoir à l’horizon de la croyance islamique. Simplement l’islamisme est encore plus agissant et plus nocif comme agent liberticide. Nos Etats croient s’acquitter de leur tâche en confirmant dans leur conservatisme les sociétés qu’ils gouvernent. Or, des sujets appartenant à ces sociétés ont goûté à la liberté et ils tiennent à ce que ses bienfaits irriguent leur quotidien.

Ainsi, du Maroc à la Turquie, de l’Iran à la Tunisie, en passant par l’Egypte et l’Algérie, la jeunesse revendique avec acuité l’exigence de  liberté. Pour ce faire, dans certains cas, cette jeunesse s’est décidée à toucher aux tabous d’une manière spectaculaire. Du baiser des adolescents jugés à Nador à la dénudation de la Tunisienne Amina et de l’Egyptienne Aïda, de l’appel au pique-nique public à midi en plein ramadan par le Marocain Kacem Al-Ghazali à la déclaration d’athéisme par les deux Mahdawis Ghazi Béji et Jabeur Mejri, ces jeunes, enfants de leur siècle, réclament d’instinct la reconnaissance de l’individu maître de son corps et de sa conscience. Corps et conscience qui, dans la tradition d’islam, sont plus soumis aux normes de la communauté qu’affranchis par le libre-choix de l’individu. Et ce sont surtout les femmes qui, au physique et au moral, souffrent d’une inégalité juridique que les docteurs ont construites à partir de la dissymétrie que comporte la référence scripturaire, laquelle discrimine et hiérarchise en recourant au critère du sexe et du genre. D’où la multiplication des actes provocateurs émanant de jeunes femmes qui défient la communauté en exhibant la souveraineté de l’individu déclinée au féminin.

Ces actes prennent l’allure d’une «performance» dans le sens qu’a acquis le mot dans l’art contemporain. Et ils
s’inscrivent en droite ligne dans l’échappée qui a été tracée au XIXe siècle par John Stuart Mill dans son fameux traité "On Liberty". C’est que, socialement comme politiquement, la majorité doit respecter les opinions et les actes des minorités. Elle a même le devoir de leur aménager les conditions de leur épanouissement.

Cela veut dire que la liberté ne peut être contrainte par des limites destinées à conforter la majorité dans sa tyrannie. Ce n’est pas parce que la société est dans son écrasante majorité croyante qu’il faille cantonner aux frontières du sacré la liberté de dire, de chanter, de déclamer, de penser, de créer. Comme ont tenté de le faire explicitement les islamistes dans leur reformulation de la loi, notamment en Tunisie. La seule limite à la liberté se réduit à l’atteinte qui entame l’intégrité de l’individu dans son corps et dans sa propriété. La puissance publique se doit de me protéger dans ma liberté en empêchant autrui de commettre un mal qui me soit préjudiciable. C’est du moins ainsi que la liberté a été pensée dans le contexte historique de l’émergence démocratique. (Je rappelle que "On Liberty" a été publié en 1859).

Et ce contexte n’est-il pas le nôtre aujourd’hui ? S’il en est ainsi, telle vision de la liberté reste le préalable à l’avènement de la démocratie dans nos contrées. Aussi est-ce par cette épreuve que passent nos sociétés. Pendant l’an 2013, une telle épreuve a été amplifiée par de nouvelles initiatives enregistrées un peu partout. Ces initiatives, venant des marges, ont été prises par des activistes, artistes, cinéastes, chanteurs, poètes, voix libertaires de l’Underground. Elles ont une portée politique et sociétale qui précipite la mutation anthropologique et des mœurs.

La question que nous posons est simple : comment l’autorité de l’Etat peut-elle ne pas abuser de son pouvoir en se confrontant à l’individu libre et aux défis qu’il lance à la communauté ? Cette autorité n’a-t-elle pas le devoir de défendre la liberté de l’individu même lorsque sa manifestation choque la communauté en transgressant ses lois et en malmenant ses tabous ? En tout état de cause, la conception de la loi devra être éclairée par le primat de la liberté ; elle n’a pas à céder face à la puissance de la coutume.

L’année 2013 a ouvert ses théâtres pour que la quête de liberté trouve les acteurs qui l’incarnent et les metteurs en scène qui en déploient la dramaturgie. Un peu partout dans les pays d’islam, de Turquie en Tunisie, les échos de saines provocations résonnent et défient le mur de surdité qui fige nos sociétés conservatrices complaisamment gérées par des gouvernements liberticides et corrompus. 

dimanche 29 décembre 2013

2013, une année pas comme les autres

2013 SE TERMINE COMME ELLE A COMMENCE : Une Tunisie qui s'enfonce dans sa déchéance programmée par le "frère musulman" Ghannouchi !



Nour El Houda Bey


Cette année n'a certainement pas été une année comme les autres, parce qu'en 2013 on en a vu des vertes et des pas mûres!
Décès et assassinats


Bien sûr, on pourrait qualifier 2013 de serial-killer. La treizième année du XXI ème siècle et du troisième millénaire ne s'est pas gênée, elle nous a privé de beaucoup de personnes.

Il y eu tout d'abord la perte de Chokri Belaid, une des plus douloureuse. Chokri Belaid, le martyr de la patrie. Je ne trouve pas les mots pour décrire ce que j'ai ressentie quand j'ai appris la nouvelle. Quelle que soit l'opinion politique qu'on pouvait avoir, on ne peut pas ne pas avoir été secoué par cet assassinat politique; le premier depuis celui de Farhat Hached en Décembre 1952. Et, à chaque fois que j'avais l'impression d'oublier, il me suffisait de faire un tour sur la page du Blog Boukornine pour m'en souvenir, frissonner de chagrin, de douleur, la gorge nouée.


Puis, il y a eu l'assassinat de Mohamed Brahmi, un autre martyr de la patrie, une autre voix de l'opposition que les passionnés de l'obscurité ont fait taire. Cet assassinat a eu lieu, le jour de la fête de la République.

En 2013, on a fini par se demander si on avait encore une République. Ces deux assassinats, nous ont tout de même montré, qu'on avait en Tunisie deux femmes d'exceptions, qui ont mis au monde des enfants d'exceptions: Mesdames, Basma Khalfaoui Belaïd et M'barka Brahmi.
En 2013, les enfants des martyrs nous ont fait comprendre, qu'ils se battront pour les mêmes principes que leurs pères, et que même si nous perdons des batailles face à l'oppression, il ne sera jamais question d'abandonner, de battre en retraite, ou de céder à la terreur. 


En 2013, on a perdu Ahmad Foued Najm: l'icône de la poésie arabe engagée et le critique acerbe des régimes politiques.

En 2013, on a perdu Nelson Mandela. Le continent africain ne se noierait-il pas sans Madiba ? La Terre pourra-t-elle se passer de Madiba ? L'Afrique redonnera-t-elle naissance à un autre Mandela ?
Je te prie Afrique de nous en donner un et de le faire naître en Tunisie. On a besoin d'un défenseur des droits de l'Homme.
L'année de la frustration sexuelle
Et, non, ce ne sera pas Marzouki ni Ghanouchi. Aussi abasourdissant que cela puisse paraître, en 2013, Houcine Jaziri, a osé déclarer: "Rached Ghanouchi est notre Mandela"; ajoutant que "le pouvoir est appétissant, c'est comme une nuit de noces, on a toujours envie de la renouveler".
Oui, oui, 2013 fut l'année de toutes les frustrations sexuelles ! 


2013, c'est l'année d'Amina et des Femens étrangères qui ont manifesté seins nus devant le tribunal de première instance de Tunis.

2013, c'est l'année où un député, le fabuleux Habib Ellouze, a qualifié l'excision de chirurgie esthétique.
2013, c'est l'année de "Sex in the Syrie" plus communément appelé "Djihad Nikah". Et, en fait, je ne sais pas s'il faut blâmer les femmes qui acceptent d'offrir leurs corps à des terroristes, ou réprimander les porteurs du chromosome y ( parce que ce ne sont pas des hommes) qui offrent leurs femmes, leurs filles et leurs sœurs à des jihadistes. Comme il est difficile de savoir lequel des deux est le plus répréhensible, je préfère ne pas m'attarder sur le sujet.
2013, c'est aussi l'année où, après plusieurs décennies à appliquer les dispositions juridiques du Code du Statut Personnel, on s'est remis à parler de polygamie. D'ailleurs pas plus tard que la semaine dernière, Adel Elmi a annoncé la création d'un parti qui prônerait la polygamie et la séparation des sexes. Quand je vous dis que c'est l'année de la frustration sexuelle ...


Politique et économie



Mandela est mort, le pape a démissionné, le régime islamiste égyptien est tombé, Samsung a sorti le Galaxy S4, Apple l'iPhone 5s et 5c, l'iPad mini, l'iPad Air, Rockstar Games le jeu GTA V, Sony la PS 4 et une panoplie de smartphones Xperia, dont ceux qui sont waterproof, la France "combat" le terrorisme au Mali et en Centrafrique et a adopté la loi du mariage homosexuel, tout ça en 2013 .... et en Tunisie, on n'a toujours pas de constitution !



En 2013, il y a eu l'initiative de Hamadi Jbali.

En 2013, Ali laarayedh a été promu : de ministre de l'Intérieur, indubitablement responsable de l'assassinat de Chokri Belaïd, à Premier ministre. 

2013, c'est l'année où Adel Emli a menacé de photographier les tunisiens qui ne jeûneront pas. Ingénieux, l'Adel ! 


2013, c'est l'année "Tamarrod" (rébellion) en Egypte et en Tunisie.

2013, c'est l'année de "Mayden Ettahrir", "Rabiaa Al Adaouia" ainsi que celle du Bardo. Bardo ! Les soirées, les veillées, les slogans, les manifestations, les discours, les ruptures du jeûne ...
C'est aussi en 2013 qu'on a eu deux grèves générales et que le niveau de vie n'a cessé de baisser de manière "exponentielle". Aujourd'hui, le "Kaftaji" est un luxe, et acheter de la viande d'agneau tend à devenir un réel investissement.
En 2013, la valeur du Dinar a dégringolé de manière surréaliste et l'endettement a atteint un seuil inacceptable.
Enfin, quand on dit 2013, il est impossible de ne pas évoquer le "dialogue National". Non, la baliverne nationale. Inutile de revenir sur les interminables péripéties de cette foutaise, qui a duré des mois et des mois. Des semaines, de très longues semaines d'hésitation, de négociations, de suspens. On pensait qu'ils choisiraient entre Jaloul Ayed, Mohamed Ennacer, Ahmed Mestiri, puis, Moustapha Filali ... mais au final "ils éliront"  Mehdi Jomâa à la présidence du gouvernement.
Terrorisme 


2013, c'est l'année de la banalisation du terrorisme en Tunisie. 2013, c'est l'année où des soldats ont été égorgés, où Khaled Tarrouch a eu le culot de dire que les prétendus terroristes du Mont Chaambine ne sont que des personnes pratiquant le sport de plein air; souffrantes de cholestérolémie; l'année où il y a eu plusieurs explosions, arrestations de "terroristes" relâchés le jour même de leur arrestation; et désamorçage de bombes.

En Tunisie, on combat le terrorisme avec le mensonge, en assurant les arrières de ces infidèles au drapeau national.
C'est l'année où on a dévoilé la liste des assassinats à venir contre, entre-autres, Haythem El Mekki, Naoufel Ouarteni, Wided Bouchamaoui, Ferid Beji, Sofiane Ben Farhat, Lina Ben Mhenni et son frère imaginaire, Faouzi Ben Mhenni.
C'est l'année où, le ministère de l'intérieur a décidé de classer "Ansar Al Chariaa" en tant qu'organisation terroriste. Il faut dire que ce n'était pas trop tôt, on savait depuis leur avènement  qu'ils étaient une bande de terroristes. 


Liberté d'expression



2013, c'est l'année où on a l'impression que les avocats sont les personnes qui ont le plus travaillé. Entre l'affaire Sami Fehri, l'affaire Slim Riahi et Ettounsseya TV, l'affaire Taher Ben Hassine, l'affaire Weld El XV, l'affaire Klay BBJ, l'affaire Amina FEMEN et bien d'autres, on n'a cessé de voir les avocats assurer la défense d'artistes, de journalistes, hebdomadairement convoqués par la justice, ils n'ont cessé de défendre la liberté d'expression.

Il faut croire qu'en 2013, le parquet s'est focalisé sur le quatrième pouvoir et les artistes, en ignorant le terrorisme. Révoltant, non ?
Sport 


On s'est fait disqualifier deux fois d'une même coupe du monde; et ce grâce à la transformation des aigles de Carthage en poules mouillées de Carthage ... en ayant recours aux avocats. C'est en émettant des réserves contre le Cap Vert, puis contre le Cameroun qu'on avait espéré partir au Brésil en Juin 2014. La catastrophe de la CAN, de la CHAN, Slim Riahi à la présidence du Club Africain; puis Moncef Marzouki qui inclut l'Espérance Sportive de Tunis dans son Livre Noir ... no comment. Même, le football, qui avait tendance à distraire le peuple, à le faire rêver un peu, a été un horrible échec cette année.

Culture
2013, c'est bien évidemment l'année où la moitié de la planète a ennuyé l'autre moitié par son addiction à Candy Crush. On est passé d'un jeu où il fallait détruire des cochons à coups d'oiseaux tirant la tronche, à un jeu où il faut associer des bonbons pour cumuler des points. 


2013, c'est l'année de Vines. Là encore, une bonne partie des internautes n'ont cessé de partager des vidéos quelques fois pathétiques, ridicules, faussement parodiques, reproduisant, un quotidien qu'on ne peut parodier tant il est caricatural de nature. 


2013, c'est l'année "Harim Essoltan" (Le harem du Sultan). Une grande partie du peuple est devenue ad-dicte au feuilleton turc qui retrace la vie de Soliman le Magnifique et de sa "puissante" épouse Roxelane, l'odalisque ukrénienne. 


2013, c'est l'année où si les hommes ne nous ont pas agacés avec Emily Ratajkowski dans le clip de Blurred Lines, ils se sont mis à espérer trouver l'amour avec Monica Belluci qui est désormais célibataire.

C'est aussi en 2013, que Sonia Ben Toumia 'député nahdhaouie) nous a montré non seulement, qu'elle maîtrise parfaitement la langue française, mais en plus qu'elle est une très grande poétesse. Entre "le grand péple tinisien", "Ana akrahouka ya alam" et j'en passe, elle nous aura bien fait rire ... ou pleurer. 

En 2013, on a vu une démission collective au sein de "Nawaat". Et plusieurs, démissions au sein de Nessma TV dont celles de Hamza Balloumi, Sofiane Ben Farhat, Sofiane Ben Hmida, Zied El Hani et Yassine Redissi, le chroniqueur le plus éphémère de la chaîne à qui on a interdit de parler de la libération de Sami Fehri. 


En 2013, Abdelaziz Belkhodja et Tarek Cheikhrouhou ont publié "le 14 Janvier l'enquête", reconnu par l'Institut National de Recherche Historique comme étant un modèle pour tout les historiens. Un livre qui éclaire sur ce qui s'est passé le vendredi 14 Janvier 2011.

Taoufik Ben Brik a publié "Kalb ibn kalb" (chien, fils de chien), un livre en dialecte Tunisien, un conte où Taoufik Ben Brik décrit un Tunis à sa manière, le Tunis de TBB.
Parallèlement à cela, Monsieur le Président, Moncef Marzouki a publié non pas un, mais deux bouquins: "l'invention d'une démocratie" et "le livre noir". Oui, c'est en 2013, que le monde a vu un président écrire des livres, alors que son pays est menacé par le terrorisme. 


Un peu plus de culture, en 2013 : il y a eu la nouvelle version de "Klem Ellil" avec "Klem Ellil Zéro Virgule". Une pièce à voir, et à revoir !

En 2013, il y a eu la seizième édition des Journées Théâtrales de Carthage (JTC) avec, comme à l'accoutumé, des problèmes d'organisation.
En 2013, un acteur, Nesreddine Shili, a été emprisonné parce qu'il a lancé un œuf sur le ministre de la culture.
Allez, une bonne nouvelle, la palme d'or de 2013, à Cannes, a été remportée par un Tunisien, Abdellatif Kechiche avec "La vie d'Adèle". Mais en 2013 ce film ne sera pas distribué en Tunisie car il risquerait de déclencher une polémique sans fin. 


2013, c'est aussi l'année de Houmani, une chanson réaliste, voire créative, qui a fait qu'on utilise, désormais, fréquemment les expressions : "zebla fi poubéla", "rak mastaaaa", etc.

2013, c'est l'année où Bendirman a écrit la merveilleuse chanson "Ghneya lik" dont le texte a donné les larmes aux yeux de beaucoup de personnes.
C'est l'année, de la chanson "Bouliceya Kleb" (les policiers sont des chiens), de Weld El XV dont le contenu reste un large sujet de débat pas vraiment clos.
C'est l'année de la chanson "Chatha" (danse) de Hassen Doss qui, elle aussi, a fait le buzz par son texte autant que par le clip.
Et, dans tout ce beau monde, on ne peut pas oublier de citer Amel Mathlouthi et sa chanson "Maqatlou Had Chokri" (Personne n'a tué Chokri Belaid) ainsi que la perle musicale "Kattoussi" (mon chat) de Manel Amara.
Bilan 


En 2013, la révolution fête son troisième anniversaire avec un lourd bilan humain dû au terrorisme, une situation économique pas vraiment enviable, un profond clivage qui traverse la population, une corruption endémique qui touche toutes les institutions de l'Etat, une situation de la femme tunisienne sans cesse remise en question, un taux de chômage affreux, un pouvoir d'achat vertigineusement bas, et un prisonnier d'opinion qu'on ne doit pas oublier : Jabeur Mejri.



Alors, elle n'est pas superbe cette année 2013 ?

vendredi 27 décembre 2013

Pourquoi la civilisation dite arabo musulmane n'en est pas une ?

S’il y a un pays qui a véritablement régné en maître sur le monde de -220  jusqu’au 18 ème siècle et la Révolution industrielle en Angleterre, c’est bien la Chine avec le niveau de vie le plus élevé de la planète. Premier pays de l’histoire à avoir introduit le papier monnaie. Ni la Perse, ni Byzance, ni Rome, ni l’Empire Ottoman contemporains à la Chine ne pouvaient rivaliser avec elle et lui faire de l’ombre.

Ce petit rappel est destiné à tous les chantres de la civilisation arabo-musulmane qui prétendent que l’occident lui est redevable de tout surtout de sa Renaissance alors qu’elle n’était même pas capable de féconder la civilisation anté-islamique sur ses terres d’Arabie et dont l’expansion s’était faite sur la destruction de la vie humaine et des cultures des peuples conquis lors des razzias dont les plus célèbres sont celles des Béni Hilal

On mythifie toujours ce qui n’existe pas ! 

A les entendre dans leurs délires psychédéliques, elle serait à l’origine de toutes les découvertes et innovations scientifiques, techniques, médicales, etc ... voire catalyseur de la démocratie en Occident alors que le mot lui-même n’existait pas dans la langue arabe où il aurait fait son apparition seulement au début du XX e siècle. Alors qu'elle n’était qu’une courroie de transmission grâce aux savants perses et mauresques (jugés comme hérétiques, soit dit en passant) et grâce aux traductions des prêtres syriaques du savoir philosophique grec; ignorant au passage Rome, Byzance et l’Egypte !

Elle aurait servi de catalyseur à la Renaissance, au siècle des Lumières et à la révolution industrielle enclenchée en Angleterre qui porteraient ainsi le sceau de la civilisation arabo-musulmane peu connue pourtant pour son génie créatif et industriel, elle qui a raté toutes les grandes révolutions des sciences et des techniques.

On dit même que sans elle, l’Occident n’aurait jamais découvert la civilisation grecque et la pensée hellénique dont la civilisation arabo-musulmane serait la continuatrice, voire la digne héritière. Une civilisation  avec un idéal politique qui la rapprocherait du monde de la jungle, aux mœurs attentatoires à la dignité humaine, qui voue une haine dogmatique à la femme, et négatrice de la vie humaine et des libertés, ne peut être qu’une caricature insultante à la civilisation grecque.

Personne ne saurait nier son apport que l’on doit à quelques hommes qui furent persécutés et réprimés et dont les œuvres furent brûlées et détruites, que l’Occident avait sorti de l’oubli, ni son rôle de transmetteur ! Mais en aucun cas novateur.

Mais nul ne peut ignorer ce qu’elle-même doit à la Grèce grâce la proximité culturelle, intellectuelle, humaine et religieuse entre la Grèce hellénique et la Syrie que les arabes de la Péninsule arabique s’acharnent aujourd’hui à faire rayer de la carte, comme naguère leurs aïeux déferlant sauvagement sur l’Egypte, la Perse et l’Ifriqiya, n'ont laissé derrière eux que ruine et désolation.

N’est-ce pas curieux que les arabo-musulmans n’ont pas été capables d’assimiler eux-mêmes le savoir grec, alors qu’ils l’auraient transmis à l’Occident chrétien ? De quel héritage grec s’agit-il ? Celui de la philosophie jugée contraire à la pensée islamique et dont l’enseignement est toujours interdit dans la majorité des pays musulmans ou leur goût prononcé pour les livres comme ceux de la grande bibliothèque d’Alexandrie que plutôt que de faire une œuvre salutaire pour l’humanité en les conservant, ont préféré les réduire en cendres privant l’humanité d’un trésor inestimable ?

A entendre les laudateurs béats de l’arabo-islamisme, cauchemar des peuples d'hier comme ceux d'aujourd’hui, sans la civilisation arabo musulmane le monde serait toujours dans l’ère des ténèbres de laquelle elle n’est bizarrement toujours pas sortie depuis le IX éme siècle; c'est à dire depuis la main mise de l’Ecole "Achaârite" sur la théologie musulmane et la défaite des "Muta'zilites", adeptes du libre-arbitre et du rationalisme.

On devrait l'appeler plutôt, et à juste titre, la "civilisation musulmane des populations arabisées", étant elle-même le fruit d’influences extérieures, origine directe de son décollage civilisationnel commencé au VIII éme siècle sous le règne des Abbassides dont la plus connue est la source grecque considérée comme la deuxième source de la pensée musulmane fruit des travaux de  traduction, d’enrichissement et de vulgarisation menés par les traducteurs syriens arabisants appartenant à l’Eglise Syriaque, subventionnés par des mécènes éclairés ainsi que par les Califes Abbassides.

Le célèbre Haroun al Rachid édifia la bibliothèque "khizanat al hikma" destinée au recueil des savoirs helléniques.  Sans les Syriaques, notamment ceux de l’Ecole de théologie d’Edesse, de Bassorah connue sous le nom de l'Ecole des Perses, jamais la civilisation naissante n’aurait pu accéder à la science médicale, à la théologie d’inspiration aristotélicienne ni à la pensée philosophique dont les principales figures de proue furent Avicenne et Averroés dont les théories sur le rationalisme de la pensée étaient farouchement combattues et condamnées pour hérésie par l’orthodoxie musulmane qui dénie à l’homme toute faculté de raisonner et de penser par lui-même, seul Allah ayant le pouvoir de le faire.

Est-ce un hasard si le processus du déclin de la "civilisation musulmane arabisante" coïncide avec la disparition d’Averroès ( 1126 - 1198 ), grand commentateur d’Aristote, qui voulait concilier la philosophie spéculative, celle de la raison, avec la loi divine ? Cet épisode de controverse théologique entre les partisans de l’orthodoxie musulmane pure et dure et ceux qui voudraient appréhender la théologie musulmane avec les outils de la rationalité philosophique et moderniste, n’est pas dénuée d'intérêt pour ceux qui voudraient comprendre l’incapacité de l’islam à se projeter dans l’avenir et son immobilisme intellectuel.

Paradoxalement, l’homme qui a irrigué réellement l’Occident de son savoir façonné par l’hellénisme aristotélicien, n’était pas exempt de tout reproche quant à ses idées qui étaient loin d’être empreintes d’un esprit aussi ouvert et universaliste, comme on se plait à le décrire. En tant que juriste, il était un farouche partisan de la censure et du "jihad", la guerre sainte contre les chrétiens, qu’il prêchait à la grande mosquée de Cordoue. Malgré son engagement idéologique qui n’avait pas de quoi heurter les dogmes de l’islam, n’ayant jamais nié la suprématie du Coran sur la raison; ceci ne lui avait pas évité l’interdiction de ses doctrines, la destruction de ses livres, ni sa condamnation en 1195 et son bannissement par le Calife Al-Mansur à Lucène, lieu d’exil des juifs, qui était pour lui une humiliation incommensurable.
Il n’était certainement pas assez orthodoxe aux yeux des représentants de l’orthodoxie sunnite, sinon il aurait fini crucifié s'il s'en était trop écarté. Il n’en demeure pas moins que son apport pluridisciplinaire est aussi immense que varié : la rhétorique, la médecine, les mathématiques, l’astronomie, la philosophie, la physique et le monde animal.

Ceux-là mêmes qui vantent les mérites de l’apogée de la "civilisation musulmane arabisante" et qui font de sa renaissance un véritable dogme religieux, sont les mêmes qui avaient diabolisé et appelé à la mort d’Avicenne (980-1037), d'Averroès, d'al-Farabî (872-950), de Sohravardi (1155-1191) et tant d’autres qui s’étaient, malgré l’obscurantisme dogmatique et la face sombre de certains d’entre eux, illustrés dans leur rôle de contributeur au savoir occidental médiéval .... bien qu'ayant tous la particularité de ne pas être natifs d’Arabie ! Les plus brillants parmi eux étaient perses et chiites. 

Ce qui démontre combien ce qu’on appelle abusivement "civilisation arabo-musulmane" du seul fait de la langue arabe, était redevable au background civilisationnel grec. 
Si la Perse n’était pas islamisée, est-ce que la civilisation arabo-musulmane aurait existé ? Puisque les arabes avaient détruit une partie de ses monuments et jetés dans l’eau ses livres ?
Ne sont-ils pas les dignes héritiers de ceux qui avaient réduit en cendres toute la partie méridionale de l’Ifriqiya au XI éme siècle et avaient incendié en 642 la plus grande Bibliothèque de l’Antiquité fondée au II éme siècle avant J.C. qui portait l’empreinte d’Aristote après avoir vandalisé et mis à feu et à sang la ville d’Alexandrie pour la purifier du paganisme ? Ou plutôt pour tuer le savoir et l’intelligence, comme tout conquérant impérialiste, totalitaire et raciste qu’ils sont.
Savaient-ils que 700 000 livres rares étaient partis en fumée à cause d’Amr ibn al As sur Ordre du 2 éme Calife de l’islam, Omar ibn al Khattab, beau-père et compagnon du prophète ?
Et comme le relate judicieusement ibn Khaldoun (1332-1406) dans Prolégomènes, 3 éme édition pp.89, 90 et 125 : « Que sont devenues les sciences des Perses dont les écrits, à l’époque de la conquête, furent anéantis par ordre d’Omar ? Où sont les sciences des Chaldéens, des Assyriens, des habitants de Babylone ? […] Où sont les sciences qui, plus anciennement, ont régné chez les Coptes ? Il est une seule nation, celle des Grecs, dont nous possédons exclusivement les productions scientifiques, et cela grâce aux soins que prit El-Ma'moun de faire traduire ces ouvrages.
[…] Les musulmans, lors de la conquête de la Perse, trouvèrent dans ce pays, une quantité innombrable de livres et de recueils scientifiques et [leur général] Saad ibn Abi Oueccas demanda par écrit au Calife Omar ibn al-Khattab s’il lui serait permis de les distribuer aux vrais croyants avec le reste du butin. Omar lui répondit en ces termes : "Jette-les à l’eau ! S’ils renferment ce qui peut guider vers la vérité, nous tenons de Dieu ce qui nous y guide encore mieux ; s’ils renferment des tromperies, nous en serons débarrassés, grâce à Dieu !". En conséquence de cet ordre, on jeta les livres à l’eau et dans le feu, et dès lors les sciences des Perses disparurent. »

Une civilisation qui ne reconnait que le Coran comme seule source de savoir et de connaissance universel pour tous les hommes et qui exhorte ses fidèles à détruire la mémoire des peuples conquis au nom de la suprématie de son enseignement sur tous les autres, est-elle véritablement une civilisation alors; que ses attributs majeurs semblent être l’inertie, le refus du progrès, la barbarie et la sauvagerie ?

Une civilisation où prédomine le religieux aux dépens du civil, a-t-elle les caractéristiques d’une civilisation digne de ce nom ? Comment peut-elle se prévaloir de l’héritage grec tout en niant aux hommes le droit à la citoyenneté ?

Difficile dans ce contexte de croire que l’islam, qui veut figer les hommes dans le marbre de l’ignorance et le rejet dogmatique du changement, réponde à la définition de Victor Riqueti de Mirabeau, le père de Honoré Gabriel de Mirabeau que "la religion est le premier ressort de la civilisation".
Une civilisation qui nie les principes d’évolution humaine et qui prône comme seul changement le retour aux sources, jetant l’opprobre sur les apports extérieurs; n’en est pas une .  
Son âge d’or ressemblerait plus à l’âge d’or ... du monde des ténèbres !



jeudi 26 décembre 2013

Islamisme : Comment l’Occident creuse sa tombe

Essayiste algérien et journaliste,
ex professeur de philosophie à l’Université d’Alger.  
pensée unique
Après avoir publié, voici un an, un petit livre remarquable et remarqué, « L’islam­isme, vrai visage de l’islam », Hamid Zanaz a publié un nouveau livre, qui est le recueil d’une série d’entretiens réalisés avec divers spécialistes de l’islam en Europe.
Le titre est très explicite, très exact, et, hélas, très pertinent dans l’ère où nous sommes présentement : « Islamisme. Comment l’Occident creuse sa tombe ».
Dans une introduction concise et claire, Hamid Zanaz dresse un certain nombre de constats que chacun devrait dresser, mais que, face à l’intimidation médiatique, nul ou presque, désormais, n’ose mettre par écrit, ni même énoncer, de peur de subir anathèmes et exclusions.
Oui, note-t-il, les lieux de culte musulmans se multiplient en Europe et en France, et,
Non, le discours qui s’y tient n’est pas toujours très compatible avec la démocratie, les droits de l’être humain, la moindre laïcité ou la moindre tolérance.

Oui, les grands médias se taisent et se courbent dans la direction indiquée, les dirigeants politiques aussi, et même l’Égli­se catholique, qui adopte peu à peu la position du dhimmi, mécréant en terre d’islam.
Et non, ce n’est pas du tout raciste de critiquer l’islam et de dire sa dangerosité.

Oui, le discours « antiraciste » devient une arme au service d’autres causes que la lutte contre le racisme.
Et non, l’assimilation ne se fait pas.

Dans les pays où des sondages de ce genre peuvent être réalisés, il apparaît clairement que le nombre de musulmans qui se considèrent davantage membres du pays d’Europe dont ils sont citoyens que membres de la oumma (communauté des croyants) est faible.
Le nombre de musulmans qui se considèrent essentiellement comme membres de la oumma, représente une majorité écrasante.
Il s’opère, qui plus est, un retour des jeunes gens vers l’islam, qu’on ne peut que constater quotidiennement, outre les mosquées, par la prolifération des voiles et des barbes accompagnées de tenues salafistes.
Hamid Zanaz voit dans ce retour une « bombe à retardement… qui éclatera au visage de… ceux qui ont abandonné des quartiers entiers aux radicaux islamiques ».
Il souligne le décalage profond entre des opinions publiques, très majoritairement inquiètes de ce qui se passe, et l’aveuglement imposé qui fait peser une chape de plomb.
Les entretiens qui suivent l’introduction sont autant de témoignages qui, parfois, glacent le sang. Ceux-ci portent, précisément, sur la réislamisation des banlieues, sur l’oppression que subissent chaque jour davantage les femmes et les jeunes filles soumises à la loi islamique, sur la violence qui monte en Europe, sur la liberté de parole et l’accès à la connaissance, qui reculent.
Pour ceux qui penseraient que les entretiens penchent à droite, et à droite seulement, je dirai qu’Hamid Zanaz me semble être un homme de gauche, attaché à des valeurs qui lui paraissent très menacées. On trouve d’ailleurs parmi les gens avec qui il s’entretient des gens de toutes couleurs politiques et qui sont, simplement, lucides.
Les titres des entretiens sont sans ambiguïté : « La détestation de nos sociétés par les islamistes va jusqu’au crime », « Il faut une surveillance accrue des mosquées en Occident », « Les problèmes juridiques posés par la progression de l’islam »…
Les propos tenus par les personnes avec qui les entretiens ont été réalisés sont, eux aussi, sans ambiguïté. Les personnes en question sont parfois nées musulmanes, comme c’est le cas d’Hamid Zanaz lui-même – ce qui rend leurs propos d’autant plus courageux. Je citerai, entre autres, Djemila Benhabib, Mohamed Moksidi, écrivain d’origine marocaine réfugié en Suisse, Sami Aldeeb Abu-Salieh, qui vit en Suisse, lui aussi, et Wafa Sultan, Américaine d’origine syrienne. D’autres personnes n’ont jamais été musulmanes, et mènent un travail opiniâtre de vigilance, tels Aldo Michel Mungo en Belgique. Dois-je l’ajouter ? C’est un livre indispensable. 

dimanche 22 décembre 2013

vendredi 20 décembre 2013

Jumelage des mosquées ou jumelage des écoles et des universités ?

Quand l'abrutissement des élèves est érigé en programme d'enseignement islamiste par les frères musulmans !








« La pensée ne doit jamais se soumettre ni à un dogme,  ni à un parti, ni à une idée préconçue, ni quoi que ce soit,  si ce n’est aux faits eux-mêmes, parce que, pour elle, se soumettre, ce serait cesser d’être. »

Pensée du mathématicien Henri Poincaré (1854- 1912) inscrite au fronton de l’Université Libre de Bruxelles (ULB).

Un projet de loi inscrit sur les tablettes de l’ANC se propose de donner à la mosquée de nouvelles missions et des prérogatives fort étendues couvrant pratiquement tous les domaines de la vie en société. Outre l’obligation faite à tout projet de construction de prévoir une mosquée (article 7), celle-ci, en vertu de l’article 18 de ce projet, a un rôle à jouer dans « la vie de la société » et des fonctions spirituelles, éducatives, scientifiques, culturelles et sociales à remplir.  Le lieu de culte doit aussi assurer des cours de rattrapage pour les deux sexes, proposer des cours d’alphabétisation ainsi que des leçons de morale et d’éducation religieuse pour le public (art. 20). Il doit aussi assurer des cours de formation religieuse, remplir le rôle dévolu à la police des mœurs saoudienne (« ordonner ce qui convient et interdire ce qui est à blâmer »), veiller à l’application de la charia dans tous les domaines de la vie, lutter contre « les maux sociaux, préserver l’unité religieuse de la nation et la protéger du mal de la différence et du désaccord ». L’article 23 confie même à la mosquée la formation sanitaire, la publicité des mariages et la circoncision. Elle doit aussi réserver des activités spécifiques aux femmes. Enfin l’article 28 permet le jumelage entre mosquées - même avec celles de l’étranger - afin «d’unifier leur façon d’affronter les déviations religieuses, culturelles et sociales.»

Le centre de la vie sociale - de la vie tout court - devient donc la mosquée. Tout tourne autour d’elle comme les astres tournent autour du soleil. Elle devient l’alpha et l’oméga de la vie en société. En un mot comme en cent, la mosquée cristallise  de fait tous les attributs de l’Etat. 

Adieu au caractère civil de la société? Adieu au modèle traditionnel de notre société tunisienne équilibrée ? 

Une école pour tous, la réussite pour chacun
Retient particulièrement notre attention ici le rôle éducatif de la mosquée : cours de rattrapage, éducation sanitaire, alphabétisation face à ce qui se passe aujourd’hui dans nos écoles et nos facultés. Il s’agit de savoir si c’est ainsi, par la mosquée, que nous allons surmonter les handicaps actuels et rejoindre les Etats émergents comme l’Inde,  le Brésil ou la Chine - dont la sonde « Lapin de jade » s’est posée sur la lune le 14 décembre 2013 ? Assurer notre sécurité alimentaire ? Produire nos médicaments ? Diminuer notre dépendance vis-à-vis des importations? Protéger notre environnement et procurer de l’eau potable à tous les Tunisiens ? Dénicher des emplois pour les diplômés chômeurs ? Former des citoyens responsables et engagés pour la Tunisie et le bien commun ? 

Ce n’est pas la mosquée qui permettra d’atteindre ces buts  dont nous avons un si pressant besoin. Pour notre dignité d’abord et pour notre indépendance nationale ensuite. 

Intéressant un total de 65 pays, la dernière enquête PISA (Program for International Student Assessment ou Programme international pour l’évaluation des acquis des élèves de 15 ans), faite par l’OCDE (Organisation pour la coopération et le développement économiques qui compte 34 membres occidentaux dont le Japon plus le Chili et Israël) portant sur l’année 2012  nous donne une réponse catégorique : NON ! 

Avec ou sans mosquée, aucun pays musulman ne figure, malheureusement - s’agissant des performances des élèves de 15 ans en mathématiques, en compréhension de l’écrit et en sciences - parmi les meilleurs. 
Pourquoi ce test international standardisé ? Parce que, répondent les enquêteurs, aujourd’hui, tout adulte, quelle que soit sa profession, « a besoin d’un certain niveau de compétence en mathématiques - ainsi qu’en compréhension de l’écrit et en sciences pour s’épanouir… et participer pleinement à la vie de la société… [tout citoyen ] constructif, engagé et réfléchi [doit pouvoir] poser des jugements et prendre des décisions en toute connaissance de cause. »

Dans certains pays, les conclusions de l’enquête PISA ont donné lieu à un questionnement du gouvernement au Parlement, comme en France et ailleurs la presse en a copieusement traité comme aux Etats Unis où le New York Times s’est étonné du mauvais classement des Américains en mathématiques et de leurs piètres performances en compréhension de l’écrit et en sciences dans plusieurs articles. L’éditorialiste du quotidien newyorkais (07 décembre 2013) déplore que « des millions d’étudiants américains délaissent les math, la science et l’engineering tout en achetant smartphones et tablettes sans vouloir pourtant acquérir les connaissances qui permettent de produire ces appareils ».  

En Tunisie, notre gouvernement, l’ANC, notre Président, ont apparemment des  préoccupations plus urgentes et les bien mauvais résultats de nos jeunes les laissent de marbre … trop occupés peut être par le retour des " habous " (fondations) ou la question des" jawaris" (esclaves sexuelles) et des quatre épouses (voir l’article de M. Gmati, la Presse de Tunisie du 08 décembre 2013) ou la condamnation de jeunes rappeurs. Du reste, ont-ils eu connaissance de l’enquête PISA ? Car nul écho de Son Excellence Moncef Ben Salem, mathématicien de son état, ni de Son Excellence le docteur en sociologie Labiadh, le ministre de l’éducation. Pourtant, en dix ans d’existence, ce Programme International de l’OCDE pour le suivi des élèves (PISA) est devenu « la référence mondiale dans le domaine de l’évaluation de la qualité, de l’équité et de l’efficience des systèmes d’éducation » écrit Angel Gurría, Secrétaire Général de l’OCDE. L’enquête montre que « parmi les pays qui ont participé à toutes les évaluations PISA depuis 2003, la performance en mathématiques a augmenté de plus de 25 points par an au Brésil, en Italie, au Mexique, en Pologne, au Portugal, en Tunisie et en Turquie. » Cette constatation positive concernant notre pays doit cependant être tempérée : notre score en mathématiques n’est que de 388 alors que celui de la Chine - sur la plus haute marche du podium -  est de 613 et que la moyenne, pour les pays de l’OCDE, se situe à 494. Nous avons encore donc du chemin à faire malgré nos lycées-pilotes et la ribambelle de cours particuliers payants - qui saignent le budget des familles et contribuent au mal-être ambiant - que nous infligeons à nos jeunes. Tout aussi déprimant : l’enquête PISA révèle qu’en mathématiques 67,7% de nos élèves sont classés comme « peu performants » et qu’un très chétif pourcentage de 0,8% de jeunes Tunisiens se hissent au niveau « très performant » alors que la Chine  en compte 55,4%, la Suisse 21,4% et Israël 9,4%. 

Quelle mosquée, quel kouttab, quel miracle pourrait nous permettre de rejoindre par exemple la Corée (score de 554) ou le minuscule Lichtenstein (score de 535) ? Seuls la Jordanie, la Colombie, le Qatar, l’Indonésie et le Pérou font plus mal que nous. Et ce n’est certainement pas l’augmentation de 29% du budget de 23 milliards du Ministère des Affaires religieuses de M. Khademi (Le Maghreb du 30 novembre 2013) qui contribuera à faire de nos jeunes de bons élèves en mathématiques, en compréhension de l‘écrit et en sciences ! 

Pour ce qui est de « la compréhension de l’écrit », notre score PISA pour 2012 est de 404  alors que celui de la  Chine est de 570  et celui des pays de l’OCDE est de 496. C’est là une bien grave lacune de nos élèves de 15 ans, incapables de comprendre ce qu’ils lisent ! Avec un tel score, il sera très difficile de comprendre Ibn Taymiyya ou Mohamed Ibn Abdelwahab dans nos mosquées. Pour ne rien dire de Karl Marx ou de Jules Verne ! 
En culture scientifique, si la Chine arrache un score de 580, la petite Slovénie 514, le Vietnam 506 et la France 499, l’enquête PISA nous gratifie d’un score de 398. Les Jordaniens et les Colombiens avec des scores de 409 et 399 respectivement font un peu mieux que nous. 

Ces piètres résultats devraient nous conduire à mettre à l’ordre du jour les programmes, les manuels,  la formation des maîtres – notamment en mathématiques - et faire en sorte que, très tôt, vers 4-6 ans, nos enfants soient familiarisés avec les chiffres, les rapports entre eux et le fait qu’un nombre représente une  quantité. Notre but est clair si nous voulons une Tunisie qui s’inscrive dans son temps et vise à rattraper ses retards: Une école pour tous, la réussite pour chacun. Ce qui est bien loin, on l’admettra, des intentions de ceux qui menacent les institutrices d’une école de Midoun (Jerba) coupables à leurs yeux de ne pas couvrir leurs cheveux ! « L’éducation est une arme puissante pour faire évoluer les mentalités et transcender les différences.» disait Nelson Mandela !
Bien sûr et pour conclure sur l’enquête PISA, il faut relativiser certaines hautes performances car, écrit l’étudiante Isabelle Feng dans Le Monde (13 décembre 2013, p. 21) : « Le nouvel homme fort de la Chine, Xi Jinping, avait envoyé sa fille unique faire des études à l’université Harvard aux Etats Unis, un pays encore moins bien classé par Pisa et même devancé par la France ! La rumeur a circulé parmi les internautes chinois que, malgré les appels de ses parents, Melle Xi refuse de retourner étudier dans une université en Chine.»

A l’Université, rien ne va plus !
Rien ne va plus à l’Université et la motion des Présidents d’Université le dit nettement : refus des décisions démagogiques et électoralistes du ministre de tutelle. Ils déplorent en outre la centralisation à outrance et le manque d’intérêt des autorités pour les travaux des commissions consultatives nationales travaillant sur la réforme de l’Université. Soulignant la situation fort délicate que traverse notre pays, ces responsables universitaires demandent au ministre de s’entourer des avis des professionnels et de cesser de faire la pluie et le beau temps à partir de son bureau,  entouré de son seul staff. 

Mais, le gouvernement, tel un prestidigitateur sortant des lapins de son chapeau, nous a annoncé  la création de nouvelles facultés de médecine, de chirurgie dentaire, de pharmacie… De l’avis de tous les spécialistes, il s’agit là d’une décision inappropriée, populiste et de basse politique… qui a provoqué moult manifestations et colère à Gabès, à Sidi Bouzid et à Gafsa aiguisant ainsi les revendications purement régionalistes. Pourtant, il n’y a pas si longtemps, un membre de l’actuelle équipe gouvernementale, le Pr d’orthopédie Khalil Zaouia, déclarait « le chômage des médecins, quel gâchis » (Attariq al Jadid, 18-24avril 2009, p. 2).  Comprenne qui pourra… d’autant qu’outre le Dr Khalil Zaouia, ni le Dr Moncef Marzouki ni le Dr Mustapha Ben Jaâfar n’ont consenti à éclairer le  pays sur cette affaire. 

D’autre part, le 4 décembre, les enseignants se sont mis à nouveau en grève dans les institutions universitaires tunisiennes face à la politique de gribouille menée par M. Moncef Ben Salem (appuyée par ses collègues de l’agriculture et de la santé) et le fait que son ministère ne tient pas ses engagements vis-à-vis des enseignants. Iskander Hachicha, un responsable syndical,  affirme : « Les décisions autocratiques, sans concertation avec les enseignants, nous poussent à la grève.» (Le Maghreb, 01 décembre 2013, p. 9). Son Excellence Ben Salem ne semble pas avoir assimilé les leçons de la Révolution qui l’a  pourtant installé  sur ce fauteuil ministériel puisqu’il continue à se comporter comme ses prédécesseurs du temps de Ben Ali (Cf Hassine Boujara, Le Maghreb, 4 décembre 2013, p. 11). Très révélateur à cet égard est le traitement (« punition » affirme l’intéressé) réservé à un brillant enseignant qui a eu le tort - aux yeux de l’actuel ministre et son staff - de faire partie du cabinet de M. Ahmed Brahim (Cf Attariq al Jadid, 30 novembre- 6 décembre 2013, p. 13).

Est-ce ainsi que l’on fera avancer la recherche et l’enseignement supérieur dans ce pays ? Avec des grèves à répétition ? A coup de vendetta et de chasse aux sorcières ?  Comme au bon vieux temps où sans carte du RCD rien n’était possible ?

Ailleurs, l’enseignement supérieur et la recherche scientifique mobilisent au sommet même de l’Etat. C’est ainsi que la prestigieuse revue scientifique Nature - qui paraît tous les jeudis depuis 1868 - nous apprend, dans sa livraison du 19 septembre 2013 (page 293-294), que l’Union Européenne alloue d’importantes sommes aux chercheurs israéliens et leur donne libre accès aux laboratoires des pays membres et à leur communauté scientifique dans le cadre de son programme Horizon 2020. Ce dernier est doté de 80 milliards d’euros et durera sept ans à partir de  2014.  Depuis 1996, Israël  est associé aux programmes de recherche de l’Union Européenne - bien que ne faisant évidemment pas partie de l’Union - énorme privilège dont jouissent seulement la Suisse et la Norvège. Ayant placé 34 millions d’euros pour faire partie du très sélect club de la recherche européenne, Israël en a récolté 634 millions pour ses programmes de recherche et près de 1600 chercheurs israéliens en sciences fondamentales ont profité de cette manne européenne. Seule la Suisse en a eu plus. Or, cette année, il y a eu un grain de sable dans la machine. Les ministres des Affaires Européens ont décidé que « tous les accords entre l’Etat d’Israël et l’Union Européenne doivent sans équivoque et explicitement indiquer qu’ils sont inapplicables aux territoires occupés par Israël en 1967. » Ainsi, la société de cosmétiques Ahava, installée sur les bords de la Mer Morte en Cisjordanie à Mitzpe Shalem, ne devrait pas bénéficier de crédits de recherche européens. Fureur du gouvernement Netanyahou qui, le 14 juillet dernier, a accusé l’UE de le pousser à renoncer à sa souveraineté sur ces territoires et qu’en conséquence, il ne signera pas le programme Horizon 2020. Mais les chercheurs israéliens sont montés au créneau car, affirme Benny Geiger, biologiste à l’Institut Weizmann des Sciences à Rehovot, il s’agit là « d’un coup très rude, à bien des égards ». Ruth Arnon, Présidente de l’Académie des Sciences et des Humanités de Jérusalem, se fendit d’une lettre au Premier Ministre. Résultat : une semaine avant la date limite et avec quelques entourloupes diplomatiques, les Israéliens ont dû signer début décembre. Le Prix Nobel de chimie israélien Dan Shechtman a dû baisser pavillon : « Dans les conditions actuelles, cela vaut la peine de signer cet accord. A l’avenir, nous essaierons d’avoir des conditions plus en conformité avec la position du gouvernement israélien… Nous faisons partie de la communauté [scientifique] européenne et nous avons des relations avec tous les scientifiques des pays européens. De plus, il y a un aspect économique. Israël investit un milliard d’euros et reçoit un milliard et demi [en bourses de recherche, équipement, voyages d’étude, échanges..]. N’importe quel homme d’affaires auquel on offrirait ce marché sauterait immédiatement dessus.»

Aucun jumelage de mosquée ne nous permettra d’atteindre le club des scientifiques de haut vol. Le travail et le sérieux de nos scientifiques et le jumelage avec d’autres institutions scolaires et universitaires en sont capables, si le gouvernement et les forces vives de la Nation y mettent le prix, en sentent la nécessite et en réalisent  l’importance.