dimanche 29 décembre 2013

2013, une année pas comme les autres

2013 SE TERMINE COMME ELLE A COMMENCE : Une Tunisie qui s'enfonce dans sa déchéance programmée par le "frère musulman" Ghannouchi !



Nour El Houda Bey


Cette année n'a certainement pas été une année comme les autres, parce qu'en 2013 on en a vu des vertes et des pas mûres!
Décès et assassinats


Bien sûr, on pourrait qualifier 2013 de serial-killer. La treizième année du XXI ème siècle et du troisième millénaire ne s'est pas gênée, elle nous a privé de beaucoup de personnes.

Il y eu tout d'abord la perte de Chokri Belaid, une des plus douloureuse. Chokri Belaid, le martyr de la patrie. Je ne trouve pas les mots pour décrire ce que j'ai ressentie quand j'ai appris la nouvelle. Quelle que soit l'opinion politique qu'on pouvait avoir, on ne peut pas ne pas avoir été secoué par cet assassinat politique; le premier depuis celui de Farhat Hached en Décembre 1952. Et, à chaque fois que j'avais l'impression d'oublier, il me suffisait de faire un tour sur la page du Blog Boukornine pour m'en souvenir, frissonner de chagrin, de douleur, la gorge nouée.


Puis, il y a eu l'assassinat de Mohamed Brahmi, un autre martyr de la patrie, une autre voix de l'opposition que les passionnés de l'obscurité ont fait taire. Cet assassinat a eu lieu, le jour de la fête de la République.

En 2013, on a fini par se demander si on avait encore une République. Ces deux assassinats, nous ont tout de même montré, qu'on avait en Tunisie deux femmes d'exceptions, qui ont mis au monde des enfants d'exceptions: Mesdames, Basma Khalfaoui Belaïd et M'barka Brahmi.
En 2013, les enfants des martyrs nous ont fait comprendre, qu'ils se battront pour les mêmes principes que leurs pères, et que même si nous perdons des batailles face à l'oppression, il ne sera jamais question d'abandonner, de battre en retraite, ou de céder à la terreur. 


En 2013, on a perdu Ahmad Foued Najm: l'icône de la poésie arabe engagée et le critique acerbe des régimes politiques.

En 2013, on a perdu Nelson Mandela. Le continent africain ne se noierait-il pas sans Madiba ? La Terre pourra-t-elle se passer de Madiba ? L'Afrique redonnera-t-elle naissance à un autre Mandela ?
Je te prie Afrique de nous en donner un et de le faire naître en Tunisie. On a besoin d'un défenseur des droits de l'Homme.
L'année de la frustration sexuelle
Et, non, ce ne sera pas Marzouki ni Ghanouchi. Aussi abasourdissant que cela puisse paraître, en 2013, Houcine Jaziri, a osé déclarer: "Rached Ghanouchi est notre Mandela"; ajoutant que "le pouvoir est appétissant, c'est comme une nuit de noces, on a toujours envie de la renouveler".
Oui, oui, 2013 fut l'année de toutes les frustrations sexuelles ! 


2013, c'est l'année d'Amina et des Femens étrangères qui ont manifesté seins nus devant le tribunal de première instance de Tunis.

2013, c'est l'année où un député, le fabuleux Habib Ellouze, a qualifié l'excision de chirurgie esthétique.
2013, c'est l'année de "Sex in the Syrie" plus communément appelé "Djihad Nikah". Et, en fait, je ne sais pas s'il faut blâmer les femmes qui acceptent d'offrir leurs corps à des terroristes, ou réprimander les porteurs du chromosome y ( parce que ce ne sont pas des hommes) qui offrent leurs femmes, leurs filles et leurs sœurs à des jihadistes. Comme il est difficile de savoir lequel des deux est le plus répréhensible, je préfère ne pas m'attarder sur le sujet.
2013, c'est aussi l'année où, après plusieurs décennies à appliquer les dispositions juridiques du Code du Statut Personnel, on s'est remis à parler de polygamie. D'ailleurs pas plus tard que la semaine dernière, Adel Elmi a annoncé la création d'un parti qui prônerait la polygamie et la séparation des sexes. Quand je vous dis que c'est l'année de la frustration sexuelle ...


Politique et économie



Mandela est mort, le pape a démissionné, le régime islamiste égyptien est tombé, Samsung a sorti le Galaxy S4, Apple l'iPhone 5s et 5c, l'iPad mini, l'iPad Air, Rockstar Games le jeu GTA V, Sony la PS 4 et une panoplie de smartphones Xperia, dont ceux qui sont waterproof, la France "combat" le terrorisme au Mali et en Centrafrique et a adopté la loi du mariage homosexuel, tout ça en 2013 .... et en Tunisie, on n'a toujours pas de constitution !



En 2013, il y a eu l'initiative de Hamadi Jbali.

En 2013, Ali laarayedh a été promu : de ministre de l'Intérieur, indubitablement responsable de l'assassinat de Chokri Belaïd, à Premier ministre. 

2013, c'est l'année où Adel Emli a menacé de photographier les tunisiens qui ne jeûneront pas. Ingénieux, l'Adel ! 


2013, c'est l'année "Tamarrod" (rébellion) en Egypte et en Tunisie.

2013, c'est l'année de "Mayden Ettahrir", "Rabiaa Al Adaouia" ainsi que celle du Bardo. Bardo ! Les soirées, les veillées, les slogans, les manifestations, les discours, les ruptures du jeûne ...
C'est aussi en 2013 qu'on a eu deux grèves générales et que le niveau de vie n'a cessé de baisser de manière "exponentielle". Aujourd'hui, le "Kaftaji" est un luxe, et acheter de la viande d'agneau tend à devenir un réel investissement.
En 2013, la valeur du Dinar a dégringolé de manière surréaliste et l'endettement a atteint un seuil inacceptable.
Enfin, quand on dit 2013, il est impossible de ne pas évoquer le "dialogue National". Non, la baliverne nationale. Inutile de revenir sur les interminables péripéties de cette foutaise, qui a duré des mois et des mois. Des semaines, de très longues semaines d'hésitation, de négociations, de suspens. On pensait qu'ils choisiraient entre Jaloul Ayed, Mohamed Ennacer, Ahmed Mestiri, puis, Moustapha Filali ... mais au final "ils éliront"  Mehdi Jomâa à la présidence du gouvernement.
Terrorisme 


2013, c'est l'année de la banalisation du terrorisme en Tunisie. 2013, c'est l'année où des soldats ont été égorgés, où Khaled Tarrouch a eu le culot de dire que les prétendus terroristes du Mont Chaambine ne sont que des personnes pratiquant le sport de plein air; souffrantes de cholestérolémie; l'année où il y a eu plusieurs explosions, arrestations de "terroristes" relâchés le jour même de leur arrestation; et désamorçage de bombes.

En Tunisie, on combat le terrorisme avec le mensonge, en assurant les arrières de ces infidèles au drapeau national.
C'est l'année où on a dévoilé la liste des assassinats à venir contre, entre-autres, Haythem El Mekki, Naoufel Ouarteni, Wided Bouchamaoui, Ferid Beji, Sofiane Ben Farhat, Lina Ben Mhenni et son frère imaginaire, Faouzi Ben Mhenni.
C'est l'année où, le ministère de l'intérieur a décidé de classer "Ansar Al Chariaa" en tant qu'organisation terroriste. Il faut dire que ce n'était pas trop tôt, on savait depuis leur avènement  qu'ils étaient une bande de terroristes. 


Liberté d'expression



2013, c'est l'année où on a l'impression que les avocats sont les personnes qui ont le plus travaillé. Entre l'affaire Sami Fehri, l'affaire Slim Riahi et Ettounsseya TV, l'affaire Taher Ben Hassine, l'affaire Weld El XV, l'affaire Klay BBJ, l'affaire Amina FEMEN et bien d'autres, on n'a cessé de voir les avocats assurer la défense d'artistes, de journalistes, hebdomadairement convoqués par la justice, ils n'ont cessé de défendre la liberté d'expression.

Il faut croire qu'en 2013, le parquet s'est focalisé sur le quatrième pouvoir et les artistes, en ignorant le terrorisme. Révoltant, non ?
Sport 


On s'est fait disqualifier deux fois d'une même coupe du monde; et ce grâce à la transformation des aigles de Carthage en poules mouillées de Carthage ... en ayant recours aux avocats. C'est en émettant des réserves contre le Cap Vert, puis contre le Cameroun qu'on avait espéré partir au Brésil en Juin 2014. La catastrophe de la CAN, de la CHAN, Slim Riahi à la présidence du Club Africain; puis Moncef Marzouki qui inclut l'Espérance Sportive de Tunis dans son Livre Noir ... no comment. Même, le football, qui avait tendance à distraire le peuple, à le faire rêver un peu, a été un horrible échec cette année.

Culture
2013, c'est bien évidemment l'année où la moitié de la planète a ennuyé l'autre moitié par son addiction à Candy Crush. On est passé d'un jeu où il fallait détruire des cochons à coups d'oiseaux tirant la tronche, à un jeu où il faut associer des bonbons pour cumuler des points. 


2013, c'est l'année de Vines. Là encore, une bonne partie des internautes n'ont cessé de partager des vidéos quelques fois pathétiques, ridicules, faussement parodiques, reproduisant, un quotidien qu'on ne peut parodier tant il est caricatural de nature. 


2013, c'est l'année "Harim Essoltan" (Le harem du Sultan). Une grande partie du peuple est devenue ad-dicte au feuilleton turc qui retrace la vie de Soliman le Magnifique et de sa "puissante" épouse Roxelane, l'odalisque ukrénienne. 


2013, c'est l'année où si les hommes ne nous ont pas agacés avec Emily Ratajkowski dans le clip de Blurred Lines, ils se sont mis à espérer trouver l'amour avec Monica Belluci qui est désormais célibataire.

C'est aussi en 2013, que Sonia Ben Toumia 'député nahdhaouie) nous a montré non seulement, qu'elle maîtrise parfaitement la langue française, mais en plus qu'elle est une très grande poétesse. Entre "le grand péple tinisien", "Ana akrahouka ya alam" et j'en passe, elle nous aura bien fait rire ... ou pleurer. 

En 2013, on a vu une démission collective au sein de "Nawaat". Et plusieurs, démissions au sein de Nessma TV dont celles de Hamza Balloumi, Sofiane Ben Farhat, Sofiane Ben Hmida, Zied El Hani et Yassine Redissi, le chroniqueur le plus éphémère de la chaîne à qui on a interdit de parler de la libération de Sami Fehri. 


En 2013, Abdelaziz Belkhodja et Tarek Cheikhrouhou ont publié "le 14 Janvier l'enquête", reconnu par l'Institut National de Recherche Historique comme étant un modèle pour tout les historiens. Un livre qui éclaire sur ce qui s'est passé le vendredi 14 Janvier 2011.

Taoufik Ben Brik a publié "Kalb ibn kalb" (chien, fils de chien), un livre en dialecte Tunisien, un conte où Taoufik Ben Brik décrit un Tunis à sa manière, le Tunis de TBB.
Parallèlement à cela, Monsieur le Président, Moncef Marzouki a publié non pas un, mais deux bouquins: "l'invention d'une démocratie" et "le livre noir". Oui, c'est en 2013, que le monde a vu un président écrire des livres, alors que son pays est menacé par le terrorisme. 


Un peu plus de culture, en 2013 : il y a eu la nouvelle version de "Klem Ellil" avec "Klem Ellil Zéro Virgule". Une pièce à voir, et à revoir !

En 2013, il y a eu la seizième édition des Journées Théâtrales de Carthage (JTC) avec, comme à l'accoutumé, des problèmes d'organisation.
En 2013, un acteur, Nesreddine Shili, a été emprisonné parce qu'il a lancé un œuf sur le ministre de la culture.
Allez, une bonne nouvelle, la palme d'or de 2013, à Cannes, a été remportée par un Tunisien, Abdellatif Kechiche avec "La vie d'Adèle". Mais en 2013 ce film ne sera pas distribué en Tunisie car il risquerait de déclencher une polémique sans fin. 


2013, c'est aussi l'année de Houmani, une chanson réaliste, voire créative, qui a fait qu'on utilise, désormais, fréquemment les expressions : "zebla fi poubéla", "rak mastaaaa", etc.

2013, c'est l'année où Bendirman a écrit la merveilleuse chanson "Ghneya lik" dont le texte a donné les larmes aux yeux de beaucoup de personnes.
C'est l'année, de la chanson "Bouliceya Kleb" (les policiers sont des chiens), de Weld El XV dont le contenu reste un large sujet de débat pas vraiment clos.
C'est l'année de la chanson "Chatha" (danse) de Hassen Doss qui, elle aussi, a fait le buzz par son texte autant que par le clip.
Et, dans tout ce beau monde, on ne peut pas oublier de citer Amel Mathlouthi et sa chanson "Maqatlou Had Chokri" (Personne n'a tué Chokri Belaid) ainsi que la perle musicale "Kattoussi" (mon chat) de Manel Amara.
Bilan 


En 2013, la révolution fête son troisième anniversaire avec un lourd bilan humain dû au terrorisme, une situation économique pas vraiment enviable, un profond clivage qui traverse la population, une corruption endémique qui touche toutes les institutions de l'Etat, une situation de la femme tunisienne sans cesse remise en question, un taux de chômage affreux, un pouvoir d'achat vertigineusement bas, et un prisonnier d'opinion qu'on ne doit pas oublier : Jabeur Mejri.



Alors, elle n'est pas superbe cette année 2013 ?

1 commentaire:

  1. Philippe Laurent :
    Après avoir lu l'article de Bey Nour L'Houda, ne doit-on pas penser que 2013 est une aggravation par rapport à 2012.
    Ce qui démontre l'action nocive mise en oeuvre par Ennahdha et ses complices au pouvoir.

    - Certes, il y eu la profanation du drapeau tunisien à la Manouba le 7 mars.
    - Il y eu la répression injustifiée du 9 avril sous la direction du ministre de l'Intérieur et des milices salafistes.
    - Kamel Gharbi, élu français, tabassé le 16 août 2012, à Bizerte par des salafistes.
    - Il y eut le 14 septembre et la fuite d'Abou Yadh, organisée par le même ministre de l'Intérieur au prétexte qu il s'agissait d'un "repli stratégique".
    - Le 18 octobre à Tataouine : le lynchage de Lotfi Naghedh par les LPR.
    - Le 4 décembre l'attaque du siège de l'UGTT place M. Ali par les mêmes LPR.
    - Il y eut aussi les poursuites intentées contre le doyen de la Manouba avec une 1 ère audience en juillet.
    - En février, c' était Wajdi Ghanim qui venait triomphalement prêcher la bonne parole tandis qu'un responsable d'Attounsyia était emprisonné durant 9 jours.
    - Il y eut bien sûr la condamnation des "jeunes de Mahdia" et le viol de Meriem le 3 septembre par 3 policiers ...

    Mais l'année 2013, comme décrit ci-après, fut bien pire alors que tous espéraient une réconciliation nationale autour des valeurs du 14 janvier.

    Les barbares ne connaissent pas de repos pas plus que la raison ou encore l' humanité. Ils agissent sans répit tant que " l'autre " ne lui est pas soumis.
    Ce qui n'exclut ni le sang, ni le mensonge, ni le double langage, ni la référence à dieu ...

    A quand la tornade qui emportera définitivement les épouvantails qui gouvernent la splendide Tunisie ?

    RépondreSupprimer