Nous faisons une fixation sur les Juifs depuis les origines de l’islam, et cette fixation refuse de nous quitter. Les Juifs ont toujours été peu nombreux, et pourtant ils déclenchent chez nous une telle réaction mentale que nous sommes incapables de nous les sortir de la tête.
Lorsque je faisais mes études au Caire, deux des livres les plus populaires que je voyais dans les bibliothèques et dans les rues étaient Mein Kampf d’Hitler, qui a été interdit en Allemagne en raison de son caractère raciste, et les Protocoles des Sages de Sion. Ce dernier est un faux [ce serait, en partie, un plagiat du Dialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieu, publié à Bruxelles en 1864 par Maurice Joly].

Aveuglement mortifère

Sans même vérifier, nous les considérons comme un fait historique. C’était l’un des premiers livres de l’époque moderne traduits en arabe. Il est honteux qu’avant de traduire Emmanuel Kant, Baruch Spinoza, René Descartes, Jean-Jacques Rousseau, John Locke ou David Hume, les maîtres des Lumières, nous ayons traduit les faux Protocoles des Sages de Sion, afin de les utiliser pour alimenter notre haine envers les Juifs. Savez-vous quand les Protocoles ont été traduits en arabe ? En 1929, avant la création de l’État d’Israël et avant que quiconque y songe.
Pouvez-vous imaginer une religion dont les adeptes prient quotidiennement, récitent le chapitre le plus important de leur Livre saint, qui contient des malédictions envers les autres ? Ne vous êtes-vous jamais demandé ce que signifie le verset “ceux qui encourent la colère et ceux qui se sont égarés” ? Que signifie prier et maudire les autres ?

Une hypocrisie destructrice

Imaginez ce qui arriverait si les juifs, les chrétiens, les bouddhistes ou les bahaïs [adeptes du bahaïsme, religion abrahamique fondée en Iran au XIXe siècle] récitaient un verset maudissant les musulmans. Nous irions à l’ONU et demanderions que ce verset soit effacé de leurs livres, n’est-ce pas ? Mais pour nous, il est tout à fait normal de maudire les autres, parce que notre religion est la dernière et notre Seigneur nous chouchoute un peu. Demandez à tous les interprètes, et ils vous diront que “ceux qui encourent la colère” sont les juifs, et que “ceux qui se sont égarés” sont les chrétiens. Mais, bien sûr, notre religion est une religion de tolérance, et l’islam accepte toutes les religions, n’est-ce pas ? C’est de l’hypocrisie.
Les Juifs ont déclenché une crise identitaire islamique dès le début, car ils étaient le modèle à suivre. C’est aux Juifs que Mohamed a emprunté la notion de législation. Les concepts de législation, de chariaa et ainsi de suite, étaient-ils courants dans la péninsule Arabique ? Il y avait des normes, un point c’est tout. Elles n’étaient écrites dans aucun livre. Mais quand Mohamed a émigré de La Mecque à Médine, il a commencé à observer ce que faisaient les Juifs et à reproduire certaines de leurs pratiques. Vous interdisez le porc ? Quelle bonne idée ! J’interdis le porc aussi. Il n’y avait pas de porcs dans la région de toute façon. Les Arabes ne vivaient pas de porc, mais Mohamed était prêt à tout pour s’attirer les bonnes grâces des Juifs.
Il se donnait tant de mal pour s’attirer leurs faveurs qu’il a emprunté leur direction de prière et dit : nous prierons en direction de Jérusalem. Jérusalem ne revêtait aucune sorte d’importance pour les Arabes. Mais pourquoi Jérusalem ? Il a choisi le lieu qui était sacré pour les chrétiens et pour les juifs.

Considérés comme des sous-hommes

Un autre point commun entre le fascisme, le nazisme et l’islam est de percevoir les Juifs comme des animaux. Hitler les appelait Ungeziefer, “vermine” en allemand. Dans les publications nazies, on les représentait comme des souris. De même, lorsque Mohamed en a eu assez d’eux, il les a appelés “singes” et “porcs” et “les pires bêtes aux yeux d’Allah”. Il les a abaissés au niveau de sous-hommes, les considérant comme des animaux. Que fait-on avec les animaux ? On les abat, on les vend, on les chevauche. Telle est la logique avec laquelle l’islam traite non seulement les juifs, mais les non-musulmans en général.
Après la mort de Mohamed, Omar ibn Al-Khattab, un de ses compagnons, a rédigé le prétendu “pacte d'Omar” [certains spécialistes doutent de cette paternité] dont les principes sont similaires à ceux édictés par Hitler contre les Juifs. Les juifs et les chrétiens devaient porter un badge pour que les musulmans puissent les identifier. Seuls les musulmans étaient autorisés à se faire une raie au milieu des cheveux. Les juifs et les chrétiens devaient se couper les cheveux tout droit, pour que les musulmans puissent les reconnaître de loin. Ils devaient porter des ceintures pour être reconnus.
Le fascisme a fait exactement la même chose. Lorsque, en 2014, l’État islamique a marqué les maisons des chrétiens à Mossoul [de la lettre arabe nun comme “nazaréen”, autrement dit “chrétien”], d’où leur est venue l’idée ? De ce “pacte d’Omar”. Si Dieu a dit qu’ils sont “ceux qui encourent la colère et ceux qui se sont égarés”, et qu’il les brûlera dans le feu de l’enfer, comment puis-je, en tant que musulman, vivre dans la paix avec eux ?

“Pourquoi faire preuve de plus de compassion que Lui ?”

Le Prophète ne les a-t-il pas appelés “ceux qui encourent la colère et ceux qui se sont égarés” ? N’a-t-il pas dit que [juifs et chrétiens] sont des infidèles ? N’a-t-il pas dit qu’ils devraient payer la jizya [impôt que les chrétiens et les juifs devaient payer en terre d’islam] dans l’humiliation ? Ils étaient censés être humiliés. Dieu lui-même projetait de les brûler dans le feu de l’enfer ; devrions-nous faire preuve de plus de compassion que Lui ?

Le bouc-émissaire idéal

Est-ce que le Mossad me paie pour tenir ces propos ? Est-ce que je dis tout cela parce que cela sert Israël, les Juifs ou quelqu’un d’autre ? Non, je tiens ces propos parce que cette haine nous empoisonne. Nous avons investi beaucoup d’efforts dans cette haine. Elle nous empêche de traiter nos problèmes sérieusement. On a toujours besoin d’un ennemi pour lui faire porter tous nos malheurs. Tout ce qui nous arrive est un complot, chaque fois que quelque chose ne fonctionne pas comme nous le souhaitons, c’est à cause des Juifs. C’est beaucoup plus facile ainsi.
Nous devrions nous débarrasser de cette haine, non au profit des Juifs et des Israéliens, mais pour notre propre bien. Au lieu d’empoisonner une génération après l’autre avec cette haine, nous devrions leur enseigner ce qu’est l’humanité. Elles doivent surmonter cette barrière de la haine et de la peur d’autrui.