vendredi 27 novembre 2015

Pas d’union nationale avec les ennemis de la liberté !

Les Français se réveilleraient-ils enfin, après s'être faits berner des années durant par les Frères musulmans, protégés de leur "ami" l'émir du Qatar ? 
La France & la Tunisie, les deux frappées au cœur même de leur capitale par la barbarie islamiste, se doivent d'être unies contre les islamistes de tous poils. 
L'union nationale à la quelle leur président respectif exhortent leur peuple, ne doit pas inclure les Frères musulmans qui sont comme le ver dans le fruit, entrain de détruire la laïcité. Si la première en est le berceau, la seconde la vivait de fait même si elle n'était pas inscrite dans sa constitution, avant que ne viennent chevaucher la révolution du 14 janvier 2011, les frères musulmans d'Ennahdha.
R.B
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Face à la barbarie, oui à l'union, mais pas avec les Frères musulmans !
Le 15 novembre, deux jours après les attentats qui ont ensanglanté Paris, Libération publiait une tribune intitulée "Nous sommes unis". Elle appelait à "ne pas tomber dans la division". Nombre d'observateurs se sont en effet largement exprimés sur les intentions de l'État islamique: créer en France un climat de guerre de religion, espérant que des non-musulmans s'attaqueraient aux musulmans. Cette stratégie peut sembler étrange, puisque des Français de toutes confessions pleurent les victimes, également de toutes confessions, du 13 novembre. D'autant plus étrange que, à l'instar de "l'après-Charlie", nos concitoyens ont une nouvelle fois affirmé leur détermination sans faille face à la barbarie. Les associations les plus agressives, les plus promptes à dénoncer l'"islamophobie" structurelle de la France sont même convenues à la suite du Conseil français du culte musulman que les actes antimusulmans qu'elles recensent ont été moins nombreux en novembre qu'en janvier.
Preuve est donc établie par les faits que cette "division" fantasmée par l'État islamique et/ou par les organes de lutte contre l'"islamophobie" ne trouve aucun ancrage dans notre pays. Mais enfin, on n'en voudra à personne de rappeler qu'on est toujours plus forts dans l'union que dans l'atomisation des combats. Surtout en temps de guerre, puisqu'une guerre nous a été déclarée, qu'on le veuille ou non.
Il est donc regrettable que cette tribune insinue qu'une division serait "programmée et orchestrée" en omettant de préciser que si tel est le cas, son grand ordonnateur est l'État islamique. L'heure n'est plus à taire le nom de ceux qui planifient notre destruction. Aussi, écrire que "la division, la délation, la stigmatisation sont au cœur de ce piège sournois" n'est-il pas suffisant. Surtout lorsque, quinze jours plus tard, une partie des signataires dénoncent les perquisitions effectuées par la police comme relevant de l'islamophobie... Sur les réseaux sociaux, les militants contre l'islamophobie en France ont lancé le hashtag #PerquisitionnezMoi.
Comment, dès lors, comprendre qui planifie la "division" selon ces signataires? L'État islamique ou le gouvernement? Cette imprécision initiale ouvre la voie à des interprétations qui, à la lumière de telles initiatives, posent sérieusement question.
Ce n'est pas tout. Cet appel à l'union engageait aussi les Français à affirmer leur solidarité avec les victimes. En premier lieu, il enjoignait à "rejoindre les hôpitaux les plus proches pour donner notre sang". C'était faire peu de cas de la détermination de nos concitoyens. Dès le lendemain des tueries, soit le 14 novembre, la presse nous informait que, suite à l'appel à la mobilisation des donneurs lancé par l'Établissement français du sang (ESF) les centres de collecte ouverts en Ile-de-France avaient été pris d'assaut dès 9 heures le matin. Peut-être aurait-il été utile et généreux de souligner avec quel sens civique et sous l'élan de quelle remarquable générosité les Français s'étaient d'emblée placés. Sans quoi, on pourrait également supputer que leur indifférence supposée n'est pas très "unitaire".
Et ce n'est pas fini. Parmi les signataires de cet appel: Jean-Louis Bianco et Nicolas Cadène, respectivement président et rapporteur général de l'Observatoire de la laïcité, très critiqués pour leurs prises de position en faveur d'une laïcité "ouverte", qui soutiennent la création d'établissements privés de théologie musulmane, notamment. Jean Glavany, député, Patrick Kessel, président du Comité Laïcité République et la sénatrice Christine Laborde, avaient dénoncé, en janvier, les préconisations de cet observatoire, fustigeant des propositions "angéliques et pusillanimes, cosmétiques dans le meilleur des cas" et, pour certaines, "antilaïques".
Medhi Ouraoui, membre du Conseil national du Parti socialiste, s'indigne à juste titre de cet appel: "C'est aberrant, alors que nos morts ne sont pas encore enterrés, de signer des appels avec des représentants des Frères musulmans ou avec Médine, [le rappeur] qui appelle au meurtre au nom de la religion. D'un côté, Manuel Valls prône, à juste titre, la fermeté. De l'autre, l'Observatoire de la laïcité, qui dépend directement de lui, cosigne cet appel avec des gens infréquentables."
Parmi ceux-ci, Yasser Louati, porte-parole du Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF). Dans une interview donnée à Al Jazeera en anglais le 23 novembre, Yasser Louati accuse le gouvernement d'ignorer les actes antimusulmans, d'exacerber les attaques contre les musulmans et d'avoir déclaré la guerre... à la minorité musulmane de France! Il affirme aussi qu'un homme a été battu jusqu'à sombrer dans le coma lors d'une manifestation entre Identitaires bretons et militants d'extrême gauche à Pontivy, ce qui a été formellement démenti par le cabinet du maire, joint ce matin par téléphone: "La personne agressée est un Pontivien d'origine antillaise. Il se trouvait parmi les contre-manifestants. Il a été hospitalisé suite à des dents cassées et une lèvre fendue. Sa plainte a été reçue par la gendarmerie. Il ne s'agit en aucun cas d'une agression islamophobe." Ni d'un coma.
Nabil Ennasri, spécialiste controversé du Qatar en France, proche du CCIF, a quant à lui déclaré que les arrestations et perquisitions effectuées ces derniers jours consistent à stigmatiser la communauté musulmane et multiplier les amalgames. Nabil Ennasri est également président du Collectif des musulmans de France, auquel le Qatar ne serait pas tout à fait étranger.
Quant au Collectif contre l'islamophobie en France, après que son ancien porte-parole Marwan Muhammad a parlé sur Twitter, le réseau social "informationnel" le plus puissant pace que le plus réactif, de "saccage des mosquées", d'"insultes", d'"humiliations" et de "flicage des musulmans", il a "diffusé un guide pratique pour faire face aux assignations à résidence et aux perquisitions jugées arbitraires et les contester". Samy Debah, fondateur et président du CCIF, est un discret professeur d'histoire ayant présenté l'imam de la mosquée du quartier de Pontanézen à Brest, salafiste quiétiste (contre le jihad armé) connu pour ses prêches misogynes et la teneur obscurantiste de ses cours délivrés aux enfants, comme " un personnage public de grande qualité, de grande renommée" lors du dîner de gala annuel du CCIF en mai 2014.
L'avocat Jean-Pierre Mignard a, pour sa part, défendu le Qatar dans la plainte pour diffamation que l'émirat avait engagée contre le vice-président du Front national Florian Philippot le 9 mars. Jean-Pierre Mignard aurait aussi permis à l'association Coexister (également partenaire de cette tribune) de récupérer en 2014 un agrément qui lui avait été retiré.

L'association Coexister est un mouvement interreligieux créé en 2009, après l'opération Plomb Durci à Gaza, qui regroupe nombre de militants de bonne foi, dans tous les sens du terme, mais dont les liens avec les organisations en lutte contre l'"islamophobie" semblent, au moins sur les réseaux sociaux, assez ténus. Il faut ici rappeler que le fondateur des Frères musulmans, l'Égyptien Hassan al-Banna, prônait ce concept de "coexistence" avec la sphère non musulmane. 

Et rappeler aussi que, dans la doctrine de la Confrérie, on ne distingue pas la politique de la religion, puisque l'objectif est l'instauration, à très long terme, d'un califat mondial où s'appliqueraient les principes et les vertus de l'islam, seul capable, à leurs yeux, d'améliorer le monde et l'humanité.


Youssef Himmat, également signataire, préside quant à lui la FEMYSO (Forum of European Muslim Youth and Student Organisations), organisme basé à Bruxelles et directement créé par les Frères musulmans.
On ne saurait terminer la présentation de quelques-uns des signataires indéfendables de cette liste en omettant le rappeur Médine qui, malgré ses justifications à la presse, a appelé à " crucifier les laïcards" dans sa chanson " Don't Laïk". Médine est aussi l'un des invités -naïf ou complice?- de l'organisation frériste Havre Du Savoir, qui invite les jeunes musulmans à comprendre pourquoi chiites, Alaouites, Yezidis, bref, pourquoi les minorités musulmanes "ne sont pas conformes à la voie du Prophète". Ces minorités sont précisément décimées par l'État islamique en Syrie ... Pour "déconstruire les préjugés" et favoriser "la coexistence", on peut rêver mieux. Mais seuls les Frères musulmans et les salafistes trouvent grâce aux yeux des réseaux fréristes.
Quelle union ce nouveau collectif entend-il donc défendre, fort qu'il est de réseaux fréristes qui ne cessent de promouvoir la destruction de la laïcité au nom de leur idéologie suprématiste? Les ouvrage et documentaire d'Emmanuel Razavi et de Michaël Prazan ont d'ailleurs montré, expliqués de la bouche même des responsables égyptiens de la Confrérie au Caire, les liens existant entre les Frères musulmans historiques et tous les mouvements islamistes jihadistes qui se sont créés et organisés autour de leurs réseaux.

Au nom de quelle idée de la laïcité Jean-Louis Bianco affirme-t-il que la "France n'a pas de problème avec sa laïcité"? Pense-t-il plutôt, à l'instar de Tariq Ramadan, proche des réseaux fréristes même s'il n'appartient pas explicitement à la Confrérie, que c'est "la France [qui] a un problème avec la religion" Quelle religion? Celle des Frères musulmans, les pires adversaires de la laïcité ou celle des musulmans laïques ou non affiliés à cette idéologie?


La laïcité que nous aimons et que nous n'aurions jamais songé à défendre il y a encore dix ans, celle que nous avons connue et vécue sans l'interroger est aujourd'hui l'objet de toutes les distorsions. Revendiquée par le Front national mariniste d'un côté, attaquée par quelques chrétiens nostalgiques de l'autre et déconstruite à renfort de concepts sociologiques enfin, la voilà sauvagement blessée une nouvelle fois.
Au nom de l'union extraordinairement manifeste des Français, quelle que soit leur confession, cette union dont ils renouvellent la tangibilité par leur calme, par leur solidarité, par leur dignité, cette union qu'il n'est pas même besoin d'appeler puisqu'elle se déploie sous nos yeux et à la barbe des tueurs, au nom de cette union, il n'est pas admissible qu'un tel texte rassemble nos observateurs de la laïcité et des membres connus de l'islam politique en France.

L’Arabie saoudite, un Daesh qui a réussi

A chacun sa valley de créativité : la Silicon Valley pour les américains et la Fatwa Valley pour leurs amis saoudiens. Si les premiers se projettent dans l'avenir, les second s'accrochent à leur passé.
R.B
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Kamal Daoud
chroniqueur au Quotidien d’Oran, est l’auteur de “Meursault, contre-enquête.
Daesh noir, Daesh blanc. Le premier égorge, tue, lapide, coupe les mains, détruit le patrimoine de l’humanité, et déteste l’archéologie, la femme et l’étranger non musulman. Le second est mieux habillé et plus propre, mais il fait la même chose. L’Etat islamique et l’Arabie saoudite. Dans sa lutte contre le terrorisme, l’Occident mène la guerre contre l’un tout en serrant la main de l’autre. Mécanique du déni, et de son prix. On veut sauver la fameuse alliance stratégique avec l’Arabie saoudite tout en oubliant que ce royaume repose sur une autre alliance, avec un clergé religieux qui produit, rend légitime, répand, prêche et défend le wahhabisme, islamisme ultra-puritain dont se nourrit Daesh.
Le wahhabisme, radicalisme messianique né au 18ème siècle, a l’idée de restaurer un califat fantasmé autour d’un désert, un livre sacré et deux lieux saints, la Mecque et Médine. C’est un puritanisme né dans le massacre et le sang, qui se traduit aujourd’hui par un lien surréaliste à la femme, une interdiction pour les non-musulmans d’entrer dans le territoire sacré, une loi religieuse rigoriste, et puis aussi un rapport maladif à l’image et à la représentation et donc l’art, ainsi que le corps, la nudité et la liberté. L'Arabie saoudite est un Daesh qui a réussi.
Le déni de l’Occident face à ce pays est frappant: on salue cette théocratie comme un allié et on fait mine de ne pas voir qu’elle est le principal mécène idéologique de la culture islamiste. Les nouvelles générations extrémistes du monde dit « arabe » ne sont pas nées jihadistes. Elles ont été biberonnées par la Fatwa Valley, espèce de Vatican islamiste avec une vaste industrie produisant théologiens, lois religieuses, livres et politiques éditoriales et médiatiques agressives.
On pourrait contrecarrer : Mais l’Arabie saoudite n’est-elle pas elle-même une cible potentielle de Daesh ? Si, mais insister sur ce point serait négliger le poids des liens entre la famille régnante et le clergé religieux qui assure sa stabilité — et aussi, de plus en plus, sa précarité. Le piège est total pour cette famille royale fragilisée par des règles de succession accentuant le renouvellement et qui se raccroche donc à une alliance ancestrale entre roi et prêcheur. Le clergé saoudien produit l’islamisme qui menace le pays mais qui assure aussi la légitimité du régime.
Il faut vivre dans le monde musulman pour comprendre l’immense pouvoir de transformation des chaines TV religieuses sur la société par le biais de ses maillons faibles : les ménages, les femmes, les milieux ruraux. La culture islamiste est aujourd’hui généralisée dans beaucoup de pays — Algérie, Maroc, Tunisie, Libye, Egypte, Mali, Mauritanie. On y retrouve des milliers de journaux et des chaines de télévision islamistes (comme Echourouk et Iqra), ainsi que des clergés qui imposent leur vision unique du monde, de la tradition et des vêtements à la fois dans l’espace public, sur les textes de lois et sur les rites d’une société qu’ils considèrent comme contaminée.
Il faut lire certains journaux islamistes et leurs réactions aux attaques de Paris. On y parle de l’Occident comme site de « pays impies »; les attentats sont la conséquence d’attaques contre l’Islam ; les musulmans et les arabes sont devenus les ennemis des laïcs et des juifs. On y joue sur l’affect de la question palestinienne, le viol de l’Irak et le souvenir du trauma colonial pour emballer les masses avec un discours messianique. Alors que ce discours impose son signifiant aux espaces sociaux, en haut, les pouvoirs politiques présentent leurs condoléances à la France et dénoncent un crime contre l’humanité. Une situation de schizophrénie totale, parallèle au déni de l’Occident face à l’Arabie Saoudite.
Ceci laisse sceptique sur les déclarations tonitruantes des démocraties occidentales quant à la nécessité de lutter contre le terrorisme. Cette soi-disant guerre est myope car elle s’attaque à l’effet plutôt qu’à la cause. Daesh étant une culture avant d’être une milice, comment empêcher les générations futures de basculer dans le jihadisme alors qu’on n’a pas épuisé l’effet de la Fatwa Valley, de ses clergés, de sa culture et de son immense industrie éditoriale?
Guérir le mal serait donc simple ? A peine. Le Daesh blanc de l’Arabie Saoudite reste un allié de l’Occident dans le jeu des échiquiers au Moyen-Orient. On le préfère à l’Iran, ce Daesh gris. Ceci est un piège, et il aboutit par le déni à un équilibre illusoire : On dénonce le jihadisme comme le mal du siècle mais on ne s’attarde pas sur ce qui l’a créé et le soutient. Cela permet de sauver la face, mais pas les vies.
Daesh a une mère : l’invasion de l’Irak. Mais il a aussi un père : l’Arabie saoudite et son industrie idéologique. Si l’intervention occidentale a donné des raisons aux désespérés dans le monde arabe, le royaume saoudien leur a donné croyances et convictions. Si on ne comprend pas cela, on perd la guerre même si on gagne des batailles. On tuera des jihadistes mais ils renaîtront dans de prochaines générations, et nourris des mêmes livres.
Les attaques à Paris remettent sur le comptoir cette contradiction. Mais comme après le 11 septembre, nous risquons de l’effacer des analyses et des consciences.

Daech frappe au cœur de Tunis même !

Comment lutter efficacement contre le terrorisme alors que les hommes habilités à le faire ont été mis à l'écart ?
Il faut que les hommes des services de renseignement et de la sécurité de l'Etat, remerciés par la troïka, reprennent leur service.
Evidemment, il faut dégager ceux que la troïka avait nommés à leur place.
Et çà ce n'est pas difficile : les nom doivent être parfaitement connus que ce soit de ceux mis à la "retraite" anticipée ou de ceux qu'Ennahdha a placé pour infiltrer les rouages de l'Etat pour le miner de l’intérieur. C'était même une des promesses électorales de BCE & Nidaa Tounes.
R.B
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est chercheur au Centre des hautes études internationales de Genève. Il est spécialiste de la Tunisie et de la Libye. Il revient sur l’attentat qui a frappé mardi un bus des forces de sécurité à Tunis, faisant 13 morts.

Un attentat comme celui-là, vise à casser les reins de l'Etat tunisien !

Que dit cet attentat de mardi contre les forces de sécurité et à ce jour revendiqué par l’Etat islamique ?

J’y vois une ressemblance frappante avec l’Algérie. Au temps de la guerre civile en Algérie, les bras armés du FIS, des groupes tels que l’Armée islamique du salut (AIS) et Mouvement islamique armé (MIA), attaquaient les symboles de l’Etat. Alors que le GIA attaquait, lui, les civils. Et c’est là que les massacres ont commencé avec toute l’horreur perpétrée sous silence durant ces années 1990-2000. On sait qu’il y a dans ces groupes «takfiristes-jihadistes» aussi une école de pensée qui est opposée à l’idée d’attaquer les civils, mais quand il «faut» toucher des civils, il «faut» des civils qui ne sont pas musulmans. Reste que pour ces groupes takfiristes, la cible principale demeure les symboles de l’Etat et notamment les forces de sécurité. L’EI joue à ce propos aussi un double jeu : manipuler une partie de la population pour gagner son soutien, souvent par des arrangements liés à de possibles affaires commerciales, de business par exemple, et semer la terreur comme mardi dernier.

Cette attaque vous a-t-elle surpris ?
C’est l’audace qui est effectivement vraiment surprenante. Attaquer la garde présidentielle, à 17h30, en plein centre de Tunis, juste à côté du ministère de l’Intérieur, au milieu du trafic, à côté de l’avenue Bourguiba avec ses restaurants, ses cinémas, ses boutiques, marque un tournant et c’est un message limpide : on frappe où on veut. Jusqu’à maintenant, les attaques observées contre les forces sécuritaires concernaient les frontières, le Mont Chaâmbi, voire l’intérieur du pays. Le message dit aussi, et si c’est bien Daech qui est derrière cette revendication, l’Etat tunisien est un Etat faible, friable. En fait, c’est aujourd’hui la possibilité d’une telle attaque qui me semble aberrante. Cette attaque si audacieuse est un signe qui n’est pas adressé en fait à l’Etat honni mais à la population : nous sommes la force et nous sommes l’axe de la terreur et d’influence qui va du golfe de Syrte en Libye en passant par la Tunisie pour aller frapper bientôt l’Algérie. Cette attaque a pour but aussi de renforcer la capacité de recrutement de Daech.

Pourquoi l’Algérie serait-elle menacée ?
Pour les takfiristes nord-africains, la terre promise, c’est l’Algérie. Ces groupes rejettent l’ordre post-colonial et sont habités par la conquête. Le but c’est l’unité de l’Afrique du Nord sous un seul califat. Ce n’est pas nouveau : c’était le but déclaré des mouvements islamistes armés dans les années 80 car si vous tenez l’Algérie, vous tenez le Maghreb. Leur base est en Libye. La Tunisie, défaite, affaiblie, serait alors un simple «couloir» de transport d’armes, de moyens, de combattants. Un attentat comme celui de mardi a pour objectif de casser les reins de l’Etat tunisien et de renforcer l’image de marque de Daech en Tunisie dans ce «couloir» Libye-Tunisie-Algérie.

La lutte antiterroriste en Tunisie serait, pour vous, inopérante….
On voit que la lutte antiterroriste de l’Etat tunisien n’a pas, et pour le moins, bien fonctionné. Ce n’est pas un manque de professionnalisme de ces unités d’élite qui ont déjà déjoué beaucoup de tentatives mais un manque de vigilance des forces police sur le terrain au jour le jour.
L’appareillage antiterroriste existe en Tunisie mais c’est l’immense négligence dans la police qui gâte cette lutte. Les pays occidentaux mettent en avant une assistance accrue mais c’est une réforme du système sécuritaire tunisien qu’il faudrait entreprendre. Ces négligences, on les voit à l’aéroport, partout, au quotidien. Toutes ces lacunes, la population les voit, les vit. La priorité serait de reprendre les fondamentaux du travail de police avec le respect des procédures claires. Or, cinq ans après la révolution, la Tunisie, pourtant plusieurs fois touchée, n’a toujours pas appliqué les normes internationales de sécurité. Si ce fameux travail de police du quotidien n’est pas fait vous pouvez déverser tous les moyens du monde pour renforcer le contre-terrorisme, y compris faire appel à nouveau l’Etat d’urgence, cette lutte restera vaine.


Propos recueillis par Jean-Louis Le Touzet

dimanche 22 novembre 2015

L'OPA des pétromonarques sur l'islam de France

Quand on parle de faire la guerre il faut désigner l'ennemi et ne pas recourir à un générique vague comme : salafisme ... pour noyer le poisson ! Ou pire, de nous faire croire à l’existence d'un islamisme modéré, celui des Frères musulmans, alors tous les islamismes ont pour doctrine de base le wahhabisme.
L'ennemi en l’occurrence ce sont ceux qui exportent la doctrine wahhabite avec laquelle sont embrigadés les terroristes, et qui les financent. C'est à dire les Ibn Saoud et leur frère ennemi, l'émir du Qatar !!

Autrement cela ne sert à rien de faire uniquement la guerre aux abrutis miliciens en bout de chaîne, si on ne tarit pas la source !
Ou alors il faut se taire et continuer à trafiquer avec les pétromonarques au nom de la realpolik et tant pis pour les victimes du terrorisme ! 
Il ne faut pas nous raconter d'histoire et duper les Français.
R.B

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C’est devenu presque un automatisme : après chaque attentat, le gouvernement pointe du doigt la frange salafiste de l'islam. « Oui, nous avons un ennemi, et il faut le nommer : c’est l’islamisme radical. Et un des éléments de l’islamisme radical, c’est le salafisme », a lancé Manuel Valls lors de la séance de questions à l’Assemblée nationale, mercredi 18 novembre. Le salafisme est « souvent l’antichambre de la radicalisation, et la radicalisation, elle peut conduire au terrorisme », affirmait le premier ministre en juin, après la décapitation d’Hervé Cornara par Yassin Salhi à Saint-Quentin-Fallavier, en Isère.

L’expansion en France du courant salafiste, qui plonge ses racines en Arabie Saoudite, se fait sentir depuis la fin des années 1990. Adeptes d’une lecture littéraliste du Coran et d’une pratique rigoriste qui s’inspire des premières générations de l’islam, ces croyants se tenaient à l’origine à l’écart de la cité, y compris à l’écart de l’islam des mosquées lié aux traditions du Maghreb.

« Une fois que la mosquée existe, ils arrivent »

Depuis quelques années, en revanche, leur pression se fait sentir dans les lieux de culte traditionnels. 
Azzedine Gaci, le recteur de la mosquée de Villeurbanne, date leur intérêt nouveau « du printemps arabe ».
« Avant, les responsabilités, ça ne les intéressait pas, relève-t-il. Maintenant, si ».
« Jamais ils ne participent à la construction d’une mosquée, mais une fois qu’elle existe, ils arrivent. »

Ils commencent généralement par prendre pour cible l’imam. « Ils critiquent son discours, ses vêtements, ses idées, sa façon de diriger la prière… Ils essaient de le déstabiliser », décrit le responsable rhônalpin. Leur offensive prospère si « la mosquée n’est pas bien gérée, si elle n’a pas beaucoup d’activité, si ses dirigeants sont peu identifiés ou n’assument pas leurs responsabilités ». Elle prend bien souvent les responsables en place au dépourvu. La plupart du temps, les membres de l’association culturelle, qui dirige le lieu de prière, évitent d’ébruiter leurs difficultés. Parfois ils tentent de s’accommoder avec ces groupes d’hommes souvent plus jeunes et plus présents, en leur concédant l’accès aux locaux pour des activités de prédication ou autres.

« Certains ont peur d’une fermeture du lieux de culte en cas de querelle publique, d’autres, par crainte de la fitna [division], s’efforcent d’atténuer les conflits en espérant que cela aille mieux », observe Haoues Seniguer, chercheur au Groupe de recherches et d’études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient. Ils ont en tout cas peu de recours possibles pour les aider. « Les instances musulmanes ne sont pas capables de gérer ces problèmes. Et certains politiques, certaines municipalités ne sont pas clairs dans leur façon de réagir. Beaucoup d’associations ont pignon sur rue sans avoir d’autorisation. Ce n’est pas normal », accuse Azzedine Gaci.

Une centaine de lieux de prière

Aujourd’hui, les lieux de prière sous influence salafiste seraient une centaine sur un total de 2 300 en France, selon Bernard Godard, qui a longtemps suivi les affaires liées à l’islam au bureau des cultes du ministère de l’intérieur.

Face à cette présence de plus en plus affichée dans les structures existantes, le gouvernement a annoncé son intention de fermer les lieux de culte ou de dissoudre les associations qui « s’en prennent aux valeurs de la République ». Ce faisant, il semble jeter une même suspicion sur l’ensemble du courant salafiste, accusé de faire le lit du radicalisme. Or, soulignent les spécialistes, la majorité d’entre eux sont « quiétistes », animés par des préoccupations religieuses et hostiles à toute implication dans la vie sociale et politique. « Ils sont très critiques envers les jihadistes car ils les accusent de mélanger religion et politique », explique Samir Amghar, chercheur à l’Université libre de Bruxelles.

Cependant, les différentes familles du salafisme ont en partage des références idéologiques, un imaginaire religieux. Cela ne favorise-t-il pas la radicalisation et le passage du salafisme quiétiste au jihadisme ? « Dans les années 1990, il pouvait y avoir une forme de continuum. Mais lorsqu’au début des années 2000, l’Arabie saoudite s’est clairement opposé au jihadisme, cette relation mécanique n’a plus existé, affirme Samir Amghar. Les observations de terrain montrent qu’il n’y a pas de relation de causalité. Cela n’empêche pas qu’un quiétiste puisse basculer dans la violence par déception envers le manque d’action politique. »


vendredi 20 novembre 2015

Le wahhabisme : combattu par les musulmans, mais toujours soutenu par les occidentaux

Le wahhabisme, obédience des plus rétrogrades dans l'islam, a toujours été rejeté et combattu déjà du vivant de son fondateur Mohamed Abdelwahhab. Les Ottomans eux mêmes adeptes du soufisme, lui ont fait la guerre, conscients du danger qu'il constituait pour l'unité de leur empire et pour le trône de la dynastie ottomane. 
Ce que les anglais, en ces temps là, avaient parfaitement compris pour mettre un terme à la puissance de l'époque, qu'était l'empire ottoman, qu'ils se sont partagés avec l'autre puissance coloniale, la France. 
Et ce que les américains reprennent à leur compte pour soumettre le monde dit "arabo-musulman" et en redessiner les frontières, établies par les puissances de l'époque : Anglaise et Française.
R.B 
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Comment l’Islam avait vaincu le terrorisme ... 
et comment l'Occident avait remis en selle le terrorisme en Arabie

C’est une affaire entendue. Les auteurs des attentats du 13 novembre sont des musulmans qui se seraient « radicalisés ». Autrement dit le wahhabisme, qui est la doctrine qui historiquement inspire les « terroristes » (les frères musulmans n’en sont qu’une branche et le salafisme un euphémisme) devient dans la description qu’en donnent les politiques et leurs chroniqueurs journalistes un mouvement de retour aux fondements de l’islam. Nos compatriotes mitrailleurs du 13 novembre ne pécheraient finalement que parce qu’ils sont plus musulmans que les autres.

Le discours historique, un discours historique débarrassé de toute ingérence étatique, n’a jamais été aussi nécessaire. L’historien honnête est devenu persona non grata dans nos universités et à fortiori dans les rédactions. Il a été remplacé par des enseignants amnésiques qui à force de présenter l’islam comme le problème – même s’ils évitent de le stigmatiser pour ne pas être taxés d’islamophobie – rendent inconcevable cette vérité historique qu’il ait pu être la solution.

Or, n’importe quel croyant, qu’il soit sunnite ou chiite, sait que le wahhabisme, pseudo-salafisme, qui arme le terrorisme dit islamiste, est une hérésie. Il n’y a rien de traditionnel, de fondamentaliste dans cette doctrine moderniste professée par Mohammad ibn Abd al-Wahhâb (1703-1792) qui apparaît tardivement au XVIIIe siècle, époque de toutes les nouveautés en Orient comme en Occident.

Les musulmans qui possèdent quelques rudiments d’histoire de leur religion (ils sont, hélas, encore moins nombreux que les chrétiens savent d’où vient la leur) connaissent ce fragment d’Al-Bukhâri qui prédit que « du Nedjd se lèvera la corne de Satan ». Mohammad Al-Bukhârî est l’auteur du Sahih al-Bukhari« l’authentique d’Al-Bukhârî » (recueil de 7275 hadiths considérés comme les plus authentiques par les musulmans orthodoxes).

On doit notamment le néologisme de wahhabisme (wahabiyya en arabe) à Souleyman ibn Abd al-Wahhâb, c’est-à-dire au propre frère de Mohammad ibn Abd al-Wahhâb, qui n’avait pas inventé ce terme pour soutenir la doctrine de son frère mais pour la dénoncer dans un livre intitulé Les foudres divines réfutant le wahhabisme (Al-sawaiq al-ila-hiyya fi al-radd ala al-wahabiyya). 
Ajoutons que le frère comme le père de Mohammad étaient tous les deux des oulémas respectés de l’école hanbalite, la plus austère des quatre écoles juridiques de l’islamisme, ce qui signifie que même les musulmans les plus rigoristes rejettent le wahhabisme que l’on peut donc considérer comme une hérésie schismatique. Certains savants musulmans vont jusqu’à désigner Abd al-Wahhâb sous le terme de dajjâl, « l’imposteur » qui est dans les hadiths l’équivalent de l’antéchrist dans l’eschatologie chrétienne.

Le mot wahhabisme apparaît en Occident dès 1803 sous la plume du consul de Russie à Istanbul, Andreï Iakovlévitch Italinski lorsque les Saoudiens après avoir pris Taïf seront aux portes de La Mecque.

L’essor inouï du wahhabisme repose sur l’alliance entre le théologique et le politique qui est encore aujourd’hui la grande force – la manne pétrolière n’étant qu’un moyen – de l’État terroriste saoudien qui est l’ennemi que nous ne voulons pas nommer pour ne pas avoir à faire la guerre à nos nouveaux amis terroristes au Levant après avoir trahi nos alliés historiques libanais, syrien, irakien et iranien.

En plein siècle des Lumières, après ses études à La Mecque et un voyage en Irak et en Iran, Mohammad Ibn Abd Al-Wahhâb était rentré à son village d’Uyayna, oasis du Nedj à une trentaine de kilomètres au nord-ouest de Riyad. Nul n’est prophète en son pays et après avoir infligé à ses concitoyens ses prêches puritains, il fut chassé de son village natal. Il se rendit dans l’oasis d’Ad-Diriyah, à une demie-journée de marche vers le sud. Là, l’émir local, Mohammad Ibn Saoud, écouta son discours délirant sans se préoccuper s’il était conforme à l’islamisme puisqu’Abd Al-Wahhâb ne cesse dans son Kitab at tawhid de citer les hadiths sans que le rapport avec ce qu’il affirme soit toujours convaincant. En 1744 (deux ans après la représentation à la Comédie française de la pièce de Voltaire Le Fanatisme ou Mahomet !), il conclut avec lui un pacte qu’il scelle en lui donnant sa fille en mariage. La famille Saoud devient le bras armé de la réforme islamiste. L’alliance « du sabre et du goupillon » bédouin permet d’unifier les tribus arabes et Mohammed Ibn Saoud devient l’imam du premier État saoudien et promet de transmettre cette fonction de l’imanat à ses descendants.

Le grand paradoxe de l’hérésie wahhabite est que c’est en détournant la pierre de touche de l’islamisme, le tahwid, l’unicité divine qu’elle s’attaque à la civilisation islamique. Elle n’en leurre que plus aisément les savants Cosinus, tels le professeur Huntington qui croient pouvoir parler des civilisations sans pensée théologique, réduisant les religions à des faits culturels à la manière de Weber.

Comme la plupart des fausses doctrines, la schizophrénie wahhabite repose sur une poétique. La figure privilégiée de cette poétique est la métonymie puisque Mohammad ibn Abd al-Wahhâb voit le chirk (l'association à Allah d'autres idoles) partout. Il a raison au nom de la tradition de stigmatiser les faux dieux (tâghoût) et de suivre le Coran qui commande « Adorez Dieu et ne lui donnez quelque associé que ce soit » (4 :36) mais sa doctrine devient hérétique dès lors qu’elle assimile au chirk des pratiques validées par cette même tradition. En effet pour Abd al-Wahhâb « Adresser un vœu à quelqu’un d’autre que Dieu est […] une forme de chirk2 […] ; « ne travailler pour la vie présente est une forme de chirk3 […] Il est chirk de chercher refuge auprès de quelqu’un d’autre que Dieu4 ». Le wahhabisme condamne « L’exagération donnée aux tombes des saints fait de ceux-ci des idoles adorées à la place de Dieu5 » En vertu de quoi, le wahhabisme prohibe le tawassoul, qui consiste à demander l’intercession d’un prophète ou d’un saint auprès de Dieu.

C’est l’assimilation métonymique au chirk du culte des saints qui va inspirer le vandalisme anti-civilisationnel des hordes wahhabites. La doctrine, on le voit, n’a rien de fondamentaliste puisqu’elle avance en détruisant les fondements.

En matière de manipulation, le wahhabisme défie toute concurrence car il ne pratique pas par retouche de l’islam mais par sa destruction pure et simple en commençant par tous les vestiges de la civilisation islamique. On sait qu’Ibrahim-Abraham renversa les idoles de pierre mais il s’agissait bien d’idoles païennes alors que le wahhabisme transfère cette rage à l’héritage islamique.

La principale raison pour laquelle les Saouds ne sauraient être instrumentalisés par la théorie du choc des civilisations, chère autant à Manuel Valls qu’à Nicolas Sarkozy, est qu’ils ne doivent leur rayonnement politique qu’aux interventions de l’Occident. Avant les Américains et les Britanniques, les Saouds profitèrent d’abord de l’expédition d’Égypte. Comme le note Benoit-Méchin dans sa biographie d’Ibn-Séoud, l’essor des Saouds « avait été grandement facilité par la présence des troupes françaises au Caire, de 1798 à 1801. Durant ce temps, les Turcs, paralysés, n’avaient pas osé réagir et même après l’évacuation de l’Égypte, ils étaient restés sur le qui-vive, redoutant un nouveau débarquement des généraux napoléoniens6. » 

Benoist-Méchin reste étonnamment muet sur les attentats wahhabites à l’égard de la civilisation islamique et sur leurs motivations religieuses. Il eût pourtant été utile de se pencher entre les singulières affinités qui se sont nouées entre le dernier représentant du jacobinisme profanateur d’édifices religieux — mais qui au moins ne se disait pas chrétien quand la dynastie wahhabite se prétend musulmane — et le premier représentant du vandalisme anti-islamique. Les Français d’aujourd’hui ne connaissent que Lawrence (dont Malraux citait sans cesse des paroles qu’il prétendait avoir recueilli de sa bouche alors qu’il ne s’étaient jamais rencontrés) mais ils ignorent qu’il eut un précurseur en la personne de Jules Lascaris de Vintimille aussi baroque que le palais qui porte le nom de sa famille à Nice. « Né en Piémont, d’une de ces familles grecques venues en Italie après la conquête de Constantinople, M. de Lascaris était chevalier de Malte lorsque Napoléon vint conquérir cette île. M. de Lascaris, très jeune alors, le suivit en Égypte, s’attacha à sa fortune, fut fasciné par son génie7. » Lascaris devint un agent secret de Napoléon dont la mission commença en 1799 avec l’expédition d’Égypte. Ils se faisait passer pour un bédouin et vécu pendant des années comme tel recueillant des renseignements pour Bonaparte avec le même projet que celui de Lawrence plus tard d’unifier les tribus arabes contre les ottomans. Ce dessein correspondait parfaitement à celui des Saouds dont il finit par gagner la confiance. Le secrétaire arabe de Lascaris, Fathallah Al-Sayegh, écrira des notes que Lamartine récupéra et fit traduire lors de son voyage en Orient.

On sait que pour Lamartine Bonaparte « était l’homme de l’Orient et non l’homme de l’Europe8». D’après Lamartine, Lascaris jugeait « que le plus grand œuvre à accomplir par son héros n’était peut-être pas la restauration du pouvoir en Europe, œuvre que la réaction des esprits rendait nécessaire, et par conséquent facile ; il pressentait que l’Asie offrait un plus vaste champ à l’ambition régénératrice d’un héros ; que là il y avait à conquérir, à fonder, à rénover par masses cent fois plus gigantesques ; que le despotisme, court en Europe, serait long et éternel en Asie ; que le grand homme qui y apporterait l’organisation et l’unité ferait bien plus qu’Alexandre, bien plus que Bonaparte n’a pu faire en France. Il paraît que le jeune guerrier d’Italie, dont l’imagination était lumineuse comme l’Orient, vague comme le désert, grande comme le monde, eut à ce sujet des conversations confidentielles avec M. de Lascaris, et lança un éclair de sa pensée vers cet horizon que lui ouvrait sa destinée9. »

Les wahhabites ont profité de ce rêve de l’aigle pour faire irruption sur la scène de l’histoire non pour organiser et construire mais pour dévaster et razzier. Le déchaînement de l’hérésie wahhabite a commencé par le pillage et de la profanation de Kerbala, ville sainte du chiisme, en 1801 mais preuve que le wahhabisme ne s’inscrit pas dans les clivages traditionnels de la fitna, ils commirent les mêmes exactions à La Mecque et à Médine de 1803 à 1806 alors que le soleil d’Austerlitz se levait sur « l’homme de l’Orient » qui avait choisi de faire couronner empereur en Occident plutôt qu’en Mésopotamie.

À Médine, les vestiges civilisationnels de l’islamisme ont été systématiquement détruits. Les armées wahhabites ont rasé le Baqi cimetière qui contenait les restes des salafs10 de l’islam, preuve que le soi-disant fondamentalisme wahhabisme s’attache à détruire les fondements de l’islamisme plutôt qu’à les restaurer. Les mosquées ont également été visées et, sacrilège des sacrilèges, la tombe du prophète Mahomet elle-même a failli être démolie.

Les Saouds ne sont à la Mecque que depuis 1750. Avant, les territoires sacrés étaient sous l’autorité religieuse de la descendance du Prophète et sous l’autorité politique et administrative de la Sublime porte. On pratiquait alors librement les mawâlîd (célébration de la naissance du Prophète) dans la mosquée sacrée et on visitait sans restriction le tombeau du Prophète. L’héritier des Saouds fracassa lui-même les statues érigées dans la grande mosquée de La Mecque par les chérifs, descendants du prophète, qui gardaient traditionnellement les lieux saint. Ils furent traités d’idolâtres et plusieurs dizaines de corps de métiers furent interdits car considérés comme chirk.

Dès l’origine le but de guerre du wahhabisme, que l’Université et la presse assimilent à « l’islamisme » ou « l’islam radical », est la destruction de la civilisation islamique. Cette destruction n’est pas une métaphore. Elle est physique. Il vise à effacer toute trace qui permettrait aux archéologues de recueillir des données scientifiques sur le véritable islamisme des origines. 

À ceux qui douteraient de l’ampleur de la guerre menée par les wahhabites contre la civilisation islamique voici l’inventaire non pas des monuments historique entretenus par les actuels gardiens des lieux saints mais des destructions réalisées par la secte depuis l’alliance d’Abd-al-Wahhâb avec la dynastie saoudienne à côté desquels l’acharnement de l’État islamique sur les idoles païennes de Palmyre fait figure d’aimable apéritif.

Les mosquées

La mosquée de la tombe de Hamza ibn Abd al-Muttalib, l’oncle du Prophète ; la mosquée de Fatima Zahra, la fille du Prophète ; la mosquée d’al-Manaratain ; la mosquée et la tombe d’Ali al-Ouraydhi ibn Ja’far as-Sadiq ; quatre mosquées de la Bataille du Fossé à Médine ; la mosquée d’Abou Rashid ; la mosquée Salman al-Farsi à Médine ; la mosquée Raj’at ash- Shams, à Médine.

Les tombeaux et cimetières 

Jannat al-Baqi à Médine qui aurait été entièrement rasé ; Jannat al Mu’alla, l’ancien cimetière de La Mecque ; tombeau de Hamida al-Barbariyya, la mère de l’imam Musa al-Kazim ; tombeau d’Amina bint Wahb, la mère de Mahomet, qui fut détruit et brûlé en 1998 ; tombeau des Banu Hashim à La Mecque ; tombeaux de Hamza et d’autres martyrs de la bataille d’Uhud ; tombeau d’Ève à Djeddah, scellée avec du béton en 1975 ; la tombe de Abdullah ibn Abd al-Muttalib, le père de Mahomet, à Médine.

Les sites religieux historiques

Un bâtiment a été construit au xxième siècle sur la maison où serait né Mahomet en 570 ; Après sa redécouverte pendant les travaux d’extension de La Mecque en 1989, la maison de Khadija, première femme de Mahomet a subi le même sort ; la maison de Mahomet à Médine où il vécut après son départ de la Mecque ; la première école islamique (Dar al-Arqam) où Mahomet enseigna sa religion, a disparu aujourd’hui sous l’extension de la mosquée Masjid Alharam de La Mecque. 
En 1994 le mufti Abdelaziz ibn Baz, plus haute autorité religieuse du régime wahhabite, lance une fatwa stipulant qu’il « n’est pas permis de glorifier les bâtiments et les sites historiques ». De tels rites sont considérés comme chirk parce que, comme le prétend Abd al-Wahhâb, ils conduisent au polythéisme. Entre cinq cents et six cents mausolées et d’autres monuments de l’islam des origines ont été démolis. Il a été estimé que 95 % des bâtiments datant de plus de mille ans ont été rasés durant les vingt dernières années.

Terminons sur l’histoire de l’expansionnisme wahhabite.

Sachant que la “résignation”, voire plutôt la “soumission” que l’on attribue péjorativement aux musulmans est purement spirituelle, loumma11 n’était pas disposée à laisser l’hérésie se propager. Dès le milieu du XVIIIe siècle à la Mecque, les muftis des quatre écoles de droit sunnites avaient composé une réfutation contre « l’égaré qui égare » intitulée le livre de la prévention de l’égarement et de la répression de l’ignorance. Le chiisme se joignit au mouvement et pas seulement en Perse puisque les chiites zaïdites au Yémen et jafarites en Irak dénoncèrent également l’hérésie.

L’enlisement de Napoléon en Russie face au général hiver en 1812 allait mettre un terme à l’inaction des Ottomans face aux wahhabites. Assuré de la débâcle des Français en Russie, qui écartait la perspective d’une invasion française par le nord, le sultan Mahmud II ordonna au Khédive (vice-roi) d’Égypte Méhémet-Ali d’envoyer une armée en Arabie pour écraser la sédition saoudienne.

Face à l’obscurantisme saoudien, Méhémet-Ali va tirer les leçons de l’expédition d’Égypte de Bonaparte, non pas pour sombrer dans un folklore identitaire passéiste mais, au contraire, pour ouvrir l’Égypte à l’influence française. Le projet du canal de Suez, entre autres, a été conçu sous son règne.

Ce dernier nomma son fils Ahmed Toussoune Pacha âgé de 17 ans seulement, comme général commandant la première campagne militaire, qui embarqua ses troupes à Suez pour s’emparer du port de Yanbo sur la rive orientale de la mer Rouge. « Séoud réagit avec vigueur et obligea son adversaire à s’enfermer dans Yenbo. Méhémet-Ali monta alors une seconde expédition et prit lui-même la direction des opérations. Cette campagne n’eut guère plus de succès que la précédente12. » Alors que Méhémet-Ali était sur le point de renoncer, le troisième imam Saoud ben Abdelaziz ben Mohammed fut tué accidentellement sous les murs de Taïf, ville que les Wahhabites avait ravagée, avec une cruauté et une impiété inouïe, et qu’ils défendirent bec et ongle contre les Ottomans. Séoud laissait douze fils inaptes au gouvernement et le « pouvoir passa aux mains de son oncle Abdallah, personnage falot et pusillanime, bien incapable de gouverner l’Arabie dans des circonstances aussi critiques. Méhémet-Ali reprit l’offensive et ne tarda pas à marquer des points sur son adversaire. Après une série de combats meurtriers, il délivra Taïf et vainquit les Wahabbites à Koulakh, près de Gonfodah (10 janvier 1815). » Mais ce ne fut pas le Waterloo des Saouds car Abdallah ne respecta pas les clauses draconienne du traité conclu avec Toussoune Pacha.

Une troisième expédition égyptienne fut donc envoyée en Arabie en 1816, commandée par Ibrahim Pacha, autre fils du Khédive. Après dix-huit mois de campagne, l’armée égyptienne soumis le Nedjd détruisit la capitale Dariya le 3 septembre 1818. Elle captura l’imam Soulaymân petit-fils de Mohammed ben Abdelwahhab, qui fut fusillé, et Abdallah ibn Saoud, qui fut envoyé au sultan Mahmoud II. Ce dernier le fit décapiter et exposa son corps sur la place publique à Constantinople. L’empire ottoman retrouvait la tutelle des villes saintes dont les monuments furent reconstruits. L’oumma avait donc réussit à terrasser la barbarie wahhabite à une époque où personne n’imaginait qu’il puisse menacer une autre civilisation que la civilisation islamique.

L’imam Tourki ben Abdallah Al Saoud réussit à créer en 1824 le deuxième État wahhabite avec Riyad pour capitale. La famille rivale des Al-Rachid profita des luttes fratricides au sein du clan Al-Saoud pour mettre fin à ce deuxième État et s’emparer du pouvoir à Riyad avec l’aide des Turcs en 1892.

Comment nous avons remis en selle le terrorisme en Arabie

L’empire britannique, qui souhaitait voir le départ du « vieil homme malade de l’Europe » de la péninsule arabique, reprit la stratégie que Bonaparte avait esquissé avec Lascaris. On connaît les exploits du colonel Lawrence qui n’est pas un loup aussi solitaire qu’entend nous le faire croire le fameux film de David Lean.

Chassé par la lignée vassale des Al-Rachid alliée aux Turcs, Le prince de la dynastie wahhabite de Riyad, Abdelaziz ben Abderrahman ben Fayçal Al-Saoud avait grandi en exil à la cour du Koweït. Âgé seulement de 22 ans il se proclama roi du Nedjd et Imam des Wahhabites en 1904. Il reprit Riyad puis tout le Nedjd entre 1902 et 1912.

On se souvient de la scène du film de David Lean, Lawrence d’Arabie où l’on voit les cavaliers arabes conquérir par une charge de cavalerie éclair le port d’Aqaba en venant de la terre alors que les canons turc sont tournés vers la mer. Or, ces fougueux cavaliers bédouins ne sont pas saoudiens. Connus en Occident sous le nom incongru de “légion arabe”, ce sont des hachémites commandés par Fayçal ibn Hussein, un des fils d’Hussein ibn Ali, chérif de La Mecque. Ils représentent donc l’orthodoxie sunnite et non pas l’hérésie wahhabite. Le projet d’Hussein était de créer un royaume arabe unifié qui engloberait le Hedjaz, la Jordanie, l’Irak et le Syrie. Lawrence s’opposa à ce projet au motif que la couronne britannique avait besoin de morceler le Moyen-Orient pour mieux régner sur la région et protéger la route des Indes. 

L’Occident réactiva une fois de plus la fitna, mais cette fois-ci entre Arabes, et remit en selle Al-Saoud à qui on promit toute la péninsule arabique. Il chassa définitivement les chérifiens de la Mecque avec la bénédiction des Britanniques. En 1920, Damas ayant été reprise aux hachémites par une colonne française et la Grande-Bretagne ayant reçu un mandat de la SDN pour administrer l’Irak, il ne resta plus pour Hussein que le lot de consolation de la Jordanie.

En 1925, les insatiables compagnons d’Abdelaziz Ibn Saoud, ayant désormais les mains libres, se livrèrent à de nouvelles destructions dans les villes saintes. À La Mecque, ils démolirent les tombes de la famille du prophète Mahomet ; à Médine ils poursuivent la profanation des mausolées des premiers chefs chiites (ces ravages sont commémorés annuellement encore aujourd’hui par les chiites, qui, contrairement à nos professeurs d’histoire des civilisations, n’ont pas la mémoire courte).

Ibn Saoud se fera couronner roi d’Arabie à La Mecque en 1926 après avoir envahi le royaume du Hedjaz fondé par les hachémites en 1918 et avant d’établir celui du Nedjd en mai 1927, qu’il réunit le  22 septembre 1932 pour créer le troisième Royaume d’Arabie saoudite.

Mais ce qui va assurer un pouvoir définitif à la théocratie saoudienne c’est l’alliance avec la plus grande puissance de la civilisation occidentale, l’Amérique. Les gisements pétrolifère d’Arabie ont commencé à être exploités partir de mars 1938 et la Seconde Guerre mondiale ne tardera pas à faire comprendre à nos stratèges qu’une guerre moderne ne se gagne pas sans le contrôle des puits de pétrole. Acte fondateur de l’alliance entre le puritanisme américain et l’intégrisme saoudien, le pacte, « pétrole contre protection » signé le 14 février 1945 sur le porte-avion Quincy entre Roosevelt et Ibn Séoud garantit la stabilité et la protection militaire à la monarchie saoudienne en échange d’un approvisionnement en pétrole de l’Amérique à travers le monopole de la société Aramco (Arabian American Oil Company). Ce pacte était valable pour soixante ans. Il a été renouvelé en 2005. 
La manne pétrolière permet aux Saouds de financer la propagande en faveur du wahhabisme, sous ses différentes formes dites aujourd’hui “salafistes” pour ne pas nommer la maison-mère (de même qu’on appelle nazis, les nationaux-socialistes pour garder immaculé le mot socialistes). 

Le but avoué des Saouds est d’imposer le wahhabisme d’abord à l’ensemble des nations musulmanes et ensuite au monde entier. 

De nombreux musulmans sont ébranlés par le flots d’images déversé par les sites internet et les télévisions wahhabites et ne font plus la différence entre le bon grain ou l’ivraie, entre l’hérésie et l’orthodoxie. Les mosquées se multiplient alors qu’un musulman orthodoxe n’a pas besoin de mosquée, ni d’autre médiation entre Dieu et lui. La prière musulmane se pratique avec sincérité et surtout sans ostentation.

Le seul pacte du Quincy ruine les élucubrations du professeur Huntington car il s’agit bien non pas d’un choc de civilisation mais d’une alliance de civilisation entre une puissance occidentale et une puissance orientale qui donne le ton de la géopolitique au Proche-Orient. 

Tant que la France reste dans l’orbe de cette alliance au Levant, elle ne peut prétendre sérieusement conduire une « guerre ». On ne fait pas la guerre à des groupes armés mais à des États-nations. Nous ferons grâce au lecteur d’un rappel des conditions du développement du terrorisme « islamiste » dans les années 80 pour l'instrumentaliser contre le communisme. Ces faits sont connus. L’intégrisme n’est donc pas un phénomène interne à l’islam mais suscité de l’extérieur par des puissances étrangères à l’islam orthodoxe. Le fait que le wahhabisme soit devenu aujourd’hui un golem incontrôlable ne dispense pas la France du devoir de sanctionner ses créateurs saoudiens et américains.

Ce que la France pourrait faire pour tenter de faire reculer le terrorisme

Pour peu que la France, zombifiée par le messianisme américain et le wahhabisme saoudien, sorte de son amnésie neurasthénique, il lui reste suffisamment de souveraineté pour commencer à combattre le terrorisme qu’elle a laissé complaisamment se développer sur son sol pour ne pas fâcher ses puissants alliés et même si ce n’est peut-être qu’un dernier baroud d’honneur avant la vassalisation totale.

L’ex-Président de la république Nicolas Sarkozy en sortant de sa rencontre avec le Président Hollande à l’Élysée a parlé « d’infléchissement » à donner à notre politique extérieure. Chacun en convient. Les Français doivent cependant se souvenir que la connivence de Monsieur Sarkozy à l’égard de certains pays du Golfe, qui alimentent le terrorisme ne l’autorise plus à donner des leçons. Rappelons qu’après avoir invité en grande pompe Bachar-el-Assad et Kadhafi en France, il s’est acharné à devancer les désirs des néo-conservateurs américains les plus faucons en nous poussant à abandonner la Tunisie et l’Égypte, en déstabilisant la Syrie et en abattant comme un malfrat le seul dirigeant qui, en dépit de ses disparités tribales, avait réussi à donner un semblant de souveraineté à l’État libyen au point qu’il eut des velléités fatales de briser le monopole du dollar pour vendre sa production pétrolière en euro. Nicolas Sarkozy est le principal responsable de l’ouverture des flux migratoires contre lesquels il éructe aujourd’hui. N’oublions pas nous plus qu’il s’était autorisé à dégarnir nos troupes au Mali afin de fournir une garde personnelle à l’émir d’Abu-Dhabi. Il est loin d’être certain que Nicolas Sarkozy ait eu la lucidité de François Hollande et de son ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian qui nous a permis de réagir à la tentative des groupes terroristes de forcer le verrou du fleuve Niger par la magistrale opération Serval. N’oublions jamais, quelles que soient nos opinions politiques, que ce brillant et héroïque succès de nos troupes au sol est à porter à son crédit. François Hollande a donc objectivement plus de titre que Nicolas Sarkozy, qui a bradé les intérêts de la France, pour conduire nos armées lors du prochain quinquennat.

Plutôt que gesticuler en truffant tous les discours officiels de ce pétard mouillé qu’est devenu le mot guerre voici, pays par pays, les mesures d’urgence que notre diplomatie peut prendre pour enfin commencer à combattre le terrorisme au lieu de continuer à le nourrir :

Arabie Saoudite et Qatar

La première démarche consiste à nommer l’ennemi. Puisque notre Président de la république affirme qu’on nous mène une guerre et que c’est donc par des actes de guerre que nous devons riposter, cet ennemi ne peut être l’État islamique, qui désigne une organisation terroriste et non un État. Nos véritables ennemis c’est d’abord l’Arabie Saoudite et ensuite le Qatar, qui s’il n’utilise pas les mêmes canaux que la maison-mère et préfère s’appuyer sur les frères musulmans se fonde sur le même substrat hérétique que l’Arabie saoudite pour semer la terreur.

Il serait bien évidemment absurde de faire « la guerre » à ces deux pétromonarchies et « frapper » Ryad ou Doha ni de nous ingérer dans leurs affaires intérieures (il n’est pas question, dans l’immédiat, de demander la réciprocité en matière religieuse et d’exiger que les religions juives et chrétienne puissent être pratiquées aussi librement en Arabie saoudite que l’islam est pratiqué librement chez nous ; nous n’avons pas de légitimité non plus pour demander le retour de la garde de lieux saints de l’islam aux dynasties chérifiennes : c’est aux pays musulmans de s’unir pour l’exiger).

Nous sommes libres en revanche de lancer à ces deux pays un ultimatum qui pourrait avoir cette tournure : « Dans un délai d’un mois l’Arabie Saoudite et le Qatar doivent cesser leur soutien aux groupes wahhabites et à leurs diverses déclinaisons d’obédience salafistes et frères musulmans qui opèrent contre des États légitimes tant en Orient qu’en Occident et frappent régulièrement le sanctuaire national français. Au bout de trente jours si le soutien persiste la France suspendra ses relations diplomatiques avec ces deux États, mettra un terme aux privilèges et avantages fiscaux consentis à ses deux pays sur son sol et gèlera leurs avoirs. »

Charité bien ordonnée commençant par soi-même, il va sans dire qu’un tel ultimatum exige que nous cessions immédiatement le soutien que nous apportons aux groupes soi-disant rebelles modérés au Levant. Le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, déclarait naguère que le groupe Al-Nosra, qui n’est autre que la branche d’Al-Qaïda en Syrie, « avait fait de l’excellent travail ». Le Quai d’Orsay non seulement doit faire amende honorable mais doit soulever le problème de la formation de ses cadres qui œuvrent à la ruine de l’influence française au Levant depuis plusieurs décennies.

États-Unis

Contrairement à ce qu’avancent certains géopoliticiens, nous vivons toujours dans le monde d’après 1945. Le monde est toujours dominé par le dollar et par la seule hyperpuissance financiaro-militaire qui l’émet. La géopolitique n’est pas devenue polycentrique du jour au lendemain et la France n’a pas les moyens de figurer dans une autre alliance que l’alliance Atlantique. Il reste qu’il s’agit bien d’une alliance et non d’une vassalité absolue. Ce qui signifie que nous gardons une marge de manœuvre qu’il est grand temps d’utiliser. Nous n’avons pas consulté notre grand frère américain avant de faire parler la foudre au Mali et rien ne nous empêche, dans le même esprit, de rappeler à notre suzerain que nous ne sommes pas liés par les accords du Quincey.

N’étant pas pays producteur de pétrole nous n’avons pas participé à l’opération américano-saoudienne qui a consisté à casser les prix du pétrole en 2014 afin de mettre à genou les économies russes et iranienne. Même si nous avons objectivement intérêt à la baisse des prix du pétrole et que ce frémissement que nous observons sur le front de la « croissance » n’est pas dû à une reprise mais est plutôt imputable à la chute artificielle des prix du pétrole, nous refusons que cette baisse soit le produit d’un bras de fer géopolitique.

Observons que cette guerre économique ne pourra être soutenue indéfiniment. Un récent rapport du FMI prévoit de graves problèmes budgétaires non plus seulement aux États-Unis mais cette fois-ci en Arabie saoudite, pays dont le budget est traditionnellement excédentaire mais qui semble ne plus pouvoir financer la double confrontation qu’il a imprudemment engagé en Syrie et au Yémen.

Dans le même esprit, nous invitons les candidats à l’élection présidentielle américaine à mesurer les dégâts que cette guerre du pétrole ont provoqué en Amérique même. En effet, le seul secteur qui avait enregistré une croissance exponentielle ces dernières années, le secteur du gaz et du pétrole de schiste, a été ruiné par la guerre du pétrole qui ne permet plus aux entreprises de dégager une marge suffisante pour obtenir les crédits d’investissement nécessaires à l’exploitation de pointe de cette source d’énergie.

La Turquie 

Erdogan a pu se targuer de vouloir conduire une politique néo-ottomane mais son attitude à l’égard de la Syrie et des Kurdes montre qu’il mélange un populisme anatolien aux pire relents du jacobinisme kémaliste. Erdogan ne sera néo-ottoman que s’il prend ses distances avec l’ennemi traditionnel wahhabite de l’islam ottoman et que s’il se rapproche de l’Irak et de l’Iran afin de permettre la constitution d’un Kurdistan libre. L’Empire ottoman n’avait rayonné dans la longue durée que parce que son centralisme était tempéré.

Erdogan bénéficie de fonds structurels européens qu’il a utilisés pour épurer l’armée et l’appareil d’État kémaliste au motif spécieux qu’il fallait créer les conditions d’une adhésion de la Turquie en Europe. Mais son véritable objectif est l’islamisation de la société et du pourtour méditerranéen. N’oublions pas que la Turquie est la seule puissance régionale au Levant à avoir condamné l’intervention française au Mali. Erdogan doit cesser de pratiquer un double jeu avec l’Europe. Ce qui signifie, entre autres, qu’il doit cesser de fermer les yeux sur le transit sur son sol des combattants venus d’Europe pour la Syrie, faute de quoi la France serait bien inspirée de lui lancer un ultimatum similaire à celui que nous suggérons en direction de l’Arabie saoudite et du Qatar.

Comme l’ont démontré les attaques du début de l’année contre la livre turque, l’économie turque ne va pas aussi bien que le proclame l’AKP, le parti d’Erdogan qui vient de remporter les élections législatives en s’appuyant sur une propagande belliciste. La croissance qui était de 8% est aujourd’hui tombée à 3%. La Turquie a donc tout à gagner à rendre plus transparente ses relations avec l’Union européenne plutôt que de caresser un rêve néo-ottomans que ses nouvelles élites issues des plateaux d’Anatolie au lieu de l’Asie mineure sont trop intégristes pour être en mesure de réaliser.

L’Iran

Dans l’hérésie wahhabite, les chiites ne sont pas considérés comme des musulmans. Nous n’avons pas oublié que l’Iran, pour punir notre soutien à l’Irak contre laquelle elle a mené une guerre impitoyable de 1980 à 1988, a déclenché une vague d’attentats en 1988 à Paris (attentats du Claridge et de la rue de Rennes). L’Iran a donc pratiqué le terrorisme contre nous. Mais ce pays, héritier de la civilisation perse dans laquelle l’islam des Abbassides a su habilement se fondre, n’est pas en soi un État fondé sur la terreur contrairement à l’Arabie saoudite. La situation a bien changé aujourd’hui car le pays légal irakien est à dominante chiite et l’Iran n’est plus acculé à recourir au terrorisme comme dans les années 80.

L’accord de Vienne sur le nucléaire iranien est une chance unique qu’il faut saisir pour prendre l’État islamique en tenaille entre la coalition qui doit se constituer à l’Ouest autour de la Syrie, comprenant les milices chiites du Hezbollah, et l’armée irakienne soutenue par les milices chiites à l’Est. Charge à la communauté internationale de veiller à ce que une fois la victoire remportée, les droits des tribus sunnites de l’Est irakien qui se sont ralliées à l’État islamique en réaction à l’impéritie et au sectarisme du Premier ministre irakien Nouri Kamal al-Maliki soient respectés et que les Irakiens se mettent d’accord sur une autonomie, voire une sécession qui garantisse à la minorité sunnite de ne plus être opprimée par la majorité chiite, ce que l’Iran est tout à fait prêt à comprendre aujourd’hui.

La Syrie

La Syrie historique, Bilad-al-Cham, comprenait la Syrie d’aujourd’hui, l’Irak, la Jordanie, le Liban et la Palestine. La Syrie actuelle est issue des accords Sykes-Picot qui imposèrent le mandat français à ce territoire jusqu’à l’indépendance en 1946.

Nous avons donc en Syrie des responsabilités historiques, que le régime de Damas nous plaise ou non. Dans l’état actuel des choses, tout changement par un renversement au sommet de l’État syrien serait nécessairement une victoire non pour le camp de la démocratie mais pour celui du terrorisme wahhabite.

Les frappes russes contre les positions dites rebelles et qui menacent directement Damas, contrairement aux positions de l’État islamique qui se trouvent dans la profondeur syrienne, n’ont pas permis de desserrer l’étau. Il est à craindre que tant que ces groupes continueront à être armés puissamment par les Américains au moyen des systèmes d’armes les plus élaborés, le front ne bougera pas. La seule solution militaire est donc de mettre en place une coalition unique incluant le pays agressé, la Syrie et son président légitime. La question de la transition politique ne pourra sérieusement être posée qu’une fois la paix revenue.

Le Liban

Aucun journaliste français n’a fait le rapprochement mais les fusillades de Paris ont été précédées la veille, 12 novembre, de deux attentats-suicides, au mode opératoire comparable à ceux de Paris, qui ont frappé au sud de Beyrouth le quartier chiite de Burj El Barajneh présenté chez nous comme un « fief » du Hezbollah. Ces attentats-suicides revendiqués par l’État islamique ont fait 41 morts et 200 blessés.

Le but des kamikazes était de perturber la reprise des travaux de l’Assemblée nationale, dont la présidence, selon les termes de la Constitution libanaise (imposée par la France au terme de son mandat sur le Liban), est dévolue à un chiite.

Un quartier chiite ? Mais quel est donc le rapport avec la France ? Le Hezbollah, que le quai d’Orsay persiste à présenter comme une organisation terroriste, est aujourd’hui allié aux chrétiens du général Michel Aoun, donc aux « croisés » dans la rhétorique de l’État islamique. Depuis septembre 2015, l’Arabie saoudite préside la commission des Droits de l’homme de l’ONU. Les saoudiens utilisent ce statut par le truchement de leurs organisations humanitaires pour pénétrer dans les camps de réfugiés et prendre des mesures discriminatoires pour tous ceux qui ne sont pas de leur obédience (on sait que l’aide aux réfugiés est sélective et que les chrétiens et les chiites ne sont pas toujours logés à la même enseigne que les sunnites). Dans un pays, qui accueille près de deux millions de réfugiés syriens sur 6 millions d’habitants, l’Arabie saoudite entend transformer les camps, en instruments de déstabilisation du Liban afin qu’il bascule dans la nouvelle « fitna » qui sévit actuellement au Proche-Orient.

La France, membre du Conseil de sécurité doit se souvenir de ses devoirs à l’égard du Liban et s’élever à l’ONU contre ces pratiques.

Israël

On sait ce que notre hostilité à l’égard de la Syrie et de l’Iran fut le lot ces dernières années d’une complaisance à l’égard de la politique de M. Netanyahou qui prétend défendre les intérêts israéliens en attisant les foyers de discorde entre musulmans selon le principe divide ut imperare à la mode chez les néo-conservateurs américains. Il convient que la France profite des velléités de rapprochement entre la Russie et Israël sur la question syrienne pour adopter une politique plus équilibrée.

L’Algérie 

Les Français se souviennent-ils que les massacres de chrétiens perpétrés dans les années 1860 à Damas  ne furent pas seulement arrêtés par l’envoi de troupes françaises dans ce que Napoléon III qualifiera lui-même de « guerre humanitaire » (sans doute la première du genre) mais aussi et surtout grâce à médiation du héros absolu du nationalisme algérien, l’émir Abd el-Kader ?

Cet exemple, parmi d’autres, doit nous rappeler que les Franco-Algériens ne représentent pas pour la plupart une menace mais au contraire une force. Si dans ce combat contre le terrorisme nous devons faire toute la place aux nombreux Franco-Algériens qui résident sur notre territoire c’est parce qu’ils ont une expérience irremplaçable de la guerre civile, qui se déroula en Algérie dans les années 90 et fit 200 000 morts. Cette guerre contre le FIS et son bras armé, le GIA, n’a pas été gagnée par l’armée algérienne mais par des milices de patriotes qui furent alors armées par le gouvernement. Le réseau Kelkal qui commit des attentats commandités par le GIA sur notre sol est une exception. La grande majorité des Franco-Algériens, qui ont connu la guerre civile en Algérie, sont loin d’avoir exporter le terrorisme chez nous et en sont au contraire les plus farouches contempteurs, en connaissance de cause. Les terroristes se recrutent essentiellement chez les Français d’origine algérienne nés sur notre sol. Gageons que si nous ne gagnons pas la guerre en Syrie et en Irak et que la guerre civile éclate en France, le concours des Franco-Algériens patriotes sera décisif.

Le Maroc

En matière de lutte contre l’intégrisme, nous oublions trop souvent que nous avons un partenaire fidèle avec le royaume chérifien. Le Maroc est un pays berbère qui a conquis l’Espagne comme nous le rappelle le rocher de Gibraltar qui vient de l’arabe djebel Tariq, « la montagne de Tariq », du chef berbère Tariq ibn Ziyad qui franchit le détroit à la tête des premières troupes musulmanes. Le Maroc est un royaume ancestral qui ne fut jamais soumis par les Ottomans.

L’isolement diplomatique et les critiques que lui valent dans le Golfe sa proximité avec l’Occident et sa tolérance religieuse, qui en fait le pays oriental où les juifs sont le plus en sûreté, l’a conduit récemment comme pour faire amende honorable à se laisser entraîner dans la coalition « arabe » contre le Yémen. C’est un signe de fragilité et notre responsabilité est de conforter le Maroc dans ses options occidentalistes en ne nous contentant pas de l’utiliser comme base arrière pour nos centres d’appel ou nos retraités. Il convient également que nos imams y soient formés. Nous ne pouvons faire confiance à cette institution archaïque qu’est le CFCM (conseil français du culte musulman), inspirée par le consistoire que Bonaparte avait conçu pour contrôler la communauté juive, et qui est scandaleusement dominé par l’Union des organisations islamiques de France (UOIF), émanation des frères musulmans.

La Tunisie

La Tunisie que nous avons déstabilisée au moment des « printemps arabes » reste le pays le plus proche de nos convictions sur la laïcité. Il doit donc demeurer un partenaire privilégié. L’urgence est la défense de son flanc sud incontrôlable depuis la chute de Kadhafi et que le renforcement de notre coopération avec le Tchad doit contribuer à sécuriser.

Le Tchad

Le Tchad est le seul pays d’Afrique subsaharienne qui depuis la chute de Khadafi ait conservé des capacités opérationnelles, qui lui permettent d’être à nos côtés dans le combat contre les bandes wahhabites qui opèrent du Sinaï à la Mauritanie. C’est largement grâce à l’efficacité de l’armée tchadienne et à nos bases en territoire tchadien que nous avons pu prolonger les opérations Épervier et Serval en opération Barkhane qui vise à lutter contre les groupes armés wahhabites dans toute la bande saharienne. Ce dispositif doit être renforcé par la communauté internationale car nous ne disposons pour l’instant que de 3000 hommes dans cette zone livrée à toutes les turbulences. Voilà peut-être un terrain où l’aide européenne que notre Président de la république vient de solliciter dans son discours du 16 novembre devant le Congrès serait la bienvenue. Cette aide sera vraisemblablement financière mais on pourrait aussi imaginer aussi que pour tenter de contrôler les immenses zone saharienne et sahélienne, qui est la clé des flux migratoires en Europe, que des troupes anglaises, italiennes, voire allemandes se déploient pour prêter main forte aux armées tchadienne et française.

Libye

La presse française s’est bien gardée de commenter la surprenante décision du Conseil suprême des tribus de Libye qui, le 14 septembre 2015, a désigné Seif al-Islam Kadhafi comme son représentant légal. Oui, vous avez bien lu. Un des fils du colonel, lynché avec notre complicité, est désormais le seul représentant crédible de la Libye réelle. Cette nouvelle est insupportable pour nos oligarchies car elle rappelle que la Libye ne saurait retrouver une stabilité que si la communauté internationale reconnaît sa diversité tribale incarnée dans la longue durée par ses deux pôles, la Cyrénaïque à l’Est et la Tripolitaine à l’Ouest.

Seif al-Islam est actuellement « détenu » par les milices de Zenten qui contrairement à ce qu’affirment nos journalistes hébétés par le chaos lybien ne sont pas composées d’Arabes mais de Berbères. Comme le précise l’africaniste Bernard Lugan, Zenten est « un nom berbère puisqu’il s’agit de la déformation de Z’nata ou Zénète, l’une des principales composantes du peuple amazigh. Cette « tribu » berbère arabophone occupe une partie du djebel (Adrar en berbère) Nefusa, autour de la ville de Zenten. »

Seif al-Islam, le fils que le colonel Kadhafi avait choisi pour lui succéder y est traité avec tous les égards dû au rang qu’occupait son père.

Le samedi 14 novembre 2015, l’Amérique a bombardé pour la première fois l’État islamique en Libye, lequel est essentiellement implanté à Syrte en Tripolitaine, qui fut le foyer de la colonisation grecque dans l’Antiquité. Ce bombardement aveugle en violation des lois internationales et aussi inutile que les mêmes frappes de l’Amérique en Syrie et témoigne d’un souverain mépris pour les réalités lybiennes. Si l’on veut espérer un jour mettre un terme au chaos lybien, il ne faut pas raisonner en fonction des groupes terroristes qui se sont infiltrés dans ce pays mais des alliances ou confédérations de tribus appelées çoff en arabe dialectal lybien.

Nous devons nous souvenir que le colonel Kadhafi a tenu son pouvoir de l’équilibre qu’il avait su instaurer entre les trois grands çoff libyens, à savoir, comme le précise Bernard Lugan, qui vient de publier une Histoire de la Libye, « la confédération Sa’adi de Cyrénaïque, la confédération Saff al-Bahar  du nord de la Tripolitaine et la confédération Awlad Sulayman de Tripolitaine orientale et du Fezzan à laquelle appartiennent les Kadhafda, sa tribu. De plus, à travers sa personne, étaient associées par le sang la confédération Sa’adi et celle des Awlad Sulayman car il avait épousé une Firkèche, un sous clan de la tribu royale des Barassa. Son fils Seif al-Islam se rattachant donc à la fois aux Awlad Sulayman par son père et aux Sa’adi par sa mère, il peut donc, à travers sa personne, reconstituer l’ordre institutionnel libyen démantelé par la guerre franco-otanienne.

Aujourd’hui, les alliances tribales constituées par le colonel Kadhafi ont explosé ; là est l’explication principale de la situation chaotique que connaît le pays. En conséquence de quoi, soit l’anarchie actuelle perdure et les islamistes prendront le pouvoir en Libye, soit les trois confédérations renouent des liens entre elles. Or, c’est ce qu’elles viennent de faire en tentant de faire comprendre à la « communauté internationale » que la solution passe par les tribus… Certes, mais la Turquie et le Qatar veulent la constitution d’un État islamique et la justice internationale a émis un mandat d’arrêt contre Seif al-Islam… »

La France, qui compte parmi ses libérateurs la colonne Leclerc partie du Fezzan, doit mettre entre parenthèse sa vision jacobine de la reconstruction de la Libye si elle veut s’appuyer à nouveau sur ce pays pour combattre le terrorisme, au sol, dans le Sahara.

L’Égypte

L’Égypte qui nous doit le canal de Suez, semble vouloir renouer avec une amitié traditionnelle la France dont Méhémet-Ali fut un des plus ardents promoteurs. Même si notre presse semblait avoir plus de tendresse pour la rhétorique démocratique des frères musulmans, il n’en est pas moins vrai que l’Égypte a toujours été dirigée depuis la régence mamelouk par des militaires. La France au lieu de s’occuper, une fois encore de la forme du régime de cet allié objectif dans la « guerre » qu’elle affirme vouloir mener contre le terrorisme a tout à gagner à aider l’Égypte d’Al-Sissi, d’abord à reprendre le contrôle de Sinaï et, ensuite à prendre toute la part qui lui revient dans la coalition anti-terroriste en Syrie (Souvenons-nous que l’Égypte et la Syrie n’ont formé qu’un seul pays entre 1958 et 1961 sous le nom de République arabe unie).

Le Mali 

La lutte contre le wahhabisme au Mali ne sera efficace dans la durée que si le gouvernement malien accepte de dialoguer avec le MNLA (Mouvement National pour la Libération de l’Azawad) qui réclame légitimement à l’indépendance de l’Azawad, zone majoritairement Touareg du Nord-Mali. Les tribus Touaregs, alliées de la France depuis le XIXe siècle et qui furent les auxiliaires fidèles de l’homme du désert qu’était Mouammar Khadafi, avaient libéré le Nord-Mali au début de l’année 2012 et proclamé son indépendance à Kidal le 6 avril 2012 avant d’être débordées par des groupes terroristes venus d’Algérie, achetés et supérieurement armés par les puissances étrangères que l’on sait. La France ne gardera le contrôle sur cette zone que si elle impose au gouvernement malien une solution politique qui cesse d’exclure nos alliés touaregs dans la région.

Le président François Hollande a prononcé un discours ce lundi 16 novembre sur les mesures à prendre pour contrer le terrorisme. Nous nous garderons de les commenter car quelle que soient l’ampleur des énièmes dispositions proposées, il tombe sous le sens que s’obstiner à écoper la voie d’eau ouverte par le terrorisme en gesticulant à contretemps sans fermer le robinet qui l’alimente sera un nouveau coup d’épée dans l’eau. L’histoire et la géopolitique que nos classes politiques et médiatiques s’acharnent à proscrire au motif qu’elles ne sont pas philanthropiques doivent reprendre leur place dans l’art du gouvernement sans quoi au lieu de faire reculer le terrorisme nos pseudo-élites continueront à nourrir son cercle vicieux.