lundi 25 avril 2022

LA DEMOCRATIE CHEZ LES POPULISTES ...

OU QUAND LE PREMIER DE LA CLASSE DERANGE !

Article paru dans : Agoravox 

Le 24 avril 2022, sans surprise, Emmanuel Macron est réélu pour un second mandat avec 58,55 % des voix, ce qui en fait le premier président sortant réélu hors cohabitation et le plus jeune président de France.

A peine les résultats étaient-ils proclamés, que des commentaires pour le moins surprenants montaient de toute part de la part d'une classe politique secouée depuis l'entrée en scène de ce très jeune président en 2017; et qui suscite tant de haine irrationnelle trahissant une jalousie envers quelqu'un de jeune, de beau, de cultivé, de brillant, de diplômé des meilleures écoles ... et de surcroit Mozart de la finance, comme le moque Marine Le Pen qui s'embrouille dans les chiffres et veut raser gratis sans dire comment financer ses propositions populistes !

Drôle de démocratie où les vaincus se prennent pour les vainqueurs.
Drôle de démocratie où les abstentionnistes (28,01%) ne jouent plus le jeu démocratique, dés lors que leur favori est éliminé.
Drôle de démocratie où les vaincus contestent la légitimité du vainqueur en invoquant les abstentionnistes, ignorant les règles élémentaires démocratiques.
Drôle de démocratie où les perdants veulent rejouer le match, pour prendre leur revanche comme Melenchon qui pousse le ridicule jusqu'à demander à ses électeurs de l'élire premier ministre de Macron.
Drôles de démocrates qui ne pratiquent même pas la démocratie au sein de leur propre parti de France Insoumise et du Front National.

En 2017 Macron avait laminé le PS en 2017 (Benoît Hamon : 6,36 %) où tout le monde se bouffait le nez; et dont la mort est confirmée le 17 avril 2022 (Anne Hidalgo : 1,75 %).
En 2022 Macron a laminé LR où tout le monde se bouffe le nez; et dont la mort est actée le 17 avril 2022 (Valérie Pécresse : 4,78%).

Il reste à Macron de laminer le FN et d'en finir avec la dynastie Le Pen qui commence à se fissurer et où les ego et les couteaux s'aiguisent pour devenir chef du FN. Marine avait écarté le père pour devenir cheffe à la place du chef. Sa nièce Marion veut prendre la place de la tante. Elles ont beau changé la forme, jusqu'à effacer le nom Le Pen de leurs affiches, mais le fond de ce parti reste le même. Et Zemmour tel raminagrobis, veut récupérer leur parti pour l'élargir aux autres divers droites !

Donc de grands remaniements en perspective, pour une recomposition de la classe politique française; avec l'espoir que les plus sages reviendront au centre et laisseront les extrémistes aux extrêmes de l'échiquier, avec Jean Luc Melenchon à l'extrême gauche, lui qui se veut le leader de la gauche et qui se prend déjà pour la République; et à l'extrême droite celui qui héritera du FN, Eric Zemmour ou Marion Le Pen ou quelqu'un d'autre; puisque ce parti comme les autres, sera lui aussi dépecé.

A l'ère de la mondialisation, les démocraties se gouvernent au centre avec pragmatisme, pour en finir avec les idéologies et leur rigidité confinant à l'extrémisme et aux restrictions des libertés. Ce qu'avait bien compris Emmanuel Macron et que tarde à comprendre la classe politique en général.

Rachid Barnat


mardi 19 avril 2022

Le double jeu de Kais Said

D'un côté il prétend être en guerre contre Ghannouchi et ses Frères musulmans;

Et de l'autre, il ne ferme toujours pas le "centre culturel" de leur guide spirituel Qaradhaoui, centre qui forme les islamistes et les jihadistes bras armés des Frères musulmans et de leur sponsor l'émir du Qatar.

Comme il ne fait rien non plus contre la kyrielle d'associations caritatives financées par les pétromonarques pour diffuser le wahhabisme et l'obscurantisme qui va avec ...

Ce pan-arabiste est trahi par son frères Naoufel qui prône un "islamisme de gauche";

Et tout dernièrement, par la cérémonie au palais de Carthage de remise de "diplôme" pour des gamins et gamines "récitateurs du coran" ... affublés de tenues islamistes !

En réalité KS n'est en guerre que contre les Destouriens, ses véritables opposants qui veulent sauver la République des mains des complexés de l'Histoire, que sont les pan-islamistes et leurs frères ennemis les pan-arabistes !

Vivement la Troisième République avec une laïcité inscrite dans sa constitution !

R.B

Razika Adnani 

Avec Kaïs Saïed, la Tunisie a-t-elle un président ou un imam à la tête de l’État ?

Razika Adnani dénonce le dernier discours de Kaïs Saïed, président de la Tunisie. Il a défendu l'idée que les normes d’organisation de la famille ne devaient pas répondre aux lois de la constitution mais aux règles de l'islam.

Dans son discours prononcé à l’occasion de la fête nationale de la femme, le 13 août 2020, le président tunisien Kaïs Saïed a déclaré que l’Etat ne pouvait pas avoir de religion en faisant allusion à l’article 1 de la constitution tunisienne qui stipule que l’islam est la religion de la Tunisie. Pourtant, tout son discours a été digne d’un prêche du vendredi. Le président explique sa position : pour lui, l’État n’a pas de religion, mais la nation elle en a une et c’est l’islam. Quant au rôle de l’État, il consiste à respecter la religion de la nation. Quel est l’intérêt de soulever une telle question si c’est pour arriver au même résultat ?

LE CORAN POUR LA FAMILLE

En se présentant comme défenseur du droit divin, le président a affirmé que les normes d’organisation de la famille ne devaient pas répondre aux lois de la constitution mais aux règles de la religion, ce qui serait une grave dérive dans le fondement de l’État de droit. Il y aurait au sein de l’État deux normes suprêmes : le Coran pour la famille et la constitution pour les autres secteurs de la société. Ainsi, l’État abandonnerait la famille aux pratiques ancestrales dans lesquelles les femmes n’ont aucune place. Le président veut que la femme tunisienne du XXIe siècle se contente des droits dont disposait la femme en Arabie au VIIe siècle. Alors qu’elle est médecin, juge, avocate ou chef d’entreprise, son statut au sein de sa famille ne serait pas différent de celui de son arrière-grand-mère. Rien n’est surprenant. La règle est connue : plus le discours religieux avance, plus les droits des femmes reculent. Mais pour que cela soit possible, il faut que l’humanité de l’homme et sa maturité reculent.

Le discours du président au sujet de la constitution est une introduction pour arriver à la question cruciale : les inégalités successorales. Pour lui, c’est une affaire qui n’est pas à débattre afin d’éviter des discussions sans issue. Il ajoute que ces inégalités ne peuvent pas être abrogées, car elles sont inscrites dans des textes coraniques clairs qui n’admettent pas même d’être interprétés. Pour convaincre, il s’est forcé à expliquer que la justice n’était pas fondée sur le principe de l’égalité sinon on aurait dit "le palais d’égalité" et non "le palais de justice". Cependant, la finalité est de promouvoir la justice et l’égalité est un moyen pour y parvenir.

Pour défendre les inégalités en matière d’héritage le président, comme tous les conservateurs, s’est appuyé sur une idée de justice proportionnelle fondée sur le mérite contre une justice qu’il considère "formelle" car elle veut donner à tous les mêmes droits. Le problème est que pour eux c’est toujours l’homme qui mérite plus que la femme, qui a besoin plus que la femme et qui fournit davantage d’efforts que la femme. Ce qui nous ramène à une idée de justice fondée sur le respect strict de la hiérarchie des classes qu’on retrouve dans La République de Platon. Ici celle des hommes et celle des femmes. Ainsi, d’un revers de main, le président a balayé tant d’efforts fournis par des femmes et des hommes pour arriver à une conception moderne de la justice où tous les individus sont égaux devant la loi.

Au début du XXe siècle beaucoup de musulmans ont adopté l’idée de la réinterprétation comme solution pour sortir des difficultés juridiques qui bloquaient leur société. Une façon de faire qui n’était pas, pour beaucoup de questions, efficace, mais elle était au moins la preuve d’une reconnaissance de l’existence de problèmes qui nécessitaient des solutions. Logiquement un siècle après les musulmans auraient dû avancer pour adopter d’autres solutions plus capables de créer un réel changement dans les domaines politique et religieux. Construire un État moderne s’occupant des affaires de la cité et non de celles du divin. Rendre l’islam plus cohérent avec l’idée de Dieu sur laquelle il se fonde en abrogeant toutes les règles instituant les inégalités et appelant à la violence. Comment peut-on croire à un Dieu juste s’il ne considère pas égaux tous les êtres humains qu’il a créés ? Comment peut-on croire à un Dieu d’amour s’il incite à tuer ?

RETOUR EN ARRIÈRE

Je n’aborderai pas ici toutes les contradictions qui entourent la question des inégalités successorales en islam et celle de la méthode littéraliste, ce que j’ai eu l’occasion de faire dans d’autres textes et d’autres occasions. Je me contenterai en revanche de quelques questions. Si le fait qu’un texte nous paraisse clair implique l’impossibilité de l’amender ou de l’abroger, le président rétablira-t-il le châtiment de la main coupée ? Cette punition n’est-elle pas inscrite dans un texte clair selon les critères de clarté déterminés par les juristes ? Légalisera-t-il à nouveau l’esclavage évoqué dans plusieurs versets coraniques ? Les femmes tunisiennes seront-elles rappelées à leur obligation de se confiner chez elles comme l’ordonne clairement le verset 33 de la sourate 33, les Coalisés? Pour les commentateurs, ce verset s’adresse certes aux femmes du prophète mais celles-ci sont un exemple à suivre pour toutes les femmes musulmanes. La polygamie sera-t-elle rétablie après que Bourguiba l’a abolie en 1956 ?

Autant de questions qui s’imposent dès lors qu’on évoque les textes coraniques, leur explicité et la nécessité de les pratiquer. Ce qui interpelle, c’est le fait de poser aujourd’hui ce genre de questions comme si, pour les musulmans, le temps s’était arrêté au XIXe siècle. L’histoire des sociétés musulmanes est marquée par des retours en arrière qui reviennent après chaque évolution et chaque pas fait vers l’avenir, telle une règle à laquelle ces sociétés doivent répondre sans jamais pouvoir y échapper.

Dans son discours, le président a pourtant rendu hommage au penseur et réformiste Tahar Haddad (1898-1935). Il a même fait l’éloge de son fameux ouvrage Notre femme, la législation islamique et la société. Cependant, Haddad non seulement défend, dans ce même ouvrage, l’égalité entre les hommes et les femmes y compris en matière d’héritage, mais s’oppose aussi à l’interprétation littérale. Mieux encore, Haddad appelle à abroger les règles instituant les inégalités. "Je pense que la religion musulmane dans son esprit ne fait pas d’objection à la réalisation de l’égalité dans tous les domaines, une fois disparues les causes de la tutelle masculine[1]" écrit-il dans le chapitre de L’héritage.

En écoutant le président parler, notre attention ne peut qu’être attirée par son souci d’éloquence. Sa manière de parler la langue arabe rappelle fortement les acteurs des feuilletons et films religieux. C’est une caractéristique chez les islamistes maghrébins qui est révélatrice d’un contenu inconscient : l’excès de zèle du nouveau converti qui persiste depuis quatorze siècles. Dans cet élan d’éloquence, le président a utilisé l’expression, très péjorative, de celles qui "rabattent el hijeb" pour désigner les femmes. Elle a été utilisée par Ali, le gendre du prophète et quatrième calife, pour "rabaisser" ses hommes qui avaient refusé de faire la guerre contre Mouaouya, gouverneur de Damas, en leur disant : "Vous avez la cervelle de celles qui "rabattent el hijeb"", c’est-à-dire de femmes. Ainsi s’est adressé le président tunisien aux femmes tunisiennes et à travers elles à toutes les femmes.

En conclusion, les propos du président tunisien ne laissent pas indifférent parce qu’ils remettent en question tout ce que les Tunisiens ont construit depuis le XIXe siècle. La population tunisienne est celle qui s’est le plus adaptée à la modernité dans le monde musulman. Si la Tunisie entame ce retour en arrière, si les conservateurs arrivent à avoir raison de son esprit réformateur, c’est tout le combat des populations, dans les sociétés musulmanes, pour le changement et la modernité qui sera impacté.

Beaucoup de femmes et d’hommes dans toutes les sociétés musulmanes se battent pour le changement et pour la modernité. Leur tâche sera très difficile si le conservatisme se fait du haut vers le bas de la pyramide sociale.

[1] Tahar Haddad, Notre femme, la législation et la société. 

samedi 2 avril 2022

LE QATAR DONNE DES LECONS DE DEMOCRATIE A LA TUNISIE : On aura tout vu !

Article paru dans Kapitalis

Kais Saied ayant gelé le parlement, Ghannouchi son président, a organisé secrètement une réunion avec ses députés comme pour narguer le président de la république. Ce que Kais Saied considère comme un complot contre la sureté de l'Etat. Et comme tel, il veut punir les contrevenants qui seront jugés (devant une cour martiale ?) et sont d'ores et déjà condamnés à l'inéligibilité pour les prochaines élections !
Aljazeerza-TV, voix de son maître, s'est saisie de cette "affaire" pour dénoncer les dérives dictatoriales de Kais Saied; et de rappeler ce que sont les règles démocratiques et le respect de la constitution !
Curieux ce médias et curieux sont ses journalistes qui osent donner des leçons de démocratie aux Tunisiens, alors que le Qatar n'a toujours pas de constitution et dont le régime est la monarchie absolue et totalitaire; ce qui ne semble nullement déranger ces journaleux, puisqu'ils n'en parlent jamais dans les médias qataris !
Non seulement ces journalistes furent la cheville ouvrière de l'émir du Qatar pour le déclenchement du "printemps arabe" et de la première révolution qu'ils ont baptisée "révolution du jasmin" comme pour mieux narguer les Tunisiens, pour installer son protégé Ghannouchi et ses Frères musulmans au pouvoir; ils sont à nouveau derrière Ghannouchi pour le réinstaller sur son perchoir duquel Kais Saied cherche à l'éjecter; ... chose faite depuis cet énième coup d'Etat des Frères musulmans !
Kais Saied sera-t-il cette fois-ci plus cohérent qu'il ne l'était jusque-là, pour aller jusqu'au bout de cette nouvelle décision ? Car en pareil cas, les complotistes sont passibles de cours martiale, voir de peine de mort !
Ouvrira-il les dossiers concernant le financement d'Ennahdha par le Qatar ? Qui en soi constitue une ingérence dans les affaires de la Tunisie et par conséquent entraine l'interdiction de ce parti, en dehors des sanctions encourues par ses responsables ?
Dans sa guerre contre Ghannouchi, Kais Saied peut aussi demander à la justice d'enquêter sur les fortunes personnelles de celui-ci et de celles des membres du bureau politique d'Ennahdha : puisqu'il n'est plus de secret pour personne que ces mercenaires sont financés par l'émir du Qatar et qu'ils ont ruiné la Tunisie devenue leur butin de guerre et qu'ils ont razziée méthodiquement !
Kais Saied démantèlera-t-il les réseaux caritatifs mis en place par Ghannouchi et l'émir du Qatar pour le financement occulte de la myriades d'associations caritatives .... qui recrutent, forment les jihadistes et fiancent le jihadisme et les armes qui circulent dans le pays pour terroriser les Tunisiens ?
Et s'il est logique avec lui-même, Kais Saied fermera-t-il les "centres culturels" de Youssef Qaradaoui que finance l'émir du Qatar et dont on sait qu'ils recrutent et forment les futurs jihadistes-terroristes-mercenaires de l'émir du Qatar ?
Sans parler des dossiers concernant la corruption et les crimes commis par Ghannouchi et ses "Frères" qui sont toujours sous le boisseau ...
Alors Monsieur le Président, irez-vous jusqu'au bout pour débarrasser la Tunisie de l'islam politique / islamisme des Frères musulmans comme vous l'avez laissé croire aux Tunisiens un certain 25 juillet 2021 ?

Jusque-là les Tunisiens voyaient en Kais Saied un président timoré, qui semble obnubilé uniquement par un règlement de compte avec Ghannouchi avec lequel il n'a pas fini de croiser les fers ...
On verra cette fois-ci, si Kais Saied est sérieux et désireux d'en finir avec l'islamisme en Tunisie ou s'il s'agit d'un simple coup d'épée dans l'eau, comme tant d'autres ! Son ton martial devant son conseil de sécurité, plaide pour une action martiale de la part du chef des armées.
Affaire à suivre ...

Rachid Barnat