samedi 31 mars 2018

Quand les communautarismes se jouent de la laïcité

Sionisme et Islamisme ne peuvent prospérer que dans le communautarisme. Ce faisant, les français de confession juive tout comme les français de confession musulmane, voient leur religion instrumentalisée par le CRIF pour les premiers et par l'UOIF autrement dit par les Frères musulmans pour les seconds. Ils sont pris en otages autant que leur religion; puisque ces organisations s'expriment en leur nom !
Les deux ayant adopté une stratégie pour faire taire leurs opposants, en invoquant l'antisémitisme pour le CRIF et l'islamophobie pour les Frères musulmans.
Quand on voit l'alignement du CRIF sur la politique sioniste israélienne, on se demande s'il est au service des français de confession juive ou de celui des gouvernements d’Israël ! 
CRIF et UOIF remettent en cause la laïcité n'ayant de cesse de pourfendre les règles du vivre ensembles en réclamant des aménagements spécifiques pour leurs communautés respectives.
Il faut dire que les Frères musulmans n'ont fait que prendre exemple sur le CRIF et suivre la voie qu'il a ouverte pour imposer eux aussi leurs revendications aux responsables politiques obnubilés par leurs élections et leurs réélections.
CRIF & Frères musulmans aspirent-ils à devenir aussi puissants que le lobby juif américain pour faire et défaire les présidents ? 
R.B
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Le Crif, vrai lobby et faux pouvoir

Clermont-Tonnerre déclarait, le 24 décembre 1789, à la tribune de la Constituante, qu’«il faut refuser tout aux juifs comme nation dans le sens de corps constitué et accorder tout aux juifs comme individus…» Catégorique, il rejetait alors tout «communautarisme». Lorsqu’on se gargarise aujourd’hui en haut lieu ou dans les médias de communautarisme, on ne pense guère qu’aux Arabo-musulmans. Loin de toute langue de bois, disons clairement que ce mot est devenu synonyme de «musulmans». C’est vers eux que, du voile à la burqa en passant par l’identité nationale, tous les regards sont tournés, dans un pays pourtant laïque comme la France. Objet de cristallisation, comme les juifs l’ont été dans le passé, la nationalité française de nombre d’entre eux passe au second plan après leur religion.

En revanche, lorsque le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) organise son dîner annuel et qu’il lance des fatwas contre les uns et les autres, quand les politiciens de tout bord, y compris le Président et le Premier ministre, y accourent, personne n’ose parler de communautarisme. François Fillon est allé jusqu’à dénoncer ledit communautarisme lors de ce même dîner, au prétexte qu’il «refuse l’égalité et la fraternité». Il faisait bien sûr référence au communautarisme musulman. Et pourtant, tous les ingrédients sont réunis pour parler aussi de communautarisme juif. Cette année, comme l’an passé, les mesures d’ostracisme ont visé le PCF et les Verts, au motif de leur campagne de boycott des produits israéliens. Comble de l’horreur, certaines municipalités communistes auraient fait citoyen d’honneur Marwan Barghouti, l’un des responsables du Fatah, en geôle à vie en Israël.

On en vient à se demander si le Crif n’est pas plutôt le porte-parole d’Israël en France, comme une seconde ambassade de ce pays. Il y a un siècle, ce qui aurait passé pour de la double allégeance s’appelle aujourd’hui soutien à Israël. Parce que les juifs de France collent, paraît-il, à la ligne politique d’Israël, qu’elle soit de gauche ou de droite, leurs institutions, dont le Crif, ne feraient que suivre le mouvement. Les voilà tous légitimistes. Après la victoire d’un Nétanyahou et de ses alliés en Israël, on ne s’étonnera donc pas de la forte droitisation du Crif, concrétisée entre autres par l’entrée dans son comité directeur de personnalités aux opinions radicales.
Mais qui représente véritablement le Crif et combien sont-ils en son sein ? On ne le saura jamais. Ce qui compte, c’est qu’il est perçu comme un lobby (mot horripilant en France) par les politiciens. Et considéré comme tel, il l’est bien, un lobby, en fait. Ceux qui s’agglutinent à son dîner croient vraiment qu’il joue un rôle important dans la machine électorale. On y vient à la pêche aux voix juives, et pour être adoubé par des juifs dont l’influence serait déterminante, en raison de la place qu’ils occupent, ou sont censés occuper, dans la société française. De cet appui ne bénéficieront bien sûr que ceux qui soutiennent le plus Israël et qui donnent des gages clairs dans le combat contre l’antisémitisme. Un combat certes indispensable, mais qui mériterait de n’être pas instrumentalisé pour faire accepter toute politique israélienne, y compris la plus blâmable. Projetant sur la scène française ce qui se passe entre Israéliens et Palestiniens au Proche-Orient, le Crif ne manque aucune occasion pour appuyer la politique antimusulmane du gouvernement. En revanche, il a ses bons musulmans, comme Israël a ses bons Palestiniens, les seuls avec qui il daigne «dialoguer».
Aussi peu représentatif qu’il soit, le Crif est sans doute au diapason des positions de bien des juifs français, de plus en plus conservateurs politiquement, supporteurs inconditionnels d’Israël en toute circonstance et se réfugiant dans la mémoire de la Shoah et dans la dénonciation de l’antisémitisme, qui vont de pair. Celles-ci, forces rassembleuses indéniables, contribuent surtout à la survie d’un judaïsme qui le plus souvent s’y résume, ayant par ailleurs grandement perdu sa pratique et la conscience de ses valeurs essentielles. Qu’est-ce que le Crif sinon un groupuscule endogamique qui se donne des airs de petit Etat indépendant, agissant à sa guise, faisant plier les uns et les autres, tant par le biais de l’autocensure, sensible chez bien des journalistes, craignant à juste titre d’être soupçonnés d’antisémitisme dès qu’ils oseront critiquer la politique israélienne, que par l’instrumentalisation de la culpabilité de la Shoah intériorisée par la classe politique ? Le pouvoir imaginé que cette minuscule institution a su se fabriquer se retourne hélas contre les juifs eux-mêmes, et d’abord contre ceux qui ne se reconnaissent nullement en elle. Il génère à son tour de l’antisémitisme et offre des arguments, certes fallacieux, à ceux qu’obsèdent les vieux thèmes bien rodés du pouvoir juif, du complot juif. La «servilité» de circonstance des professionnels de la politique face au Crif vient renforcer les anciens préjugés.
Cette foi trop partagée dans la puissance des juifs et de leurs instances représentatives n’augure rien de positif. Le dîner du Crif enfin déserté, ses menaces ramenées à leur juste proportion de dangerosité réelle, voilà des mesures prophylactiques qui seraient susceptibles d’enrayer en partie une hostilité antijuive se nourrissant de fantasmes
* Directeur d'études à l'Ecole des hautes études (Sorbonne) - Sénatrice d'Île de France

jeudi 29 mars 2018

Eugène Delacroix : tableaux coups de foudre

Le Louvre, rend hommage à Eugène de Lacroix principal représentant du romantisme en France.
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Dante et Virgile aux Enfers offrent à Delacroix un triomphe

«Je sors d'un travail de chien qui me prend tous mes instants depuis deux mois et demi. J'ai fait dans cet espace de temps un tableau assez considérable qui va figurer au Salon.» En 1822, âgé de 24 ans, Delacroix tente ce qu'il appelle «un coup de fortune» avec cette toile, premier envoi au salon de peinture, inspirée d'un classique de la littérature, La Divine Comédie de Dante. Si le sujet marque une appartenance à l'école classique, la référence à un auteur de la fin du XIIIe siècle participe d'un goût retrouvé pour l'époque sombre du Moyen-Âge. On est loin toutefois du style troubadour à la mode. La facture et le parti pris de déstructurer la composition pour un effet de tumulte, de chaos, empruntent à Géricault, l'aîné admiré, et rendent hommage aux maîtres absolus Rubens et Michel-Ange. Si le néoclassique Delécluze qualifie ce tableau de «vraie tartouillade», «aucun ne révèle mieux l'avenir d'un grand peintre», s'exclame Thiers. L'État achète la toile, Delacroix triomphe.
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Les Scènes des massacres de Scio allument la querelle du romantisme

Deux ans plus tard, retour au Salon et nouveau coup de maître. Cette fois Delacroix a choisi un sujet d'actualité, espérant un retentissement comparable à celui suscité par Le Radeau de la Méduse en 1819, toile de l'ami Géricault qui, la première, a traité d'un événement contemporain. L'insurrection des Grecs contre l'occupant ottoman, qu'un Byron, très écouté par la jeunesse, dénonce, résonne clairement en France comme une agression de la tyrannie contre la liberté. Scio allume ce qu'on va bientôt appeler la querelle du romantisme. Le coloris (d'autant plus éclatant que la toile vient d'être restaurée), la hardiesse du dessin, la composition à nouveau dénuée de centre et qui ne focalise pas sur l'action proprement dite heurtent jusqu'à la première génération romantique. Le baron Gros y voit le «massacre de la peinture». C'est que Delacroix privilégie alors comme personne le pouvoir expressif de la matière colorée et du geste créateur exalté par la brosse. Nouvelle acquisition par les musées royaux.
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«Merveilleux comme un rêve», selon Baudelaire, La mort de Sardanapale

Cette fois c'en est trop. L'immense tableau (4 x 5 m, resté accroché dans la grande salle rouge Mollien du Louvre), choque unanimement lors de sa présentation au Salon, en janvier 1828. Il faudra attendre un an pour que Hugo y voit «une chose magnifique et si gigantesque qu'elle échappe aux petites vues». Et 1861 pour que Baudelaire, trop jeune pour l'avoir vue avant, le consacre «merveilleux comme un rêve». La source, un drame écrit par un Byron martyr de la guerre d'indépendance grecque, est prétexte à tous les excès. Par cette allégorie du despotisme le plus cruel doublé d'un éloge de la démesure érotique - on y voit une orgie meurtrière où figurent nombre de corps nus féminins offerts à l'holocauste, toutes «les règles de l'art ont été violées» comme l'affirme un journal du temps. Formes informes, couleurs jetées furieusement, la toile détonne d'autant qu'elle se trouve accrochée à côté d'un autre grand format de Delacroix, sagement religieux celui-là (Le Christ au Jardin des oliviers). Surtout elle est placée aux côtés d'Ingres et de son Apothéose d'Homère«Donnerons-nous le titre de composition à cet amalgame incompréhensible d'hommes, de femmes, de chiens, de chevaux, de bûches, de vases, d'instruments de toute espèce, de colonnes énormes, de lit démesuré, jetés pêle-mêle, sans effet, sans perspective, et ne posant sur rien», s'enflamme donc un journaliste. La très ancienne confrontation entre le dessin et la couleur, l'effacement de l'artiste derrière le sujet ou l'affirmation de l'expression par la touche, se voit ravivée comme jamais. Bientôt les histoires de l'art vont opposer classicisme et romantisme. Pourtant jamais Delacroix n'a négligé certains traits du néoclassicisme, tel le culte de l'Antiquité (ici nous sommes dans un palais assyrien). Pourtant, même un Théophile Gautier, grande figure du romantisme, a parlé d'un «balai ivre» pour décrire le pinceau du maître.
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Femmes d'Alger dans leur appartement, de la fièvre de la découverte aux souvenirs

L'Orient existe mais il est surtout un doux rêve de couleurs éclatantes et de voluptés cultivé en atelier. Delacroix n'a pas attendu son voyage en Andalousie et au Maroc, avec escale en Algérie, pour prétendre que l'Antique vit toujours au sud de la Méditerranée. Son Scio et son Sardanapale ne chantent-ils pas déjà cet ailleurs? Ici, dans cette fausse scène de genre, il bénéficie certes de l'expérience du terrain. En 1832, une famille juive d'Alger lui a ouvert ses portes. Il a pu cueillir quelques bribes du quotidien d'un riad. Ses merveilleux croquis de voyage l'attestent. Mais lorsque Delacroix les rouvre en France, plus tard et jusqu'à la fin de sa vie, avec leurs annotations écrites et aquarellées, leurs traits posés dans la fièvre de la découverte, ce sont les souvenirs qui affluent. La toile rend ainsi moins compte de la réalité d'un harem que du travail filtrant du souvenir. Tel est ce qui la rend si poétique. Delacroix, une fois de plus, n'a livré qu'un fantasme celui de la peinture pure. Il se distingue certes des autres pionniers du courant orientaliste par le fait qu'eux n'ont encore jamais voyagé plus loin qu'au sud de la Loire. Mais plus encore: par le fait que la couleur est la principale charmeuse. Laines et coussins tissés, riches tuniques de vaporeuse soie brodée, complexes faïences: tout chatoie, tout accroche la lumière, contrastant avec le lourd rideau et la sombre silhouette d'une mulâtresse. Les chairs, en revanche, palpitent moins. Ainsi cette couleur est-elle le véritable sujet de cette œuvre, plus que son apparence réaliste ou la lascivité des houris. À vrai dire juste quelques tuniques traditionnellement décolletées, des sarouels qui découvrent normalement les mollets et des pieds nus convenablement déchaussés sur les tapis. Les femmes du Maghreb ne revêtent leur caftan qu'au dehors. Ici, dans leur foyer, détendues autour de la terre et du feu d'un brasero, de l'air et de l'eau d'un narghilé, elles sont au naturel.
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Le Christ sur le lac Génésareth par le chaman Delacroix

Bien que libre-penseur, Delacroix a peint de nombreuses scènes religieuses. Et pas nécessairement parce qu'il répondait à des commandes. Il varie à plaisir, par exemple, le récit évangélique de la traversée de Jésus sur le lac de Génésareth. Les peintres qui ont imaginé cet épisode dans le passé ont évidemment choisi le moment où le Christ menace les éléments pour calmer la tempête. Ici Delacroix privilégie l'instant précédent. Lorsqu'il dort encore, insouciant du danger tandis que les apôtres sont terrorisés et que l'esquif ballotté par les flots menace de sombrer. Tout tournoie donc autour du fils de Dieu, unique point stable parmi les corps, les éléments et les couleurs déchaînés. Sardanapale apparaissait déjà ainsi au sein du suicide collectif qu'il avait décrété pour sa cour. Ces personnages autour desquels vibrionnent la vie et la mort, les teintes des toges, des cieux et des eaux ici turquoise là émeraude, sont autant d'autoportraits. Ils disent la condition de l'artiste selon Delacroix. Un passeur d'histoire, un pilote né, qui, sage ou fou, gouverne entre les plaisirs et les souffrances de l'homme. Un chaman en somme.

Visite guidée de l'expo 

Eugène Delacroix - Le 28 Juillet. La Liberté guidant le peuple.jpg
Eugène Delacroix - Jeune orpheline au cimetière (vers 1824).JPG

mardi 20 mars 2018

Un chaos en Libye, juste pour éliminer un président gênant !


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Derrière le chaos libyen, un règlement de compte minable .... car Kadhafi menaçait de divulguer les financements qu'il avait accordés généreusement à son "ami" Sarko pour sa campagne électorale !
Donc tout çà pour çà ! Par ses conneries, il a créé un problème aux frontières de la Tunisie et de l'Egypte; comme s'ils avaient besoin de ça, ouvrant les vannes de l'immigration clandestines pour toute l'Afrique vers l'Europe créant un nouveau problème pour l'Europe comme si elle avait besoin de ça !
R.B
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Mouammar le Cruel, ou le calvaire de Nicolas Ier

La realpolitik n'a jamais paru en France avec tant d'éclat, que dans les premières années du règne de Nicolas Ier. Patrick Rambaud se souvenait, dans sa "Deuxième chronique", de la visite de Kadhafi à Paris, en 2008. C'est hilarant. Extrait

Les jours qui précédèrent aussitôt l’an 2008 méritent une sorte de panorama, parce qu’ils servirent de fondement à une suite de faits considérables. En hiver survint une calamité qui s’abattit droit sur Notre Foudroyant Monarque, et il faut ici détailler cette plaie dès son origine pour ne point rester sots.

A l’époque vivait dans le désert de Libye un calife redoutable de la tribu des Kadhafa ; on le connaissait partout sous le nom de Mouammar le Cruel. Grand au-dessus du commun, le teint jaunâtre, empâté des joues et parfaitement mal rasé, le museau flétri d’un rocker de Liverpool, avec l’air bédouin au possible dans son burnous en laine de chameau, il possédait un don particulier d’intrigue, de souterrains et de ressources de toute espèce.

Quarante années plus tôt, il avait profité de l’absence du vieux roi Idriss, qui prenait les eaux chez les Turcs, pour lui dérober sa place, son pays, son or, son pétrole et son gaz. Désormais enivré de sa dignité, Mouammar se fit tout seul colonel, puis il voulut réunir autour de sa personne le peuple entier des Arabes pour le mener, mais les autres chefs lui tournèrent le dos, alors, regardant vers le Sud, il essaya de ramasser sous sa gandoura de belle facture les potentats de l’Afrique, mais ils esquivèrent prestement ses caresses : «Passe ton chemin, Bédouin, tu ne nous inspires nulle confiance !»

Le colonel s’était à l’instant exalté ; lui qui espérait imiter le pharaon Nasser, un dieu, il vit soudain son rêve s’émietter : «Par la barbe teinte en rouge du Prophète ! Personne ne veut de moi ? Eh bien qu’Allah vous tripote, je ne veux pas de vous non plus !»

Dès lors Mouammar se consacra au désordre, il figura le Mal, ses manières piquaient, insultaient même, et il devint aussi fin à nuire qu’à se faire des ennemis ; son commerce sembla insupportable par son autorité brutale, ses humeurs, sa malice, avec un air de supériorité qui faisait vomir et révoltait en même temps.

Le sobriquet de Cruel était justifié par ses actes. Mouammar se plaisait à aider tout ce que les Etats comptaient de furieux et de névrosés graves ; il distribua des missiles, des bombes et des conseils pour exploser les aéronefs en vol, capturer les paquebots de plaisance, mieux abordables que des torpilleurs, et mieux rentables pour qui voulait en tirer une rançon ; il enseigna à trafiquer les otages, à les torturer, à les monnayer, parce qu’il possédait la vendetta dans le sang. […]

La lutte du trublion bédouin dura longtemps, mais un jour vint où, fatigué de la détestation universelle, il décida de devenir respectable pour se faire admettre parmi les peuples éclairés. Ce fut ainsi qu’il relâcha des infirmières bulgares cuites à petit feu pendant des années, et il en fit profiter Notre Prince Lumineux, arrivé toutefois bon dernier dans les âpres négociations, mais qui en tira tout le fruit, ce que nous avons raconté par le menu dans le Premier Livre de cette Chronique.

Pour remercier le calife de Tripoli de lui avoir permis un éclat dont elle tira gloire, Sa Généreuse Majesté l’avait invité en visite officielle à Paris afin qu’il brillât à son tour aux yeux de l’univers, et qu’on pût le fréquenter ouvertement sans honte. Hélas, l’initiative peu réfléchie s’avéra fâcheuse pour Notre Rapide Monarque ; il n’avait jamais su mesurer les conséquences des décisions qu’il prenait à la va-vite sans consulter quiconque.

Mouammar débarqua un lundi de décembre avec une flotte automobile et trois cents courtisans de sa suite, dont un bataillon d’amazones joufflues en tenues léopard. Il rangea devant le perron du Château son interminable limousine blanche aux vitres blindées, et ce blindage soulignait son rang, cela seulement, puisque aucun despote n’a jamais été tué par balle à l’intérieur de sa voiture, et puisqu’une bombe bien posée n’a que faire de cette protection […].

Dès le premier moment qu’il fut sur notre sol, il trouva le moyen d’être plus voyant, plus remuant, plus histrion que Notre Electrique Souverain. Sous le prétexte qu’il emmenait partout ses coutumes avec lui, il exigea qu’on plantât sa gigantesque tente beige dans un jardin en face du Château, quand lui allait loger à l’hôtel Marigny dans une suite façon Louis XVI.

Pire ! C’était à l’époque où des escouades de la maréchaussée traquaient les tentes que les sans-logis avaient essaimées dans la ville pour ne pas mourir gelés. Sa Majesté en rageait et demanda au chevalier de Guaino, qui lui enseignait la civilisation en même temps que l’art oratoire, de qui leur hôte se moquait.
- De personne, Sire, et de vous moins qu’un autre, me semble-t-il...
- Il est nul, avec son camping sur nos pelouses !
- Ainsi le veut la tradition bédouine, Sire.

Pour prouver ce qu’il avançait, le rutilant chevalier tira de sa bibliothèque un album des aven­tures de M. Tintin auxquelles il se référait en permanence afin d’y comprendre mieux le monde. Il ouvrit Coke en stock à la page 6, où il avait glissé un signet, et il expliqua avec l’assurance de celui qui sait :
- Sire, voyez la tente que les gardes du jeune prince Abdallah ont installée dans le grand salon de Moulinsart, ils tirent sur leurs narghilés, ils ont poussé les meubles et les bibelots, fiché un poignard sur le parquet ciré et font rôtir une volaille à la broche avec des airs mauvais. […]
- Ça veut dire quoi tout ça ?
- Qu’il faut subir en silence les farces de l’invité personnel de Votre Majesté.
- Mais y va foutre le souk !
- Sire, songez aux milliards que vous espérez lui ravir, songez aux contrats.
- Ah oui, les milliards des contrats...

Notre Prince Fougueux s’était embarrassé jusqu’à changer plusieurs fois de visage, mais il entendit avec une infinie sagesse la raison financière en ordonnant qu’on ne bronchât point. Horreur ! Mouammar le Cruel posa sitôt d’autres problèmes qui semèrent le désarroi. D’abord, la date de son voyage était fort mal choisie, des amateurs avaient dû s’en mêler, puisque le lundi de son arrivée coïncidait avec la journée internationale des droits de l’homme, droits que le Bédouin ne savait que par ouï-dire et négligeait avec superbe.

La veille, en escale à Lisbonne où il n’avait pas eu le loisir de monter sa tente, il avait déclaré à une tribune qu’il comprenait les faibles qui posaient des bombes pour se faire entendre des puissants, car ils n’avaient d’autre moyen, ce qui empuantit lourdement l’atmosphère et souleva de tous côtés des protestations criardes ; Notre Furieux Monarque fut contraint de défendre son invité : «C’est facile, hein, de donner des leçons d’droits de l’homme à la terrasse du café d’Flore et dans des endroits aussi chics que ça, alors que c’est quoi qu’y font, les intellectuels de Saint-Germain-des-Prés, ben rien, y font rien et moi je fais !» […]

Pendant une semaine entière, Mouammar, s’imposant chez nous en touriste, éclipsa par ses extravagances Notre Pétillant Monarque ; un député confia aux gazettes qu’il lui rappelait le peintre Salvador Dalí, réputé pour ses clowneries.

Le mardi il se rendit en cortège à l’Assemblée et rencontra dans un salon une vingtaine de représentants triés, puis il fila à l’hôtel Ritz pour plastronner devant des intellectuels dont on ne sut pas les noms, ainsi que devant des notables dont le professeur en Sorbonne qui avait dirigé la thèse de sa fille Aïcha. Il leur parla de Jésus, lança des imprécations contre l’Amérique et signa son recueil de poèmes.

Le même soir il était à l’Unesco dans un amphithéâtre bondé ; s’il eut droit à l’ardente ovation d’une foule en boubous colorés, c’était que la plupart de ces enthousiastes avaient été amenés en car d’un foyer de la Sonacotra, embauchés pour la claque et moyennant salaire.

Mouammar relança le lendemain son offensive en exigeant in extremis une promenade sur la Seine ; notre Préfecture dut fermer tous les ponts pour laisser flotter en dessous le lent bateau-mouche requis, parce que des malséants auraient pu, depuis le parapet, jeter un vilain crachat mouillé ou un bâton de dynamite sur le chapeau traditionnel du Bédouin. Il y eut d’autres embarras, des avenues interdites, des sirènes, des policiers fébriles quand le Grand Gêneur visita le musée du Louvre au pas de charge ; la Vénus de Milo lui parut bien abîmée.

Il fallut ensuite satisfaire de nouvelles lubies, organiser une chasse royale à Rambouillet, dont Mouammar profita peu : il manqua à bout portant les trois lapins malades et le faisan empaillé que des rabatteurs costumés en buissons lui envoyèrent dans les jambes. A Versailles, qu’on vida pour lui de ses visiteurs ordinaires, qui ne furent point remboursés de leurs tickets, il posa en doudoune fourrée et chapka devant le trône de Louis XIV, et, dit-on, la phrase en arabe qu’il calligraphia bellement sur le Livre d’Or, une fois traduite, révéla une bordée d’insultes saignantes et divers jurons.

Au long de cette épouvantable semaine, le Bédouin obtint partout la une des gazettes, ce qui plongea dans l’ombre et le ridicule Notre Prince Adulé, lequel se sentit dépouillé autant qu’un cerisier sur quoi se serait abattu un nuage d’étour­neaux ; il lui échappa quelquefois des mono­syllabes de plaintes amères là-dessus, mais il prit soin de ne plus se montrer en compagnie du fâcheux Libyen, qui avait levé le poing sur le perron du Château, et de ne point répliquer aux affreusetés dont il parsemait ses discours.

Ainsi, devant une assemblée tout entière féminine, dignement reçu par une jeune Vendéenne en crinoline du Grand Siècle, Mouammar évoqua la condition tragique des femmes d’Occident, et lorsque le sournois consentit à prononcer l’expression de droits de l’homme, ce fut pour demander si les immigrés, chez nous, étaient respectés ou menottés. Avant de s’en aller, il lâcha encore une flèche qui transperça de part en part Notre Merveilleux Souverain : «Pourquoi me recevez-vous comme ça ? A Tripoli, quand on reçoit, on reçoit bien. Ou alors, il ne fallait pas me faire venir.»

La visite officielle, prolongée en visite privée, arriva à son terme un samedi, et Notre Audacieux Monarque sentit toute la douceur de cette perspective, qui le délivrait d’une servitude secrètement insupportable. Pour expliquer son calvaire, et poser en victime plutôt qu’en dupe, Nicolas Ier se gonfla comme un dindon et dit qu’il fallait parfois supporter le pire pour empocher dix milliards d’euros de contrats, quand bien même aucun n’était réellement signé, tandis que Mouammar, sans bruit, sans exigences, fit escale deux jours en Espagne où il accorda des contrats plus gros encore pour des hôpitaux, des trains et des usines, parachevant le portrait de Notre Exquise Majesté en bouffon.

Quelques pauvres mois après son glorieux avènement, on l’aura compris, cet épisode aussi scandaleux que loufoque entamait grandement la bonne fortune dont Sa Majesté avait joui ; le Bédouin n’avait cessé de le contredire avec ses déclarations raides où pointait le narquois ; ses insolences avaient sonné à la façon d’un glas, et, comme pour verser de l’acide sur une blessure ouverte, au même moment, après s’être enfuie très colère du Château, l’ancienne Impératrice Cécilia peignait les noirceurs de Notre Prince Rejeté, le montrait en radin, volage, père au cœur sec et sans vraie noblesse, mal fait pour régner. Il dédaignait ces piques mais ne s’en lamentait pas moins à part soi : malgré sa hautesse, Nicolas Ier restait officiellement solitaire.

Bien sûr, il appelait l’une de ses favorites lorsqu’il faisait un cauchemar nocturne ou n’arrivait point à s’endormir dans sa couche devenue trop large, et il eut même recours, selon les mauvaises langues, à des instituts qui lançaient à la foule des noms de mannequins ou d’actrices fraîches pour connaître celles qui seraient le mieux capables de remplacer l’Impératrice disparue. Selon un principe fondateur du nouveau régime, en effet, un événement éclatant devait gommer un événement calamiteux ; il fallait recouvrir au plus tôt la terrible visite du Bédouin par une bluette afin d’éblouir ou d’attendrir le peuple, c’est-à-dire de lui rincer à grands jets la cervelle.




lundi 19 mars 2018

Mohamed Ibn Salman, un roi révolutionnaire ?

Mohamed Ibn Salman, un roi naïf ou rusé ? Qui peut croire au wahhabisme "modéré" qu'il veut instaurer dans la patrie du wahhabisme ! Voilà qu'il veut réécrire l'histoire du wahhabisme. Qui veut-il duper par ses prétendues réformes ?
Le prince héritier des Ibn Saoud prétend faire la révolution en réformant le wahhabisme de ses ancêtres dans lequel il a toujours baigné depuis l'enfance; puisque contrairement à ses cousins, il a fait ses études en Arabie ! Prendrait-il ses rêves pour des réalités ? Ou veut-il donner une image d'un roi éclairé et modéré, lui qui a kidnappé Saad Hariri le premier ministre libanais et qui fait la guerre au Yémen qu'il considère son pré-carré ! Qui veut-il duper, sinon ceux qui ont besoin de son or noir et de ses pétrodollars. En tous cas pas les peuples du "printemps arabe", dont les pétromonarques font tout pour détruire leur République ; et qui découvrent le totalitarisme et la violence du wahhabisme que les Ibn Saoud et leur frère ennemi l'émir du Qatar tentent de leur imposer.
Sur un point il a raison : les Frères musulmans se sont emparés du wahhabisme pour faire "mieux" que les Ibn Saoud, voir les dégager. Ce n'est pas un hasard qu'ils soient soutenus et financés par le Qatar.
R.B
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Arabie saoudite : hard power et néowahhabisme

La montée en puissance de Mohamed Ibn Salman s’accompagne d’une volonté proclamée de rénover la pratique religieuse. Coup de communication ou réforme réelle ?
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TRUMP TRAITE LES "AMIS" DES EU POUR CE QU'ILS SONT :
Aux bédouins tout comme aux chefs des pays de l'UE, il leur rappelle qu'il est le chef !
Les EU font payer même leurs guerres aux pétromonarques qui paient les armes et fournissent la chair à canon, ces mercenaires-jihadistes.
C'est le prix de l'allégeance du protégé à son protecteur !

Trop puissants cousins et grands du pays, montagnards yéménites et Qatar insoumis, empires médiatiques et géant pétrolier… Dans son dessein absolutiste, le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohamed Ibn Salman, s’attaque à toutes les forteresses du royaume.
Jusqu’au sanctuaire de l’islam placé sous le sceau du wahhabisme, doctrine rigoriste issue de la plus austère des écoles théologico-­juridiques. Le 24 octobre 2017, celui qui est de facto le maître du pays depuis le mois de juin précédent déclarait solennellement : « Nous retournons à ce que nous étions, un pays à l’islam modéré, ouvert à toutes les religions et au monde. »

Pour le jeune prince de 32 ans, la date clé de cette dénaturation est 1979, cataclysmique pour la péninsule. Cette année-là, la révolution iranienne porte les ayatollahs chiites au pouvoir, les Soviétiques envahissent l’Afghanistan, et le frère arabe d’Égypte signe la paix avec l’ennemi israélien. Le 20 novembre 1979, près de 200 fondamentalistes armés s’emparent de la Grande Mosquée de La Mecque. Leur discours messianique conspue la famille royale, accusée d’être corrompue et de vendre la Terre sainte à l’Occident.
La mosquée est libérée dans un bain de sang, mais les autorités ont reçu le message et promeuvent un retour aux traditions pures et dures du wahhabisme, sous l’influence croissante de la Sahwa, mouvement d’hybridation entre la doctrine locale et l’islam politique des Frères musulmans venus d’Égypte dans les années 1950-1960. C’est ainsi qu’est créé, dans les années 1980, le tristement célèbre Comité pour le commandement de la vertu et la répression du vice, une police religieuse qui assure manu militari la stricte observance des préceptes wahhabites par la société.

Projet de réislamisation

« En Arabie saoudite, et dans toute la région, un projet de réislamisation [sahwa] s’est répandu depuis 1979 pour diverses raisons qu’on ne va pas rappeler ici maintenant », martelait Ibn Salman dans sa déclaration d’octobre. « En faisant de la Sahwa la cause du conservatisme, il laisse entendre que ces idées sont venues de l’extérieur et pointe la responsabilité des Frères musulmans et autres mouvements étrangers dans la radicalisation de l’islam saoudien, dont il exonère ainsi le clergé officiel », explique le politologue Stéphane Lacroix, coauteur d’Islams politiques (CNRS, 2017).
Dans le monde musulman, une telle accusation peut faire grincer des dents à l’heure où des États promeuvent eux aussi un retour à l’islam modéré qui était le leur avant qu’il ne soit dénaturé par l’irruption de la prédication salafiste… issue du wahhabisme saoudien.
Les agents de cette radicalisation regrettée de l’Arabie saoudite, le prince héritier les a désignés en septembre 2017 en faisant arrêter une dizaine d’influents religieux. Parmi eux, des membres de la Sahwa, comme Salman al-Awdah et Awad al-Qarni, mais aussi des clercs qui n’y sont pas liés et d’autres qui recommandaient une démocratisation dans le fil des Printemps arabes.

Nouvelles réformes

Indissociable des grandes réformes économiques et sociétales tambourinées dans les grands médias internationaux depuis le début de l’ascension fulgurante du prince en 2015, cette rénovation proclamée de la pratique religieuse ne serait-elle qu’un coup de communication ?
Alors qu’il se targue d’être à la pointe de la lutte contre le terrorisme jihadiste, le royaume ne veut sans doute pas que l’on puisse réécrire, à l’instar de l’Algérien Kamel Daoud, qu’il est « un Daesh qui a réussi ». Lacroix y lit des raisons plus profondes : « Ibn Salman veut sincèrement cette transformation qui contribue aussi à sa montée en puissance. Son idée est de faire de l’Arabie saoudite un État arabe comme les autres, autocratique. Une opération assez brutale qui implique de redéfinir complètement le rapport entre le politique et le religieux quand le pacte traditionnel donnait au prince le contrôle du champ politique et au clergé celui de la société. »

Par ses déclarations de la fin 2017, Mohamed Ibn Salman se fait ainsi prescripteur en matière d’islam, comme il dicte les nouvelles normes dans le domaine social, autorisant ainsi les femmes à conduire et à créer des entreprises, ou permettant l’ouverture de salles de spectacle, interdites depuis des décennies. Applaudies par la nombreuse jeunesse saoudienne, ces dernières mesures, qui font sourciller les conservateurs, sont également indispensables à la réforme économique impulsée par Riyad, les femmes constituant une main-d’œuvre dont le royaume ne peut plus se passer, et l’industrie des loisirs une ressource de la diversification engagée.
Le 9 février 2018, Abdallah al-Mutlaq, l’un des principaux dignitaires religieux saoudiens, apportait une légitimation remarquée à la position princière en déclarant que le port de l’abaya, long manteau noir couvrant les vêtements des femmes, n’était pas obligatoire.

L’héritage d’Abdallah

Mais aussi spectaculaires soient-elles, ces réformes n’ont rien de révolutionnaire, souligne l’historien Nabil Mouline, qui a codirigé l’ouvrage Islams politiques. « Après le 11 septembre 2001, l’Arabie saoudite est sur la sellette, et le régent et futur roi Abdallah met alors en œuvre tout ce qui est aujourd’hui développé par Ibn Salman, poussant l’establishment religieux à des mini-réformes pour se dissocier du jihadisme. De la même manière, c’est Abdallah qui a mis en orbite les projets économiques actuels. »
Liée à l’histoire mouvementée des trois États saoudiens successifs, celle du wahhabisme a été faite de périodes d’ouverture, comme lorsque la conquête de La Mecque et de Médine, au début du XIXe siècle, impose davantage de tolérance vis‑à-vis des autres tendances de l’islam, et de rétractations, comme celle qui a suivi la destruction du premier État saoudien par les Ottomans en 1818, interprétée comme une punition divine. Se référant aux pratiques des salaf, pieux contemporains du Prophète, le wahhabisme devrait être immuable, mais la pratique en a décidé autrement.
« Les écrits du fondateur Mohamed Abdelwahhab lui-même ont évolué. Au début, c’est un arriviste qui veut monter, donc rigoriste, intransigeant et zélé. À la fin de sa carrière, il s’est embourgeoisé, à la tête d’un quasi-empire, il veut sauver ce qu’il a, il veut interagir, il adoucit son discours. Et s’il revenait aujourd’hui, il excommunierait sans doute tous les wahhabites de la Terre », remarque Mouline.

La brutalité des méthodes d’Ibn Salman s’exprime dans tous les domaines – militaro-diplomatique, économique, social et religieux –, mais avec un succès relatif : l’arrestation pour les mettre au pas des princes et magnats les plus puissants du royaume a choqué, la guerre au Yémen s’éternise, et l’agressivité à l’égard du Qatar n’est pas sans soulever des difficultés.
L’aggiornamento annoncé et imposé d’en haut sera vu comme une trahison par les franges les plus conservatrices de la société et du clergé, leurs réactions ou leur passivité seront révélatrices de la capacité du jeune héritier à s’imposer. Et si les réformes à venir pourront s’attaquer à des questions périphériques comme celle des femmes et des loisirs, elles n’entameront pas l’essentiel de la doctrine, rappelle Mouline, à savoir « le monothéisme pur et dur, l’antisoufisme primaire et l’expansion perpétuelle jusqu’à l’islamisation du monde ».

Vitrine aguichante

« La logique de tolérance nous rapproche les uns des autres pour une meilleure cohabitation et pour une coopération optimale, nécessaires toutes les deux à l’instauration de la paix locale et universelle. » Prononcés en février 2017 lors d’une rencontre œcuménique à Beyrouth, ces mots du secrétaire général de la Ligue islamique mondiale (LIM), la force de frappe internationale de l’islam à la saoudienne, tranchent avec l’idée que l’on se fait de l’intransigeance salafiste, version exportée du wahhabisme.
Nommé à sa tête en août 2016, Mohamed al-Issa, 52 ans, incarne le nouveau visage que Mohamed Ibn Salman veut donner du wahhabisme au monde, celui de la tolérance et de l’ouverture. « Quand le chef de la LIM vient déclarer à Paris que si l’Arabie saoudite a un problème avec l’Iran, elle n’en a pas avec les chiites, qui sont frères des sunnites en islam, il est très loin de la base doctrinale wahhabite, qui veut que les chiites soient, au mieux, de très, très mauvais musulmans », remarque le politologue Stéphane Lacroix.
Comme au niveau local, la pratique dans le monde de cette prédication réformée dira sa consistance. Signe de cette ouverture, Riyad a accepté, en février, d’abandonner le contrôle de la Grande Mosquée de Bruxelles, qu’il exerçait depuis 1969.

vendredi 9 mars 2018

Non au puritanisme des nouveaux féministes !

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Jean Pierre Ryf

Voilà le texte que je propose aujourd'hui jour des droits de la femme.
Je voudrai d’abord que les choses soient très claires. Je suis féministe, pour l’égalité complète entre les hommes et les femmes et je condamne, évidement, toutes formes de violences dans les rapports entre homme et femme; et d’ailleurs dans tous les rapports humains.

Ceci étant posé, j’assiste avec étonnement, parfois avec irritation, parfois en riant, à une sorte de nouveau féminisme qui n’est pas très loin de la guerre contre les hommes, tous soupçonnés d’être des violeurs ou des harceleurs potentiels. Et j’assiste aussi, déçu, à la volonté, pour nous dit-on parvenir à l’égalité, de féminiser à tout va le vocabulaire avec ce qui, pour moi, a été le comble du ridicule, la naissance de cette nouvelle présentation dite inclusive qui est vraiment du n’importe quoi et qui ne fera rien avancer du tout.
Ces évolutions auront, à mon sens, l’effet inverse de ce qui est recherché, à savoir l’égalité des hommes et des femmes dans le travail, dans les tâches ménagères et éducatives, dans les responsabilités de toute nature. Elles vont créer un climat de tension et la tension n’a jamais été propice à des relations d’égalité. 

Ces évolutions qui ont, peut être sans que ces auteurs en aient pleinement conscience, un relent de puritanisme à l’américaine qui est tout le contraire de nos sociétés européenne et méditerranéenne.

Quand on en arrivera à ce que les hommes ne puissent plus recevoir de femmes sans témoin, ne puisse plus faire un compliment qui s’analysera en un harcèlement, ne puisse plus faire une cour que certaines analyseront comme un harcèlement .... alors une très grande partie de ce qui fait le charme de la vie en société, disparaîtra.
Que dans une rue italienne ou grecque et même ailleurs une femme soit sifflée par un homme qui admire sa beauté ne me paraît pas un scandale. Et il faut admettre, tout de même, que les femmes ont de la réparties et savent se défendre.

Alors oui, il y aura toujours des hommes un peu lourds, sans éducation et dont les propos ou les gestes seront totalement déplacés. Faut-il pour autant tout criminaliser et sanctionner pénalement ?
Veut-on d’une société complétement aseptisée où les rapports humains doivent se mouler dans un formalisme bien-pensant ?
La question est loin d’être anodine puisqu’il s’agit ni plus ni moins que d’une façon de vivre ensemble. 

Si l’évolution actuelle se poursuit, je pense que tous nous regretterons bientôt la France de la courtoisie, de la politesse, mais aussi, quelques fois de la plaisanterie (pas toujours fine) et d’une liberté de s’exprimer sans s’attirer les foudres des nouvelles féministes. 

Je pense à ce pauvre Besnehard qui dans un entretien à dit qu’une certaine de ces féministes lui donnait des envies de gifle, ce qui peut arriver à chacun; et qui a été pris à partie non seulement par les nouvelles féministes mais aussi par tous ceux, dans les médias, qui se rangent aussitôt vers cette sorte de pensée unique, au lieu de dire tout simplement « Mais enfin tout cela n’a aucune gravité ».

Ne laissons pas dominer nos esprits par ce puritanisme et œuvrons pour les vraies questions qui ne manquent pas : ici et ailleurs sur la liberté des femmes, sur leur égalité de droit en tous domaines et sur les violences réelles qui les menacent. 
Sur ces questions soyons fermes et exigeants mais laissons pour le reste un peu d’esprit de liberté, de joie et de légèreté souffler.