dimanche 29 août 2021

Une démocratie sans partis politiques, est-ce possible ?

" J’ai fondé un État, libre, indépendant et souverain. J’ai construit des relations diplomatiques solides et respectueuses de ce pays, des Amériques à la Chine. S’il survenait un jour malheur à la Tunisie, il ne viendrait que de ses propre enfants, mais jamais de l’étranger. "
Habib Bourguiba

Durant sa campagne électorale, Kais Saied avait étonné tout le monde de se présenter aux élections de 2019 sans parti politique pour le soutenir. De même qu'il a surpris tout le monde d'avec 72,71% des suffrages. Certains se demandent ce que cache ce personnage et qui derrière lui, pour un tel résultat. Une stratégie de l'ombre, qui a failli réussir à un autre avant lui : Abdelkrim Zbidi ...

Or les Tunisiens se souviennent du dada de Kais Saied qui rêve d'une démocratie participative par la base, passant par-dessus la jambe les partis politiques ...

Eh bien, le 25 juillet 2021, les "organisateurs de la révolte spontanée du peuple", lui donnent l'occasion de réaliser son rêve : entre autres décisions prises ce jour-là, le gel des partis politiques, interdits de toute activité ... jusqu'à nouvel ordre; ce qui ne les a pas empêchés de lui concocter un parti sur mesure, regroupant les jeunes auxquels il doit son poste à Carthage !

R.B

UN PEU D'INSTRUCTION CIVIQUE ET POLITIQUE.
On voit de plus en plus clair dans le jeu du Président Kais Saied et de ses conseillers. Le Président n’a pas caché qu’il est « contre les partis politiques » et cette déclaration de principe ne laisse pas d’être très préoccupante. Je vais essayer de dire clairement pourquoi.

Il est certain que la très grande majorité des partis politiques ont donné une piètre image des partis et la plupart se sont déshonorés. Leurs dirigeants ne cherchaient qu’une chose : utiliser la politique pour prendre un peu de pouvoir et pour s’enrichir. Ils n’avaient aucune ligne directrice, ne réalisaient aucune des fonctions des partis politiques, en étant tout simplement des groupes d’intérêt, à la limite de la mafia.

Si l’on veut des exemples on pourra en citer des centaines et des centaines. Il est donc, dans ce contexte, facile de critiquer les partis.

Mais c’est confondre la maladie avec le malade et c’est jeter le « bébé avec l’eau du bain ». C'est en définitif, du populisme de bas étage, de la démagogie destinée à flatter le peuple sans réfléchir à ce qu’est vraiment un parti et à sa grande utilité.

C’est aussi confondre les partis politiques (nécessaires et utiles) avec le régime des partis qui, lui est détestable. Qu’un Constitutionnaliste comme le Président fasse ces confusions et cet amalgame, c’est bien le signe qu’il a un projet caché et parfaitement utopique.

D’abord interdire les partis politiques, c’est porter atteinte et gravement à l’un des principes essentiels de la démocratie : la liberté d’association car un parti c’est, au fond, une association destinée à réunir ceux qui partagent une idée politique. Les interdire c’est porter atteinte à deux droits fondamentaux : la liberté d’association et la liberté de penser.

Interdire les partis c’est dans les faits, ne tolérer que le Parti unique, celui du dirigeant; et chacun sait ou devrait savoir, que cela conduit inexorablement à la dictature et aux dérives autoritaires les plus graves.

Le parti unique ou l’absence de parti, c’est le totalitarisme, la pensée unique ! Et l’histoire récente et ancienne, montre que cela conduit aux crimes et aux violations des libertés.

Les partis sont essentiels pour structurer la vie politique, pour faire s’exprimer la diversité des opinions d’un peuple car il n’y a pas de peuple qui ait une opinion unique, sauf dans les dictatures et ce n’est pas volontaire.

Les partis quand ils remplissent bien leur rôle, ont un rôle éducatif. Ils servent à discipliner les pensées des citoyens et à les structurer : ils évitent la démagogie facile et le populisme. Ils ont d’ailleurs souvent des sections de jeunes et des systèmes d’éducation à la vie des idées politiques.

Enfin, comme on le dit, les partis concourent à la formation d’une volonté générale en créant la discussion, le débat, la réflexion. Sinon les citoyens en sont réduits aux rumeurs, aux discussions de café aux "ya ka ...", " il faut qu'on ..."; c'est à dire au populisme.

Tunisiens méfiez vous comme de la peste de ceux qui vous parlent de supprimer les partis : ils vous conduisent directement à une nouvelle dictature en essayant de vous faire croire que c’est ce que le peuple veut !

Par contre, il est nécessaire de réglementer les partis pour éviter les dérives monstrueuses auxquelles on a assisté. Des partis régénérés, réglementés, actifs ... concourront à la liberté, au débat et au progrès.

Je dirai enfin que ceux qui ne veulent plus de partis, considèrent au fond que les Tunisiens ne sont pas aptes à la démocratie, au débat. Ils vous méprisent tout en vous flattant ! Ne tombez pas dans ce piège.

Après ces considérations générales, je voudrai que les Tunisiens soient attentifs à cela : Il n'y a qu'un parti, je dis bien un seul, le PDL qui remplit toutes les conditions que préconise la science politique pour être un vrai parti politique :
- D'abord, il a indiscutablement une ligne et un programme politique (Il suffit d'écouter son leader et de lire les textes produits par le parti).
- Son projet est soutenu par des valeurs qui sont celles depuis longtemps du Destour et que l'histoire de ce pays a façonné.
- Son leader Madame Abir Moussi, organise des débats, des conférences avec des personnalités extérieures pour examiner et étudier les problèmes du pays.
- Elle fait ensuite de la pédagogie à destination du peuple en évoquant les problèmes, en donnant des informations, des analyses et dit ce qu'il faudrait faire selon son parti.
- Le parti a même une organisation destinée à ses jeunes pour les éduquer dans le domaine des faits de société et les initier aux idées politiques.

Quel autre parti (je demande qu'on me les cite) fait ce travail fondamental ?

Ma seule question et je n'ai pas la réponse : comment beaucoup de Tunisiens ne se rendent pas compte de cela et ne soutiennent pas ce parti ?

jeudi 26 août 2021

CES DESTOURIENS QUI ONT PACTISE AVEC LES ISLAMISTES ...

Article paru dans : Kapitalis

Ou quand les Destouriens & les Frères musulmans évoluent sous le regard de l'oncle Sam !

Les Américains pour affaiblir les Empires Coloniaux, et plus particulièrement les Empires Français et Anglais, ont encouragé les peuples colonisés à la création d'Etat-Nations, reprenant une idée initiée et propagée par Napoléon.

Leur soutien aux militants nationalistes dans leur lutte pour la libération de leur pays, est indéniable mais pas sans arrière pensée; puisqu'ils escomptaient bien "récupérer" ces pays libérés du colonialisme français et anglais, dans le giron du nouveau impérialisme américain !

Une fois l'indépendance acquise et les empires coloniaux disloqués, les Américains dans leur phobie permanente et quasi obsessionnelle du communisme, veulent empêcher la propagation du communisme dans les pays nouvellement indépendants, en s'appuyant sur leurs leaders charismatiques. Si Gamel Abdel Nasser s'était détourné d'eux pour se jeter dans les bras de l'URSS leur ennemi juré; ce ne sera pas le cas pour la Tunisie où, pour donner l'illusion d'une démocratie, les Américains "conseilleront" à Habib Bourguiba le pluralisme en autorisant les islamistes mais en interdisant les communistes ! Autrement dit, au péril rouge, ils ont préféré le péril vert, persuadés qu'il restera cantonné dans les pays dits "arabo-musulmans".
Mohamed Mzali & Ghannouchi

Ce que fera Bourguiba ou qu'on fera pour lui plus exactement, lui-même étant malade en plein dans sa dépression dont il ne se remettra jamais, malgré ses fréquents séjours en Suisse !
C'est ainsi que certains Destouriens ont choisi de pactiser avec les islamistes, dans l'espoir de les utiliser pour mieux les neutraliser.
A-t-on profité de l'absence physique ou mentale du visionnaire Bourguiba, pour ouvrir la porte aux islamistes ? Sûrement oui car, lucide et en possession de ses facultés mentales, cet homme féru d'histoire, ne se serait pas rapproché des islamistes, sachant pertinemment que le panislamisme est antinomique du nationalisme libéral des Destouriens qui avaient libéré le pays et bâti la Tunisie moderne en en faisant une Nation bien définie et une République dont les institutions sont copiées sur le modèle Français, fruit des Lumières dont Bourguiba s'était nourri !
Béji Caid Essebsi & Ghannouchi.
Rencontre secrète à Paris.

Ce que refera Béji Caid Essebsi en s'alliant à Ghannouchi, "conseillé" nous dit-on par les EU & l'UE, quand il avait trahi ses électeurs et surtout ses électrices, auxquels il promettait d'être leur rempart contre les Frères musulmans; alors qu'il avait fait un deal avec Ghannouchi lors de leur rencontre "secrète" à Paris. Lui aussi se persuadait de neutraliser Ennahdha en s'alliant à Ghannouchi et escomptait refaire le coup de François Mitterrand à Georges Marchais. Sauf que n'est pas Mitterrand qui veut et que les Frères musulmans ont un soutien financier illimité de la part de l'émir du minuscule Qatar, qui se rêve le bœuf de la fable et croit pouvoir tout acheter avec ses pétrodollars, pour jouer dans la cour des grands !

Et depuis que ces Destouriens sans principes et en totale contradiction avec la doctrine du parti, avaient banalisé l'alliance avec les Frères musulmans; de plus en plus de progressistes ont fini par croire Ennahdha incontournable et indispensable à la vie politique tunisienne. Et de compromis en compromission, certains Destouriens malgré 10 années de pouvoir islamiste, croient encore pouvoir redresser le pays avec ceux-là mêmes qui l'ont mis à genou ! Inconscience ? Ou simple opportunisme !

Si la fumeuse "révolution du jasmin" du 14 janvier 2011, avait pour but d'éliminer de la scène politique le RCD (Rassemblement Constitutionnel Démocratique), à la faveur du fumeux "printemps arabe"; "la révolte du peuple" du 25 juillet 2021 semble orientée contre les Destouriens, du moins contre ceux qui refusent toute alliance avec les Frères musulmans et qui les combattent ouvertement, comme le PDL (Parti Destourien Libre) qui revient à ses fondamentaux en tirant les leçons des erreurs commises par les destouriens en 100 d'existence du destourisme.

Et que dire de ceux qui ont viré de bord passant du RCD à Ennahdha; jusqu'à devenir conseiller personnel de Ghannouchi, comme Mohamed Ghariani ex-secrétaire général du RCD !

Or le 25 juillet 2021 marque aussi un coup d'arrête au cirque des trois pouvoirs exécutifs, quand Kaïs Saïed a sifflé la fin de la récréation. Seulement voilà, le "peuple" se persuade que Kaïs Saïed veut mettre un terme à l'islam politique et qu'il les avait débarrassés de Ghannouchi et de ses Frères musulmans. Mais une fois de plus le "peuple" sera manipulé et se réveillera un jour en disant qu'il a été trompé; quand il découvrira que Ghannouchi restera probablement derrière sa doublure Mohamed Ghoumani, le "musulman de gauche", ami de Naoufel Saïed le frère du président mis en orbite par les Frères musulmans. Que sa mea-culpa et le sacrifice de sa personne pour son parti et sa patrie, ne sont qu'une suite de comédies. Et qu'un "printemps arabe", peut en cacher un autre !

Et depuis, des propositions fusent de partout pour trouver des solutions aux crises politique, économique et sanitaire que connaît le pays :

Pour contrer l'islam politique, certains proposent un nouveau concept, celui de "Démocrates musulmans", à l'instar des "Démocrates Chrétiens" !

Ce qu'expliquaient déjà Ghannouchi et ses Frères musulmans aux Occidentaux que "l'islamisme radical" effraye, pour les amadouer avec leur "islamisme modéré", qu'ils leur vantaient en le comparant à la "démocratie chrétienne".

"Islamisme modéré" que les Tunisiens découvrent tout comme les Occidentaux, être une supercherie; puisque "l'islamisme modéré", tout comme "l'islam centriste" (islam al wasati) et "l'islam de gauche" (dernière trouvaille des Frères musulmans depuis le 25 juillet 2021) ... tous ont pour référent Youssef Qaradaoui, le guide spirituel des Frères musulmans, installé par l'émir du Qatar Président de l'Organisation mondiale des Savants musulmans !

Devant la méfiance des Tunisiens et des Occidentaux, Ghannouchi poussera la supercherie jusqu'à renier son appartenance à l'organisation mondiale des Frères musulmans dont il est l'un des principaux dirigeants.

Mieux encore, il annoncera lors du congrès d'Hammamet (en 2016) qu'Ennahdha délaisse la "religion" aux religieux et devient un parti politique "civil" comme les autres; alors qu'il figure toujours, lui et des membres de son parti, dans l'organigramme de l'Organisation mondiale des Frères musulmans ... où il figure dans le bureau politique !

Alors il faut en finir avec ces petits jeux (naïfs ou à dessein) de ceux qui défendent Ghannouchi et croient que son parti Ennahdha est devenu incontournable et indispensable à la vie politique tunisienne; maintenant que la stratégie des Frères musulmans de destruction des Républiques "arabes", est on ne peut plus évidente !

L'unique remède contre l'islam politique, est de l'interdire en interdisant constitutionnellement les partis politiques qui instrumentalisent la religions; et d'inscrire la laïcité dans la constitution de la future 3éme République, ce qui a le mérite de séparer la religion de l'Etat et de la renvoyer dans la sphère du privée, en confirmant définitivement la primauté du droit civil sur toutes les lois religieuses, toutes religions confondues !

Alors que d'autres voient dans le référendum, la panacée pour en finir avec la dictature des partis; reprenant une idée fixe de Kaïs Saïed d'instaurer une démocratie participative émanant de la base ! Idée farfelue trahissant un président plutôt utopique qu'homme politique.
Mais comme le reconnaît lui-même le journaliste Tarak Mami, la Tunisie n'est pas la Suisse !
Les Tunisiens sont encore loin de la culture politique et du civisme des suisses, pour les être consultés à tout bout de champ !

Alors faut-il jeter le bébé avec l'eau du bain parceque certains destouriens se sont compromis avec les islamistes ? Ce n'est pas parceque quelques Destouriens ont trahi leurs idéaux, qu'il faut jeter aux oubliettes leur parti, l'oeuvre et les sacrifices des milliers d'authentiques militants destouriens. Ce sont les Destouriens qui avaient libéré et construit la Tunisie moderne. Il leur revient de poursuivre l'oeuvre de leurs prédécesseurs et d'en corriger les erreurs car ce ne sont pas les panarabistes ni le communiste Hamma Hammami qui soutiennent Ennahdha, qui sortiront le pays de l'ornière où l'avaient mis Ghannouchi et ses Frères musulmans !

Il est curieux que beaucoup sont disposés à croire sur parole les métamorphoses qu'annoncent régulièrement les dirigeants d'Ennahdha déclinant toute la palette de leur islamisme; alors qu'en 10 ans de pouvoir islamiste, ils ont ruiné la Tunisie, passant tour à tour d'un "islamisme radical", à un "islamisme modéré", puis à un "islam centriste", pour devenir un "parti civil délaissant la religion aux religieux" et enfin de reprendre la religion en annonçant l' "islamisme de gauche"; alors qu'ils dénient aux Destouriens d'évoluer et de corriger les erreurs de leurs prédécesseurs !
A moins que ce ne soit à dessein ...

Rachid Barnat


vendredi 20 août 2021

Kais SAIED : UN COUP D'EPEE DANS L'EAU ?

... ou le malentendu des Tunisiens, à propos de leur "révolte spontanée" du 25 juillet 2021 !

Article paru dans : Kapitalis

Les Tunisiens se sont réjouis trop vite et sont devenus euphoriques le 25 juillet 2021 parceque Kais Saied a désigné Ennahdha responsable de leur malheur ! Ils ont cru qu'il a mis fin à l'islam politique et qu'il mettra tous les pouvoirs qu'il s'est accordés à neutraliser Ennahdha et ses alliés responsables du gâchis et du chaos en attendant que la justice interdise ce parti. Comme ils ont cru qu'il poursuivra les corrompus mais aussi les criminels nahdhaouis en ouvrant tous les dossiers les concernant mis sous le boisseau par leurs hommes, quand Noureddine Bhiri, alors ministre de la Justice, avait "garanti" cette institution !

Or, force est de constater que les nahdhaouis et leur chef Ghannouchi ne sont nullement inquiétés par la justice et mettent à profit ce temps mort décidé par Kais Saied, pour se réorganiser et revenir plus forts sur la scène politique, puisqu'ils occupent déjà la scène médiatique pour redorer le blason d'Ennahdha. Alors que des plaintes contre les responsables de ce parti se comptent par millier, rien n'a été entrepris par les juges contre eux. Pire, alors que les Tunisiens les croyaient dans l'œil du cyclone, pardon de celui de Kais Saied, ils poussent l'outrecuidance jusqu'à poursuivre en justice des membres du PDL (Parti Destourien Libre); dont celui de Ahmed Seghir, poursuivi par un membre de "majless e-choura" (bureau politique) d'Ennahdha; coupable selon lui et selon le procureur de la République qui a donné suite à sa requête, d'avoir fait son travail parlementaire en rapportant la position de ses électeurs paysans que ce nouveau propriétaire terrien agricole abusait. Alors que le procureur de la République semble ignorer totalement les plaintes dont font l'objet les nahdhaouis et leurs larbins du Bardo, pratiquant toujours la règle de "deux poids, deux mesures" !

Ce qu'on voit en réalité, c'est que la "justice" pratique la politique de la poudre aux yeux en s'en prenant à des petits malfrats, délaissant les grands criminels dont les dossiers sont pourtant bien constitués et connus de tous mais dont les juges refusent toujours l'ouverture, comme le dossier du financement d'Ennahdha, le dossier des assassinats de Chokri Belaid et de Mohamed Brahmi, le dossier du " jihaz al-serri " (service secret parallèle) mis en place par Ennahdha, les dossiers de corruption qui a permis l'enrichissement de bon nombres de nahdhaouis qui disaient en 2011 aux Tunisiens être pauvres au service des pauvres ... dossiers qui, a eux seuls, suffiraient pour mettre Ghannouchi et son parti hors la loi !

Pire encore, les "organisateurs de la révolte" tentent de discréditer le PDL, l'unique parti d'opposition réelle qui a permis par la vigilance et l'action courageuse de ses membres de clarifier la scène politique encombrée par 220 partis "politiques", et permit aux Tunisiens de distinguer le bon grain de l'ivraie; en jouant la carte de " tous corrompus, tous pourris ", mettant sur un pied d'égalité le PDL et Qalb Tounes, pour minimiser les responsabilités d'Ennahdha et lui permettre de se maintenir ... alors que les Tunisiens sont persuadés qu'Ennahdha est finie depuis que Kais Saied a parlé et prononcé ses décisions sur un ton martial, le jour de la fête de la République !

Est-ce cela que voulait le "peuple" sorti en "masse" le 25 juillet dernier ?

On se demande si les instigateurs de cette "révolte du peuple" ne viseraient pas uniquement à discréditer le PDL et à écarter Abir Moussi de la scène politique qu'elle a pourtant contribué largement à clarifier, pour servir d'autres intérêts, voire Kais Saied lui-même, qui voit en elle une sérieuse concurrente redoutable !

Il est clair que beaucoup de Tunisiens sont prêts à faire confiance au Président et lui sont reconnaissants d'avoir mis le holà au cirque politique qui avait lieu au gouvernement et à l'Assemblée Nationale. Il est clair aussi qu'ils soutiennent sa lutte proclamée contre la corruption. Cependant, il y a dans l'attitude et les discours du Président trop de zones d'ombres et une absence totale de clarté sur son projet et la procédure pour y arriver. Est-ce qu'il veut se débarrasser de tous les partis politiques ou uniquement de ceux que la justice interdira pour raison de corruption et de crimes ? Ou poursuivra-t-il son idée saugrenue de démocratie participative par la base, ne comptant que sur les jeunes qui l'avaient porté au pouvoir ? Et quelles catégories de jeunes, alors qu'ils n'ont pas les mêmes aspirations ? Les jeunes citadins ou ceux des campagnes ? L'élite ou les laissés pour compte comme les "enfants" de Ghannouchi transformés en mercenaires-terroristes-jihadistes ? De leur côté, les juges ne semblent pas suivre le Président, quand on voit les dossiers qu'ils ouvrent et ceux qu'ils continuent d'ignorer.

Faut-il s'y résoudre ? Sûrement pas.

D'ailleurs Abir Moussi dés le départ a prévenu que le PDL n'accorde pas un chèque en blanc à Kais Saied, même s'ils se joignent à l'euphorie du "peuple" du 25 juillet, après l'allocution du Président. Elle a même mis en garde les Tunisiens qu'un "printemps arabe" peut en cacher un autre !

Les réactions du PDL et d'Abir Moussi méfiants, s'expliquent avant tout par cette opacité qui est le contraire de la démocratie et par cette sorte de plébiscite que réclame sans le dire, le Président. Or les systèmes plébiscitaires sont tout, sauf la démocratie; et conduisent le plus souvent aux régimes autoritaires.

A l'évidence, une fois de plus le "peuple" est manipulé; et le pire, c'est qu'il ne fait rien pour ne pas l'être ! Faire confiance ? Oui mais sur quelque chose que l'on sait et pas sur une page blanche !

Rachid Barnat

mardi 17 août 2021

Quand les valeurs nées de la révolution française, foutent le camp ...

L'Afghanistan, tombeau des empires ! Les Américains dans leur phobie du communisme partis en guerre contre son expansion, ont perdu lamentablement la guerre du Vietnam tombée entre les mains des communistes et celle d'Afghanistan où ils ont remplacé le péril rouge par un péril vert qu'ils auront du mal à maîtriser à l'avenir ! Par leur faute, le Pakistan, basculera en 1977 du hanafisme, l'école la plus libérale en Islam, au hanbalisme, dans sa version la plus rigoureuse et la plus radicale de toutes les obédiences sunnites de l'islam, c'est à dire le wahhabisme saoudien ; pour devenir un pays exportateurs de terroristes. Et qui paient les pots cassés de leur phobie ? Les républiques des pays dits "arabo-musulmans" dont le Pakistan, l'Afghanistan, l'Iraq, la Syrie, le Yémen, la Libye, la Somalie, le Soudan, le Mali, le Niger ... et la Tunisie. Après les empires anglais et soviétique qui se sont cassés les dents en Afghanistan, c'est le tour de l'impérialisme américain qui en part humilié, marquant le déclin de cette puissance devenue trop arrogante quand elle se joue des valeurs occidentales qu'elle vide de leur sens comme "droits de l'homme", "démocratie", "nation", "liberté", "égalité", "fraternité" ... , perdant toute crédibilité désormais ! En soutenant les islamistes, les Américains ont démocratisé la corruption; alors qu'ils prétendent imposer la démocratie aux républiques "arabo-musulmanes" du fumeux "printemps arabe" en remplaçant leurs dictateurs par de nouveaux dictateurs sans foi ni loi, comme les Frères musulmans, tout en fermant les yeux sur les pétromonarchies régies par la chariaa. La Tunisie en est un exemple : en 10 ans de pouvoir islamiste, la corruption s'est généralisée ... et les Tunisiens ont eu tout le loisir d'apprécier la "démocratie islamiste" de Ghannouchi !

R.B

Amin Maalouf

LE DÉRÈGLEMENT DU MONDE : QUAND NOS CIVILISATIONS S’ÉPUISENT !

Contrairement à l'idée reçue, la faute séculaire des puissances européennes n'est pas d'avoir voulu imposer leurs valeurs au reste du monde, mais très exactement l'inverse : d'avoir constamment renoncé à respecter leurs propres valeurs dans leurs rapports avec les peuples dominés.
Tant qu'on n'aura pas levé cette équivoque, on courra le risque de retomber dans les mêmes travers.
La première de ces valeurs, c'est l'universalité, à savoir que l'humanité est une. Diverse, mais une.
De ce fait, c'est une faute impardonnable que de transiger sur les principes fondamentaux sous l'éternel prétexte que les autres ne seraient pas prêts à les adopter.
Il n'y a pas des droits de l'homme pour l'Europe, et d'autres droits de l'homme pour l'Afrique, l'Asie, ou pour le monde musulman.
Aucun peuple sur terre n'est fait pour l'esclavage, pour la tyrannie, pour l'arbitraire, pour l'ignorance, pour l'obscurantisme, ni pour l'asservissement des femmes.
Chaque fois que l'on néglige cette vérité de base, on trahit l'humanité, et on se trahit soi-même."
A méditer par les responsables politiques occidentaux ... pour qu'ils cessent d'imposer leurs solutions au mépris de peuples qui n'en veulent pas et qui aspirent :
- à la liberté,
- à la dignité, et
- à la démocratie !

*****

" Je ne rêve pas d’un monde où la religion n’aurait plus de place mais d’un monde où le besoin de spiritualité serait dissocié du besoin d’appartenance. D’un monde où la religion ne servirait plus de ciment à des ethnies en guerre ".
Amin Maalouf - Les identités meurtrières

jeudi 12 août 2021

Les Tunisiens ne sont pas arabes

Depuis la nuit des temps, par sa disposition géographique, la Tunisie a toujours été un lieu de passage et de brassage des populations venues de tout le bassin méditerranéen et parfois de plus loin. Les berbères, peuple d'origine de l'Afrique du nord, ont assimilé ces peuplades venus d'ailleurs en adoptant souvent leur religion, leur culture, leur langue dans une cohabitation pacifiée. Mais voilà, certains s'obstinent à nous faire croire que la Tunisie est un pays Arabe et que sa population est Arabe depuis leur invasion par les hordes des Béni Hilal venues d'Arabie, effaçant 3 millénaires d'histoire et de culture de ce pays de tolérance et d'ouverture sur le monde, et réduisant ce melting-pot culturel à la seule et unique culture d'Arabie, jusqu'à vouloir conformer les Tunisiens à sa culture et son wahhabisme qui a façonné ses bédouins d'aujourd'hui !

Bourguiba visionnaire et féru d'histoire, a très vite compris que la vocation de la Tunisie par son histoire et sa géographie, est de faire partie du monde occidental. D'où son rejet du pan-arabisme et du pan-islamisme dont l'objectif est de dissoudre la Tunisie dans un monde arabe lointain, reniant trois millénaires d'histoire de ce pays !

Et le cri du cœur de Maya Ksouri, de plus en plus de Tunisiens le poussent pour dire stop à la nouvelle invasion wahhabite qui veut transformer un peuple pacifiste et tolérant en un peuple complexé producteur de terroristes !

R.B

Avocate de formation et chroniqueuse de ”Klem Ennas” sur Ettounissia-TV, a déclaré : 

Je ne suis pas arabe, je suis peut-être la petite-fille de la reine Amazigh Dihya, ou la petite-fille de la reine Didon, ou peut-être la petite-fille du général carthaginois Hannibal, mais je ne suis certainement pas de la communauté de la pisse de chameau. Ma grand-mère avait un tatouage amazigh sur son front. 

La majorité d’entre vous va me dire êtes-vous musulmane ? Oui musulmane, l’islam n’est pas l’apanage des arabes. Même les Turcs, les perses, les kurdes, les Philippins, les Indonésiens … sont musulmans, et même certains européens sont musulmans. 

Tous les livres de l’histoire ont reconnu que les berbères et les amazighs étaient les peuples autochtones de l’Afrique du Nord, envahis par les peuples Phénicien, Romain, Byzantin, Andalou, Ottoman …

Les conquêtes musulmanes du 7ème siècle étaient des invasions de guerre dirigées par des soldats sanguinaires et n’étaient pas une simple migration des populations du Sahara vers l' Afrique du nord. 

Pour cela tous les Tunisiens qui se prennent pour des arabes, à l’origine, ont intérêt à chercher leur vraie origine, c’est le plus important. 

Je peux vous dire que le Liban, la Syrie, l’Irak, la Palestine, l’Iran ne sont pas des pays arabes à la base, leurs civilisations ont été détruites par les hordes venues d'Arabie. 

La vérité, est que nous sommes loin de la culture des déserts et des tentes, il n'y a qu’à voir nos monuments historiques en Tunisie ou dans les autres pays que je viens de mentionner. Nous étions toujours des peuples libres, intelligents et sages, gouvernés par des Rois et des Reines à l'image de Dihya (Kahina). Nos pays n’ont rien à voir avec la culture de la mort, l’esclavage inhumain, mais ces gueux insistent pour saisir nos pays et nos civilisations au nom de la religion, comme si nous n’étions pas musulmans. 

Je suis une Tunisienne libre et musulmane née d’une grande civilisation amazigh je ne permettrai pas que les arabes disent que je suis awra (à la nudité honteuse), nakissatou aklen wa dinen (manquant d'esprit et de foi), démon, chien … et me dominent avec leurs habits et pensées noir(e)s. 

Enfin je ne suis pas raciste, je dis respect et bienvenue aux arabes qui ont une pensée éclairée, une vision de la vie magnifique et qui défendent toutes les femmes du monde arabes et celles en Occident.

La religion est une liberté personnelle et moi je suis pour la liberté personnelle !





samedi 7 août 2021

Kaïs Saïed utopiste ?

Kaïs Saïed écarte tous les partis politiques sans distinction, alors que les partis responsables sont Ennahdha et ses alliés; qu'il suffisait de ne pas associer aux partis républicains, pour trouver des solutions aux problèmes que Ghannouchi a créés !

Tout le monde sait que Kaïs Saïed veut écarter l'islam politique et ceux qui le pratiquent, à savoir Ennahdha et son annexe al-Karama.

Tout le monde sait que KS veut écarter les corrompus, que sont Ghannouchi et Nabil Karoui. 

Mais plutôt que de stigmatiser Ghannouchi & Nabil Karoui et leurs partis, il a préféré mettre tout le monde dans le même sac et passer à sa lubie d'avant son élection : la "démocratie participative par la base" ! Il préfère consulter les jeunes qui forment le gros de son électorat, faute de parti politique, qu'il n'a pas. Car son dada, est de donner la parole aux jeunes dans des comités de quartier pour faire remonter jusqu'à lui leurs aspirations ! 

Si ce n'est pas de l'utopie, qu'est-ce donc ?

R.B

Jean-Pierre Ryf

Le Président Kais Saied devrait jouer carte sur table.

Après la décision du Président Kais Saied de suspendre l’Assemblée, de prendre en main le pouvoir exécutif et d’engager une lutte contre la corruption en écartant les partis corrompus et notamment Ennahdha et Qalb Tounes le parti de Nabil Karoui, le peuple Tunisien a applaudi et un sondage (que l’on doit comme tout sondage, prendre avec réserve) donne 87% d’opinions favorables pour le Président et ses mesures.

Je ne voudrai en cas jouer les rabat-joie mais chacun devrait tout de même se poser un certain nombre de questions concernant l’avenir du pays.

La lutte contre la corruption est essentielle car rien ne pourra se bâtir en Tunisie tant que cette corruption envahira l’espace depuis la « petite corruption » celle de tous les jours émanant de ceux qui ont un brin de pouvoir, jusqu’à la « grande corruption » qui est celle des décideurs et des autorités.

Aucun développement économique sérieux ne pourra avoir lieu tant que cette corruption se poursuivra et, à cet égard, je soutiens mille fois l’action de ce Président.

Cependant cette lutte contre la corruption ne peut être l’alpha et l’oméga de la politique tunisienne. Il faut beaucoup d’autres actions :
- restaurer le pouvoir (aujourd’hui complétement délabré),
- avoir des actions fortes et financées pour développer une éducation moderne (l’éducation a été détruite depuis plus de vingt ans dans le pays),
- ouvrir les libertés et permettre à la jeunesse d’agir et d’innover,
- revoir la politique touristiques (le pays a des atouts importants) mais de grosses failles dans ce domaine,
- assainir l’Administration tant au niveau compétence qu’au niveau de son honnêteté,
- améliorer grandement la Justice pour la faire sortir de sa culture de soumission au pouvoir,
- etc …

Or ce vaste chantier est très difficile car il s’agit de remettre en cause des années de régression et de changer la culture pour faire que ces pouvoirs soient désormais au service de l’intérêt général. Il ne peut se mettre en place qu’à certaines conditions qui semblent ne pas être voulues par ce Président.

Je pense d’abord que la mise à l’écart de tous les partis politiques, y compris ceux qui ne sont pas corrompus comme le PDL, est une erreur car une politique réelle, forte telle que je l’ai décrite, exigera un effort et un accompagnement de beaucoup de Tunisiens.

Or qui soutient le Président ? Certes 87% des Tunisiens le soutiennent dans les décisions prises.
Le soutiendront-ils et comment dans les immenses efforts qui devront être faits ?
Les jeunes auxquels il fait souvent référence, qui sont-ils ?
Y a-t-il beaucoup de choses de commun entre les jeunes des quartiers aisés, les étudiants, et cette jeunesse déscolarisée, oisive par la force des choses, qui n’a aucune formation ?

Je lis que le Président aurait un projet d’organisation du pouvoir qui ferait partir ce pouvoir de la base par la création de petits comités (électoraux ? décisionnaires ?)

Il est impératif que le Président soit clair sur son projet.
Or, il avance sans dire les choses. Est-ce cela la démocratie à ses yeux ? Ne rien divulguer au peuple (ce mot dont il a plein la bouche), le laissant dans l’incertitude la plus totale ?

Je dirai enfin, que dans la situation actuelle du pays qui est catastrophique sur tous les plans, seul un pouvoir fort, centralisé, pourra avoir assez de force pour avoir un réel projet pour le pays et pour le mener à exécution.
Je pense que respecter le peuple Tunisien, serait de lui décrire son projet et sa vision et d’essayer de réunir sur ce projet et sur cette vision une grande majorité s’il arrive à convaincre.

Avancer un projet dans le silence et l’obscurité, c’est en réalité mépriser le peuple Tunisien et ouvrir une nouvelle période de doute et de régression.