samedi 7 août 2021

Plaidoyer pour l'interdiction des partis religieux en Tunisie.

La constitution 2014, la meilleure du monde qu'ils disaient, s'est avérée "islamiste" au service des Frères musulmans. Elle a révélé son inefficacité puisqu'elle paralyse l'exécutif !

Au bout de 10 ans d'islamisme, l'opinion nationale en général a fini par admettre qu'il faille modifier le texte de la constitution et les règles électorales; les deux étant faites par et pour Ennahdha.
Or depuis le 25 juillet 2021, la révolte des Tunisiens ouvre la voie à une Troisième République, la seconde ayant totalement échoué.

La nouvelle constitution doit :
- clairement indiquer que l’Etat Tunisien est un Etat civil.
- et reprendre l'article 8 de la constitution de 1959, interdisant les partis qui instrumentalisent la religion !

Ce qui mettrait Ennahdha en conformité avec sa métamorphose depuis son congrès de Hammamet en 2016, où Ghannouchi disait avoir délaissé la religion aux religieux, déclarant son parti devenu "Civil" !
Et ce que les Tunisiens approuveront après 10 années d'islamisme et ses conséquences sur le pays à tous les niveaux.

Ne pas inscrire ces 2 textes et croire un seul instant que les islamistes se résoudront à demeurer dans l’opposition et joueront le jeu d’un Etat civil, c’est être des plus naïfs
.

PS : A travers l'échange qui eut lieu entre Me Ryf et le Pr Yadh Ben Achour, il apparaît clairement que ce dernier n'est pas contre l'islam politique, et qu'il admet les partis "religieux" au cas par cas, précisait-il.

R.B

Jean Pierre Ryf

Analyse pour une interdiction des partis religieux. 

J’écris ce texte après avoir lu de très nombreux articles de juristes constitutionnalistes dont celui de Monsieur Mezri Haddad dans Kapitalis. Une très grande majorité pour ne pas dire l’unanimité, dresse un constat accablant des règles constitutionnelles et électorales qui gouvernent la Tunisie et qui ont été voulues, ne l’oublions pas, par les islamistes.

Ces règles dans leurs principes, ont été élaborées et certains les justifient encore, par le fait qu’elles empêcheraient tout retour à la dictature.

Alors certes, aucune dictature n’est possible car il n’y a en réalité aucun pouvoir : 

Le Président à Carthage n’a aucun réel pouvoir; l’Assemblée divisée et composée d’une multitude de partis qui ne représentent rien, n’a pas non plus le pouvoir; et le Premier Ministre est, malgré tout, sous la coupe de quelques partis qui font des alliances contre nature et qui ont le pouvoir de nuisance et celui de le démettre.

Autant dire que le pays n’est absolument pas dirigé devenu ingouvernable, qu’aucun réel programme n’est en place. Et cela se constate jour après jour depuis dix ans avec une régression dans tous les domaines, telle que le pays n’en a jamais connue !

Beaucoup des constitutionnalistes que je lis, font ce constat et estiment que la Constitution et les règles électorales doivent impérativement être changées.

Pourquoi malgré cette belle unanimité de l’analyse, cela ne se fait pas ? 

Et bien tout simplement parce que les islamistes d’abord mais aussi quelques partis opportunistes et sans patriotisme, savent qu’avec un changement des règles ils sont à peu près sûr de perdre leurs postes et leur maigre pouvoir de nuisance.

Mais il y a autre chose ! Et cela je ne le lis jamais. 

Il faudrait aussi interdire les partis qui utilisent la religion. Et je vais dire pourquoi car selon moi, il existe des raisons fondamentales de le faire.

La première des raisons est que les partis islamistes qui instrumentalisent la religion ont, partout où ils ont eu le pouvoir, conduit leurs pays au désastre et au déclin. Ils ont fait régresser des pays qui étaient sur la voie du progrès et leur ont fait faire un bond en arrière évident.

Ceux qui ont eu une apparente réussite ne l’ont eu qu’au prix d’une dictature et parce qu’ils avaient des richesses sur leur territoire. Examinez le cas de l’Iran et celui de la Turquie et demandez-vous si c’est une réussite en termes de démocratie et de liberté ! 

Quant aux autres, ceux qui soutiennent, hors de chez eux, une démocratie islamiste; ce sont des dictatures plus ou moins familiales et dans lesquelles il n’existe aucune liberté !

La seconde raison plus juridique celle-là, est que les partis islamistes qui accaparent le religieux ont nécessairement une vocation totalitaire et dictatoriale dans la mesure où ils prétendent parler au nom de Dieu, usurpant de manière d’ailleurs blasphématoire le nom et la parole de Dieu.

Quand vous parlez selon la « parole de Dieu », en tous cas celle qu’apparemment vous adoptez, pensez-vous qu’il y a une place pour une autre pensée, pour d’autres règles ?

Avez-vous déjà entendu une religion dire : « voilà ce que veut Dieu » mais faisons autre chose plus conforme à notre intérêt ?

Toutes les religions, et pas seulement l’Islam, ont une vocation totalitaire et veulent de manière univoque le respect de ce qu’elles croient ou présentent comme étant la volonté divine. Le Catholicisme a été totalitaire : il a été à la base de la monarchie absolue. 

Une religion cesse d’être totalitaire non pas dans sa vocation mais dans la pratique quand dans un pays elle est minoritaire où que la volonté populaire l’a mise en dehors du jeu politique, en dehors du pouvoir.

L’histoire nous démontre cela avec éclat.

Troisièmement, en dehors de cette dérive totalitaire inévitable, puisque parlant soi-disant au nom de Dieu, ils ne peuvent se tromper et ne peuvent admettre une opposition. Ces partis dans les pays à grande majorité musulmane ne peuvent qu’aboutir à une division inacceptable entre « les bons musulmans » ceux qui adhérent à leur parti et « les mauvais musulmans » ceux qui les combattent .

Et puis je demande aux musulmans de réfléchir au fait qu'il y a, de toute évidence, de nombreuses obédiences de l'Islam. Quel rapport entre des soufis et des wahhabis ? Alors qu'est-ce un parti qui se fonde sur l'Islam ? Quel Islam ? Cette simple réflexion montre qu'il y a grand danger de division; et la division est dangereuse pour tout peuple.  Une Constitution doit tenter d'éviter tout ce qui peut être source de division et de paralysie.

Alors ce qui s’est passé en Tunisie a été un contre sens par rapport à cette situation, pourtant, selon moi, évidente. 

Le Professeur Yadh Ben Achour qui est, je n’en disconviens pas, un grand universitaire a tenté, en allant chercher dans le Coran, ce qui pouvait lui permettre de dire que l’Islam était compatible avec la démocratie. Je dois dire que sa démonstration est assez laborieuse et qu’elle est contredite par des milliers d’années d’histoire.

Par ailleurs, savoir si l’Islam est compatible avec la démocratie ne résout pas le vrai problème qui est celui de l’existence même de partis politiques basés sur l’Islam. Même si l’Islam est compatible avec la démocratie, cela veut seulement dire qu’un pays dans lequel la majorité des citoyens sont musulmans, peut avoir un pouvoir politique démocratique mais cela ne veut en aucun cas dire qu’il faille accepter qu’un parti instrumentalise la religion car dans ce cas outre que ce parti divisera les citoyens musulmans entre bons et mauvais musulmans; il aura lui, une vocation totalitaire même si il veut la camoufler. Et la réalité dans tous les exemples, l’histoire l’a démontrée.

Je pense donc que le Professeur Yadh Ben Achour a commis une très grave erreur en favorisant la Constitution actuelle de la Tunisie. 

Certains de ceux qui, avec lui, voulaient cette Constitution, avaient peut-être un agenda et des projets cachés. Je n’en sais rien mais une chose est certaine, ils ont nui et gravement par leur idéologie à ce pays en le faisant régresser, le mettant en danger et en le traitant avec un certain mépris; puisqu’ils lui donnaient une règle qu’ils se gardaient bien d’appliquer chez eux !

Je pense donc fortement qu’il appartient aux règles constitutionnelles de faire en sorte d’empêcher une telle dérive totalitaire. Et ce n’est possible qu’en interdisant les partis religieux car ils créent de manière inévitable et très grave une division de la société, une « fitna » qui ne peut que nuire au fonctionnement des pays.

Et ce, d’autant qu’ils utilisent abusivement les mosquées et les imams pour leur propagande, mettant tous les autres partis dans une position d’inégalité, contraire aux règles d’une réelle démocratie.

Depuis la survenue de ce véritable cancer qu’est l’islamisme politique, la politique est devenue inefficace et donc a été atteinte dans son essence même car elle a conduit les citoyens à douter d’elle mais, d'un autre côté, la religion aussi a perdu du terrain car beaucoup se sont demandés à quoi croire quand ils voyaient les dérives commises par les prétendus « religieux ». On ne compte pas les jeunes et moins jeunes qui, désormais ont relégué la religion au rayon des idées nuisibles. Paradoxalement ces partis qui prétendent défendre la religion (ce qui en réalité est une immense hypocrisie), lui nuisent infiniment.

De toute manière, dans l’histoire de toutes les religions, elles ont montré que lorsqu’elles étaient au pouvoir, elles étaient dictatoriales.

Je pense donc qu’il existe des raisons objectives et majeures d’interdire ces partis. C’est une question dont les Constitutionalistes devraient s’emparer. 

Après la parution de ce texte sur les réseaux sociaux et dans Kapitalis, le Professeur Yadh Ben Achour a répondu pour contester fermement ce que j’avais écrit. Il déclare en substance qu’il a mis en garde et adressé de nombreuses critiques à la Constituante sans être entendu, notamment par les islamistes. Dont acte.

Cependant, cette situation a évoqué, pour moi, la situation du Pape Pie XII au moment du nazisme et ce qu’en avait dit Albert Camus. Il écrit en substance :  « Moi, l’incroyant j’attendais qu’une grande voix s’élevât à Rome pour condamner clairement et fermement le nazisme. On me dit que la condamnation fut portée mais qu’elle le fut dans la langue des encycliques ! La condamnation aurait été portée mais n’a pas été entendue. Qui ne voit que c’est bien là le problème. »

Par ailleurs le Professeur Yadh Ben Achour nous dit que la condamnation des partis religieux ne peut être une condamnation générale mais qu’elle devrait intervenir au cas par cas !

Dans ce cas, on aimerait bien connaître les critères d’un tel tri ! Encore le vrai et le faux Islam, le bon et le mauvais ! Mais qui est habilité à le dire ? Et qui ne voit que cela entrainera encore et encore des difficultés immenses et des dérives inévitables ?


10 commentaires:

  1. Le Pr Yadh Ben Achour répond à Jean Pierre Ryf :


    "Comment pouvez-vous écrire que le professeur Ben Achour a commis une très grave erreur en favorisant la constitution actuelle de la Tunisie ? C'est une contrevérité qui ne repose sur aucun fait, ni aucune information honnête.

    Avez-vous écouté mes interventions télévisées à toutes les étapes d'élaboration de la constitution, notamment mes critiques de l'article 1er, de l'article 6 (À propos duquel j'ai réussi péniblement à introduire la liberté de conscience), de l'article 39 que j'ai farouchement combattu, précisément à cause de son caractère identitaire et religieux ?

    Avez-vous écouté mes conférences sur les vices rédhibitoires de la constitution à propos du fonctionnement des organes de l'État ?

    Avez-vous lu au moins mon livre : "Tunisie une révolution en pays d'Islam" dans lequel j'ai apporté une analyse critique détaillée de la constitution ?

    Avez-vous lu mes articles dans Leaders, La Presse de Tunisie, pour ne considérer que la presse francophone qui vous est accessible ?

    Votre seule source d'information est l'article de de Mezri Haddad. Permettez-moi de vous dire que vos sources sont pas fiables.

    Ayez au moins le souci de lire la mise au point que j'ai faite à propos de cet article malhonnête et mal informé."

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  2. Jean Pierre Ryf répond au Pr Yadh Ben Achour :

    Monsieur le Professeur. Je prends note de vos protestations.

    Cependant puis-je vous dire que la situation évoque, pour moi, ce que disait Albert Camus au sujet du Pape Pie XII et de son attitude à l'égard du nazisme. Il écrivait en substance (je cite de mémoire): " Moi l'incroyant, j'attendais qu'une grande voix s'élève à Rome pour condamner clairement et fermement le nazisme. On me dit que la condamnation a été portée mais qu'elle l'a été dans le langage des encycliques." Qui ne voit que là est le problème : la condamnation a été portée mais elle n'a pas été entendue !"

    Par ailleurs je serai intéressé par votre position de principe sur l'interdiction des partis qui instrumentalisent la religion, qui crée une division et qui, utilisant les réseaux (de certaines mosquées) rompent l'égalité avec les autres partis.

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  3. Il est curieux que ce professeur croit encore à la vertu du consensus avec Ennahdha et qu'il pense encre qu'elle doit avoir sa place sur la scène politique !

    Pr Yadh Ben ACHOUR REPOND A KAPITALIS ...

    Kapitalis s'est permis de rendre compte, en le tronquant, d'un entretien que j'ai mené avec des collègues universitaires italiens et qui a été publié récemment par le journal Il manifesto.

    Kapitalis parle d'un "sabotage de la Tunisie" dont je serais le coauteur.

    Je voudrais rappeler ici que la liberté d'expression ne se limite pas à l'espace public national et que nous avons le droit d'exprimer nos opinions à l'international, sans pour autant d'être accusé de trahison. Un entretien avec un journal européen ne signifie nullement ameuter l'Europe contre la Tunisie. Ce genre d'argument relève des poncifs de la dictature, notamment celle de Ben Ali.

    N'en déplaise à Kapitalis, je continuerai à exprimer librement mes opinions selon les moyens nationaux ou internationaux de mon choix.

    Dans son commentaire, Kapitalis a totalement gommé toute la partie relative à ma critique de la gestion catastrophique des affaires de l'État de la part du parti islamiste, ainsi d'ailleurs que de tout le système politique. Dans cette partie je dis clairement que le parti islamiste est un "parti prédateur".

    Pour lever toute équivoque, je publie ci-après le texte intégral de l'entretien, traduit en italien par les soins de l'éditeur.

    (Suite ci-aprés)

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  4. Questions du journaliste "il manifesto" (éludées par Kapitalis):

    - Ces derniers jours, vous avez ouvertement parlé d'un coup d'État illégitime. Pourquoi ?

    Ce n’est pas uniquement ces derniers jours que j’ai parlé d’un “coup d’État contre la constitution”. J’en parle depuis plusieurs mois et notamment dans un ensemble d’entretiens paru dans des quotidiens, des magazines, ou d’autres médias tunisiens. Les violations claires et nettes de la Constitution ne datent pas d’aujourd’hui.
    À plusieurs occasions, le président de la république a violé la Constitution ou en a donné une interprétation arbitraire et subjective. Ainsi, il a refusé de recevoir la prestation de serment de certains ministres qui avaient obtenu la confiance du parlement en janvier 2021, il a refusé de promulguer la loi concernant la Cour constitutionnelle en avril 2021, il s’est déclaré commandant suprême de toutes les forces armées militaires et civiles, toujours en avril 2021.
    Ce qui est arrivé le 25 juillet dernier, jour de fête de la République, fait donc partie d’un long cycle d’actes anticonstitutionnels.
    L’utilisation de l’article 80 de la constitution le 25 juillet est contraire à la Constitution parce que ni les conditions de forme, ni les conditions de fond ne sont remplies pour mettre en application l’article 80.
    Par ailleurs, le président s’est octroyé les prérogatives d’un véritable dictateur, concentrant entre ses mains le pouvoir exécutif, le pouvoir législatif, mais, ce qui est encore plus hallucinant le pouvoir judiciaire, puisqu’il prend la direction du ministère public.
    Je ne sais pas comment on pourrait appeler cela sinon un coup d’État contre la Constitution.

    - Selon vous, quelles sont les véritables raisons qui ont conduit à cette décision de la part de Saied ?

    La raison essentielle provient d’un fonctionnement déplorable du système parlementaire mis en place par la Constitution de 2014.
    Le parlement tunisien est devenu une véritable mascarade oratoire, marqué par la violence non seulement verbale mais également physique. Il n’arrête pas de se donner en spectacle.
    Les institutions sont devenues des coquilles vides.
    L’État a subi un affaiblissement considérable qui met en cause la stabilité même de la société.

    Le parti islamiste majoritaire au parlement a été à l’origine d’un développement inouï de la corruption, d’une politisation du pouvoir judiciaire, notamment les organes du ministère public, d’un blocage institutionnel, d’une régression et d’une islamisation de la société.

    Le parti islamiste s’est révélé comme un véritable parti prédateur.

    Tout cela explique la liesse populaire qui s’est déclenchée au moment de la proclamation de l’état d’exception prévue par l’article 80 de la Constitution.
    Personnellement, je suis d’accord avec tout cela.
    Il fallait en effet changer le système et le vitaliser.
    Mais pour atteindre ce but, il y avait d’autres moyens que celui de violer la constitution.
    Parmi ces moyens, je cite l’initiative de L’Union générale du travail de Tunisie, UGTT, le grand syndicat historique, qui avait proposé l’organisation d’un dialogue national pour résoudre les problèmes. Le président de la République a tout fait pour saboter ce projet.

    (Suite ci-après)

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  5. - Pourquoi selon vous le choix de Saied recueille autant de soutien au sein de la population et également parmi des intellectuels ?

    Le peuple tunisien attendait beaucoup de la révolution. Notamment la dignité et la justice sociale. Sur ce plan il a été totalement déçu. Non seulement aucun progrès n’a été fait dans le domaine économique et social, mais la régression du niveau de revenu entraînant une régression du niveau de vie, la cherté des produits de base, notamment les produits alimentaires, la montée de l’inflation, la dépréciation du dinar, le surendettement de l’État, tout cela explique la déception du peuple et sa colère face à des institutions qu’il juge artificielles, incapables de prendre les décisions nécessaires, est directement responsable de la situation économique, financière et sociale de notre pays.
    Le peuple en avait assez de cette situation de stagnation institutionnelle et de régression sociale.

    Par conséquent, quand l’état d’exception a été proclamé le 25 juillet dernier, le peuple a exprimé sa joie, croyant que les problèmes allaient être résolus grâce à la mise à l’écart du système et notamment du parti islamiste.

    Je comprends fort bien toutes ces réactions et je peux même vous dire que je les approuve. Je dis tout simplement que le recours à l’article 80 ne résoudra pas les problèmes et qu’il risque de nous entraîner dans des difficultés, des contradictions et des échecs peut être pires que ceux que nous avons connus jusque-là.

    - Quel rôle al-Nahda jouera-t-il désormais ?

    Si dans les premières heures la direction et la base du parti parlaient de coup d'État et de la nécessité de rétablir la démocratie et de reprendre le parlement, aujourd'hui certains dirigeants, comme Samir Dilou disent qu'il faut accepter la situation et en tirer une leçon à partir de cela…

    Samir Dilou n’est pas la seule personnalité islamiste qui le dit. Certains Nahdhaouis sont tout à fait conscients que leur parti est devenu un parti totalement discrédité à cause de son incapacité à gérer le pays et de se comporter comme un parti prédateur. Il paye aujourd’hui cette incapacité.

    Je ne vois pas ce qu’il pourrait faire d’autre que de rectifier sa stratégie et ses moyens d’action. Il est par conséquent forcé d’entrer dans un dialogue avec la force dirigeante actuelle.
    Encore faudrait-il qu’on lui permette de le faire.
    Mais je peux dire qu’il mérite bien ce qui lui arrive.

    - Quelles seront, selon vous, les réactions possibles de la société civile qui n'est pas d'accord avec ces décisions ?

    Au cours de sa dernière réunion avec quelques représentants de la société civile, le président a tenté d’imposer un monologue. Il a été stoppé par les représentants de la société civile qui lui ont imposé un échange. C’est à partir de là que l’idée d’une feuille de route a été discutée et que les organisations de la société civile ont posé leurs conditions : ne pas dépasser le délai d’un mois, ne pas désigner un gouvernement entièrement acquis au président, revenir à la vie constitutionnelle ordinaire.

    La société civile reste la véritable force de résistance contre la dictature et je pense que cette dernière ne pourra pas aller très loin.

    (Suite ci-après)

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  6. - Quel rôle l'armée joue-t-elle dans cette phase ?

    La doctrine actuelle de l’armée, c’est qu’elle est placée par la constitution sous les ordres du président de la République. Ce qui est vrai, d’après la constitution.

    Cependant, il faudrait que le commandement de l’armée sache ne pas dépasser la limite. Si jamais le président transforme cette situation de dictature provisoire en une situation de dictature permanente, l’armée doit alors se rappeler qu’elle n’est pas au service d’un homme, mais au service de la patrie et de l’intérêt général.

    Je pense que le limogeage du ministre de la défense, le professeur Brahim Bartaji, provient du fait que ce dernier n’était pas d’accord avec la politisation de l’armée.
    La neutralité politique de l’armée est le grand principe posé par le président Bourguiba. Il ne faudrait pas le remettre en cause.

    - Qu'adviendra-t-il de la liberté gagnée avec la Révolution de 2011 ?

    Il y a un grand risque. Mais il s’agit d’un simple risque. Personnellement, je pense que la société tunisienne est assez forte et très attachée à la liberté obtenue grâce à la révolution et qu’elle n’y renoncera jamais. Par conséquent, toutes les tentatives de remettre en cause ces libertés seront vouées à l’échec.

    - Quel rôle l'armée joue-t-elle dans cette phase ?

    La doctrine actuelle de l’armée, c’est qu’elle est placée par la constitution sous les ordres du président de la République. Ce qui est vrai, d’après la constitution.

    Cependant, il faudrait que le commandement de l’armée sache ne pas dépasser la limite. Si jamais le président transforme cette situation de dictature provisoire en une situation de dictature permanente, l’armée doit alors se rappeler qu’elle n’est pas au service d’un homme, mais au service de la patrie et de l’intérêt général.

    Je pense que le limogeage du ministre de la défense, le professeur Brahim Bartaji, provient du fait que ce dernier n’était pas d’accord avec la politisation de l’armée.
    La neutralité politique de l’armée est le grand principe posé par le président Bourguiba. Il ne faudrait pas le remettre en cause.

    - Qu'adviendra-t-il de la liberté gagnée avec la Révolution de 2011 ?

    Il y a un grand risque. Mais il s’agit d’un simple risque. Personnellement, je pense que la société tunisienne est assez forte et très attachée à la liberté obtenue grâce à la révolution et qu’elle n’y renoncera jamais. Par conséquent, toutes les tentatives de remettre en cause ces libertés seront vouées à l’échec.

    http://kapitalis.com/tunisie/2021/07/30/sabotage-de-la-tunisie-radwan-masmoudi-a-washington-yadh-ben-achour-en-europe/?fbclid=IwAR25xnoeNTKa2EeeLILQ8O-VU4U5MV7d2vJLohgWpK5BsOTXaxD3awcH4lY

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  7. YBA BOTTE EN TOUCHE : IL N'EST PAS CONTRE L'ISLAM POLITIQUE !

    En répondant à l'article de Me Ryf, le Pr Yadh Ben Achour élude la question de fond posée par l'auteur de l'article dans Kapitalis.

    Jean Pierre Ryf refusant toute polémique inutile, précise toute fois sa question à YBA : " Êtes-vous, oui ou non, pour l'interdiction des partis qui instrumentalisent la religion " ?

    La réponse de YBC ne laisse aucun doute : il est au cas par cas, répond-il; autrement dit, il est pour l'islam politique !

    Ce qui explique l'accointance de YBA avec Ennahdha lors de la rédaction de la fumeuse constitution 2014, la meilleure du monde rajoutent les "progressistes" qui y ont collaboré lors de la Constituante ... comme le Groggy du perchoir, Mustapha Ben Jaafar !

    La position de YBA, trahirait-elle son attachement à une dynastie de grands théologiens; puisque son grand père et son père étaient d'éminents professeurs à la Zitouna, ayant occupé le poste suprême de "Mufti" de la République ?

    Est-ce pour ne pas trahir ses illustres parents qu'il veut d'un islam politique ... et que par son "cas par cas", il voudrait dire qu'il autoriserait l'islamisme "modéré" et interdirait l'islamisme "radical" ?
    Et selon quels critères autoriserait-il l'un et rejetterait-il l'autre; quand on sait que tous s'inspirent d'une "chariaa", corpus "juridique" de toutes les lois religieuses élaborées par les hommes depuis 14 siècles ?!

    En tout cas, les musulmans ne peuvent progresser tant qu'ils ne se seront pas débarrassés de l'islam politique : la religion devenant un frein pour tout progrès, elle doit rejoindre la sphère privée et s'y cantonner !

    Vivement la LAICITE et la Troisième République !

    https://www.lesemeurs.com/Article.aspx?ID=11183&fbclid=IwAR0V-s6RBBBxURCq0pybZtNk638M1aBYbrELPCNr3Wt1-70Pq8B3M2RZXCM

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  8. Le Pr Naila SILINI ECRIT A Emmanuel MACRON !

    Elle lui rappelle que Ghannouchi et ses Frères musulmans ont été imposés aux Tunisiens par les EU & l'UE, dont la France pour gouverner la Tunisie dont ils ont fait un laboratoire de "démocratie islamiste" dans leur fumeux "printemps arabe" !

    Elle lui rappelle que l'islamisme "modéré" des Frères musulmans a mis à genoux la Tunisie et qu'il est en train de se répandre en Europe et particulièrement en France, visée par les Frères pour sa laïcité !

    Elle rappelle que par sa révolte du 25 juillet, le peuple dégage Ennahdha et ses larbins qui ont détruit la République, ruiné le pays et semé le chaos !

    Elle lui demande d'en tirer les conclusions; et de cesser le soutien de la France à Ghannouchi !!

    https://www.youtube.com/watch?app=desktop&v=AFnFzpH4zkY&feature=share&fbclid=IwAR2pxH6v0kfTLznkRxih3uixWBffO9zoGFE0TXB6XmTwhDFZcqz_Y0AS0WM

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  9. LA LAICITE, POUR EN FINIR AVEC LA GUERRE DES RELIGIONS ...

    Il aura fallu 30 ans de dictature islamiste des Frères musulmans; il aura fallu une partition du Soudan en deux Etats à cause du wahhabisme des Frères musulmans, pour que les soudanais se révoltent, chassent les Frères musulmans du pouvoir, interdisent leur parti et s'orientent vers la laïcité pour en finir avec la guerre des religions introduite par les Frères musulmans !

    Faudra-t-il autant pour les Tunisiens pour adopter la laïcité dans la future constitution de la troisième République ? !

    Les Tunisiens seront-ils plus intelligents et plus sages que les Soudanais pour empêcher les Frères musulmans de semer le chaos et la "fitna" (guerre civile) dans le pays en dégageant Ghannouchi et ses Frères musulmans du pouvoir ??

    https://lejournaldelafrique.com/lafrique-daujourdhui/au-soudan-la-laicite-comme-condition-a-la-paix/?fbclid=IwAR0dNQ2ThGAYXnVwu5jXqv-toN6tHtD9MLlNXmAkdpdWsHfZtdPM0zbJ9fI

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  10. YBA FAIT L'ELOGE DE KS ...

    Il est comme lui traditionnaliste :
    - YBA fils et petit fils de muftis de la Tunisie, admet l'islam politique et accorderait le visa aux partis politiques qui instrumentalisent la religion ... au cas par cas, ajoute-t-il !
    Pour la Constituante, il a cru sur parole l'engagement de Ghannouchi que la constituante aura un an pour pondre la nouvelle constitution ! Ce que évidemment Ghannouchi n'avait pas respecté ! Alors que quand on est juriste, qui plus est constitutionnaliste, il doit savoir qu'il n'y a que les écrits qui comptent !
    Les tunisiens ont perdu par sa faute, 3 ans; puisque Ghannouchi a prolongé sa légitimité comme il voulait; et ce, bien contre la volonté des tunisiens.
    Faute impardonnable de la part de YBA, à laquelle s'ajoute son approbation de la meilleure constitution du monde, qu'il découvre depuis quelques temps semées de mines par les islamistes.

    - KS de culture pan arabiste, proche des islamistes lui et son frère Naoufel, les ayant même fréquentés; et ses discours aux référents religieux trahissent sa connivence avec Ennahdha, contre laquelle il n'a rien fait et ne fera rien contre Ghannouchi aussi forts que soient ses ressentiments contre ce dernier qui a tenté de l'assassiner !!

    Mais étant sans envergure politique, son frères Naoufel assure pour lui le "dégagement" de Ghannouchi et propose de remplacer son "islamisme modéré" dont une majorité de Tunisiens ne veulent plus, par un nouveau "islamisme dit de gauche", en mettant sur orbite Mohamed Ghoumani celui qui le représente et qui constituera la doublure de Ghannouchi !

    Arrangement qui semble convenir à Ghannouchi qui très vite a changé de ton pour faire sa mea-culpa et le sacrifice de sa personne pour son parti et pour la patrie (sic) !

    Et voilà KS change pour ne rien changer ... ou si, il profite de la "révolte spontanée du peuple", pour dégager le PDL et sa présidente qui lui fait de l'ombre !!

    Yadh Ben Achour :

    " Je connais bien Kais Saied, un de mes anciens étudiants.
    Il est effectivement ultra-conservateur, mais il n’est pas islamiste, et il ne fait pas de ses convictions personnelles des questions prioritaires.

    Il a pour immense qualité d’être foncièrement honnête, avec une rigueur toute janséniste.
    Avec lui, la Tunisie aura un chef de l’État inattaquable.

    Et il va résoudre deux problèmes :
    - écarter le candidat islamiste et
    - nous débarrasser de l’actuel gouvernement, sanctionné par les urnes.

    Comme tous ceux qui ont mal géré le pays ces dernières années, qui ont favorisé les faiblesses du régime démocratique; assumé le mauvais fonctionnement des institutions; affaibli l’État; emprisonné un candidat, favori, en pleine campagne; ou laissé la corruption prospérer et les conditions sociales se dégrader…

    Il y a un espoir qu’avec Kais Saied, le paysage politique soit rénové. "

    Après qu'il ait dit tout le mal qu'il pense de KS et dénoncé son coup d'Etat du 25 juillet, voilà qu'il fait son éloge !

    Est-il encore crédible cet homme ?!"

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