jeudi 23 décembre 2021

«Nous gagnerons par vos lois et nous vous gouvernerons par nos lois.», disent les Frères musulmans aux démocrates !

Les Frères musulmans surfent sur la naïveté des démocrates, occidentaux aussi !

Ils instrumentalisent tous les concepts tels que "démocratie", "droits de l'homme" ... pour arriver au pouvoir. Concepts occidentaux, disent-ils; puisqu'ils ne figurent nulle part dans le Coran, affirment-ils !

Erdogan ne disait-il pas que la démocratie est à usage unique ? Une fois au pouvoir, petit à petit il a islamisé la Turquie; et finira par imposer la chariaa !
Ce que font les Frères musulmans dans les pays du fumeux printemps arabe; et ce qu'ils finiront par faire en Occident aussi !

Ghannouchi ne dissuadait-il pas les islamistes d'Europe de créer leurs propres partis pour leur recommander de pénétrer les partis existants et influencer leurs lignes politiques, à défaut d'en prendre les règnes ?!

R.B

Marie-Thérèse Urvoy

L’islamisme ne vise pas à séparer mais à conquérir


L’islamologue publie Islam et islamisme, frères ennemis ou frères siamois? (Artège), un ouvrage érudit où elle analyse la montée en puissance d’une interprétation radicale du Coran au fil des siècles. Professeur émérite de l’université Michel de Montaigne Bordeaux 3 et de l’Institut catholique de Toulouse, Marie-Thérèse Urvoy a enseigné l’islamologie, l’histoire médiévale de l’islam, l’arabe classique et la philosophie arabe. Elle est l’auteur ou coauteur d’une vingtaine d’ouvrages sur l’islam.

LE FIGARO. – Quand apparaît le mot «islamisme» tel que nous l’entendons aujourd’hui, c’est-à-dire comme une forme politique et radicale de l’islam?

Marie-Thérèse URVOY.- Il est vrai que le «isme» dans islamisme n’a pas la même valeur que dans «christianisme» ou «bouddhisme»: il est censé ajouter une tonalité négative. Cependant, cet usage moderne du terme islamisme n’a rien à voir avec celui du XIXe siècle. Il s’agissait alors de distinguer la religion («islamisme») de la civilisation («islam»), sur le modèle du christianisme et de la chrétienté. Puis à partir des années 1970, «islamisme» s’est mis à désigner exclusivement une variante politique agressive de l’islam. Cela a abouti à la disparition de l’adjectif «islamique» au profit de «musulman». C’est une distinction très française.

La distinction entre islam et islamisme n’est-elle pas cependant judicieuse?

La distinction entre islam et islamisme est pertinente, le premier désignant le système socioreligieux comme tel, et le second étant en outre la conviction que les lois de l’islam doivent prédominer sur les lois des hommes. Mais elle ne désigne pas une simple distinction entre modération et radicalité. La modération et la radicalité sont affaire de musulmans individuels. Un musulman dit modéré est quelqu’un qui parvient à mettre une distance entre lui et les dogmes fondamentaux, et accepte de ranger sa foi dans son for intérieur. L’islamiste est celui qui pousse les préceptes de sa foi jusqu’au bout, la conquête de tout lieu où se trouve l’oumma. Partout où il y a deux croyants, l’oumma est là.

Contrairement au christianisme, l’islam porte dès l’origine une dimension politique. Ce n’est pas seulement une religion, mais un code qui régit l’essentiel de l’existence. Le chrétien ne pourra pas tirer de préceptes politiques clairs des Évangiles. En revanche le musulman trouvera toujours de la politique dans ses textes sacrés: la discrimination entre musulmans et non-musulmans est inscrite dès la charte de Médine dictée par le Prophète. La distinction entre musulmans et dhimmis est éminemment politique, ainsi évidemment que celle entre homme et femme, détaillées dans tous les traités de droit islamique.

Tout de même, n’y a-t-il pas eu, tout au long de l’histoire, un combat entre une interprétation modérée et une interprétation radicale du Coran?

Ce débat est apparu très tôt, mais, au fur et à mesure que l’islam progressait géographiquement, il s’est arrêté. Entre le IXe siècle, où la foule s’est opposée à une tentative du pouvoir d’imposer une dogmatique rationalisante, et le XIIIe siècle, il y a eu une série de trois durcissements appelés traditionnellement les «restaurations du sunnisme», c’est-à-dire de la conception traditionnelle. Dans le premier épisode, le personnage d’Ibn Hanbal (mort en 855) apparaît pour fonder une école juridique, la plus littéraliste, qui sera reprise neuf siècles plus tard par le wahhabisme. C’est une évolution en négatif. Il y a eu un dépérissement du débat spirituel en islam.

L’appellation « islam des Lumières » est française. Ses promoteurs cherchent dans l’histoire des exemples qu’ils enjolivent. On a instrumentalisé Averroès et on a répandu l’image mythifiée d’un apôtre de la tolérance.

Pourquoi les plus radicaux ont-ils acquis une influence croissante?

Je crois que c’est parce qu’ils ont réussi à s’appuyer sur le sacré des textes. Avec cette conception du Coran comme dictée divine livrée à Mohamed, la nature du texte coranique favorise le durcissement, le raidissement idéologique. Il y a eu des tentatives de réforme, mais aucune n’a abouti. On peut prendre l’exemple du Soudanais Mahmoud Mohamed Taha qui a tenté de promouvoir une version théologique libérale de l’islam dans les années 1960, en élaborant toute une distinction entre la période mecquoise et la période médinoise. Il a subi une levée de boucliers de la part des théologiens d’al-Azhar et a fini par être considéré comme apostat et pendu à Khartoum en 1985. Ou encore, l’Égyptien Ali Abdel Raziq, un cheikh de l’université islamique du Caire al-Azahr qui, dans les années 1920, voulait éliminer le concept même du califat, jugé mortifère, et développer une version non politique de l’islam. Il a été chassé de son poste de juge religieux, mis au ban et n’a dû la vie sauve qu’au fait qu’il appartenait à une famille importante. Quand certains musulmans élèvent la voix pour dire qu’ils veulent un autre islam, personne ne les écoute ; bien plus, ils sont persécutés.

Le surgissement du voile est-il un produit de l’islamisme?

Dans le Coran il n’y a pas un seul verset qui prescrive le voilement. Il y a deux versets rattachés au port du foulard, mais quand on regarde l’étymologie des mots utilisés, cela n’a rien à voir avec les voiles d’aujourd’hui. Comme l’a dit al-Ashmâwî, qui fut l’un des conseillers de Sadate, le hijab n’est pas islamique. Dans le Coran, le voilement concerne les femmes du Prophète (XXXIII, 59), et il ne parle pas de la tête, mais de la poitrine: «Rabattez vos voiles sur vos gorges» (XXIV, 31).

Dans certains pays la tenue traditionnelle a été progressivement sacralisée, par une surinterprétation des textes. Dans d’autres, essentiellement au Moyen-Orient, un courant féministe s’est activé, autour des années 1920, pour résister à la poussée islamiste, ce qui, en réaction, a entraîné un durcissement et une généralisation des exigences islamistes.

L’erreur de l’Occident, c’est d’avoir accepté au départ des prémisses qui se sont développées et aggravées avec le temps. Ça a commencé à la fin des années 1970. Nous en sommes à ne plus pouvoir lutter contre l’envoilement total des femmes. Nous voulons sauver les femmes voilées des pays islamiques et ensuite nous nous battons avec la laïcité en Occident parce que les mêmes veulent le voile jusque dans sa forme la plus outrancière, lequel, au dehors de terres islamiques, a un sens avéré de marque politico-communautaire.

Vous critiquez dans votre livre le thème de l’islam des Lumières, souvent mis en avant comme une référence oubliée qu’il conviendrait de réinvestir pour sauver l’islam de ses penchants violents. Pourquoi?

Il faut relier ceci aux illusions occidentales sur la transition des musulmans vers un islam moderne. Cette appellation «islam des Lumières» est française. Je suis tentée d’y voir une corruption du sens historique des «Lumières» réduites à un simple qualificatif laudatif. On a la même chose avec un supposé «islam de progrès» ou la mise en avant du soufisme censé être plus modéré. Les promoteurs de cet «islam des Lumières» cherchent dans l’histoire des exemples qu’ils enjolivent. L’idée est de montrer que cela est possible dans le futur, car cela a déjà existé dans le passé. On a beaucoup instrumentalisé Averroès (1126-1198) par exemple, en en faisant une figure quasiment voltairienne. En réalité, c’était un juge sourcilleux de la légitimation religieuse, un prédicateur qui appelait au jihad. C’était un musulman pieux, normal, parfaitement inscrit dans l’idéologie de son époque. Le film Le Destin (1997), du réalisateur égyptien Youssef Chahine, a beaucoup contribué à répandre l’image mythifiée d’un apôtre de la tolérance. «Chacun doit se soumettre aux principes religieux, les suivre et ne pas douter de ceux qui s’y sont ancrés. Car les nier et les discuter rend vaine l’existence humaine et de ce fait les hérétiques doivent être tués», écrivait-il. Difficile d’y voir un antidote à l’islamisme.

À vous lire, il y aurait une sorte de fatalisme qui condamnerait l’islam à rester violent. Ne croyez-vous pas pourtant que la grande majorité des musulmans entendent sans aucun doute vivre une vie paisible?

Ces musulmans-là existent bel et bien. Cependant ils ne sont pas encore une force de frappe assez nombreuse pour imposer leurs volontés et leur désir d’une société laïque et moderne. Ils n’ont pas droit à la parole. Actuellement ce sont les musulmans fidèles à leurs fondamentaux (fréristes, salafistes, etc.) qui tiennent le haut du pavé. Ils se nourrissent de l’ignorance crasse de l’Occident de ce qu’est l’islam.

Comment jugez-vous les efforts du gouvernement français pour réguler l’islam de France?

On m’accuse souvent de pessimisme. Mais je n’ai souvent que de l’avance sur les constats qui sont faits par les politiques eux-mêmes. Au début, il y a une certaine naïveté, et quand celle-ci disparaît, il est trop tard. Quand j’entends le ministre de l’Intérieur dire qu’il ne peut pas fermer plus de six mois les mosquées salafistes, car c’est la loi… il faut changer la loi.

Quant à la «loi sur le séparatisme islamiste», c’est le mot même de «séparatisme» qui pose problème. Il n’est pas adéquat, car l’islamisme ne vise pas à séparer mais à conquérir. Lorsque la démographie le lui permet, il ne veut pas partager et œuvre à exploiter les moyens administratifs et financiers de l’État d’accueil, avec l’intention de les subvertir au profit de la seule communauté universelle, appelée oumma. Ce qui est illustré dans la proclamation fameuse avec laquelle sont taraudées les terres d’accueil : «Nous gagnerons par vos lois, et nous vous gouvernerons par nos lois.». Et qu’illustre également l’imam Iquioussen (prédicateur vedette sur internet, figure de l’ex-UOIF, NDLR) en incitant ses coreligionnaires à traiter avec des candidats aux élections : apport des voix contre satisfactions données à leurs exigences.

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lundi 13 décembre 2021

Une irrésistible ascension : qui peut arrêter Abir Moussi ?

La ligne éditoriale de Kapitalis, aura-t-elle changée ? Certains de mes articles qui sont consacrés à Abir Moussi et au PDL, n'étaient pas édités, au mieux différés au-delà de l'événement du moment, concernant cette opposante au système mis en place par Ghannouchi et ses complices pan-arabistes. Alors que dans le même temps, ce médias éditait ceux qui la critiquaient en reprenant les "arguments" des Frères musulmans d'Ennahdha faisant d'elle leur tête de Turc. 
Je suis surpris du portrait dithyrambique (ci après) qu'en fait Kapitalis. Tant mieux. Il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis.
Cependant, l'auteur va vite en besogne en comparant la popularité du "professeur" et celle de l'avocate pour les mettre sur un pied d'égalité; alors qu'il doit savoir que si celle de Abir Moussi est réelle et palpable sur le terrain, ses meetings et ses réunions politique déplaçant spontanément les foules; celle de Kaïs Saïed est fictive ne s'appuie que sur les réseaux sociaux. Dommage qu'il n'ait pas fait ce distinguo, d'autant que Kaïs Saïed personnage hors temps par sa culture et son langage, pour ne pas dire passéiste, ne l'étonne pas qu'il recourt à une technologie des plus modernes, pour se demander qui derrière cet extra-terrestre sans parti politique pour se retrouver subitement président de la Tunisie avec 72% des suffrages ... plébiscité par les jeunes ! Ni, qu'il n'ait rappelé les bâtons dans les roues que met Kaïs Saïed à Abir Moussi, la harcelant et l'empêchant de toute activité politique sous des prétextes toujours fallacieux !!
R.B

Imed Bahri

Qu’est-ce qui fait courir Abir Moussi et qui peut arrêter son ascension ? Par la multiplicité et la densité de ses activités, qu’elle diffuse elle-même, et souvent en direct, à travers les réseaux sociaux, l’infatigable présidente du Parti destourien libre (PDL) donne le tournis à ses partisans autant qu’à ses adversaires, qui ont du mal à suivre son rythme endiablé ou à rivaliser avec sa verve tribunicienne ou sa capacité de mobilisation populaire.

Si beaucoup d’acteurs politiques détestent cordialement la présidente du PDL, qui leur fait de l’ombre, la plupart d’entre eux la craignent et reconnaissent son talent, d’autant qu’elle continue de s’imposer, jour après jour, comme la principale figure politique en Tunisie capable de se mesurer à Kaïs Saïed, le très populaire président de la république, et peut-être même aussi de le battre à plates coutures lors de la prochaine présidentielle.

Rien ne lui a été donné d’avance

Cette dame de fer, dont on a tort de réduire le programme politique à une hostilité absolue au parti islamiste Ennahdha, n’a pas seulement une volonté de fer, une conviction qui déplace les montagnes et de l’énergie à en revendre, elle est aussi un véritable animal politique. Elle a, en tout cas, toutes les qualités requises pour un futur chef d’Etat : d’abord la tête bien faite d’une ancienne première de la classe (elle avait obtenu tous ses diplômes en étant lauréate de sa promotion), une éloquence de grand tribun qui sait improviser sans perdre le fil d’une pensée bien structurée, une connaissance intime des lois de la république, une détermination qui ne faiblit pas devant les obstacles de toutes sortes que l’on met sur son chemin, trouvant dans l’adversité un moyen pour affûter ses armes et aller toujours de l’avant, ne rechignant jamais à la tâche et multipliant les contacts avec les petites gens dans le profond pays…

Cette femme, que certains veulent souvent réduire au statut de rescapée ou de survivante de l’ancien régime dictatorial de Ben Ali, est pourtant, en vérité, la figure politique la plus marquante et la plus méritante de la génération passée aux commandes après le 14 janvier 2011. C’est, en effet, après ladite «révolution» qu’elle a commencé à s’imposer sur la scène politique, qui plus est, dans un contexte d’ouverture tout azimut et de rude concurrence. Et dans cette irrésistible ascension, elle ne doit rien à personne, car personne ne lui a rien donné. Elle a tout pris avec ses propres moyens et en comptant sur sa force de caractère, son irrésistible charisme et son grand flair politique : elle sait trouver les idées mobilisatrices et les slogans qui font mouche.

Une popularité qui ne faiblit pas

Abir Moussi, que beaucoup de biens pensants aiment détester, a, en réalité, arraché sa place au centre même de l’échiquier politique tunisien, contre vents et marées, car personne ne la ménageait et tous craignaient ses coups de gueule et ses coups de pattes qu’elle sait asséner, sans excès de langage ni haine ni vulgarité. Ses mots sont souvent taillés dans l’esprit et le texte des lois : des mots d’une fine juriste qui sait parler un langage simple que comprend le petit peuple. Et c’est ce petit peuple, davantage que les élites sophistiquées des quartiers huppés, qui la plébiscite et qui voit en elle la seule personnalité capable aujourd’hui de prendre en main le destin du pays avec la poigne, la rigueur, la foi et le dévouement nécessaires.

La présidente de PDL en fait peut-être trop, comme disent certains de ses détracteurs. Son narcissisme lui inspire certes parfois des postures où l’outrance le dispute à l’entêtement, mais ce «défaut» n’est-il pas en réalité l’une des conditions de la réussite en politique où l’altruisme idéaliste des bien-pensants est rarement porteur ?

Quoi qu’il en soit, ceux qui parient sur la chute de la popularité de Mme Moussi et ne cessent d’annoncer à cor et à cri l’imminence de sa fin politique, en ont à chaque fois pour leurs frais, car les sondages se suivent et leurs résultats se ressemblent en donnant le PDL en tête des intentions de vote pour les législatives et en donnant Mme Moussi en seconde position dans les intentions de vote pour la présidentielle derrière Kaïs Saïed, avec, toutefois, une tendance constante qui doit inquiéter ce dernier, l’effritement de l’écart entre le professeur de droit et l’avocate. Et cela se comprend, car on a beau dire et répéter que Abir Moussi est desservie par son passé de RCD-iste; en réalité, elle ne cesse de prouver qu’elle a, plutôt, un grand avenir devant elle : une véritable «autoroute» que ses adversaires, par leurs mesquineries et leurs petitesses, ne cessent de baliser devant elle.

dimanche 12 décembre 2021

Lettre ouverte aux falsificateurs de l'Histoire ...

La France tout comme la Tunisie, sont des pays de brassage ethnique depuis la nuit des temps, n'en déplaise à Zemmour et à Le Pen pour la France et à Ghannouchi et ses amis pan-arabistes qui s'obstinent à faire des Tunisiens des arabes parce qu'arabophones, oubliant que la tunisianité des Tunisiens est le produit de 3000 ans d'histoire

Ce qui faisait dire à Bourguiba, que la Tunisie par son histoire et par sa position géographique, a vocation à faire partie du monde occidentale que du monde arabo-musulman et de la lointaine Arabie, comme le veulent les pan-islamistes et les pan-arabistes.

R.B


Il y a un peu moins de 1000 ans, n'en déplaise à Z et autres nationalo-populistes à l'esprit très "imaginatif" et à la mémoire sélective, la France n'existait pas. Il y avait, entre autres, les Plantagenêts et les Capétiens, ces derniers appelant judicieusement leur royaume morcelé et instable "Royaume des Francs" et se nommant "Rois des Francs" (et non de France, car inconnue à leurs yeux) sur leurs pièces de monnaie.
Les Francs étant d'ailleurs une tribu germanique (une région de Bavière porte le nom d'une partie de leurs territoires d'origine), dont le représentant le plus célèbre fut Charlemagne, qui établit le siège de son empire à Aachen (Aix-la-Chapelle, Allemagne) et ne parlait que deux langues : le francique (dialecte germanique proche des dialectes actuels de l'Allemagne centrale), qui était sa langue maternelle, et le latin qu'il apprit plus tardivement pour pouvoir mieux régner administrativement sur les ruines européennes occidentales de l'Empire Romain que ses lointains ancêtres avaient conquis et qu'il réunifia partiellement sous sa tutelle.
La France métropolitaine, telle que nous la connaissons, dans une quasi unité politico-géographique (mais pas culturelle), a au mieux 400 ans. Son unité linguistique, hors langue administrative (issue de la langue d'Oïl, à composante celto-germano-latine), est encore plus récente. Quant à ses frontières actuelles, elles ont moins de 200 ans (rattachement par un traité de Nice et de la Savoie à la France en 1860, le Val d'Aoste restant italien).
De même, le concept d'une Gaule mythiquement unifiée, cher aux mêmes nationalo-populistes, date des débuts de la 3ème. République, donc de la fin du XIXème. siècle. Ce sont les romains qui appelèrent Gaule le territoire composé de tribus celto-germaniques entre Mer du Nord, Alpes et Pyrénées. Lesquelles tribus passaient leur temps à se faire la guerre entre elles au point que les armées romaines conquirent ce vaste territoire, à pied et en moins de 7 ans, au cours de plusieurs campagnes militaires qui mobilisèrent au mieux 15000 légionnaires latins.
L'Empire Romain était d'ailleurs un vaste melting-pot ethnique, linguistique (où le latin n'était qu'une langue administrative) et culturel. Plusieurs empereurs et militaires romains qui en firent la réputation n'étaient pas des latins mais natifs d'Afrique ou d'Asie. Grâce à son ouverture et à sa capacité d'intégration et de promotion de populations d'origines diverses, il dura presque 2000 ans (Byzance inclus). On ne trouve pas trace de racisme dans les écrits latins de cette époque. Bien au contraire. Il suffit de lire, parmi d'autres, les écrits de Tite Live, Tacite, Marc Aurèle (militaire, empereur et philosophe), Flavius Josèphe (militaire et historien), Sénèque et Cicéron pour s'en convaincre. L'Empire Romain n'était pas "étriqué", grâce à l'esprit et à la pensée de tous ceux, de toutes origines, qui contribuèrent à sa réussite. Ce fut sa force plus que ses légions multi-ethniques.
Quant aux Celtes : ils venaient du sud de l'Asie (grosso modo de l'Inde, du Pakistan et de l'Afghanistan actuels) avant de s'établir durablement dans l'est de l'Europe puis de se répandre principalement dans son nord-ouest. Ainsi que la plupart des peuples indo-européens qui colonisèrent l'Europe et dont beaucoup d'entre nous sont les lointains descendants ; lointains descendants seulement car il y eut bien d'autres mixages de populations après eux et il y en aura encore d'autres après nous, n'en déplaise à certains. C'est l'histoire de l'humanité et le futur ne nous appartient pas plus que le passé.
Monsieur Z, lui, porte un nom arabo-berbère et son prénom est d'origine germanique. Et les chiffres qu'il utilise, comme nous tous pour calculer, sont d'origine arabe. D'ailleurs ils sont toujours qualifiés officiellement comme tels.
Il est donc bon de visiter des expositions comme celle consacrée en ce moment au Royaume des Plantagenêts par l'Abbaye Royale de Fontevraud (Anjou). Elles ont le mérite de rappeler les réalités historiques.
Quant au chroniqueur-amuseur public Z, il ferait mieux de retourner sur les bancs de l'école pour (ré)apprendre tout ceci. Et plutôt que se présenter facétieusement aux prochaines élections présidentielles, il serait plus utile qu'il donne des cours d'orthographe et de grammaire à beaucoup de ses supporters énamourés, lesquels ont des lacunes manifestes en la matière, au point qu'à les lire on ne se croirait plus ... en France !
Et pourtant, nous avons tous bénéficié d'une scolarité obligatoire, non ? Comme le dirait J.M. Le Pen, patriarche d'une dynastie nationalo-populiste mais de plus grand renom que Z en la matière : "être français, cela se mérite". Et moi, j'y oppose fermement le verset biblique : "La paille qui est dans l'œil de ton frère, tu la vois. Mais la poutre qui est dans ton œil, tu ne la vois pas." Mais si "être français cela se mérite", commençons donc par une remise à niveau en orthographe et grammaire pour les français qui se proclament "soucheux". À lire leurs commentaires sur les réseaux sociaux, beaucoup d'entre eux en ont un cruel besoin.
Comme l'écrivit Émile Zola, fils d'immigré italien : "La langue est le ciment d'un pays". Et il maniait bien mieux la langue française que certains chroniqueurs-amuseurs publics contemporains.
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Zemmour, c'est la Saint-Barthélémy de l'esprit.
Sur France-Inter, Eric Zemmour nous explique que le catholicisme a un droit d'aînesse en France, non seulement sur l'islam, mais aussi sur le judaïsme et le protestantisme. Le vocabulaire ne manque pas d'intérêt. Le christianisme est réduit au catholicisme romain, le mot protestantisme désigne une religion extérieure à l'Eglise, quand la Réforme rappelle sa fondation, à savoir les proclamations de Luther sur la porte de l'église d'Augsbourg et, en France, les thèses formulées par Jean Calvin, chapelain de la cathédrale de Noyon, Picardie, ville où il naquit en 1509. Quant au droit d'aînesse, il a été aboli en France avec tous les privilèges, dans la nuit du 4 août 1789.
Au passage, ce droit d'aînesse rendu aux catholiques, qui ne le demandent pas, contredit Jean-Paul II, qui appelait les juifs "nos frères aînés dans la foi". Pour Zemmour, les religions minoritaires sont seulement tolérées, et il rappelle l'obligation de modestie imposée aux synagogues et aux temples, construits au XIXème siècle et qui selon lui devaient être masqués par un mur. Cette obligation date en fait du moyen-âge, elle n'a jamais figuré dans les lois de la République et les constructions du XIXème siècle n'y étaient pas soumises. Il suffit pour s'en convaincre de regarder la façade de la grande synagogue de Paris, rue des Victoires, et la statue de Gaspard de Coligny, érigée en 1889 devant l'oratoire réformé du Louvre.
Selon Zemmour, les églises sont le visage de la France, quand les temples, les synagogues et les mosquées ne sont que des pièces rapportées.
C'est historiquement faux, les fondements du judaïsme moderne furent écrits ancien français, par Salomon de Troyes, Rachi (1040-1105). Une nation se définit par sa langue, disait Michelet, il est vrai descendant de Huguenots, et les commentaires de Rachi sont écrits en français, un peu avant la Chanson de Roland.
L'établissement des juifs en France précède la fondation de l'église apostolique, et si peu de synagogues forment le paysage français c'est qu'elles ont été détruites.
Celle de Rouen précédait la cathédrale, les juifs assuraient la prospérité de la ville avant l'arrivée des Vikings. Ils furent massacrés par les preux chevaliers en route pour la première Croisade, en 1096. Le magnifique palais épiscopal de Rouen, à n'en pas douter visage de la France, a été bâti sur les ruines de la ville juive et de la synagogue. Les temples, églises réformées, ont eux aussi été détruits massivement, sur ordre de Louis XIV, lors de la révocation de l'édit de Nantes. Il s'en trouvait dans chaque village des Cévennes et du Forez.
Il s'en trouve tout de même d'impressionnants en Alsace, celui de Mulhouse est une ancienne cathédrale, mais pour Zemmour cette région n'est sans doute pas tout à fait française, puisque Pétain l'avait cédée à l'Allemagne en signant l'armistice du 22 juin 1940.
Nul doute que les clochers marquent le paysage français, mais avec Zemmour, on y entend la sonnerie aux juifs de la cathédrale de Strasbourg et le tocsin de Saint-Germain l'Auxerrois au soir de la Saint-Barthélémy. Les Huguenots ne seraient donc pas la France, ni Coligny, ni Sully, ni Henri de Condé, pour ne rien dire du roi de Navarre...
Il est vrai que le pasteur Trocmé du Chambon sur Lignon et les descendants des Camisards des Cévennes n'ont pas obéi au Maréchal, ces mauvais français sauvèrent des milliers de juifs "étrangers" que la police de Vichy ne put livrer aux bourreaux nazis.

Zemmour, décidément, c'est la Saint-Barthélémy de l'esprit.
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L'Algérien, mal dans sa peau, mal dans son pays ...

Pauvres Algériens, toujours otages d'un FLN prisonnier d'un passé qui ne passe pas !
R.B


Kamel Daoud 

Le pays de nos yeux fermés

Fascinante expression : “L’ennemi de derrière les mers.” Leitmotiv de la théorie du complot, rappel de l’histoire, mais aussi topographie de nos imaginaires mauvais marins. Car chez nous (comme chez d’autres), la géographie est un produit dérivé de l’histoire et l’imaginaire collectif y projette ses peurs et ses préjugés. La mer est donc la porte mal fermée de notre histoire, le lieu par lequel sont venus les Ottomans, les Français, les Vandales, les Espagnols et tous ceux qui manquaient de terres ou d’argent.
La mer reste associée à la peur, l’invasion, la nudité des vaincus, l’exposition, le malaise et la mort, la perte de l’identité et des valeurs. La mer, c’est le lieu de bataille des islamistes contre le corps, l’endroit où on perd le corps par la mort, mais aussi le seul moyen de vaincre la mort quand on n’a pas de visa. Lieu de chaloupes, frontière, mur horizontal.
On a été pirates vainqueurs, on n’en garde que le souvenir d’une défaite. La baie d’Alger d’ailleurs n’existe que vue de face, par l’arrivant. Mais la baie d’Alger est un lieu “pied-noir” pour les Algériens, le point de vue de l’immigré, un visage que l’on ne peut voir de face. Ceux qui habitent Alger ne la voient jamais, cette baie, que dans le langage ébloui des étrangers.
Autre lieu de notre géographie mentale, la montagne. Lieu du fantasme de l’authenticité, du “vrai”, point de départ de la généalogie. Quand la mer nous a envahis, il ne nous restait du pays que ses montagnes : lieu de refuge, mais aussi lieu de l’identité. La montagne, c’est la révolte, le maquis, la guerre, la résistance. Une casbah d’arbres, de grottes et de broussailles. On n’y va presque jamais pour escalader, mais pour se défendre. Pas pour respirer, mais parce qu’on est en colère ou attaqué. La montagne, c’est le manteau de la colère.
Et d’autres lieux ? La plaine. C’est la terre des trahisons lentes. Y vivent les vaincus, les déracinés, ceux qui n’ont plus d’armes ni de racines. La plaine, c’est un peu la ville, l’histoire de nos défaites, le lieu où on ne fait plus la guerre, mais les morts. La plaine, c’est un peu le village mais déjà la ville et ses perditions. La plaine, c’est la terre du pouvoir du moment. Toute la plaine va d’ailleurs vers la ville.

Et la ville ? C’est là où personne n’a une véritable adresse. La ville, c’est le lieu des vainqueurs ou du butin. On veut y aller, mais on ne l’aime pas. On s’en réclame, mais pour se réclamer d’un village des origines. On y habite, mais elle n’est jamais à nous. Les villes algériennes, au Nord, sont l’œuvre du vainqueur, sa trace sur nos peaux tannées. Le mauvais tatouage de notre histoire. Alors, on rêvera toujours de construire une nouvelle capitale, on se réclamera des quartiers mais pas de la totalité, et on attend que les centres villes tombent en ruine pour déplacer la ville. La ville est désirée, mais insultée. C’est là que l’on apprend à lire et écrire, c’est-à-dire à trahir. La ville est la liberté et la liberté, c’est la perte de la tribu, des femmes et des terres. La ville, un puits. Une impasse et une angoisse.
Le Sahara est aussi une topographie de nos imaginaires. Du fantasme de celui qui croit retrouver une origine plus vaste que la sienne. Un lieu où l’on respire, dans un pays qui n’a qu’un seul poumon. Mais le Sud est un pays vu de dos, une immobilité saluée comme une authenticité, un folklore que l’on veut figer, le plus grand selfie de l’Algérien du Nord. La réalité et différente car le Sud est invisible.
Même Abdelkader le Malien est un Tlemcénien blanc. Et être Noir algérien, c’est être une dune avec un sourire, un dromadaire avec un imzad, un Mali sans Malien, une route pour le lait en poudre et l’âme en cendres.
La liste peut être longue. On peut citer la route, par exemple : quand elle n’arrive pas chez soi, on la réclame, mais dès qu’elle est là, on la coupe.
C’est une histoire d’amour/haine avec le pouvoir, romain ou autre. La frontière aussi : lieu où les martyrs filtrent le passage des vivants, le plus grand bijou en or de l'Algérie fantasmée, seconde épouse du militaire et du contrebandier.
On peut citer la “villa” : lieu du véritable pouvoir, contraire du palais, lieu des complots des deys d’autrefois et d’aujourd’hui. On peut continuer. C’est comme une archéologie d’amateur, la coupe verticale dans le corps d’un Algérien assis, une enquête sur nos imaginaires. Avis aux amateurs, comme l’auteur de ces lignes.
La villa Abd-el-Tif, par Albert Brado (1894-1964)

vendredi 10 décembre 2021

L'islamisme, la faute originelle de l'islam

L'islamisme a dévoyé l'islam. L’islam originel ayant été enterré, l’islam impérial se dresse désormais, bien décidé à conquérir la terre entière, avec la naissance de l'islamisme qui deviendra partie intégrante de l'islam après la mort de Mohamed. Ce que font les pétromonarques servis par le wahhabisme, une doctrine des plus obscurantistes en islam et par des pétrodollars à ne plus savoir quoi en faire, tant leur avidité de nouveaux riches les pousse à vouloir tout posséder.

Pour réformer l'islam, il faut purger le coran des sourates incitant à la violence qui rejoindront les sourates déjà abrogées. Les musulmans, tout comme l'avaient fait avant eux les chrétiens et les juifs, doivent séparer la religion de la politique et réhabiliter la pensée initiée par le passé par les mutazilites, mais très vite combattue par les hommes du pouvoir !

Cependant, Martine Gozlan a trop vite déboulonné Ibn Rochd-Averroes et jugé Youssef Chahine de réécrire l'histoire dans son film "Destin" qui dénonce l'islamisme, en omettant la dhimmitude cette règle à laquelle étaient soumis les juifs vivant en terre d'islam; et dont le but premier, était de leur conférer un statut de protégés en tant que peuple voulant vivre à part. 

Faut-il rappeler que les juifs sont à l'origine de ce traitement à part par le pouvoir en place, à cause de leur rejet de toute intégration dans les peuples parmi lesquels ils vivaient; et ce, au nom de la pureté de leur race, persuadés que leur peuple est l'élu de Dieu. Ce que dénonce par ailleurs, Spinoza en imputant aux juifs la responsabilité de leurs conditions de vie exécrables parmi les peuples chrétiens d'Europe, telles que leur ghettoïsation et leur persécution ! 

A comparer ce qui est comparable, le sort des juifs était meilleur en terre musulmane qu'en terre chrétienne où humiliation et persécution étaient la règle, d'autant que les pères de l'Eglise les traitent de peuple déicide; jusqu'à leur extermination méthodique par les Nazis. 

Il aura fallu attendre la révolution française et l'arrivée au pouvoir de Napoléon pour mettre fin à ce traitement à part des juifs, en leur imposant la primauté du droit civil sur le droit religieux, pour leur accorder la citoyenneté pleine et entière et mettre un terme aux discriminations qu'ils subissaient en se prétendant le peuple "élu de Dieu". 

R.B 

In the Mosque, de Carl Friedrich Heinrich Werner











L'islam des Lumières a-t-il vraiment vu le jour

Deux femmes s'attaquent aux tabous dans des essais musclés. Marie-Thérèse Urvoy pulvérise la frontière entre islam et islamisme tandis que Hela Ouardi, à travers le meurtre du calife Omar, remonte à la source de la violence dans le Coran. Marie-Thérèse Urvoy revient sur le distinguo entre les “sourates mecquoises” de Mohamed, qui incarnent, dans la solitude du proscrit de La Mecque, l’objectif moral de la prédication, et les “sourates médinoises”, quand il se transforme en chef de guerre, qui témoignent de la volonté de puissance au service d’Allah.
Marie-Thérèse Urvoy n’a pas peur des mots. «L’islam des Lumières est un fantasme» affirme l’islamologue, auteure d’une vingtaine d’ouvrages, dans son dernier essai Islam et islamisme. Frères ennemis ou frères siamois ? (éditions Artège). Doit-on séparer les deux mots, au cœur de toutes les polémiques actuelles, ou les englober dans le même concept ? «Le problème a pour origine une tension interne au Coran entre visée spirituelle et ambition d’emprise sur le monde» rappelle l’auteure au préalable. Elle revient sur la célèbre distinction entre «sourates mecquoises» et «sourates médinoises», les premières étant censées incarner, dans la solitude du proscrit de La Mecque, l’objectif moral de la prédication, et les secondes, quand Mohamed se transforme en chef de guerre, la volonté de puissance au service d’Allah.
Dans un décryptage rigoureux, Marie-Thérèse Urvoy souligne l’absence de chronologie dans le texte coranique, ce qui rend la frontière très floue. Elle souligne la réalité historique dans les terres d’islam : «D’une façon générale, la transformation de la religion en un système juridico-politique militant a été acceptée par pratiquement tous […], la violence initiale a été admise au moins comme un mal nécessaire. L’historien tunisien Mohamed Talbi a même proclamé que si Mohamed n’avait pas exercé cette violence, l’islam aurait disparu.» Nous y voilà : Talbi, auteur, notamment, de Penseur libre en Islam (Albin Michel, 2002) et décédé en 2017, est en effet considéré comme un éclaireur et l’un des représentants les plus éminents de l’école réformiste musulmane. Or Marie-Thérèse Urvoy ne croit pas à cette réforme. Si elle rend hommage au courage de ses promoteurs, «les musulmans du for intérieur» elle constate qu’«ils ne représentent guère qu’eux-mêmes, même largement utilisés comme vitrine par le monde non islamique».
AVERROÈS DÉBOULONNÉ
Elle n’hésite pas à déboulonner le grand Averroès, dont le cinéaste Youssef Chahine aurait complètement réécrit l’histoire dans son film le Destin. Ayant lu de près le penseur musulman, elle nous apprend que, sur la question du meurtre d’un dhimmi (sujet juif ou chrétien, «protégé» par la charia mais légalement discriminé) par un musulman, il met en avant le statut inférieur du dhimmi. Elle cite ensuite, avec sa référence, un texte d’Averroès que Youssef Chahine n’avait visiblement pas lu : «Chacun doit se soumettre aux principes religieux, les suivre et ne pas douter de ceux qui s’y sont ancrés. Car les nier et les discuter rend vaine l’existence humaine, et de ce fait les hérétiques doivent être tués.» Rideau sur les Lumières, Averroès n’est pas Voltaire !
Hela Ouardi, universitaire tunisienne, adopte la démarche inverse. Dans le troisième volume de son triptyque, les Califes maudits elle s’efforce de prouver que la violence en islam trouve sa source dans l’assassinat du second calife, Omar ibn al-Khattâb, en 644, à Médine. Avec Meurtre à la mosquée une reconstitution efficace des aubes de l’islam, elle veut identifier l’épisode qui a traumatisé et modifié le récit islamique. «Ce meurtre va changer le cours de l’histoire écrit Hela Ouardi, car le calife qui succédera à Omar, “le fils du pauvre”, ne sera autre que l’Umayyade Othman ibn Affan. Avec lui, le puissant clan qurayshite des Banu Umayya s’emparera du pouvoir pour ne plus le lâcher pendant un siècle, durant lequel ils fonderont le premier empire de l’islam et provoqueront l’effroyable guerre civile qui divisera irréversiblement les musulmans en sunnites et chiites.» Comme Mohamed Talbi, Hela Ouardi s’inscrit dans le sillage de ceux qui imputent à un détournement sociopolitique la métamorphose d’un message supposé fraternel en guerre sacrée.
LOINTAIN RÊVE
«Le meurtre à la mosquée a scellé la fin d’un certain islam, l’islam originel bâti par Mohamed, un islam utopique qui se nourrissait du fantasme messianique, résume Hela Ouardi. Son meurtre était donc plus qu’un régicide, plus qu’un coup d’État : une véritable contre-révolution qui avait pour objectif la restauration de l’ancien régime […] Tout se passe comme s’il n’y avait jamais eu ni Mohamed ni islam. On assiste à une mutation : l’islam originel ayant été enterré, l’islam impérial se dresse désormais, bien décidé à conquérir la terre entière […] L’effondrement du colossal Omar sur le tapis de prière est l’image emblématique de la tragédie de l’islam condamné à ressasser les drames de sa violente genèse» conclut l’auteure. Sa volonté de retracer la fresque oubliée qui aurait dénaturé l’islam fait de cette intellectuelle une actrice engagée du mouvement de la réforme, comme le fut naguère la brillante Fatima Mernissi, au Maroc. La thèse de ces idéalistes – pureté de Mohamed, déviation de ses successeurs – ne débouche pourtant pas sur un islam laïque.
Un autre islamologue à l’œuvre considérable, Olivier Carré *, choisit, lui, d’explorer les écrits du jihad moderne. Il plonge au cœur des textes de Sayyid Qutb, exécuté par Nasser en 1966, inspirateur numéro un des islamistes. Son discours veut placer le monde sous la loi d’Allah par la lutte armée. Voici ce qu’écrit Qutb dans À l’ombre du Coran (Fi Zilal al Quran) : «La guerre pour Dieu (jihad) est indispensable à l’islam, elle fait partie de sa nature puisque, sans elle, il ne vivrait pas ni ne guiderait l’humanité.» «Qutb prône, nous dit Carré, la “révolte totale contre les législations qui, sur toute la terre, sont purement humaines”. Il entend mener “la chasse aux usurpateurs qui dirigent les hommes par des lois venues d’eux-mêmes”. Cela signifie la destruction du royaume de l’homme au profit du royaume de Dieu.» À l’heure où on juge à Paris ceux pour qui cette encre s’est changée en sang, le rêve de l’islam des Lumières semble lointain.
- Islam et islamisme. Frères ennemis ou frères siamois ?, de Marie-Thérèse Urvoy, éditions Artège, 166 p., 14,90 €.
- Le Coran des islamistes. Lecture critique de Sayyid Qutb, 1906-1966 par Olivier Carré, éditions du Cerf, 382 p., 25 €.

mardi 7 décembre 2021

Il y a prostitution et prostitution ...

" Vous savez que les hommes politiques et les journalistes ne sont pas à vendre.
D’ailleurs, on n’a pas dit combien."
Coluche

Depuis la fumeuse révolution, les Tunisiens ont cru enfin avoir droit à un journalisme libre et indépendant ... ils découvrent que les medias tunisiens sont envahis de faux journalistes, de faux-culs se vendant au plus offrant ! Comme quoi, il reste à ce corps de métier, à faire sa révolution, tout comme celui des juges toujours non indépendants. Car sans ces deux piliers du pouvoir, point de démocratie.
R.B

Taous Ait Mesghat

Entre prostituée et pute

Il venait de la traiter de pute et elle fit semblant de ne pas l'avoir entendu ; elle se baissa pour ramasser ses sous-vêtements bon marché au pied du lit, vêtit la petite nuisette achetée 500 DA à Meissonnier et alluma une Business Royal mentholée pour oublier le goût du pourri qui émanait de lui.
Elle se retourna enfin pour lui parler d'une voix douce mais cruellement teintée de mépris.
"Je t'ai vu à la télé tu sais et j'ai beaucoup, mais vraiment beaucoup rigolé ; tu parlais des valeurs en déperdition dans notre société, de la pureté de la religion et de sa beauté, de la conscience et de l'intégrité, de l'éducation sur les préceptes conservateurs des anciens et de la préservation de l'identité. Il parait que tu es journaliste, tu parles bien mais Dieu ce que j'ai rigolé ; et puis ma petite tête de prostituée s'est demandée si tu ne serais pas de ceux qui prêchent tout le contraire de ce qu'ils sont en réalité et j'ai cherché ton nom sur Google pour lire les articles que tu as publiés...".
Les yeux délavés écarquillés, la bave sèche au coin des lèvres, de ces lèvres qu'on n'embrasse jamais, il avala une gorgée d'Absolut et lui lança avec dédain : " Depuis quand les prostituées comprennent-elles les débats télévisés et les écrits des lettrés ? Tu n'es qu'une analphabète bête comme tes pieds ! "
Sans se départir de son sourire narquois, elle le freina dans sa lancée.
"J'ai quitté l'école très jeune mais je ne suis ni inculte ni stupide, la vie m'a beaucoup enseigné. Tiens d'ailleurs je vais t'apprendre une chose qu'un client intellectuel m'a apprise dans une soirée. Tu sais le genre d'intellectuel qui porte des lunettes, lit beaucoup et tire sur ce bidule qu'il appelle vaporette ; moi elle me rappelle plutôt le phallus qu'il n'a pas et qu'il voudrait compenser, mais ça c'est dû à la déformation professionnelle, il ne faut pas trop le complexer. Je te disais alors que cet intellectuel qui vapote m'a appris que le mot pute venait de putride ou de puer.
Tu vois ces sous-vêtements ? Ils ne valent pas cher mais ils sont neufs et jamais portés.
J'ai un savon spécial pour mon intimité, je me douche plusieurs fois par jour et je ne fais rien sans me protéger. Je me prostitue mais je ne pue pas, je fais mon travail et je n'aime pas la saleté.
Toi par contre, tu écris ce que tu ne penses pas, tu prêches ce que tu ne fais pas, tu es l'avocat du diable pour quelques dinars payés. Tu vends ta plume, ton esprit et ton âme pour un poste, pour un logement, pour un voyage ou même pour un permis de conduire confisqué. Tu mens à tes lecteurs, tu trahis tes confrères qui ne bradent pas leur dignité et ne monnayent pas leur intégrité.
Tu te mets à plat ventre le visage enfoui dans tes faux papiers, tu lèches les bottes et les culs de tes "Sidi" de la même langue qui te sert d'épée, tu fais commerce des principes et de la religion pour servir ton opportunisme de scribouillard de caniveaux des torchons et des médias de la vilité .
Tu vois, je me prostitue mais je n'ai personne à tromper, je ne prétends pas la vertu quand mon pain est de sperme mouillé ; mais toi tu te prostitues et tu trompes le monde entier.
De nous deux prostitué.e.s, je crains fort que la pute c'est toi. Et tu auras beau te laver, rien ne pourra te purifier. Ton nom est à jamais inscrit dans la poubelle de l'histoire des journaleux de triste renommée.
Les petits yeux délavés rouges de colère, la mâchoire crispée il leva son poing pour la frapper.
" Ne t'avise surtout pas à utiliser ta force physique sur une femme pour prouver ta piètre virilité ; tu es nu, sans pantalon ni chaussures et je suis dans mes quartiers. Un seul cri et mes collègues fidèles vont te lyncher; et à la Une d'Ecchorouk demain, on lira [Scandale du journaliste nu chez des prostituées]... Et qu'est ce que je vais encore rigoler...".
Il sortit de la chambre abattu, la queue entre les jambes comme un chien maltraité et elle lui jeta ses vêtements dans les escaliers. Il rhabilla sa fierté, ravala sa bave, essuya une larme qui perlait de son œil délavé quand le téléphone a sonné : " Ahlan Sidi ! Oui bien sûr à votre service Sidi ! La campagne sera grandiose Sidi ! An'am Sidi ! ".
Et le sourire des vauriens hypocrites sur son visage s'est redessiné en élaborant dans sa tête les textes mensongers dans la langue du prophète qui feront l'éloge de l'élu de la mascarade législative imposée.

PS : Toute ressemblance avec des personnages réels est … VOULUE; et ils sont NOMBREUX.
Mention spéciale pour deux chaines de caniveaux qui se nomment "Le Lever du soleil" et "Le Jour"; et qui sont profondes ténèbres.