mardi 7 décembre 2021

Il y a prostitution et prostitution ...

" Vous savez que les hommes politiques et les journalistes ne sont pas à vendre.
D’ailleurs, on n’a pas dit combien."
Coluche

Depuis la fumeuse révolution, les Tunisiens ont cru enfin avoir droit à un journalisme libre et indépendant ... ils découvrent que les medias tunisiens sont envahis de faux journalistes, de faux-culs se vendant au plus offrant ! Comme quoi, il reste à ce corps de métier, à faire sa révolution, tout comme celui des juges toujours non indépendants. Car sans ces deux piliers du pouvoir, point de démocratie.
R.B

Taous Ait Mesghat

Entre prostituée et pute

Il venait de la traiter de pute et elle fit semblant de ne pas l'avoir entendu ; elle se baissa pour ramasser ses sous-vêtements bon marché au pied du lit, vêtit la petite nuisette achetée 500 DA à Meissonnier et alluma une Business Royal mentholée pour oublier le goût du pourri qui émanait de lui.
Elle se retourna enfin pour lui parler d'une voix douce mais cruellement teintée de mépris.
"Je t'ai vu à la télé tu sais et j'ai beaucoup, mais vraiment beaucoup rigolé ; tu parlais des valeurs en déperdition dans notre société, de la pureté de la religion et de sa beauté, de la conscience et de l'intégrité, de l'éducation sur les préceptes conservateurs des anciens et de la préservation de l'identité. Il parait que tu es journaliste, tu parles bien mais Dieu ce que j'ai rigolé ; et puis ma petite tête de prostituée s'est demandée si tu ne serais pas de ceux qui prêchent tout le contraire de ce qu'ils sont en réalité et j'ai cherché ton nom sur Google pour lire les articles que tu as publiés...".
Les yeux délavés écarquillés, la bave sèche au coin des lèvres, de ces lèvres qu'on n'embrasse jamais, il avala une gorgée d'Absolut et lui lança avec dédain : " Depuis quand les prostituées comprennent-elles les débats télévisés et les écrits des lettrés ? Tu n'es qu'une analphabète bête comme tes pieds ! "
Sans se départir de son sourire narquois, elle le freina dans sa lancée.
"J'ai quitté l'école très jeune mais je ne suis ni inculte ni stupide, la vie m'a beaucoup enseigné. Tiens d'ailleurs je vais t'apprendre une chose qu'un client intellectuel m'a apprise dans une soirée. Tu sais le genre d'intellectuel qui porte des lunettes, lit beaucoup et tire sur ce bidule qu'il appelle vaporette ; moi elle me rappelle plutôt le phallus qu'il n'a pas et qu'il voudrait compenser, mais ça c'est dû à la déformation professionnelle, il ne faut pas trop le complexer. Je te disais alors que cet intellectuel qui vapote m'a appris que le mot pute venait de putride ou de puer.
Tu vois ces sous-vêtements ? Ils ne valent pas cher mais ils sont neufs et jamais portés.
J'ai un savon spécial pour mon intimité, je me douche plusieurs fois par jour et je ne fais rien sans me protéger. Je me prostitue mais je ne pue pas, je fais mon travail et je n'aime pas la saleté.
Toi par contre, tu écris ce que tu ne penses pas, tu prêches ce que tu ne fais pas, tu es l'avocat du diable pour quelques dinars payés. Tu vends ta plume, ton esprit et ton âme pour un poste, pour un logement, pour un voyage ou même pour un permis de conduire confisqué. Tu mens à tes lecteurs, tu trahis tes confrères qui ne bradent pas leur dignité et ne monnayent pas leur intégrité.
Tu te mets à plat ventre le visage enfoui dans tes faux papiers, tu lèches les bottes et les culs de tes "Sidi" de la même langue qui te sert d'épée, tu fais commerce des principes et de la religion pour servir ton opportunisme de scribouillard de caniveaux des torchons et des médias de la vilité .
Tu vois, je me prostitue mais je n'ai personne à tromper, je ne prétends pas la vertu quand mon pain est de sperme mouillé ; mais toi tu te prostitues et tu trompes le monde entier.
De nous deux prostitué.e.s, je crains fort que la pute c'est toi. Et tu auras beau te laver, rien ne pourra te purifier. Ton nom est à jamais inscrit dans la poubelle de l'histoire des journaleux de triste renommée.
Les petits yeux délavés rouges de colère, la mâchoire crispée il leva son poing pour la frapper.
" Ne t'avise surtout pas à utiliser ta force physique sur une femme pour prouver ta piètre virilité ; tu es nu, sans pantalon ni chaussures et je suis dans mes quartiers. Un seul cri et mes collègues fidèles vont te lyncher; et à la Une d'Ecchorouk demain, on lira [Scandale du journaliste nu chez des prostituées]... Et qu'est ce que je vais encore rigoler...".
Il sortit de la chambre abattu, la queue entre les jambes comme un chien maltraité et elle lui jeta ses vêtements dans les escaliers. Il rhabilla sa fierté, ravala sa bave, essuya une larme qui perlait de son œil délavé quand le téléphone a sonné : " Ahlan Sidi ! Oui bien sûr à votre service Sidi ! La campagne sera grandiose Sidi ! An'am Sidi ! ".
Et le sourire des vauriens hypocrites sur son visage s'est redessiné en élaborant dans sa tête les textes mensongers dans la langue du prophète qui feront l'éloge de l'élu de la mascarade législative imposée.

PS : Toute ressemblance avec des personnages réels est … VOULUE; et ils sont NOMBREUX.
Mention spéciale pour deux chaines de caniveaux qui se nomment "Le Lever du soleil" et "Le Jour"; et qui sont profondes ténèbres.

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