dimanche 12 décembre 2021

Lettre ouverte aux falsificateurs de l'Histoire ...

La France tout comme la Tunisie, sont des pays de brassage ethnique depuis la nuit des temps, n'en déplaise à Zemmour et à Le Pen pour la France et à Ghannouchi et ses amis pan-arabistes qui s'obstinent à faire des Tunisiens des arabes parce qu'arabophones, oubliant que la tunisianité des Tunisiens est le produit de 3000 ans d'histoire

Ce qui faisait dire à Bourguiba, que la Tunisie par son histoire et par sa position géographique, a vocation à faire partie du monde occidentale que du monde arabo-musulman et de la lointaine Arabie, comme le veulent les pan-islamistes et les pan-arabistes.

R.B


Il y a un peu moins de 1000 ans, n'en déplaise à Z et autres nationalo-populistes à l'esprit très "imaginatif" et à la mémoire sélective, la France n'existait pas. Il y avait, entre autres, les Plantagenêts et les Capétiens, ces derniers appelant judicieusement leur royaume morcelé et instable "Royaume des Francs" et se nommant "Rois des Francs" (et non de France, car inconnue à leurs yeux) sur leurs pièces de monnaie.
Les Francs étant d'ailleurs une tribu germanique (une région de Bavière porte le nom d'une partie de leurs territoires d'origine), dont le représentant le plus célèbre fut Charlemagne, qui établit le siège de son empire à Aachen (Aix-la-Chapelle, Allemagne) et ne parlait que deux langues : le francique (dialecte germanique proche des dialectes actuels de l'Allemagne centrale), qui était sa langue maternelle, et le latin qu'il apprit plus tardivement pour pouvoir mieux régner administrativement sur les ruines européennes occidentales de l'Empire Romain que ses lointains ancêtres avaient conquis et qu'il réunifia partiellement sous sa tutelle.
La France métropolitaine, telle que nous la connaissons, dans une quasi unité politico-géographique (mais pas culturelle), a au mieux 400 ans. Son unité linguistique, hors langue administrative (issue de la langue d'Oïl, à composante celto-germano-latine), est encore plus récente. Quant à ses frontières actuelles, elles ont moins de 200 ans (rattachement par un traité de Nice et de la Savoie à la France en 1860, le Val d'Aoste restant italien).
De même, le concept d'une Gaule mythiquement unifiée, cher aux mêmes nationalo-populistes, date des débuts de la 3ème. République, donc de la fin du XIXème. siècle. Ce sont les romains qui appelèrent Gaule le territoire composé de tribus celto-germaniques entre Mer du Nord, Alpes et Pyrénées. Lesquelles tribus passaient leur temps à se faire la guerre entre elles au point que les armées romaines conquirent ce vaste territoire, à pied et en moins de 7 ans, au cours de plusieurs campagnes militaires qui mobilisèrent au mieux 15000 légionnaires latins.
L'Empire Romain était d'ailleurs un vaste melting-pot ethnique, linguistique (où le latin n'était qu'une langue administrative) et culturel. Plusieurs empereurs et militaires romains qui en firent la réputation n'étaient pas des latins mais natifs d'Afrique ou d'Asie. Grâce à son ouverture et à sa capacité d'intégration et de promotion de populations d'origines diverses, il dura presque 2000 ans (Byzance inclus). On ne trouve pas trace de racisme dans les écrits latins de cette époque. Bien au contraire. Il suffit de lire, parmi d'autres, les écrits de Tite Live, Tacite, Marc Aurèle (militaire, empereur et philosophe), Flavius Josèphe (militaire et historien), Sénèque et Cicéron pour s'en convaincre. L'Empire Romain n'était pas "étriqué", grâce à l'esprit et à la pensée de tous ceux, de toutes origines, qui contribuèrent à sa réussite. Ce fut sa force plus que ses légions multi-ethniques.
Quant aux Celtes : ils venaient du sud de l'Asie (grosso modo de l'Inde, du Pakistan et de l'Afghanistan actuels) avant de s'établir durablement dans l'est de l'Europe puis de se répandre principalement dans son nord-ouest. Ainsi que la plupart des peuples indo-européens qui colonisèrent l'Europe et dont beaucoup d'entre nous sont les lointains descendants ; lointains descendants seulement car il y eut bien d'autres mixages de populations après eux et il y en aura encore d'autres après nous, n'en déplaise à certains. C'est l'histoire de l'humanité et le futur ne nous appartient pas plus que le passé.
Monsieur Z, lui, porte un nom arabo-berbère et son prénom est d'origine germanique. Et les chiffres qu'il utilise, comme nous tous pour calculer, sont d'origine arabe. D'ailleurs ils sont toujours qualifiés officiellement comme tels.
Il est donc bon de visiter des expositions comme celle consacrée en ce moment au Royaume des Plantagenêts par l'Abbaye Royale de Fontevraud (Anjou). Elles ont le mérite de rappeler les réalités historiques.
Quant au chroniqueur-amuseur public Z, il ferait mieux de retourner sur les bancs de l'école pour (ré)apprendre tout ceci. Et plutôt que se présenter facétieusement aux prochaines élections présidentielles, il serait plus utile qu'il donne des cours d'orthographe et de grammaire à beaucoup de ses supporters énamourés, lesquels ont des lacunes manifestes en la matière, au point qu'à les lire on ne se croirait plus ... en France !
Et pourtant, nous avons tous bénéficié d'une scolarité obligatoire, non ? Comme le dirait J.M. Le Pen, patriarche d'une dynastie nationalo-populiste mais de plus grand renom que Z en la matière : "être français, cela se mérite". Et moi, j'y oppose fermement le verset biblique : "La paille qui est dans l'œil de ton frère, tu la vois. Mais la poutre qui est dans ton œil, tu ne la vois pas." Mais si "être français cela se mérite", commençons donc par une remise à niveau en orthographe et grammaire pour les français qui se proclament "soucheux". À lire leurs commentaires sur les réseaux sociaux, beaucoup d'entre eux en ont un cruel besoin.
Comme l'écrivit Émile Zola, fils d'immigré italien : "La langue est le ciment d'un pays". Et il maniait bien mieux la langue française que certains chroniqueurs-amuseurs publics contemporains.
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Zemmour, c'est la Saint-Barthélémy de l'esprit.
Sur France-Inter, Eric Zemmour nous explique que le catholicisme a un droit d'aînesse en France, non seulement sur l'islam, mais aussi sur le judaïsme et le protestantisme. Le vocabulaire ne manque pas d'intérêt. Le christianisme est réduit au catholicisme romain, le mot protestantisme désigne une religion extérieure à l'Eglise, quand la Réforme rappelle sa fondation, à savoir les proclamations de Luther sur la porte de l'église d'Augsbourg et, en France, les thèses formulées par Jean Calvin, chapelain de la cathédrale de Noyon, Picardie, ville où il naquit en 1509. Quant au droit d'aînesse, il a été aboli en France avec tous les privilèges, dans la nuit du 4 août 1789.
Au passage, ce droit d'aînesse rendu aux catholiques, qui ne le demandent pas, contredit Jean-Paul II, qui appelait les juifs "nos frères aînés dans la foi". Pour Zemmour, les religions minoritaires sont seulement tolérées, et il rappelle l'obligation de modestie imposée aux synagogues et aux temples, construits au XIXème siècle et qui selon lui devaient être masqués par un mur. Cette obligation date en fait du moyen-âge, elle n'a jamais figuré dans les lois de la République et les constructions du XIXème siècle n'y étaient pas soumises. Il suffit pour s'en convaincre de regarder la façade de la grande synagogue de Paris, rue des Victoires, et la statue de Gaspard de Coligny, érigée en 1889 devant l'oratoire réformé du Louvre.
Selon Zemmour, les églises sont le visage de la France, quand les temples, les synagogues et les mosquées ne sont que des pièces rapportées.
C'est historiquement faux, les fondements du judaïsme moderne furent écrits ancien français, par Salomon de Troyes, Rachi (1040-1105). Une nation se définit par sa langue, disait Michelet, il est vrai descendant de Huguenots, et les commentaires de Rachi sont écrits en français, un peu avant la Chanson de Roland.
L'établissement des juifs en France précède la fondation de l'église apostolique, et si peu de synagogues forment le paysage français c'est qu'elles ont été détruites.
Celle de Rouen précédait la cathédrale, les juifs assuraient la prospérité de la ville avant l'arrivée des Vikings. Ils furent massacrés par les preux chevaliers en route pour la première Croisade, en 1096. Le magnifique palais épiscopal de Rouen, à n'en pas douter visage de la France, a été bâti sur les ruines de la ville juive et de la synagogue. Les temples, églises réformées, ont eux aussi été détruits massivement, sur ordre de Louis XIV, lors de la révocation de l'édit de Nantes. Il s'en trouvait dans chaque village des Cévennes et du Forez.
Il s'en trouve tout de même d'impressionnants en Alsace, celui de Mulhouse est une ancienne cathédrale, mais pour Zemmour cette région n'est sans doute pas tout à fait française, puisque Pétain l'avait cédée à l'Allemagne en signant l'armistice du 22 juin 1940.
Nul doute que les clochers marquent le paysage français, mais avec Zemmour, on y entend la sonnerie aux juifs de la cathédrale de Strasbourg et le tocsin de Saint-Germain l'Auxerrois au soir de la Saint-Barthélémy. Les Huguenots ne seraient donc pas la France, ni Coligny, ni Sully, ni Henri de Condé, pour ne rien dire du roi de Navarre...
Il est vrai que le pasteur Trocmé du Chambon sur Lignon et les descendants des Camisards des Cévennes n'ont pas obéi au Maréchal, ces mauvais français sauvèrent des milliers de juifs "étrangers" que la police de Vichy ne put livrer aux bourreaux nazis.

Zemmour, décidément, c'est la Saint-Barthélémy de l'esprit.
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