samedi 10 février 2018

La Tunisie malade du consensus !

Le fiasco du consensus est de plus en plus dénoncé. Les partis dits "progressistes" ont perdu toute crédibilité. L'espoir de voir des alliances sérieuses s'amenuisent devant le bal des ego.  La société Civile pourra encore sauver la Tunisie du désastre ! Le pourra-t-elle ?                                                                                                                R.B
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Misère du «consensus» au pays du jasmin
La Constitution de la République tunisienne stipule dans son article premier que le régime politique du pays est la république et dans son article 3 que «Le peuple est le titulaire de la souveraineté et la source des pouvoirs. Il les exerce à travers ses représentants élus ou par voie de référendum». C’est loin d’être la réalité, dans l’esprit comme dans la pratique.
Tout un chacun constate que le régime politique tunisien est devenu «un régime des partis» et que le pouvoir n’est pas aux mains du peuple ou de ses élus mais aux mains du tandem Béji Caïd Essebsi-Rached Ghannouchi. L’un est un élu alors que l’autre n’a strictement aucune légitimité «électorale». N’empêche, les deux compères partagent de fait un pouvoir discrétionnaire au seul nom du «consensus». Mais de quel consensus s’agit-il ?
En politique, le consensus est un accord tacite ou explicite entre les forces politiques d’un pays pour défendre de concert les valeurs fondamentales inscrites dans la Constitution ainsi que les assises de sa position extérieure. Mais force est de constater que les exemples abondent pour montrer que le consensus selon BCE et RG déroge à cette règle. Ainsi la Constitution tunisienne a fait de l’école un sanctuaire «républicain».
Or cette école ne cesse d’être harcelée par les tenants de l’islamisation politique de la société sans que jamais le président de la République, gardien de la Constitution, n’esquisse le moindre geste pour la défendre. La politique étrangère, domaine réservé et objet naturel du «consensus», est constamment parasitée par RG et quelques tenants de la diplomatie parallèle dont MMM (Mohamed Moncef Marzougui) sans que jamais BCE ne s’en offusque. Si le consensus ne prévaut pas dans ces deux domaines, il ne peut prévaloir ailleurs.
En vérité, l’alliance BCE-RG n’est qu’une forme de dyslexie morale, intellectuelle et politique qui nuit aux intérêts supérieurs du pays et au moral de la Nation. Elle n’a jamais aidé au rétablissement de la confiance dans l’avenir et les gouvernants. Elle a contribué par contre à l’accroissement du trouble et de l’intelligibilité dans un pays qui n’en manquait pas. L’économie elle-même en souffre, ballottée qu’elle est entre des mesures non calibrées, sans impact réel sur le rétablissement des grands équilibres, et une vision exclusivement courte et «fonctionnarisée» de la politique économique. Si on se place à ce seul niveau, on peut affirmer que la situation socio-économique et financière du pays n’est pas près de s’améliorer. Après tout, l’économie, qui est loin d’être «insulaire» comme beaucoup le croient, requiert autant de psychologie que de mesures techniques appropriées.
Il y a une énorme différence entre le compromis équitable qui raffermit le consensus tel qu’il a cours dans la plupart des démocraties et le consensus factice qui affaiblit le compromis tel qu’il existe en Tunisie. L’alliance BCE-RG appartient à la catégorie du consensus factice. Elle constitue la source principale de cet immobilisme qui empêche de s’attaquer aux problèmes socio-économiques majeurs du pays : staglation, endettement, déficits publics et sociaux, chômage, pouvoir d’achat et dégradation des services publics. Et dans la mesure où le mode actuel de scrutin aux législatives n’oblige pas les partis politiques à constituer des coalitions parlementaires solides, cohérentes et adoubées préalablement par les électeurs, ce que le mode majoritaire uni-nominal à deux tours aurait automatiquement favorisé, le risque est grand de voir l’histoire se répéter avec son cortège de «combinazione» entre caciques, de trahisons et de tragi-comédie.
Les dernières péripéties partisanes entrent bien dans ce cadre. En dépit des apparences, ce ne sont que des gesticulations verbales qui ne remettent pas en cause l’alliance BCE-RG. La rupture annoncée bruyamment entre Ennahdha et Nidaa n’est qu’un leurre et un expédient. Elle ne vise qu’à mobiliser les troupes à l’approche des échéances électorales et à détourner l’attention des Tunisiens de la formidable faillite socio-économique et financière des gouvernements formés sous la houlette du «consensus». Les Tunisiens, qui pèchent parfois par une mémoire défaillante ou sélective, devraient s’en souvenir à l’occasion. Leur salut et celui de leur pays sont à ce prix.

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