Atricle paru dans : Kapitalis
Sur proposition de Ghannouchi, le
gouvernement a lancé l'idée de privatiser la chaîne nationale "Watania". Cette décision a suscité de nombreuses réactions et la
violence d’un groupe de jeunes salafistes qui depuis presque 50 jours déjà
manifestent quotidiennement devant le siège de cette institution nationale. Ils
s’en sont pris de manière inacceptable aux journalistes et employés de la
chaîne en proférant, comme d’habitude des menaces verbales en invoquant
le nom d’Allah !
Pour tenir autant, les sit-inneurs doivent
bénéficier d’une logistique et d’un financement.
Qui est derrière eux ? Or ces jeunes qui
manifestent depuis bientôt deux mois, n’ont revendiqué que tout récemment que
la « TV nationale est à vendre », curieusement juste après l’annonce
par Ghannouchi de son désir de privatiser la TV nationale, confirmée par Ameur Laârayedh membre de son parti.
Le prétexte officiel
pour privatiser ce bien national est le déficit financier de cette institution.
Alors que nous savons qu’il s’agit en réalité d’une réponse irresponsable à un
bras de fer qui dure depuis la prise du pouvoir par Ennahdha, entre ce parti et
les journalistes de la chaîne de télévision. Ghannouchi n’admet pas que ce média
soit indépendant du pouvoir.
Pourtant un syndicaliste
assure qu’il y a une solution que le gouvernement a refusée. Les japonais
étaient prêts à les aider par un prêt sur dix ans à un taux dérisoire de 0,4
% ! Alors que nous savons par ailleurs que ce gouvernement a refusé l’aide
japonaise pour d’autres prêts, toujours aux mêmes conditions, lui préférant les
prêts de ses amis qataris à un taux de 4 %, c’est à dire plus cher même de ce
qui se pratique sur le marché.
Les amitiés n’ont pas de
prix, sauf que c’est le peuple qui paye la facture !
Il faut que les
Tunisiens soient parfaitement conscients des enjeux et s’opposent fermement à
cette volonté de privatisation, cela pour au moins deux raisons
fondamentales.
- Ce n’est pas le moment de prendre une telle décision.
Il n’y a vraiment rien
de plus urgent pour le gouvernement ? Ne devrait-il pas plutôt
s'occuper d’assurer la paix civile, le développement de
l'économie ?
Il faut continuer à
rappeler à ce gouvernement qu’il n’est que provisoire et que la Constituante n’a été
désignée que pour écrire la
Constitution dans un délai d’un an. Et non de vendre le
patrimoine national.
Il faut sans cesse
rappeler leur mandat aux élus et obliger ce pouvoir à se conformer à ce qui été
démocratiquement décidé. Il faut qu’il se mette enfin au travail et donne des
dates pour la remise de sa copie pour laquelle il a été mandaté : la rédaction
de la Constitution !
Et qu’il nous donne un
agenda clair pour les nouvelles élections.
- « A l’Assemblée nationale
constituante de se dédier à l’élaboration de la Constitution et que
soit réactivée l’instance Supérieure Indépendante pour les Élections. »
- « Nous combattrons
toute tentative de cession de nos biens publics, et nous nous opposerons à
toute tentative de mainmise sur nos médias publics, comme nous refusons
l’asservissement à nouveau de l’Administration pour reproduire de nouvelles
forme de despotisme, sous quelque forme que ce soit ».
- « Nous ne laisserons
pas les groupes de la mort, ennemis de la vie, attenter à l’intégrité de nos
universités et de nos entreprises, étouffant la joie de nos enfants,
s’acharnant sur les créateurs dans les domaines des arts et de la culture. Nous
ne nous résignerons pas face à ceux qui accusent leurs compatriotes de mécréance,
à la ségrégation, à la militarisation de la vie publique, à l’embrigadement des
lieux de culte et d’éducation, incitant à la haine. »
Seul le pouvoir issu des
nouvelles élections et de la
Constitution pourra engager des décisions d’avenir. Ce
gouvernement provisoire ne doit pas prendre de décisions irréversibles comme
celle évoquée, qui vont engager le pays pour l’avenir. Il n’en a pas
démocratiquement le pouvoir.
En second lieu, cette
décision est évidemment un
moyen de faire taire cette
télévision et ces journalistes qui pointent les erreurs et les fautes de ce
gouvernement ainsi que sa volonté - maintenant assez claire - de se maintenir
au pouvoir et de museler la presse et les libertés.
Comme les journalistes luttent
pour leur liberté (garantie d’une véritable démocratie), ce gouvernement n’a
rien trouvé de mieux que d’envisager la vente à un groupe privé qui lui sera
acquis et qui pourra museler cette télévision en lui donnant une autre ligne
éditoriale.
Peut être aussi serait-ce
l’occasion pour ce pouvoir de favoriser son ami l’émir du Qatar et lui
donner ainsi un moyen supplémentaire d’influencer la politique tunisienne.
Or les Tunisiens ont
déjà clairement indiqué, et ils le rediront sans cesse, qu’ils ne veulent pas
être colonisés ni par le Qatar ni par aucun autre pays arabe. Les Tunisiens
sont suffisamment évolués pour ne pas tomber entre les mains d’Etats
obscurantistes et liberticides.
Enfin, les méthodes pour parvenir à cette
décision, sont celles d’un Etat dictatorial.
Pour
cela Ennahdha utilise ce que les tunisiens nomment les
"salafistes", en se répartissant avec eux les rôles : le terrain pour les salafistes et l’action politique pour
Ennahda.
Ces
« salafistes » utilisent le vocable et les gestes du parfait voyou
sans foi ni loi (doigt et bras d’honneur ….. les insultes les plus
grossières….ce qui prouvent parfaitement leur comédie du « religieux fanatique
» dont ils n’ont que le déguisement !
L’âge
de ces agitateurs « professionnels » : souvent des gamins de 12
à 20 ans désœuvrés, mais sûrement payés pour leur « service ». Selon
certains témoins, entre 30 et 50 dinars.
Les événements récents
devant les locaux de la chaîne sont très clairs. Un groupe de jeunes visiblement
incultes qui n’ont absolument rien à voir avec cette télévision (n’étant ni
journalistes, ni employés de la chaîne), sont venus soutenir l’idée de vente de
cette institution nationale. Ils ont menacés les journalistes et les employés,
comme l’ont déclaré ceux-ci dans un reportage de la chaîne, avec des agressions
verbales et physiques à l’encontre de certains d’entre eux ; auxquels ils
s’en sont pris même à leurs véhicules.
Ils ont aussi souligné
que la police n’a rien fait pour faire cesser leurs violences et qu’elle
s’est contentée simplement de les mettre à l’abri dans les locaux de la chaîne
pour éviter les violences, laissant les « jeunes salafistes » poursuivre
leur mouvement.
Durant
la campagne électorale les salafistes nahdhaouis manipulés par leur parti,
semaient la terreur parmi les tunisiens et surtout parmi les tunisiennes, pour
occuper le terrain publique et médiatique.
Depuis
l'arrivée au pouvoir de Ghannouchi et de ses hommes, ceux-ci continuent à les
utiliser, tel des barbouzes, pour faire diversion, faute de programme politique
et économique à proposer aux tunisiens. Et comme par hasard, après chaque
discours politique ou une décision gouvernementale impopulaire et contraire aux
objectifs de la révolution, les barbouzes du gouvernement reprennent du
service : terroriser les tunisiens par l’intimidation, l’agression verbale
et physique ….avec un recours à la violence sous toutes ses formes :
menace de mort, tentative de meurtre, saccages des biens d’autrui….Des faits
relevant du droit commun mais jamais punis !
Devant
l'exaspération d'une majorité de tunisiens, Ghannouchi et son gouvernement ne
cessent de plaider pour les perturbateurs que sont les salafistes formant leur
base ; invoquant leur apprentissage
de la démocratie, la liberté d'expression, la liberté de manifester, leur manque de maturité, intellectuelle et politique...
Bref, ils les présentent comme des demeurés avec qui les tunisiens
devraient se montrer pédagogues et patients. Ne sont-ils pas nos enfants,
assènent-ils goguenards pour clouer le bec à ceux qui voudraient les voir
arrêtés et jugés pour les faits visiblement relevant du droit commun (agression
verbale et physique à l'encontre des journalistes, des enseignants, des
syndicalistes...jusqu'à l'outrage au drapeau national, et plus récemment l’appel
au meurtre avec tentative de passage à l'acte à l'encontre du Pr Jawhar Ben
Mbarek) ?
Or en terme de pédagogie, Ghannouchi et son gouvernement laissent
envahir la Tunisie
par des prédicateurs étrangers souvent à la solde des Ibn Saoud et de l'émir du
Qatar, pour venir déverser sur la société tunisienne et dans nos mosquées, leur
discours obscurantistes incitant à la haine, à la violence et au meurtre, pour
endoctriner les plus fragiles.
De qui se moque-t-on ? Ils allument le feu et s'étonnent de la
fumée !
Ces faits
signent absolument nettement, sans discussion possible la responsabilité du
pouvoir. Ces jeunes manipulés ont été envoyés par Ennahdha qui se comporte, en
l’occurrence, et ce n’est pas la première fois, comme un état fasciste qui
veut intimider ceux qui ne partagent pas sa doctrine.
A moins que tout soit planifié dans une optique électoraliste par un
parti aux abois.
Au quel cas, aux tunisiens de résister, à dénoncer ce gouvernement aussi
légitime qu'il prétend l’être, puisqu'il perd toute légitimité, dés lors qu'il
n'assure pas la sécurité des hommes et de leurs biens, dont c'est le rôle
premier !
Que les hommes au
pouvoir se mettent une chose dans la tête : les Tunisiens ne se laisseront
pas intimider. Ils n’ont plus peur.
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