mercredi 10 octobre 2012

UNE RÉVOLUTION ? ET C'EST REPARTI COMME AVANT ..

Article paru dans : Kapitalis

WATANIA 1 : voix de son maître ? !
Vous vouliez des preuves que cette chaîne de la TV nationale est devenue la voix de son maître comme l'affirmait la porte parole du syndicat des journalistes ? 
Il faut avoir vu le débat politique de l'émission "Siassa Show".

Iheb Chaouch, le journaliste animant l'émission est-il aux ordres ? 
Il faut croire que oui : il n'ose couper la parole à Larayedh, contrairement à ce qu'il fait avec les autres participants, dont Belgacem Ayari de l'UGTT.
Ameur Larayedh donne l’impression d’être le maître des lieux : il prend la parole quand il veut et la garde autant qu’il veut ! L’animateur n’osant l’interrompre, ce rôle incombe aux invités de lui rappeler qu’il prend plus de temps qu’eux et qu’il n’a pas à les couper quand ils prennent la parole !

Le public à dominante "jeunesse nahdhaouie", applaudissait à chaque intervention de Larayedh ... ce qui agaçait un député de l'opposition Mahmoud el Baroudi qui rappelait que cela lui évoque ZABA et la "spontanéité" de son public "enthousiaste" !.... 
Avec humour il regrette de ne pas disposer de bus comme font les nahdhaouis, pour « inviter » lui aussi « son public » !
Avant même qu’il n'ait fini sa remarque, Larayedh a fait un geste de ses deux mains pour calmer son public qui a obéi de suite ! On se croirait dans un régime communiste, s’il ne s’agissait de pire encore, puis qu’ils mêlent dieu à leur action politique !

Pour la « démocratie », on accordait au public la prise de parole pour poser des questions : ainsi la parole fut donnée en gros aux « jeunes » nahdhouis apparemment bien briefés  par  leur parti, puisque une « jolie foulardée aux yeux bleus » (un choix non innocent quand on sait l’impact de l’image), a débité un discours « convenu » fustigeant ceux qui demandent aux constituants de « dégager » le 23 octobre 2012 pour raison de « fin de mandat » ; et un autre carrément lisait sa question …. qui n’en était pas une, puisque l’animateur n’a cessé de demander aux deux intervenants de poser leurs questions !

Dommage, l'animateur était beaucoup plus à l'aise et plus mordant avant l'arrivée du nouveau PDG Imen Bahroun. On sent qu'il est soumis au contrôle du pouvoir, plus exactement d’Ennahdha, par PDG interposé.

Ce qui confirme les dires de la syndicaliste, que les invités sur le plateau des émissions politiques, aussi bien que le public, sont triés sur le volet, selon les desiderata d'Ennahdha ! 
En d'autre termes, Ennahdha impose les personnes sensées jouer le rôle d'opposants, pour répliquer à ses hommes ; prenant bien soin d’éviter les grands ténors de l’opposition qui gêneraient leur représentant dans l’émission tout en évitant de faire de la « pub » au parti auquel ils appartiennent !
D'ailleurs le choix sur un des parlementaires de l’opposition, s’est porté sur un tout petit parti… et surprise, dont le père avait milité dans Ennahdha !

Or les journalistes et techniciens de cette institutions ne cessent de dénoncer l’ingérence d’Ennahdha dans ce média. Voici ce qu’en dit Sihem Abderrahman (responsable du service juridique) :
Depuis la nomination arbitraire du PDG Imen Bahroun, une journaliste qui avait roulé pour l’ancien régime avant de se recycler dans Ennahdha et de Mohamed Meddeb ancien électricien, leur situation ne cesse de se dégrader de jour en jour !

Ce PDG supervise, pour le compte de son patron Ennahdha :
- la grille des programmes
- contrôle de la ligne éditoriale
Et Mohamed Meddeb :
- écarte, par des mises au placard, les journalistes et animateurs qui veulent conserver leur liberté retrouvée depuis le 14 janvier
- recrute sans concours les nouveaux « arrivants » tous pro Nahdha pour remplacer journalistes et animateurs !
- règle ses comptes à tous ceux avec qui il a un différend
- arbitrairement sans aucune explication et sur un simple coup de fil, il change de poste les cadres de Watania, ou leur confisque leur bureau ou leur interdit carrément l’accès à la maison de la radio et de la TV.... autrement usant de mesures vexatoires.                                                                                                                                        
Comme dit Sihem Abderrahman : « chakchek’ha » ! (il a foutu le bordel dans la maison !)
- traduit devant le conseil disciplinaire, pour les intimider, ceux qui lui résistent, comme Mme Sihem Abderrahman …
- c’est le règne de l’arbitraire et de l’opacité pour toutes décisions concernant les programmes, et la gestion de l’institution…
Selon Sihem Abderrahman, le PDG imposé par Ennahdha réinstalle la peur dans les esprits, copiant ZABA..... comme si le 14 janvier 2011 n'a jamais eu lieu !

Est-ce là la démocratie selon Ennahdha ?
Décidément, belle télévision !
Vivement la fin du gouvernement provisoire de la troïka !

Quand au discours de Ameur Larayedh ce soir là, il ne manque pas de contradiction !
Voilà un parti qui n’a cessé de mépriser l’opposition voir même ses propres amis de la troïka, qui tout  à coup découvre les bien faits du « dialogue », de la « concertation » et du « consensus » ! Alors qu’il faisait la sourde oreille durant près d’un an quand tout le monde l’invitait au consensus et au dialogue !

A l’appel de l'UGTT pour une initiative de sauvetage de la République, Larayedh pose des conditions dont l’exclusion des anciens du RCD et du Destour, tactique n’ayant pour but que l’exclusion de Mr BCS du jeu démocratique !

A moins qu’ils fassent leur autocritique en somme leur mea-culpa, et présentent des excuses, dit-il !
Ce qui a étonné le jeune parlementaire de l’opposition Mahmoud el Baroudi qui lui répondit :
- l’aviez-vous fait à Ennahdha ?
- pourquoi l’exiger uniquement de ceux qui rejoignent d’autres partis que celui d’Ennahdha, et ne rien demander à ceux qui collaborent avec vous ?
- pourtant le directeur de la banque centrale que vous avez choisi, en fait parti !

Il faut rappeler que Ghannouchi et ses hommes n’ont toujours pas rendu compte à la justice de leur terrorisme, des meurtres commis et des dégâts matériels causés à autrui dans les années 80 ! Que Ghannouchi reconnait mais refuse de s’en excuser auprès des victimes !

Larayedh en guise de réponse, invoque « la compétence et l’expérience » du directeur de la banque, comme pour excuser l’ « exception ».
Ce à quoi rétorque le jeune député : « Ne croyez-vous pas que d’autres puissent aussi intégrer la vie politique pour leur expérience et leur compétence » ?

Devant l’arrogance et le mépris de Larayedh dont il a fait preuve durant tout le débat, donnant l’impression d’« être chez lui », j’ai apprécié que Belgacem Ayari de l’UGTT lui rappelle certains faits historiques dont le plus important, et duquel l’UGTT tire fierté et légitimité, d’avoir participé à la révolution et d’en avoir été la clef de voûte ! Ce qui n’est pas le cas d’Ennahdha et de ses hommes qui étaient courageusement cachés entre le 17 décembre 2010 et le 14 janvier 2011 !!

M. Ayari a insisté sur le fait que l’UGTT s’interdit, par principe, d’exclure aucun parti. Il a même rappelé à M. Lârayedh le soutien de cette organisation syndicale à ceux-là même qui, aujourd’hui au pouvoir, recourent encore à cette pratique chère à Zaba, dont ils ont eu pourtant à souffrir par le passé !

Quant a sa déclaration selon laquelle le pouvoir va communiquer rapidement des dates et une feuille de route, c’est une aimable plaisanterie ! Et, en tous cas, cela n’a en aucune façon la faculté de prolonger une légitimité qui prend fin le 23 octobre. Les électeurs ont voté sur un décret de convocation très clair et qui prévoyait un délai d’un an. Au-delà, la légitimité politique, juridique et morale disparaît.

Se proclamant de la légitimité du vote du 23 octobre 2011, Ameur Larayedh croit pouvoir jouer les prolongations …. 
Il nous promet de faire ce que son parti n’a pas fait en un an ! Communiquer un agenda clair pour les actions que la troïka va entreprendre : création de la nouvelle ISIE, date de fin de rédaction de la constitution, date de la consultation populaire du projet de constitution, date des élections….
Pourquoi les tunisiens les croiront-ils maintenant ?
Qui peut croire encore en la sincérité des hommes d’Ennahdha ?
Quand on découvre ce que dit clairement Ghannouchi le dirigeant de ce parti lorsqu’il pense ne pas être entendu, on est effaré !

C'est pourquoi il est indispensable que le mandat accordé par le peuple pour les élections du 23 octobre 2011, accepté et signé par Ennahdha le 15 septembre 2011, doit être respecté ! Au-delà de cette date, il n'y a plus de légitimité qui tienne ..... d'autant que les constituants formant le gouvernement provisoire de Ghannouchi l'ont perdue par leur laxisme et l'insécurité qu'ils ont laissée s'installer à l'encontre des tunisiens et surtout des tunisiennes mais aussi de leurs biens ! 

Rachid Barnat             











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