dimanche 6 juillet 2014

L'islamisme au quotidien en Algérie : des pratiques et des pratiquants étouffants !

L'Algérie étouffe sous l'islamisme envahissant ! Bouteflika ferait-il machine arrière après avoir cédé aux "frères musulmans" du FIS et aux autres barbus le domaine social ?
R.B

 Mohamed Aïssa*: non-jeûneurs versus Islam cartésien

Invité au forum de « Liberté », le nouveau ministre* algérien des Affaires religieuses et des Waqfs ne s’y prend pas avec le dos de la cuillère pour bousculer et aérer d’un oxygène vivifiant le terrain religieux en usant de formules de tolérance des plus encourageantes.

Oser mettre sur un même pied d’égalité citoyenne ceux qui pratiquent le ramadan et ceux qui ne le pratiquent pas, tout en affirmant que le « jeûne est d’ordre privé », est une performance à laquelle on ne peut qu’applaudir, surtout venant d’un ministre de Bouteflika. Cela nous change des attitudes belliqueuses de Bouaddallah Ghoulamallah, son prédécesseur, lequel ne ratait jamais l’occasion de jeter la pierre et condamner tout ce qui ne rime pas avec sa vision cloisonnée du monde extra-religieux. Souvenons-nous de ces envolées scatologiques déversées sur le « Le Mensonge de Dieu » de Mohamed Benchicou, sans même l’avoir lu.

Par contre, continuer à parler de provocation et d’outrage quand des groupes d’hommes et de femmes cherchent à affirmer et vivre leur différence en toute quiétude est un raccourci trop véloce pour ne pas entraîner quelques objections. Car en termes de provocations, il est quasiment impossible d’égaler ni d’espérer pouvoir se mesurer au zèle souvent arrogant et insolent, voire violent, d’une grande partie des croyants formatés à une exclusion sans appel des infidèles par ceux qui gèrent les questions liées à la pratique religieuse chez nous.
Comment ignorer le fait qu’imposer ces intenses décibels nocturnes qui gênent le repos de l’ensemble des citoyens, qu’ils soient croyants pratiquants ou pas, du bébé au vieillard, du malade au mourant, ne rentre pas dans le cadre de cette tolérance pourtant si prônée par l’Islam et une grande partie des musulmans? Faut-il rappeler que le Maroc a franchi le pas vers une loi qui impose une restriction du débit sonore qui jaillit des mosquées aux heures de prière, et pas seulement la nuit ? En quoi le fait de nous targuer d’un islam spécifique doit-il nous empêcher de suivre le bon exemple donné par nos voisins ?
- Comment ne pas s’offusquer de ces intrusions multiples et quotidiennes sur nos petits écrans, de ces interruptions de programmes sur la quasi-totalité de nos ondes pour imposer des appels à la prière qui chamboulent en permanence le planning d’un large public, fut-il minoritaire? Si cela n’est pas de la provocation et du mépris vis-à-vis du non croyant et du non pratiquant, l’on peut se demander ce que ça pourrait bien être. Tant qu’à faire, pourquoi ne pas s’attaquer aux téléphones fixes ou mobiles et interrompre toute communication entre algériens au moment de la prière ? Pas trop difficile d’imaginer le scénario qui s’en suivrait :  Allo, ça va ? … bip, bip « hana el-wakt li-sallat elmaghrib, el-ittissal  maktou3 oua mamnou3 ! » (C'est l'heure de la prière, la communication est suspendue car interdite !). On peut même aller plus loin en poussant le ridicule jusqu’à facturer aux abonnés le temps de prière émis sur chaque combiné et en verser les bénéfices à tous ces fainéants proclamés gardiens du temple sacré.
- Comment un être doté d’un tant soit peu de raison peut-il s’empêcher de dénoncer ce déferlement d’imams souvent incultes sur nos ondes radios et télés et qui manipulent de façon hasardeuse des « hawadiths eddini » qui gravitent en permanence autour des moindres faits et gestes du prophète pour expliquer, justifier et défendre tout et n’importe quoi ?
Faut-il rappeler que le prophète lui-même en son temps ne se considérait pas supérieur aux autres hommes de la cité, en dehors des épisodes de révélations, et qu’il lui arrivait souvent d’être raillé par ses proches, notamment la petite Aïcha qui lui reprochait cette propension à faire appel au ciel chaque fois qu’il était en mauvaise posture par rapport à certaines querelles et contestations de son entourage immédiat, tel ce mariage discutable avec sa propre belle fille, union contre-nature qui laisse perplexe depuis des siècles les hommes et les femmes dotés d’un tant soit peu de jugeote? Comment dès lors faire de chaque fait et geste du prophète un exemple à suivre et chercher à tout prix à l’imposer aux autres ? D’autant qu’au vu de certaines anecdotes historiques, il y a matière à revoir en termes d’authenticité, au moins partielle pour le croyant, quant à la véritable source des saintes écritures.
Il est grand temps de dire les choses en toute objectivité Monsieur le ministre ; l’espace publique est occupé à étouffement par le fait religieux et il est urgent de l’oxygéner en laissant le non-croyant (bien plus pacifique car n’ayant aucune cause à défendre sinon celle de réclamer un peu de liberté) s’exprimer sans lui jeter l’opprobre et sans  lui attribuer de quelconques qualificatifs d’apostasie douteux et stériles!
Puis-je aussi rappeler que le galvaudage de la formule « Allah Akbar » chez nous remonte aux années de braise contre la France et qu’elle englobait  aussi les contours d’appels au meurtre des plus explicites, au même titre qu’elle fût utilisée par les sanguinaires des GIA et les combattants de Dieu sous couvert de fatwas délivrées par divers  illuminés  autoproclamés Ayatollah, que ça soit  en Iran hier ou en Syrie aujourd’hui ? Il ne suffit pas de prétendre à un Islam spécifique en se démarquant d’une Tunisie laïque ou d’un Iran islamiste pour pouvoir prémunir le pays d’une nouvelle folie encore plus dévastatrice que celle de la décennie noire.
A ce propos, dénoncer les dangers sous-jacents à  tous ces mouvements sectaires qui envahissent le terrain religieux est une bonne chose, encore faut-il trouver la solution « cartésienne » à même de mieux les contrôler et les faire reculer, voire les faire disparaître, d’autant que chaque mouvance verse dans une obstination effrayante, celle d’être convaincue que son interprétation des textes est absolue et conforme au message original. Toutes ces sectes s’obstinent à suivre la même démarche, celle d’imposer à la Terre entière leur lecture des sourates et des versets quitte à en appeler à l’arbitrage des armes. Ce n’est pas très moderne tout ça ! A ce rythme, l’occident n’a pas de souci à se faire pour nous vendre de quoi nous entre-tuer jusqu’à notre auto-extermination totale et définitive !
Et à propos de cartésianisme, je trouve Monsieur le ministre, lequel s’aventure à vouloir trouver une approche rationnelle à la gestion de l’Islam afin de prémunir la société de moult égarements extrémistes,  bien frileux et peu prolixe en la matière, car se contenter d’associer « Les savants de l’islam à leurs  homologues des sciences humaines » c’est chercher à éloigner le sujet de tout raisonnement rationnel auquel le terme cartésien s’applique. Les sciences exactes, ça ne vous parle donc pas ?
Faut-il rappeler à Monsieur le ministre que ce soit en termes d’évolutions sociologiques, d’histoire ou d’ethnologie,  les Sciences humaines procèdent toutes de démarches quasiment identiques à celles de la religion, celles du fait historique analysé à posteriori tel que légué par les générations qui nous ont précédées sur Terre? Telles démarches ne peuvent en aucun cas occuper quelconque espace cartésien. Prétendre le contraire est tout simplement farfelu!  En termes statistiques, on peut attribuer à des résultats d’études sociologiques, historiques ou ethnologiques un facteur d’incertitude du même ordre de grandeur que celui des certitudes, bien souvent subjectives, qu’ils sont supposés refléter. Concernant les religions, le facteur d’exactitude est tout simplement noyé dans l’immensité des inexactitudes qui leurs sont associées. Dans le référentiel d’analyse  d’un non-croyant, bien évidemment.
Toujours est-il que s’aventurer à faire glisser les religions vers un espace cartésien, c’est prendre le risque de tout faire s’écrouler. Nous sommes nombreux sur ces colonnes à faire s’effriter moult textes et les incohérences qui les caractérisent, et nous ne demandons qu’à être associés à « onques » débats sereins et constructifs dès lors que le facteur apostasie ne soit pas invoqué pour nous exclure de ces polémiques de société qui engagent l’avenir de toutes les générations futures. D’ailleurs, il est utile de rappeler que le cartésianisme est né d’une volonté et d’un combat précis, ceux de faire cesser les immiscions de la religion dans le domaine des avancées scientifiques qu’elle a de tout temps freinée en divers endroits de la planète.
Le siècle des lumières n’a pu engendrer ce foisonnement de productions intellectuelles et scientifiques que l’on connait, et dont l’impact positif sur les civilisations modernes n’est plus à démontrer, que grâce au recul des religieux et de leur emprise sur le génie des hommes. Faut-il rappeler qu’avant ce siècle lumineux, l’église chrétienne avait le monopole du contrôle des sciences et veillait scrupuleusement à la conformité de nouvelles découvertes avec les saintes écritures? Et sans cet extraordinaire combat de la raison contre l’attitude irraisonnée et bornée des religieux, la planète Terre continuerait de ne pas tourner tout en demeurant le centre de l’univers, dans la petite cervelle des hommes. Les ecclésiastiques de tous bords, à leur tête le pape, se sont toujours opposés à l’idée d’un univers dans lequel la Terre n’en serait pas le centre et l’homme la créature préféré du créateur! Il n’est pas difficile d’imaginer le désarroi qui s’est abattu sur les croyants quand on leur a expliqué que la Terre n’est pas le centre de l’univers, et qu’en plus elle tourne! Quant à l’Homme, préféré du créateur, autant en rire quand on sait que les gènes des animaux tels le singe, le poisson ou la fourmi ne diffèrent que de quelques millièmes de cellules ADN par rapport à celles de l’homo-sapiens que nous sommes.
Mais malgré toutes ses contradictions et ses inconsistances, la religion pourrait être bénéfique à la société si tant est qu’elle jette un regard de protection sur le citoyen, que le croyant apprenne la tolérance envers les autres et que cessent ces immiscions insensées sur tous les terrains de la vie des Algériens. Encore faut-il qu’elle soit confiée et manipulée par de bonnes mains avec de bonnes intentions. Les images de prosternation collective de nos jeunes et vaillants footballeurs après avoir marqué le but contre la Belgique est un exemple à na pas reproduire, car en faisant cela, c’est affirmer au monde un excès de zèle qu’il est urgent d’apaiser. Il est grand temps que cette agitation excessive autour du fait religieux cesse si on veut embarquer au plus vite dans le TGV d’un monde en accélération permanente. Dans le cas contraire, nous resterons sur les quais à nous contenter de regarder les trains passer, ou tout au plus dans les wagons de queue, ad vitam aeternam! Tariq Ramadan s’en fout, il vit en Suisse, dans l’une des locomotives du monde moderne.
Quant à ces centaines de mosquées érigées en Kabylie, il faudrait peut-être que notre ministre sache qu’en terre berbère, la plupart des bâtisses transformées et dénommées mosquées depuis l’indépendance sont en fait des lieux de rencontre (thadjmaâth) pour les gens du village et au sein desquelles les sages représentants de chaque famille ont de tout temps réglé les affaires de la cité, en toute démocratie ! Ce schéma a été remplacé, dans de nombreux endroits, par une entité moderne, celle du comité de village, laquelle organise des démarches de conciliations substantielles pour apaiser de petites frictions, somme-toutes normales, entre voisins, en toute vigilance et avec une impartialité qui mérite respect et estime. En tous-cas, c’est ce qui ressort des échos qui me parviennent régulièrement de Tighil-el-Hadj-Ali, ma petite colline, mon petit berceau, ma petite racine !
Ceci dit, si tout le monde pouvait accepter la simple idée que la pratique religieuse ne peut en aucun cas servir de jauge pour quantifier l’amour du pays, c’est déjà ça de gagné. Malheureusement, le quotidien du citoyen est gangrené par des « imameries » encouragées tous azimuts par tous ces illuminés qui font du combat contre tout ce qui ne rime pas avec invocation et prosternation, une mission sur Terre. Il serait temps de mettre un peu d’ordre dans tout cela. Mais comment y parvenir si on muselle toute voix discordante, voire à contre-Coran ? D’autant que moins de trois jours après l’intervention en toute tolérance de Monsieur le ministre, le président de la commission nationale des fatwas au haut conseil islamique, cheikh Mohamed-Cherif Kaher, via une interview incendiaire sur Echourouk, appelle l’état à se montrer intransigeant vis-à-vis des non-jeûneurs. Idem pour Abderrezak Guessoum, président de l’association des oulémas musulmans algériens, qui lui n’exige pas moins qu’une « intervention sévère pour arrêter ces apostats qui menacent la stabilité de l’Algérie en portant atteinte à sa religion ». A quelles Katibas du GIA appartenaient donc ces augustes personnages pour ainsi en appeler à l’état pour sévir? Ces non-jeûneurs et leurs défenseurs n’ont tué ni agressé personne messieurs les oulémas, pouvez-vous en dire autant des islamistes que vous représentez ?
Vous voilà averti Monsieur Mohamed Aïssa, avant de promettre l’ouverture de synagogues, le ménage s’impose d’abord et avant tout dans vos rangs, pas dans les nôtres, car sur le terrain cartésien, nous universalistes convaincus, sommes bien seuls. Nous vous attendons désespérément depuis  si longtemps. Et sachez que sur cet espace débordant d’humanisme, du juif, du musulman, du chrétien, du bouddhiste ou du non croyant, nous ne faisons aucune différence, Allah non plus, très certainement, même si cela doit blesser un certain ego de « kheira oumatine! » (le meilleur peuple).

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