vendredi 17 août 2012

Les Salafistes: Les chemises brunes du PRINTEMPS ARABE

Rob Prince

Robert Prince 

Université de Denver

Juin 2012 

Tout ne se passe pas bien en Tunisie

Bien que le printemps arabe ait été lancé en Tunisie, une grande partie de l'attention des médias aux États-Unis s'est tournée vers la Libye, le Yémen, l'Egypte, la Syrie, où les enjeux sont considérés comme plus élevés et où les dangers se multiplient. Il est vrai que, la Tunisie a eu des élections démocratiques relativement pacifiques en Octobre de l'année 2011, et le processus de transition politique continue à se dérouler. Au cours des années Ben Ali, la Tunisie a été mise en avant tel un élève modèle, dans tous les programmes d'ajustement structurel du FMI, qui ont contribué à miner le potentiel  pour un développement économique équitable du pays, et déclencher l'insurrection. Dans la période post Ben Ali, la Tunisie est à nouveau présentée comme un modèle! - Cette fois, un modèle de transition, mais vers quoi?

Tout n'est pas parfait dans le pays.

La crise socio-économique continue de se creuser de jour en jour. Dans tout le pays, il y a des grèves tous les jours, des manifestations et des protestations. Il y a des grèves pratiquement dans tous les secteurs de l'économie, que ce soit dans le secteur public ou privé, et le chômage continue d'augmenter, devenant pire que pendant la période de Ben Ali. En dehors des villes principales, les services sociaux du gouvernement restent paralysés et les mesures infrastructurelles de secours aux régions de l'intérieur n'ont pas encore commencé. Alors que l'ancien parti au pouvoir de Ben Ali , le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), a été dissous, la plupart de ses anciens cadres et membres clés ont trouvé un foyer, ou ont fait la paix, avec le principal parti au pouvoir, Ennahdha, un parti islamiste soi-disant modéré, qui soutient les politiques économiques néolibérales et les intérêts stratégiques américains au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.

Le programme économique du nouveau gouvernement n'est pas différent de celui qui a été « dégagé ». Le ministère de l'intérieur - l'instrument de répression, sinon des crimes contre l'humanité dans les années Ben Ali - n'a guère été affecté, ni la police, qui sont tous deux en cours d'intégration et mobilisés pour servir les intérêts d’Ennahdha, et consolider son contrôle de l'espace politique tunisien. Les réformes en profondeur des services de sécurité, et du système judiciaire corrompu sont encore attendues.

Le Printemps arabe de la Tunisie est en voie de devenir un cas de « tous les changement nécessaires pour maintenir le statu quo », en dépit de toutes les célébrations officielles de` la révolution. Maintenant, pour aggraver les choses, quelque chose de nouveau et, malheureusement, insidieux, du moins dans le contexte tunisien, se déroule: l'émergence et la croissance spectaculaire d'une entité islamiste, le mouvement salafiste, qui n’avait pratiquement pas de base populaire dans ce pays d’Afrique du Nord connu depuis des siècles pour sa modération politique et religieuse.

 L'Ombre salafiste sur la Tunisie

Les salafistes projettent de plus en plus une ombre sur la Tunisie. Bien que n’étant que quelques milliers selon les experts, certains d'entre eux qui ont été détenus dans des prisons de Ben Ali ont été libérés, tandis que d'autres, les recrues les plus récentes, ont rejoint à partir des rangs du prolétariat tunisien - les chômeurs permanents, dont le nombre s’accroit de plus en plus. Bien que les salafistes restent essentiellement un groupe marginal, la plupart étant étrangers à l'expérience politique tunisienne, leur influence se répand. L'argent pour soutenir leurs activités coule à flots en provenance de l'étranger.

Tout a commencé avant le 24 octobre 2011, date des élections nationales pour déterminer l’assemblée constituante de la Tunisie. Étant donné l'histoire récente tunisienne, et son Islam généralement tolérant, une "croisade" fondamentaliste islamique, une "offensive globale", est apparue un peu étrange, hors de caractère. En effet, la plupart des observateurs - dont moi-même - l'ont classée comme une campagne limitée de fanatiques marginaux, largement financée par des étrangers, qu'ils soient Saoudiens ou Qataris, qui ne devait pas être prise trop au sérieux.

Il est vrai que les salafistes avaient pris de l'importance dans les mois qui suivirent la fuite de Zine Ben Ali et de sa famille le pays le 14 Janvier 2011. Plusieurs centaines d’entre eux avaient protesté en face de la principale synagogue de Tunis avec leurs deux thèmes jumeaux, appelant à imposer la Charia, et en scandant de virulents chants anti-juifs. Le harcèlement des femmes a commencé presque immédiatement, de même que les appels téléphoniques menaçants et les lettres anonymes adressées à des journalistes de premier plan, et à des personnalités culturelles.

Puis, quelques semaines avant les élections d’octobre 2011, une campagne salafiste a explosé en opposition au film animé en langue française de Marjane Satrapi, « Persepolis », montré sur une chaîne de télévision tunisienne, la représentant durant son enfance et au début de l'âge adulte, pendant et après la révolution en Iran. Le film a montré, dans les rêves d'une petite fille, une image de Dieu comme un bon vieil homme. Il est vrai que l'image de Dieu sous forme humaine est considérée comme taboue dans l'Islam - ce dont les auteurs du film doivent avoir été conscients - mais, curieusement, quelques années plus tôt, le film avait été projeté en Tunisie, avec très peu de controverse. Cette fois, ce que j'appellerais une tempête politique préfabriquée a éclaté, et il en a résulté que la discussion pré-électorale s'est éloignée de la crise socio-économique, qui avait déclenché le soulèvement tunisien en premier lieu, et a commencé à se concentrer plutôt sur les conditions requises pour être un bon musulman plutôt qu'un bon citoyen.

Depuis la date des élections jusqu'à ce jour (début Juin 2012), la situation n’a fait que se détériorer, et à un rythme alarmant. Les « mobs » salafistes - les chemises brunes de la révolution tunisienne - ont attaqué les médias, des bars et brûlé les magasins d'alcool dans plusieurs villes, intimidé les femmes et les journalistes, attaqué physiquement ceux qui sont en désaccord avec eux. Le nombre d'incidents s'est multiplié, tandis que le gouvernement de transition a peu fait, pour ne pas dire rien pour intervenir, laissant aux  salafistes les mains libres dans tout le pays.

L’approche d'Ennahdha: Regarder à gauche tout en se déplaçant vers la droite

Alors que le gouvernement actuel se compose d'une coalition de trois partis, dont deux sont séculaires, le troisième, Ennahdha, qui se considère comme islamiste modéré, mène la danse et contrôle le gouvernement. Avec les pouvoirs présidentiels réduits à des fonctions cérémoniales, c'est le Premier ministre et le ministre de l'Intérieur, tous deux d’Ennahdha, qui disposent de pouvoirs considérables concentrés dans leurs mains.

L’approche d’Ennahdha est de plus en plus claire - faire des alliances de surface avec les partis seculaires (CPR, et Ettakatol), et des alliances informelles avec les salafistes. L’alliance formelle (et juridique) que Ennahdha a formé avec le Congrès pour la République (CPR) et le Forum démocratique pour le travail et la liberté (appelé Ettakatol) a apparemment été faite pour le show, conçue pour la consommation étrangère, pour afficher un visage souriant et « tolérant» face à l'Occident. Bien plus importante pour Ennahdha, à ce jour, a été son alliance informelle avec les salafistes, auxquels elle a permis de courir sauvagement et dont elle a toléré ou excusé les actions.

Une division du travail entre les deux branches islamiques semble avoir été élaborée. Ennahdha se préoccupe du système politique et juridique, tandis que les salafistes, non pas tant par « un dialogue», mais plutôt par des tactiques de gangsters, ont rapidement renforcé leur position dans les mosquées du pays, et violemment fait pression sur les établissements d'enseignement (spécialement les universités) et les médias. Qu’un groupe marginal tel que les salafistes tunisiens ait pu faire des avancées aussi spectaculaires, et dans le processus, polariser le pays comme jamais auparavant, cela n'aurait pas pu être possible sans la tactique et le soutien souvent ouvert d’Ennahdha. Ainsi, les chaines de télévision ont été attaquées sans réaction du gouvernement; les bars et les magasins d'alcool ont brûlé en de nombreux endroits tandis que la police et les militaires étaient debout à regarder ; les étudiants, les professeurs, et un doyen de l'université ont été battus; des manifestants laïcs agressés; et le gouvernement accuse les victimes, et non pas ceux qui attaquent, tout en ne faisant rien pour arrêter les agresseurs salafistes.

Et, comme cela arrive souvent avec des lâches et des chemises brunes, comme les salafistes tunisiens, ces derniers ayant obtenu le feu vert du gouvernement tunisien dominé par Ennahdha, leurs éléments se sont de plus en plus enhardis, leurs tactiques sont de plus en plus agressives et violentes, dans la mesure où il devient de plus en plus difficile de les contenir.

Comme en Egypte, d'abord et avant tout, leur rôle est d'agir comme un frein à l'élan progressif économique et politique du printemps arabe qui a forcé Ben Ali hors du pouvoir. Bien que très peu publicisés dans les médias américains, ils sont de plus en plus brutaux dans leurs méthodes, attaquant les musulmans démocrates, modérés ainsi que des éléments laïcs, presque à volonté. Encouragés et bénéficiant des financements de groupes islamistes dans la région par l’Arabie Saoudite et le Qatar, en dépit de leur intimidation croissante et de leurs tactiques violentes, les salafistes tunisiens semblent profiter d’une quasi immunité de poursuites. Depuis quelque temps, on leur donne le feu vert pour attaquer les institutions progressistes et laïques, avec quelque chose de proche de l'impunité, et afin de développer leur rôle, maintenant un parti salafiste s’est vu accorder un statut juridique officiel.

Des exemples de tactiques salafistes ont été signalés presque chaque jour pendant l'année écoulée dans les médias tunisiens, à la fois en arabe et en français, ainsi que maintenant dans l'agence de presse en langue anglaise, Tunisia Live. Afin de fournir quelques-uns des exemples les plus récents:

- Le 19 mai, à Sidi Bouzid, la ville où Mohammed Bouazizi s'est immolé en Décembre 2010 provoquant le déclenchement du printemps tunisien arabe, un groupe de salafistes a brûlé des bars, ainsi que la maison d'un propriétaire de bar dans leur campagne violente contre la vente de l'alcool (Tunisia Live, 20 mai 2012). La police a réagi en revenant à ses bureaux et en s’enfermant à l’interieur. En ce qui concerne les salafistes un résident a commenté," Je sais que [les]; certains d'entre eux étaient des ivrognes il ya une semaine et maintenant, ils font semblant d'être la voix de Dieu dans Sidi Bouzid », qu’il a qualifie de« Bouzidistan ».

- Le lendemain des incendies des bars de Sidi-Bouzid, des milliers de salafistes ligne dure ont tenu leur deuxième réunion annuelle, cette fois à Kairouan. Certains habillés en costume militaire afghan et brandissant des épées, d'autres portant de longues barbes, des robes et chapeaux de style afghan, ils ont déployé leur bannière au sommet du minaret de la mosquée de la ville, la plus ancienne en Afrique et la troisième la plus sainte dans l'Islam, après la Mecque et Jérusalem. Leurs chants ont inclus des paroles telles que "Nous sommes tous des enfants d'Oussama [Ben Laden], et" Khaybar, Khaybar, les juifs, les juifs, l'armée de Mohammed est de retour ". Khaybar est une référence à une oasis de l'Arabie, où le prophète Mahomet aurait conduit ses armées pour lutter contre les Juifs en 629 après JC.

Un des organisateurs de la réunion de Kairouan, Ridha Bel Haj, qui dirige le parti interdit Hizb Ettahrir, dans un effort de réécrire l'histoire du Printemps arabe a commenté "La révolution a été faite de sorte que la charia soit appliquée.". (En fait, la révolution tunisienne avait peu à voir avec l'Islam ou la charia - il était une protestation contre les conditions socio-économiques, l'extrême répression politique, et dans le mouvement qui a renversé Ben Ali, Bel Haj et ses semblables n’ont été vus nulle part!).

Ce ne sont ici que les exemples les plus récents dans ce qui a été une série de confrontations salafistes, ciblant les femmes du pays, le système éducatif, les médias, des personnalités culturelles et des communautés religieuses minoritaires. Bien que le gouvernement élu ait fait plusieurs déclarations officielles à l'appui des environ 1500 membres de la communauté juive dans le pays, les salafistes se sont engagés dans un langage antisémite virulent. Leurs partisans ont également attaqué et profané l’unique Église orthodoxe grecque du pays à Tunis.

L’absence de réponse d’Ennahdha à l'offensive salafiste

Comment le gouvernement de transition tunisien a répondu à cette vague d'attaques? Pratiquement en ne faisant rien. Tout en appelant à un « dialogue » entre les salafistes et les plus modérés des éléments islamiques et laïcs, Ennahdha, la principale force politique dans la coalition au pouvoir, a laissé les salafistes se déchaîner, en attaquant des manifestations culturelles, des rassemblements politiques appelant à la démocratie et la protection des droits des femmes. Pour aggraver les choses, en dépit du fait que les partis politiques fondés sur la religion soient illégaux selon la loi tunisienne, un parti salafiste s’est vu accorder un visa.

Le 29 Mars de cette année, un parti politique ouvertement salafiste s’est vu accorder un statut juridique par le ministère de l'Intérieur. `INSAH '- comme on l'appelle en arabe,"Le front de la réforme "pousse ouvertement pour l'établissement d'un Etat islamique, l'application de la charia et un retour à l'islam « pur » du temps du prophète Mahomet (630 après JC ).

Les Salafistes n’ont joué aucun rôle dans le mouvement de masse qui a renversé le gouvernement de Zine Ben Ali en Janvier 2011 ; un salafiste a participé aux élections de l’assemblée constituante d'octobre 2011 dans une liste indépendante, mais il n’a gagné aucun siège - une indication de combien les thèmes salafistes sont isolés et hors de propos pour le corps politique tunisien. Cette élection a vu le Parti Ennahdha - un parti politique ouvertement musulman – emporter environ 42% des voix. INSAH aura la possibilité de présenter des candidats lors des élections parlementaires qui auront lieu l'année prochaine. La légalisation de l'INSAH n'aurait pas été possible sans le soutien ferme d’Ennahdha, en particulier son leader, Rachid Ghannouchi, et le Premier ministre tunisien Hamadi Jebali.

Dans ses déclarations publiques, le porte-parole et fondateur de l'INSAH Mohamed Khouja a pris soin de souligner que "le programme du parti n'impose rien, en terme de choix vestimentaires ou autres comportements personnels de la vie quotidienne des tunisiens." Khouja insiste sur le fait que l'INSAH s'est engagé à respecter «les valeurs civiles de l’Etat "et qu'il respecte les particularités de l'expérience démocratique dans un cadre paisible, retiré de toutes formes de violence et de haine à travers le spectre politique". Dans le même temps, comme si son mouvement représentait l'ensemble des musulmans, plutôt qu'un groupe dissident mineur, Khouja commente pompeusement: «Nous n'accepterons aucune attaque contre nos sacrements religieux et nous représenterons les exigences de la population musulmane." Mais qui est donc ce représentant d'un groupe dissident pour prendre la parole au nom des musulmans?

Les Etats-Unis et l'intégrisme islamique

Historiquement, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis ont discrètement développé des relations politiques durables avec les fondamentalistes islamistes - même les plus rétrogrades d'entre eux - afin de protéger leurs intérêts au Moyen-Orient, l'Arabie saoudite wahhabite en est le meilleur exemple.

Alors qu'une vague d’islamophobie pollue le climat politique ici en Amérique, au Moyen-Orient, les Etats-Unis se retrouvent alignés et faisant des alliances, à un degré ou un autre, avec les mêmes forces qui sont critiquées si bruyamment à la maison. Ironie du sort, l'ennemi « à la maison» se révèle être un allié à l’étranger, un allié constant et qui a fait ses preuves! A la surface, il semble bien que les différentes administrations américaines s'opposent à l'intégrisme islamique - la guerre contre le terrorisme n’est-elle pas toute à ce sujet, s’opposer – et anéantir Al-Qaida et les groupes semblables?

Mais les apparences peuvent être trompeuses. D'abord la Grande-Bretagne et plus tard les Etats-Unis ont eu depuis fort longtemps une histoire de coopération avec des éléments fondamentalistes islamistes, contre le nationalisme arabe séculaire. Cela continue et reste important aujourd'hui. Aussi bizarre que cela puisse paraître au public américain, les salafistes jouent des rôles clés à l'appui de la politique des États-Unis au Moyen-Orient 1) Ils représentent rien de moins que la contre-révolution sur le terrain - destinée à désamorcer la poussée démocratique et éviter que le printemps arabe ne se traduise par toute nouvelle évolution politique qui pourrait remettre en question les priorités économiques américaines (accès néolibéral à la région) ou préoccupations stratégiques. 2) Leurs actions en Tunisie et en Egypte accomplissent quelque chose d'autre, rarement discuté ces jours-ci: en tandem avec la campagne d'Israël contre l'Iran - détourner l'attention de l'occupation israélienne des terres palestiniennes. Ainsi, ils seront tolérés et encouragés - mais à distance et à travers les proxies saoudiens et qataris.

Tout en prétendant s'opposer aux tactiques de chemises brunes des salafistes, une fois de plus, les États-Unis semblent jouer la carte salafiste, et pas seulement en Tunisie. Ceux soutenant les salafistes dans toute la région sont les deux principaux alliés des États-Unis – l’Arabie Saoudite et le Qatar, travaillant en tandem avec l'Amérique pour sécuriser les intérêts stratégiques américains et promouvoir des politiques économiques néolibérales dans toute la région. Ces politiques semblent être de plus en plus étroitement coordonnées avec l'OTAN. Les livraisons d'armes en provenance du Qatar et d'Arabie Saoudite aux éléments Salafistes dans l'opposition syrienne ont été interceptés au Liban récemment. Il a également été rapporté que des djihadistes irakiens travaillent aussi avec l'opposition syrienne, leurs activités coordonnées par les Saoudiens et les Qataris, et en quelque sorte en ligne avec les objectifs stratégiques américains, comme cela a été fait en Afghanistan dans les années 1980. Ainsi, il y a quelques semaines, pour renforcer les dires du gouvernement syrien, un groupe tunisien de défense des droits de l’homme a exposé le recrutement ouvert d’éléments salafistes tunisiens pour aller combattre en Syrie, appelant à une enquête, ce qui suggère que le gouvernement tunisien dirigé par Ennahdha coordonne ses politiques au Moyen-Orient plutôt en étroite collaboration avec les conservateurs religieux d'Arabie Saoudite et du Qatar.

Jouer la carte salafiste partout au Moyen-Orient lorsque c’est nécessaire

Les Britanniques et les États-Unis préfèrent le «visage » plus placide et pro-occidental de partis islamiques plus modérés tels qu' Ennahdha en Tunisie, qui prétend respecter les processus démocratiques. Mais, lorsque cela est nécessaire, Londres et Washington n'ont pas hésité à coopérer avec des éléments plus fanatiques - qu'ils soient wahhabites saoudiens, ou maintenant djihadistes syriens. Outre le lien antinationaliste et anti-séculaire arabe qui unit les décideurs de la politique étrangère américaine avec les islamistes, il y a un lien d'un autre genre: ils voient du même œil sur le plan économique. Les confréries musulmanes en Egypte, Ennahdha en Tunisie, et les salafistes dans toute la région sont tous à l'aise avec, et soutiennent le genre de politiques néolibérales économiques dont les États-Unis et l’Europe font partout la promotion. Ils se sont opposés aux droits syndicaux, ainsi qu’aux politiques économiques fortement orientées vers l'Etat. Quand il s'agit de l'économie néolibérale, l'ouverture à la pénétration commerciale et financière étrangère, les Islamistes et les décideurs politiques américains sont en complète harmonie.

Comme Ennahdha en Tunisie s'est rapprochée de ses frères salafistes pour neutraliser toute possibilité pour le printemps tunisien arabe de se transformer en quoique ce soit qui pourrait sensiblement changer les politiques économiques néolibérales du pays et son alliance stratégique avec les Etats-Unis, Washington observe calmement pratiquement sans commentaires critiques venant du Département d'Etat (avec une ou deux exceptions), n'a pas le sens de la critique – voire l'indignation - des médias du pays face à la vague fondamentaliste islamiste qui s'installe dans le pays. La plupart des sales travaux, le soutien politique et les flux financiers sont dans les mains des Saoudiens et des Qataris, dont aucun ne peut déplacer un doigt sans l'approbation des États-Unis. L'idée que l'administration Obama n'est pas pleinement consciente de l'évolution en Tunisie n’est, bien sûr, pas crédible.

1 commentaire:

  1. Les salafistes ou les chemises brunes de la révolution tunisienne au service des américains grâce au soutien Saoudien et qatari !

    Ghannouchi le rêveur en est-il seulement conscient ? Ou complice ?

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