vendredi 11 janvier 2013

Remaniement ministériel : Les plans de Rached Ghannouchi


Par Mohamed Bedoui


Moins de 24 heures après avoir refusé tout dialogue avec Nidaa Tounès et Caïd Essebsi, suite au marathon des réunions de toutes les instances d'Ennahdha que le diable a créé, voilà que le machiavélisme de R. Ghannouchi revient sur scène sous forme d’une énième trahison de sa parole donnée tant à ses amis qu'à ses ennemis. Il déclare du bout des lèvres, le regard encore plus sinistre qu'avant, que sa sainteté n‘est plus pour l‘exclusion de qui que ce soit pour mener un dialogue national salutaire. Mais encore une fois le plus affligeant est de constater qu'une grande partie de la classe politique va tomber dans le piège et se dit prête à jouer le jeu « pour sortir du cauchemar » imposé par le wahhabite tunisien depuis deux ans. Il est certain que cette classe politique va encore encaisser le sale coup une fois le vrai-faux remaniement ministériel accepté sans gloire car il laissera tous les postes-clés à Ennahdha et le verra, juste après les festivités de la révolution, manœuvrer comme il n’a jamais cessé de le faire pour gagner du temps et s’incruster encore plus dans le pays ruiné pour de longues années.
Des questions se posent pourtant. Quelle vipère a piqué Ghannouchi pour changer sa position radicalement sur Nidaa Tounès et sur Caïd Essebsi, son ennemi juré et qui sort plus renforcé qu‘avant ? Quelle mouche a chatouillé Néjib Chebbi, l’homme politique qui a l’art en véritable artiste d’échouer dans tous ces projets, pour monnayer son avenir politique contre un hypothétique poste de ministre régalien d’un gouvernement déjà condamné ? Qu’elle guêpe a empoisonné le faux dur Mohamed Hamdi du Front Démocratique qui se montrait le plus intraitable contre le gourou, se proposer de collaborer avec les ennemis de la démocratie ? Plus qu’une trahison ! Pyrrhus grandeur nature. Pourtant ce qui étonne le plus dans le ralliement de cette opposition c’est que Ghannouchi n’a pas accepté de gaîté de cœur de mener le dialogue national avec Nidaa Tounes. Bien au contraire, tout indique qu’il est réellement dos au mur et que son seul salut est de chercher à manœuvrer encore une fois. Et la fine opposition de se proclamer « sauveur du wahhabite. » Ghannouchi ! Un comble !
En effet, à l’intérieur du pays, l’échec retentissant de son gouvernement n’est plus un secret pour personne. Toutes ses tentatives de façonner une constitution sur le modèle wahhabite, d’imposer sa charia islamiste et une dictature théocratique, font froid au dos. Tenter de dénaturer la civilisation tunisienne multimillénaire rappelle tout au plus les tribus hilaliennes de triste mémoire. Oser s’approprier la révolution est une grave insulte aux sacrifices de tout un peuple. Dire qu’il est son protecteur en lâchant assassins et criminels comme comité de sauvegarde de cette révolution est l’acte d’un bandit des grands chemins. Offrir le pays au Qatar et aux rapaces financiers des pays du Golfe est considéré comme une grave trahison aux intérêts supérieurs de la Tunisie. La ruine du pays est soulignée par tous les experts et par le peuple en entier. Le désastre financier et l’endettement sont cuisants. Toutes ses promesses aux basses couches de la population avant les élections se sont évaporées et la paupérisation des classes moyennes est réelle. Oser dire que Dieu aime les riches et hait les pauvres est d’un cynisme hors normes et une insulte à Dieu. Traiter plus de dix millions de Tunisiens de mécréants face à quelques centaines de milliers de ses partisans sous prétexte qu’ils lui refusent le droit d’imposer le wahhabisme le plus abject et laisser ses enfants salafistes détruire les mausolées et les marabouts tant vénérés, sont perçus comme l’œuvre d’un Satan plus que d’un homme pieux. L’insécurité est totale et le terrorisme armé arrive même aux portes de la capitale. Ses enfants salafistes s’éloignent de lui, le dénoncent comme traître à leur vision de l’islam et grignotent ses pré-carrés. Jamais la justice n’a été autant bafouée que par ces wahhabites. Voilà pourquoi les régions bougent et deviennent des plus menaçantes car crever pour crever, autant l‘être, mais la tête bien haute. L’UGTT le coiffe au poteau partout et Nidaa Tounès apparaît comme la parfaite force tranquille et trouve tout un boulevard devant elle, surtout que l’autre opposition se montre des plus figées face à l’ogre islamiste et espère jouer… au clown politique même à côté d‘un Dracula. 
Mais il n’y pas que cela qui a obligé Ghannouchi à reculer 24 heures après avoir décidé de fermer définitivement la porte à Caïd Essebsi. Les affaires mafieuses de sa bande sont signalées partout et ses « pauvres militants horriblement pourchassés par Bourguiba et Ben Ali » une fois devenus ministres ou autres se sont révélés milliardaires et font main-basse sur les richesses du pays ou les lapident. Mais cela ne lui suffit pas. Les affaires familiales sont devenues un boulet écrasant. Son gendre est empêtré dans le scandale de l’hôtel Sheraton et celui du chèque d’un million de dollars, don de la Chine et qu’il s’est approprié illégalement malgré les rappels du ministère des finances. Puis il y a du nouveau du côté des moutons importés de la Roumanie et qui ont fait rire les Tunisiens et dont les médias commencent à accuser sa propre fille d’être derrière cette affaire. Se jouer du Coran et de la Sunna pour défendre ses proches ne peut être que l’acte d’un impie.
Le désastre Ghannouchien est aussi des plus cuisants à l’extérieur du pays. Le monde entier est abasourdi par les trahisons du gourou arrivé au pouvoir uniquement parce qu’il avait promis un régime islamiste modéré et respectueux des spécificités tunisiennes. C’est pourquoi il y a une levée de boucliers contre lui. Coincé entre la Libye et l’Algérie qui le regarde comme un pestiféré ayant permis l’installation de dizaines de milliers de salafistes et de jihadistes avec bagages et armement lourd, ignoré totalement par la Mauritanie et le Maroc qui ne veulent point en entendre parler, méprisé par les islamistes turcs et égyptiens pour son alignement honteux au Qatar et à l’Arabie, Ghannouchi ne sait plus à quel diable se vouer. Mais le véritable poison lui est administré par les Américains, les premiers dindons de la farce, par les Français qui ont gelé tout contact et par le reste de l’Europe qui lui offre la carotte et le bâton à la fois. Voilà pourquoi le « cheikh » se trouve piégé de partout et donc manœuvre comme un éléphant blessé dont il faut encore redouter les coups tordus.
Face aux dernières données, les résultats sont des plus surprenants. Les vrais perdants sont encore une fois les deux vrais faux alliés de la Troïka qui se retrouvent une fois de plus piégés et ridiculisés. Marzouki est notre vrai Don Quichotte. Ben Jaafar ne se présente aux locaux de la Constituante qu’à la fin de chaque mois, de l’avis de tous. A cela, il faut ajouter le parti Wafa islamo-fasciste qui se déclare sans honte, moderniste mais recrutant avec le copain d’hier, Mohamed Abbou, et leur maître Ghannouchi, les  phalanges  qu’ils chargent de défendre leur vraie contre-révolution. Vient après le Front Démocratique qui sous la direction de l’agité Mohamed Hamdi, change de cap et se proclame du jour au lendemain allié des islamistes. Enfin, le Parti Républicain est aussi largement ridiculisé à cause des chimères de son fantôme, maître Nejib Chebbi et la fine Maya Jéribi pourtant la présidente du parti est ramenée à son rôle de femme au foyer. Quant au sympathique parti Massar, communiste d’origine, il ne sort pas grandi et continue à chercher sa voie auprès de la petite bourgeoisie cultivée, surtout dans les quartiers huppés. Et pourtant, ses chances sont possibles s’il arrive à coller aux ouvriers et aux jeunes qui ne veulent pas de l’extrémisme de Hamma Hammami et de Chokri Belaïd. 
Quant aux seuls vainqueurs, ils sont sans conteste ceux qui ont refusé toute approche du comploteur dans l‘âme, à savoir le mouvement populiste Echaabia qui lui chipe les damnés de la terre qui refusent les risibles promesses d’un paradis wahhabite, le Front Populaire qui  tourne en bourrique Ghannouchi en mobilisant une bonne partie des ouvriers et des jeunes, surtout modernistes et enfin ou plutôt Nidaa Tounès qui brasse très large et capte la majorité des Tunisiens qui aspirent à vivre dans la modernité et la modération, galvanisés par Caïd Essebsi jouant parfaitement le rôle de la force tranquille et sûre d’elle pour ramener le pays sur les rails.
Morale de l’histoire. L’unique responsable des problèmes actuels de la Tunisie est Rached Ghannouchi. Croire un seul instant qu’il va tirer les conclusions de son rôle destructeur et changer de cap, c’est méconnaître totalement les secrets de l’idéologie  wahhabite connue pour malmener le coran et la sunna uniquement pour les besoins de sa cause qui n’a strictement rien avoir avec le message de Dieu et de son prophète. Tous ses complices qu’ils soient dans son mouvement ou dans d’autres partis ou associations sont dans le même bain. Tous sont la contre-révolution même, pour la simple raison qu’ils ont tout trahi. Croire que les résidus de Ben Ali représentent un grand danger c’est se moquer des Tunisiens car les vrais résidus du régime déchu ont rejoint dés le début, le mouvement islamiste, comme ils l’ont fait juste après le coup d’état médical contre Bourguiba. Et ils seront les premiers à trahir Ghannouchi dès sa chute. Voilà pourquoi ils seront tous jugés.

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