mercredi 28 août 2013

Les Égyptiens sont déroutés par le soutien international aux Frères musulmans

« Si seulement en 1940 le peuple allemand avait eu le courage du peuple égyptien en destituant un homme « démocratiquement élu », cela nous aurait évité des millions de morts et la Shoah. Mais cet argument, l’Occident ne l’entend sûrement pas. Il ne veut pas l’entendre » . 
Alaa Al Aswany, auteur de « immeuble Yacoubian ».


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La Mecque des tartufes !

Les marchands du temple n'adorent que l'Argent !


Une majorité d’Egyptiens ne peut comprendre la position de l’Administration américaine, qui se range du côté des forces de l’oppression et assiste à la transformation du pays en un état en faillite sous la direction des Frères musulmans. Cette position s’oppose aux intérêts américains. L’Egypte ne peut simplement pas se permettre de devenir une autre Somalie ou un autre Afghanistan, sous le contrôle de Talibans égyptiens.

Les Egyptiens sont perplexes. Ils ne comprennent pas les efforts de l’Administration Obama pour ramener les Frères musulmans au pouvoir.

Afin de donner un sens à la politique de l’Administration Obama, Amr Adeeb, un éminent analyste politique égyptien, soutient l’idée selon laquelle les USA aident les Frères musulmans à reprendre le pouvoir afin de transformer l’Egypte en un aimant qui attirerait les combattants jihadistes. Le but, selon Adeeb, est de faire de l’Egypte une autre Syrie ou un autre Afghanistan et ainsi discréditer l’islamisme en tant que mouvement politique viable.

Aux yeux des Occidentaux, cela peut paraître comme une théorie conspirationniste étrange, mais pour les Egyptiens, elle permet d’expliquer la raison pour laquelle le gouvernement américain soutient une organisation qui a ouvertement déclaré le jihad contre l’Occident, s’est engagée dans des menaces de guerre contre Israël et l’Ethiopie, a démoli plus de 80 églises historiques en quelques jours, incendié des hôpitaux, et assassiné des Chrétiens dans les rues. Les Frères musulmans n’ont aucun respect pour l’Etat de droit, mais, dit l’Administration Obama, c’est l’Armée égyptienne, qui a destitué les Frères musulmans, qui menace la démocratie.

La réalité est différente.

Les « ikhwan » (appellation arabe pour Frères musulmans) ont adopté des méthodes très peu démocratiques lors des élections qui les conduisirent au pouvoir en juin 2012.
- Morsi a menti sur son expérience professionnelle à la NASA.
- Sa promesse de consacrer 200 milliard de dollars à la renaissance de l’Egypte était du vent. Une fois élu, il déclara que ce n’était « qu’une idée ».
- Il acheta le vote des plus pauvres en leur distribuant de l’huile, du sucre, des médicaments.
- Le jour des élections, sous la menace de représailles, les sbires des Frères musulmans empêchèrent des milliers de Chrétiens coptes de voter.
- En outre, de nombreux électeurs se plaignirent de recevoir des bulletins de vote déjà cochés en faveur de Morsi.

Démocratiquement élu le Morsi ???

Les Egyptiens étaient prêts à ignorer ces irrégularités dans l’espoir que Morsi apporterait de l’ordre et de la stabilité à leur pays. Ils espéraient qu’il respecterait ses promesses de construire une Egypte moderne, de créer des emplois, de mettre sur pied un gouvernement de coalition et une constitution. Ils croyaient en sa promesse de consacrer 200 milliards de dollars à la réparation des infrastructures qui faisait partie du projet islamique de « Renaissance ».

Au lieu de cela, Morsi travailla au démantèlement systématique des institutions d’un pays vieux de 7000 ans. Il incita ses amis à parler publiquement sur les chaînes de télévision nationales contre l’Ethiopie, dans le but de la déstabiliser, et dans la lutte pour l’utilisation de l’eau du Haut-Nil. Le gouvernement des Frères musulmans menaça de déclarer la guerre à l’Ethiopie à propos de la construction du grand barrage de la Renaissance éthiopienne sur le Nil bleu, actuellement en cours.

Morsi déclara également de manière très directe qu’il était en train de recréer un califat islamique. Il pardonna et libéra des islamistes radicaux, y compris les assassins de Sadate, et leur permit de créer un parti islamique, ce qui est contraire à la constitution, qui interdit les partis religieux. Quand Morsi s’adressait à un auditoire, les islamistes radicaux étaient assis à la première rangée, il démontrait par là que ces gens constituaient sa base politique.

Afin de renforcer le soutien de cette base radicale, Morsi libéra les membres de Gamaa-al-Islamiyya, groupe fondé par le cheikh aveugle, Omar Abdel Rahman, qui participa à la première attaque du World Trade Center. Ce groupé, classé comme terroriste par les USA, fut responsable du massacre de 60 touristes à Louxor en 1997. Cela n’empêcha pas Morsi de nommer l’un de ses membres Gouverneur de Louxor, passant outre l’objection des résidents, dont la survie dépend du tourisme. Cela ne le gêna pas non plus de nommer au poste de Ministre de la Culture un autre membre de cette organisation terroriste. Avec ces décisions, Morsi asséna le coup de grâce à l’industrie du tourisme en Egypte.

Et si les gens n’ont pas envie de venir en Egypte, comment pourraient-ils investir ?

Les Frères musulmans, apparemment, ne voulaient plus de touristes occidentaux en Egypte, même s’ils représentent une importante source de devises. Il semblerait que le Cheikh Hazem Salah Abu Ismail, un islamiste ultra-conservateur et membre de la confrérie, avait demandé à Morsi de ne plus permettre aux touristes occidentaux de venir en Egypte et de les remplacer par des touristes des pays musulmans. Ainsi, les purs musulmans n’auraient pas été souillés par les impurs occidentaux. (Hélas, ils ne rappellent pas les « purs » musulmans d’Occident en terre d’islam).

La vie sous Morsi devenait de plus en plus dure. Pour de nombreux Égyptiens  le manque de nourriture, d’eau, d’électricité, de médicaments, constituait la norme quotidienne. En réponse aux doléances, Morsi apparaissait à la TV et demandait au peuple encore un peu de temps, de patience, 10 ou 15 ans …

Au fur et à mesure que Morsi conduisait son pays vers un fossé civilisationnel, certains commencèrent à se rebeller. Un mouvement d’opposition, appelé « Tamarud » (rébellion) mobilisa 30 millions de personnes. Ils occupèrent les rues d’Egypte et demandèrent le renversement de Morsi et de son gouvernement d’islamistes radicaux.

Leur but, des plus légitimes, était d’enlever les commandes du pays des mains de ce groupe de fous fanatiques qui allait apporter la famine à l’Egypte et faire revenir le pays à l’âge des ténèbres.

Afin d’éviter la guerre civile, l’armée égyptienne destitua Morsi et nomma un gouvernement provisoire avec l’aide de l’Université d’Al-Azhar, l’autorité islamique la plus respectée de l’islam sunnite, du parti El Nour (un groupe ultra-conservateur), de l’Eglise copte, et d’un certain nombre de partis laïques.

Comme c’était à prévoir, les Frères musulmans ripostèrent par les menaces et les violences, en ciblant particulièrement les plus faibles : les Chrétiens coptes, que personne ne protège et que la « communauté internationale » ignore et méprise.

Des membres de la confrérie tuèrent une petite fille chrétienne copte dans la rue, alors qu’elle sortait de l’église pour rentrer à son domicile. Ils décapitèrent un commerçant chrétien et abattirent un prêtre dans le Sinaï. ils exhibèrent trois religieuses nues dans les rues, comme des trophées de guerre. Ils incendièrent les commerces chrétiens, des églises, notamment d’anciennes églises de la haute Egypte. Leur but était de terroriser les Chrétiens et effacer tout signe du passé chrétien en Egypte (exactement comme les Palestiniens – avec l’aide active des européens de l’UNESCO – avec le passé historique du peuple Juif sur sa terre ancestrale). C’est une obsession : anéantir toute trace de l’histoire des peuples non musulmans. Vous verrez, ils le feront aussi en Europe, en France.

Détruire l’espoir d’un avenir meilleur pour le pays ne leur suffisait pas.

Les islamistes massacrèrent également des officiers, des soldats, et des policiers. Mohamet Beltagy, un politicien appartenant aux Frères musulmans, déclara lors d’une interview télévisée que la violence cesserait quand Morsi sera à nouveau président de l’Egypte.

De nombreux Égyptiens aimeraient comprendre pourquoi l’Occident et les USA insistent pour soutenir Morsi au nom de la démocratie. Ce fut le même genre de démocratie, via une élection démocratique, qui amena Hitler au pouvoir en Allemagne et le Hamas à Gaza. L’élection ne représente qu’une petite partie du processus démocratique.
Si le Hamas est sur la liste noire des organisations terroristes en Occident, pourquoi n’est-ce pas le cas des Frères musulmans, leurs donneurs d’ordres, s’interrogent les Égyptiens ?

Au Moyen-Orient, seules une économie forte, l’armée et la police sont les garants de la stabilité. L’Egypte fut le premier pays arabe à choisir la voie de la paix avec Israël. L’Egypte est le centre nerveux du monde arabo-islamique. Les USA ont tout intérêt à avoir une Egypte stable, moderne et prospère. L’Egypte ne peut devenir une autre Somalie ou un autre Afghanistan contrôlée par ses propres Talibans.

Pourquoi l’Occident et les USA ne veulent-ils pas le comprendre ? Pourquoi manifestent-ils leur soutien aux Frères musulmans ? Pourquoi l’Occident et les USA veulent-ils s’ingérer dans les affaires intérieures d’un pays souverain, contre la volonté de son peuple qui a compris son erreur de choix démocratique et a pris son destin en main pour le corriger ?

lundi 26 août 2013

A QUOI JOUE L'OCCIDENT DANS LE PRINTEMPS ARABE ?

Article paru dans : 
Kapitalis 
Agoravox

Les EU et l'UE semblent cacophoniques chez les "arabes" ... 
à moins qu'ils jouent une partition, de laquelle les peuples "arabes" sont exclus !

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Le Tartour Hollande vient en aide à l'oncle Sam

L'attitude occidentale face aux révolutions arabes est pour le moins étonnante et risque de laisser des traces profondes. Alors que les Etats-Unis et l'Europe font la guerre au terrorisme islamique, alors que la France a combattu, à juste titre au Mali, les islamistes; ces mêmes pays ont soutenu et continuent de soutenir les islamistes au pouvoir en Egypte en Syrie et en Tunisie !
Ils vont, bien sur, répondre deux choses :
- la première est que ce sont les peuples qui ont choisi, dans des élections libres, d'être gouvernés par des islamistes,
- la seconde, c'est que ces islamistes sont des "islamistes modérés" et qu'ils acceptent le jeu démocratique.

Sur ces deux points, l'analyse occidentale est complètement fausse et ne tient absolument pas compte de la volonté réelle des peuples.
En effet les islamistes ont été élus ... et nous ne chipoterons pas sur les conditions de ces élections, bien que les partis islamistes aient bénéficié d'aides financières et de propagande, notamment du Qatar; créant une véritable rupture d'égalité entre les partis.

Mais admettons que ces élections aient été régulières. Il n'en demeure pas moins qu'une fois élus, ces islamistes se sont comportés de manière totalement contraire aux règles élémentaires d'une véritable démocratie en favorisant la violence (voir les Ligues fascistes en Tunisie, les attentats contre des politiques, contre des artistes, contre des journalistes, contre le patrimoine religieux, etc ...)

Par ailleurs si les occidentaux avaient été tant soit peu attentifs, ils auraient su très vite que les islamistes tenaient un double langage en application d'une règle admise par les "frères musulmans" appelée "taqiya" (le mensonge dans l'intérêt de la confrérie), que leur propos sur la démocratie et les droits de l'homme étaient pour la façade et qu'ils avaient un autre agenda : placer leurs hommes partout pour installer une véritable dictature théocratique.

Qu'on ne vienne pas nous soutenir que les services secrets ni les chancelleries occidentales, n'ont pas entendu les cassettes et vidéo qui circulent sur les réseaux, établissant avec certitude le double langage des dirigeants islamistes !

Quant à la Tunisie, les pouvoirs occidentaux ont fait mine de croire à cette fable de la légitimité « perpétuelle » de l'Assemblée Constituante, alors qu'elle n'a été élue que pour un an; et que personne n'a jamais expliqué comment une assemblée élue pour un an pouvait se maintenir au delà de ce délai. Et là, les démocrates occidentaux, donneurs de leçon de démocratie aux égyptiens qui ont chassé un président élu pour 4 ans, ne pipent mot sur cette flagrante entorse à la démocratie par l'islamiste "modéré" et "démocrate", Ghannouchi comme le soutiennent la France, l'Allemagne et les américains qui s'incruste au delà du mandat d'un an, accordé aux constituants !
Quant à la fable de l'islamisme modéré, comment les occidentaux ont-ils pu y croire ? Un parti fondé sur la religion ne peut qu'être totalitaire. Comment parlant au nom de Dieu, pourrait-il tolérer une autre vision ? Comment pourrait-il accepter vraiment et loyalement des compromis ? Est-ce par peur d'être taxés d'islamophobes, que les occidentaux rechignent à critiquer les islamistes ? Ce que ceux-ci savent parfaitement pour en jouer. 
A moins qu'il y ait d'autres intentions inavouables !
Un parti politique, fut-il islamiste, doit pouvoir être critiqué comme tout parti politique ... sans encourir de violence ou de mise à mort ! Dés lors qu'il refuse pour des raisons religieuses la critique ou le débat contradictoire, c'est qu'il est fascisant ... d'autant qu'il détient sa Vérité d'Allah !

Les faits ont montré suffisamment que cela n'était pas possible. Les islamistes sont-ils en mesure de s'opposer aux radicaux avec efficacité ? Bien sûr que non car dans leur propre parti il y a, ne nous voilons pas la face, des fanatiques violents; et pour se maintenir au pouvoir ils ont besoin de la frange radicale et violente ... dont ils jouent puisqu'elle constitue leur bras armé ! Il faut savoir que dans le salafisme qui fonde tous ces partis islamistes, il y a toujours plus radical et plus extrémiste que soi !
Comment dans ces conditions pourraient-ils lutter avec suffisamment de fermeté ? Alors s'il était normal d'accepter dans un premier temps le verdict des urnes, le maintient de l'appui apporté après les nombreuses et graves dérives, ont constitué de la part des occidentaux une faute grave.

Cette attitude va laisser des traces car la société civile en Tunisie et en Egypte ne comprend pas l'attitude des EU ni celle de l'Europe. L'Egypte alliée traditionnelle des EU vient de leur faire savoir, et avec fermeté, qu'elle se passerait au besoin de son soutient si ce pays persistait à condamner l'action de l'armée voulue par plus de 80 % de la population Égyptienne. Elle se retournera vers d'autres au besoin ! Et ceux qui auront le plus à perdre, ce seront les EU.

Quant aux tunisiens qui ont des rapports privilégiés avec l'Europe et notamment avec la France, il est clair qu'ils ne veulent plus des islamistes après l'expérience faite. Ils garderont une dent contre François Hollande qui a, qu'il le veuille ou non et malgré les subtilités du langage, apporté une aide aux islamistes. Les Tunisiens auront du mal à lui pardonner.

La position de l'Europe devrait être de soutenir les progressistes et d'éviter des partis religieux; à moins que la laïcité ne soit bonne que pour les occidentaux mais pas pour les peuples « sous développés » !

Par ailleurs, comment traitent-ils encore avec un pouvoir illégitime juridiquement, moralement et politiquement depuis le 23 octobre 2012 ?

D'ailleurs, comment comprendre que l’Occident partage quelque chose avec des pays dominés par des pétro monarchies qui n’ont jamais eu de Constitution, qui n’ont pas de partis politiques d’opposition, qui n’ont pas de syndicats, où les droits de l’homme ne sont pas respectés ?
Comment comprendre que l’Occident, puisse croire un seul instant, que les petro monarques apporteraient la démocratie dans les pays du printemps arabe, comme ils le prétendent ?
Comment comprendre cela et comment l’expliquer ? Avec une mention particulière des amitiés spéciales qui lient la France aux deux grands pétro monarques; puisque Chirac était l'"ami" du roi Ibn Saoud et Sarkozy celui de l'émir du Qatar ... quant à François Hollande, il a tenté de garder ses distances de l'émir, pour se démarquer de son prédécesseur; jusqu'à ce qu'il tombe en disgrâce par les américains, et se tourne alors vers son frère ennemi, le roi d'Arabie, peut-être par amitié pour Chirac ou par pression de la part du monarque au nom de la realpolitik ? Autrement comment expliquer la machine arrière de la France dans la sanction européenne à infliger au général Al Sisi jugé "antidémocrate"; alors qu'il libère les égyptiens de la dictature que mettent en place le pharaon Morsi et ses "frères musulmans" et qui persiste à soutenir la légitimité des "fréres musulmans" en Egypte; tout en soutenant leurs "frères" en Tunisie illégitimes depuis le 23 octobre 2012 ?

Comment comprendre l'attitude de l'Occident envers Israël qu'il considère comme un modèle et un exemple de démocratie ... et de civilisation, alors que c’est un pays sioniste, agresseur, belliqueux et raciste ?
Pourtant, le Palestinien qui essaie de retourner dans sa patrie et qui voudrait avoir droit à la même résolution des Nations-Unies qui accorda un permis de vivre à Israël, qui aurait dû être accordé aussi aux Palestiniens; est persécuté, traité en tant que terroriste et assassiné par Israël.
Comment comprendre que l’Occident soutienne cela ?

Comment expliquer tout cela ? C'est à se demander si l'occident en général et les américains en particulier, ne traitent pas les peuples dits "arabes" non seulement comme vassaux mais aussi comme des eunuques intellectuels !
Faut-il rappeler que l'Occident avait soutenu les dictateurs que leurs peuples avec beaucoup de courage et de sacrifices ont fini par démettre !

Et voilà que l'Occident refait la même erreur en soutenant des régimes islamistes qui ne cachent plus leur totalitarisme, leur fascisme pour remplacer les anciennes dictatures par de nouvelles, théologiques celles-ci ... comme si l'expérience iranienne ne lui avait pas suffit !

Les occidentaux font comme si rien n'a changé au niveau des peuples, comme s'ils n'ont pas pris conscience des valeurs qu'ils leur refusaient, comme si les indignés ne sont pas entrés dans le jeu politique, comme si les forces nationalistes qui prônent la souveraineté, l’indépendance, la liberté, la revendication des richesses nationales au profit du peuple n'entrent pas en compte; tant il est aveuglé par son désir d'hégémonie pour contrôler leurs richesses et plus particulièrement l'or noir; au mépris de ses grandes valeurs héritées du siècle des Lumières !

A moins que dans son mépris pour les peuples considérés comme d'éternels sous-développés, il estime qu'ils n'en sont pas dignes !

Je crois que les EU et l'Europe devraient être beaucoup plus attentifs qu'ils ne le sont, à la réelle volonté des peuples; et surtout militer pour ceux qui partagent leurs valeurs et pas pour ceux qui de toute évidence n'en partagent aucune.

A persister dans ce soutient aux islamistes, ils vont se couper durablement de ces sociétés, car après avoir soutenu des dictateurs aux mépris de toutes leurs valeurs, le soutient qu'ils apportent encore aux islamistes, également contrairement à leurs prétendus valeurs, va définitivement les couper de ces peuples.

On peut ajouter que la presse est, elle aussi, souvent aveugle et qu'elle est d'ailleurs très contestée dans ces pays. Un exemple récent est très significatif : Le monde dans son édition électronique du 21 août a publié un article de Jean Michel Le Tallec qui décrivait de manière très exacte - je puis en témoigner - la situation actuelle crée par les islamiste en Tunisie. Trois heures après, cet article était censuré. Sous quelles pressions ?
Un procédé choquant car si la rédaction n'était pas d'accord avec l'analyse du journaliste elle pouvait faire une critique mais ne pas le retirer ainsi à la lecture.

Cet incident a d'ailleurs fait le buzz sur le réseau; et à très juste titre.

Rachid Barnat

dimanche 25 août 2013

Ettakatol est "grand" et Ahmed Mestiri est son prophète

QUAND LES JEUNES FONT LA REVOLUTION ...
ET QUAND LES VIEUX SOIGNENT LEUR EGO !

Hisham Ben Khamsa









Hisham Ben Khamsa
Directeur de Festival de Films, Media activiste
Vingt mois après des élections qui devaient nous donner une constitution en un an, le gouvernement de la troïka n'en finit pas de s'accrocher à sa légitimité des urnes malgré un bilan désastreux. Rien qu'en 2013, cette même troïka nous a donné, entre autres, deux assassinats politiques, un lynchage publique, des soldats qui, quand ils ne sautent pas sur des mines, sont égorgés par des terroristes dans des embuscades, un Dinar qui a atteint des abysses historiques, des déclassements en série de nos notes souveraines par les agences de notation internationales et même un cinéaste et un cameraman jetés en prison. Le premier pour avoir lancé un œuf sur le ministre de la Culture en guise de protestation et le second pour avoir filmé cet acte dangereusement et hautement subversif.
Cette même troïka refuse de reconnaitre son échec et n'esquisse même pas un semblant de mea culpa. Sa seule réponse aux différentes crises qui font trembler cycliquement le pays est "on reprend les mêmes et on recommence", quitte à déguiser cela par des formules qui ne trompent plus personne.
Depuis quelques jours et après une très, très longue période de quasi-silence et un suivisme exemplaire, voici qu'Ettakatol essaye de se démarquer de la troïka. Il recycle son concept de Gouvernement d'Union Nationale en changeant de terminologie. Pas de gouvernement de compétences comme le veut l'opposition unifiée mais un gouvernement non politique avec, à sa tête, une personnalité nationale.
Bourguiba, dénominateur commun de la troïka
Mais avant d'aller voir qui pourrait être cette personnalité nationale (selon Ettakatol), il serait intéressant de comprendre ce qui a créé cette coalition hétéroclite qu'était la troïka. Quel est l'élément fédérateur, le liant politique qui fait que trois partis aux idéologies si éloignées décident de se coaliser pour gouverner un pays, au-delà de leur soif avérée de pouvoir.
J'ai bien cherché dans toutes leurs déclarations et actes depuis leur accession aux commandes du pays et le seul plus petit commun dénominateur est ... Bourguiba ! Pour certains, c'est Bourguiba le projet et, pour d'autre, c'est Bourguiba la personne.
Prenons les trois courants séparément et vous constaterez les signes de ce que j'avance.
Pour Ennahdha, le rejet total de Bourguiba et de l'état moderne qu'il représente a été résumé dans une phrase qu'il aurait tenue. A la question "qu'est ce qui vous sépare des Islamistes?", l'ancien président aurait répondu, "quatorze siècles". Est-il nécessaire de pousser l'analyse plus loin?
Pour le CPR, ou ce qu'il en reste et ce qu'il en a échappé sous format Wafa, la seule pensée politique semble être "je suis furieux et j'exige qu'on me respecte et qu'on comprenne que j'ai de la valeur et tout ça est de la faute de Bourguiba et de ses cinquante ans de dictature". Tous ces hyper-énervés et autre agités du bocal ne se rendent même pas compte de leurs incohérences.
Voulez-vous un exemple? En voila cinq: Moncef Marzouki, Abderaouf Ayadi, Imed Daimi, Slim Ben Hamiden et l'inénarrable Samir Ben Amor.
Toujours pas convaincu et vous voulez des faits? Moncef Marzouki réhabilite à tours de bras tous ceux qui, de prêt ou de loin, ont eu affaire à Bourguiba. Pour certains, le geste est admirable et les droits retrouvés sont largement mérités, mais quel insulte que de les mettre dans la même catégorie qu'un Moncef Materi, putschiste et officier félon qui, en 1962, n'avait rien d'un héros de l'indépendance.
Peu importe qu'il soit le père de Sakhr Materi et l'un des hommes les plus corrompus de l'ère Ben Ali. Il a été contre Bourguiba, et c'est donc un type bien. Après la révolution, on invite sa fille et sa femme dans une cérémonie de commémoration et on leur remet une médaille qu'on lui aurait volontiers remise en mains propres s'il n'était pas en fuite à l'étranger et recherché par la justice.

On s'accroche d'une manière désespérée à l'héritage de Salah Ben Youssef et on s'affiche avec, à toutes les sauces, au point que la famille du défunt sorte un communiqué disant "Stop à la récupération abusive du nom de notre père", mais qui, en fait, sous-entend: "De grâce, arrêtez, ça devient embarrassant!".
Oui mais Ettakatol, direz-vous? Ce sont des centristes, modernistes, nationalistes et laïques. Comment peuvent-ils être contre le projet Bourguiba? Ils ne sont pas contre le projet mais certains de leurs dirigeants dans le premier cercle ressassent de vieux griefs contre la personne. Il suffit de regarder ce que, au cours de la dernière année, les pages proches du parti ont partagé - ou pas.
Quand Ennahdha et le CPR zappent clairement le 20 mars, fête de l'indépendance, Ettakatol salue exclusivement le grand militant Tahar Ben Ammar, premier ministre en 1956 et signataire des accords d'indépendance, rappelant qu'il a été mis en prison par Bourguiba mais omettant de dire que les dirigeants nationalistes de l'époque, et non uniquement Bourguiba, avaient considéré tous les premiers ministres de Lamine Bey comme collaborationnistes avec l'occupant, surtout ceux n'ayant pas soutenu Moncef Bey, le Prince patriote, lors de sa destitution.
A-t-on déjà oublié que, le 25 juillet dernier, Mustapha Ben Jaâfar a célébré la Fête de la République, du haut de son perchoir du Bardo, avec un superbe discours de douze minutes pendant lesquelles il n'a pas cité une seule fois Bourguiba?
Si l'on suit de prêt ce qui se partage chez les fans du Tak, on voit clairement une tendance se dessiner. Bien plus qu'une tendance, on voit l'ombre d'un personnage qui apparaît systématiquement. Un peu comme Ennahdha, avec son gourou.
Voila qu'un nom est mis en avant comme l'homme du consensus, la personnalité nationale et indépendante qui sauvera le pays. Le militant au parcours irréprochable. L'opposant à... Bourguiba. Vous l'avez deviné, il s'agit d'Ahmed Mestiri!
Mestiri, homme providentiel?
On glisse son nom par ci, par là. On partage sur Facebook son long résumé en mettant en avant son pedigree de Tunisois : "Fils de Taher Mestiri et Khadija Kassar, en 1956, épouse Souad Chenik (fille de M'hamed Chenik et Essia Chelbi)". Peut-on y lire une forme de revanche de cette même bourgeoisie propriétaire terrienne, tenante de l'administration beylicale et qui s'est fait évincée à l'indépendance par les "Sahéliens"?
Sur le même CV, peu importe si ses faits d'armes et ses "actes d'héroïsme" ont été fait par association et en usant excessivement de "name droping". Peu importe si l'on prend quelques libertés avec l'histoire.
Jugez par vous-même les faits suivants tels que je les ai copiés-collés:
"1942, Membre de la Cellule Destourienne de La Marsa en compagnie de Taieb Mehiri...
- collabore avec Bahi Ladgham et Hédi Nouira à l'hebdomadaire "Mission", organe en langue française du Néo-Destour (interdit en 1952)
- 01/1952 - 06/1955, Membre de la direction transitoire clandestine du Néo-Destour (Bureau Politique) chargée de la résistance avec Farhat Hached, Sadok Mokaddem, Mongi Slim, Hédi Nouira , Hédi Chaker, Jellouli Farés , Taieb Mehiri, Mohamed Senoussi, Abdallah Farhat , Tahar Amira et Mokhtar Attia
- 01/1952 - 07/1954, il est chargé par le Bureau Politique d'organiser et superviser les actes de résistance en collaboration avec Mohamed Derbal, Belhassine Jrad, Abdelaziz Chouchene, Yousssef Bel Haj Frej, Habib Bellalouna, Hassen Ben Abdelaziz, Sadok El Matourchi, Taieb Ben Belgacem, Houssine Bouzaiane, Taieb Cherif et Hassen Lanouar
- échappe à une tentative d'assassinat par l'organisation terroriste française "La Main Rouge" qui a sévi à la fin du Protectorat, et qui a assassiné de nombreux patriotes dont le Dr. Abderrahmane Mami, le leader destourien Hédi Chaker et le leader syndicaliste Farhat Hached".
Vous remarquerez que jamais Bourguiba n'est cité. Le comble du révisionnisme ayant été atteint le 13 août dernier, quand, pour la fête de la Femme, les pages Tak sur Facebook ont partagé des bribes de son discours lors de leur congrès sous le titre "L'architecte du code du statut personnel".
Je n'ai rien personnellement contre monsieur Ahmed Mestiri et au fond, je ne sais pas grand-chose sur lui autre que ce qui est connu de son parcours honorable, que ce soit au PSD ou au MDS. J'ai demandée à quelques anciens qui l'ont connu ce qu'ils pensent de lui. Les avis sont unanimes: C'est un homme de principes, d'une grande probité mais têtu et psychorigide.
Est-ce là les qualités requises d'un chef de gouvernement pour finaliser cette transition qui dure? Tous ceux qui connaissent, de pas trop loin, la cuisine interne du Tak, vous diront que bien plus que Ben Jaâfar, Mestiri est le théoricien des accords avec Ennahdha. Ce point là, pour moi, est éliminatoire.
J'ai aussi relevé dans son super CV, un autre point éliminatoire: "01/1974, proclame son appui au projet de fusion de la Tunisie et de la Lybie". Bon, je m'arrête, au moins par égard pour les trois sympathisants de Mustapha Ben Jaâfar qui n'ont pas encore décroché, en pensant que mes élucubrations ne sont que de l'anti-takkatolisme primaire.
La reconnaissance du ventre
Dans le fond, ce papier n'est ni à propos d'eux, ni à propos de Bourguiba. Il est à propos de la classe politique tunisienne en général et des gens qui sont au pouvoir en particulier. Il est à propos de la première révolution du XXIème siècle qui a été détournée par des politiciens qui mènent encore des combats révolus du XXème siècle. Des combats anachroniques datant des années 1950, 1960 et 1970.
Il n'est pas à propos de la dichotomie modernistes / conservateurs ou démocrates / non-démocrates, mais à propos de la simple dichotomie générationnelle vieux / jeunes.
Ces jeunes qui ont fait une révolution pour avoir droit à un travail et à un salaire dans la dignité et qui, au lieu de cela, voient des politiciens opportunistes, ignares, insatiables et revanchards se servir de manière indécente sous couvert que c'est leur tour, en n'ayant même pas la reconnaissance du ventre envers ceux qui ont pris tous les risques pour eux. Des politiciens qui au-delà des gesticulations et des aboiements devant les caméras de télévision, n'ont aucune volonté de changer le Statu Quo Ante.
Faut-il une vraie révolution, sanguinaire cette fois, pour expliquer à ces pseudo-centristes mollassons que la priorité n'est pas de trouver un consensus au sein de la classe politique mais de prendre des mesures radicales qui permettent aux laissés-pour-compte de rejoindre les vivants ?
A moins qu'il ne faille d'abord leur expliquer le sens et les raisons d'une révolution!

samedi 24 août 2013

L’Occident joue avec le feu en Syrie


Au cours de cette conversation avec Resumen Latinoamericano, Kabchi met en évidence la complexité des problèmes liés au Proche-Orient. Mais il a le mérite d’analyser le monde arabe suivant une approche de gauche et anti-impérialiste, et en même temps d’expliquer ce qui se passe de façon simple et toujours en pointant du doigt le pays qui génère les conflits dans cette partie du monde : les Etats-Unis.
La crise interne qui dure depuis plus de deux ans en Syrie sera l’une des questions principales durant cette interview. Kabchi parlera aussi de la situation au Liban, pays dans lequel il existe un réel danger de contagion du conflit syrien, provoqué notamment par des groupes terroristes financés par Washington et ses alliés afin de renverser le gouvernement du président Bachar Al Assad. L’attitude de l’organisation politico-militaire Hezbollah, la réalité de l’Egypte, et les différences entre la Libye et la Syrie seront aussi présentes dans ce dialogue éclairant.

                                                                          ***

Quelle analyse peut-on faire sur la situation en Syrie, après plus de deux années d’agressions contre ce pays ?
La Syrie est aujourd’hui l’objet d’une conjuration internationale. 
- Premièrement : face aux plans impérial-sionistes et de la droite arabe, la Syrie fait partie d’un système que nous, au Moyen-Orient, appelons un système de résistance. C’est-à-dire, elle résiste aux plans impérialistes, sionistes et de la droite arabe dans la région. Comment détruire ce pays pour ensuite s’occuper d’un autre maillon de la chaîne, formée par l’Iran, l’Irak après le départ des américains, le Liban, la Palestine, etc.
- Deuxièmement, il y a un objectif constant pour l’Occident au Moyen Orient : l’existence, la sécurité et l’expansion de l’Etat d’Israël. La Syrie, comme l’Iran, s’avère être un obstacle pour atteindre ce but.
- Troisièmement, il y a l’exploitation des richesses nationales dans le monde arabe, et la Syrie est également un obstacle sur le chemin. Le pétrole, le gaz, les pétrodollars qui sont recyclés pour les sociétés occidentales, accablées par une crise économique structurelle et internationale. La Syrie représente aussi un chaînon manquant dans la chaîne que les Etats-Unis et l’Otan veulent construire face à la Russie et la Chine. Si l’on jette un coup d’œil à la carte du monde, on trouvera une chaîne de bases militaires qui s’étendent depuis la mer de Barent jusqu’à la Turquie, et ensuite elle atteint le Golfe Persique. Si l’on regarde vers l’Orient, on voit les Philippines, la Corée du Sud, Taïwan, Guam, et même le Japon. L’ensemble de la chaîne se trouve brisée, en quelque sorte, par la Syrie, le Liban, l’Iran et l’Irak. En détruisant la Syrie, on crée pratiquement un système complet de bases militaires autour de la Russie et de la Chine. Ce n’est pas la peine d’expliquer pourquoi les Etats-Unis veulent encercler la Russie et la Chine, des pays considérés émergents dans le monde. Émergents dans un moment où l’impérialisme occidental, néolibéral et capitaliste se trouve en déclin. 

Ce sont quelques-unes des raisons fondamentales expliquant comment cette Syrie courageuse, avec l’unité de ses dirigeants, de l’armée et du peuple, a réussi à tenir tête à une conjuration internationale de presque trente pays du monde, et à un terrorisme international que l’Occident dit combattre, mais qu’en réalité il encourage, arme, en lui offrant une couverture et une légitimité en Syrie.

Comment peut-on expliquer cette unité du gouvernement, du peuple et de l’armée en Syrie ?
J’accuse l’opposition vénézuélienne d’être toujours prête à extrapoler des circonstances d’autres pays, d’autres situations spécifiques et d’autres réalités, au Venezuela et de les encourager, bien que les conditions ne soient pas les mêmes. C’est l’une des erreurs de l’Occident par rapport à la Syrie. Ils ont pensé que la Syrie et la Libye représentaient la même chose, et que la Russie et la Chine auraient une attitude faible, comme cela fut le cas en Libye. Or, Mouammar Al Kadhafi n’est pas Bachar Al Assad, la Libye n’est pas la Syrie, et la situation internationale de la Syrie est différente aussi. Kadhafi fut la victime de ses propres erreurs, provoquées par ses fils. Les dernières années de sa vie, Kadhafi suivit une orientation politique conduite par ses fils, notamment par Saif Al Islam. Il ouvrit les portes à l’Occident, augmenta ses échanges avec les Etats-Unis de 300 millions de dollars à presque 7 milliards de dollars, il ouvrit ses portes aux pays de l’Otan en Europe. Pas seulement en fournissant du pétrole mais également en offrant de l’argent aux candidats présidentiels et premiers ministres européens, ce que tout le monde sait aujourd’hui.

Si cela ne suffisait pas, le pétrole que Kadhafi avait nationalisé dans les années soixante, fut mis à nouveau à la disposition des grands consortiums internationaux. Il y eut une double rupture en ce qui concerne la réalité dans ce pays. D’abord, il y eut une rupture entre le Kadhafi du vingt-et-unième siècle et celui du vingtième. Ensuite, une rupture par rapport à son parcours politique : le Kadhafi nationaliste, progressiste et rassembleur fit place à un pragmatisme en politique internationale. Et l’impérialisme ne pardonne pas, n’a pas d’amis, l’impérialisme a des vassaux ou des ennemis. Il utilise son vassal comme un objet jetable et il fait tout pour détruire son ennemi. 
En Syrie, la situation est différente, en raison de sa position historique, par le parcours du parti au gouvernement, du président, de l’armée et du peuple. Vingt-huit mois de résistance à une offensive internationale des pays les plus dangereux - ainsi que des groupes terroristes - que l’histoire et le genre humain aient jamais connus, c’est la meilleure preuve qu’en Syrie il y a quelque chose de différent que l’on ne retrouve pas ailleurs.

Comment expliquer la position des Etats-Unis et de leurs alliés européens face à ce qui se déroule au Moyen-Orient ?
Comment comprendre le fait que l’Occident partage quelque chose avec des pays qui n’ont jamais eu de Constitution fixant leurs réalités, qui n’ont pas de partis politiques d’opposition et non plus au gouvernement, n’ont pas de syndicats, où les droits de l’homme ne sont pas respectés ? Ce sont ces pays qui sont les alliés de l’Occident, du même Occident qui dit vouloir apporter la démocratie au Moyen-Orient. Comment comprendre cela et comment l’expliquer ?

Parlez-vous des monarchies du Golfe Persique ?
Je parle d’une série de monarchies ou dictatures imposées par les Etats-Unis et l’Otan au Moyen-Orient durant les dernières cinquante années. Comment considérer Israël comme un modèle et un exemple de démocratie et de civilisation tandis que c’est un pays complètement agresseur, belliqueux, raciste, exclusiviste et excluant ? Pourtant, le Palestinien qui essaie de retourner dans sa patrie et qui voudrait avoir droit à la même résolution des Nations-Unies qui accorda un permis de vivre à Israël, et qui aurait dû être accordé aussi aux Palestiniens, est persécuté, traité en tant que terroriste et assassiné par Israël. Et l’Occident soutient cela.

C’est difficile à admettre, mais ces valeurs et ces principes sont complètement disparus, pas seulement dans les territoires du Moyen-Orient, mais aussi dans les médias internationaux. Comment est-il possible que des gouvernements occidentaux, comme celui d’Obama, de Sarkozy à l’époque, de Cameron, de Merkel, puissent dire à un pays que son chef d’Etat, élu par le peuple, est illégitime et qu’il doit partir ?

La Syrie est aujourd’hui l’objet d’une conjuration internationale où l’on fait appel à tout, sauf à la démocratie, aux libertés publiques et aux droits de l’homme, parce que, au cours des derniers vingt-huit mois qui se sont écoulés depuis le début de l’agression à la Syrie, l’on ne trouve pas un pays au Moyen-Orient qui ait avancé autant de réformes constitutionnelles, autant de transformations en faveur du respect des droits de l’homme et des libertés publiques, comme le gouvernement syrien. Qui a eu accès à ces informations ? Qui a dit au gouvernement syrien : « C’est bien fait, c’est un geste fort pour une meilleure démocratie », celle qu’ils prétendent apporter ? Personne.

Les combats en Syrie peuvent-ils se déplacer au Liban ?
Depuis les premiers jours de l’agression internationale en Syrie tout le monde a prévenu l’Occident : jouer avec le feu en Syrie pourrait enflammer les pays voisins, surtout la Turquie, qui s’est embourbée dans le terrain marécageux de l’agression contre la Syrie. On nous avait prévenus : ce qu’ils essaient de mettre en place en Syrie, c’est le gouvernement des Frères Musulmans, ces islamistes récalcitrants qui ne connaissent de l’Islam que le nom, pour s’en servir dans leurs tentatives de prendre le pouvoir.
Est-ce le fruit du hasard ? Ceux qui avaient dit que le président Assad allait durer deux ou trois semaines et qu’il partirait, sont partis les premiers ? Comme Madame Clinton ? Ou comme Monsieur Sarkozy, rejeté par le peuple français ? L’Europe et la Turquie, et le problème qui existe dans ce pays, qui menace d’augmenter en proportion, dû à son importance par la proximité des centres de décision européens, peuvent également être atteints par les flammes de la guerre et de la confrontation. L’un des objectifs de la conjuration en Syrie c’est d’affaiblir l’organisation nationaliste de résistance au Liban, le Hezbollah. Une organisation qui ne commit jamais un seul acte terroriste, qui a seulement résisté à un Israël agresseur.
Pourtant, ces grands civilisateurs et démocrates de l’Occident considèrent le Hezbollah comme une organisation terroriste. Quelle est sa faute ? Repousser l’agression israélienne. L’agresseur devient un civilisateur démocrate et l’agressé passe pour le méchant terroriste. Voici le regard de l’Occident sur les peuples du Moyen-Orient. La vérité c’est que les gouvernements qu’ils avaient imposés au Moyen-Orient, comme en Egypte, sont tombés en moins d’un an. En Libye, il y a une angoisse totale, les pays du Golfe ont leurs propres problèmes, des changements structurels.

Pensez-vous que le Hezbollah aura un rôle décisif pour contenir l’arrivée des terroristes au Liban ?
Les problèmes au Moyen-Orient sont très complexes et il faut être très familiarisé avec les sujets. Je suis Libanais chrétien et en même temps je suis du côté du Hezbollah, non pas parce qu’ils l’accusent de terrorisme, mais pour sa lutte de libération au Liban. Après avoir libéré notre territoire, nous les Libanais pouvons continuer à vivre comme nous vivons depuis des milliers d’années.
Mais il y a un danger imminent pour le Liban, venant de ceux qui disent qu’ils veulent l’apaisement et le calme au Moyen-Orient. Mon pays d’origine était un exemple de démocratie au Moyen-Orient et ils y apportèrent le chaos. Comment est-il possible qu’un terroriste aux Etats-Unis soit un terroriste, de même que dans le Sud de la France c’est un terroriste, et au Nord du Mali c’est un terroriste, et qu’il faille le combattre en tant que tel ? Mais, dès que ces terroristes se trouvent au Liban et qu’ils sont en train de menacer, pas le Hezbollah, mais notre pays, la Syrie et d’autres nations…pourquoi les aide-t-on ?
Au nom de quels principes moraux, de quels droits, de quel humanisme les aider ? Alors, l’impérialisme nous traite comme il l’a toujours fait, pas seulement en tant que ses vassaux, mais comme des eunuques intellectuels. Alors, par l’intermédiaire de sa presse et de ses cinquièmes colonnes dans nos sociétés, l’on nous vend le noir et le blanc, ou le blanc et le noir. Au Liban, il y a un danger imminent de la part des terroristes, ces mêmes terroristes qui agissent aujourd’hui en Egypte, en Syrie, en Irak. Ils vont tenter de détruire le Liban, la Turquie, la Jordanie, ou encore beaucoup d’autres pays si l’Occident ne change pas sa stratégie et son agenda au Moyen-Orient. Ces terroristes ne travaillent pas seuls. Depuis l’Afghanistan, à l’époque de l’Union soviétique, jusqu’à aujourd’hui, ces terroristes sont protégés, aidés, armés, financés et assistés médiatiquement, avec pour but de massacrer et de faire tomber des gouvernements qui ne sont pas fidèles aux intérêts de l’Occident, que ce soit au Moyen-Orient, en Amérique latine, ou dans le monde entier.

Les Etats-Unis et leurs alliés ont-ils une notion du danger réel de cette situation ?
L’Occident, qui est dans l’erreur dans sa politique au Moyen-Orient, se rend compte qu’il est en train de jouer avec le feu dans une région qui regorge de pétrole inflammable et du pétrole qui est la garantie pour résoudre les problèmes économiques de l’Occident. Aujourd’hui, plus personne ne parle du départ de Bachar Al Assad, plus personne ne parle d’une victoire de ces terroristes internationaux protégés par l’Occident. Que disent-ils, Obama et Kerry, Cameron et les autres ? Qu’est-ce ce qu’ils demandent à présent pour la Syrie ? Continuer à armer et envoyer de l’aide aux terroristes afin d’obtenir un équilibre sur le terrain, pour que ces représentants du terrorisme international aient une carte afin de peser sur la table de négociations… Revenir à ce qu’a proposé le gouvernement syrien au début du conflit. L’on ne peut faire face au problème syrien avec des armes, de la destruction et du sang. La Syrie doit trouver une solution, d’abord entre les Syriens, et ensuite, à caractère politique et pacifique.

Comment pourrait-on expliquer les facteurs qui interviennent aujourd’hui en Egypte ?
Aujourd’hui en Egypte, on ne retrouve pas ces facteurs. Si l’on veut une analyse sincère, profonde et objective, on doit dire qu’en Egypte il existe deux courants, comme on les retrouve dans n’importe quel pays du Proche-Orient. Il existe un courant qui souhaite servir les intérêts de l’Occident, des gens qui sont présentés comme libérateurs et démocrates, ce qui est loin d’être vrai.
Et puis, il y a les forces nationalistes qui prônent la souveraineté, l’indépendance, la liberté, la revendication des richesses nationales au profit du peuple. Combien de fois a-t-on appris que ce gouvernement acquis à l’Occident, celui de Moubarak, qui dura trente années, avait laissé le pays avec plus de 50% de la population en dessous du seuil de la pauvreté ? Qui permit aux Frères Musulmans de prendre le pouvoir ? Cette organisation fut créée en Egypte en 1928. Après quatre-vingt-cinq ans d’une très mauvaise opposition partout dans le monde arabe, ils arrivent au pouvoir. Ce qu’ils avaient réussi à faire échouer durant quatre-vingt-cinq ans d’opposition, ils l’ont mis en place en douze mois : ils ont augmenté la pauvreté, l’analphabétisme, l’économie est tombée, ils se sont occupés d’éliminer l’un des revenus les plus importants de l’Egypte qui est le tourisme…Quand on lit les déclarations de Kerry, on se pose des questions. Kerry a dit que l’armée a dû intervenir afin de redresser la démocratie en Egypte.
Ils auraient pu empêcher leur laquais, Monsieur Morsi, de mettre en œuvre une politique complètement biaisée, avec une Constitution complètement opposée à la sensibilité de l’écrasante majorité des Égyptiens. N’oublions pas que Morsi obtint, lors du premier tour électoral cinq millions et demi de voix, sur un total de cinquante-cinq. Lors du deuxième tour, il obtint onze millions, c’est-à-dire qu’il ne représentait pas la majorité pour faire cette Constitution taillée sur mesure et au service de son parti qui est excluant, à caractère islamique, mais d’un Islam qui n’a rien à voir avec le Coran. C’est un Islam rétrograde qui ne sert qu’aux intérêts politiques d’un secteur de la population.

Kerry et son gouvernement auraient pu empêcher ces manifestations massives qui ont rempli les rues, demander à Monsieur Morsi de mettre en place un gouvernement plus large, car les autres aussi ont des droits, que ce soient les nasséristes, les socialistes, les unionistes, des autres partis. En Egypte, il existe deux façons de voir la politique interne et internationale. Une façon de voir la politique comme une soumission aux intérêts de l’Occident et un autre point de vue, celui de la plupart de la population, qui veut une Egypte souveraine, indépendante, qui puisse mettre au profit ses richesses nationales et surtout, revenir à son rôle historique de leadership au Moyen Orient, et d’équilibre dans une région pleine de contradictions et de conflits locaux.


* Raimundo Kabchi est avocat et un bon connaisseur des questions internationales. Libanais de par sa naissance, depuis 52 ans sa patrie est le Venezuela, comme il le fait remarquer. Durant de nombreuses années, Kabchi a exercé en tant que conseiller du président Hugo Chavez pour les sujets liés au Proche Orient, ce qui fait de lui une référence pour se renseigner sur cette région du monde qui demeure agitée depuis assez longtemps.

mercredi 21 août 2013

Le Tunisie à la veille de la guerre civile

Par Michel Le Tallec, 

Le Monde du 21/8/2013,



La Tunisie se trouve une fois de plus à la croisée des chemins. Mise en place d'un processus électif démocrate, ou dictature religieuse imposée par les Frères musulmans d'Ennahda ?

Le processus enclenché depuis janvier 2011 s'accélère brutalement, avec le meurtre de Mohamed Brahmi, député et fondateur de la Gauche nationaliste tunisienne, deuxième assassinat politique depuis le début 2013, après celui de Chokri Belaid, avocat et président du Front populaire tunisien. Un sit in de l'opposition démocrate se tient tous les soirs, au Bardo, à Tunis, à proximité du siège de l'assemblée nationale constituante tunisienne, depuis une quinzaine de jours. Une manifestation monstre a rassemblé dans Tunis, le samedi 3 août, plus de 450.000 personnes, selon un comptage effectué à partir de données de satellites, par le Pentagone (source CNN). 
Les proches de Chokri Belaid et de Mohamed Brahmi, accusent Ennahda et son leader, le sheikh Rachid Ghannouchi, d'être derrière les assassinats politiques des deux leaders démocrates. Rachid Ghannouchi, vrai maître de la Tunisie, depuis la venue d'Ennahda au pouvoir en 2011, est connu pour ses liens actifs avec le FIS, parti des islamistes algériens, et s'est impliqué directement dans des attentats en Tunisie, sous Ben Ali. La frontière entre les Frères musulmans et les mouvances islamistes extrémistes, dont les djihadistes d'Al Qaida, est poreuse.

Les Frères musulmans, que ce soit en Tunisie ou en Egypte, ont un contact permanent avec le bras armé islamiste que représentent ces mouvances pratiquant la violence au nom de l'islam. Quant à Hamadi Jebali, secrétaire général d'Ennahda, il faut rappeler que c'est un islamiste pur et dur, et que, comme Rachid Ghanouchi, il veut pour la Tunisie une dictature religieuse basée sur une shaaria restrictive et liberticide, particulièrement à l'égard des femmes, ramenant l'islam aux interdits du VIIe siècle. Dénonçant la mobilisation actuelle de l'opposition démocrate, Hamadi Jebali veut donner le change : 
Ce n'est pas seulement la Tunisie qui bouge, c'est une même tendance, un même cyclone, partout à l''uvre, en Egypte, en Libye ou au Yemen, voire même en Syrie, pour liquider le Printemps arabe'

Synthèse réductrice, et qui assimile le Printemps arabe aux Frères musulmans portés au pouvoir en Egypte et en Tunisie. Les islamistes d'Ennahda n'étaient pas parmi les révolutionnaires de janvier 2011, à Tunis. Ils se sont montrés après, cueillant les fruits de la révolution tunisienne, de la même manière que cela s'est passé en Egypte. Une majorité qui ne connaissait même pas les détails de leur programme d'islamisation, mais qui leur faisait confiance pour résoudre les sérieux problèmes économiques, et stopper la paupérisation de la population, les a portés au pouvoir. En ce moment, Hamadi Jebali se démarque de Rachid Ghannouchi dans son discours, en parlant d'une compatibilité entre l'islam et la démocratie, et tente de réunir islamistes et démocrates tunisiens autour d'une table ronde. 
Mais, derrière cette apparence de conciliation, c'est toujours la shoura (parlement d'un Etat islamique, ou conseil d'administration d'un parti ou d'une institution religieuse islamique) d'Ennahda qui dirige en sous-main la Tunisie, encadrant le gouvernement d'une manière stricte.

Depuis 2011, une lutte impitoyable a ainsi lieu entre Ennahda, et ceux qui veulent une Tunisie démocrate. Ennahda n'a pas respecté l'échéance d'octobre 2012, date à laquelle auraient du avoir lieu de nouvelles élections, et bloque la rédaction de la constitution, au c'ur de laquelle il veut inscrire la primauté de l'islam et de la shaaria. Le parti islamiste a infiltré l'armée, la police (créant une police parallèle islamiste), la justice, et tous les corps de l'Etat.

L'islamisation est déjà là en Tunisie, et il ne manque plus qu'une phase de pure violence afin que les Frères musulmans de Tunisie instaurent leur dictature religieuse.

Dans son prêche de l'Aïd, le sheikh Rachid Ghannouchi a ouvert la voie à la guerre civile en Tunisie. Il a insisté sur la valeur du sacrifice : ' le sacrifice de soi ', ' le sacrifice des enfants ',' le sacrifice de tout ce que l'on possède ', ' le sacrifice au nom de Dieu ', mettant en exergue l'égorgement, au nom de la religion. Contre la scission actuelle entre islamistes et démocrates, qu'il qualifie de 'débandade sociale' (al tadefaa al mojtamaî), Rachid Ghannouchi a incité les islamistes à se préparer à l'affrontement, à partir des exemples égyptien, syrien et palestinien.

Le pire est donc possible en Tunisie et il est temps que le gouvernement français, et François Hollande, arrêtent de se prêter au double jeu des islamistes d'Ennahda. Les Frères musulmans ne veulent pas de la démocratie, incompatible avec leur vision d'une société régie par le Coran. A partir de ce postulat, on doit arrêter de les crédibiliser et de les traiter comme des démocrates respectables.