samedi 25 octobre 2014

Les élections du 26 octobre seront une confrontation de deux systèmes de valeurs



Les statisticiens, les experts en matière d’étude de l’opinion publique, les sondeurs et les spécialistes de la prospective ne se contentent pas de procéder à des estimations des pourcentages de voix qui seront obtenus par chaque parti aux prochaines élections ou bien aux cotes de popularités du personnel politique. Non. Cette idée est fausse ou tout au moins, incomplète.

Chez nous, comme ailleurs, les experts cherchent à identifier les motivations profondes qui sont derrière le choix du parti favori et des personnes à élire. Le « marché politique » est segmenté, divisé, scruté de près afin de déterminer les vraies raisons qui sont derrière le choix de chacun.
Il s’avère ainsi que, contrairement à l’occident et aux démocraties bien établies où le choix est basé à 90% sur les programmes et notamment sur le rôle de l’Etat dans le champ économique et social et 10% sur les valeurs, les tunisiens inversent ces proportions.

Le poids des programmes est chez nous presque négligeable, seules les aberrations qu’ils contiennent attirent l’attention. 
Ces programmes ne rentrent que pour 10% dans notre choix. 
90 % de celui-ci est basé sur les valeurs que l’on veut promouvoir et celles dans lesquelles on se reconnait : Nidaa et ses alliés d’un côté et Ennahdha et les siens de l’autre, sont opposés essentiellement sur ce plan.

1°/ Il ressort ainsi que la question de l’identité est très déterminante. Pour la plus grande frange de la population, le majorité au pouvoir ne doit pas faire partie d’une internationale fut-elle islamique, la Tunisie doit être appréhendée en tant que telle, petit pays indépendant, pauvre en ressources, moderne, ingénieux, à l’avant-garde des arabes et des musulmans et non pas comme faisant partie d’une quelconque « Umma » dirigée de très loin.
Les élections du 26 octobre seront une confrontation de deux systèmes de valeurs
VOTER LE 26 OCTOBRE, C'EST CHOISIR :
l'Obscurantisme sacré, ou
les Lumières !
Le vocabulaire, la gestuelle, le mode vestimentaire et la communication non verbale sont les attributs à travers lesquels l’électrice tunisienne essaie de détecter cette première valeur. L’appartenance soulignée au monde arabe, le « complotisme » ou paranoïa anti-occidentale, sont également des dimensions de cette valeur « identité ».

2°/ La seconde valeur est celle de « l’ouverture ». Les tunisiens, dans leur majorité, sont pour l’ouverture non sélective. Ouverture sur l’Europe et sur l’Occident d’abord, sur le monde arabe (pays du Golfe essentiellement) ensuite et sur l’autre en général. Nous ne sommes pas les héritiers des phéniciens pour rien. Le clivage réside ici entre tenants de l’ouverture totale et ceux de l’ouverture sur les pays arabes et musulmans.

3°/ La troisième valeur est celle dont nous parlons le plus. Il s’agit des rôles de la femme, de l’homme et de l’enfant dans la société, de la vie en commun et du référentiel devant inspirer notre législation en la matière. Faut-il se référer aux préceptes de l’Islam? Faut-il s’inspirer des valeurs universelles? Faut-il faire une synthèse tunisienne? Les questions du mariage, du divorce, de l’adoption, de l’héritage, du travail de la femme, sont ainsi réglées sur le papier, dans les textes et dans les discours officiels mais pas dans la société. Discutez 5 minutes avec un conservateur et il vous sortira immanquablement que notre corpus législatif n’est pas conforme à la Chariaa.

En schématisant et en grossissant les traits, nous dirons que nous avons :
- D’un côté des partis qui prônent l’indépendance de la Tunisie petit pays par sa géographie mais très grand par son histoire, son ouverture sur le monde entier et le caractère civil de sa législation. 
Il s’agit de mon point de vue, de Nidaa, de Massar, d’Afek, d’Al Jomhouri et du Front populaire.
- De l’autre côté nous avons les partis qui considèrent la Tunisie qui étant un élément d’un « tout » qui la dépasse, qui prônent l’ouverture exclusive sur le monde arabe et musulman et qui ne cessent de critiquer, souvent en sous-main, par sous-traitance la législation « sociétale » tunisienne. 
Il s’agit d’Ennahdha, du CPR, de Wafa, d’El Mahabba et d’Ettayar.

Personnellement, sans aucun doute, sans aucune hésitation, comme la très grande majorité des tunisiens, je me place dans le premier camp.
Les élections du 26 octobre me donneront-elles raison?

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